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EAN : 9782266187329
192 pages
Pocket (07/01/2010)
3.64/5   49 notes
Résumé :
Chassé croisé entre Serge, un jeune paumé qui voit son ami se faire tuer sous ses yeux dans un accident de voiture, et Thomas, un trentenaire fou amoureux de Marie au milieu d'un monde décadent.
Serge partira prévenir la famille de son ami, il se retrouve plombier au Quatrième étage d'un immeuble dans l'appartement luxueux d'une jolie jeune fille. Thomas, lui, s'assied au chevet de son amour, elle se meurt au Quatrième étage de c... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Nicolas Ancion, auteur belge voit le monde tel qu'il est. Originaire de Liège, il travaillera à Bruxelles pour finir par migrer en Espagne. le gris de la capitale belge aurait-il eu raison de lui... C'est que Nicolas nous dépeint un tableau bien triste de Bruxelles. Surtout, il exprime ce que nous, les bien logés nous occultons bien souvent pour notre grand confort.

« Dans le bas, on se loge les uns sur les autres, on habite comme on peut, moitié corps de réfugiés moitié poulets en batterie. On cherche du travail qui n'existe plus et du plaisir qui ne vient jamais. On attend que le monde change mais il est chaque jour pareil. »

Au quatrième étage d'un immeuble bruxellois insalubre où l'humidité est telle que les chambres ressemblent à une grotte profonde, ça grouille de miséreux qui ne savent plus comment vivre un jour de plus. Au quatrième étage, Marie est alitée. Gravement malade, elle survit simplement grâce à tout l'amour de son mari Thomas. Thomas lui raconte des histoires pour qu'elle s'endorme. D'ailleurs, il ne fait que ça Thomas , raconter des histoires. Il passe des heures dehors dans les bas quartiers à vendre le peu qui lui reste pour une bouchée de pain. Car il vendrait sa peau s'il le pouvait pour aider Marie.

Au quatrième étage arrive Monsieur Morgen le propriétaire de l'immeuble. Il vient d'en haut.

« Dans le haut, on y court en cravate, les dents blanches et la retraite assurée, on y parque son automobile shampouinée, entre deux hôtels de luxe. On y achète un appartement au prix d'un palais, on y mange du pain aux vingt-six céréales trié par des enfants pauvres dans des pays lointains. »

Vénal, véreux, inhumain, le proprio, il en veut toujours plus. Tout se paie au quatrième étage. La boîte aux lettres, les escaliers, et si on peut caser deux albanais dans une baignoire, si ça peut rapporter, Thomas n'a pas le choix. Thomas n'a plus de sous pour payer la boîte aux lettres. Il devra accepter que deux albanais logent dans sa baignoire et leurs photos de la sainte vierge tant qu'à faire.

Nicolas Ancion m'a régalée avec son roman désopilant. Aucun faux semblant. Il décrit la misère, l'injustice, la faute à pas de chance avec beaucoup de charisme. J'ai retrouvé dans sa plume des zestes de la nausée de Sartre ou encore des échos à Céline dans Voyage au bout de la nuit.
C'est âcre, incisif, sensible, émouvant, c'est la vie sans maquillage. le tout sous des airs tendres et drôles qui ne peuvent laisser indifférent.

Tu vas me revoir Mademoiselle Bruxelles
Mais je ne serai plus tel que tu m'as connu
Je serai abattu courbatu, combattu
Mais je serai venu
Bruxelles attends, j'arrive
Bientot je prends la dérive
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Bruxelles ma belle, ton portrait à l'issue de ce livre est loin d'être flatteur. On t'y présente comme abritant deux villes en une, comme une ville à deux vitesses, à deux visages ou plutôt à deux étages : la Ville haute, avec ses belles avenues, ses beaux immeubles d'acier et de verre, sa propreté, son grand Capital, et puis le « bas de la ville », le Bruxelles des boulevards du centre, impopulaire à force d'être populeux, surpeuplé, interlope, sale et pauvre. C'est dans cette partie de la capitale que se déroule une double histoire d'amour, deux histoires parallèles qui se rejoindront peut-être dans l'infini d'un quatrième étage.
Dans l'une, Serge rencontre Louise à la faveur de circonstances des plus rocambolesques. C'était sans doute son jour de chance. Pas celui de son pote Toni, qui lui posait le matin même la question « Tu y crois, toi, à la chance ? », juste avant d'être renversé accidentellement par un bus et de mourir sous les yeux de Serge. le même Serge qui s'en va annoncer la nouvelle à Roger, l'oncle de Toni, et qui se retrouve plombier improvisé, envoyé réparer une fuite chez Louise, au quatrième étage.
Dans l'autre histoire, on apprend que Thomas et Marie sont mariés depuis de longues années. Marie est malade, alitée, ils vivent au quatrième étage d'un immeuble insalubre dont le moindre mètre carré est exploité par un marchand de sommeil véreux. Thomas n'a plus d'argent, il se livre tous les jours à un effroyable parcours de combattant désarmé dans la ville carnassière pour trouver de quoi manger. Mais Marie ne sait rien de tout cela, car Thomas la protège de la cruauté du monde extérieur en l'entourant d'amour et de pieux mensonges.

