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Critiques de Patrick Bard (352)
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Et mes yeux se sont fermés

Avec ces récits de plus en plus nombreux, il était temps que je me lance dans la lecture d’un de ces livres. Oui, le sujet n’est pas joyeux ; oui, c’est totalement fou ; oui, ça nous choque. Mais vous savez quoi ? On a besoin de ce coup de pied aux fesses. Et Bard a bien compris comment s’y prendre.



Maëlle a 16 ans et mène une vie ordinaire : mecs, soirées, disputes avec sa mère. Tout ça, elle gère. Et puis, un jour, elle aime une page facebook. Ce que Maëlle ne sait pas, c’est qu’elle met le doigt sur une pieuvre qui la happe. La propagande DAESH est si forte qu’elle part en Syrie. On lui a promis le Paradis et elle découvre l’Enfer sur terre.



Comment est-elle devenue Ayat ? Pourquoi a-t-elle adhéré à une organisation terroriste qui lui est totalement étrangère ? Comment se passe le retour de ces jeunes embrigadés ? Autant de questions que le livre aborde. Patrick Bard donne à son récit des allures de témoignages avec la polyphonie sur le départ en Syrie puis son retour. Chaque chapitre donne la parole à un personnage : Maëlle, sa famille, son prof, son petit-ami, son futur mari de DAESH, son amie radicalisée et restée en Syrie… Tour à tour, P. Bard nous dresse le portrait d’une ado ordinaire, passée de l’athéisme au radicalisme par le biais de facebook, une jeune-fille que l’on a convaincu qu’elle allait sauvait le monde. N’attendait pas de réel récit avec une histoire chronologique : les personnages ne sont pas décrits et certains évènements restent flous. Cela aurait pu me déranger, mais l’auteur fait en sorte que l’on soit véritablement happé par le récit, si bien que l’on s’en fiche. Les thèmes que l’on connaît bien sont abordés mais sous un nouvel angle et d’autres plus inconnus sont développés pour changer notre regard tout en nous prévenant. Radicalisation par Facebook, conditions de vie des femmes sous DAESH, le problème des retours des embrigadés… L’auteur supprime aussi tout pathos pour ne pas tomber dans le mauvais mélodrame et préfère nous laisser nous forger notre avis. La folie DAESH est si bien retranscrite que l’on est gagné par l’horreur devant tant de paranoïa et de lavage de cerveau. On est pétrifiés car nous sommes aussi impuissants que les parents de Maëlle en se disant qu’on aurait pu dire les mêmes choses qu’eux. On ne lit pas ce livre pour se détendre mais pour s’informer. Le livre nous prévient des moyens de propagande de DAESH tout en nous montrant parfaitement où cela mène, nous laissant glacés par l’effroi.



Un extrait ici : http://lecturesdunenuit.blogspot.fr/2016/10/et-mes-yeux-se-sont-fermes.html
Lien : http://lecturesdunenuit.blog..
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La Frontière

Un journaliste espagnol, Toni Zambudio, est envoyé par son journal à la frontière mexicaine, à Ciudad Juarez pour faire une série d'articles sur des meurtres de femmes qui ont eu lieu de 1995 à 1997. Nous somes en 1997. Ces femmes, toutes employées par les grandes compagnies internationales installées aux portes des Etats-Unis, ont été retrouvées mortes dans différents endroits de la ville. Un suspect est emprisonné et pourtant les crimes ne cessent pas. L'enquête de Toni le mène sur différentes pistes plus terribles les unes que les autres.

On a nommé « maquiladores » ces entreprises qui profitent de ce que la frontière est grande ouverte pour les marchandises, et fermée pour les gens. Les ouvriers, des femmes essentiellement, vivent à Ciudad Juarez de façon très précaire, dans des habitations de fortune faites souvent de cartons d'emballage récupérés sur leur lieu de travail. Patrick Bard, qui a été photographe d'investigation avant d'écrire, a bâti son roman à partir de faits réels, après s'être imprégné sur place de tout le tragique de la situation de ces femmes. Cela donne une véracité impressionnante au roman, qui bénéficie par ailleurs d'une construction très efficace. Sans rien dévoiler de plus, je peux dire que les coups de théâtre ne manquent pas. Ils ne sont pas cachés par la dénonciation de situations malheureusement bien réelles.

