AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre Klossowski (25)


Pierre Klossowski
Les dieux ont enseigné aux hommes à se contempler eux-mêmes dans le spectacle comme les dieux se contemplent eux-mêmes dans l'imagination des hommes.
Commenter  J’apprécie          140
Recherchant son intention dans l'oubli d'elle-même, sa conscience ne discernait plus dans son propos le vain prétexte du vrai motif : tout de même que sa perception s'était confondue avec sa vacuité emplie de l'objet perçu, le prétexte s'était confondu avec le motif ; car venu dans la chapelle maudite pour cacher au Roi tout vestige de crime, ce n'était pas ce souci qui l'avait fait songer à inspecter ce sanctuaire.
Commenter  J’apprécie          90
incipit :
Le nom de Nietzsche semble irrémédiablement associé à la notion de volonté de puissance ; pas même à la notion de volonté, mais à la puissance pure et simple.L'interprétation la plus courante est d'y voir une sorte de commentaire métaphysique du fait accompli, une morale du coup de force ; et bientôt tout y passe : les laboratoires aux inavouables expériences, la suppression des dégénérés, des aliénés et des vieillards, les fours crématoires, les gangsters autant que les bombardements atomiques, tout et tous peuvent se réclamer du père de l'immoralisme moderne ; le superman standard, qu'il soit capitaine d'industrie, explorateur, grand cardiologue, chimiste, ingénieur, bienfaiteur de l'humanité, passe pour le produit du professeur de l'"énergie vitale". "Qui dont est Nietzsche ?" demande l'innocent, et le Larousse répond : "Ses aphorismes ont eu une grande influence sur les théoriciens du racisme germanique." En vain, semble-t-il, en vain le 377° aphorisme de la Gaya Scienza clame d'une voix lointaine, si lointaine : "Nous autres sans-patrie, nous sommes, quant à la race et à l'origine, trop nuancés, trop mélangés, en tant qu'hommes modernes, et par conséquent trop peu tentés de prendre part à cette débauche et à ce mensonge de l'idolâtrie raciale, qui aujourd'hui s'exhibe en Allemagne en tant que signe distinctif des vertus allemandes et qui, chez le peuple du "sens historique", donne doublement l'impression de la fausseté et de l'inconvenance."
Commenter  J’apprécie          70
A ces mots, Roberte ne sait si c’est de honte qu’elle frémit parce que la sentence vient s’exécuter, énorme et bouillante, entre ses fesses, ou si c’est de plaisir qu’elle transpire, parce que cette sentence force largement son vacuum ; mais tandis que le sedcontra pénètre l’inspectrice au point de confondre en elle la raideur de l’acquittement et l’élasticité de la peine, Roberte n’a pu prévenir le geste du gantelet qui sur le quidest de l’inspectrice, en monstrueuse érection, enfile l’anneau qu’il vient d’arracher à son doigt ; dans le même temps le sedcontra se retire du vacuum, par où Roberte lâche trois pets.
Le colosse :
« Au reste, si la chair n’est qu’un leurre, la parole n’est que du vent ; elle est donc de l’esprit. »
Commenter  J’apprécie          60
Nulle satisfaction morale ici, qui ne saurait seulement être requise. Une violence d’un autre ordre naît dans notre condition : elle s’exerce par une totale indifférence. Elle est cette indifférence même : et ne laissant point de trace c’est la pire des violences ! Contre elle il me faut lutter, mes frères, jusqu’à la résurrection des corps.
Commenter  J’apprécie          50
- Frère Philippe, debout ! Montre-nous où s’est caché ta tête ! Allons cherche !
Le Roi décapité s’éloigne de la table, se retourne et les bras tendus, reprend sa marche hésitante vers le milieu de la salle. Mais comme il s’apprête à tourner le dos au personnage voilé, les Juifs s’avisent de le soutenir et le veulent guider : artisans et marchands là-contre hurlent de plus belle, que toutefois fascine la majesté acéphale qu’ils n’osent approcher.
Commenter  J’apprécie          50
Toute identité ne repose que sur le savoir d’un pensant en dehors de nous-même – si tant est qu’il y ait un dehors et un dedans – un pensant qui consente du dehors à nous penser en tant que tel. Si c’est Dieu au-dedans comme au-dehors, au sens de la cohérence absolue, notre identité est pure grâce ; si c’est le monde ambiant, où tout commence et finit par la désignation, notre identité n’est que pure plaisanterie grammaticale.
