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Critiques de Oscar Wilde (1443)
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Le fantôme de Canterville et autres contes

Lu. Avec joie.



De ces trois nouvelles à l'esprit délicieusement caustique, je retiendrai surtout les deux premières.

Le fantôme de Canterville, comme son nom l'indique, est une savoureuse histoire où l'on s'amuse beaucoup des mésaventures d'un revenant qui s'échine à faire peur aux nouveaux habitants du domaine de Canterville Chase. L'esprit y est facétieux, ironique et léger.



La suivante, Le crime de Lord Arthur Savile, moins légère, très prenante côté suspense, se lit tout aussi bien. Prophétie ou charlatanisme ? Toujours est-il qu'il n'est pas si simple de jouer avec son propre destin..



Ce court recueil de nouvelles offre un léger aperçu de l'écriture cynique et raffinée d'Oscar Wilde. Il ironise et se moque gentiment de la haute société britannique - et américaine ! -, qu'il connait bien nous régalant de portraits caricaturés et fort réjouissants.
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De profundis - La Ballade de la geôle de Reading

J'avoue que je ne reconnais pas mon Oscar dans son De Profundis. Dans la première moitié de sa lettre à Bosie, il est vindicatif et se répand dans un sordide règlement de comptes - par ailleurs fréquemment chiffré, ce qui manque notoirement d'élégance venant d'un homme de sa classe. Et s'il apparaît nettement que Douglas n'était qu'un petit coq infatué et cupide, il n'en ressort pas moins que Wilde a perdu beaucoup de son panache dans cette lettre réquisitoire.

On peut, en effet, s'interroger sur ce qui a pu conduire cet homme d'esprit, dont l'intelligence et la finesse ne sont plus à démontrer, à s'amouracher de ce philistin de Bosie au point d'y sacrifier sa vie, sa famille, ses biens, son art, son honneur, sa liberté. Et cela alors même que ses propres amis n'ont cessé de le mettre en garde.

Et, quand bien même semble t-il avoir recouvré la vue et son bon sens dans cette longue lettre à son amant ingrat, sa faiblesse et son aveuglement durant ces trois ans d'une liaison dévastatrice restent, de mon point de vue, inexplicables émanant d'un homme tel que lui.

Alors, bien sûr, on peut aussi convenir que seule la part du poète esthète, idéaliste et tourmenté s'est exprimée durant cette relation. Mais que diable n'a-t-il pas pas voulu donner plus de crédit aux quelques étincelles de lucidité dont il admet avoir eu parfois la fulgurance.



Dans la seconde moitié de sa lettre, le ton change : de vindicatif, il passe à désespéré et s'emploie à une sorte d'auto-flagellation - "c'est ma faute, ma responsabilité, j'aurais dû, j'ai essayé en vain...". Mais, là aussi, il en fait trop. Et surtout trop tard.

Il se lance alors dans des tirades dithyrambiques sur la douleur car, dit-il "le secret de la vie est dans la souffrance". Puis, touché par la grâce, il enchaîne sur une éloge à Jésus durant une vingtaine de pages dont la lecture m'est apparue pesante par trop de lyrisme et de nébulosité.

Et, enfin, il termine son de Profundis en se recentrant sur Bosie mais de façon plus apaisée, cette fois. Il semble avoir épuisé sa rancoeur et ne lui reste qu'une sorte de fatalisme où, perle toujours cependant la force de cet amour insensé qui a ruiné sa vie.



Tout au long de ma lecture, j'avoue avoir réagi à la manière de Bosie en ne supportant pas que l'extraordinaire Wilde chute du piédestal où je l'avais toujours placé. Et ce n'est qu'en refermant le livre que j'ai admis qu'il n'en était pas descendu mais que ce n'était là que le superbe chant du cygne d'un artiste remarquable.
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Le fantôme de Canterville et autres contes

Quelle délicieuse poilade que l’histoire de ce fantôme qui ne fait pas peur à ces béotiens d’Américains !

Humour, satire sociale, critique pleine d’ironie du matérialisme américain comme de l’aristocratie anglaise mais pas que, de la tendresse et une pointe de fantastique viennent parfaire l’ensemble de ce petit classique pétillant et gouleyant. Un bijou !

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Le portrait de Dorian Gray non censuré

Une fois n'est pas coutume, compte tenu de l'histoire peu commune de ce livre je me permets de jouer les Wikipédia, en essayant de ne pas être soporifique.



