AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre Pelot (427)


C'est encore toujours, des gens qui s'en vont. Les bras chargés de vies, les leurs et celles aussi de ceux et celles qui les regardaient aller et venir. Ne laissent dans la boue séchée de leurs pas que des souvenirs implantés jusqu'à ce que mort s'ensuive.
Ceux qui restent apprendront à marcher dans le vide. Marchent sur l'eau tant que la glace tient bon. Cela s'acquiert au jour le jour. Chaque matin faisant, il convient de se souvenir encore des orages pour pouvoir avancer.
Commenter  J’apprécie          52
J'en profitais pour examiner mieux le petit vieux, mon guide. C'était un petit vieux qui était petit, et vieux -c'est encore la meilleure description que l'on puisse en faire.
Commenter  J’apprécie          50
Quand le malaise était-il né ? Exactement ?...
Il ferma les yeux, chercha. Ce n'était pas facile ; c'était presque déjà trop tard. Il fallait fuir ce corps en forme de piège, s'extirper rapidement de l'entrelacs serré des ondes douloureuses qui lui martyrisaient le crâne. Sortir de soi. Chercher..., plonger au coeur même du malaise froid.
Chercher... Se souvenir.
Commenter  J’apprécie          50
A son retour de l'hôpital, P'pa béquilla en long et en large d'un bout à l'autre d'une convalescence qui l'amena au printemps. Il se remettait difficilement de sa dégringolade de l'échelle, ou de son hospitalisation – ou des deux. Il avait pris un coup de vieux. Ses cheveux, qui restaient drus, avaient blanchi, pas seulement aux tempes -pour s'en apercevoir, il fallait bien sûr que le Grand Marcel retirât sa casquette, ce qu'il ne faisait pratiquement plus ; il devait se laver avec, quand il se lavait, dormir avec... Les rides de son visage semblaient s'être creusées plus profondément en quelques jours. Mais c'était son regard, surtout. Un regard de verre dépoli qui traversait les choses sans s'y arrêter, dans lequel la lumière se dissolvait et se fondait, s'engloutissait.
Commenter  J’apprécie          50
-Il est fou, Sky, d'une certaine manière. Fou et désespéré. Comme il savait ne jamais être un oiseau, ni pouvoir s'échapper de notre monde inondé, il croyait ne jamais vous mériter... Ne croyait pas une seconde que vous puissiez vous intéresser à lui. Vous étiez L’IDÉAL, comme un oiseau peut l'être. L’IDÉAL, Sky, on sait très bien que ça ne s'attrape pas, que ça ne se laisse pas apprivoiser...
Commenter  J’apprécie          50
Ce n’était pas un film. Des séquences de mémoire, hachées, et qui se rassemblaient vaille que vaille, en dépit du bon sens, suivant une chronologie éclatée, dispersée. Ou bien, qui sait, pas si dispersée que cela. L’impact émotif jouait probablement un rôle dans l’ordre des résurgences.
Commenter  J’apprécie          50
Les bruits qui courent, comme ceux-là, finissent bien par arriver au but. Ça commence par un murmure et ça finit par un grand bêlement.
Commenter  J’apprécie          50
Caleb recula de quelques pas d'automate et s'immobilisa. Il pouvait voir la silhouette noir et brun de la jeune fille dans les flammes, après que la couverture fut réduite en cendres rouges. Il vit se crevasser et disparaître la chemise, sur le maigre corps tout en angles, déformé, qui bougeait et fumait par ses orifices, alors que la tête embrassée basculait en arrière et que le pubis grillait comme une bulle de résine, puis les flammes cachèrent l'abominable effondrement après qu'un bras déplié se fut tendu pour désigner la véritable nuit au-delà du cercle palpitant et rouge, cherchant à situer le seul témoin. Il s'accroupit.