Commenter  J’apprécie          40
« - En vérité, je te le dis : quiconque nourrit son oubli de mon lait virginal reçoit l’innocence ; qui s’en est nourri a soif aussitôt de la semence de mon phalle ; mais qui a bu de ma semence, ne songe même plus à m’invoquer ; car il ne craint plus de passer dans les milliers de modifications qui jamais n’épuiseront l’Être.
- O Baphomet ! J’ai faim, j’ai soif de ton lait, de ta semence, ne me laisse pas languir tel le cerf altéré ! »
Commenter  J’apprécie          40
Depuis le milieu du siècle dernier, les anathèmes ont été lancés au nom de la vie affective contre les ravages de la civilisation industrielle.
Imputer aux moyens de production de l'industrie une action pernicieuse sur les affects, c'est, sous prétexte de dénoncer son emprise démoralisante, lui reconnaître une puissance morale considérable. D'où lui vient cette puissance ?
Du seul fait que l'acte même de fabriquer des objets remet en question sa finalité propre : en quoi donc l'usage des objets ustensilaires diffère-t-il de l'usage de ceux que produit l'art, «inutiles» à la subsistance ?
Nul ne songerait à confondre un ustensile avec un simulacre. A moins que ce ne soit qu'en tant que simulacre qu'un objet en est un d'usage nécessaire.
Commenter  J’apprécie          30
Rien n’est plus contraire à la jouissance que la gratuité
Commenter  J’apprécie          30
Que l'on imagine une régression apparemment impossible : soit une phase industrielle où les producteurs ont le moyen d'exiger, à titre de paiement, des objets de sensation de la part des consommateurs. Ces objets sont des êtres vivants
Commenter  J’apprécie          30
Valentine de Saint-Vit, dame de Palençay, dont les terres avoisinaient celles de la Commanderie du Temple, jetait depuis longtemps un œil de convoitise sur ce domaine prospère.Son grand-oncle paternel Jean, accomplissant un vœu au retour de la dernière croisade, avait fait don des deux tiers de ses terres à l’Ordre du Temple, ce d’autant plus aisément qu’il n’avait point de descendant direct. Comme les clauses de sa donation chargeaient les Frères chevaliers d’assurer la défense du manoir de Saint-Vit, légué à ses nièces, et pour lors dit de Palençay, depuis plus d’un siècle que les Templiers occupaient le fief dominant, cultivé, agrandi, fortifié de leurs mains, toutes les terres attenantes au manoir voisin étaient passées sous la juridiction du Commandeur. Or, le sire de Palençay — pas plus que son beau-père — ne s’étant point soucié de contester ce droit au nom du sien pour n’avoir jamais résidé dans ce domaine dotal —, quand, après la mort de son époux, elle-même y revint, Madame de Palençay s’impatienta comme d’une servitude de cette protection, à ses yeux abusive, que le Temple étendait sur ses terres.
Commenter  J’apprécie          20
Dès que l'on désignait quoi que ce fût, à commencer par le fait de pouvoir se passer du corps, l'on se modifiait tout en modifiant l'"interlocuteur" : l'on se modifiait soi-même en ce sens que celui qui s'exprime sans corps passe immédiatement dans la chose qu'il exprime ; et l'on modifiait du même coup celui à qui l'on désigne la chose exprimée, en ce sens que celui qui reçoit cette expression d'une chose que pourtant il sait déjà et voit par-devers soi subit dans sa compréhension même la façon de voir de celui qui la lui déclare. [...] Nulle limite n'étant plus ménagée par le corps entre leurs intentions respectives, celles-ci s'envahissent mutuellement.
Commenter  J’apprécie          10
Donc lui faut-il, en tant que souffle même s'habituer à un espace clos, à une demeure pour que d'intensité diffuse il revienne à l'état d'intention, et tant soit peu sédentaire que tourbillonnant, passe du mugissement à la susurration.
Commenter  J’apprécie          10
Notre propos est de fixer ici quelques aspects du monde de la débauche de la Rome antique et de ses rapports avec le monde cultuel, les solennités religieuses et les jeux. On attribue ces phénomènes au processus de la décadence.
Commenter  J’apprécie          10
Pierre Klossowski
On ne donne jamais ce qu’il n’y a d’inéchangeable, mais toujours l’on prête pour mieux posséder ce que l’on a.
Commenter  J’apprécie          10
