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Citations de Nicolas Delesalle (344)


Sébastien était joli garçon, gosse de riche un peu taquin mais généreux, qui distribuait avec munificence l'argent de ses parents. Une fois, alors qu'on se connaissait encore mal, on était entrés dans une boulangerie et Sébastien m'avait acheté deux Raider, les anciens Twix. C'était incroyablement généreux. Deux Twix à treize ans, c'est un mois de salaire.
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J'ai vu mille films sur l'Holocauste, lu mille livres, je n'avais jamais discuté directement avec un rescapé. L'Histoire incarnée dans une petite bouche, un petit corps, un visage très pâle et de très grands yeux noirs. Bientôt, il n'y aura plus de corps pour incarner l'Histoire. Quand tu liras ces lignes, Anna, il n'y aura plus de témoin direct. Il n'y aura plus que les livres, les documents, Imre Kertész, Primo Levi, Art Spiegelman, Serge Klarsfeld, Alain Resnais et tous les autres, il faudra les lire, les voir, les relire, les revoir, il faudra apprendre à ne pas oublier.
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Je n'ai jamais compris pourquoi les humains s'embrassaient, pourquoi ils se frottaient les muqueuses de cette façon-ci, pourquoi ils se mélangeaient la salive de cette façon-là. Les autres animaux ne font pas ça. Les autres animaux se reniflent le cul et puis c'est tout.
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Agathe, tu dansais sur Thriller de Michael Jackson, tu avais dix ans et c'était notre première boum officielle avec boule à facettes et premières désillusions, on s'enivrait de Coca-Cola, on fumait des Pépito, on était désinvoltes, on avait l'air de rien et tu dansais sans te soucier du monde et j'étais telle une poupée vaudoue punaisée dans le canapé avec mon Banga on the rocks comme seul bouclier et mes yeux dansaient sur ta peau.
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Je n'étais pas préparé à rencontrer Monsieur Quénot, professeur de sociologie et d'économie, trotskiste en imperméable beige, égaré dans cette école de maristes. Personne n'était préparé. Il m'appelait « gros Delesalle », il appelait tout le monde « gros », même les maigres, jouait avec une saine méchanceté son rôle de gauchiste acerbe qui éveille la conscience politique d'une jeunesse bien nourrie, nous parlait de Bertolt Brecht quand nous nous abrutissions devant Top Gun ou Le Grand Bleu.
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Quand je serai à l'autre bout de mon histoire, recroquevillé comme du bois sec dans mon lit d'hôpital, je ne veux surtout pas qu'on me serve de la philosophie ou de la littérature pour crever apaisé dans les lettres, je veux lâcher mon dernier râle avec Blutch et Chesterfield, répondre une dernière fois au commandement du capitaine Stark, le chef du XXIIe régiment de cavalerie des États-Unis d'Amérique, et foncer sur la fièvre, sabre au clair, sans aucune chance d'en réchapper et sans regret : « Chargeeeez ! »
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J'étais insolent, mais je n'étais pas rebelle. Tous les mercredis après-midi, je me soumis à la punition et me rendis donc dans la salle dévolue aux « collés » de la semaine avec un livre en poche imposé par Madame Ducerf. Je devais lire. C'était ma seule punition, la meilleure qu'on m'ait jamais donnée
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Par la force des choses, j'ai commencé à lire pour remplir mes obligations scolaires, au collège. Mais je prenais un soin fou à en lire le moins possible. Quand les professeurs ou mes parents me houspillaient, je déroulais un argumentaire tout à fait saugrenu, j'avais treize ans, mais que je jugeais original et auquel je croyais : « Je ne veux pas me laisser influencer par les écrivains, je veux découvrir le monde tout seul. »
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Mes soeurs sont en haut, occupées à des trucs que font les adolescentes quand elles sont dans leur chambre. Elles se maquillent. Elles écrivent des machins. Elles font des choses. Je ne sais pas précisément quoi, je n'ai jamais été une adolescente.