Les thèmes de l'extrême pauvreté, de la prostitution, du satanisme, de la pollution, de l'immigration clandestine, sont abordés, mais le propos n'est jamais lourd et les démonstrations s'accompagnent parfois d'ébauches de solution, avec des personnages qui s'engagent aux côtés des ouvrières des « maquiladores », comme Guadalupe Vidal, de l'association « L'alliance des femmes » qui fera faire un grand pas à l'enquête de Toni. Un très bon polar, tant par les descriptions saisissantes que par les excellents dialogues, qui tient en haleine jusqu'à l'épilogue.
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Mongolie

Un très bel ouvrage pour une immersion au cœur du quotidien éprouvant des nomades mongols. Les photographies, en noir et blanc, représentent des instants de vie, elles son empreintes d'émotions et très touchantes.

L'auteur évoque les us et coutumes de la vie nomade aujourd'hui confrontée à deux dangers majeurs à surmonter : le changement climatique et la modernité.

Depuis les années 2000, les mongols sont confrontés à de longs hivers très froids et glaciaux (la température descend jusqu'à - 40° pendant plusieurs semaines, avec des pics à - 50° -. Le bétail d'élevage des nomade est ainsi décimé par ces températures insupportables qui ne leur permettent pas de se nourrir et surtout de se protéger.

En parallèle de ces hivers rudes, le peuple mongol affronte des sécheresses sévères en été. Une période estivale très courte, de mai à août, qui ne permet pas, dans ces conditions, à la végétation de se régénérer pour aussi permettre au bétail de se nourrir suffisamment.

Au-delà des conditions climatiques qui accentuent la vie difficile de ces nomades, ils doivent faire face à la modernisation de la société. Malgré les vastes étendues des plaines, l'intensification de l'élevage est inadaptée au climat naturel.

Le résultat est désastreux : le peuple nomade perd son bétail et s'endette pour s'en procurer de nouveaux. Ils entrent dans un cercle vicieux.

Face à cette impasse, beaucoup se ruent vers la capitale Oulan-Bator, déjà surpeuplée et désormais saturée de yourte villes, l'équivalent des bidonvilles ailleurs.

Un livre qui donne à réfléchir sur la Mongolie et son avenir très incertain alors qu'il s'agit déjà d'un pays très en souffrance.
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Le secret de Mona

Mona, 17 ans, est une ado débrouillarde sur laquelle sa mère se repose beaucoup. C'est elle qui gère quasiment tout à la maison. Que ce soit les courses, les courriers pour les administrations et surtout son petit frère d'à peine 1 an.

Alors qu'elle emmène son petit frère aux urgences, elle se fait arrêter au volant de la voiture de sa mère. Les policiers les escortent jusqu'à l’hôpital. Cela aurait pu s'arrêter là, mais le policier a une intuition et il se rend compte que Mona est mineur et n'a pas le permis de conduire. Où est donc là mère ? Pourquoi ne vient-elle pas à l'hôpital ? La procédure se met en marche et bien des secrets vont faire surface.



Un roman ado prenant qui se lit comme un page-turner. L'intrigue et les secrets sont bien distillés et on croit comprendre et savoir mais en fait non.
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Le secret de Mona

Quelle claque ce roman !!! Il commence comme un roman policier en milieu rural avec une jeune fille qui tente de survivre avec son tout petit frère auprès d’une mère immature et irresponsable et peu à peu bascule dans quelque chose de plus terrible, de plus profond… Notre société se targue de protéger les plus jeunes mais on se rend compte que rien n’est possible, l’administration n’a pas les moyens d’aider efficacement les plus démunis. Les témoignages de l’entourage de Mona sont édifiants et pourtant tellement réalistes. Mona est une héroïne qui se bat sans cesse et se protège comme elle le peut d’une situation inacceptable. On est surpris par les multiples rebondissements dans ce récit difficile mais qui paraissait assez simple au départ. J’ai véritablement été happée par cette histoire touchante et dramatique.
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Le secret de Mona

Déjà habituée par les sujets forts et l’écriture coup-de-poing de Patrick Bard, après Et mes yeux se sont fermés et P.O.V, l’auteur nous offre un autre récit réaliste et intimiste dont la lecture se révèle touchante à travers l’héroïne qu’il met en scène.



Le Secret de Mona nous plonge dans le quotidien d’une adolescente, Mona, qui a 17 ans qui porte à bout de bras une mère dépassée, démissionnaire et un petit-frère qui n’a que quelques mois. Portée par l’amour de sa famille, malgré les difficultés, Mona s’accroche, se démène, jusqu’à ce que l’irruption de la gendarmerie mette à mal son équilibre.



