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Citations de Patrick Chamoiseau (332)


Célébrations - Je retrouvai un peu de l'ivresse des hauteurs quand les couleurs et les parfums emportèrent ma mélancolie. J'entrepris de tout contempler une fois encore, comme l'avait fait le Foufou et comme il n'arrêtait pas de le faire. Les saisons défilaient ainsi. Les pluies et les vents aussi. La lumière fixe devint le jour. L'obscur aveugle devint des nuits - et la nuit se transmua en une découverte de fragrances et de teintes délicates qui délitaient l'obscur jusqu'à la symphonie. Je sentais la présence des vieux arbres, la frissonnante intensité des herbes. Je voyais vivre la terre accrochée aux blessures de gros rochers moussus. L'eau de la rivière, de rosée ou de pluie, était un spectre de transparences et de blancheurs, peuplé des sillons colorés qui en faisaient une matière vivante. Je crus que toute matière était vivante, que la mort même était vivante, et que la vie tenait à une infinie réorganisation de ce qui lui était donné et qu'elle transmuait en don. Que de merveilles, que de merveilles dans la contemplation ! Je percevais mieux pourquoi le petit maître lui avait consacré l'essentiel de son temps. Il ne s'agissait pas de seulement comprendre, de seulement connaître, mais d'aborder une plénitude qui faisait l'existence et l'incitait à vivre l'impensable de la vie.
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Ne pas accueillir, même pour de bonnes raisons, celui qui vient qui passe qui souffre et qui appelle est un acte criminel
Patrick Chamoiseau
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Sans savoir pourquoi, je veux m'offrir un nom. M'attribuer un nom comme à l'heure des baptêmes que le Maître ordonnait. Je ne trouve rien. Il y a tant de noms en moi. Tant de noms possibles. Mon nom, mon Grand-nom, devrait pouvoir les crier tous. Les sonner tous. Les compter tous. Les brûler tous. Leur rendre justice à tous. Mais cela n'est pas possible. Rien ne m'est désormais possible. Tout m'est au-delà du nécessaire et du possible. Au-delà du légitime. Ni territoire à moi, ni Histoire à moi, ni Vérité à moi, mais à moi tout cela en même temps, à l'extrême de chaque terme irréductible, à l'extrême des mélodies de leurs concerts. Je suis un homme.
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La mer est un énorme cimetière d'inconnus, comme les esclaves sans nom qui ont péri pendant la Traite des Noirs et ont été jetés dans les eaux par les négriers. Aujourd'hui - en dépit de tous les problèmes - on doit et on peut faire beaucoup pour accueillir ceux que l'Evangile appelle les derniers, dont il est difficile, mais nécessaire, d'imaginer qu'un jour ils pourront vraiment devenir les premiers.

"Quatrième guerre mondiale" Claude Magris
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... le Politique se désertant lui-même dans des démocraties devenues erratiques ; l’État qui s’amenuise, abandonnant la barre aux seuls économistes, et qui s’incline sous d’innombrables entités mercantiles, diffuses et agissantes dans le tissu du monde.
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Comment écrire la parole de Solibo. En relisant mes premières notes du temps où je le suivais au marché, je compris qu'écrire l'oral n'était qu'une trahison, on y perdait les intonations, les mimiques, la gestuelle du conteur, et cela me paraissait d'autant plus impensable que Solibo, je le savais y était hostile.
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Ni fleurs ni couronnes, seuls les billets de banque seront acceptés !
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Contrairement à la force, la faiblesse peut apprendre.
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On allait à l'école pour perdre de mauvaises mœurs : mœurs d'énergumène, mœurs nègres ou mœurs créoles- c'étaient les mêmes.
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Raconter c'est éclairer.
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Ce que confère la grâce c'est l'intuition de la beauté. La beauté est toujours neuve, c'est son signe. Elle se renouvelle et renouvelle toujours et c'est pourquoi on ne saurait la définir. Elle ne peut entraîner ni tyrannie ni barbarie quand on la cherche toujours et qu'on ne l'arrête pas.
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Sylvain a raison : difficile de se trouver l'identité sous l'oeil fixe d'un dimanche. Et quand il pleut, c'est pire : on est planté en soi sans échappée possible. En semaine, on dispose des compulsions que le capitalisme occidental nous a mises dans les os. Mais le dimanche, l'intensité des pubs et des centres commerciaux s'atténue quelque peu. On est alors victime d'un refoulé d'humanité qui vous plante en béance.