La première fois que le Portrait de Dorian Gray a été publié c'était en 1880 dans une revue Américaine du nom de Lippincott's Monthly Magazine qui avait pour habitude de publier des textes inédits. Bien que le directeur du journal eu prît soin de censurer certains passages avant publication, le texte fît tout de même scandale et on cria à l'infamie et au dégoût. L'éditeur d'Oscar Wilde, courageux mais pas téméraire, redoutait le procès. Il demanda donc à l'auteur de revoir son texte avant publication. Oscar Wilde obtempéra et chose étonnante au lieu de retirer simplement des passages il ajouta six chapitres afin d'édulcorer son propos et de le rendre publiable. Cette version, alors même qu'elle avait été censurée deux fois, fît tout de même scandale . La préface des éditions Grasset reprend quelques extraits des critiques de l'époque : « M Wilde a écrit des choses qu'on ne préférerait jamais voir imprimées » « une vie de débauche contre-nature » « Il prend un plaisir malsain à étudier la corruption morale et physique d'en garçon beau comme un ange » « d'une frivolité efféminée, d'une duplicité calculée, d'un cynisme affecté et d'un mysticisme sordide » on parlera également de blasphème, de dégoût, de vice, de démence… Pourtant si certains auteurs tels que Mallarmé, Gide, Camus reconnaissent son talent voir son génie, il est évident que la société de l'époque n'est pas prête et l'auteur le paie cher. Excentrique, homosexuel, talentueux, instruit et provocateur son livre est à son image et les deux dérangent. Quatre ans après la parution de son livre il est condamné aux travaux forcés, à cause de son homosexualité, le 25 mai 1895 et purgera sa peine dans la prison de Reading, au sud de l'Angleterre. A sa sortie de prison il choisira la France comme terre d'exil. Il mourra à Paris en 1900 seul et dans la misère.



Jamais donc ce texte qui fît tant parlé de lui, et qui impacta de manière terrible la vie de son auteur, n'avait été publié en français dans sa version originale. Les éditions Grasset ont donc décidé en 2016 de le faire en reprenant le manuscrit initial d'Oscar Wilde. Cette version comprend donc les passages supprimés mais pas les chapitres ajoutés. Attention la préface du livre en dit plus sur les passages supprimés, donc peut être à lire après le livre pour éviter de découvrir malencontreusement certaines choses.



Je quitte le mode Wikipédia et j'en reviens à l'essentiel : le livre. Rien que pour tous ces rebondissements j'avais envie de le lire. Je n'ai vraiment pas été déçue : la plume d'Oscar Wilde est géniale ! Poétique, érudite, délicieusement provocatrice. J'adore. Je comprends pourquoi elle a tant dérangé : quand il écrit il met son âme à nu, ce qui est terriblement impudique évidemment. Il détaille la nature humaine dans ce qu'elle a de plus pure mais aussi de plus corrompue et sordide.

Dorian Gray est à la fois cruel et innocent, complètement amoral à la manière d'un enfant laissé à l'état brut. Basile est la bonté incarné et la résignation, Harry est à l'opposé complètement immoral (donc pire que Dorian Gray à mon sens) sans aucun état d'âme ; un épicurien au sens péjoratif du terme. Malgré cela je n'ai pu m'empêcher à certains moments d'être séduite par l'ombre plus que par la lumière. le personnage de Basile est pourtant admirable, une véritable allégorie de l'Amour, et pas au sens niais du terme.



Quand au côté sulfureux du livre les années passées et l'évolution de nos sociétés ont bien entendu érodé l'aspect scandaleux des passages censurés. Mais je peux tout à fait imaginer ces ladies and gentlemen de la bonne société londonienne s'étouffer avec leur thé à la lecture de certains passages. Pure hypocrisie d'ailleurs car la même bonne société londonienne n'hésitait pas à aller s'encanailler dans les quartiers du East End pour ensuite mieux se détourner de sa pauvreté.

Évidemment je n'ai pas été dérangé par les allusions à l'homosexualité, par contre ce qui m'a gêné c'est la vision de la femme dans ce livre. Provocation de la part de l'auteur ? Je pense car Oscar Wilde a fait preuve de trop de finesse d'esprit pour être ensuite aussi balourd dans ses propos. Je pense qu'il s'agit plus d'une critique du rôle de la femme dans la société de l'époque. Par ailleurs il était ami avec de nombreuses femmes dont certaines ouvertement féministes, une prise de position misogyne me semble donc peu probable. Idem pour les commentaires antisémites qui à mon avis ne sont qu'une caricature de l'époque.



Je n'ai pas lu la version censurée et je n'en ai pas l'intention car cette version m'a séduite. Provocateur , rebel, passionné, aristocratiquement incorrect, Oscar Wilde a fait preuve de tellement de courage et d'honnêteté en écrivant le Portrait de Dorian Gray qu'il mérite d'être lu. Quand bien même on ferait abstraction du contexte il faut bien avouer que ce livre est diaboliquement bien écrit.
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Le fantôme de Canterville et autres contes

Un fantôme hante la maison de Canterville depuis 300 ans. Elle est achetée par un couple d'américains et ses 4 enfants qui ne croient pas en son existence.



Malgré tout le mal qu'il se donne à longueur de nuits, le Fantôme de Canterville est ridiculisé puis démoralisé par les parents et les fils de la famille, plus pragmatiques les uns que les autres, alors qu'il a été si efficace toutes ces années ! La seule fille de la famille ne participe pas à cette farce et le prend au sérieux.



Un conte humoristique, poétique et sensible qui m'a tiré des sourires jusqu'à la fin, touchante.



Il est suivi par “L'ami dévoué”, “Le Prince Heureux”, “Le rossignol et la rose” et “Le géant égoïste”. Comme Les Fables de la Fontaine ces contes ont une fin morale mais ils ne perdent rien de leur beauté.



