Citations de Paul Féval (264)
Un soir de vendredi, vers la fin de septembre, en 1838, à la tombée de la nuit, le garçon du marchand revendeur établi à l’angle des rues Dupuis et de Vendôme était en train de fermer la boutique lorsqu’un élégant coupé s’arrêta devant la porte. Les échoppes du quartier du Temple reçoivent souvent d’aussi belles visites que les magasins à la mode ; le faubourg Saint-Germain et la Chaussée-d’Antin ont appris dès longtemps le chemin de cette foire et y viennent en tapinois, soit pour acheter, soit pour vendre.
Le garçon remit à terre le volet qu’il avait déjà soulevé à demi et attendit, pensant que la portière du coupé allait s’ouvrir.
Paris célèbre volontiers les bandits ; aussi les bandits aiment Paris.
A ces époques où règne la contagion de l'agio, l'agio se fourre partout, rien n'échappe à son envahissante influence. De même que vous voyez dans les bas quartiers du négoce les petits enfants, marchant à peine, trafiquer déjà de leurs jouets et faire l'article en bégayant sur un pain d'épice entamé, sur un cerf-volant en lambeaux, sur une demi-douzaine de billes ; de même, quand la fièvre de spéculer prend un peuple, les grands enfants se mettent à survendre tout ce qu'on recherche, tout ce qui a vogue : les cartes du restaurant à la mode, les stalles du théâtre heureux, les chaises de l'église encombrée. Et ces choses ont lieu tout uniment, sans que personne s'en formalise.
Elle cacha sa tête dans le sein de son amie.
– Oh ! reprit-elle après un moment de silence, ce n’est pas la mort que je crains. Mon bras est faible, mais mon cœur est fort. Ce qui me ronge, c’est le doute : parfois, je crois surprendre un sourire de pitié sur les lèvres de mes hommes ; parfois, ils me répondent avec cet air de condescendance que prennent les bons serviteurs envers l’enfant gâté d’un maître qu’ils aiment. Admirent-ils ma précoce énergie ? Raillent-ils mes inutiles exploits ? Suis-je grande ou suis-je ridicule ?
Détourner la question est le fort de la diplomatie normande.
En avril 1203 Jean-sans-Terre que Mr Guizot, trop clément appelle un prince "poltron et insolent, fourbe et étourdi, colère, débaiché, paresseux", assassina de sa propre main Arthur de Bretagne, son neveu, fils de Geoffroy et de Constance.
Jean jurait par "les dents de Dieu", Dieu le mordit.
Philippe Auguste dont le règne ne fut pas sans reproche, mais qui avait en lui déjà cette grande pensée de rétablir à tout prix l'unité française, saisit l'occasion avec une habileté qui était en même temps de la justice.
La victime et l'assassin étaient pareillement ses vassaux, l'un comme duc de Bretagne, l'autre comme duc de Normandie.
Il appela Jean-sans-Terre devant la cour des barons pour y rendre compte de sa conduite.
L'assassin, bien entendu, fit défaut, et la cour ayant déclaré forfaites ses terres de France : Vexin, Normandie, Anjou, Maine, Touraine, Poitou, Auvergne, la guerre commença aussitôt....
Vous avez tous connu de ces paroissiens, moitié Normands, moitié juifs, qui en remonteraient aux Auvergnats eux-mêmes pour la coquinerie.
La vampire existait, voilà le point de départ et la chose certaine : que ce fût un monstre fantastique comme certains le croyaient fermement, ou une audacieuse bande de malfaiteurs réunis sous cette raison sociale, comme les gens plus éclairés le pensaient, la vampire existait.
Vous connaissez le proverbe qui dit : « Il n’est point de grand homme pour son valet de chambre » ? Le proverbe a menti cette fois ; j’ai été le valet, puis le secrétaire du colonel Bozzo-Corona, et je déclare que c’est un grand homme, un très grand homme, un plus grand homme que les grands hommes qui découvrent par hasard l’imprimerie, l’Amérique ou la vapeur : il a trouvé par le calcul des probabilités un truc qui garantit le meurtre et le vol contre les chances du châtiment, il a inventé l’assurance en cas de scélératesse.
Au centre de la Fosse-aux-Loups s’élevait un chêne de dimensions colossales. Il étageait ses hautes et noueuses racines sur le plan incliné de la rampe ; ses branches, grosses comme des arbres ordinaires, radiaient en tous sens et formaient en quelque sorte la clef de la voûte de verdure qui recouvrait cette partie du ravin.
