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Critiques de Philippe Claudel (2649)
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Au revoir Monsieur Friant

L'écriture de Philippe Claudel est riche et poétique.

Les phrases sont magnifiques, mais mon esprit s'est fermé ! Pas moyen de mémoriser cette histoire !

Je n'ai pu que me délecter de ces mots et ces phrases. Bizarre...

Voilà comment on peut passer à côté d'une histoire !

Mais, si vous aimez la peinture et la belle écriture que cette critique ne vous freine pas. Allez-y...
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Au revoir Monsieur Friant

A tout du poème en prose...
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Au revoir Monsieur Friant

Un livre merveilleux.

Moi qui avait été plus que séduite par ce peintre découvert au musée de Nancy, cette lecture m' a remémoré tout ces tableaux, au grée d'une merveilleuse histoire.

Sans doute l'écriture la plus légère de Claudel.
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Au revoir Monsieur Friant

Emile Friant est un peintre un peu oublié, dont les oeuvres servent de point de départ à des évocations personnelles de l’auteur, qui mêle sa vie à celle du peintre né un siècle avant lui.

L’idée est excellente, mais l’écriture laborieuse: le livre m’est un peu tombé des mains.

C’est un texte court, publié une première fois en 2006, et qui est sorti en poche grâce à l’actuelle notoriété de Philippe Claudel. Je n’ai pas trouvé l’écriture à la hauteur de mes attentes…

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Au revoir Monsieur Friant

Minuscule opuscule hommage à une peintre lorrain mal connu par auteur nancéen reconnu.

Par un dialogue imaginaire, Philippe Claudel se plonge dans l'œuvre et la vie d'Emile Friant dans une démarche introspective mais ô combien révélatrice.

Un bijou d'intimité et de modestie qui invite à retourner au musée.

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Au revoir Monsieur Friant

Bien que le Dieu du cordon bleu n'ai pas eu autant de reconnaissance que ce livre, je recommande à la population francaise (ou arabe) de consommer avec modération le shit de cordon bleu (disponible dans toutes les pharmacies).

Pouvons nous autant en faire pour le Dieu des gorilles femelles aux regles bleu? Personne ne le sait.
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Au revoir Monsieur Friant

Autour de quelques toiles de peintre lorrain, Philippe Claudel se prête au jeu de la conversation intime autour d’une nature qui entoure le petit garçon qu’il a été, tendrement aimé par sa grand-mère, l’éclusière de Dombasle.

Il y a (comme toujours chez Claudel) une mélancolie douce et tendre qui s’installe autour de ces instantanés de jeunesse tissés de souvenirs, et de réflexions sur la création, son moteur et ses douleurs.



« J’écris comme on demande pardon, comme on crie dans la nuit lorsque l’on est tout enfant et qu’on espère que la porte va s’ouvrir et nous laisser voir à contre- jour, comme une apparition, la silhouette de notre mère, sa douceur, l’auréole tremblée de ses cheveux, sa main sur notre front mouillé et son baiser sur notre joue. »



Il fallait tout le talent, de Philippe Claudel pour faire vivre autrement, quelques belles pièces d’Emile Friant, le peintre de l’instant. J’ai beaucoup aimé la délicatesse, et l’intelligence avec lesquelles il a promené le lecteur entre le peintre, et les petites choses insignifiantes de sa vie d’enfant et de jeune homme qui l’ont façonné.

Un petit livre qui se lit avec autant de gourmandise qu’il s’admire, et se feuillette.




Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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Au revoir Monsieur Friant

" Les oeuvres peintes sont souvent de grands miroirs qui nous invitent à nous contempler"....





Un petit trésor -surprise que ma libraire m'a signalé connaissant fort bien mon attirance pour les textes alliant littérature et Beaux-Arts...



Et "petit plus", à ce plaisir,est ma forte sympathie pour les écrits de cet écrivain; mes deux derniers coups de coeur de ce dernier ont été: "De quelques amoureux des livres " et "L'arbre du pays Toradja"



Un texte émouvant, au style fluide et poétique qui entremêle un hommage vibrant à une grand-mère bien-aimée, ainsi qu'un éloge à un peintre lorrain, que je découvre totalement grâce à Philippe Claudel..., Eugène Friant !