J'ai aimé cette écriture toute en finesse et légèreté. Ces contes ne se réservent pas qu'aux adultes mais aussi aux enfants bien qu'ils fassent rarement partie de ceux qui sont lus habituellement.



CHALLENGE MULTI-DÉFIS 2020

CHALLENGE MAUVAIS GENRE 2020

CHALLENGE RIQUIQUI 2020

CHALLENGE XIXe SIÈCLE 2020

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Le millionnaire modèle

Mon premier contact avec Oscar Wilde.



Ce petit livre est un recueil de contes. Hormis dans la nouvelle titre — qui ressemble à une courte fable destinée à placer un bon mot à la fin — l'auteur nous plonge dans une situation réaliste et la détourne vers la féérie et l'imaginaire.



Dans « le Rossignol et la Rose » un jeune étudiant cherche désespérément une rose rouge qu'il doit offrir à la jeune fille qui fait battre son coeur s'il veut qu'elle danse avec lui au bal. Un rossignol, ému de son désespoir, l'aidera sans qu'il le sache. La conclusion est très cynique et laisse un goût amer dans l'esprit.



Dans « L'Insigne Pétard » — le meilleur conte à mon goût — ce sont les feux d'artifice qui doivent éclairer le mariage du Prince et de la Princesse qui discutent à bâtons rompus. le fameux Pétard est le narcissisme incarné. Il considère que tout un chacun ne devrait parler que de lui au lieu d'adopter l'attitude égoïste de parler de soi-même. Oscar Wilde exacerbe et se moque d'un comportement qu'il a dû observer chez ses contemporains.



Dans « le Jeune Roi », un prince s'apprête à son couronnement que tout le monde, lui inclus, souhaite éblouissant et débordant de richesse. Mais il va faire des rêves qui vont lui rappeler quel prix ont payé les pauvres bougres qui ont conçu ses habits ou ses bijoux. La fin montre de manière merveilleuse que la loi de Dieu rend nulle et non avenue la loi des hommes.



Enfin, « L'Anniversaire de l'Infante » conte exactement cela. L'auteur nous déplace à la cour d'Espagne, à l'étiquette rigide, pendant la Renaissance. le conte passe d'un sujet à l'autre — montrant les spectacles offerts à l'infante pour son anniversaire et faisant parler les fleurs — avant de se fixer sur le sort d'un nain tombé amoureux de la petite princesse. A nouveau la fin est triste et cynique.



On m'avait prévenu qu'Oscar Wilde était quelqu'un de grinçant. Il le prouve sans nul doute ici, dans ces contes destinés plus à heurter des lecteurs aristocrates ou bourgeois qu'à éduquer de jeunes enfants.

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Le Portrait de Dorian Gray

Une atmosphère victorienne qui met en scène un savant mélange de fantastique et de réflexions philosophiques, un bouquin qui est dans le « top 100 des livres les plus populaires de tous les temps sur Babelio ». 



On peut hésiter devant la littérature du XIXe, car malgré sa magnificence elle dégage parfois des relents de moisi. C’est le cas de ce Dorian Gray où le traitement des femmes m’apparait comme ayant vraiment dépassé la date de péremption…!



Malgré ce défaut caractéristique d’une époque qu’on espère bien révolue, ce texte est un sucré-salé bien réussi : un ton quasi humoristique mélangé à de savantes interrogations. Par exemple : peut-on être beaux et belles si on n’est plus dans sa prime jeunesse? La méchanceté rend-elle laid? Vaut-il mieux être bon que beau? Le plaisir est-il un vrai danger pour l’âme?



Pourtant, n’est-ce pas une bonne idée que de profiter de notre courte vie pour voyager dans tous les pays, écouter toutes les musiques, contempler les meilleurs tableaux, toucher les plus beaux tissus et acquérir les plus belles pierres précieuses?



Toujours à la recherche du bonheur, on pourrait presque ajouter (en paraphrasant Yvon Deschamps) que « Vaut mieux être riche, beau et en santé que pauvre, laid et malade… » (Et pour satisfaire à la morale du bouquin, il faudrait y inclure un peu de bonté…)

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Le Portrait de Dorian Gray

Lorsque mon fils était collégien et que son prof de Français avait laissé à ses élèves le choix d'un livre à lire, j'ai conseillé à Adrien "Le Portrait de Dorian Gray". Bien entendu, il a adoré !

C'est ce genre d'ouvrages, entre autres, que les Enseignants devraient faire lire aux ados, je suis persuadée que ça leur donnerait le goût de lire.

Excellent livre que j'ai lu, et relu, avec plaisir. Mais je ne suis peut-être pas bon juge... étant une inconditionnelle d'Oscar Wilde !
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Le Portrait de Dorian Gray

Manifeste esthétique, l'art dégagé de toute éthique, finalement un récit moral ?

L'art, est-il moral ? L'art, a-t-il besoin de moralité ? Qu'est-ce que c'est la moralité de l'art ? l'usage parfait d'un moyen imparfait ? Mais rien n'est parfait !! Dorian Gray, livre poison, livre immoral, amoral, livre esthétique ou livre piège ? Tout y est.

Les temps changent, les critiques et les opinions sur une création aussi. Leur diversité confirme que cette œuvre est nouvelle, complexe, viable, et qu'elle résiste au passage du temps.

