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Citations de Pierre Pelot (427)


C'était un loup de forte taille, qu'à première vue les mois secs d'enfer n'avaient pas trop méchamment damné. La boue gantait de crottes baveuses ses pattes antérieures, jusques aux coudes. Son pelage épais, gris sur les flancs, fauve et sombre de l'échine au râble, lui faisait comme une cote d'écailles épaisses et lisses qui s'ajustaient à ses muscles raidis quand passait la bourrasque. La crinière drue qui lui pendait du garrot au poitrail en un collier de mèches filiformes découvrait, s'il tournait légèrement le cou vers la gauche, une estafilade sombre qui pouvait aussi bien avoir été ouverte par la griffe, le croc ou l'épine. Une égratignure, rien de grave, qui ne lui avait même pas fait tomber le poil et datait d'avant le retour des pluies.
Il regardait la brume écorchée par l'averse. Parfois, clignait d'un œil si une goutte s'écrasait proche des noires pupilles fendues sur son âme de loup ou becquait un peu fort une partie sensible de son museau.
Assis-là, sur le bord d'une trace depuis longtemps sans odeur, gardien et surveillant attentif des ombres camouflées dont le calvaire de granit rongé et déserté ne soupçonnait même plus la possible existence.
Ce n'était pas un loup solitaire, il n'en avait ni l'allure ni le peu de patience, à rester là comme sa propre dépouille pendue au-dessus de sa présence pétrifiée sous les coups en écharpe des ébrouements diluviens. Ce n'était pas un banni, rogue et abandonné. La marque de sa solitude n'avait pas imprimé son regard, ni son attitude. C'était un loup de meute, sans aucun doute un des meneurs. Probablement le mâle du couple meneur.
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On rit, on rit jaune, on tremble, on pleure. Tout va crescendo vers l'inéluctable ! Une vraie BD-polar. Drôle, dure comme la vie mais parfaite. Il n'y a rien à ajouter !
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Les saisons se suivaient comme des loups marchant chacun à la queue de l'autre.
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La lumière de la rue s'infiltrait par les fentes du volet roulant et esquissait des tentatives sauvages d'identification des lieux, dans la chambre. Dehors, partout, sur la rue et le bourg, le monde, pesait un silence d'enfer mort.
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Les beaux rêves,c'est les yeux grands ouverts qu'ils se fabriquent.
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C'est ainsi, ce n'est pas simple ni facile de vivre la fin du monde, d'avoir des parents qui vivaient déjà la fin du monde, d'espérer des enfants qui conserveront à l'espèce le triste privilège de durer encore un peu, un petit peu, pour vivre toujours la fin du monde...
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On lui avait dit le massacre des Sioux à Man Kato, en 62, le lendemain de Noël, et il avait vu les trente-huit corps d’Indiens sioux se balançant dans le matin aux cordes des gibets. On lui avait parlé du massacre des Cheyennes du Sud, en 64. Il avait appris et retenu des noms… Sand Creek… Curtis… Fort Leavenworth… des phrases : «  Pas de paix jusqu’à ce que les Indiens souffrent davantage », toujours des phrases : «  L’Indien est un obstacle à la civilisation, il doit être exterminé. » Il avait appris et retenu des noms tels que «  Black Kettle »… Black Kettle qui, au matin du 29 novembre 1864, avait hissé au sommet de sa tente le drapeau américain et le pavillon blanc, un peu avant que les soldats chargent pour quatre heures de carnage qui devaient coucher à terre plus de cent Cheyennes et Arapahoes, femmes, enfants, vieillards. Il avait vu les papooses rejoints dans leur course par les soldats ivres de sang, les papooses que l’on tue en les cognant contre la pierre, comme on tue les chats…
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De cet endroit sous la lisière, on n'apercevait rien du creux profond de la vallée où se trouvaient les maisons; l'inclinaison de la pente était trop forte. Au bas du pré, à une centaine de pas, la broussaille non sarpée et le hallier de charmilles et de hêtres trop hauts empêchaient la vue de glisser plus au fond de la colline.

C'était la première année qu'elle menait ses blanches bêtes aux champs de ce côté, sur l'adret du vallon.

Sur les terres de répandisses arrentées à Pierre-Prix Sauvé.

Les blanches bêtes de Pierre-Prix Sauvé, et non plus celles de Flavien Favier à qui il ne restait que trois malheureuses chèvres galeuses et la permission accordée par Sauvé de les mêler à celles de son troupeau.

