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Citations de Nicolas Ancion (117)


Ce n’est pas courant à Bruxelles, les fleurs sauvages, les mauvaises herbes diraient les mauvaises langues, les chicorées, les orties, il y a des quartiers entiers où on ne les voit pas, mais ici, ça va avec les antennes paraboliques et les façades lépreuses. Ça se regroupe. Solidarité du sincère. Ici, on n’a pas l’argent qu’il faudrait pour camoufler sa misère.
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Si on cherche du réconfort et de la consolation, ce n’est pas trop compliqué, suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles. De regarder les gens dans le bus, devant leur télé, dans leurs bagnoles, accrochés à leur caddie dans les allées du supermarché. De les regarder en pensant que leurs mains soudées au chariot ou au volant de la voiture, que leurs lèvres sont immuablement figées en position déprime. Tout va mieux d’un coup, on comprend qu’on n’est pas de ce monde-là, de celui des éternels râleurs, des gueules d’enterrement, qui attendent que la tombe se referme pour sourire aux asticots.
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C'est un moment important que nous venons de traverser. Gardons-le précieusement avec tous les grands moments de la vie, sur notre étagère intérieure, là où les petits bonheurs sont rangés à côté des plus terribles peines. Là où tout éblouit, là où tout fait mal. Dans cet espace secret qui n'appartient qu'à nous.
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[Parle un Père Noël de supermarché:]
Je ne sais pas ce qui se passe, peut-être que je vieillis - même si je n'ai pas encore tout à fait trente ans - j'ai l'impression que les gosses changent. Ils ont l'air trop sérieux avec leurs vêtements d'adultes pleins d'étiquettes, de tirettes et de bandes fluorescentes. On dirait qu'ils s'ennuient ou qu'ils en ont déjà marre. A leur âge, je passais des heures à jouer au foot et je souriais tout le temps. Je ne savais même pas comment on faisait pour être triste. Là, je me balade avec ma cloche, je leur offre des sapins de Noël et ça ne leur fait même pas plaisir. J'ai envie de leur parler, de leur faire comprendre qu'ils se trompent, que ça ne sert à rien de jouer aux adultes à leur âge, qu'ils auront toute la vie pour ça, mais c'est inutile. On ne change pas les gens, même les tout-petits, avec des mots. Ce qu'il leur faudrait, à tous ces petits fils de riches, ce sont des gamins sans éducation et sans argent, qui traînent dans la rue mais qui leur feraient comprendre qu'une demi-journée entre copains ça vaut plus que tous les jouets du monde, plus que tous les vêtements de l'Univers. Mais c'est impossible. Quand on a le privilège de ne manquer de rien, il faut bien qu'on s'invente d'autres raisons d'être heureux. Et surtout des prétextes pour ne pas l'être. Comme ça on peut tout acheter, et se faire croire que ça va tout arranger. Une nouvelle maison de poupées rose écoeurant, un nouveau jeu vidéo pour regarder l'écran même quand il n'y a rien à la télé, une pile de DVD pour ne pas avoir envie de courir dehors quand la nuit est tombée.
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Depuis la nuit des temps, on nous bassine les oreilles avec les clichés du mâle dominateur, du territoire à conquérir, de la nourriture à ramener au nid pour les oisillons affamés ; vêtu d’une peau de bête ou d’un costume cravate, l’éternel Adam armé de son pénis fait tourner l’univers.
Ca, c’est pour la vitrine. Pousse la porte, viens voir l’intérieur de la boutique et tu découvriras qu’il y a toujours une Eve pour faire trimer l’Adam, ou pour le retarder dans sa quête formidable.