L'intelligence, l'esprit et le style ne manquent pas dans l'œuvre de Wilde, ils y abondent même.

Le Portrait de Dorian Gray en est une belle illustration, avec cette défense, assez contradictoire d'ailleurs, de la séparation de l'esthétique et de l'éthique, la première étant considérée comme supérieure à la seconde.

Qu'est-ce que c'est la vérité dans la création ? Le style, a l'air de dire Wilde. L'art ne doit se faire le reflet de "l’humeur du temps, de l’esprit de l’époque, des conditions morales et sociales qui l’entourent", nous dit-il encore. Et pourtant chaque style est le reflet d'une époque, avec tout ce qu'il a comme héritage du passé, comme influences, comme audace intemporelle.

Dans Le Portrait de Dorian Gray, Lord Henry affirme que "Seuls les gens superficiels ne jugent pas sur les apparences.", pour que Wilde affirme plus tard, dans De Profundis, la période de son emprisonnement, que "le crime, c’est d'être superficiel."

La deuxième esthétique ne s'inscrit pas en faux envers la première, elle la révèle plutôt. Le dandy et son masque, une superficialité, osent dire certains. Oui, mais Oscar Wilde est un esprit puissant et cultivé, et les conflits, il les présente d'une façon plus ou moins dissimulé. Il y a toujours comme une interrogation dans chaque affirmation.

Roman fantastique et philosophique, Le Portrait de Dorian Gray met sur la scène ce jeune et beau dandy, orgueilleux et superficiel, tellement amoureux de son portrait peint qu'il fait un pacte pour garder éternellement la jeunesse et la beauté. En échange, son vieillissement et sa part d'ombre seront pris par l'image de la toile au fil des années.

Ombre et lumière, illusion et réalité, narcissisme, hédonisme, décadence fin de siècle, éternité de la beauté, mais quelle beauté ? Les thèmes sont nombreux et tous restent ouverts aux analyses, critiques et interprétations que le passage du temps multiplie et nourrit.

Le portrait devient miroir, et le temps rend le reflet couperet, aussi inflexible qu'une condamnation à mort. L'âme est malade, le corps se flétrit, dépérit, esprit et matière, chacun marquant l'autre avec autant de force, autant de désastres, définitifs. Pacte faustien, damnation éternelle.

Recherche inconsciente, non avouée, d'un certain équilibre, aussi fragile soit-il, entre l'âme et le corps, qui pourrait donner une certaine harmonie, passagère mais indispensable à notre vie.

Roman-oxymore où le clair-obscur règne, une certaine ambiguïté aussi dans les affirmations et les discours des personnages, sans oublier la coexistence des extrêmes, esthétiques et morales. D'ailleurs y-a-t-il eu des frontières nettes ?

Le roman est fantastique, aucunement moraliste, Wilde se garde bien de trancher ou de définir clairement le mal ou le bien, qui pourrait le faire ?, ou la place de la vérité, si jamais elle était précise, et depuis plus d'un siècle cette histoire vit librement, ouverte à toutes les interprétations, et critiques, mêmes à certains jugements. Elle les défie tous !

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Le Portrait de Dorian Gray

Je suis contente d'avoir relu ce roman. Une quinzaine d'années après j'ai l'impression de le re-découvrir.

Le récit se découpe en trois parties. La première peut être vue comme une pièce de théâtre, on y découvre les personnages à travers leurs gestes et leurs paroles. de grands dialogues, de longues diatribes, où tout le style de l'auteur donne une belle dimension à l'intrigue et aux personnages. J'ai apprécié ce style, l'éloquence des phrases et le mordant ironique de l'auteur.

La troisième partie mélange cet effet théâtral et le récit d'une intrigue qui de péripéties en péripéties, repousse toujours plus loin Dorian vers le dramatique et le tragique.

La partie centrale assez courte, -heureusement- manque d'intrigues (malheureusement). Elle pourrait se qualifier comme le fait Oscar Wilde du livre que Lord Henri offre à Dorian de "l'étude psychologique d'un jeune Parisien [ici Londonien] qui passait sa vie à essayer de mettre en oeuvre en plein XIXe siècle les passions et les modes..." En 20 pages Wilde passe en accéléré 18 années de Dorian dans les bas-fonds londoniens entre autres.

Ce roman est un récit fantastique qui a du panache. Oscar Wilde a le sens de la dérision, du parler. il joue sur l'éloquence et la critique avec une précision et un don certains.
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Le Portrait de Dorian Gray

Le jeune Dorian Gray prend conscience de sa beauté en admirant son portrait. Il en devient jaloux : Il devrait vieiliir, lui, alors que la peinture restera éternellement jeune ? Il souhaite tout haut que cela soit l'inverse, et pour son malheur, son vœu va se réaliser...



Le Portrait de Dorian Gray est, il me semble, le roman qui me divise le plus. D'un côté, je l'adore, mais de l'autre, il m'ennuie...



Oscar Wilde écrit superbement. Las phrases sont bien tournées et, si la langue est soutenue, la lecture reste fluide et agréable. Dorian Gray est un personnage profond et complexe, tandis que Lord Henry Wotton est truculent. Quant à l'histoire, je la trouve passionnante. J'ai adoré suivre la lente dégradation morale de Gray, toute en nuances.



