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Critiques de Oscar Wilde (1443)
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Le millionnaire modèle

Ah! le plaisir de lire des contes qui moquent les contemporains! La recette est ancestrale mais on ne s'en lasse pas, et Oscar Wilde fait honneur au genre en s'inscrivant dans la tradition.

Les cinq courtes nouvelles rassemblées dans ce petit opus sont toutes délectables, chacune à sa manière mais toutes autant réussies du point de vue du style que de la morale, qui écorche autant la suffisance aristocratique que la sécheresse du coeur, voire les deux en même temps .Soit en en prenant le contrepied avec les propositions oxymoresques d'un riche généreux ou d'un roi opposé aux fastes; soit en outrant la violence d'un coeur indifférent à l'altérité avec une horrible infante ou un pétard imbu de lui-même.

Et au milieu, indifférence encore avec la très jolie nouvelle Le Rossignol et la Rose dans laquelle le premier chant à mort pour qu'éclose la seconde.

Un régal!

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Ballade de la geôle de Reading

Texte terrible que celui-ci ! Nous sommes en 1895. Ayant un peu trop fait le malin devant les tribunaux, et conformément à la loi anglaise, Oscar Wilde vient d'être condamné à deux ans de prison en raison de son homosexualité. Il purge sa peine dans la prison de Reading, au milieu des détenus de droit commun.



Parmi eux, il y a un ancien soldat, Charles Wooldridge, condamné à mort pour avoir tué sa femme. Les détenus n'ont pas le droit de parler entre eux. Muet, ils l'observent déambuler dans la cours en contemplant le ciel. Un jour, en rentrant de la corvée, ils passent devant une tombe ouverte. Ces hommes qui n'ont jamais priés passent la nuit à genoux. Le lendemain, les gardes paradent fièrement. Leurs bottes sont maculées de chaux. Le corps a été enseveli nu, aspergé de chaux vive qui rongera ses chairs en les empêchant de se décomposer. Rien ne marquera jamais sa tombe…



Rien ne peut rendre la beauté de ce texte, ni le désespoir qui l'habite. On mesure la terrible épreuve que fut pour Wilde son emprisonnement, au cours du quel il ne bénéficia que de très minces aménagements en raison de sa notoriété. Ce n'est plus l'esthète brillant, plein d'humour et d'ironie. C'est un être brisé, qui a plongé dans la misère et le désespoir.



On mesure également la profondeur de sa conversion religieuse. Comme Silvio Pellico, il semble que ce soit la seule chose qui lui ait permis de tenir. de toutes ses forces, il s'accroche à ce Dieu dont la justice surpasse celle des hommes, au Christ qui pardonne au bon larron et relève ceux qui ont été brisés. Car ce n'est pas Dieu qui nous impose les épreuves de la vie : ce sont les autres hommes. Et le pouvoir du Christ est de réparer ce que les autres hommes ont irrémédiablement brisé. Il y a celui qui croit au ciel et celui qui n'y croit pas. Mais c'est en s'accrochant à cet espoir comme à un rocher qu'Oscar Wilde a pu éviter de sombre dans la folie.



Étrangement, le ‘De Profundis' ne figure pas dans-cette édition-là, ce qui est assez rare. Sa sobriété permet de mieux apprécier ce texte si particulier.
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Le fantôme de Canterville et autres contes

Une tache de sang qui réapparaît chaque matin alors qu'il venait d'être bien nettoyé le soir. En plus la salle est fermée à double tour, seul M. Otis détient la clé, puis le sang change de couleur chaque jour. Alors les Otis s'interrogent sur leur doute. Ce sang représente le cri d'une femme, Mrs Canterville, tuée par son mari en ce lieu il y a près de quatre siècles... Entre réalité et les remèdes interminables de la psychiatrie, les Otis vont faire face à un fantôme très très coriace...

Du fantastique simplement!
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Le Crime de Lord Arthur Savile et autres co..