Le coup de la pomme, ce n’est pas la faute d’Eve : Adam aurait pu refuser. Mais ce n’est pas vrai, ça ne se passe jamais comme ça, on voudrait dire non et rester raisonnable mais il y a toujours une excuse : on ne veut pas faire de peine, on se dit qu’on parviendra à éviter l’inévitable, tout ça parce qu’au bout du compte, avouons-le, nous, les mâles de l’équipe, on aime bien qu’on nous aime. C’est vrai, au fond, c’est ça le vrai levier du monde. Ce n’est pas pour faire le malin qu’on loupe le Graal ou qu’on bousille le jardin d’Eden, c’est pour sentir encore le petit frisson qui traverse le dos quand on sent qu’on est important pour quelqu’un.
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Pourtant, il n'est pas encore vraiment vieux. Soixante ans, ce n'est pas la fin du monde, il reste encore de nombreuses heures à vivre. Et dans un millier de jours, ils l'ont dit hier à la télévision, ce seront les jeux Olympiques. On n’est jamais vieux quand on regarde la télévision, on est juste déjà mort. Le corps ne sert à rien et le cerveau non plus, le temps passe, on joue à se faire croire qu’on s’amuse alors qu’on n’a jamais ressenti un ennui si profond, si intime. La télécommande dans la main, Andrzej a déjà un pied dans la tombe. Il déteste cette sensation.
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On n’est jamais vieux quand on regarde la télévision, on est juste déjà mort. Le corps ne sert à rien et le cerveau non plus, le temps passe, on joue à se faire croire qu’on s’amuse alors qu’on n’a jamais ressenti un ennui si profond, si intime.
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Tu n'achètes plus que ce dont tu as vraiment besoin : ta nourriture, ton pain de savon, ton bouquin pour lire le soir et t'endormir tranquille loin de la télé. Tu ne seras pas plus malheureux qu'aujourd'hui, tu auras peut-être envie de sortir de chez toi pour rencontrer des gens. Ils te feront sans doute moins peur vu que tu n'entendras plus les conneries que la radio et la télé propagent.
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Je ne sais pas ce qui se passe, peut-être que je vieillis - même si je n'ai pas encore tout à fait trente ans- j'ai l'impression que les gosses changent. Ils ont l'air trop sérieux avec leurs vêtements d'adultes pleins d'étiquettes, de tirettes et de bandes fluorescentes. On dirait qu'ils s'ennuient ou qu'ils en ont déjà marre.
A leur âge, je passais des heures à jouer au foot et je souriais tout le temps. Je ne savais même pas comment on faisait pour être triste. p.87
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Il en profita pour le bénir une ou deux fois avec de l'eau pétillante. Il n'y croyait pas trop, mais on lui avait parlé du pari de Pascal. Cela ne coutait rien de toute façon
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Ça faisait tellement longtemps que je me disais qu'il aurait fallu créer une école pour former les assassins et les meurtriers que j'avais fini par en ouvrir une. J'étais persuadé qu'avec un enseignement rigoureux et des étudiants motivés, on pourrait obtenir rapidement des résultats tangibles : des meurtres vraiment anonymes, des prisons vides, des morts bien morts et des coupables introuvables. Mais pour ça, il aurait fallu que l'État soutienne mon initiative et ce n'était pas le cas. J'étais en avance sur mon temps, l'Éducation nationale n'était pas encore prête à subsidier ma filière de formation.
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S'il vous arrivait -sait on jamais- de découvrir Bruxelles par le ciel, balancé d'un nuage, tombé d'un avion, parachuté d'une montgolfière, s'il vous arrivait donc de débarquer à Bruxelles par la voie des airs sans passer par Zaventem, si vous étiez un ange par exemple, droit descendu d'un cumulus blanc et chaud, un séraphin, un chérubin, Cupidon lui-même, sait-on jamais, et si dans votre descente vers le sol vous visiez le plein centre ville, alors il y aurait de fortes chances pour que le premier personnage que vous croisiez au cours de votre chute soit un saint Michel tout doré, perché au sommet d'une tour. Un collègue en quelque sorte. Perché sur son clocher pourrait-on dire. Ou son beffroi. Lui ne dirait rien en tout cas, car tout brillant et tout doré qu'il soit il n'en resterait pas moins muet, raide et immobile. Peut-être figé par le vertige, plus probablement raidi par les années de pose et les intempéries.