Mais le roman est trop long à mon goût. Il y a beaucoup trop de dialogues, aussi bien écrit soient-il, et l'intrigue piétine. Lire la philosophie de salon d'Henry Wotton est amusant dans un premier temps, mais ennuyeux à la longue.

Heureusement, plus on progresse dans le récit, plus l'auteur resserre son propos sur Dorian Gray, et plus mon intérêt s'est aiguisé.



Oscar Wilde a écrit une histoire passionnante et fascinante, mais que j'aurais préférée dans un format plus court, nouvelle ou novella, avec moins de digressions philosophiques.
Lien : http://lenainloki2.canalblog..
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Le prince heureux, le géant égoïste et autres con..

Dans ce petit livre paru aux éditions Folio Junior, on peut découvrir 5 contes d'Oscar Wilde :

- Le prince heureux qui, changé en statue va venir en aide aux plus démunis grâce à trois pierres précieuses et aux feuilles d'or qui le couvrent. Il lui faudra l'aide d'un hirondeau pour y parvenir. Celui-ci, par amour pour une flèche d'eau, a raté l'envol de ses semblables pour l' Egypte à la venue de l'automne.

- Le rossignol et la rose où l'oiseau viendra en aide à un jeune étudiant afin qu'il puisse offrir une rose rouge à sa bien-aimée très capricieuse et ignorante.

- Le géant égoïste qui entoure sa propriété d'un haut mur pour éviter les enfants et leurs bruits. Toute vie disparaît de son domaine et un élément va réveiller sa sensibilité.

- L'ami dévoué qui, sous forme de fable moralisatrice racontée à un rat d'eau va nous raconter l'histoire de Hans qui donnait tout à un meunier qu'il pensait être son ami et qui en profitait éhontément.

- La fusée remarquable ou devrait-on dire "La fusée vaniteuse" ( je crois d'ailleurs qu'elle porte un autre titre à l'origine) où les pétards destinés au feu d'artifice du mariage du prince et de la petite princesse se mettent à faire la conversation entre eux. Même jetée dans la boue, cette fusée prend chaque insulte pour un compliment.

C'est dans ce dernier conte que l'on retrouve le plus l'humour d'Oscar Wilde.

On rencontre dans trois histoires le thème de la générosité bien mal payée en retour et la mort, la finitude dans les cinq contes.

L'ambiance poétique et l'imagination sont au rendez-vous.

J'ai un peu moins aimé la dernière qui manquait de lien entre les évènements du début et la suite.

Merci à Sabine qui, après sa visite à l'expo au Petit Palais et sa critique, m'a fait découvrir ces contes inconnus pour moi.



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Contes et récits

Amateurs de fantaisie? de personnages hauts en couleurs? de jolies morales? d'histoires incroyables?

Ne cherchez plus, Contes et récits est fait pour vous !



Il y en aura pour tous les goûts. Dans cette petite merveille, Wilde déploie une fois de plus des trésors d'imagination pour ravir l'âme d'enfant qui sommeille en nous. A travers ses histoires magnifiques, nous parcourons un véritable voyage initiatique qui nous fait réfléchir sur l'humain et sa nature profonde.

Du Prince heureux au Portrait de Mr. W.H, Wilde place ses protagonistes dans un écrin de beauté, même la misère prend des allures de fêtes dans certaines histoires. Ce qui m'a frappée dans cette lecture, c'est la facilité de l'auteur à transposer ce qu'il voit de la société qui l'entoure. Avec une grande sensibilité artistique, sa plume sait être incisive sur les pires traits de caractère qui puissent exister sans pour autant sombrer dans la noirceur. Tout est légèreté et insouciance, je suis agréablement surprise à chaque fois que j'ouvre un livre de cet auteur.

Lire un livre d'Oscar Wilde, c'est le remède anti-déprime assuré qui nous pousse à voir la vie du bon côté, enfin du moins pour moi.

En tout cas, ces Contes et récits sont de vraies perles, n'hésitez pas à les découvrir car ils valent le coup. A lire!
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Le Portrait de Dorian Gray

Le Portrait de Dorian Gray est le premier livre de Wilde que j'ai lu, et je ne le regrette nullement, tant il m'a donné envie d'en connaître davantage et m'a permis de découvrir tant d'autres belles choses !

L'histoire de ce qui fut le seul roman de Wilde, et en tout cas une de ses œuvres majeures, est connue de tous. Tant et si bien, d'ailleurs, qu'elle a servi de support à de nombreuses autres histoires ayant notamment pour but de décrire la vanité de l'être humain.

Pour autant, ce que l'on retient du Portrait de Dorian Gray, c'est avant tout la démarche d'esthète de Wilde et les nombreux aphorismes dont il nous gratifie et que l'on retrouve dans le recueil du même nom.

