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Critiques de Pascal Dessaint (266)
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1886 : L'affaire Jules Watrin

Le 26 janvier 1886, une foule de mineurs se met en marche. Neuf kilomètres à pied en plein hiver pour rejoindre Decazeville et porter des revendications salariales à la compagnie houillère qui les emploie. 2000 hommes et femmes en colère. Le sous-directeur, Jules Watrin, est frappé puis meurt défenestré.



Pascal Dessaint s'empare avec force et conviction de cet épisode oublié de l'Histoire qui a débouché sur la plus longue grève du XIXème siècle, un drame qui a secoué la classe politique française et traumatisé l'Aveyron.



L'auteur construit son récit en trois temps bien marqués : le premier acte décrit rapidement la scène de crime en elle-même; le deuxième acte déroule le temps de la grève ( six mois ) avec son impact politique, les postures de chacun, les rapports de force et le déferlement médiatique qui l'accompagne ; le troisième acte raconte le spectaculaire procès ( dix accusés pour meurtre, cent témoins à la barre ) jusqu'au verdict.



Pascal Dessaint sait collecter les faits, les interpréter pour mener une enquête rigoureuse. On devine l'énorme travail bibliographique derrière chaque page mais sans jamais que cela écrase le lecteur par un étalage d'informations. Au contraire, l'auteur a trouvé un style extrêmement vivant et enlevé, privilégiant les dialogues pour recréer une époque dans toute sa complexité tout en éloignant la caméra pour des panoramas très réussis. Les scènes du procès sont ainsi remarquables de lisibilité : tout ce qu'on ne savait pas au départ est décortiqué au-delà de ce que laissait entrevoir l'immédiateté de la violence, on comprend ce qui s'est joué à chaque moment du crime initial. Ça se lit comme un roman.



Un petit glossaire des noms propres n'aurait pas été de trop pour faciliter la lecture. Il y a énormément de personnages à mettre en scène aux plusieurs temps du récit, certains transversaux d'autres pas. Ils sont tous très bien campés grâce à des zooms qui renforcent leur incarnation. Je retiens tout particulièrement la figure du maire républicain de Decazeville, Jules Cayrade, victime d'accusations virulentes pour avoir refusé que l'armée intervienne, hanté par les quatorze ouvriers grévistes tombés sous les balles des soldats à Aubin en 1869. Très affecté par les répercussions du drame, il meurt prématurément en juillet 1886 à seulement 46 ans.



Très pertinemment, Pascal Dessaint ouvre et clôt son récit sur des images fortes de 2015 : deux cadres DRH d'Air France agressés, chemise déchirée, dans le cadre d'une restructuration prévoyant la suppression de près de 3000 emplois. Certes, ces dernières années n'ont rien à voir avec les années 1880, la IIIème République y est encore bien jeune, réellement enracinée qu'à partir de 1879, la fraîche répression de la Commune encore dans les esprits.



Et pourtant, tout dans la tragédie de Decazeville résonne avec notre époque : la construction des luttes ouvrières et l'immixtion de la violence dans un mouvement social, le contexte de capitalisme éhontée et de violence institutionnelle qui maltraitent le petit peuple. Ou encore les débats et déchirements au sein de la gauche, comme ceux entre un jeune Jean Jaurès dénonçant toute forme de violence et l'ardent député Emile Basly, ancien mineur, proche de l'anarcho-syndicalisme qui défend la « légitime défense » des meurtriers de Jules Watrin : « Quand toute une population indignée, révoltée, écrase celui qui l'a torturée et affamée, n'a-t-on pas le droit de lui dire : Laissez passer la justice populaire ? »



Un excellent récit entre essai et roman qui questionne intelligemment le lecteur d'aujourd'hui.
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Un colosse

Il ne faut pas faire pleurer ce colosse.

2,20 mètres à la toise, le « géant de Montastruc » n’a pas les pieds en argile mais des muscles en acier. il est donc préférable de ne pas le contrarier. Cet humble paysan taille XXXXL va devenir un lutteur célèbre avant de finir comme phénomène de foire au rayon Freaks de l’exposition universelle et souris de laboratoire.

Cette histoire vraie est celle de Jean-Pierre Mazars, né dans la région toulousaine en 1847 et l’écrivain Pascal Dessaint a retrouvé sa trace et suivi ses pas… du 54 fillette !

Quand la documentation tue l’action. A trop vouloir rester fidèle à la vérité historique, à s’interdire d’extrapoler autour des maigres informations d'état civil qui relatent le destin pourtant extraordinaire de cette force tranquille, j’ai trouvé que ce roman manquait de panache et d’envergure, un comble vu le gabarit du personnage.

Comme le surhomme était du genre taiseux et que les quelques mots de patois qui sortaient de sa bouche ne l’auraient pas fait briller dans un concours d’éloquence, le lecteur reste à distance, curieux de la singularité du géant, certes admiratif du travail de recherche réalisé par l’auteur, mais désespéré par une imagination auto-censurée. Si on ne peut plus se raconter des histoires dans un roman, mentir entre les lignes, rafistoler une vérité un peu trop fade ou embellir une réalité maussade, autant se coltiner un vieux bottin.