J’ai bien aimé la construction de ce roman. A travers de court chapitres qui donnent la parole à différents protagonistes, « l’affaire Mona » se reconstruit sous nos yeux et entretient jusqu’au bout une partie du mystère, du secret de l’adolescente.



Le Secret de Mona c’est aussi une lecture que l’on prend de plein fouet. Elle est dure et nous ramène à une réalité que nous ne connaissons pas forcément mais qui est malheureusement bien présente en France : misère sociale, enfance gâchée, isolement, précarité, abandon scolaire, c’est cette France pauvre, à l’écart des grandes villes, souvent silencieuse que Patrick Bard raconte dans Le Secret de Mona. Sa plume est juste, sans détour.



J’ai été touchée par Mona et son secret. Son courage, sa force, sa maturité, son amour pour Justin m’ont impressionnée. Qu’aurions-nous fait à sa place ? La réalité de cette jeune fille est bien loin de l’image que l’on donne souvent des ados. Ici, Mona consacre son énergie, sa vie à s’occuper des autres plutôt que d’elle-même et c’est cela qui nous émeut aussi dans cette lecture.
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Le secret de Mona

La vie n'a jamais été tendre pour Mona, une adolescente de 17 ans. Cette dernière doit pallier à la faiblesse de sa mère, accro aux jeux à gratter, et s'occuper de son petit frère, Justin, âgé de seulement quelques mois.



Leur situation est précaire et la famille survit principalement grâce aux aides sociales dans un logement misérable. Jusqu'au jour où la jeune fille doit emmener Justin à l'hôpital de toute urgence car il est fiévreux. Dans sa précipitation, elle ne marque pas le stop et se fait arrêter pour un contrôle de gendarmerie. Mais Mona est encore mineure et elle cache un terrible secret qui risque de voler en éclats.



C'est le troisième livre que je lis de Patrick Bard et c'est encore une fois un récit choc, très efficace. Après la radicalisation des adolescents dans Et mes yeux se sont fermés et l'addiction au cybersexe dans Point of View, l'auteur aborde ici aussi un thème fort, actuel et essentiel.



J'ai beaucoup aimé la trame narrative de ce roman jeunesse où se succèdent plusieurs témoignages donnant ainsi du dynamisme à la lecture. On découvre ainsi le point de vue de Mona mais également ceux d'un gendarme, de la voisine ou encore de l'officier de police judiciaire chargé de l'enquête.



Mona est un personnage très attachant qui m'a touchée par sa maturité, sa ténacité et son courage face aux responsabilités qu'elle doit endurer au quotidien. Je pensais avoir deviné le secret de Mona assez rapidement mais les apparences sont trompeuses et un rebondissement inattendu m'a particulièrement surprise.



Une histoire qui dépeint avec justesse la misère sociale, ceux qui sont au fond du gouffre et qui ne parviennent pas à sortir la tête de l'eau mais aussi ceux qui savaient mais qui ont préféré de rien voir.



Une lecture coup de poing.
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La Frontière

Journaliste d’un grand quotidien espagnol, Toni Zambudio est envoyé à la frontière mexicaine, dans la ville de Ciudad Juarez, où il est né, « la ville où le diable a peur de vivre », pour couvrir un article à sensation sur une série de meurtres non élucidés : une cinquantaine de jeunes femmes, sont retrouvées violées, torturées et mutilées dans des bidonvilles. Toutes sont ouvrières des maquiladoras, ces usines-tournevis à la main d’oeuvre bon marché, où l’on fabrique de l’électro-ménager pour de grandes firmes américaines ou européennes. Sur place, la police est dépassée : à sa tête Alfonso Pazos, vieux garçon flegmatique, collecteur de cactus, met vite le journaliste dans le bain : pressées par les politiques et les associations de défense féminine de trouver le coupable, les forces de l’ordre ont arrêté un suspect et les membres d’une secte satanique visiblement impliqués dans les meurtres. Or ceux-ci, loin de s’arrêter, continuent de plus belle.