Deux histoires d'amour très touchantes, l'une cocasse, l'autre dramatique, racontées chacune à leur tour au fil des chapitres, d'une écriture fluide, douce et drôle. On y trouve beaucoup de tendresse et de lumière délicate malgré le gris-noir de la vie, et beaucoup d'humour. Mais on réalise rétrospectivement que, dans ce Bruxelles vaguement dystopique, cet humour avait la politesse du désespoir. Vous y croyez, vous, à la chance ?
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Attention, chef-d'oeuvre ! Chef-d'oeuvre d'humour, de délicatesse et de poésie ! Nicolas Ancion, auteur belge, m'a emmenée sur le palier du quatrième étage pour me propulser au septième ciel. En effet, j'étais aux anges, riant à chaque page, charmée par les jeux de mots, par les sonorités, par la musique de son langage ; emportée par la poésie de ces 2 (ces 4… ?) amoureux, jeunes et vieux. Mais il y a aussi du tragique dans cette histoire, et ce tragique est dit avec tellement de justesse ! Quel sens de l'humain !
Nicolas Ancion arrive vraiment à jouer avec le désir de rire et de profondeur, pour mon plus grand plaisir (pour preuve : mes innombrables citations…)
En conclusion, un seul mot : JUBILATOIRE .
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C'est au quatrième étage d'un immeuble situé à Bruxelles que vivent Thomas et Marie. Enfin, c'est sans compter les 2 familles et les faux jumeaux albanais qui occupent les pièces du logement jusqu'à la baignoire de la salle de bain. Un appartement pratiquement vide car Thomas a été dans l'obligation de tout vendre pour survivre, vivant au jour le jour, acculé par Monsieur Morgen, le vieux propriétaire sadique qui réclame inlassablement le loyer sous peine de sanctions.
Mais tout ça, la douce Marie ne le sait pas. Malade et alitée, elle n'a d'autre vue que la chambre, qui quant à elle, n'a pas bougé d'un iota, procurant un rassurant havre de paix, Thomas y veille. Pour l'endormir chaque soir, il lui raconte une histoire.

Très bon roman de littérature belge dans lequel une mise en abyme nous fait vivre en parallèle la rencontre entre la belle Louise et Serge, un jeune «plombier» malchanceux dont les maladresses prêtent à sourire mais qu'un concours de circonstances a amené dans un appartement où l'amour l'attend.

Attendrissant et cynique à la fois, Nicolas Ancion joue à merveille sur cette dichotomie.
Dans un monde dystopique totalement déshumanisé, la précarité est telle que Thomas doit se « vendre » et s'humilier afin de pouvoir rapporter le souper chaque soir à Marie. Et que dire du bâtiment en passe d'être détruit avec ses occupants encore à l'intérieur, impensable !
Pour contrer ce futur résolument pessimiste, j'ose espérer que 2021 s'annoncera sous de meilleurs auspices pour l'humanité.

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J'ai lu ce roman en tant qu'élève il y a un peu plus de dix ans (... Oulah! ), et je relis aujourd'hui, puisque je le propose comme lecture obligatoire à une de mes classes. C'est curieux, je n'avais pas beaucoup de souvenirs de l'histoire... Je me souvenais qu'il y avait une histoire d'amour et qu'à un moment donné deux histoires se rejoignaient en une seule. Bizarrement, j'ai vite oublié l'histoire mais pas le livre en soi...

Il n'en a pas l'air comme ça, mais il est très dense ce roman. Il pose un regard acerbe sur la société, sur Bruxelles la "ville à deux vitesses" où les grands buildings ne sont jamais loin de taudis insalubres où s'entassent les pauvres.
Je ne sais pas si je suis la seule, mais j'ai été troublée par l'environnement de Thomas et Marie. En effet, ils se sont rencontrés à la fin des années 90 (ce que l'on sait grâce à l'histoire de "Serge et Louise") et on sait qu'ils sont âgés. On peut donc en déduire que l'histoire de Thomas et Marie se passe dans le futur... Est-ce cela la vision du futur de Nicolas Ancion? Un monde où il faut se laisser humilier pour un peu de viande? Où un propriétaire a tous les droits sur ses locataires? Où la misère pullule ? le moins que l'on puisse dire c'est que ce n'est pas un roman très optimiste. Pourtant, il passe bien.