Je me suis dit que si Pascal Dessaint avait inventé ce personnage extraordinaire, il se serait peut-être permis de faire grimper les pulsations de son récit. Pourquoi interdire ainsi au lecteur de monter sur le ring aux côtés du colosse pour affronter les lutteurs qui venaient le défier de la France entière ? Eugène l’Anguille, Felez l’Ours-des-Pyrénées ou Abdulac le Rempart-de-Bayonne : des noms truculents qui méritaient mieux qu’une évocation lapidaire, figures zappées comme un journal des sports. Pourquoi ne pas inventer une romance improbable avec la femme à barbe ou des parties de jambes en l’air avec des sœurs siamoises dans une roulotte de cirque ? Je m’éparpille… Des délires hors de propos par rapport à l’ambition de l’auteur mais sans tomber dans des orgies rabelaisiennes, un peu de folie n’aurait pas souillé la mémoire du colosse. C’est le propre des légendes de se réinventer.

Beaucoup plus réussie est la description de la vie rurale de l’époque rythmée par les saisons et le labeur. L’auteur raconte très bien l’isolement des villages, l’expédition que pouvait représenter un trajet de quelques kilomètres et l’éloignement de la grande ville. On se cantonne au canton. Habilement, Pascal Dessaint mentionne les bouleversements politiques de l’époque du second empire à la troisième république pour souligner une forme d’indifférence aux affaires du monde dans ces campagnes. Un éloignement qui fait aussi écho à l'isolement de ceux qui ne sont pas comme les autres et de ce géant trop seul à son altitude.

Au final, un beau reportage mais un roman bien trop fade. Je recommande plutôt la lecture d’un autre titre du même auteur : l’excellent « Du bruit sous le silence ».

Un tout petit pas de géant. Dommage.

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Un homme doit mourir

À 36 ans, Boris est naturaliste chez Nature&Co, un cabinet spécialisé dans la contre-expertise, au service des entreprises et industriels qui l'emploient. Autrement dit, il est du côté des méchants. En ce moment, il travaille sur un projet très controversé : l'implantation d'une unité de stockage de matières dangereuses dans les Landes. Un projet d'autant plus controversé que c'est justement là qu'une espèce rare de libellule a pris ses quartiers. Boris s'est installé, pour un temps, dans un gîte au milieu des pins, tenu par un charmant couple à qui, évidemment, il n'a pas mentionné le but de son séjour. Une mission bien délicate pour lui d'autant qu'il s'est lié d'amitié avec Pépé, un odonatologue qui compte bien faire capoter ce maudit projet...

Une grande villa futuriste sur le trait de côte, à quelques kilomètres de la station balnéaire. Une construction rendue possible grâce à l'argent, au pouvoir et quelques dessous de table. C'est ici que se rend Alexis, exportateur de bois partisan de la mondialisation, invité par son ami, Raphaël, qui semble avoir besoin de ses services...



Dans ce roman à deux voix, alternant l'histoire de Boris et celle d'Alexis, Pascal Dessaint, naturaliste et ornithologue passionné, fait la part belle à la Nature. Aussi, ne soyez pas surpris de rencontrer ici et là une cordulie, une guifette moustac, une aigrette garzette, une argyronète ou encore un chevalier gambette au milieu des phragmites. Malheureusement, cette nature, aujourd'hui, est menacée aussi bien par l'unité de stockage des matières dangereuses que par la construction de la Ligne à Grande Vitesse. L'homme arrive en super-conquérant et peu importe, pour certains, la faune et la flore qu'il conviendrait de protéger. D'autres, en revanche, luttent, se battent, s'imposent et refusent ces lourds projets industriels. Ce roman noir et écologique entremêle habilement deux intrigues tendues, dans une ambiance de plus en plus lourde et angoissante. Un roman qui dénonce la mondialisation, la corruption ou encore les délocalisations et met en avant ceux qui tentent de s'opposer à tout cela. La Nature ne finira-t-elle pas, un jour, par reprendre ses droits ?
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Les derniers jours d'un homme

Quelques jours avant que sa femme ne meure sur la table d'opération, ils se sont disputés. Pour une stupide toile d'araignée. Elle devait subir une petite opération. Elle n'a pas survécu. Que pourra répondre Clément à sa petite Judith, alors âgée de 5 ans, lorsqu'elle lui demandera pourquoi sa maman est morte? Son propre père, maintenant sa femme. Heureusement que Judith est là pour lui maintenir la tête hors de l'eau. Mais, l'avenir ne semble guère rose. Même s'il a quitté l'usine Europa, les petits boulots d'élagage que lui propose Thomas ne vont sûrement pas suffire à remplir le frigo. Ses collègues lui ont reproché son départ mais pouvait-il décemment risquer sa vie et celle de sa fille?