Devant l’inaccessibilité des autorités et des cabinets d’avocats que l’on devine tous à la botte des grandes firmes, Toni Zambudio se tourne vers une association féministe ayant fait le lien avec d’autres meurtres plus anciens. Guadalupe Vidal, qui en est la directrice fait quelques confidences au journaliste et l’aiguille vers la famille de la toute première victime. Toni arpente Ciudad Juarez, une ville « drapée d’un linceul » de poussière au coeur du désert, dont il garde de très douloureux souvenirs d’enfance. Suite à une mésaventure dont il n’est pas fier, Toni fait l’expérience de la corruption des fonctionnaires de police. Débute alors pour lui un road trip infernal entre le Mexique et les Etats-Unis, jalonné de cadavres et de faux-semblants…



Ce roman ultra-réaliste a un double impact : d’une part, il nous fait prendre conscience de la misère des bidonvilles entassés à la frontière mexicaine, où se masse une population d’ouvriers bon marché dont se moquent totalement les grandes firmes capitalistes américaines et européennes. Lorsque nous déballons notre matériel vidéo, hifi ou notre tout récent robot multi-tâches, celui-ci n’est pas accompagné d’un livret retraçant les conditions de travail et de vie des personnes qui l’on fabriqué… Choc donc pour qui accepte la prise de conscience… D’autre part, comme Patrick Bard le précise en en-tête : la base de ce thriller est inspirée de faits réels… Les meurtres et mutilations dont ont été victimes les ouvrières ont eu lieu et n’ont jamais été élucidés. De là à songer que le dénouement inventé par Patrick Bard est proche de la vérité, il n’y a que quelques pas… Deuxième choc donc de penser que cette concentration de firmes capitalistes au sein de pays en voie de développement est à l’origine d’une telle criminalité. Le lieu « la frontière » symbolique politique exacerbe les différences et les haines: Patrick Bard l’a arpentée, étudiée, photographiée (« El Norte »https://www.signatures-photographies.com/photographe/patrick-bard) autant dire que le lecteur y fait un voyage très réaliste. On constate dans ce grand roman que la dégénérescence humaine se développe dans des conditions extrêmes, réunies ici, promiscuité et pauvreté… Coupables donc les PDG de ces grandes firmes et tous ceux qui les cautionnent…
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Et mes yeux se sont fermés

"Non non non, je ne peux pas croire que les jeunes soient aussi naïfs pour croire à la propagande de Daech! Mais si, NanouAnne! Et si les ados y croient, c'est parce que l'organisation est très forte pour les convaincre, elle sait s'engouffrer dans la faille de leur crédulité, de leur recherche d'affection et de leur besoin de reconnaissance pour les appâter..."



C'est ce que décrit Patrick Bard au travers de son personnage imaginaire Maëlle.

Plusieurs voix s'expriment dans ce roman. La première à parler, c'est Maëlle. Elle est revenue de Syrie. Enceinte et veuve. A 16 ans. Sous le nom de Ayat. En quelques pages, elle explique sa décision de partir là-bas, sa désillusion et son retour chaotique en France. Ensuite, c'est l'entourage de Maëlle qui prend la parole : sa mère, sa soeur charnelle, un de ses professeurs. Ils racontent les mois qui ont précédé le départ de Maëlle pour la Syrie, les changements qu'ils ont observés dans son comportement et le reproche qu'ils se font d'avoir fermé les yeux sur cette métamorphose. Au fur et à mesure qu'ils racontent, on vit la façon dont Maëlle s'est laissée prendre au piège de la propagande de Daech, des éléments malheureusement bien d'actualité. Il y a aussi Aïcha qui parle, une éducatrice qui suit Maëlle depuis son retour en France. Formée à la lutte contre l'enrôlement, elle va aider Maëlle dans ce parcours difficile de désembrigadement. Par ce personnage fictif, l'auteur place des éléments concrets permettant de comprendre les rouages de l'endoctrinement via la propagande sur Internet.

Et puis, il y a la voix d'Amina aussi dans le roman, la "soeur dans la foi" de Mälle. Amina, comme Maëlle, est une adolescente française convertie à l'islam et partie en Syrie en même temps que Maëlle. Sauf qu'elle y est restée. Et elle en veut à Maëlle pour sa trahison. Elle raconte la lumière de la vérité qui s'est faite dans son esprit grâce à Daech. Cette lumière, c'est en réalité un endoctrinement affolant via les théories du complot!



Maëlle s'en est sortie. Enfin, façon de parler, car évidemment elle reste très marquée par ce qu'elle a cru, entendu, vu et vécu.

Un roman jeunesse troublant qui dénonce une triste réalité.