Ce livre fait partie de ceux que l'on conserve lorsqu'il ne reste rien et on en garde un souvenir vivace.
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Le Portrait de Dorian Gray

J'ai véritablement adoré "Le Portrait de Dorian Gray" ! L'histoire est tout à fait fascinante : un jeune peintre, Basil Hallward, est en admiration devant l'un de ses amis, Dorian Gray, jeune homme beau et séduisant, et décide donc de réaliser son portrait. Alors qu'il est chez Basil, Dorian fait la connaissance de Lord Henry Wotton, qui lui apprend que le seul plaisir de la vie est la jeunesse (et donc la beauté)...Dorian est aussitôt conquis et, à l'instant même où son portrait est achevé, il fait le voeu d'inverser sa vie avec celle de son portrait : rester éternellement jeune et beau. Ansi, au fil des années, le temps, les vices et les crimes vont s'abattre sur le somptueux tableau de Basil mais aucun tourment ne viendra transformer la peau si fraîche de Dorian Gray.



Oscar Wide dénonce la société du XIXème sicèle, le mariage ainsi que l'art en général de sa plume si raffinée et passionnante, utilisant la poésie, les jeux de mots, les proverbes pour parvenir à émouvoir son lecteur, ce qui est parfaitement réussi ! J'ai été subjuguée par ce roman, ne voyant pas défiler les chapitres et arrivant si vite au drame final...L'auteur irlandais écrit là son seul roman, mais quel roman ! Je serai à jamais marquée par ce délicieux livre, incontournable et tellement mythique que je relirai avec grand plaisir ! Un chef d'oeuvre, bien évidemment.



A lire ABSOLUMENT !!
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Le Portrait de Dorian Gray

Le Portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde.

Un monument de mon adolescence. Après quelques dizaines d'années, je me replonge dans ce qui m'avait bousculé à mes 15 ans.

Sur le fond, ce roman est étonnement très moderne. La course à la jeunesse, la manipulation de l'image pour paraître... et les travers qui doivent bien avoir des conséquences quelque part. Dans le roman, ce sera sur le portrait. C'est lui qui subira toutes les ignominies du personnage. J'y ai vu une anticipation sur le monde actuel : on montre une image de vie parfaite sur les réseaux sociaux, mais le miroir ne reflète que fragilité ou noirceur.

La forme est très classique. M'étant éloignée dans mes lectures du style classique de Wilde et ses contemporains, j'ai mis quelques chapitres à retrouver mes marques. Le plaisir de relire des mots recherchés, pesés et affinés au sujet a été ensuite un vrai régal.



La prouesse de ce roman, c'est son renouveau à chaque lecture. En fonction de la période de sa vie à laquelle on lit LE Portrait de Dorian Gray, en fonction de son vécu, du moment choisi, le livre se ressent différemment.

Ce roman porte en lui une vie multiple, comme le portrait.



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Le Portrait de Dorian Gray

Roman fantastique, roman psychologique ou conte philosophique ? Un peu tout cela à la fois, mais roman sur un sujet fascinant quoi que pas nouveau. L’histoire, assez proche de La peau de chagrin de Balzac, est celle d’un beau jeune homme, Dorian, à qui l’on offre son propre portrait. Il formule alors le souhait que le tableau vieillisse à sa place pour pouvoir garder lui-même sa beauté, même s’il y perdait son âme. Dorian, fasciné par Lord Henry, dandy à l’hédonisme sans limite, est entraîné dans une vie de débauche, de vice et de dépravation. Il constate que le portrait évolue et qu’il devient de plus en plus laid et pas seulement plus vieux. Bref, le mythe de Faust revisité… A l’époque victorienne, les dandys n’étaient pas mal vus (et Oscar Wilde en était un), bien au contraire, ce qui fait de ce court roman une analyse sans pitié de la société victorienne. Mais il est aussi profond et complexe, portant sur le pouvoir de la fascination, la tentation du mal, la métamorphose d’un individu au fil du temps, la désillusion, le narcissisme … Le style est classique mais plein de poésie, et ciselé avec finesse et précision. Il se laisse lire d’une traite. Un récit à la fois parfaitement ancré dans son temps et intemporel !
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Le Portrait de Dorian Gray

Après la lecture des nouvelles d'Oscar Wilde, je ne pouvais décemment pas faire l'impasse sur ce roman majeur qui, au même titre que Les Misérables ou le Rouge et le Noir, fait partie des grosses hontes personnelles de ne pas avoir lu... Tout le monde connaît ici ma passion pour le XIXe romantique, l'Angleterre, le décadentisme et son goût pour les passions, tout est donc réuni dans ce chef d'oeuvre où je me suis régalé, servi encore une fois par une traduction remarquable de Jean Gattégno.



Le principe est très connu, et un de mes mentors universitaires l'avait évoqué il y a plusieurs années en cours : Dorian Gray, jeune homme narcissique à la beauté extraordinaire, souhaite un jour conserver sa beauté et sa jeunesse, et qu'un portrait sublime de lui peint par son ami artiste Basil Hallward se mette à vieillir à sa place. Son souhait est exaucé, mais alors que Dorian a acquis la jeunesse éternelle, la contemplation de ce miroir toujours plus déformé finira par le rendre fou avec la fin à laquelle on s'attend... Voila ce que je savais du roman, mais il y a beaucoup, beaucoup plus.