Quinze ans plus tard, le site industriel est à l'abandon, les hommes, pour certains, ont quitté la cité. Judith est toujours là, sur les pas de son père disparu bien trop tôt. Elle essaie de mettre des mots sur sa mort. Grâce à Etienne, le frère handicapé physique de Clément, quelque peu porté sur la bouteille, elle espère la comprendre et par là-même connaître un peu plus son papa...



Pascal Dessaint installe ce roman social dans une cité du Nord-Pas-de-Calais, une cité qui ressemble fortement à Noyelles-Godault, là où se trouvait l'usine de Metaleurop, et évoque la fermeture brutale de cette usine et la vie de ses ouvriers. Sur fond de fumée grise, les cuves d'acide sulfurique et les cheminées en arrière plan, l'auteur, donnant la parole tout à tour à Clément et à Judith, 15 ans plus tard, nous offre un roman intimiste, profondément ancré dans la terre et au plus près des sentiments. Malgré la noirceur du propos, la rudesse de la vie au quotidien, les chagrins, les peines, l'atmosphère plus que jamais électrique et une société sinistrée par le chômage et la pollution et socialement en perdition, il fait resurgir la part d'humanité de chacun et la sincérité des sentiments et des émotions. Une lueur de vie brille, malgré tout, entre ces lignes. L'écriture est riche, tranchante et intense; l'auteur n'abuse pas des mots et va à l'essentiel, avec force et sensibilité à la fois.

Un roman social abouti d'une grande justesse...



Vivez Les derniers jours d'un homme...
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Du bruit sous le silence

En ce lundi matin, comme tous les lundis matins, Maurice Tamboréro, demi de mêlée du Racing Club Toulousain, enfourche son vélo et pédale, le cœur léger, à travers les ruelles de Toulouse pour se rendre à son entrainement. Au feu rouge, devant une boulangerie, il s'arrête... et ne repartira plus jamais. Fauché par une balle...

En ce lundi de congé, le capitaine de police, Benoît Terrancle, prépare tranquillement un pot-au-feu lorsqu'il reçoit un appel de Mathilde, une femme rencontrée la veille, qui l'assomme au téléphone. En même temps d'écouter ses pitoyables paroles amoureuses, il appelle, de son portable, Bernard, au commissariat central. C'est alors que ce dernier, sur son écran, voit justement un vélo tomber, percutant une boulangerie dont la vitrine vole en éclats. Bien qu'en repos, Benoît décide de se rendre sur place, certain de retrouver sur les lieux son collègue, le commissaire principal, Elie Verlande. C'est à ce dernier que l'enquête sera confiée, lui tout fraîchement débarqué dans la ville rose depuis son Nord natal et ne connaissant rien aux subtilités du rugby, contrairement à Benoît, ancien rugbyman. L'ambiance entre les deux hommes va peu à peu se tendre d'autant qu'Elie commence à soupçonner certains joueurs...



Dans le monde du rugby, il n'y a visiblement pas que les coups qui pleuvent. Les balles aussi ! Touché en plein cœur, Maurice Tamboréro, rugbyman professionnel apprécié aussi bien de ses coéquipiers que des supporters, se prend une balle en plein cœur de la ville. Un tragique événement, aussi bien pour le milieu du sport que pour les Toulousains, dont le rugby est une véritable institution, presque un art de vivre. Tragique aussi pour certains de voir confier cette affaire à un "étranger" ! D'autant qu'Elie Verlande, novice en la matière, ne va pas y aller avec des pincettes. Il va d'ailleurs s'en remettre à son collègue. Un meurtre dans le milieu du sport, voilà un contexte singulier dans lequel nous plonge Pascal Dessaint. Outre une enquête finement menée, l'on se délecte des oppositions et tensions entre les deux inspecteurs, anti-héros au caractère bien trempé (frustration sportive pour l'un, amour-haine d'une mère alcoolique pour l'autre), donnant lieu à des dialogues tantôt jouissifs tantôt cyniques. Donnant la voix à tour de rôle aux deux flics, l'auteur nous immerge totalement dans les pensées de chacun.

Une mêlée sanglante, un essai marqué haut la main et une finale inattendue...
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Le chemin s'arrêtera là

Un ciel gris, un vent qui fait tourner à plein régime les pales des éoliennes et s'envoler le sable, une côte qui se désindustrialise, une écluse qui voit passer d'énormes minéraliers, un vieux blockhaus pour terrain de jeu. Des hommes et des femmes survivent ici, dans cette région du Nord. Il y a d'abord Louis qui vit avec son oncle Michel depuis que sa mère s'est fait renverser par un camion en pleine nuit il y a 10 ans. Jérôme et sa maison dans les dunes qui dépérit au fil des saisons. Sylvie qui a quitté Michel et qui se meurt aujourd'hui d'un cancer. Cyril et sa fille, Mona, qui vivent dans une caravane au milieu de l'ancienne zone industrielle. Cyril qui regarde un peu trop Mona faire sa toilette le soir. Wilfried, pêcheur en surcasting, qui semble fuir sa maison et surtout sa femme tyrannique. Gilles, lui, fuit autant que possible les coups de son père. Des vies qui s'entremêlent. Des vies presque en friche...



