Sur l'écran noir de mes nuits blanches ...
Les Vosges, la veille du confinement pour cause de virus, un homme voyage.
Un homme seul sur un quai de gare, tout dans son attitude donne l'impression d'un non-retour, un homme qui a perdu le lien essentiel de son ancrage.
Arrivé à destination, il a tout du chien qui s'ébroue avant de prendre une direction.
Lui sait où il va, à l'hôtel
Pierre Rouge, Donovan Donolly est un journaliste caricaturiste en rupture de ban avec les modes du monde contemporain.
Le lecteur, dès les premières pages, sent que Donovan n'est pas là par hasard.
Alison Fater, la patronne de l'hôtel, l'accueille chaleureusement et lui fait une place dans son monde qui prend un drôle de visage. Non seulement son activité va être en berne et des tarés mutilent et tuent des chevaux.
Dans ce monde comtois, Donovan se coule sans difficultés, il est attentif sans en faire trop, très vite le passant pourrait croire qu'il fait partie du pays.
Son arrivée interroge, certains sont curieux d'autres plus taiseux et dans l'observation.
Mais Donovan est au pays de la mémoire.
Je n'en dirai pas plus.
Je suis toujours fasciné par l'art du conteur que maîtrise
Pierre Pelot, il vous embarque des les premiers mots, je dirai plus, dès les premières images.
Ici, pour ceux qui suivent cet écrivain depuis cinquante ans, on ressent l'histoire intime dite par la fiction. Les mots il les connait, la langue française il maitrise à la perfection.
Dans cette narration le présent et le passé sont imbriqués comme deux corps dans une étreinte.
Il dit l'amour de deux êtres qui donne un fruit unique. le lien avec l'enfant qui se construit et qui est exceptionnel, il dit l'ancrage dans un lieu et ses paysages. Il dit la vie qui passe avec son lot de bonheur et de malheur.
Il dit la vie.
Mais Donovan a en lui, gravé, le balancier de l'horloge qu'une main arrête à l'heure exacte du décès jusqu'à l'enterrement. Mais, parfois, l'envie de refaire partir le temps n'arrive jamais.
Chez Pelot, l'écriture dit toutes les émotions de la plus infime à la plus explosive, tout est dans la mise en scène des phrases qui retracent le contexte celui d'une France comme je l'aime.
Un Pelot est toujours un évènement pour notre belle littérature française.
Je partage cet amour de la terre, des saisons, cet émerveillement sur de petits riens qui font une vie.
« Il convient de
se souvenir encore des orages pour savoir avancer. »
©Chantal Lafon
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