Le constat est sans appel : un énorme travail de prévention et d'information est à faire dans les établissements scolaires.
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Point of View : P.O.V.

« POV : Point of view » est un roman jeunesse écrit par Patrick Bard qui est écrivain-journaliste. Il a pour thème l’addiction à la pornographie, touchant notamment un adolescent dans ce roman. Il m’a été gentiment envoyé par les éditions SYROS et Babelio que je remercie !



Ce qu’il faut tout d’abord savoir, c’est que c’est un roman choc. Il traite de sujets graves, liés à l’adolescence, du suicide, de la pornographie, de la relation aux parents, etc. Bref, je ne pense pas qu’il soit à mettre dans toutes les mains sans accompagnement et discussion.



Le personnage principal découvre donc le monde de la pornographie, tombe dans une dépendance aux écrans, vois sa vie « sentimentale » comme une vie de « porn » violent et misogyne. Ses parents ne savent pas comment réagir, voire réagissent mal. Cette première partie du livre est assez sombre et violente. La seconde partie en revanche est très touchante : la guérison, la rencontre de personnes de confiance, qui peuvent et savent aider mais aussi la rencontre d’autres personnes en mal être. Ça en devient vraiment mignon et l’auteur parvient à finir sur une note très juste, très réaliste.



C’est bien là, la force de ce livre : son réalisme. Je ne savais pas qu’il était possible d’en arriver là. La pornographie est accessible aux jeunes ados, en abondance et finalement sur le net. Avant cela, c’était ailleurs… Mais de là à parvenir à une addiction, c’est fou ! J’ai aimé la façon dont le sujet a été traité. Les dessous du monde pornographie, le rappel au coulisses des scènes, à ce côté « cinématographique » et « faux » de ce genre de milieu.



Je le conseille aux parents d’ados, voulant discuter de ce sujet avec leurs enfants. Il est pour moi, à mettre sans soucis dans les mains d’un ado lecteur qui voudrait discuter d’un sujet qui le touche. Vraiment une belle surprise !

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Et mes yeux se sont fermés

Ce sont les yeux de Maëlle qui se sont fermés peu à peu, au cours de sa seizième année, lorsqu'elle a été happée par l'insidieuse stratégie de Daesh pour embrigader de jeunes recrues occidentales : un regard qui se ferme à la réalité du monde, au raisonnement objectif, à l'esprit critique, à l’insouciante adolescence pour basculer de la lumière vers l'obscurantisme. Le roman de Patrick Bard se présente à la manière de témoignages croisés de Maëlle, qui ouvre et ferme le récit, et des membres de son entourage, évoquant ce basculement progressif. Au moment où s'expriment sa mère, sa sœur, son professeur, son ex petit ami, une « soeur » du djihad et bien d'autres, l'adolescente est revenue de Syrie, portant un enfant en son sein. Elle a fui craignant pour la vie de son bébé, laissant là-bas un mari imposé, ses idéaux de justice et ce mirage d'une vie meilleure.



Tour à tour les personnages s'expriment et reviennent sur les mois qui ont précédé le départ de la jeune fille pour la Syrie, les changements qui ont affecté son comportement, ses goûts, ses idées, ses relations avec les autres. Ce roman glaçant, dérangeant, évoque le processus de radicalisation qui touche certains adolescents que les sbires experts en communication de Daesh ont pris dans leurs filets, et rappelle que bien souvent les victimes sont des enfants qui n'ont pas reçu d'éducation religieuse ni n'ont grandi au sein d'une culture musulmane. Il met en évidence le rôle de la communauté, les « soeurs », les « frères », et des réseaux sociaux dans la stratégie de lavage de cerveau qui est alors opérée, qui isole progressivement le jeune de son entourage familiale et social. Le groupe va chercher les adolescents sur leur terrain de jeu-même : les technologies de la communication, Facebook, SMS, selfies... La diffusion de théories du complot et d'antiaméricanisme est également soulignée, qui constitue un levier pour dérouter et persuader des adolescents épris de justice et d'égalité comme l'est le personnage de Maëlle. L'organisation terroriste s'appuie sur leurs goûts ou leurs traits de caractère pour les révolter et les embrigader : une fragilité, un coté rebelle, le refus des injustices, l'amour des enfants ou de la nature... Le choix de témoignages multiples montre aussi l'impuissance de l'entourage et le sentiment de culpabilité qui s'empare de lui une fois qu'il est trop tard : le regret d'avoir vu les nombreux indices du changement, les signes avant-coureurs de la radicalisation, et de n'avoir pas su réagir à temps, minimisant la situation, l'attribuant à la simple crise d'adolescence.