Une très belle manière de décrire l'émotion provoquée par les oeuvres d'un peintre qui évoque à notre écrivain, une région , des paysages, des souvenirs et des émotions de l'enfance...

Le bémol de cette réédition est le manque de reproduction des peintures décrites. Cela manque cruellement , à l'accompagnement du texte !!!



Il ne me reste qu'à espérer pouvoir me rendre à Nancy pour découvrir la rétrospective consacrée à ce "peintre, dernier naturaliste ?"... Ainsi ce texte n'est pas d'aujourd'hui, il vient d'être réédité, j'imagine, à l'occasion de cette manifestation autour de ce peintre, Eugène Friant..Des peintures à la fois très réalistes, mais aussi baignées de lumière , de poésie et d'une once de romantisme...

[En faisant des recherches sur cet artiste, j'ai appris qu'il était féru de photographie, et cela se ressent très fort dans ses toiles.] Un réalisme intense, émouvant et non dénué de poésie... !!



Troisième sujet habilement intercalé: les inspirations diverses de l'enfance, la jeunesse, de cette grand-mère épatante...sur les écrits et les oeuvres futures de l'auteur !



"Grand-Mère est venue, bien plus tard, s'installer dans mes romans sans que je l'y convie toujours.

(...) Grand-Mère s'est installée dans les lignes tandis que j'écrivais, comme elle le faisait dans son vieux fauteuil pour ravauder chaussettes et chemises (...) Ecrire est aussi un ravaudage, un ravaudage plus ou moins habile d'un vieux tissu troué de mensonges et de vérités que se passent les hommes entre eux depuis des millénaires." (p. 37)



La grand-mère bien-aimée rencontra l'artiste, se trouvant un moment à son service...L'écrivain rédige un texte très poignant sur l'enfance, le temps qui passe, la création littéraire comme la création artistique, les doutes, la gloire, etc.



Un roman publié en 2006 par Nicolas Chaudun, que je trouve tour à tour lumineux, attachant, émouvant mais aussi furieusement mélancolique et sombre...Cela reste une très jolie découverte, avec en prime une conversation parallèle avec un artiste peintre qui m'était inconnu. Donc... Merci Monsieur Philippe Claudel.



Ce peintre qui fut célèbre et reconnu très jeune, fut assailli ensuite de commandes officielles...et perdit sans doute de sa force et de son authenticité...premières. Il reste cependant dans les grandes émotions de l'écrivain...



"J'ai toujours senti dans certains tableaux de Friant, dans ceux des jeunes années, une sorte de défi au monde, de hurlement, comme s'il y avait livré en peu d'espace une part de lui que les autres ne soupçonnaient qu'à grand-peine. (...)C'est la vie humaine environnée d'entailles. L'homme au milieu des couteaux. La colère de Friant crachait alors sur la douceur. (p. 58)



Parmi l'ensemble des écrits de Philippe Claudel, ce petit texte possède une place à part, un de ceux "qui a laissé le plus de traces" en lui, selon ses propres mots !











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Au revoir Monsieur Friant

Souvenirs d’enfance, mélodie des jours passés, amours scolaires et juvéniles, douceur de la grand-mère et de la mère. En visitant son passé, Philippe Claudel compare certains tableaux de son existence avec des toiles d’Émile Friant, peintre du siècle précédent. Il se retrouve dans les scènes immortalisées par l’artiste, mais également dans sa révolte. « Car j’ai toujours senti dans certains tableaux de Friant, dans ceux des jeunes années, une sorte de défi au monde, de hurlement, comme s’il avait livré en peu d’espace une part de lui que les autres ne soupçonnaient qu’à grand-peine. Comme s’il avait voulu jeter à la gueule de tous des paquets de chair. » (p. 56) Les années ont passé et le jeune Claudel est devenu un époux et un père. Envolée la légèreté de l’enfance, reste la gravité de l’âge d’homme. L’écrivain se demande s’il arrêtera d’écrire comme le peintre a cessé de peindre, de créer, pour ne produire que des œuvres de commande.