Après une préface d'aphorismes sur l'art, servant à exposer le goût de l'art pour l'art et de la beauté au-dessus de tout pour Wilde, le roman s'ouvre sur le trio de personnages principaux : Dorian Gray, Lord Henry Wotton, et Basil Hallward. le peintre Basil a été bouleversé par sa rencontre avec le jeune Dorian Gray qui, selon lui, redéfinit la beauté. Tout son art, désormais, sera influencé par lui, et il voue un culte esthétique au jeune homme dont le sous-texte est évident. Basil peint donc Dorian Gray qui pose pour lui. Ce qui est fascinant dans ce début, est que l'on se rend compte très vite que Dorian Gray lui-même semble être une toile vierge, une page blanche, un être vide et perméable, que l'on peut peindre à volonté intérieurement : C'est ce qu'il va se passer du début à la fin au contact de Lord Henry, qui est le Méphistophélès du roman. Jouisseur invétéré et assumé, Lord Henry passe son temps à défendre la recherche du plaisir à tout prix, la contemplation de la beauté, quels que soient les prix humains et dommages collatéraux. Pour lui, la vie ne doit être que plongée dans la jouissance et un refuge dans l'art comme sublimation, esthétisation d'un réel morne, violent, qui n'a pas de sens, idéologie à laquelle j'adhère, mais certainement pas dans les proportions d'Henry qui est totalement jusqu'au boutiste dans son propos, à un point absurde et ridicule. Ainsi, ce mauvais génie va se mettre dès le départ à influencer Dorian Gray qui va peu à peu adopter ses préceptes et sa personnalité, et totalement changer au fur et à mesure du roman. C'est cela que je trouve le plus passionnant : La virginalité intérieure de Gray, qui se trouve modelé sans cesse, malaxé en tant qu'individu. Il est peint intérieurement par Henry, comme il l'avait été extérieurement par Basil. Et son portrait, plus que de le représenter vieillissant, va expliciter au fur et à mesure sa descente dans le mal, car Wilde semble estimer (derrière ses personnages qui le disent) que n'importe quel pécheur porte sur son corps et sur son visage les marques de ses infamies. le portrait de Dorian Gray se dégradera ainsi considérablement non seulement avec le temps mais aussi au gré de l'évolution négative de ses moeurs et de ses actes, alors que Gray arborera toujours le même visage de jouvenceau à la pureté absolue, qui fera même que son entourage ne pourra concevoir quoique ce soit de mauvais à son sujet, malgré les rumeurs qui naîtront. le portrait restitue donc la noirceur et l'horreur de l'âme de Dorian, bien plus que le passage du temps que Dorian a troqué contre sa beauté physique éternelle. Lord Henry, évidemment, n'échappera pas aux affres de l'âge et du stigmate de ses vices.



Je passe les détails pour ne pas spoiler, mais le roman est addictif tant il n'a de cesse de nous surprendre avec des rebondissements et des retournements de situation constants dans l'évolution de la personnalité de Gray. Alors que je regardais la série Breaking Bad en même temps, où le protagoniste Walter White s'enfonce également dans le crime progressivement et où les attentes du spectateur sont perpétuellement déjouées, j'ai été frappé par la similitude des deux schémas. La comparaison s'arrête là, hein! Mais vu le talent d'Oscar Wilde comme raconteur, et comme esthète, au vu de la superbe écriture du roman (notamment de très belles descriptions de jardins), on déplorera, comme souvent, que sa création littéraire fut fauchée en plein vol par ses déboires judiciaires. Les événements de certains chapitres nous stupéfient, comme aujourd'hui savent le faire tout excellent épisode de série américaine.



Le Portrait de Dorian Gray ravira tout amateur des atmosphères et du siècle déjà évoqués plus haut (avec en plus le Londres nocturne du XIXe siècle et un univers parfait pour Tim Burton). L'influence de Baudelaire s'y fait également sentir par l'attachement aux objets insolites, aux parfums, au dandisme de manière générale. Nous sommes dans des courants et des lignées artistiques du XIXe bien spécifiques, et que j'affectionne particulièrement. Mais tout lecteur et amoureux de la littérature sera également ravi par ses références incessantes : Il y est question de Shakespeare avec énormément de références, de Faust (évidemment, avec un personnage comme Dorian qui s'enfonce dans une sorte de pacte avec le Diable qu'il finit par payer) du personnage de Des Esseintes, protagoniste d'À rebours de Huysmans, qui a influencé Wilde, qui va jusqu'à faire intervenir un livre avatar d'À rebours dont la lecture modifie là encore la personnalité de Dorian.



C'est véritablement un coup de coeur littéraire pour moi, qui a rejoint mes classiques. Il est extrêmement riche en interprétations, et très réussi en tant que roman fantastique et décadentiste. le sous-texte de l'homosexualité dans le roman est admirable de sous-entendus et de non-dits pesants, et jouera immanquablement dans l'infortune d'un personnage. Wilde dira aussi de Dorian, Henry et Basil qu'ils représentent trois versions ou perceptions de lui, par le public (qui le voit comme l'impénitent dévergondé Henry) ou par lui-même (qui se voit plutôt en Basil). Son seul défaut, et peut-être est-ce cela qui a importuné certains détracteurs ici, réside dans le tic stylistique des discours de Lord Henry, faits d'antithèses au premier abord sibyllines, qui trouvent leur sens dans le contexte ou dans ses explicitations ensuite. La plus connue étant son fameux "Le meilleur moyen de résister à la tentation, c'est d'y céder". Henry parle comme ça TOUT LE TEMPS, et cela peut finir par vite agacer, un peu comme les antithèses systématiques d'Hugo. On peut aussi trouver que Wilde aurait pu tailler un peu dans ces passages de discussions certes essentiels puisqu'Henry sculpte la personnalité de Gray et cause sa descente aux enfers. Son portrait au vitriol des mondains et des mondanités est encore une fois des plus savoureux.