Toutefois l'ouvrage manque parfois de condamnation, de pédagogie, d'explications sur ce qui est arrivé à Maëlle, et les moyens de s'en préserver. Il se contente de livrer les témoignages des uns et des autres, des plus naïfs aux plus radicaux, et si le lecteur adulte saura faire la part des choses, le public adolescent visé aurait peut-être besoin de davantage d'analyse critique de la situation et des discours véhiculés par les différents personnages, notamment ceux des jeunes filles radicalisées, qui font presque l'éloge de la vie qu'elles ont mené en Syrie. Le personnage de Maëlle demeure ambigu, évoquant avec une quasi nostalgie certains moments passés là-bas, et avec bien trop de légèreté la barbarie à laquelle elle a assisté, ce qui montre soit son immaturité, soit la profondeur à laquelle se sont enracinées dans son esprit les idées qui lui ont été mises en tête. Seule le personnage d'Aïcha de la cellule de désembrigadement apporte quelques éléments de compréhension de ce qui se joue chez ces jeunes. Si l'écriture est simple et accessible, dès le collège, l'arrière plan contextuel l'est beaucoup moins : lorsqu'il évoque pêle-mêle Mohamed Merah, Israël et la Palestine, le Mossad, Bachar Al-Assad, le 11 septembre... l'ouvrage fait appel à une bonne connaissance de l'actualité et un recul critique assez poussé chez le lecteur, que bon nombre d'adultes ne possèdent déjà pas sur des sujets aussi délicats. Sans oublier que nos ados avaient à peine dix ans lors des tueries de Merah, et n'étaient même pas nés au moment des attentas du 11 septembre 2001, ils n'en conservent pas le même traumatisme que leurs aînés. Un livre intéressant donc sur la manipulation mentale et la radicalisation des adolescents, mais à ne pas mettre entre toutes les mains sans accompagnement. Plutôt niveau lycée.
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La Frontière

Baser un thriller sur des faits réels, c'est toujours tentant. Personnellement, je suis un grand fan, j'adore Ellroy, par exemple. Mais il faut aussi voir jusqu'où on va et sur quelle réalité on construit le thriller.



Patrick Bard reprend les meurtres atroces d'ouvrières mexicaines du côté de Ciudad Juarez. Il saupoudre de rituels religieux dévoyés. Une pincée de mysticisme. Il nous évite trop de gore, mais il en laisse suffisamment quand même. Il verse quelques décilitres d'hémoglobine, rajoute un grand complot économico-politique en introduisant la CIA et les enjeux économiques de l'implantation d'usines de confection ou d'électronique au Mexique (lesquelles usines ne respectent évidemment pas les règles environnementales, ni les loi, et encore moins les ouvrières).



Il nous présente une sorte de héros, un journaliste espagnol, né à Ciudad Juarez alors que ses parents fuyaient la dictature franquiste, et qui a vu sa mère mourir, abattue par un gangster, qui était aussi un flic...



Bref, tout y est.



Patrick Bard en fait peut-être un peu trop, en fait. Et qui trop embrasse mal étreint.



Les complots qui s'emboîtent comme des poupées russes, c'est évidemment très comique. Et cela fonctionne quand même un peu. Je ne voudrais pas me la péter, mais on devine assez vite le pourquoi du comment, vu que Patrick Bard intercale quelques chapitres sur les meurtres dans la succession de chapitres consacrés au journaliste espagnol Toni Zambudio. Mais il réussit quand même à nous tenir en haleine, en dépeignant la folie et la course folle de Zambudio à travers les USA et le Mexique. Une course qui ne peut avoir qu'une seule issue...



Rayon écriture, c'est souvent assez correct. Il n'essaie pas de "gorifier" le récit, qui l'est déjà pas mal. Mais il est assez friand de figures de style éculées et de clichés, comme "vermeil" pour le sang, etc. Cela dit, sa description des faubourgs mexicains est à se glacer les sangs. Parce qu'elle sonne juste.
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Le secret de Mona

La vie de Mona, dix-sept ans, bascule lorsqu’elle se fait contrôler par la police alors qu’elle emmène son petit frère en urgence à l’hôpital. En infraction car elle vient apparemment de griller un panneau « stop », la police l’arrête mais va découvrir la réalité, bouleversante, de son quotidien. Entre abandon et résilience, ce roman coup de poing, dont la trame se dessine d’entrée mais dont les fils de l’intrigue se déroulent au fur et à mesure, marque le lecteur de son empreinte. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
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Et mes yeux se sont fermés

Un livre fort et très documenté où les personnages décrivent leur point de vue à tour de rôle et leurs paroles complètent ainsi celles des autres personnages.