À la toute fin du roman, on comprend le lien qui unit Philippe Claudel et Émile Friant. Le titre résonne alors différemment et l’adieu devient moins pesant. Surtout, l’on comprend que l’écrivain s’adresse surtout à son aïeule. « Grand-Mère est venue, bien plus tard, s’installer dans mes romans sans que je l’y convie toujours. » (p. 36) Mine de rien, l’auteur parle encore du deuil : pas celui des personnes disparues, mais du passé qui reste pour toujours inaccessible et chaque jour plus grand. « C’est après tout le lot commun des hommes que d’apprendre à vivre avec de doux fantômes dont le nombre d’accroît sans cesse à mesure que les années meurent. » (p. 10) Et quand il parle de l’amour, Philippe Claudel le fait sans minimiser ses ravages, mais sans oublier les belles éclaircies qui suivent les douloureux orages. Aimer, oui, toujours, jusqu’à en crever, mais vivre avant tout. « Il est bête de réussir à se donner la mort avant que d’avoir pu faire le constat de l’évanescence des amours vives. » (p. 39)



Au revoir Monsieur Friant est un livre hommage très beau qui donne envie de découvrir les toiles du peintre. Comme dans Jean-Bark, quand il parle de ses chers disparus, Philippe Claudel évacue le pathos pour ne garder que le chagrin pur qui se sublime, avec le temps, en souvenir indestructible.

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Au revoir Monsieur Friant

Un livre de Philippe Claudel est toujours un événement littéraire mais la publication d’ “Au revoir Monsieur Friant” est particulière car l’écrivain s’intéresse depuis fort longtemps au peintre nancéien. C’est une oeuvre qui a pris son temps et qui vient finalement se concrétiser et évidemment – on serait tenter d’écrire comme toujours – il se produit immédiatement ce petit miracle de bonheur pour le lecteur. L’écriture de Claudel produit un philtre narratif qui installe immédiatement le lecteur au coeur d’un récit où les références culturelles viennent s’entrechoquer. L’oeuvre de Friant évidemment mais aussi les chansons populaires de Delpech ou Stone et Charden, l’Atlas Dufour, l’école de Nancy… Et puis les mots de Claudel . “Je ne crois pas aux “Amoureux” de Friant. Je ne sais pourquoi. Il y a sans doute trop de drame dans cette toile. Ou trop de distance. C’est un dimanche, il l’a conduite dans le paysage, comme on vient à la paresse, en se disant que peut être à son sortir on verra sous un jour neuf et plaisant les habits défraîchis, les êtres qui nous ennuient et les tâches détestés.” Voilà, la magie opère immédiatement, la prose claudienne se glisse merveilleusement dans les interstices d’une oeuvre qui renvoie à une époque disparue. “ Je songe à ces jeunes filles résignées, aux métiers disparus, modistes, petites mains, chapelières, brodeuses, et qui dans la grandes villes se sentaient comme au coeur d’un étrange système propre à les massacrer.” Claudel construit son roman dans un dialogue entre le passé de sa famille et l’oeuvre de Friant, manière de retrouver la profondeur d’un temps perdu qu’il va reconstruire par petites touches. Des bribes de passé, des éclats de souvenirs qui vont devenir le substrat du récit. Sa grand mère éclusière sur le canal de Dombasle en Meurthe et Moselle, les après-midis à pêcher au bord du canal, les soupes aux navets dodus. Le jeune étudiant, futur écrivain, contemple les oeuvres d’Emile Friant, le peintre local, qui plonge ses racines dans cette terre de Lorraine reconstituant l’histoire des ces vies minuscules définitivement perdues et qu’il va, plus tard, reconstituer dans cet “Au revoir”. Déjà publié en 2001 ce court roman parfaitement maîtrisé nous revient aujourd’hui sous une forme modifiée et constitue une découverte pour tous ceux qui ne l’avait pas lu à l’époque

Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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Au revoir Monsieur Friant



Une friandise, un fondant plein de délicatesse.



Que de jolis souvenirs d’enfance ont marqué Philippe Claudel lorsqu’il se rendait chez sa grand-mère après l’école ! Bien sûr, ce n’est pas banal d’avoir une grand-mère éclusière sur le canal de Dombasle. « Il y avait chaque jour sur l’eau des morceaux d’Europe qui passaient ainsi, dans les remous et tourbillons d’hélice ». Cette grand-mère généreuse qui avait toujours un litre de vin sur sa table pour le facteur, pour le cantonnier. Un portrait sépia auquel elle murmurait des mots tendres et qu’elle couvrait de baisers. Une femme jeune et pleine des promesses de la vie à qui l’amour fut arraché peu avant l’armistice de 1918.



