Tout d'abord, je remercie Pierre Krause de Babelio et Mathilde des éditions Presses de la cité pour l'envoi de ce roman (accompagné d'un très joli marque-page) !
Comme certains commencent à le savoir, je suis fan de la Révolution française, et ce livre, retraçant un épisode très peu connu (et surtout très peu glorieux) de cette période troublée, à savoir les noyades de Nantes, ne pouvait qu'attiser mon intérêt.
Le livre s'ouvre donc sur un matin de décembre 1793, sur la grève de Chantenay, où une foule vociférante est venue assister à l'exécution par noyade de centaines de prisonniers, femmes et enfants compris, parmi lesquels se trouvent le comte de Neyrac, sa femme Clotilde et son jeune fils Théo. Noyée dans la bousculade (sans jeu de mot douteux), Lucile, la fille aînée âgée de 12 ans, est le témoin impuissant et horrifié de cette exécution.
Mais un visage s'est imprimé opiniâtrement dans sa mémoire : celui du bourreau, le chevalier de Préville, qu'elle se jure de tuer pour apaiser les mânes de ses disparus, désormais "ombres sur le fleuve"...
Croyant trouver assistance auprès des anciens métayers du comte, et surtout de leur fils Petit Jean qui a été le compagnon privilégié de ses jeux d'enfant, elle se heurte à un refus qui l'oblige à se réfugier dans la demeure familiale saccagée, jusqu'à ce qu'une fouille en règle du chevalier de Préville et de ses sbires l'en déloge.
Sans appui, sans argent, Lucile ne voit d'autre recours pour survivre que s'acoquiner, déguisé en garçon, à une bande de tire-goussets du même âge qu'elle, sévissant dans le quartier du port.
Quatre années passent sans qu'elle n'ait réussi à retrouver la trace du chevalier... jusqu'à ce qu'une rencontre fortuite, et inquiétante, ne lui offre une nouvelle perspective...
Je dois avouer que j'ai été complètement happée par cette histoire, et que je n'ai pas réussi à lâcher le livre avant la fin. L'auteure nous restitue avec maîtrise le décor de cette époque, avec ses quartiers pauvres ou riches, ses costumes, son contexte mouvementé, l'animation du port ou des rues nantaises, ses odeurs, bref le dépaysement est au-rendez-vous.
Ajoutez à cela une très jolie plume, empreinte de l'élégance de ce XVIIIème siècle des Lettres, et vous comprendrez mon plaisir de lectrice !
Malgré tout, je ne peux m'empêcher de ressentir une certaine frustration au sortir de ma lecture.
En effet, j'aurais aimé que Nathalie de Broc développe davantage l'intrigue et la psychologie des personnages, car en 255 pages, on a parfois l'impression de survoler l'histoire, si bien que certains ressorts nous paraissent assez artificiels, voire invraisemblables. Ainsi, j'ai eu du mal à croire en la séquestration de Lucile par Madame Flavie, surtout sur une durée aussi longue, d'autant que l'auteure ne nous fournira jamais aucune information sur les motivations de cette femme interlope. D'autres clés de l'intrigue restent également floues : telles que les relations entre Mme Flavie (toujours elle !^^) et un autre personnages important...
Par moment, j'ai trouvé que l'auteure cédait à certaines facilités narratives pour expliquer certains événements, comme l'incendie du théâtre ou le rebondissement lié à la vengeance de Lucile.
D'ailleurs, Lucile qui est un personnage extrêmement attachant au demeurant, est, dans son malheur, infiniment chanceuse, car elle arrive toujours à se tirer des mauvais pas sans aucun dommage (ou presque !)... On a l'impression d'avoir déjà vu ailleurs les épreuves qui la touchent (le travestissement en garçon, l'épisode du bordel, la "cour des miracles"...), non pas que ces scènes m'aient ennuyée, bien au contraire, mais j'aurais aimé qu'elles soient plus approfondis justement !
Concernant Louis-Amédée de Préville, c'est un personnage que j'ai beaucoup aimé, mystérieux à souhait (même si j'ai deviné rapidement son implication réelle dans certains épisodes), mais comme pour les autres, ses desseins restent inexpliqués, nous laissant sur notre faim...
Pour conclure, une lecture à la fois révoltante et palpitante d'une période fort troublée de notre Histoire, mais qui a malheureusement passé trop vite ! Les mésaventures de l'héroïne sont touchantes, néanmoins j'aurais aimé que l'auteure détaille davantage certains passages pour donner plus d'épaisseur à l'intrigue et de profondeur aux personnages, et qu'elle joue davantage sur l'ambivalence des relations entre la jeune infortunée et son bourreau !
En tout cas, je remercie Babelio et les éditions Presses de la cité pour cette délicieuse découverte !
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