Fantastique !

C’est un recueil de nouvelles où se mêle du fantastique et de l'humour.

La première histoire : un chiromancien prédit à Lord Arthur Savile qu’il sera l’auteur d’un crime. Ses valeurs sont tellement profondes qu’il refuse de se marier. Il n’accepte pas d’entraîner sa belle-famille dans une histoire difficile. Alors, il décide de faire le crime parfait, et une fois qu’il sera fait, il acceptera de se marier.

La chute est extraordinaire !



La deuxième histoire : un fantôme hante le château de Canterville. Seulement, les nouveaux propriétaires ne sont pas du tout comme les autres : ils n’ont pas peur du fantôme et ils vont même s’amuser à lui faire des blagues…



Beaucoup de fraîcheur dans ces récits.

Si vous n’avez pas trop de temps pour lire, ce petit recueil de nouvelles est vraiment sympa.

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Le crime de Lord Arthur Savile

Cette délicieuse petite nouvelle satirique a été dévorée très rapidement entre deux polars.

Un petit entremets qui passe plutôt bien car chez Oscar Wilde le plaisir est instantané. Dès les premières lignes se dessinent les descriptions très pointilleuses empreintes d'ironie et d'un humour irrésistible.



L'étude psychologique des personnages est d'une grande acuité. On rit avec délice des extravagances de la noblesse victorienne.

L'auteur irlandais excelle à égratigner les travers de la société bourgeoises des gens bien pensants qui en vérité s'ennuient ferment et qui sont prêts à tout pour un peu de distraction.



Les émotions sont toujours un poil trop exaltées (il faut bien s'occuper entre deux dîners et en attendant le tea-time)

Le cynisme caractéristique est présent ainsi qu'une sensation de discordance entre le Bien et le Mal, thème récurrent dans l'oeuvre du poète.



Dans cette petite fable à la morale douteuse, Oscar Wilde s'interroge sur le destin de tout un chacun, sur la part de coïncidence et de fatalité qui régie nos petites existences et sur le libre arbitre.



Sommes-nous les véritables maîtres de nos destinées?





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Le Portrait de Dorian Gray

Tout a sûrement été dit sur ce monument, j'aurai peu à ajouter. Juste que j'y vois le mythe revisité de Faust, la peur non pas vieillir mais de l'impact du temps sur l'apparence. Tout faire pour la sauvegarder mais il y a un revers. Si l'image est sauve, l'âme est corrompue. Alors vient la peur et la fuite. Une superbe parabole a peine dissimulée de ce que la morale victorienne pleine d' puritanisme protestant de façade réprouve. Être ou Paraître, la question reste très actuelle.
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Le Portrait de Dorian Gray

Le club de lecture de Babelio m'avait fait découvrir Jack London le mois dernier. 



Ce mois-ci, je me suis replongée dans Le portrait de Dorian Gray que j'avais déjà lu il y a une bonne quarantaine d'années.



Et malgré quelques longueurs, j'ai bien apprécié cette relecture.



Ce roman sur l'éternelle jeunesse démarre avec le peintre Basil Hallward qui porte les dernières touches au portrait du jeune Dorian Gray.



Ce jeune éphèbe est d'une telle beauté que le peintre n'a pas résisté à le prendre pour modèle et considère ce portrait comme sa plus belle œuvre. Lord Henry, ami du peintre fait la connaissance du jeune homme, et, sur le ton d'une boutade, lui dit qu'une fois le portrait terminé, seul celui-ci gardera à jamais cette beauté tandis que Dorian vieillira peu à peu.



Le jeune homme déclare alors qu'il donnerait son âme pour que ce portrait vieillisse à sa place.



Quelques jours plus tard, Dorian rompt brutalement avec la jeune actrice dont il était épris. celle-ci se suicide. Dorian ne s'en sent pas responsable mais lorsqu'il revoit le tableau, les lèvres peintes semblent porter une petite crispation ...