Très vite, Philippe Claudel fait des parallèles entre ses joies d’enfant et les tableaux d’Emile Friant, Nancéien d’adoption, qui se plut à saisir la vie quotidienne, âpre et rude de cette région trimballée d'une guerre à l’autre, d’un gouvernement à l’autre.



Que vient donc faire dans l’histoire, ce peintre naturaliste au succès rapide, distingué par une médaille d’or à l’exposition universelle de Paris de 1889 ? Qui, du moment où il accepta de nombreuses commandes, perdit de sa spontanéité créatrice ? Ce n’est qu’à la toute fin qu’on l’apprend. Jeune fille, la grand-mère de l’auteur quitta sa campagne pendant la Grande Guerre pour entrer au service d’un homme riche de Nancy, à l’apogée de sa carrière. Cet homme était Emile Friant. Ce n’est en rien dévoiler un fait quelconque de la vie de la grand-mère, c’est la rendre plus attachante, plus douce, plus feutrée. Passe un petit souffle de mélancolie…



En bon Lorrain, Philippe Claudel s’est intéressé au peintre de l’école de Nancy. Les tableaux d’Emile Friant font remonter des effluves d’insouciance et de joies enfantines dans ses propres souvenirs, à cent ans d’intervalle. C’est délicat, intimiste, simple et sensible. Comme le sont ses romans. Dommage que la réédition de 2016 n’ait pas inclus les toiles dont il est question. Le réalisme de Friant est touchant, proche d’un arrêt sur image. N’hésitez pas à consulter ses tableaux sur Internet. Les Buveurs, Les Canotiers de la Meurthe, Jeune Nancéienne dans un paysage de neige, La Toussaint, Les Amoureux, …



Les évocations de Philippe Claudel sont émouvantes en ce qu’elles touchent à l’enfance qui s’efface, au temps qui passe inexorablement, à la vie qu’il est bon de chérir.



J’hésite entre reprendre un délicieux bonbon à la bergamote ou un macaron. Une friandise, vous disais-je !

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Au revoir Monsieur Friant

Quelque soit le sujet de ses livres, la prose sublime de Philippe Claudel me va droit au cœur. Un écrivain qui manit les mots sans artifice, avec douceur, une écriture visuelle , simple où tout sonne juste, un vrai bonheur de lecture .



Comme dans son "Autoportrait en miettes", les toiles d'un peintre éveillent chez lui de lointains souvenirs, ceux d'une enfance heureuse avec une grand-mère éclusière, et d'une jeunesse insouciante. Les tableaux s'animent, fourmillants d'images, de sensations et de pensées, nous glissant à travers une autre époque, où l'auteur s'immisce avec ses propres souvenirs y mêlant rêves et imaginaire. Le tout s'amalgame, si bien qu'il s'y perd lui-même. Et une fois qu'il s'éloigne du tableau, "......plus rien. Je suis sorti du musée comme on sort de sa vie."

Le peintre en question est Émile Friant, ce peintre nancéien du XIX e siècle au talent précoce ,que le succès a étouffé et jeté dans l'oubli ("Mort, éteint, enterré, fusillé sous les honneurs à trente ans"). À travers ses toiles, Claudel revient aussi sur sa propre trajectoire d'écrivain. Comment survivre au succès ? Comment conserver sa prose naturelle, sans souci d'être aimé ou non ?



Friant, je l'ai connu grâce à Claudel dans "Autoportrait en miettes" avec son tableau "Jeune nancéienne dans un paysage de neige". Ce livre me donne l'occasion d'en faire plus ample connaissance et de mieux l'apprécier dans cette riche perspective.



Un court texte puissant, émouvant qu'on lit d'une traite et qui nous réserve une belle surprise à la fin.......merci monsieur Claudel, merci monsieur Friant.















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Au revoir Monsieur Friant

Mon opinion sur se livre reste suspendue.

