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Citations de Pierre Jourde (330)


Avec son crâne nu sous la casquette, son nez en bec de busard, sa peau rougeâtre parcourue de traînées noires et sa manche où pendait une poignée de plumes, il avait l'air d'un très vieil ange, cuit dans des fournaises et des beuveries, jusqu'à en perdre la mémoire du ciel.
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Comme son beau-père Raymond, comme bien d'autres aux environs, Alex était le possesseur d'une dent unique, la dernière, obstinée dans la cave noire de la mâchoire. On ne voyait plus que cela, ce noir où s'agitaient des choses indistinctes, lorsque les lèvres s'écartaient pour boire, pour parler. Cette curieuse tradition de la dent unique aurait pu passer, à l'instar du monocle, pour une mode, une forme de dandysme; l'expression d'une esthétique plutôt que d'une nécessité.
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Besson est à peu près dans le même état, rouge, encombré, cordial. Il a derrière lui plusieurs faillites, tous bénéfices bus en apéritifs, continue à organiser tout de même des foires plus ou moins licites, au prix de quelques combines […] Besson se prend à sangloter comme un veau à l'évocation de sa défunte femme, figure tout à coup sanctifiée, dans le regret de laquelle se rédime en direct, devant nous, l'échec d'une vie.
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Marie-Claude ajoute une assiette pour lui, y compris les jours où, perdu de gros rouge, les yeux injectés de sang, il est à peine capable d'articuler ses mots. J'ai souvent dîné à côté de lui. Il est arrivé que Gustave, la bouche pleine de potage, puant la vinasse et la sueur, projette dans mon assiette, scories d'une éruption spasmodique de mots, quelques fragments de vermicelle.
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Nous savons qu'il peut lui arriver de se montrer violent. Son coup de poing n'est pas réputé pour sa tendresse et il n'aime pas qu'on lui manque de respect
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Tout à coup, les gardes républicains se mettent à rouler le tambour. Entrée en grande pompe, par le haut des gradins, de l'Académie française.
Un frisson me parcourt.
C'est l'entrée des morts-vivants. [...]
Le spectacle est affreux. Georges Romero n'aurait pas fait plus effrayant et plus désolant. Les grands médecins, les avocats célèbres, les écrivains glorieux titubent, se risquent à tout petits pas jusqu'au bord des marches, comme s'ils parcouraient, non pas en habit chamarré mais en haillons déchiquetés, les rues boueuses d'un village désert du Tennesse.
Et commence la descente. Là c'est une autre image qui s'impose. La vingtaine de marches leur prend autant de temps que s'il s'agissait de la face nord des Grandes Jorasses. Il s'agrippent à la rambarde, se tiennent les uns les autres, crochètent désespérément tout ce qui passe à portée de leurs mains tavelées et noyées de rides, tout branlants, tout tremblotants, on se dit que si l'un fait un faux pas, c'est tout la cordée qui va basculer dans le vide.
La salle frémit, retient son souffle. Vont-ils arriver entiers ? Qui va y laisser son col du fémur ? Faudra-t-il récupérer derrière eux un dentier, des ongles un oeil de verre . Prévoit-on d'éponger discrètement les traces d'urine.
[...]
Et les tambours roulent durant tout le temps que dure la représentation comme pour dramatiser le numéro accompli par une bande de vieux clowns arthritiques qu'on aurait invité se produire par compassion, dans un spectacle de charité.
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Le roi - Ma mie, quelle est cette horrible vieille qui s'avance vers le berceau de notre enfant .
La reine - La fait est qu'elle est repoussante.
Le roi - Une dent unique branle en sa mâchoire.
La reine - Une verrue obèse s'épanouit sur son nez crochu et s'orne de longs poils noirs.
Le roi - Ses yeux chassieux dérivent dans des lunettes à double foyer.
La reine - A son menton pendent des touffes de barbe grise.
Le roi - Trois cheveux gras collent à son front.
La reine - Ses doigts crochus sont prolongés par des ongles noirâtres ébréchés.
Le roi - Son cou décharné est plus rouge et plus plissé que celui d'un vautour.
- La reine - Mon Dieu... Elle porte une robe Kiabi rose à volants et parements de dentelle en acrylique.
Le roi - C'est épouvantable. (p. 122)
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La reine - Mais oui, c'est cela. J'ai invité les sept bonnes fées du royaume, afin qu'elles soient la marraine de notre petite fille et lui dispensent ainsi par leurs enchantements tous les dons et toutes les qualités.
Le roi - Et le parrain ?
La reine - Il ne restait que Gérard Majax. Les autres enchanteurs sont en congrès à Brocéliande. (p. 120)
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Gramuche - Mais quelle est donc cette silhouette qui se dirige vers nous ?
Le Prince charmant - Où ça ? Ah, là-bas ?
Gramuche - Curieux, on dirait bien une danseuse de flamenco...
Le Prince charmant - Pure apparence, Gramuche... Mais je ne m'y laisse pas tromper.
- Mais alors... Qui est-ce ?
Le Prince charmant - Observe bien... Sans le moindre doute, il s'agit d'un expert-comptable, grossièrement déguisé en chanteuse de flamenco.
Gramuche - C'est diabolique... (pp. 109-110)
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Le professeur - Ou est Noël ?
Kimberley - Il m'a dit qu'il voulait travailler à sa thèse que vous dirigez.