Dorian riche à souhaits, épris de belles choses, collectionneur compulsif mène une vie de plaisirs, plus ou moins coupables, de soirées en beuveries, d'essais de substances déjà illicites.



Je me suis interrogée sur la relation entre Sir Henry et Dorian me demandant, si Sir Henry n'était pas un être maléfique, machiavélique incitant Dorian à pousser toujours plus loin des limites, que lui même se gardait bien de franchir.



Entre l'artiste et le mondain, Dorian choisira la facilité tout en gardant son jeune visage ... jusqu'à l'atroce scène finale.



Je me suis régalée du style d'Oscar Wilde, multipliant les 'bons mots', sources de tant de citations 



Je n'avais pas perçu sa misogynie lors de ma première lecture, mais les femmes n'ont pas le beau rôle, décrites tour à tour comme laides et sottes. 



Un roman bien ancré dans son époque où les riches dandys profitaient encore d'une vie oisive. La vie des paysans n'avait que peu d'importance et celle des ouvriers n'est qu'à peine évoquée lors q'une visite dans les bas-fonds à la recherche d'une fumerie d'opium ... 
Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Le Portrait de Dorian Gray



D'un point de vue "culture générale", ce que tout le monde connait du Portrait de Dorian Gray, c'est que c'est "l'histoire du portrait qui vieillit". Et puis....?



J'ai donc décidé de lire ce classique de la littérature anglaise, oeuvre majeure d'Oscar Wilde.



Que dire qui n'a pas encore été dit ou écrit sur le sujet?



Le Portrait de Dorian Gray, c'est avant tout une réflexion sur la vanité, à travers ce portrait qui, tel le familier cher aux adeptes du Fantasy, préfigure l'âme de Dorian. C'est donc le portrait qui se prend les coups que la vie impose à chacun. Le portrait vieillit, se ride, se pare de traits d'amertume, dévoile les noirceurs profondes.... Et dans un premier temps, cela convient parfaitement à son propriétaire qui a fait de la jeunesse apparente et de la beauté qui l'accompagne son "culte" propre.

Mais est-ce bien le plus important pour traverser la vie? Cela conserve-t-il son sens quand le monde qui nous entoure avance et vieillit avec son temps? Qu'en est-il de la mort elle-même?

Un peu à la manière du Cerf de La Fontaine (Le Cerf se voyant dans l'eau), "nous faisons beau cas du Beau, nous méprisons l'Utile; et le Beau souvent nous détruit"



Et puis, le portrait de Dorian Gray, c'est aussi un bijou d'écriture anglaise. La plume d'Oscar Wilde est acérée, ses dialogues, ses joutes verbales devrais-je écrire, n'ont rien à apprendre du théâtre de l'absurde. Et sur le fond, bien au-delà du portrait métaphorique, plusieurs débats sont cyniquement lancés.



Bref, le Portrait de Dorian Gray est d'une intensité intellectuelle rare; le style d'Oscar Wilde traverses les époques sans une ride... Coïncidence?
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Le Pêcheur et son âme et autres contes

« Des melons sentant le musc et jaunes comme des topazes, des cédrats et des pommes-roses et des grappes de raisins blancs, des oranges rondes et rouges comme de l’or, et des citrons ovales d’or vert. »



Trois contes très joliment écrits qui laissent un goût amer. Le monde était-il si navrant, décevant pour Oscar Wilde ? Lire ces textes et se désillusionner. J’ai beaucoup apprécié l’écriture, très poétique « Ses yeux sont fardés d’antimoine, et ses narines ont la forme des ailes d’une hirondelle » et la mise en couleur qu’il fait ressentir au lecteur. J’ai eu l’impression d’un feu d’artifice de mille couleurs, ce qui était d’autant plus surprenant car tellement loin du sentiment qui se dégageait de textes si pessimistes et malgré tout très ironiques.