Tout est gris dans ce roman, le paysage enlisé, les personnes embourbées, les vies ravagées. Pascal Dessaint n'a pas son pareil pour raconter la vie des gens et dresse le portrait de 6 hommes et 1 femme au passé tragique. Qu'ils se connaissent ou non, chacun est lié à un autre. Le malheur et la misère pèsent et semblent les envelopper. Dans ce roman social profondément noir, l'on étouffe presque sous cette chape de plomb. Pas l'ombre d'une étincelle. Pas une once d'espoir. Seulement des blessures et des souffrances pour ces laissés-pour-compte. Pascal Dessaint décrit brillamment, avec humanité et profondeur, ce quotidien qui mine et nous livre un roman choral à l'écriture à la fois enragée et poétique.



Le chemin s'arrêtera là pour certains. Pascal Dessaint, on l'espère, lui, continuera...
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On y va tout droit

Écrivain, Émile a connu un succès tel qu'à 37 ans, il est à l'abri matériellement pour un bon bout de temps. Il habite un appartement très confortable, avec terrasse et vue imprenable. Il partage sa vie avec son chien Tati, va voir quelques potes, dont Philippe le tenancier du bar, le "Bijou" ou Franck, artiste peintre. Il entretient une relation libre et passionnée avec Alexa avec qui il n'ose s'engager du fait de son jeune âge et de l'amour qu'il porte toujours à Jeannette, sa femme, aujourd'hui placée dans une maison de repos et à qui il rend visite tous les vendredis. Pas toujours bien dans sa peau ni dans sa tête, Emile rumine et un rien le mine. Qui plus est Alexa le trompe, Tati, son chien-hippopotame au pelage angora, disparaît subitement et il ne saisit pas l'appel à l'aide de Mary, la nièce de Franck...



Pascal Dessaint nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine avec ce roman noir. Émile traine un peu sa misère dans les faubourgs de Toulouse, Tati à ses côtés jusqu'à ce que ce dernier disparaisse et soit remplacé par une algue. Pas franchement heureux, Émile. Rien que des petites emmerdes qui le rongent et l'angoissent. Ça se dérobe sous ses pieds et ça tangue parfois. Heureusement que les amis sont là puisque, apparemment, on ne peut plus compter sur l'amour. L'auteur n'a pas son pareil pour décrire avec rage et passion cette difficulté d'aimer et de vivre. L'auteur nous offre un roman sombre, tristement beau, parfois mélancolique et d'une incroyable justesse et porté par une écriture absolument remarquable.



On y va tout droit et les yeux fermés...
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L'horizon qui nous manque

Lucille s'est retrouvée bien désemparée après le démantèlement de la jungle de Calais. Alors bénévole et ayant claqué la porte de l'Éducation Nationale, elle croise Anatole, un drôle de bonhomme. Retraité, passant son temps à sculpter des oiseaux en bois flotté ou à bâtir une sorte de hutte mobile pour la chasse, il l'accueille volontiers chez lui. Un chez-lui constitué d'un mobil-home que lui-même occupe, une caravane dans laquelle s'installera Lucille et une baraque à frites. Un duo improbable bientôt rejoint par Loïk, par pur hasard. Ensablée non loin du terrain d'Anatole, sa voiture s'est tout simplement enflammée. Et c'est tout naturellement que le retraité lui propose la baraque à frites. Avec son passé de taulard, le jeune homme attire la méfiance de Lucille. Mais, tous les trois en marge de la société,ils vont apprendre à cohabiter...



C'est dans un espace naturel, entre Gravelines et Dunkerque, que Pascal Dessaint plante son décor. L'on y fait la connaissance de trois marginaux, de trois âmes cabossées qui vont, bon gré mal gré, cohabiter tous ensemble. Lucille, ex-institutrice qui a tout plaqué pour venir en aide aux migrants ; Anatole, un passionné de sculptures et de chasse ; Loïk, ex-taulard au caractère imprévisible. Des portraits profondément humains et justes, avec leurs failles, leurs blessures et leurs souffrances. Des portraits ancrés dans une société désoeuvrée et déchirée et au cœur d'une Nature omniprésente. Des personnages qui se remettent en question dès lors que leurs rêves de liberté s'effritent. L'auteur aborde divers thèmes tels que les douloureux rapports entre humains, la violence, la chasse, l'écologie, les migrants... Roman noir et social, à la fois sombre et vivifiant, dans lequel on croise Gabin, des libellules, des hiboux, Mamie Crevette ou encore Capdevielle. Un roman un brin nostalgique servi par une plume humaine et tendre...
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Une pieuvre dans la tête

Sa femme n'en saurait rien. Et à quoi bon lui dire si ce n'est qu'une passade. Julien Demay, ce jour-là, aurait dû se méfier de cette femme à la chevelure rousse et au prénom si particulier, Proserpine...

