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Critiques de Oya Baydar (29)
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Et ne reste que des cendres

"Et ne reste que des cendres" ou la vie retracée d'Ülkü, jeune femme engagée à gauche dans une Turquie en pleine transition démocratique.



A travers la vie de cette femme, Oya Baydar met en lumière des événements peu connus de l'histoire turque tels que les tortures et assassinats d'activistes communistes poussant certains à l'exil, les vastes mouvements de grèves ou de protestations contre le pouvoir en place... Il est très souvent fait référence à des dates capitales de l'histoire de la Turquie : le 12 mars 1968 (mouvement étudiant ayant pris une ampleur politique et idéologique pour se transformer en terrorisme sanglant) ou le 12 septembre 1980 (coup d'état militaire suivi d'une forte répression se traduisant par un recul de la démocratie). Ces événements ne sont jamais vraiment explicités et poussent le lecteur à réaliser ses propres recherches pour comprendre à quel point ils ont pu façonner la vie des différents protagonistes.



La curiosité suscitée par ce roman en est pour moi la principale richesse. La qualité de l'écriture m'a également happée dès la première page. En revanche, les incessants flash-backs m'ont souvent déboussolée (Oya Baydar envoie le lecteur d'une page à l'autre du Paris des années 2000 à l’Istanbul des années 60, en passant par Leipzig ou Moscou) et l'histoire très axée sur les relations intimes de l'héroïne n'a pas suffisamment, à mon goût, laissé la part belle à l'immersion dans cette Turquie trouble et qui reste pour moi mystérieuse.
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Et ne reste que des cendres

Entre les années 1960 et la fin du xxe siècle, entre Ankara, Berlin, Moscou, Paris..., la romancière circule avec une grande maîtrise, suivant les faits et gestes de ses personnages.
Lien : http://www.telerama.fr/criti..
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Et ne reste que des cendres

Oya Baydar nous livre les éclats d'une vie, des souvenirs par bribes lancés au lecteur. Un roman qui évoque la fragilité de la conscience politique face à l'attrait du pouvoir; qui nous offre un panorama de la Turquie des années 70 à nos jours, de sa résonance en Europe.



D'une écriture douce qui dépeint la violence des hommes et celle des idées, elle fait entendre la voix d'Ülkü, une femme forte et tourmentée, dévorée par la passion.



Entre la France et la Turquie, d'hier à aujourd'hui, les époques et les lieux s'entremêlent pour dévoiler au fur et à mesure les pièces d'un même puzzle. Les sentiments d'une femme, qui porte en elle les valeurs et les idéaux d'un espoir fou, se heurtent aux convictions, à la machinerie politique.



Oya Baydar m'a envoûtée avec des mots justes, poignants et humbles.









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Et ne reste que des cendres

Paris, milieu des années 1990. Ülkü Öztürk, journaliste française d’origine turque, est sollicitée par la police pour identifier le corps d’un diplomate turque brutalement assassiné. En voyant le corps étendu sur un chariot, à la morgue, Ülkü se replonge dans ses souvenirs…



Et ne reste que des cendres est un roman-fleuve, qui balaie de manière virtuose l’histoire de la Turquie à la fin du XXème siècle. Au centre de l’intrigue, une héroïne inoubliable, la mystérieuse Ülkü, qui tombe amoureuse très jeune d’un homme qui est tout son contraire. Elle est libre et volontaire, il préfère suivre une voie toute tracée. Elle est communiste, il est l’héritier d’une riche famille et veut occuper de hautes fonctions au ministère des Affaires étrangères. Avec eux, Oya Baydar ne se contente pas de raconter une belle histoire d’amour : son intrigue, universelle, est aussi éminemment politique. Elle narre de manière efficace, sans clichés, les désillusions des militants, les espoirs qui brûlent et partent en fumée, les dangers du pouvoir.



Autour de ses personnages principaux, l’auteure tisse une belle toile de personnages secondaires, réalistes et vivants, comme l’irritante mère d’Ülkü ou Mehmet, le timide militant communiste. L’histoire est très dense, pas toujours facile à suivre en raison des multiples flash-backs qui se succèdent d’un paragraphe à l’autre, mais toujours passionnante, servie par la plume aiguisée et poétique d’Oya Baydar.



Un très beau roman. Merci à Babelio et aux éditions Phébus de m’avoir permis de le découvrir dans le cadre de l’opération Masse Critique.

