Citations de Pascal Manoukian (354)
Daech fait aussi la chasse aux livres, l’autre poison mortel. L’imagination est une arme dangereuse, la littérature, c’est la liberté d’inventer d’autres mondes, or il n’en existe qu’un seul comme il n’existe qu’un seul livre, celui de Dieu.
Rien ne changeait pour les Indiens, ils continuaient à disparaître, comme les perroquets bleus et les dauphins roses, massacrés par les conquistadors, traqués par les caoutchoutiers et bientôt par les légions d’agriculteurs et d’industriels de Bolsonaro. Et la forêt étouffait leurs cris.
(Seuil, p.287)
— ... Ne vous arrêtez jamais de marcher. Ne possédez rien. Les biens sont l'ennemi du bien. L'abondance est partout si vous pratiquez la sobriété.
Il se souvint d'une phrase d'Einstein, lue un jour dans le magazine d'une compagnie aérienne entre Doha, Manille et trois whiskys: "Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide." La pensée s'appliquait à lui et aux Indiens. On est toujours le poisson de quelqu'un.
Il m'a dit qu'on aurait une maison avec piscine et qu'ils construisent un immense centre commercial avec toutes les grandes marques, Guess, Gucci, Maje et tout le bordel, un truc où tu rentres et où tout est gratuit pour ceux qui ont fait leur hijra !
Sarah s'étonne.
On peut tout prendre sans payer ?
Oui, c'est ce qu'il m'a dit. Là-bas, tout ce que tient ta main droite t'appartient.
Aucun d'eux ne le sait encore, mais remettre sa vie entre les mains d'un passeur est statistiquement plus dangereux qu'une partie de roulette russe.
Hier, Léa a pris l’avion pour Londres, le regard incrusté dans celui de Paul. Ceux-là lui rappellent ses 20 ans, les plans sur la comète main dans la main avec Aline, leurs espoirs d’horizon sans fin, de vie jamais bouclée. Finalement leur grand huit s’est transformé en petit train-train, leurs rêves comme leurs corps ont rétréci, mais ils sont restés amoureux, corrigeant leur vision du bonheur chaque fois qu’elle baissait pour ne jamais se perdre de vue. Sans Aline, il ne verrait sans doute que d’un œil.
Le mot "homme", par exemple, se déclinait en trois versions : les Yacou étaient "les hommes sur pieds", les animaux "les hommes sans mots", et les plantes "les hommes enracinés". A chacun les Indiens accordaient les mêmes sentiments, les mêmes émotions, la même conscience de soi.
Aimer se disait empoisonner mon cœur en yacou.
Comment les Yakou pouvaient-ils espérer rester vierges de tout, dans un monde rongé par l'obsession de produire et de consommer, où deux milliards d'obèses et autant d'affamés réclamaient toujours plus de terres arables, où un tiers de la production mondiale terminait dans les poubelles, où l'explosion du commerce en ligne et la multiplication des emballages réclamaient toujours plus de cartons et de papier, où chaque couple de jeunes mariés bien nés inscrivait sur sa liste une table de jardin en bois exotique ? Comment celui de leur forêt aurait-t-il pu ne pas pleurer devant tant de sollicitations ?
Il se souvint d'une phrase d'Einstein, lue un jour dans le magazine d'une compagnie aérienne entre Doha , Manille et trois whiskys : " Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide". La pensée s'appliquait à lui et aux Indiens. On est toujours le poisson de quelqu'un.
Il se souvint d'une phrase d'Einstein, lue un jour dans le magazine d'une compagnie aérienne entre Doha , Manille et trois whiskys : " Tout le monde est un génie. Mais si on juge un poisson sur sa capacité à grimper à un arbre, il passera sa vie à croire qu'il est stupide". La pensée s'appliquait à lui et aux Indiens. On est toujours le poisson de quelqu'un.