À Toulouse, des hommes disparaissent. Et c'est en plusieurs morceaux qu'on les retrouve. Démembrés et dépecés, le tronc dépourvu de cœur. L'enquête est confiée au commissaire Viorel Desbarrats et à l'inspecteur Hugues Méliorat. Deux collègues, qui d'une part, ne s'entendent pas vraiment et , d'autre part, ont chacun des problèmes familiaux. Le couple de Desbarrats bat de l'aile depuis que leur fils est né, quant à Méliorat, il doit s'occuper de son jeune frère, Charles, ancien délinquant qui dit avoir une pieuvre dans la tête.



Quelle noirceur dans ce roman policier... Pascal Dessaint nous plonge au cœur de Toulouse où l'on retrouve éparpillés ici et là des fragments de corps. Seul le cœur manque. Comment ce tueur en série attrape-t-il ses victimes ? Que cherche-t-il à montrer en leur ôtant ainsi leur cœur ? Une enquête bien difficile pour Desbarrats et Méliorat qui, eux-mêmes, se démènent dans leur propre vie. Des portraits fouillés parfois dérangeants, glauques, instables ou tourmentés. Au-delà d'une intrigue maîtrisée, Pascal Dessaint dépeint avec noirceur l'âme humaine dans une atmosphère plus que jamais étouffante, pesante et sombre. Pas l'once d'un quelconque espoir. Un roman noir diablement efficace porté par une écriture riche et intense...

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Le bal des frelons

Dans la vallée de l'Ariège, l'on pourrait croire que la vie est paisible et calme au cœur de ce petit village. Et pourtant... La journée commence mal pour Antonin, gardien de prison à la retraite. La tête ailleurs, il a pris sa douche avec ses chaussettes. Sa femme, Martine, va encore faire des siennes! C'est pas bien grave, après tout. De toute façon, il cherche un moyen de la tuer. Le soir venu, après son petit tour habituel au cimetière où il rend visite à son fils, disparu tragiquement dans un accident de scooter, cette dernière, ayant entendu comme lui à la radio que la Bourse devenait folle, n'a rien trouvé de mieux que d'aller chercher toutes leurs économies à la banque. Et cette garce ne veut pas lui révéler où elle a caché les liasses de billets...

Quant à elle, elle fomente aussi un sale coup. Elle veut aussi se débarrasser de son mari. Pour ce faire, elle compte bien sur l'aide de Michel, le maire et accessoirement son amant. Une petite pipe dans son bureau pour le faire plier. Après tout, les combines, il connaît. Mais, c'était sans compter sur Coralie, sa secrétaire, qui n'a rien loupé de ce rendez-vous. Elle a trouvé là un bon filon pour faire chanter le maire dont elle est secrètement amoureuse et dont elle voudrait se faire dépuceler. A 46 ans, il serait temps!

Rémi, lui, s'occupe avec amour de ses poules, l'une rouge et l'autre noire, qu'il a prénommées Sten et Dahl. Mais, sa femme lui manque. Aussi, il décide d'aller la récupérer dans sa tombe.

Maxime, apiculteur de son état, va recevoir la visite inattendue de Paul, son beau-fils qu'il n'a pas revu depuis 10 ans. Que cherche le gamin au juste?

Il y a aussi Baptiste et Loïk, amants et anciens taulards, l'un fan de Statu Quo, l'autre amoureux de son hérisson, Caroline. Ils cherchent à se venger d'Antonin, pour ce qu'il leur a fait subir en prison...

Ce petit village pourrait bien donner du fil à retordre à Charles, le gendarme...



Pascal Dessaint nous dresse un portrait atypique et jubilatoire de ces habitants, tous un peu fêlés, avides de pouvoir, de vengeance, de sexe et d'argent. Cette galerie de personnages dont on écoute à tour de rôle les desseins est cocasse et finement travaillée. Combien de morts le gendarme va-t-il trouver? Car, derrière leur aspect déjanté, loufoque ou complètement cinglé, ils comptent bien mettre leur terrible projet à exécution. C'est dans le piémont pyrénéen que l'auteur, entouré d'abeilles et d'apiculteurs, s'est inspiré. D'ailleurs, l'on en apprendra plus sur ce métier en la personne de Maxime. L'humour, omniprésent, que ce soit dans les dialogues ou les descriptions des personnages, est évidemment à prendre au second degré. Ce roman sombre, à l'écriture enjouée et vivante, mêle habilement humour noir et suspense.



Le bal des frelons... ça swingue!
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Maintenant le mal est fait

Une bande d'amis inséparables. Des moments inoubliables, des sourires et des rires. Mais aussi des disputes, inévitables, des non-dits, des secrets, pour certains inavouables...

