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Citations de Nicolas Delesalle (344)


Hier, j'ai appris qu'un sabord était un hublot carré et j'ai enfin compris l'expression "Mille sabords" du capitaine Haddock.
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Elle n'a plus trente ans. Elle m'a confié que l'âge venant, le physique n'a plus autant d'importance dans les rencontres amoureuses. C'est la somme des expériences amassées qui compte et il n'est pas plus aisé de juxtaposer deux vies bien remplies que de faire coïncider deux corps jeunes. Elle a regardé la mer et elle a dit : « On a l'impression que ça ne va jamais s'arrêter, que c'est l'infini », et je ne savais plus si elle parlait de la solitude ou du voyage.
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Ces livres labourèrent la terre dure de mon esprit vide, mais rien n'était encore semé sur ces champs désolés balayés par le souffle de l'aventure.
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Le courage, c'est souvent de la peur qui se marche dessus.
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Le train de la dernière chance s'enfonce dans la nuit.Un.sentiment ambivalent, que j'éprouve toujours en zone de guerre, monte du fond de mon ventre: je suis à ma place.L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au coeur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout quelle force les anime quand leur univers s'écroule.Dans la même seconde, je devine que mes mots ne changeront pas le cours de l'histoire et n'arrêteront pas la guerre .Des cailloux jetés dans l'écume d'un torrent. Mais chaque fois je pense au Sisyphe de Camus; je regarde rouler mes cailloux et je choisis de mépriser mon impuissance.

( p.49)
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L'angoisse, la peur sont balayées par ma certitude d'être là où je dois être, au cœur de la tragédie que vivent les Ukrainiens. Je suis là pour témoigner et recueillir leurs histoires afin qu'ailleurs, loin d'ici, le monde sache contre quels vents contraires ils s'épuisent, quelle injustice les foudroie, et surtout qu'elle force les anime quand leur univers s'écroule.
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Madame Hutz est une bonne amie de sa mère. Ce fut l'une de mes terreurs de lycée : ma professeur de physique de première S. Blonde coupée ras, yeux bleu laser, voix du côté vert des éponges Spontex, petite, grosse tête, sèche. La peur en blouse blanche.
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Je me sens proche de ce cargo, je devine qu'il est vivant, à sa manière ; il cache une âme sous cet acier rongé par le sel marin et repeint mille fois. Moi aussi, je suis rongé et repeint mille fois. Et moi aussi, je suis venu avec des boîtes. Le chargement a duré tout une vie. Je sais pertinemment ce qu'elles contiennent, mais j'ai envie, j'ai besoin de les rouvrir pour partager ce qui s'y trouve, maintenant, aujourd'hui, au cours de cette parenthèse liquide, sur ce bateau désert en partance pour Istanbul et qui fend la mer noire d'une nuit d'été. Elles sont pleines d'histoires, ces foutues boîtes, des tragédies, des secondes, des angoisses, des larmes, des rires ou des rencontres qui m'ont assez marqué pour que ma mémoire les enferme dans de petits conteneurs rangés au fond de mon crâne par des grues, des portiques et des poulies invisibles.
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Soit j'étais très con, soit j'étais un génie et les autres des imbéciles. La statistique la plus élémentaire m'isolait dans la bêtise.
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Au cours d'un reportage chez un crémateur animalier, j'avais feuilleté le livre d'or noirci par les gens quand ils viennent déposer leur chien, leur chat et qu'ils repartent avec une urne minuscule. J'étais parti là-bas avec l'idée de bien rigoler. J'étais revenu avec la gueule de travers et toute la solitude des hommes sur les épaules. Des hommes à l'écriture tremblante qui parlent de leur animal de compagnie comme de leur enfant, le dernier remède à l'isolement, le vaccin aux journées nues, le dernier lien. On ne doit pas souvent être trahi par un animal.
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Les adultes font souvent mine de s'étonner du désespoir baroque des adolescents, mais cet étonnement est un leurre, ils savent très bien à quel point c'est compliqué de se relever quand on tombe de son enfance.
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Le premier baiser demande l'intrépidité du premier pas sur la lune, il exige le courage de sauter les yeux fermés sans savoir exactement dans quoi on saute et, à travers les siècle, les générations sont liées par la même paralysie, la même terreur. Internet et ses vidéos peuvent aller se faire cuire un bœuf, rien ne change, c'est la même pelle, c'est la même trouille.
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Les profs sont souvent des pitres. Parfois ils s'ignorent.
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Personne n'a jamais réussi à photographier cet instant magique et maudit qui fait d'une jeune fille une femme, d'un jeune homme un homme et d'une enfance un souvenir.
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« — Un jour, à la radio, un type paniqué a annoncé l’arrivée d’un projectile inconnu qui battait des ailes. C’était… un oiseau ! »
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Ma grand-mère a rejoint Samuel en 1988, après 38 ans d'attente, trente-huit ans de vie pour rien.Elle a demandé à être enterrée avec toutes ses lettres d'amour.