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Charles Gros-Liberté, crié Charlot, répondit aux questions comme un somnambule, en caressant une traînée blanchâtre qui naissait sur sa joue. Pilon, pour l’aider à se détendre (effet qu’évoquer Solibo semblait leur faire à tous), lui demanda ce qu’il savait des dernières heures du Magnifique. Charlot dit qu’on ne pouvait rien en savoir : Solibo vivait sans montre et sans calendrier, et surtout sans habitudes. Il n’était réglé que sur la vente de son charbon, sur son punch à midi au Chez Chinotte, et sur le jour de la Toussaint où il honorait de bougies saint-antoine sa défunte manman Florise (une larme sur elle, Seigneur). Pour le reste, inutile de l’espérer là où tu l’attendais. Il aurait cadencé sa biguine à contretemps s’il avait été musicien, et sa mazurka n’aurait jamais été piquée au même endroit.
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Des nègres à gueule douce commençaient à rôder : Bien le bonjour Man Sidonise, et la santé ?…, et snif-snif par-ci, et snif-snif par-là…, Alors Madââme Sidonise, ça fait tellement longtemps que je ne t’ai pas vue, tu vas bien ?… […] je les regardais de côté : Eh bien un tel, tu as rêvé de moi aujourd’hui, alors ? !
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Face aux policiers un peu interloqués, Pipi répondait aux questions en une parole ininterrompue, aux résonances visiblement intérieures. Noon, Solibo n’avait pas d’ennemis […]. Puis, se penchant vers Pilon, il dit : Sans vouloir te conseiller (tu es une maître-pièce de la policerie, et je le sais), chercher qui a tué Solibo n’appelle aucune vérité.
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Je pleurai aussi de consternation en voyant à quel point les conteurs étaient vieux, et combien leur voix isolées du monde semblaient s’enfoncer dans la terre comme une pluie de carême derrière laquelle je galopais en vain
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L'urbaniste occidental voit dans Texaco une tumeur a l'ordre urbain.
Incohérente. Insalubre. Une contestation active. Une menace. On lui
dénie toute valeur architecturale ou sociale. Le discours politique est la dessus
négateur. En clair, c'est un problème. Mais raser, c'est renvoyer le
problème ailleurs, ou pire, ne pas l'envisager. Non, il nous faut congédier
l'Occident et réapprendre a lire: réapprendre a inventer la ville. L'urbaniste
ici-la, doit se penser créole avant même de penser.
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Les hommes semblaient légers sur terre. Quand ils n'étaient pas de passage,
ils vivaient légèrement dans la case, se dérobaient aux chocs de la police,
et regardaient briser les c1oisons sans même un saut du cœur. Certains
disparurent lorsque les vagues policières furent si constantes qu'un rouge-sang nous abimait les yeux. Ceux qui restaient semblaient soumis a la
fatalité. Ils ne se sentaient aucune légitimité qui puisse justifier leur
présence, et pratiquaient une souplesse d'écart inaccessible aux malheurs
quotidiens.
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« Hélas ? Pourquoi dire « hélas » quand on a conservé toutes ses ailes ?
Pour une raison très simple, mon fi...
Il se tait, toujours soucieux, abîmé dans des chimères sans fond.
- Mais laquelle ? s'impatiente le fringant.
- J'aurai gardé mes ailes mais je n'aurai pas connu la lumière. (...)
Le jeune papillon demeure comme interdit durant une bonne grappe de moments. Enfin, n'y tenant plus, il finit par demander au vieil affligé : « Papa... pourquoi regretter la lumière quand on a su conserver des ailes aussi somptueuses ?
- Parce que, mon fi, il m'a fallu choisir entre mes ailes et la lumière.
Le jeune fringant réfléchit encore, en louchant sur l'ancêtre immobile, puis il gémit : « Mais, papa, pourquoi avez-vous dû choisir entre garder vos ailes et connaître la lumière ?
- Comment aurais-je pu avoir les deux ? Interroge l'Ancien
- ...
- Ceux qui ont approché la lumière n'ont-ils pas les ailes abîmées ?
- Oui.
- Et ceux qui l'ont connue n'ont-ils pas été carbonisés ?
- Oui.
- Donc, jamais de demi-mesure. Il faut choisir... Choisir, c'est le problème.
- Pourquoi ?
- Parce que choisir, c'est renoncer à tous les autres possibles.
- On peut ne pas choisir.
- Exact, mais alors on renonce à la totalité des possibles : on tombe loin de la vie."
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Chaque seconde sans éprouver le sentiment de la beauté était devenue pour moi un gaspillage honteux, une acceptation de la mort la plus vile, donc d'une défaite piteuse.
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