Un roman dont certains propos pourraient être pris au pied de la lettre ou comme favorisant les info ou théories du complot et donc à ne pas mettre entre toutes les mains, surtout si elles ne sont pas averties. Dommage car ces témoignages romancés écrits dans un langue actuelle décrivent une réalité cachée parfois, mais sous leurs yeux, dans les maisons de certains parents.
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La Frontière

L'auteur s'est inspiré de faits réels pour écrire ce polar qui se déroule au Mexique. Nous sommes à la frontière avec les États-Unis dans la ville de Ciudad Juàrez où de nombreuses femmes sont retrouvées violées, tuées et torturées.

Un journaliste espagnol vient enquêter sur cette série de meurtres où des liens avec les grandes usines multinationales semblent être établis avec ces meurtres. L'auteur décrit cette ville où la corruption est notoire tout comme la violence.

Un roman où la violence envers les femmes est présente notamment parmi ces jeunes femmes venues des campagnes pour travailler pour un salaire de misère.

Une très belle découverte ....

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Et mes yeux se sont fermés

Maëlle est devenue Ayat et est parti pour la Syrie. Elle revient au Mans mais faut rendre des comptes.

Le roman parfait à sortir de sa bibliothèque vu les derniers évènements. Patrick Bard auteur engagé décide de parler de l’embrigadement des jeunes pour être martyr. Il donne des éléments concrets et d’ailleurs je voulais savoir si Maëlle existait.

Il choisit de raconter l’histoire par son entourage ce qui nous permets de voir comment la réaction des personnes. Il donne des éléments assez concrets et surtout on est surpris par la manière d’happer ces jeunes en souffrance. Il ne cherche pas d’excuse au contraire il démontre que tout le monde peut se faire avoir et qu’il faut surveiller nos enfants.

Personnellement en tant que parent, je me suis prise une claque. Au fin fond de ma campagne mon fils peut être une cible si je ne suis pas présente pour lui.

Cependant malgré l’histoire tragique de Maëlle je suis restée sur ma faim. L’auteur explique juste l’enrôlement des jeunes filles mais il ne va pas plus loin. Nous avons le retour de Ayat mais un peu plus aurait été un plus. J’ai eu l’impression que l’auteur n’allait pas jusqu’au bout ou qu’il ne pouvait pas en dire plus.

Après nous sommes dans un roman jeunesse et je peux admettre qu’il faut rester soft. Je le prêterais à mon entourage mais je ne suis pas sure que ce soit la littérature de l’année.
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Orphelins de sang

Après quelques détours du côté de l’Ouganda (La Quatrième Plaie), la Bosnie (L’attrapeur d’ombres) et même un petit voyage dans le temps (Le chien de Dieu), Patrick Bard retrouve l’Amérique centrale huit ans après La Frontière. Plus au sud toutefois, puisque l’on est cette fois au Guatemala. Et le moins que l’on puisse dire est que les choses ne s’arrangent pas en ce bas monde.

Victor Hugo Hueso est pompier à Ciudad de Guatemala et fait plus précisément partie de la cellule de communication des soldats du feu. Il passe donc la majeure partie de son temps avec son appareil photo à prendre des clichés de cadavres de victimes des maras ou des colonias ensevelies sous les glissements de terrain. Quand il est appelé sur une intervention durant laquelle les pompiers ramassent le cadavre d’une femme abattue d’une balle dans la tête et en transportent une autre gravement blessée à l’hôpital, Hueso ne voit d’abord qu’un fémicide de plus, révoltant, certes, mais qui, dans un pays en proie à une extrême violence, n’occupera son esprit que jusqu’au prochain. Sauf que, quand la victime blessée sort du coma, un autre mobile apparaît pour le meurtre : cette femme, Escarler Icú, avait un bébé avec elle au moment de l’agression et il a disparu. Victor Hugo Hueso, qui suit des cours pour devenir journaliste voit là un sujet qui pourrait lui permettre de rendre un dossier intéressant à sa professeure. Et puis aussi « quand on aimait résoudre des énigmes, dans ce pays, on devenait journaliste, pas flic. Les flics ne résolvaient rien ». Hueso va toutefois s’apercevoir, alors qu’il découvre peu à peu le fonctionnement d’un véritable trafic d’enfants vendus à de riches américains en quête d’adoption, que si les journalistes guatémaltèques mettent parfois à jour des vérités embarrassantes, ils en paient aussi souvent le prix.