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Parole perdue

Dense, complexe, sinueux, implacable ..., combien d'autres qualificatifs pourraient convenir à ce roman, Parole perdue, portrait sans concession et d'une lucidité effrayante d'un pays en guerre intérieure : la Turquie ? Le livre d'Oya Baydar a 6 ou 7 personnages centraux, des lieux d'action nombreux : Istanbul, Ankara, la Norvège, et, avant tout, l'Anatolie, "à l'est de l'est", là où séparatistes kurdes et troupes gouvernementales s'affrontent quotidiennement. De quoi se perdre dans les méandres d'un roman qui fait la part belle aux portraits d'hommes et de femmes au croisement de leurs destins, perdus dans le maelström d'événements sanglants qui les dépassent et annihilent leur volonté. Il y a là un écrivain en panne de mots, son épouse qui a perdu sa foi de militante, leur fils exilé qui ne croit plus en rien, un ancien de la guérilla kurde qui fuit, sa fiancée échappée d'un crime d'honneur, une pharmacienne énigmatique entre deux mondes, d'autre encore. Oya Baydar dit la souffrance, questionne les raisons d'une telle violence entre les communautés et tente d'apercevoir une lumière au bout de ce tunnel de douleurs et d'incompréhensions. Pas facile, pas plus que la lecture de ce livre épais dans tous les sens du terme, et parfois trop lourd pour les frêles épaules du lecteur éreinté. Il lui reste des images fortes, des mots coupants comme un poignard et le sentiment que la haine est décidément le seul carburant qui alimente le coeur des hommes. Une noirceur et un pessimisme qui laissent exsangue, ni plus, ni moins.
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Parole perdue

Dès le début il faut prêter une grande attention aux personnages: un couple d'intellectuels turcs qui s'éloignent l'un de l'autre un vers l'Est l'autre vers l'Ouest, leur fils parti en Norvège pour les fuir, un jeune couple kurde en rupture de famille. Chacun de ces protagonistes se cherche et cherche une vérité, mais laquelle? L'écrivain, qui a connu elle-même l'exil pour avoir défendu le peuple Kurde durant les années 80, nous emmène dans un voyage initiatique et poétique à la fois. C'est merveilleusement bien écrit et si, comme moi, vous vous laissez bercer par cette musique littéraire vous aurez du mal à le lâcher avant la fin. Un très beau livre!
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Parole perdue

Waw. Il y avait une éternité que je n'avais pas lu un livre aussi... puissant. C'est certain : Parole perdue est une lecture dont on ne ressort pas indemne. Les thèmes qui y sont abordés sont nombreux, graves et universels - c'est sans doute pourquoi j'ai entrecoupé ma lecture d'autres romans plus légers, histoire de reprendre mon souffle.



A travers ses nombreux personnages, Oya Baydar dresse le portrait d'une Turquie déchirée par un véritable clivage est/ouest, axé autour de la minorité kurde opprimée par l'Etat. L'auteur relève le double défi d'expliquer la situation d'un point de vue politique et global, mais aussi de nous la faire vivre de l'intérieur : elle nous emmène dans les montagnes où vivent et meurent les Kurdes, dans les villages où l'armée a instauré un couvre-feu, dans les maisons du deuil qui ne désemplissent jamais, à la table d'un père qui a perdu son fils. Comme toujours au fil de ces 450 pages, elle mêle l'intime et le public.



Oya Baydar excelle dans l'art de s'insinuer au plus profond des sentiments et des pensées de ses personnages, qui sont éminemment humains, vrais. En se glissant dans leur peau, au détour d'une phrase, elle leur donne un passé, une histoire, des blessures, des forces et des faiblesses : ils existent, peut-être au-delà de ces feuilles de papier. Il est difficile pour moi de vous les décrire en quelques mots car je risquerais de ne pas rendre hommage à leur complexité. Je vais essayer...





Ömer Eren est l'écrivain qui a perdu la parole, qui n'arrive plus à écrire depuis qu'il est l'auteur de best-sellers sans fond. Il a aussi perdu son fils Deniz, qui vit retiré du monde, fatigué d'en affronter la violence, sans même l'avoir combattue. Ömer fait la rencontre de Zelal et Mahmut, un couple de Kurdes qui fuient la montagne en feu et sont victimes d'une balle perdue (beaucoup de choses sont perdues, dans ce roman). Puis de Jiyan, une sorte de déesse de l'Ouest, en révolte permanente. Elif Eren est la femme de l'écrivain, une scientifique de renom qui tue des souris de laboratoire au nom de l'ambition. Les villes aussi ont une voix, qui parfois est un cri. Ces quelques mots sont dérisoires en comparaison avec la richesse des créatures d'Oya Baydar - cette description est tellement restrictive que j'ai envie de vous demander de l'oublier.