En cette soirée de printemps, la bande avait décidé de se réunir chez Germain, le seul qui possédait une grande maison avec jardin et piscine. Une soirée à thème, l'abeille, bientôt annulée. Seul Serge, non informé, était arrivé costumé. Personne ne lui avait fait de remarque, pourtant son costume était très réussi. Quelques verres de rhum, quelques paroles échangées, une ambiance détendue. Aussi lorsque Bernard arriva en trombe, passablement en colère, fonçant directement sur son meilleur ami pour lui crier dessus, personne n'osa les regarder. Encore moins prendre parti. À la fin de la soirée, chacun rentra chez soi. Seul ou accompagné.

Quelques semaines plus tard, lorsque George apparut dans son jardin, Édith comprit aussitôt qu'un drame s'était passé. Serge s'était jeté du haut de la falaise. Et c'est à cette soirée-là que la jeune femme repensa...



Dans ce roman choral, Pascal Dessaint donne la parole, tour à tour, à chacun. Édith, Garance, Elsa, Sophie, Germain, Marc, Bernard, George et Serge, une bande d'amis fraternels et soudés. Du moins le pensent-ils. Car, lorsqu'un drame survient, les miroirs se brisent. Ce geste, aussi brutal qu'inattendu, les renvoie à leurs propres lâchetés et mensonges, les oblige à se remettre en question, les fait douter sur ce qu'ils sont vraiment et fera vaciller leur amitié. Au fil des pages, chacun se remémore cette soirée costumée puis déroule le fil de l'histoire, confiant ses émotions et sentiments et faisant tomber peu à peu le masque. L'auteur sonde avec noirceur l'âme humaine dans ce qu'elle a de plus complexe et dresse des portraits d'hommes et de femmes amers, fragiles, désenchantés ou ombreux. Un roman profondément humain et sombre où la Nature est omniprésente. Une construction magistrale et une écriture maîtrisée et riche.
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Le chemin s'arrêtera là

Le Nord, encore et toujours.

Tout autant que cette région, Pascal Dessaint aime ces gens qui ont dans le cœur le soleil qu'ils n'ont pas dehors. Avec Enrico, ils sont deux.

Enfin, soleil, soleil, c'est vite dit pour certains.

Si les anges y avaient élu domicile, ça se saurait.



Ils sont autant que les sacrements, les nains, les mercenaires...la renommée en moins. Pour ce qui est des péchés capitaux, certains auraient même tendance à cumuler.

Perdus entre ciel et mer.

Survivant pour la plupart en cette contrée sauvage balayée par les vents.

Oubliés de la croissance, les délocalisations ont oeuvré en ce sens.

Aide-toi, le ciel t'aidera qu'il disait.

Sympa Aesope mais visiblement le facteur a égaré la riposte céleste. Accusé de réception au tarif lent, j'imagine.

C'est pourquoi ils vivotent.

Se démènent dans un morne quotidien qui exacerbe désormais les penchants les plus vils.

Cependant, si tous n'ont pas baissé les bras, ils possèdent unanimement cette noirceur annonciatrice du pire.



Décidément, Dessaint confirme cet admirable talent découvert il y a peu.

Deux atouts récurrents : des particularités régionales dépeintes avec brio et l'Humain dans toute sa splendeur, voire son indignité.

Le récit est lent, authentique et structuré.

Tel un maître queux, l'auteur élabore sa recette avec raffinement et savoir-faire.

Dessaint ne se dévore pas, il s'apprécie, se savoure posément.

Aussi tragique que fascinant, Le Chemin S'arrêtera Là dépeint le combat journalier de ces damnés de la terre.

Aussi lumineux qu'un soir d'éclipse en plein tunnel pour un adepte du braille, il parvient toutefois à vous inoculer la dose d'espoir nécessaire à votre intégrité mentale pourtant à deux doigts de verser dans le côté obscur de la force.

L'homme est un loup pour l'homme.

Dessaint est son berger.
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Mourir n'est peut-être pas la pire des choses

Toulouse, juin 2000. Assise dans le fauteuil, les jambes écartées, nue. La clim' réglée sur 5°. C'est ainsi que le capitaine Felix Dutrey a découvert Jerômine Gartner dans son appartement, étranglée. Sa voisine, à qui la jeune femme avait confiée Petit Paul pour le week-end, s'inquiétait de ne pas avoir eu de ses nouvelles le lundi. Aussi a-t-elle préféré appeler la police. Une fois sur place celle-ci ne remarque aucune trace d'effraction ni de violence. Mais, l'examen médico-légal révèlera au fond de sa gorge gorge sept grains de riz et sept fragments d'un métal. Avec son collègue, Marc, Félix Dutrey commence à enquêter sur les relations de Jérômine et son emploi du temps...

C'est dans cette immense décharge de pneus, au sud de la ville, qu'a élu domicile Bonobo. Des millions de pneus agencés selon un schéma précis. Alors qu'il vient de faire l'amour avec Réjane, il lui demande de le couvrir pour ce week-end... 