Le professeur - Oui, Paradigmes des propriétés annulaires des courbes modulaires elliptiques dans la cohomologie des corps cyclothymiques à fonction abélienne. Je suis très content de lui. Ça fait dix ans qu'il est dessus, il a déjà écrit trois pages. (p. 62)
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Le droïde - Abuja klonk paraboum kolibali daddda.
Kimberley - Professeur ?
Le professeur - Ce n'est pas une langue terrestre.
Bill - Et ça ?
Le droïde - En concertation étroite avec les délégations mandatées par la commission paritaire, et conformément au décrets-lois promulgués par la circulaire B 540...
Le professeur - Non plus. (p. 61)
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Samantha - Mais alors... Tu es là depuis quarante et un ans ?
[...]
Le commandant - Ca suffit, Boulga. Comment avez-vous tenu ?
Bill - Oh, j'avais emporté pas mal de grilles de sudoku, au cas où. (p. 46)
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Klouelbecq - Sous ses apparences scintillantes, Michel est le mâle hétérosexuel blanc standard, c'est-à-dire le terminus de l'évolution. Le produit d'un monde occidental épuisé. L'argent et les femmes lui servent à masquer son désespoir. Tout à coup, il comprend qu'il doit changer de vie. Il a trente-cinq ans déjà. La vieillesse et la déchéance ne vont pas tarder. Il perd ses cheveux et ses dents, sa peau se relâche, ses érections se raréfient.
F.T. - Au début il hésite entre se suicider et prendre un chien.
Klouelbecq - Il y a deux remèdes possibles au suicide. Je recommande le golden retriever, qui est un chien très affectueux. Si ça ne marche pas, des stations prolongées au rayon laitage de Carrefour.
F.T. - Comment ça ?
Klouelbecq - Ils ont un choix de yaourts incroyable. Vous avez déjà essayé les Petits Filous ? (p. 32)
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Certains organes littéraires ont une responsabilité dans la médiocrité de la production littéraire contemporaine. On pourrait attendre des critiques et des journalistes qu'ils tentent, sinon de dénoncer la fabrication d'ersatz d'écrivains, du moins de défendre de vrais auteurs. Non que cela n'arrive pas. Mais la critique de bonne foi est noyée dans le flot de la critique de complaisance. On connaît cette spécialité française qui continue à étonner la probité anglo-saxonne : ceux qui parlent des livres sont aussi ceux qui les écrivent et qui les publient.
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J’ai compris le midi, l’Allemagne, le désert.
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« Les médecins interprètent les analyses et les images, nous donnent une interprétation de cette interprétation, nous interprétons ce qu’ils nous disent, et nous nous en recomposons une version consciemment ou inconsciemment orientée suivant ce que nous voulons croire, ce que nous croyons que les autres veulent croire ou peuvent entendre. Et cette mécanique affolée des interprétations est en elle-même une espèce particulière de souffrance.
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Et ce sont tous les moments de la vie, toutes les joies, toutes les naissances, les après-midi dans le jardin, les journées sur la plage, les histoires racontées le soir aux enfants, les photographies et les souvenirs du passé que vient rétrospectivement infecter de son venin le jour où l’on a su. Ta photographie d’enfant joyeux est celle, à jamais, d’un enfant qui va bientôt mourir
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Je pense aux grands hivers dont nous attendons vainement le retour, en dépit des petites pointes à moins vingt presque chaque année : la neige montant jusqu 'au bas des fenêtres, les chemins ouverts à la pelle pour sortir des maisons, la route terminée à pied parce que la voiture ne pouvait aller plus loin, une année même, dans un ciel parfaitement bleu, la descente de l'hélicoptère, son atterrissage dans un champ derrière le village, chargé de provisions pour ravitailler les paysans bloqués depuis des jours. Je me souviens du bonheur de ces reliefs effacés, enveloppés dans une substance égale, éblouissante, engourdissant les sensations, avalant même les sons. Plus de prés, de bosquets, de haies, de murs, de chemins, d'herbe, de taupinières, une continuité douce, des ondulations moelleuses laissant seulement la trace des choses qu'on s'étonnait presque d'avoir connues sous une forme bien moins parfaite. Moins encore que des traces, une allusion, une esquisse de courbe, rien. D' invraisemblables vagues soulevées par le vent, au bord de l'effondrement, et demeurant comme des rouleaux océaniques figés dans un temps suspendu. Des éclats de paillettes que la lumière allumé, éteint, ranime ailleurs. Et parfois sous la couche régulière, par une déchirure, comme un rappel, le souvenir dun monde ancien aboli, un aperçu sur des profondeurs noires et pleines de formes enchevêtrées. Si la neige, à nouveau, pouvait tout envelopper, effacer les reliefs et les chagrins, taire les mots.
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Le problème est économique et culturel. C'est l'affranchissement de l'Occident par rapport aux modeles religieux et aux formes traditionnelles, à partir de l'émergence du rationalisme scientifique, entre le xvre et le xviiisiècle, qui a M permis cet épanouissement sans précédent des sciences et des techniques, mais aussi des arts, quand bien même leur propos et leurs sujets demeurent religieux dans beaucoup de cas.
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Écrire



Écrire consiste à rêver avec une intensité telle
que nous parvenons à arracher au monde un
morceau.
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