Pour être, honnête, je l'ai saisi pensant ne l'avoir jamais ouvert, mais remarquant plusieurs pages marquées j'ai du me rendre à l'évidence. j'avais déjà lu se livre et je l'avais oublié. je pouvais au moins lui donner le mérite de m'avoir attiré par deux fois mais sachant qu'il était question de peinture la difficulté surmontée n'était pas si exagérée.

De fait, ce livre ne présente pas vraiment d'histoire. il alterne entre l'auteur qui nous raconte sa vie et met en parallèle avec certain moment de son existence des toiles d'Emile Friant.

a ce titre le nom de l'ouvrage me semble mal trouvé. Il devrait selon moi d'appeler avec plus de justesse: Monsieur Claudel.

Si l'histoire n'est absolument pas marquante, je n'ai pu qu'admirer l'écriture.

Elle frappe, elle cogne et ne laisse pas indifférent. les images sont fortes et les phrases nous laissent KO. A elles seules, elles justifie la lecture une ou deux fois si vous être tête en l'air comme moi.
Lien : https://www.surlefildesmots...
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Au revoir Monsieur Friant

La Feuille Volante n° 1175

Au revoir Monsieur Friant – Philippe Claudel - Stock



Émile Friant (1863-1932), peintre naturaliste français était lorrain, tout comme l'auteur. Philippe Claudel commence par évoquer l'image de son arrière-grand-père, fauché à 29 ans par les ravages de l'absinthe et du gros rouge, à cause sans doute de ce tableau où le peintre représenta des « buveurs ». Pourtant c'est de sa grand-mère qu'il choisit de nous parler, celle qui était déjà vieille quand il fit sa connaissance et qui perdit son mari trois mois avant l'armistice de la « Grande Guerre », fauché par la mitraille et un éclat d'obus. De lui ? il lui restait ce morceau d'acier meurtrier et une photo couleur sépia qui avait perdu son éclat à force de caresses et de baisers qu'elle déposait chaque soir après lui avoir parlé de sa journée. Elle était éclusière sur le canal de Dombasle où l'enfant voyait glisser les péniches et y passa sa jeunesse dans le froissis de l'eau et la pêche à la ligne. Elle s'invite dans ce roman, presque malgré lui, nous dit-il, mais dans « Le café de l'Excelsior » (La Feuille Volante n° 620), un précédent roman, où les femmes n'étaient évidemment pas admises, c'est bien son image virtuelle à elle qui se reflétait dans les miroirs de l'estaminet. Est-ce parce que ce peintre de l'école de Nancy choisit de montrer des scènes d'un quotidien bourgeois que Claudel souhaite l'évoquer ?. Peut-être mais sa grand-mère n'appartenait pas à cette classe sociale et tenait sans doute à ses quartiers d'authentique roture. Est-ce parce que certains tableaux évoquent des inaccessibles jeunes filles en fleur d'un autre temps et que, à la fois timide et inconscient, il poursuivit celles de sa jeunesse ? Plus tard, il jeta pourtant sa gourme entre les bas résille et le parfum bon marché de putes de son quartier et sa jeunesse étudiante rima avec une bohème littéraire qu'il voulait voir durer longtemps et se terminer peut-être sous les ors d'une quelconque académie, la consécration comme celle que connut le peintre? Est-ce parce que Friant peignit « la Toussaint » que notre auteur voulut y voir aussi, dans les brumes de novembre, la fin de ses années de jeunesse, comme la mort est la fin de la vie ?



A n'en pas douter Claudel s'interroge sur le parcours de Friant qui connut tôt le succès et l'entretint par une carrière qu'il juge quelque peu flagorneuse mais qui lui assura une aisance financière et une notoriété grandissante. Il fustige cette manière de monnayer son talent et pense qu'il cessera d'écrire, parce qu'écrire est épuisant, « un arrachement continue de viscères » et surtout pour ne pas tomber à son tour dans ce travers, dans ce qu'il nomme un malentendu. Voire ! Je pense et j'espère qu'il n'en fera rien parce que nous sommes nombreux sans doute à apprécier cet auteur, son style poétique et sa palette créatrice. Et d'ailleurs, il se ravise vite et précise « J'écris pour demander pardon » « pour le mal que j'ai fait autour de moi… ces petits riens, ces maigres trahisons… ces rendez-vous perdus que mes mots ne rachèteront jamais ». Nous avons tous, n'est-ce pas, quelque chose à nous reprocher ! Et puis, il y a quelque parenté lointaine entre le peintre et l'écrivain qui va au-delà de la toile blanche et de la page de la même couleur, qui sont une invitation mais surtout un défi à la création. Il y a sans doute cette envie de faire des ricochets sur l'eau d'un étang, de parler fort et de se rouler dans l'herbe, de brûler cette enfance qui s'attarde dans le rire des filles, les beignets d'acacia et la fragrance de l'eau de Cologne. La nostalgie est là qui fait partie de la vie et qu'on cultive dans l’image comme dans les mots, les souvenirs aussi, ceux qu'on regrette et qu'on ressasse même s'ils font mal.