« - J’ai bien peur de l’avoir froissé, répondit la Linotte. Le fait est que je lui ai conté une histoire qui a une morale.

- C’est toujours un grand risque, dit la Cane. »
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Le Portrait de Dorian Gray

154 critiques et 369 citations... la mienne sera donc la 155ème. Que peut on encore dire de ce bouquin ?

Tout d'abord, en effet, à l'avenir je suivrai le conseil d'une babélionne qui m'avait dit de ne pas lire les préfaces avant de commencer le bouquin.

En ce qui me concerne j'ai lu l'ouvrage dans la collection Classiques de chez Pocket. Et de fait, la préface révèle (de nouveau) des éléments de l'intrigue.



Ceci dit, ça ne m'a pas arrêté dans ma lecture.

Et.... Quel bouquin !

Au départ, j'ai eu du mal avec le style de l'auteur, un style pour le moins Victorien.

Ensuite, nous sommes confrontrés au portrait, et la, impossible de lâcher le livre. On est happés dans l'intrigue. On se dit le héros a t'il sombré dans la folie ou y a t'il autre chose ?

Si j'ai peu apprécié la préface, j'ai, par contre, aimé les infos complémentaires données dans la partie "au fil du texte" avec les liens au fil des pages, je trouve que ça donne une tout autre dimension au livre lorsqu'on peut se plonger dans le contexte de l'époque.



Pour ce qui est de l'histoire proprement dite, je m'y suis sentie aussi bien que dans les lives de Carlos Ruis Zafon.



Donc les amateurs du style ne doivent pas louper le Dorian Gray d'O.Wilde.
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Le portrait de Dorian Gray - Salomé

J’aurais aimé ne pas croiser ce livre.



J'ai beau chercher, rien, mais absolument rien ne m'y a plut : ni l'écriture, ni l'histoire sans originalité, ni les personnages, ni même les illustrations ternes et sombres de cette édition du Chêne de 2016 truffée de coquilles.



Rien ne me restera, qu'un malaise durable proche de la nausée.





« Il n'existe pas de livre moral ou immoral : un livre est bien ou mal écrit, c'est tout », nous affirme l’auteur dans sa préface prétentieuse au Portrait de Dorian Gray.

et je ne suis pas d’accord du tout.

Bien écrit ou mal écrit, un livre est moral ou immoral ou bien je ne comprends rien. Et celui-ci est totalement immoral, encensant jusqu’à l’ultime chapitre les pires bassesses humaines.

Est-il bien écrit ? Sans doute selon les critères du dix-neuvième siècle, mais pas selon les miens : Longueurs inutiles, Phrases tellement édulcorées qu’elles en deviennent difficiles à lire et à comprendre, le sens de nombreux mots étant ambigu.

Le fait que cette édition soit déplorablement pleine de coquilles n’a rien tempéré dans mon jugement.



Eloge de la beauté creuse.

Eloge du plaisir

Eloge de l'amour dominé, de l'amour dominant

Eloge du narcissisme.

Eloge de la misogynie.

Eloge de la superficialité

Eloge des « hautes » classes sociales.

Eloge du cynisme.

Eloge de l'insincérité.

Eloge de l'indifférence.

Eloge de la force

Eloge de la méchanceté.

Eloge du crime impuni.

Eloge du suicide.

Eloge du dandysme

Bref, tout ce que je n'aime pas ..



Wilde, dandy lui-même, n'a pas l'excuse d'avoir écrit une satire.

C'est l'anti romantisme, le triomphe de l'inconséquence, du fat, de la froideur, du vice.



Bien sûr il y a ce tableau, preuve d’un pacte diabolique passé tacitement on ne sait avec quel démon. Ce pacte qui nous fait comprendre que les exactions de Dorian Gray ne sont pas dictées par sa « propre » conscience. Bien sûr il y a cette sorte de couperet final qui nous fait comprendre que cette bassesse, ce vice n’était que diabolique.