Anna et Samuel reposent côte à côte au Père- Lachaise. Je passe souvent les saluer, m'imprégner de leur force,de leur histoire. Je leur raconte ma vie, mes emmerdes, la marche du monde.Depuis la guerre en Ukraine, je ne suis pas allé les voir.Je ne sais pas comment leur annoncer la nouvelle.Je n'ai pas de mots pour leur dire que, pour la première fois de ma vie, j'ai honte.J'ai honte de leur sang.J'ai honte d'être russe.


( p.71)
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Vous me le direz si je parle trop ? N’hésitez pas. Je ne me vexerai pas Non, non, pas de sucre, merci. Je le préfère noir, un peu amer, je n’ai pas le palais assez fin pour l’Arabica d’Ethiopie. Les Éthiopiens sont les seuls producteurs de café qui boivent ce qu’ils cultivent. Vous saviez cela ? Les autres, au Mexique, au Vietnam, au Brésil ou au Congo, se contentent de cultiver le fruit sans jamais en déguster une tasse. Incroyable, non ? Cela n’a pas de sens.
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Et puis le chauffeur nous a demandé d'où l'on venait : "Francis, Francis". En Indonésien, Français, c'est Francis, c'est comme ça, on ne choisit pas. Le chauffeur du tuk-tuk nous a regardés avec des yeux de néandertalien qui vient de découvrir un poème de Rilke et a éclaté d'un rire guttural : "Aaaaah Francis, Ribéry, 2-0 Ukraine !!". On se trouve à dix mille kilomètres de Paris, dans une zone isolée par la guerre civile, ravagée par un tsunami. On se croit tranquilles. Et surgit Ribéry.
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Je n'ai jamais regretté d'entrer dans la classe de Madame Barthy. À chaque fois, elle y gagnait un nouveau prix, c'était du cinéma français, du film d'auteur, des problèmes, du glamour, pas de solution. Fin de quarantaine triomphante, elle portait des jupes fendues jusqu'au nombril, des décolletés vertigineux que nous commentions, dans le sillage de son parfum, très longtemps après la fin de ses cours d'anglais, pendant lesquels elle nous racontait sa vie en français en prenant des poses langoureuses dignes d'une pin-up des calendriers Pirelli. Ses déhanchements sur le bord du bureau nous mettaient mal à l'aise et à la fois en émoi. Nous ne parlions jamais anglais. Nous écoutions ses monologues, elle y conspuait tous ceux qui lui pourrissaient la vie ; ce n'était pas vraiment des cours d’anglais, c'était un aperçu mordant de ce qui fait la pénibilité d'une vie d’adulte. Pour être sûrs de ne jamais travailler, nous remettions régulièrement une pièce dans la machine en posant une question naïve : « Vous avez l'air énervée, madame ? » Et Madame Barthy répondait : « Ah, si vous saviez… »
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Avant de devenir un homme, un vrai, de ceux qui préfèrent être achevés d'une balle dans la tête plutôt que de subir un jour de plus cette foutue rhinopharyngite, j'étais un enfant comme les autres : j'adorais avoir un peu de fièvre.
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