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Dans ce costume, le Russe ressemble en effet au grand prêtre d’une religion occulte, à un malade mental en tenue d’apparat pour célébrer une messe noire. Il rejoint le centre de la cave et les quatre momies le saluent en inclinant la tête. Il se place entre elles et commence à leur parler dans une langue étrange, mélange d’arabe, de russe et d’un autre idiome aux sons gutturaux. Alex a beau tendre l’oreille, il ne parvient à comprendre que des bribes de la conversation. Mais ces quelques éléments suffisent à le glacer d’effroi. La cérémonie est prévue pour ce soir. Le programme est plutôt simple : les prisonniers seront égorgés les uns après les autres autour de la pyramide de fer tout au long de l’après-midi, puis le prêtre entonnera le chant sacré et, enfin, il sacrifiera « l’enfant aux yeux de verre » pour achever le rituel.
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La vie ne vaut la peine d'être vécue que pour ses moments de folie. C'est dans les instants où l'on perd le contrôle que l'on sent vraiment battre son coeur.
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Moi, je dis qu'il y a une justice. Mais ceux qi la rendent, ce ne sont ni les juges, ni les hommes, ce sont les circonstances.
Et les circonstances, ells sont bien souvent aggravantes
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Quand on a le privilège de ne manquer de rien, il faut bien qu'on s'invente d'autres raisons d'être heureux. Et surtout des prétextes pour ne pas l'être.
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– Magali mon cœur, Baudouin mon grand, j’ai une grande nouvelle à vous annoncer : demain, j’irai au magasin d’électroménager acheter un téléviseur.
Comme je le regardais, les yeux ronds comme des assiettes et la bouche ouverte, il a continué :
– Oui, tu m’as bien entendu, Baudouin. Et tu peux m’accompagner, si tu veux.
Tous les poils de sa moustache semblaient dressés pour souligner l’importance de ses paroles. Je n’ai jamais su pourquoi il avait changé d’avis ce soir-là. Mais j’étais trop content de sa décision pour m’en tracasser. Il s’est rassis, a saisi couteau et fourchette pour achever, dans un silence bruyant, son poulet, sa compote de pommes et sa purée de pommes de terre. Et avec ça un bon demi-litre de bière brune.
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Des prédateurs. Ils boivent sans jamais perdre le contrôle, ils sont tout doux en apparence, mais quand ils repèrent une proie, une fille bien saoule, ils en profitent à fond, ils sont plus lourds que des pierres tombales, ils y vont sans détour, elles se laissent faire parce qu'elles ne sont plus en état de résister. On devrait appeler ça du viol, mais les gars disent que les filles l'ont cherché, qu'elles n'ont pas refusé.
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Un lapin disque-jocquet, un ours déménageur : tout s'annonce pour le mieux. Tout à l'heure, on apprendra à Victor que la mariée est une grenouille et sa belle-mère une brosse à ongles. Il ne bronchera pas. C'est normal. Il aura vidé trois ou quatre bouteilles de champagne, selon toute probabilité, et il sera allongé sur le palier de bois verni, juste en dessous de la somptueuse tapisserie qui représente une tuerie de cerfs. Victor aimerait qu'un faon et une biche se présentent à la noce. Ca mettrait de l'ambiance de les voir s'offusquer devant la crudité du tableau. Et les animaux ne sont pas moins susceptibles que les êtres humains, bien que quelques acharnés du genre Saint-Exupéry tentent de faire croire le contraire aux enfants en bas-âge. p.78
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Un couple ressemble plutôt à un enfant qu'on aurait adopté bien après la naissance, dont on doit découvrir le caractère et les passions, en se méfiant de ses humeurs étranges et de ses faiblesses qui ne tarderont pas à se manifester. Il faut être attentif à tout moment, à deux: avoir envie des mêmes choses en même temps, préserver la magie et construire peu à peu la vraie complicité.
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