Mais malgré cela le noble ne triomphe pas. Loin de là.





Il y a beaucoup à analyser dans le rôle de chacun des personnages ; voir dans Lord Henry Wotton l’archétype du démon, dans Basil Hallward celui de l’ange, dans Dorian Gray, grisé par sa propre beauté et sa jeunesse, celui d’un l’homme banal fait d’or et de gris comme le laisserait entendre son nom et dans le portrait, le rôle du miroir de l’âme.



Il y a aussi beaucoup à prendre dans l’érudition d’Oscar Wilde dans sa volonté de mettre en parallèle culture artistique française et anglaise.





Trop, ce fut trop pour moi ! Cette avalanche incessante de turpitudes l’a emporté largement sur les quelques lueurs de noblesse pour rendre cette lecture très éprouvante et irritante et me laisser un goût amer.



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De profundis - La Ballade de la geôle de Reading

- De Profundis, longue lettre, cri d’angoisse, de douleur, de regret mais aussi d’amour-passion d’Oscar Wilde adressée en 1897 à son amant, Lord Alfred Douglas, depuis la prison de Reading, où il fait le bilan de leur relation et, où il lui clame l’amertume qui blesse son cœur .

- La Ballade de la geôle de Reading , long poème lyrique sur la douleur de l’enfermement , de la privation de liberté , écrit par Wilde lors de son exil en France,

Deux textes bouleversants découverts en étudiant, une fois de plus, une préface d’Albert Camus « l’Artiste en prison » (pour une exposition estivale à Lourmarin "Camus, l’engagement critique "). Pour Camus, Wilde, incarcéré , paria, affligé , mis au ban de la société aurait découvert dans le pénitencier de Readinge dans le comté de Berkshire, la solidarité , et même « un bonheur dont il n’aurait jamais eu l’idée auparavant ».

J’ai apprécié les nombreux renvois et annotations en bas de page enrichissant cette lecture et permettant de mieux saisir et d’approfondir ces deux textes fort émouvants.

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Le fantôme de Canterville et autres contes

Un château hanté par un fantôme qui a, sur la conscience, bon nombre d’arrêts cardiaques, de frayeurs, de personnes rendues folles, muettes et j’en passe.



Mais au pays de l’Oncle Sam, on n’a pas peur des fantômes et ce n’est pas celui de ce manoir qui va enlever le flegme de ces Américains que tous les Anglais leur envieraient presque.



Pauvre fantôme, il se retrouve face à des gens qui n’ont pas peur de lui, pire, les jumeaux lui lancent des boulettes de papier ou leurs oreillers.



La première nouvelle m’a fait passer de la frayeur au rire, puis à la gorge nouée. Tout ça en peu de pages car Oscar Wilde est le maître des émotions qu’il fait naître chez son lecteur.



Dommage que cette nouvelle n’ait pas été plus longue car elle avait assurément un potentiel énorme. Si le fantôme avait prêté à rire plus tôt, on n’a plus du tout envie de rire de lui à la fin et malgré ses fautes, on est prêt à lui donner l’absolution.



Pour la deuxième nouvelle, on se rend compte de tout le pouvoir de persuasion que possèdent les chiromanciens !



Votre Mitterand consultait une liseuse d’avenir dans les astres (Elizabeth Teissier), alors on comprend que le pauvre Lord Arthur Savile ait eu envie de connaître son avenir dans les lignes de sa main. Le pire sera qu’il ait cru qu’il allait commettre un meurtre.



Lord Savile n’a rien d’un assassin, pourtant, cette idée va le turlupiner et il va faire en sorte que la prédiction se réalise, l’imbécile ! On peut être un Lord, instruit, riche et terriblement crétin.



J’ai adoré aussi car c’est cynique, perfide et terriblement addictif !



La dernière était très courte mais bonne, comme quoi, n’écoutez pas les personnes qui vous disent que la longueur entre en ligne de compte.