Il regarda jusqu'au bout, jusqu'aux dernières cendres fumantes, au centre de l'espace dégagé. Bien après que sa propre peau eut cessé de cuire, refroidie, et que les larmes eurent cessé de couler, aussitôt sèches, à peine le temps d'exister.
Commenter  J’apprécie          50
... Respirant les présences de ces autres-là, jamais vus, jamais vus du plus loin qu'elle pouvait faire revenir en elle les images de toute sa vie.
Commenter  J’apprécie          50
«On ne tue pas facilement un enfant, dit-elle. Vous savez bien qu'ils ne sont rien d'autre que des enfants, de terrible enfants, sous leurs carapaces de muscles... Et ils veulent gagner, gagner encore, gagner toujours, pour qu'on les admire, pour qu'on les aile... C'est parfois ce qui arrive : on les aime. On aime un enfant, et il faut le tuer.»
Commenter  J’apprécie          50
A cette saison de baguenaudes la rivière se la coule douce, on voit passer dans ses eaux d'ambre les ombres brusquement traçantes des ses truites, il y a des pêcheurs assis à l'ombre de ses rives, la paupière lourde, installés pour la sieste plus que pour l'attrape.
Aux hivers raidis, elle pince la gueule et s'encroûte les entournures ; ses rives s'enfouissent sous des bourrelets blanchâtres de vieilles chevelures pétrifiées ; sous les racines tordues dans les trous noirs de la berge ganguinent des glaçons.
Commenter  J’apprécie          50
Se faire une tranquille conversation à soi-même pour lutter contre l’isolement , et les effrayants assauts de paranoïa
Commenter  J’apprécie          40
La chance, tu l'as dans tes pas, ou tu ne l'as pas. Ce n'est pas plus compliqué que cela. Ça va, ça vient. Un jour c'est blanc, le lendemain c'est noir. Qu'y faire ?
Commenter  J’apprécie          40
La mort est la meilleure des maquilleuses. Elle vous déguise un fumier en héros comme rien !
Commenter  J’apprécie          40
On l'appelait "la Rivière du Mort". Un jour, sur le haut cours, des Indiens Delawares avaient massacré un groupe de chasseurs de fourrures anglais. C'étaient des Anglais qui avaient baptisé la rivière.

Seule, sans aide aucune, la rivière se chargeait parfois de tuer, d'un revers de vague, dans le sursaut démonté d'une chute écumante.

Ce jour-là, elle était sage, parcourue dans ses maigres remous de pacifiques intentions. Elle avait retrouvé la chanson des printemps, et l'odeur, et les fous rires incontrôlables de la première saison. Cette chanson lui allait bien, même si les paroles ne venaient pas encore parfaitement, empêtrées dans des squelettes de glace, aux rives bourdonnantes.

Sur la rivière, le long canoë d'écorce glissait doucement, sans autre bruit que celui des pagaies frappant l'eau régulièrement. Il y avait deux hommes, à bord du canoë ; l'un pagayant "d'avant", l'autre "d'arrière". Entre eux, les ballots de fourrures de trois saisons de chasse.

C'était un printemps neuf. La première saison, celle des réveils et des retours. En 1740, peut-être...

Peut-être, car justement, ces hommes dans le canoë revenaient. Et, depuis trop longtemps, retirés hors de toute civilisation, dans le haut pays d'Ohio, et même plus loin encore ; ils ne savaient plus. Des retours tels que celui-là ont fameuse couleur... Ils ne savaient plus l'année exacte.

Cela n'avait guère d'importance.
Commenter  J’apprécie          40
Des fous, des malades, puisque la bonne santé d'un individu se mesurait à son degré de malléabilité.
Commenter  J’apprécie          40
Droit et justice ! La meilleure marque de maquillage qui soit au monde, résultat garanti.
Commenter  J’apprécie          40
La nature avait préparé pour lui une solution finale. Ce n'était pas tant qu'on le ferait mourir ; c'est que l'espèce en lui se mourait, et qu'il procréait de moins en moins d'enfants "normaux". (p.12)
Commenter  J’apprécie          40
Lui donnerait la figurine, et après ? Il ne l'avait jamais fait mais il était persuadé qu'il saurait le faire. Et si elle le lui avait demandé, à lui, si elle avait offert en contrepartie ce qu'elle avait donné, ce n'était pas seulement pour ses beaux yeux ni quérir au plus facile, et si elle vait accepté ce qu'il lui avait demandé nombreusement plus que nécessaire et si elle avait feint de croire les raisons qu'il donnait à sa lenteur d'exécution de la chose, ce n'était pas non plus à plaisir mais bien parce qu'elle n' ignorait pas qu'il était l'homme le plus approprié à la situation - et il savait bien qu'elle avait raison.
Savait pertinemment qu'il était le seul homme capable de faire passer par cette boule de cire les forces asservies du Malin complice et de les lancer avec succès contre sa victime lointaine. Le savait bien, Il y avait longuement songé. Pas si longuement que cela en vérité, avant d'en être persuadé. Toute sa vie chargée de ténèbres et creusée de gouffres et traversée de pans abrupts enchevêtrés se dévoilait progressivement pour l'en convaincre dès qu'il écartait une faille sur ces remous de silence bouillonnant qu'il portait en lui, n's avec lui du ventre marqué de la sorcière.
Commenter  J’apprécie          40
Moh'hr dit qu'un temps arrive où les territoires ne sont plus bons pour les hommes dessus parce que les choses à manger sont moins nombreuses et que les hommes dessus le sont davantage puisque d'autres hommes jamais vus arrivent et font des abris sous lesquels ils s'installent. Alors il faut laisser ceux qui arrivent ; il faut partir vers ce qui attend les hommes plus loin. Il dit que « plus loin » attend les hommes sans jamais fermer l’œil.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Pelot Voir plus

Quiz Voir plus

Virginie Grimaldi ou Agnès Ledig

Juste avant le bonheur ?

Virginie Grimaldi
Agnès Ledig

10 questions
64 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}