Émile Friant ne peignit sans doute jamais la grand-mère de Philippe Claudel qui n'était pour lui que sa domestique et qui le saluait en le quittant d'un respectueux « Au revoir Monsieur Friant ». Ses dix-huit ans lui donnait l'illusion que sa vie serait belle, mais il y eut la guerre.. .



Je continue de lire avec un réel plaisir Philippe Claudel, rencontré un peu par hasard sur les rayonnages d'une bibliothèque parce que, ce jour-là, le hasard fit pour moi bien les choses .





© Hervé GAUTIER – Octobre 2017. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Au revoir Monsieur Friant

Munissez-vous d’un smartphone ou d’une tablette, préparez votre navigateur à afficher les toiles d’Emile Friant, installez-vous confortablement dans un large fauteuil, et ouvrez le très court roman de Philippe Claudel. Vous êtes prêt à vivre une heure de bonheur et d’émerveillement. Ce parallèle tracé entre les toiles du dernier des peintres naturalistes et la vie d’enfance, de jeunesse et de maturité de l’auteur est saisissant. Ce roman qui touche au cœur est en quelque sorte le pendant littéraire des toiles du maître de Nancy.

Etre l’écrivain reconnu qui ne doit plus sortir des clous ou le peintre embourgeoisé et empêché de s’exprimer car pressé par les commandes, ne serait-ce pas finalement la même chose ?

La surprise sera totale à la lecture de la dernière page, lorsque vous sera révélée la vérité (fictive ou réelle ?) sur l’une des toiles majeures de Friant. Je suis certain qu’après cette lecture, vous n’irez qu’une envie : vous rendre à Nancy, au Musée des Beaux-Arts, sur la belle place Stanislas, et parcourir les salles où la plupart des toiles évoquées sont exposées.

Un chef-d’œuvre de littérature en quatre-vingt pages de pur bonheur.



Merci Monsieur Claudel. Merci, Monsieur Friant.

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Autoportrait en miettes

Un musée personnel, dans la tête, dans le cœur.....un tableau, une sculpture, une installation......qui vous a fait palpiter le cœur, éprouver des sensations, susciter des pensées, des rêves, des souvenirs .....des tableaux, des sculptures, des installations qui n'ont " de sens que par rapport à vous, qui en êtes le lien".

Philippe Claudel à choisi dans son musée personnel dix-huit pièces, accrochées aux cimaises de sa vie qu'il nous propose dans ce trés beau livre.

Un ensemble éclectique d'œuvres choisis à travers les chefs-d'œuvre du musée des beaux-arts de Nancy, dont je n'en connaissais que deux, de trés belles découvertes. Claudel nous rapporte tout haut ce qu'elles ont déposé dans son cœur, dans son âme -"J'ai dit comment elles avaient rencontré mes jours, comment elle les avaient éclairés, obscurcis, étendus, embellie, tordus "-.



Quelques esquisses pour vous tenter,



La petite fille qui lit de Lebasque, "Sous la lampe", souvenir de l'enfant liseur qu'il était,



Les crânes en verre de Dietman ,"Voyage organisé dans l'Adriatique", formule "all inclusive" vers la mort, rappelle de ses collection d'os de son enfance et de sa phobie de la mort,



"Honfleur dans la brume" de Vallotton, un tableau de port peint en hauteur, tableau de montagne qui ravive son attirance pour le vide, le creux," où je pourrais basculer si je voulais",



"Jeune Nancéienne dans un paysage de neige" d'Emile Friand, portrait de jeune fille au regard perdu, nostalgie de tous les regards de femmes qui ne l'ont jamais vu,



"Jésus chassant les marchands du Temple" de Van Hemessen, une peinture qui n'est pas convenable, un Jésus humain," Un Clint Eastwood dans ses grands jours" qui convient mieux à l'athée qu'il est devenu, un tableau "d'avenir",



Et douze autres œuvres aux textes foisonnants d'imagination, saupoudrés d'humilité et d'humour, à déguster sans modération !