Si les émotions étaient au rendez-vous pour la première et serraient la gorge, les deux autres étaient plus calmes à ce niveau-là. Malgré tout, je n’ai pas retrouvé l’écriture qui m’avait emportée pour Le Portrait de Dorian Gray.


Lien : https://thecanniballecteur.w..
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Le Portrait de Dorian Gray

A la question, que l'on pose souvent à un auteur, de savoir quelle part de lui-même il a mis dans son ouvrage, Oscar Wilde répondit dans une lettre de 1894 :"J'y ai mis beaucoup de moi-même. Basil Hallward est ce que je crois être; Lord Henry ce que le monde me croit être; Dorian Gray ce que j'aimerais être."



Le portrait de Dorian Gray est le premier ouvrage qui m'a fait à ce point osciller entre l'applaudissement et la répugnance. L'ouvrage a été largement décrié par les contemporains de sa sortie, au nom de la morale victorienne. Il a valu à Oscar Wilde les déboires que l'on sait. Avec des yeux de lecteur du 21ème siècle, on ne se place évidemment plus sur le même terrain pour l'apprécier. S'il fallait le critiquer sur le plan moral de nos jours, on le ferait plus sur l'aspect du mépris discriminatoire impuni que comporte la posture de la classe sociale dans laquelle se tient l'intrigue que sur l'aspect des moeurs qui ont aujourd'hui gagné en liberté.



Être "bien né" au 19ème siècle, c'est être né aristocrate, du sexe fort et qui plus est, selon les Britanniques, né en Angleterre évidemment, le reste de l'Europe étant livré à la décadence. Brexit quand tu nous tiens. Notre culture moderne nous fait nous insurger rétrospectivement contre le mépris que ce rang, cette position, pouvaient autoriser à l'égard du reste de la société. Dans cet ouvrage, le porteur de cet étendard de la différence par la naissance est Lord Henry, lequel abuse intentionnellement à cette fin, avec brio et férocité, du paradoxe dans son argumentation. Mais, son unique roman livré à ses contemporains, ce n'est pas sur ce terrain que les pourfendeurs d'Oscar Wilde ont livré leur combat. Mais bien sur celui des moeurs.



Oscar Wilde joue de cynisme et de crânerie pour caricaturer la société d'une époque sur laquelle il avait pris quelque longueur d'avance dans le chapitre des moeurs. Il use de provocation exacerbée pour faire contre feu à son thème de prédilection : la beauté physique. En parfait dédain de la beauté intérieure faite de noblesse de coeur. Une beauté physique, qu'en adepte de l'esthétisme l'auteur veut porter haut dans la quête de l'absolu. Une beauté qui pour l'homme perd ses attributs de virilité, s'auréole de féminité. Une beauté ambiguë, qui n'a pas été sans laisser transparaître les penchants homosexuels de son concepteur.



Le travers narcissique exacerbé, favorisé par une position sociale privilégiée, avec les prérogatives qu'elle attache à la position, faites d'inégalité et d'injustice, ne peut que susciter la répugnance. Jusqu'à ce que le lecteur prenne la mesure du courage et du talent de l'auteur à forcer cette répugnance. Le talent qui a construit ce jeu de miroir entre Dorian Gray et son portrait pour favoriser la transposition du sujet avec sa conscience, laquelle s'affiche sous ses yeux. Le roman prend une tournure fantastique. Le jeune Dorian Gray est comblé par sa beauté juvénile persistante quand sous ses yeux, sur la toile, son âme s'avilit. Le talent mais aussi donc, replaçons nous dans le contexte de l'époque, le courage de bousculer les codes moraux de la société anglaise de son siècle en voilant à peine le mal-être qu'il avait à vivre dans le carcan moral qu'elle imposait à ses contemporains.