Un autre lieu, un autre temps... Marthe reçoit comme tous les étés ses amis à la maison. Jérômine, Suzanne, Cédric et Simon. Une même cause: l'écologie. Une amitié indéfectible... Quoique... 



Pascal Dessaint remet sur le devant de la scène le capitaine Félix Dutrey qui va devoir élucider une enquête pour le moins compliquée tant les motifs et les coupables restent flous. Autour de ce capitaine, l'on fait connaissance avec ce groupe d'amis, écologistes dans l'âme. Une amitié bientôt entachée par des secrets, des mensonges et des drames, notamment la disparition du frère de Jérômine. Dans ce roman à quatre voix, donnant la parole à Félix, ce dénommé Bonobo, Suzanne puis Marthe, l'auteur entrecroise brillamment les intrigues et dévoile petitement les caractères, les motivations, les rêves et les espoirs de chacun. Un roman noir, certes policier, mais aussi écologiste tant l'auteur met l'accent sur la nature, aujourd'hui en danger, et les comportements humains. Un roman complexe, maîtrisé et profondément humain servi par une écriture travaillée. Un roman qui fait la part belle à une faune et une flore condamnées... 

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Mourir n'est peut-être pas la pire des choses

Pascal Dessaint fait parti de ces auteurs qui savent se démarquer de leurs petits camarades. Lui le nordiste est tombé amoureux de Toulouse, il en fait presque un personnage à part entière dans plusieurs de ces romans. « Mourir n’est peut-être pas la pire des choses » est un exemple parfait pour découvrir son univers. S’appuyant sur une trame classique meurtre, enquête, résolution de celle-ci, il agrandit son cercle en traitant de sujets plus généraux. : La complexité des rapports humains, la place de la nature dans la mondialisation et le sort que lui réservent les hommes. Dessaint, inquiet à juste titre pour notre environnement, aime prendre les chemins de traverse pour nous interroger sur notre désespérant égoïsme. Etre écologiste est souvent moqué, Dessaint nous rappelle qu’on s’en mordra un jour les doigts. Son récit à plusieurs voix est malin, complexe et au final vraiment intéressant. Un polar atypique certes, qui peu dérouter mais qui nous interpelle sur un monde qui marche sur la tête. Ce n’est pas si fréquent. A découvrir.



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Les derniers jours d'un homme

Dans le Nord, il parait que tu pleures deux fois, quand tu arrives et quand tu pars.



Dans cette petite ville sidérurgique, pour tous les habitants, les pleurs sont quotidiens.



Deux récits se faisant écho.

Celui du père, Clément, à bout, qui a lâché l'usine pour des jours meilleurs.

Celui de Judith, sa fille, qui se remémore l'époque où ce père aimant était encore là pour lui dire je t'aime.



Fort, très fort ce Dessaint.

Se basant sur l'affaire Métaleurop et ses patrons voyous, il brode un scénario magistral d'une noirceur insondable.

La région est sinistrée ou bien promet de le devenir à très court terme. La résistance ouvrière s'organise. Les hommes sont malades. Les sols sont malades. Seul le saturnisme semble, lui, se porter à merveille.



Ce récit est celui d'une famille qui aurait décidé d'aimanter toutes les emmerdes possibles et imaginables. Une famille comme il en existe des centaines dans la région, j'imagine.



Des personnages marqués à jamais par un contexte personnel traumatisant et socialement à la dérive.

Un drame qui se dessine en filigrane et Clément comme pierre angulaire de ce funeste projet.

Judith fait appel à ses souvenirs et à ceux des protagonistes de cette époque pour le moins trouble pour tenter d'en comprendre la part active de ce père qui lui manque terriblement.



Les chapitres sont courts, d'une puissance peu commune. Un drame social et personnel d'autant plus édifiant qu'il s'ancre dans une réalité toujours d'actualité.

Dessaint fait monter la sauce lentement, inexorablement.

La déflagration finale, que l'on sait pourtant inévitable, vous sèche littéralement en vous laissant comme un goût amer en bouche.

Une vive répugnance à l'égard de ces prétendus sauveurs accueillis comme le messie par toute une population désormais asservie.

Une empathie démesurée envers tous ces laissés-pour-compte même si, au final, cela n'y changera pas grand chose...



Si vous ne savez pas à quel Dessaint vous vouer, Les derniers jours d'un homme a tout d'une déchirante promesse!



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Le chemin s'arrêtera là

Il faut reconnaitre à Pascal Dessaint l'art de jongler avec les mots avec une maestria incontestable. Ici, tout est gris, tendance foncée, la vie n'a rien d'un long fleuve tranquille, on est plutôt dans affreux, sales et méchants. Comment trouver ne serais-ce qu'un minuscule coin de ciel bleu dans cette grisaille qui anesthésie tout espoir ?