Si vous aimez l'Art et la plume de Philippe Claudel, ne passez pas à côté !





"J'ai parlé d'elles. Elles ont parlé de moi. Quelques miettes.Une vie dont on ne dit pas tout car tout dire ce serait inventer, ce serait mentir."
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Autoportrait en miettes

En 2012, le musée des beaux-arts de Nancy s’est refait une beauté, et, a été agrandi ; les œuvres qui y sont exposées ont été remisées dans un nouveau parcours.



Philippe Claudel a puisé dans ses collections 18 chefs-d’œuvre pour "se raconter" , d’une certaine manière, comme par effet de miroir.

Bien entendu il ne s’agit pas de parler de soi au premier plan ; non, c’est beaucoup plus subtil que cela, plus intéressant aussi, plus poétique, plus profond.

Comment, pourquoi un tableau vous émeut ? Ce qu’il réveille en vous, ce qu’il révèle de soi, ce qu’il vous renvoie de bon, comme de moins bon.



Ce livre singulier est tout cela à la fois ; légèreté et profondeur du texte. Le lecteur a le choix de son parcours ; comme au musée, il reste, passe, revient, contemple, réfléchit, survole.



Il fait bon changer de registre, de lire autre chose. Qu’il est doux de se promener au cœur de son patrimoine régional en compagnie de Philippe Claudel, fin connaisseur, et nancéen viscéralement attaché à sa terre .


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Barrio Flores

Ce beau petit livre est de la même veine que Café de l'excelsior;

C'est par les yeux d'un enfant surnommé "Petite musique" par Pepe Andillano, le vieil homme avec lequel il vit, que s'offre à nous tout le petit peuple haut en couleur du Barrio Flores, bidonville où règne la misère, la souffrance mais où l'amour et le sourire ne sont pas absents.

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Barrio Flores

« Dans le barrio Flores, on ne savait pas écrire. L’école n’existait pas ; ou plutôt si mais il n’y en avait qu’une, sans maîtres, à ciel ouvert, toujours pleine de centaines d’élèves dissipés qui ne jamais ne la quittaient car ses leçons étaient sans fin : cette école c’était la rue, qui apprend toutes les choses, , bonnes ou mauvaises, la vie et la mort, les sourires et les larmes. »



Les courts ouvrages de Philippe Claudel ont la particularité d’être particulièrement soignés ; tant sur le plan du contenu que du contenant.

Après le café de l’Excelsior, Quartier, Barrio Flores est le troisième petit bijou paru chez cet éditeur nanciéen.

Philippe Claudel s’associe pour la seconde fois avec le photographe Jean-Michel Marchetti dont les clichés accompagnent sans ostentation les instants de vie du Barrio Flores, quartier aux allures de bidonville de Cuba. Ces chroniques sont autant de clichés empreints d’une infinie tendresse pour ses habitants dont la misère ne parvient à atteindre ni la bonne humeur, ni la débrouillardise.

Sous la plume de « petite musique », un gamin espiègle au doux nom de Juanito, nous faisons connaissance avec ces oubliés, ces petits, les sans noms, "les pas grand-chose" des favelas, ces petites gens qui pourraient tout autant être ceux à nos porte que l’on ne voit plus.

Dans cette atmosphère nostalgique, la vie, l’amour, les sourires ne sont jamais bien loin.




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Barrio Flores



N°627– Février 2013.

BARRIO FLORES – Philippe Claudel – Éditions La Dragonne.





Dès la première ligne, l'auteur donne le ton : « Les habitants du Barrio Flores sont passés dans le monde et le monde ne les a pas remarqués. ». Pourtant lui choisit de porter sur eux un regard plein de tendresse et les photos en noir et blanc de Jean-Michel Marchetti leur donnent un relief tout particulier.