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J'ai toujours préféré les regards des perdants, il se passe tellement plus de choses dans leurs yeux, des béances, du doute, le silence. La victoire rend con. La défaite ouvre des brèches fascinantes.
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Peut être que cet instant tombera par une alchimie bizarre dans la boîte des souvenirs indélébiles, de ceux qu'on raconte avec force détails à son arrière-petite-fille qui n'est pas encore née, Anna, dont certaines molécules, coïncidence incroyable, naviguent dans l'air tiède autour de cette piscine, près de ces deux petites filles blondes, tandis que le moteur d'une tondeuse vient de s'arrêter. Les atomes d'Anna se mélangent alors peut être à cette odeur venue du jardin et qui se superpose soudain au goût du chlore de la piscine, cette senteur qui se respire mieux qu'elle ne se raconte, ce plaisir, cette évidence, ce parfum d'herbe coupée.
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La vie est courte comme un flash, mieux vaut penser à sourire pour la photo, ça j'en suis certain, ça je le soufflerais bien à l'oreille de Papito.
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Le soir de notre rencontre, il jouait avec un autre client, un vieux Russe buriné taillé dans un bloc de granit et dont aucun sculpteur n’avait songé à finir le visage. Physiquement, c’était une ébauche…
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Le courage, la lâcheté, la peur, l'insouciance ne sont peut-être que des états quantiques finalement, des images floues qui dépendent des circonstances, des interprétations, du statut de l'observateur et qui changent tout le temps, à toute vitesse. On prête aux gens des traits de personnalité sur la foi d'impressions, on interprète les caractères d'un visage, un menton « volontaire », un nez petit qui « trahit un caractère peu affirmé », ou bien plus simplement à la lumière d'une expérience en apparence décisive, « j'ai vu sa réaction, il n'a pas flanché, on peut lui faire confiance », « elle a crié, c'est une petite nature », ces micro jugements souvent jamais exprimés ailleurs que dans le silence intérieur ou bien dans le dos des intéressés et dans les ricanements entendus, « c'est un coureur », « elle est ambitieuse », « il n'a pas de couilles », mais qui définissent, figent, étiquettent et sérient. Ils ne sont pour la plupart du temps que des images arrêtées, de petits blocs flou figés par le flash d'un regard biaisé où aucune vérité ne se cache, de faux panneaux rassurants mais qui n'indiquent rien d'autre qu'un chemin parmi mille autres possibles [...]
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« Et puis on a installé dans la capsule jaune notre premier astronaute. Une sauterelle. On l’a choisie robuste. La sélection a été rude, surtout pour les premières. De longues pattes vertes, de belles antennes, un gros abdomen, un large thorax : voilà les qualités requises pour devenir astronaute quand on est une sauterelle. »
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Retour sur son enfance en courtes nouvelles. Un ton à la Delerm. Consensuel. Bien ecrit. Egocentré. Passéiste. Chronique. Pas d’action. Souvenirs. Petite musique.
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Dès lors, ma libraire aux cheveux courts devint mon dealer officiel. Chaque semaine, je revenais chercher ma dose et elle comblait méthodiquement les failles profondes creusées par une préadolescence de sportif joyeux mais illétré. Camus, Sartre, Lowry, John Fante, Flaubert, Kafka,Dostoïevski, Steinbeck.... je ne lisais plus, je suçais les os, j'aspirais la substantifique moelle, je ne dormais plus.
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C’était une époque où l’on regardait la télé, le soir, en famille. En ces temps reculés, dépourvus de connexion internet, il n’était pas rare qu’une famille nucléaire, de type père-mère-enfants, regarde ensemble, au même moment, une émission à la télévision.
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Heureusement qu'on meurt, c'est comme ça qu'on sait qu'on existe.
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Mon père m'attendait à la maison. D'habitude, il n'était jamais là. Toujours par monts et par vaux. Mais ce jour-là, à cette heure-là, il était là. On allait regarder, ensemble. On était un père et son fils. On ne parlait pas avec des mots. On parlait en faisant la même chose au même moment. (p.81)
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