"Basil Hallward est ce que je crois être" : un artiste brillant et naïf qui aime le beau sans en goûter la vertu. "Lord Henry est ce que le monde me croit être": un beau parleur inconséquent qui agit peu. "Dorian Gray ce que j'aimerais être" : un jeune insouciant admiré pour sa beauté juvénile impérissable. Mais tout cela ne peut que mal finir. Le monde terrestre n'est pas prêt pour concilier la beauté du corps et celle de l'âme. Le monde terrestre ne sait pas faire de la beauté un absolu.



L'applaudissement le gagne alors sur la répugnance.

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Le Portrait de Dorian Gray

Qu'écrire qui n'ait déjà été exprimé ! Je craignais, je dois le dire, de m'attaquer à cette oeuvre tant vantée, mais n'ai pu que m'en réjouir. Quel plaisir de lecture.



L'oeuvre reste très morale et politiquement correcte, tout en nous dressant une fort plaisante critique de cette époque victorienne ainsi que du dandysme et en ne nous taisant pas tant de choses à qui sait lire entre les lignes.



Ecrit bien avant le procès de Wilde pour sodomie, l'oeuvre n'a paru en français qu'après le scandale qu'il suscita et y est donc fort assimilé.



Le texte va toutefois bien au-delà de la scène de moeurs et est bien le chef d'oeuvre annoncé.
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Le fantôme de Canterville et autres contes

Un vrai plaisir jubilatoire que cette lecture du Fantôme de Canterville.

De la dérision, du suspense et une plume admirable, voilà ce que nous offre Oscar Wilde. A travers les mésaventures d'un fantôme qui devrait être effrayant, il réussit à nous dépeindre les travers des uns et des autres (en l'occurrence ici, les anglais et les américains) d'une façon légère et tellement ironique.



Les autres contes du recueil, le Prince heureux, le Géant égoïste, L'ami dévoué, puis le Rossignol et la Rose m'ont paru un peu plus moralistes et davantage destinés à un jeune public. Ils restent néanmoins très bien écrits et très intéressants, avec une mention spéciale pour L'ami dévoué, qui porte en lui une bonne dose de cruauté et d'immoralité.



Une très jolie découverte.
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Le Crime de Lord Arthur Savile et autres co..

Que j'ai aimé l'humour noir de cette nouvelle ! Plus encore que pour " Le fantôme de Canterville", qui fait partie du même recueil de contes ( et dont j'ai déjà fait la critique...), l'art délicieux de la facétie et de l'ironie propres à l'auteur sont au rendez-vous .



Imaginez-vous un dîner mondain à Londres.Lady Windermere reçoit tout une foule hétéroclite d'invités et parmi eux...un chiromancien, qui se fait fort de révéler à chacun son avenir et des aspects de sa personnalité.L'auteur s'amuse à croquer avec malice , en fines esquisses, les portraits des personnes présentes.Une , en particulier, retient l'attention du lecteur: le jeune et sympathique Lord Arthur Savile.En effet, lorsque Mr Podgers, le chiromancien, se penche pour examiner sa main, il devient tout pâle et en aparté, ensuite, finit par lui avouer qu'il va commettre un crime.



Or, le jeune Lord va bientôt se marier avec la jolie Sybil.Par honnêteté et pour ne pas entacher leur mariage , il estime avoir le " devoir" de tuer quelqu'un avant le mariage ! Pour pouvoir ensuite vivre tranquillement avec elle...



C'est à partir de là que le conte devient savoureux:il dresse une liste de victimes potentielles , des membres de sa famille notamment.Deux tentatives, deux échecs.Et à chaque fois, il est obligé de retarder le mariage.La description de ces essais manqués et très amusante et m'a bien fait rire.La plume légère et cynique à la fois de l'auteur fait mouche.



Une dernière idée lumineuse, due au hasard, va enfin lui permettre d'épouser la femme de ses rêves.Mais je ne dirai rien de plus, je vous laisse découvrir par vous-mêmes cette oeuvre réjouissante, drôle et tout à fait représentative de ce génial Oscar Wilde.
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L'âme humaine

Bien des lecteur de ce site connaissent une facette d ' Oscar Wilde , celle "du portrait de Dorian Gray " , mais qui donc a entendu parler de " l'âme humaine " ?