En plus du thème dramatique du terrorisme et de l'oppression, Oya Baydar veut nous parler des difficiles relations parents-enfants : les célèbres Ömer et Elif Eren auraient voulu que leur Deniz soit à leur hauteur, devienne un Prix Nobel, un médecin sans frontières, un reporter de guerre, qu'il mène des combats dans notre monde à feu et à sang. Pour eux, il n'est que déception car il a choisi de mener une vie simple, de chercher le bonheur dans le refuge d'une île norvégienne. Voila pourquoi il est un fils perdu. Mais le frère de Zelal, habité par le diable depuis qu'il a rejoint les rangs de la guerilla, n'est-il pas lui aussi un fils perdu ? Le frère de Mahmut, tué dans la montagne, n'est-il pas un fils perdu ?



Ömer Eren, poursuivant sa quête de la parole dans l'est de la Turquie, est un étranger dans son propre pays, comme il l'était en voyageant en Suède ou en Chine. Voila un autre fil rouge de ce roman : la peur de l'étranger, le sentiment de rejet, mais aussi le pendant de ces sentiments avec la confiance qui peut naître entre deux inconnus quand on arrive à toucher le coeur de l'autre.



Oya Baydar est envoûtante dans sa manière originale de quitter son rôle de narrateur extérieur pour tout à coup se glisser dans la peau d'un personnage ou l'autre - si cela peut être déstabilisant les premiers instants, ça devient rapidement un atout. Je voudrais encore souligner que chaque dialogue est d'une profondeur incroyable : il n'y a pas un mot inutile, chaque parole est mesurée et atteint une cible.



Il me faut bien vous quitter, alors que ce livre époustouflant pourrait faire parler de lui des heures et des heures. Il soulève tant de questions, tant de débats, il met en lumière une situation - qui d'ailleurs dépasse les frontièrs de la Turquie, loin d'être le seul pays où règne l'oppression - qui devrait nous préoccuper. Il montre ce que c'est que de vivre dans un pays où chaque jour est un combat : peut-on seulement l'imaginer ?



Cette découverte inoubliable, je la dois aux éditions Phébus et à Babelio dans le cadre de son opération Masse Critique : merci à eux !


Lien : http://livraison.over-blog.c..
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Parole perdue

J’ai reçu et lu ce roman d’Oya Baydar dans le cadre de ma deuxième participation à l’opération « Masse Critique » de Babelio.



Je ne regrette absolument pas mon choix. C’est un livre tellement riche, où l’on passe de la beauté à la simple horreur, de l’émotion à la réflexion.



Bien que j’aie eu un peu de mal au début à appréhender l’écriture d’Oya Baydar qui passe successivement de la première personne à la troisième, une fois suis habituée ça a été un vrai régal de lire ce roman. Oya Baydar a un style pur, rythmé et fluide.



Je connais assez mal la Turquie et ce roman m’a permise de découvrir un pays riche. Mais il ne faut pas s’y tromper, Oya Baydar a décrit son pays sans complaisance, sa richesse mais aussi les choses terribles qui s’y passent. J’ai tendance à penser qu’elle nous a décrit la vraie Turquie.



Un livre sur la famille, sur l’identité, le militantisme et l’engagement mais aussi sur l’écriture. Un récit à plusieurs voix à la fois politique et intimiste.



C’est un roman fort que je vous conseille sans hésitation.

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Parole perdue

C’est le premier livre de littérature turque que je lis de toute ma vie et ce grâce à Babelio et son opération Masse critique. J’avais choisi ce livre dans la liste pour une simple raison : je voulais découvrir un peu la culture de ce pays. À force d’entendre les partisans et les opposants de l’entrée de la Turquie dans l’Union Européenne embellir ou diaboliser, je ne savais plus trop que penser. Dans ma tête, la littérature sert à s’ouvrir à d’autres mondes et c’est exactement ce qui s’est passé ici. J’ai la chance d’être tombée sur le premier livre traduit en français de Oya Baydar. Cette femme est lucide sur son pays : elle montre les qualités et richesses mais aussi les défauts sans rien cacher.