Je suis heureuse de l'avoir redécouvert et d'avoir éprouvé un plaisir identique à cette deuxième lecture que celui que j'avais ressenti à 15 ans.
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Citations et extraits (27) Voir plus Ajouter une citation
Depuis la nuit des temps, on nous bassine les oreilles avec les clichés du mâle dominateur, du territoire à conquérir, de la nourriture à ramener au nid pour les oisillons affamés ; vêtu d’une peau de bête ou d’un costume cravate, l’éternel Adam armé de son pénis fait tourner l’univers.
Ca, c’est pour la vitrine. Pousse la porte, viens voir l’intérieur de la boutique et tu découvriras qu’il y a toujours une Eve pour faire trimer l’Adam, ou pour le retarder dans sa quête formidable.
Le coup de la pomme, ce n’est pas la faute d’Eve : Adam aurait pu refuser. Mais ce n’est pas vrai, ça ne se passe jamais comme ça, on voudrait dire non et rester raisonnable mais il y a toujours une excuse : on ne veut pas faire de peine, on se dit qu’on parviendra à éviter l’inévitable, tout ça parce qu’au bout du compte, avouons-le, nous, les mâles de l’équipe, on aime bien qu’on nous aime. C’est vrai, au fond, c’est ça le vrai levier du monde. Ce n’est pas pour faire le malin qu’on loupe le Graal ou qu’on bousille le jardin d’Eden, c’est pour sentir encore le petit frisson qui traverse le dos quand on sent qu’on est important pour quelqu’un.
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Si on cherche du réconfort et de la consolation, ce n’est pas trop compliqué, suffit d’ouvrir les yeux et les oreilles. De regarder les gens dans le bus, devant leur télé, dans leurs bagnoles, accrochés à leur caddie dans les allées du supermarché. De les regarder en pensant que leurs mains soudées au chariot ou au volant de la voiture, que leurs lèvres sont immuablement figées en position déprime. Tout va mieux d’un coup, on comprend qu’on n’est pas de ce monde-là, de celui des éternels râleurs, des gueules d’enterrement, qui attendent que la tombe se referme pour sourire aux asticots.
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Ce n’est pas courant à Bruxelles, les fleurs sauvages, les mauvaises herbes diraient les mauvaises langues, les chicorées, les orties, il y a des quartiers entiers où on ne les voit pas, mais ici, ça va avec les antennes paraboliques et les façades lépreuses. Ça se regroupe. Solidarité du sincère. Ici, on n’a pas l’argent qu’il faudrait pour camoufler sa misère.
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C’est une ville à deux vitesses dont on a perdu l’embrayage.
Dans le haut, les commerces, les quartiers d’affaires, de planification politique et de communication. On y court en cravate, les dents blanches et la retraite assurée, on y parque son automobile shampouinée, entre deux hôtels de luxe. On y achète un appartement au prix d’un palais, on y mange du pain aux 26 céréales triées par des enfants pauvres dans des pays lointains. On y voit les plus grands de la planète, et les plus débrouillards, manger des assiettes presque vides pendant des heures interminables.
Dans le bas, on se loge les uns sur les autres, on habite comme on peut, moitié camp de réfugiés moitié poulets en batterie. On cherche du travail qui n’existe plus et du plaisir qui ne vient jamais. On attend que le monde change mais il est toujours pareil. Les grands soirs, on rêve de révolution et on vide un casier de bière. On compte ses sous, on met deux couvertures pour avoir plus chaud et on mange de la viande une fois par semaine. On profite des promotions au supermarché, on achète à crédit et on passe sa vie à ne pas rembourser. On voudrait sortir de là, mais on a déjà eu tant de mal à rentrer dans le rang qu’on se tient à carreau.
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Il y a des choses dont on reste fier toute sa vie : les belles répliques qu’on lâche au bon moment, l’examen qu’on a réussi sans étudier, l’avion qu’on ne prend pas et qui explose au décollage. Tous ces genres de choses, on les garde près de soi, à mi-distance entre le cou et le cerveau, à hauteur de la gorge peut-être, et on les ressort de temps en temps pour enrichir la conversation avec une anecdote amusante. Tout ça est parfait.
Mais il y a aussi l’autre liste. La noire. Celle qui contient les gestes et les paroles don on ne voudrait jamais devoir assumer la responsabilité. Ces mots qu’on regrette d’avoir dits avant même d’avoir achevé de les énoncer, ces actes misérables qui nous rendent ridicules aux yeux des autres, qui nous révèlent si faibles et si lâches à nos propres yeux qu’on voudrait soi-même ne jamais s’être rencontré.
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Videos de Nicolas Ancion (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nicolas Ancion
ACTU-tv interview par Bob Boutique de l'auteur belge, Nicolas Ancion dans un café de Bruxelles pour l'émission "Nos amis et les amis de nos amis" d'avril 2010.
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