Il est certain que c’est l’aspect des femmes en public, leur façon de se montrer au-dehors et non pas chez elles qui constituent justement ce par quoi elles peuvent m’intriguer. C’est aussi dans ces moments où elles veulent en quelque sorte apparaître et neutraliser leur contact avec l’extérieur, avec l’inconnu, l’étranger, l’anonyme en quoi cependant elles se recherchent parfois – trouvant ce qu’elles ne cherchaient point – que je me représente ce qu’elles ont de plus charmant, que je devine avec le plus de netteté leur mouvement de surprise, leurs gestes dans d’imprévisibles situations qui font tache d’huile sur leur soi-disant emploi du temps.
Commenter  J’apprécie          10
Une femme est totalement inséparable de son propre corps – notre amour-propre souffre de la moindre égratignure – rien ne nous est plus étranger par essence que la distinction du physique et du moral. Nous abondons dans le sens des hommes quand ils nous refusent une « âme » alors qu’ils font frauduleusement appel à nos sentiments d’honneur ou de fidélité. Mais le malentendu infranchissable débute avec l’idée que nous ne serions qu’animales. Naturellement hostile à se définir selon l’esprit, la femme ne se voit autrement que dans sa passibilité corporelle, mais voilà, son corps est bien son âme, et peu importe qu’elle soit une femme laide : outre le fait qu’une femme disgraciée physiquement mais intelligente exerce d’autant plus d’attraction sur les hommes qui du même coup la traitent comme leur semblable, une laide malgré cette dissimulation ou cette compensation est toujours assez femme pour cacher les moyens dont dispose une jolie fille ; ces moyens sont les mêmes et tous les hommes peuvent y succomber.
Commenter  J’apprécie          10
A l’inverse de l’âme croyante qui se définit par la présence de Dieu en elle comme sa propre affirmation, l’âme de Sade, cachant son exaspération foncière sous une conscience athée, se définit de prime abord comme sa propre négation. Il s’agit pour cette âme d’oublier sa blessure secrète, ce à quoi elle ne parvient qu’en aliénant Dieu, son Créateur et Juge ; car Dieu, comme l’image de la vierge, est le rappel douloureux de la virilité maudite. Elle se détourne donc de l’éternel, de son fond divin, pour se livrer tout endère à la rêverie, à une contemplation rêveuse du temps qui raine les êtres et les choses, dans l’espoir de l’oubli et de ia destruction de son souvenir essentiel. Ainsi la conscience athée née de l’âme blessée de Sade cherche à en renier l’immortalité avec l’existence de Dieu, tout en obéissant au chagrin de cette âme reniée. Cette conscience, en étouffant le remords pour obtenir l’oubli, voudra déprécier purement et simplement ce que l’âme aura vécu antérieurement ; et, dans le mouvement de sa rêverie, elle s’imaginera être libre, en recommençant à projeter un acte (déjà projeté, voire accompli jadis), dont il ne reste en apparence nulle trace en elle ; alors qu’en réalité, si elle recommence à le projeter et croit le pouvoir recommencer impunément (à l’instar du personnage fictif qu’elle conçoit à cette fin)31, c’est que l’acte antérieur n’ayant pas été sanctionné moralement, exige d’être agi une nouvelle fois, l’âme ayant un besoin secret mais absolu, d’avoir commis cet acte et ne pouvant en avoir l’acquit de conscience qu’en en ayant assumé la responsabilité ; tant et si bien qu’à se proclamer irresponsable par l’organe de sa conscience athée, l’âme de Sade n’en éprouve que plus fortement le besoin de s’affirmer dans un acte coupable.

C’est pourquoi une même situation délictueuse que ce rêveur imagine ne cesse pas de se représenter à son esprit : le temps vide de leur contenu les actes délictueux du passé et laisse subsister l’image des choses auxquelles ces actes se rapportent ; l’image des choses et des êtres devient une présence provocatrice d’actes nouveaux dont le projet ne parvient pas à épuiser la provocation.
Commenter  J’apprécie          10
https://www.leseditionsdeminuit.fr/livre-R%C3%A9vocation_de_l%E2%80%99Edit_de_Nantes_(La)-1678-1-1-0-1.html
Commenter  J’apprécie          00



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Pierre Klossowski (101)Voir plus

Quiz Voir plus

La Mécanique du Coeur

Quand Jack est-il né ?

en 1 873
en 1 891
en 1 874

13 questions
5 lecteurs ont répondu
Thème : La mécanique du coeur de Mathias MalzieuCréer un quiz sur cet auteur

{* *}