Il courait, dans le pays, sur cet arbre géant et sur les deux tours qui couronnaient la rampe méridionale du ravin, divers bruits traditionnels. On disait, entre autres choses, que l’arbre s’élevait directement au-dessus d’un vaste souterrain dont l’entrée devait se trouver dans les fondations de l’une des deux tours, ou bien encore sur le versant opposé de la montée, au milieu des tranchées et pans de murailles dont nous avons parlé.
Personne, et c’est bien là le caractère propre de l’apathie bretonne, n’avait songé jamais à vérifier cet on-dit ; à cause de cela, tout le monde était persuadé de son exactitude.
La Bretagne se faisait France en définitive : il n'y avait plus de frontière.
Mais une chose était de consentir une mesure en assemblée parlementaire, autre chose de faire passer cette mesure dans les mœurs d'un peuple dont l'entêtement est devenu proverbial. M. de Pontchartain, le nouvel intendant royal de l'impôt, avait l'investiture légale de ses fonctions ; il lui restait à exécuter son mandat, ce qui n'était point chose facile.
La haute chaîne des Pyrénées déchire juste en face de vous ses neigeux horizons, et montre le ciel bleu du pays espagnol à travers la coupure profonde qui sert de chemin aux contrebandiers de Venasque. A quelques lieues de là, Paris tousse, danse, ricane et rêve qu'il guérit son incurable bronchite aux sources de Bagnères-de-Luchon
La fortune et la naissance ne donnent pas le bonheur
C’était assez la coutume autrefois. Le luxe avait sa pudeur, et rarement il se montrait tout nu. De nos jours, il monte sur les bornes pour relever sa chemise.
- Tu m'aimes, toi Aurore ! Sens-tu mon cœur battre ? Oh ! s'il est vrai ?... mais le sais-tu bien toi-même, Aurore, fille chérie , Connais-tu ton cœur ?
- Il parle, je l'écoute.
- Hier, tu étais une enfant.
- Aujourd'hui je suis une femme, Henri, Henri, je t’aime !
– Écoutez, s’écria-t-elle, je ne suis pas votre esclave. J’aime la foule, moi ; la solitude m’effraye. J’aime le bruit ; le silence me glace. Il me faut la lumière, le mouvement, le plaisir surtout, le plaisir qui fait vivre ! La gaieté m’attire, le rire m’enivre, les chansons me charment. L’or du vin de Rota met des diamants dans mes yeux, et, quand je ris, je sens bien que je suis plus belle ! (Dona Cruz)
- Charmante folle, murmura Gonzague avec une caresse toute paternelle.
[...]
Elle se plaça devant lui, et, d’un ton qui n’admettait plus de faux-fuyants :
– Si vous ne m’aimez pas, que voulez-vous de moi ?
– Je veux vous faire heureuse, dona Cruz, répondit Gonzague doucement; je veux vous faire heureuse et puissante.
– Faites-moi libre d’abord ! s’écria la belle captive en pleine révolte.
Chez le Gascon, il n'y a pas beaucoup de bon, tandis que chez le Normand, il n'y a rigoureusement que du détestable.
On connut les titres de chacun. C'était à faire dresser les cheveux !
Ces six rapières accrochées à la muraille avaient taillé plus de chair chrétienne que les glaives réunis de tous les bourreaux de France et de Navarre.
Le Quimpérois, s'il eût été Huron, aurait porté deux ou trois douzaines de perruques à sa ceinture ; le Spolétan pouvait voir vingt et quelques spectres dans ses rêves, l'Allemand avait massacré deux gaugraves, trois margraves, cinq rhingraves et un landgrave : il cherchait un burgrave.
Et ce n'était rien auprès des trois Espagnols, qui se fussent noyés aisément dans le sang de leurs innombrables victimes !
Pépé le Tueur (el Matador) ne parlait jamais que d'embrocher trois hommes à la fois.
Mère m'embrassa de bon cœur et sans même m'appeler "imbécile". Mes deux sœurs me concédèrent l'accolade chrétienne que le martyr doit à son bourreau.
La première sensation dont je me souvienne, c'est la douleur que donnent les coups ; aussi appris-je que j'existais par le fouet qui déchira ma chair.