Le décor, une sorte de bidonville plein de soleil, de vie, de misère mais aussi de sourires, à l’écart d'une grande ville probablement située dans une Amérique hispanique où Juanito, un jeune enfant de huit ans confié à Pepe Andillano, a écrit cette « Petite chronique des oubliés » qui est plus qu'un hommage à ses habitants Pour ce vieil homme à la jambe raide mais qui gagnait sa vie en jouant au billard, il sera « petite musique » parce qu'il est « plus léger qu'un violon et plus rieur qu’une flûte ». Ensemble ils rêvaient de partir sur le pont d'un navire, pas pour faire le tour du monde, mais « juste une bordée, le temps de dormir une nuit ou deux sur le pont du plus grand des paquebots... et, au matin ce sera l'Amérique, New-York ou Babylone, en tout cas un pays formidable où les bons joueurs de billard sont nommés généraux et où les jambes mortes peuvent ressusciter ». C'est à travers ses yeux que le lecteur découvre cet univers un peu à l'écart. Il était certes fait des traditionnels personnages incontournables, les putains, les cocus, les femmes infidèles mais il y avait surtout Flores Nubia, une petite fille espiègle et belle qui aimait tant jouer à la marelle et dont Juanito était évidemment amoureux. Il lui offrait « des bouquets de rien, des rubans défraîchis, des heures admirables ». Pourtant cette jeunesse insouciante a prématurément été interrompue et Flores est devenue silencieuse, vieille et absente mais elle a continué de hanter les rêves du garçon.

Juanito avait une petite sœur, si jeune qu'on n'avait pas eu le temps de lui donner un nom. Elle accompagnait son frère pour mendier dans le quartiers des riches parce qu'elle faisait pitié et qu'ainsi ils rapportaient de l'argent. Pourtant « son cœur qui se précipitait de vivre en quelques mois une vie entière » s'était arrêté.

Parmi ces habitants il y avait aussi Garrancho Mindo, « Petite tête simple » dont tout le monde se moquait, qui parlait à son âne et voulait l'épouser. Ce décor ne serait pas complet sans le cireur de chaussures, mais celui-là non seulement faisait reluire les souliers de ses clients mais servait surtout d'écrivain public. Tout le monde lui faisait confiance pour rédiger des lettres importantes ou futiles, des lettres d'affaires ou d'amour, sur du papier à en-tête d'une entreprise d'engrais qui avait fait faillite depuis longtemps. On les encadrait même sans jamais les envoyer et ainsi elles faisaient partie du paysage. Sauf que leur auteur ne savait pas plus lire et écrire que ses clients du quartier et qu'il se contentait de reproduire dans ses missives les mots des annonces publicitaires qui s'étalaient sur les murs autour de lui ! Plus tard, Juanito devenu grand et instruit parce qu'il avait appris à lire dans les livres et non plus dans les flaques d'eau et dans les étoiles comme au Barrio, a vu la supercherie mais l'a gardée pour lui et a su reconnaître dans cet homme « un grand poète », en tout cas un de ceux qui ont suscité chez lui cette envie d'écrire à son tour [« C'est sans doute grâce à lui que m'est venue aussi à moi l’idée d'écrire, de caresser les mots, de dire des histoires »].

Il y avait aussi le « docteur » ainsi appelé parce qu'il avait un jour « confessé » pendant trois heures un vrai médecin dépressif et qu'il avait décrété qu'il en savait autant que lui au terme de cette discussion. Il recevait ses patients, vêtu d'une blouse qui avait jadis été blanche, ne guérissait personne parce que ses remèdes tenaient uniquement de l'improvisation, mais tout le monde y croyait et le respectait.



Il y a dans ce « Barrio Flores » toute la poésie de « café de l'excelsior » qui m'avait tant plu (La Feuille Volante n° 620). Ce n'est pas exactement un roman, peut-être un recueil de nouvelles, une galerie de portraits, une chronique de ce quartier rebaptisé par l'auteur du nom de cette petite fille, un amour de jeunesse, celui qu'on n'oublie jamais.





©Hervé GAUTIER – Févrer 2013.http://hervegautier.e-monsite.com






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