J'espère avoir donné envie à ceux qui ne le connaissent pas encore, car c'est un réel coup de coeur pour moi, et je me suis absolument régalé. J'ai même envisagé de lui faire rejoindre l'île déserte de Babelio et songe à l'offrir à un de mes proches...

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Le fantôme de Canterville et autres contes

Nos lectures à voix haute nous ont permis de poursuivre nos explorations de l’Angleterre victorienne avec Le fantôme de Canterville, d’Oscar Wilde. Il s’agit en réalité d’une nouvelle d'une soixantaine de pages, suivie d’une deuxième histoire intitulée Le crime de Lord Arthur Savile.



Mes enfants sont entrés avec enthousiasme dans ce récit. Il s’amorce rapidement avec l’acquisition, par le ministre états-unien Hiram Otis et sa famille, du manoir de Canterville… et, par la même occasion, du fantôme qui semble y sévir depuis des siècles. Les nouveaux propriétaires ont été dûment informés de la situation, mais ne semblent pas plus impressionnés que cela par les mises en scène pourtant créatives du spectre. Bruits de chaînes, regard rougeoyant et gémissements diaboliques, rien ne semble y faire. Notre fantôme sombre dans le désespoir ! Ces mésaventures au charme « so british ! » nous ont bien fait rire. Pour ne rien vous cacher, je suspecte mes garçons de s'être identifiés aux « délicieux » jumeaux Otis, qui prennent plaisir à mitrailler le pauvre fantôme d'oreillers ou de boulettes de papier... le choc entre le pragmatisme et le matérialisme de la famille américaine et un Royaume-Uni englué dans ses croyances et ses traditions, crée plusieurs situations réjouissantes. Par exemple lorsque le fantôme fait résonner son rire le plus effrayant et que Mme Otis lui suggère de prendre une cuillère d'élixir. Cela dit, la suite de l'histoire nous a déçus. Cette fin pleine de bons sentiments, évoquant les contes les plus traditionnels – c'est tout juste si ça ne se termine pas par « ils se marièrent et eurent beaucoup d'enfants » – semble bizarrement décalée avec l'ironie grinçante du début.



Le crime de lord Arthur Savile nous a finalement mieux convaincus. Oscar Wilde brosse en quelques phrases bien senties l'atmosphère mondaine d'une réception chez lady Windermere, où la valeur des parures est à la hauteur… de la vacuité des conversations. le clou de la soirée est sans nul doute le chiromancien de lady Wintermere qui déchiffre avec une facilité déconcertante le passé et l'avenir dans les lignes de la main. Tout cela est divertissant jusqu'à ce qu'il examine la main de l'élégant lord Arthur Savile… Une histoire de prophétie auto-réalisatrice racontée avec humour et malice, qui a beaucoup amusé toute la famille !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Le Portrait de Dorian Gray

Je croyais connaître cette œuvre, et effectivement j'en connaissais le principe. Mais l'essentiel n'est absolument pas dans cette histoire fantastique de portrait qui vieillit à la place du modèle.

Ce roman est d'une intelligence et d'un cynisme incroyables. Oscar Wilde utilise ses personnages pour développer des idées pour le plaisir de les voir se déployer, tout en déclarant ne pas toujours les partager. Au-delà de l'immense plaisir de lecture, cette pensée pour la pensée m'a totalement étourdie et je n'ai pas pu m'empêcher de multiplier les citations.

Il est ici question des femmes (de manière souvent misogyne), de la haute société (tout aussi vérolée que le reste de la population) et d'art, mais surtout de responsabilité de ses actes. En effet, n'étant marqué ni par le temps ni par ses choix, Dorian Gray ne s'embarrasse pas de morale. Il a succombé à la tentation personnifiée par Lord Henry et n'aura aucun espoir de rédemption. De là à généraliser que l'Homme ne s'embarrasserait pas de morale s'il n'avait pas à faire face aux conséquences de ses actes... Une vision bien sombre de l'humanité !

C'est une idée totalement romantique que de voir s'imprimer dans notre peau les erreurs et les défauts de notre âme. Ce serait nettement plus facile de faire le tri dans nos relations. Mais quel enjeu romanesque, Oscar Wilde l'utilise de manière tellement pertinente !

Ce portrait vieillissant, miroir de son âme, est fascinant pour Dorian Gray qui observe les effets de ses choix. Serions-nous meilleurs si chacune de nos actions laissait une marque physique dans notre chair ou sur un objet tangible ? La réponse d'Oscar Wilde est clairement non. Plutôt que de changer, l'être humain préférera détruire les preuves de sa déchéance. A ses risques et périls...
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