Photographe, journaliste, Patrick Bard, une fois de plus, montre son talent à romancer les faits pour, si ce n’est mieux, au moins les aborder avec un angle de vue différent et sans verser dans un fastidieux compte-rendu ou des resucées de fiches wikipédia. Car Bard sait de quoi il parle pour l’avoir vu de ses propres yeux, possède une plume assurée qui donne une véritable vie aux lieux et est doté d’une capacité d’empathie qui lui permet de rendre toute la complexité de ses personnages, leurs sentiments, leurs contradictions, leurs engagements et, parfois, leurs renoncements.

Ainsi Orphelins de sang apparaît-il comme un portrait fascinant et effrayant d’un pays rongé par une violence endémique duquel émergent toutefois des femmes et des hommes dignes, décidés malgré tout à ne plus tourner la tête pour regarder ailleurs – et pour voir quoi, d’ailleurs, si ce n’est d’autres horreurs ? – et à, pourquoi pas, essayer de changer les choses et œuvrer pour un peu de justice en des lieux que cette dernière semble avoir désertés.


Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Poussières d'exil

Déchirées, bien des familles ont vécu pareille barbarie et subi l'exil. Dans ce roman poignant, la famille Soler va de désillusions en désillusions. Naviguant entre une Espagne en pleine révolution et l'arrivée au pouvoir de Franco et d'Hithler et avec une France qui rentre dans sa seconde guerre mondiale. Cette famille va subir bien des épreuves qui auront parfois raison de leurs vies au bout du compte.

Les faits historiques racontaient à travers cette sage famille est touchante au point où lorsque l'on tourne les pages; on a envie que le bonheur leur sourit enfin.

Criant de vérités et complètement réalistes, Léa( la gateta), Gloria, Soledad, le Rotg, Ramon, Batista et Niceto, la vie va les éprouver chacun leurs tours et puis nous ferons la connaissance à la fin du livre de Rebecca.

Amours, guerres, paix, pain, pays, fratrie, famille, l'auteur signe là un très beau roman qui nous prend au cœur et dont vivons et respirons en même temps que les personnages.

poussières d'exil est tout simplement magnifique et c'est un immense coup de cœur!
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Dopamine

Comment deux collégiens ont pu tuer une de leur camarade ?



L'auteur de cette fiction s'inspire de faits réels pour tenter de comprendre ce qui, dans notre société des réseaux, peut nous amener à ce degré de violence.



Le lecteur suit les auditions du juge du dossier. Il interroge ainsi les meurtriers, leurs parents, leurs camarades et l'institution scolaire.



Nous découvrons deux portraits forts d'enfant perdu très différents. La jeune fille est élevée seule par sa mère, après être passée par les foyers.



Sa relation au téléphone remplace les liens manquants. Le père n'a jamais été désigné et ses relations avec les jeunes de son âge sont impossibles en raison de son passé et de sa pauvreté actuelle.



Le jeune garçon est, lui aussi, enfermé avec une mère célibataire. Il se plonge dans les jeux vidéos puis dans une relation virtuelle. Lorsque la victime lui montre de l'intérêt, il n'a ni les codes ni les sentiments pour lui répondre.



Les mères sont isolées et désarmées face à leurs enfants qui se construisent une autre réalité à coup de SMS. Le confinement va amplifier leur détresse.



Le récit nous plonge dans la décomposition de cette réassurance entre deux jeunes déçus et aigris par la vraie vie, qui vont autoalimenter, à partir des réseaux, une dépendance morbide.


Lien : https://www.nouveautes-jeune..
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Le secret de Mona

Lecture dans le cadre du prix littéraire des Incorruptibles 2022 2023. Ce roman polyphonique fond de misère sociale qui se lit comme un thriller ménage le suspense jusqu'au bout. Mona personnage principal qui a grandi trop vite est bouleversante et force le respect avec son courage et sa maturité. très beau livre pour ouvrir les yeux sur les tristes réalités de ce monde
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