Pourtant ce livre , bien mieux que les autres , nous dit qui vraiment était l'auteur , loin de son apparence de dandy et de son homosexualité . Il s'agit ici de sa conception utopique d'une société plus favorable à l'être humain .Utopique ,certes , mais pour l'époque une petite révolution de ce qui était reconnu admissible .
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Le Portrait de Dorian Gray

Je suis toujours embarrassée quand il s'agit de parler de monuments tels que Le portrait de Dorian Gray d'Oscar Wilde, par peur de prononcer un certain nombre d'inepties.



J'espère que vous ne m'en voudrez pas de me lancer tout de même, en parlant humblement de ce que j'ai ressenti à cette lecture.



Tout d'abord, j'aurais aimé aborder ce roman sans connaître l'histoire, hélas elle est bien trop connue pour cela. Néanmoins, j'ai passé un excellent moment, entre frissons, introspection et pitié.



Des frissons parce que ce roman fait appel au fantastique (ne pas lire la nuit quand tout le monde dort c'est une erreur) mais aussi à chaque perte de contrôle du personnage.



Introspection parce que les théories de Dorian Gray et surtout de son ami Harry nous amènent à nous interroger sur la beauté, le temps qui passe, la peur de la mort.



De la pitié enfin car on sent le personnage totalement happé dans un engrenage et un combat entre ce qu'il aimerait être (plus ou moins sincèrement) et ses inclinations réelles.



Oscar Wilde nous livre plusieurs théories sur l'Art, à travers le personnage de Harry, et l'on ne peut s'empêcher de penser que l'écrivain y croyait certainement, surtout si l'on tient compte de ses moeurs plutôt scandaleuses pour l'époque.



Au final, je suis heureuse de ne pas posséder de tableau de moi, mais finis les selfies.
Lien : http://oxybeurresale.canalbl..
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Salomé

En écrivant « Salomé » Wilde offrait un bel hommage aux Lettres françaises. En premier lieu, le dramaturge a écrit la pièce directement en français et pensait à Sarah Bernard pour le rôle-titre. Ensuite, à la lecture de la pièce, les influences de son auteur sont assez limpides. Lecteur du « A rebours » de Huysmans, Wilde n’est pas resté insensible à l’évocation des tableaux de Moreau qu’on y trouve. Et surtout, Wilde a été impressionné par les écrits de Flaubert (qui ne le serait pas ?), le divin « Salammbo » et l’excellent « Herodias », un des « Trois contes » qui s’intéresse au même épisode biblique que la pièce de Wilde. C’est un bel hommage, très imparfait, maladroit mais non dénué de beauté et de charme.



« Salomé » n’est pas la meilleure pièce de son auteur. J’ai trouvé Wilde plus inspiré dans le registre radicalement différent de « L’éventail de Lady Windermere ». Selon moi, le problème principal vient du fait que la pièce est trop courte. L’auteur n’a pas le temps de poser ses personnages, de planter le contexte et tout va trop vite. On a à peine le temps d’entrevoir les personnages que le dénouement arrive déjà au grand galop. Les rapports entre les personnages restent donc à l’état d’esquisses, cela donne l’impression d’une œuvre assez inaboutie.

Ceci dit, il s’agit tout de même d’une pièce intéressante et très agréable à lire. Sans être extraordinaire, la langue est plutôt belle, fluide et offre de jolies envolées poétiques. Wilde joue de façon intéressante autour du thème du regard et créé un parallèle entre le personnage de Salomé et la figure de Méduse. J’ai trouvé que cela donnait lieu à des passages réussis.



Malgré les réserves dont j’ai fait part dans mon billet, je n’ai pas été déçue par cette pièce. La lecture de « Salomé » fut bien agréable.

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