Ainsi vivaient les Yacou, connectés entre eux mais déconnectés du monde, dans le bonheur de leur dénuement, convaincus intuitivement que moins était mieux, plus supportable pour tous, les hommes, les plantes, les bêtes et la fragile branche sur laquelle ils s'étaient établis, un territoire grand comme le Luxembourg à la frontière du Brésil et de la Guyane. Un monde circulaire, sans angle, sans commencement ni fin, un mouvement perpétuel, une boucle parfaite, claquée sur les troncs, la lune, le soleil, le ventre des mères et les ronds dans l'eau, un monde où le carré austère n'existait pas et où les Yacou s'interdisaient de l'inventer, pour ne pas rompre l'harmonie, l'unité parfaite entre les êtres, et garder le Cercle intact, comme Madame Lune leur en avait arraché la promesse le jour, où pour éviter d'enfanter la terre, elle leur avait offert la chose la plus précieuse au monde : le femme.
-- La fillette semblait encore plus fragile.
Elle attendait vulnérable comme une tortue sur le dos.
Délicatement il attrapa les bretelles de sa robe et les fit tomber sur ses épaules. Le tissu bleu roi glissa le long de son corps perlé de peur.
On aurait dit la mer se retirant, dévoilant d'abord deux petites îles délicates, à fleur de peau, aux tétons minuscules, pointus comme des bulots, puis les plis fins de son ventre pareil à l'ondulation des vagues sur le sable, avec au milieu, un trou de crabe parfaitement rond. ---
Il tendit des vêtements de garçon.
- Tiens, mets ça
C'est la première fois qu'il voyait sa fille, nue et mutilée.
Il n'avait jamais oublié cette longue nuit de torture.
Les cris et le pas des femmes dans le noir chuchotant le nom d'Iman
Désormais comme la plupart des Somaliennes, elle allait vivre cousue, ---- jusqu'au jour où un homme ---
[ Assan et Imam]
Al-Qaida vivait a l'age des cavernes dans les grottes de tora bora, Daesh vit a celui des buzz et des réseaux.
Son cheval de Troie, c'est l'inculture, tous ces cerveaux d'ado rendus disponibles à force de les remplir de vide, à force de les abrutir d'Hanounaneries, d'anges et de chti's.
Dieu est un pitbull, il ne lache jamais. il vous traque avec l'acharnement d'un vigile de supermarché. Ses commandements vous poursuivent comme des caméras de surveillance, elles vous rattrapent n'importe ou, n'importe quand. C'est brutal, soudain. En une fraction de seconde, l'alcool retrouve un arrière gout d'interdit, la masturbation redevient un geste coupable, meme a cinquante ans.
son père l'avait prévenu. Dieu garde un oeil sur lui.
Une autre décision plus radicale fit définitivement des Yacou une tribu à part : puisque la violence venait de hommes, désormais seules les femmes auraient le droit de porter des arcs et des massues. Des lors, les rôles s’inversèrent, les guerriers devinrent cueilleurs et les cueilleuses se mirent à chasser
Aucun clan ne pouvait compter plus de huit individus. Les Yacous ignoraient tout de la numérologie et des croyances véhiculaient autour de ce chiffre dans l’autre monde où ils ne se faisaient pas la moindre représentation - ainsi par exemple de la répartition en huit parts égales des cendres de Bouddha, ou des huit béatitudes du sermon sur la montagne ou bien encore du huit symbole de l’infini, de la perfection, de l’éternité immuable ou de l’autodestruction.
L'or ne valait rien ici, ni lui ni les Yacou n'en avaient l'usage, et ça lui enlevait effectivement une grande partie de son intérêt, il brillait moins. les choses n'ont de valeur que celle qu'on leur invente.
plus il bluffait, plus il était pris au sérieux, plus il s'endettait, plus on lui prêtait. Pour faire oublier l'odeur des mines et celle de la pâte à papier, il investissait aussi dans les journaux , le cinéma, les chaînes de télévision.