On suit une famille : Ömer l’écrivain reconnu, Elif la scientifique de renommée internationale et Deniz le fils. Chacun vit séparément même si Elif et Ömer habitent la même maison. En effet, ces deux là se sont perdus au fil des années. Ce qui les a rapproché c’est leur militantisme mais avec la renommée ce point commun est devenu moins fort. Ömer écrivait avant des livres engagés sur les pauvres, les laissés-pour-compte … mais au fur et à mesure, il a suivi les goûts du public et a commencé à écrire des bleuettes sans aucun intérêt. Il est devenu alcoolique (plus ou moins) et n’arrive plus à écrire. Il s’est mis dans la tête de retrouver sa voix ou une voix en voyageant. Il se retrouve à la gare routière d’Ankara lors d’un attentat. Il fait alors la connaissance de Zelal et Mahmut, deux Kurdes en fuites. La première fuit une sentance de mort déclarée par sa famille car elle s’est retrouvée enceinte à la suite d’un viol (in extremis son père l’a aidé à s’enfuit). Le garçon fuit lui les montagnes où il s’est retrouvé à la suite de plein de malheurs. Il faisait des études de médecine pour lesquelles sa famille entière s’est sacrifiée et s’est fait virer pour avoir été fière de son origine kurde. Zelal vient de se faire tirer une balle dans le ventre, son bébé est mort. Ömer va aider les amoureux. En échange ceux-ci lui conseille de partir dans les montagnes kurdes pour retrouver une voix. C’est ce qu’il fait. Tout au long du livre, on va suivre le périple d’Ömer mais aussi la vie (et surtout le passé qui va les rattraper) de Zelal et Mahmut.



Au même moment, alors qu’Ömer part à l’Est, Elif part à l’Ouest en Scandinavie pour deux congrès scientifiques. C’est une femme froide qui est motivée uniquement par son ambition de devenir de plus en plus connu pour ses travaux. C’est le personnage qu’on a le plus de mal à comprendre à mon avis car elle ne montre aucune faille, aucune faiblesse (la seule que j’ai repéré c’est qu’elle se sent diminuée par rapport aux scientifiques des autres pays comme si elle avait toujours quelque chose à prouver). De passage en Scandinavie, elle en profite pour aller voir son fils qu’elle considère comme un fuyard de la vie. En effet, quand il était jeune, il a très mal vécu la renommée de ses parents et eux ne supportaient pas son côté nonchalants : ils le voulaient combattifs et militants. Après s’être fait renvoyé de l’école, ils l’ont plus ou moins obligés à être photographe de guerre en Irak alors qu’il n’en avait pas envie. Il en est revenu traumatisé et a préféré fuir dans une île norvégienne, que tous les trois ont visité il y a longtemps. Là il a trouvé le bonheur avec Ulla dans un monde protégé où il ne voit pas la misère du monde. Manque de chance, la première fois qu’il emmène Ulla, avec qui il a eu un petit Björn, en Turquie, celle-ci est tuée lors d’un attentat suicide. Elle n’était jamais sorti de son île. La violence du monde a rattrapé Deniz qui s’est re-réfugié dans son île dans laquelle il essaye de retrouve de retrouver un peu de sérénité. Sa mère ne comprend pas son désir d’avoir une vie pépère et va essayer de le faire changer d’avis lors de ce voyage.



Ce résumé en dit très peu malgré les apparences sur ce livre qui est très très riche. J’ai mis un certain temps à l’apprivoiser à cause d’une écriture différente et nouvelle pour moi . Cependant, une fois fini, il en ressort que c’est un livre qui m’a fait réfléchir parce que l’auteur ne considère pas le lecteur comme quelqu’un de bête. Elle ouvre des pistes sur la question kurde, sur ce que l’on peut attendre du militantisme, de la présence de la violence du monde, qui ne touche pas seulement le Moyen-Orient, de la relation à l’étranger, et même sur un plan personnel de la vie de famille, du bilan d’une vie … mais jamais elle ne conclu pour le lecteur. Je crois que c’est ce qui m’a particulièrement plu dans ce livre ; c’est cette vision intelligente du monde et de la vie.



Pour tout dire, ce livre a quand même un défaut qui m’a dérouté et parfois agacé. D’une phrase à l’autre, on peut passer du je au il/elle pour parler du même personnage.



En conclusion, si vous le lisez, ne vous découragez pas. Vous en retirerez forcément quelque chose !
Lien : http://cecile.ch-baudry.com/..
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