Dessaint se mérite, le style est là, chaque mot bien à sa place, pas de superflu. Ses personnages fracassés mais qui restent debout, malgré les vacheries, les horreurs, les rancœurs, et quand l'un tombe pas d'éclaircies à l'horizon, le tunnel semble sans fin. Du social dur, désespéré (désespérant ?) qui confirme le grand talent de Dessaint.
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Cruelles natures

Après avoir écrit tant d'articles sur les relations subtiles voire l'interdépendance entre les espèces, que ce soit pour des grands magazines ou des revues spécialisées, Antoine, écologue réputé, s'est retiré dans la Brenne, pays aux mille étangs. Aujourd'hui, il recense les animaux morts. Sa compagne, Myriam, qui a abandonné sa famille, l'a toujours suivi et soutenu dans son travail. Mais, entre eux, le silence est de mise. Leur couple bat de l'aile. Antoine s'isole dans cette nature aux couleurs changeantes tandis que Myriam s'isole dans son silence. Elle envoie des lettres à sa fille, Mauricette, qu'elle n'a pas vu depuis dix ans, espérant une réponse. Peut-être de l'aide... 

Mauricette, elle, va au plus mal. Les lettres que sa mère lui envoie depuis maintenant un an la trouble, son père est dans le coma et Régis, son petit ami, passe son temps à nettoyer la fiente séchée des pigeons. C'en est trop pour la jeune fille qui rêve de quitter le nord et de tout envoyer promener...



Au coeur de la Brenne, pays d'étangs et de forêts, la nature peut certes être cruelle mais les hommes ne sont pas en reste. Antoine s'isole de plus en plus, n'adresse presque plus la parole à Myriam, sa compagne. Qu'a-t-il pu se passer entre eux? Mauricette, elle, rêve d'un ailleurs. Avec ses deux amis, Régis et Thierry, ils vont s'embarquer dans une bien sombre histoire dont certains y laisseront des plumes. Pascal Dessaint donne la parole à ces trois protagonistes: Antoine, Mauricette et Myriam (à travers les lettres qu'elle adresse à sa fille). L'auteur est un passionné de nature et cela se voit. Quelle précision dans les descriptions et quel vocabulaire! Ce roman noir fait la part belle à cette sombre nature, personnage à part entière. L'atmosphère brumeuse est plus que jamais troublante, oppressante et poisseuse, les personnages inquiétants. Pascal Dessaint, de son écriture richement travaillée, nous livre un roman efficace et maîtrisé.



L'on est entouré de Cruelles natures...
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Les derniers jours d'un homme

Pascal Dessaint nous offre avec "Les derniers jours d'un homme" une histoire ou la noirceur et le désespoir rythment la vie de ces personnages. On est très vite en empathie avec Clément, Judith et Etienne tous frappés par le malheur et la malchance. Drame social, précarité, bassin industriel détruit par la crise ou par des patrons peu scrupuleux, le regard de Dessaint est toujours juste, sans compromissions. On souffre avec ces personnages, devant l'inéluctable que Dessaint mène comme toujours avec talent et sincérité. Un roman qui remue le lecteur bien après la dernière page.
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Cruelles natures

Dessaint, c'est bien.

Aucun mérite. J'avais opté pour option poésie en CM2, troisième année.



Dessaint possède cette faculté de narrer avec sobriété et élégance les trajectoires convergentes de personnages à la dérive.

Rien d'artificiel, de factice. L'écriture est à l'image de ce nordiste, directe et honnête.

Ses thèmes, rarement sélectionnés par le jury lol et gaudriole, abordent les problématiques de personnages profondément ancrés dans le réel.

Cruelles Natures en est la parfaite et incontournable illustration.

N'y cherchez aucun salut, le bonhomme n'est pas un farouche partisan des happy ends consensuels.



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Le chemin s'arrêtera là

Une digue de....dingues

pris en sandwiche entre un amas de dunes, un gros filet huileux de mer du nord et une zone industrielle fumeuse

avec pour horizon des chantiers méthaniers et une centrale nucléaire....

Rien de bien appétissant et de réjouissant

C'est pourtant dans ce no man's land apocalyptique

que survivent une tripoté de personnages

à la marge, rejetés et virés comme des déchets.

Y en a qui font du camping sauvage,

d'autres qui éclusent pas mal

ou encore qui pêchent en surfcasting...

Des portraits sans couleurs

sauf pour Jérôme qui détonne dans ce paysage gris avec sa perruque bariolée

Pas de jaloux, Pascal Dessaint leur donne la parole à tour de rôle

et le tableau de ses naufragés de la vie

prend forme par petites touches noires.

Des fêlures comme bagages,

de sales histoires qui refont surface,

des idées de vengeance, des filets tendus

Mais aussi une lueur d'espoir qui perce dernière les nuages.

Ouf on respire enfin

dans ce très bon roman noir de Pascal Dessaint

qui ne s'arrête jamais là où on l'attend.

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