Il lui avait fallu s'habituer à cette trentaine de bêtes, ce tournoiement de cornes et de naseaux et de petites queues dressées parcouru de bêlements, comme une espèce de bloc en tourbillon qui semblait être constitué pour n'en faire qu'à sa guise, au mépris total de ce que leur chevrière pouvait avoir décidé. Les six ou sept qui avaient constitué le plus fort de son troupeau d'avant lui semblaient d'un autre âge. Pareillement elle avait fait son deuil de cette lointaine accoutumance prise à soutenir les froidures des nuits en leur chaude et odorante compagnie. Pierre-Prix Sauvé son maître ne voulait pas entendre parler de ces façons-là. Elle dormait dans le grenier à foin, derrière les portes de la bouâtcherie. Le plus près possible des battants dont elle ne rabattait point la barre...

D'abord, elle renifla la senteur caractéristique et se dit qu'on brûlait les coques de choux au bord d'un champ, ou les grands roseaux du long de la rivière, quelque tas de vieux foin non ramassé; puis elle vit la fumée. Une fumée trop blanche qui montait en épaisses volutes paresseuses au-dessus du hallier bordant le bas du pré.

La matinée était claire, le ciel d'un bleu laiteux, des vapeurs de rosée aux pattes des bruyères. Une septaine passée la Nativité Notre-Darne - tout le village avait alors processionné, sauf elle, qu'on eût dite seule de tous les entours exclue de la ferveur psalmodiée à coups de cantiques jetés à la volée dans la rouille des haies qui bordaient le trajet propitiatoire, elle qui les avait regardés passer, avec leurs mines réjouies, leurs bannières brandies par des enfants à peine moins grands qu'elle (et ceux à peine plus grands que la gamine que ce défilé de couleurs et de bruits apeurait et qu'elle serrait dans ses bras), toutes deux, elle et la gamine, plantées là en haut du chemin sous leurs regards réprobateurs et hautains que la foi leur taillait sur mesure, bon Dieu ! si elle se souvenait de la fête de la Nativité, une septaine paravant...

Elle jeta un regard derrière elle du côté des biques et de la gamine accroupie à quelques pas dans une flaque de soleil.
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Oui, je reviens, Syane. Ne te fais plus de souci, j'ai un fameux cadeau. On va continuer à vivre ou à faire semblant, le temps de s'habituer. Après tout, c'est une manière comme une autre, non ? Vivre en ne vivant pas. Écrire des histoires et respirer dans ces paysages-là. Dire "je t'aime" à défaut de mieux, brûler le bonheur attrapé comme la mèche d'une de ces bougies perpétuelles contre la fumée des cigarettes. Le bonheur attrapé par une aile. Syane, bon Dieu. Toute la droiture et la générosité du monde comme un bâton merdeux caché au cœur d'une gerbe de roses. Syane. Et c'est encore par amour, parfois, qu'on ne dit pas aux gens qu'on les aime.
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Le passage à Rio del Gato avait agi comme un baume bienfaisant. Voilà que Caïne sifflotait en conduisant, que de petits sourires fleurissaient sur le visage de Lice, plus nombreux en quelques heures que n’en avait jamais vu Caïne depuis qu’il la connaissait. Et elle parlait. De tout, de rien, surtout de ce qu’ils avaient vu dans la bourgade vivante et des chances qu’on pouvait avoir d’étendre l’expérience à tout le territoire des mangeurs d’argile. Ils prirent ainsi un bain revigorant d’utopie.
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La planète des Moor'woks n'avait pas de nom propre. Ce n'était pas nécessaire. Parfois, lorsqu'ils en parlaient, ils disaient simplement "le Monde", et c'était bien suffisant.
Bien suffisant.

(incipit).
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« Nous contrôlons tout ce que vous allez voir et entendre. Votre Twilight zone n'est pas près de passer ! Cela n'avait plus aucune importance. La scène qu'avaient suivie tous les Américains n'étaient pas une fiction. Le monde venait enfin de pénétrer dans une nouvelle dimension. »
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C’était pourtant bien du bonheur, nom que l’on donne à ce frisson plat dont on surprend parfois la coulée dans les veines, du bonheur aussi de le savoir et d’en ressentir cette sensation de précarité essentielle. Il apparut à Zan que le bonheur sous cape pouvait aussi rire en tranchant.
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L'abdomen du type s'ouvrit comme un sac de grain trop rempli.
Elle hésita un instant, puis avança un pied pour tâter.
C'était chaud! Et mou et humide et visqueux! Les muscles étaient déjà rigides, mais l'abdomen restait souple. alors elle avança l'autre jambe et, debout comme une nymphe dans une fontaine, elle prit un bain de viscères.
Un long moment, Polynésie resta plantée, immobile, dans ces remous d'intestins fumants qui lui mangeaient les jambes jusqu'à mi-mollet; l'éventré la regardait fixement, bouche ouverte et mâchoire déboîtée - mort, et, semblait-il, très étonné de l'être, avec ce petit bout de fille planté dans ses boyaux...
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C'est surtout dans le premier roman de la série que l'ancrage historique est fort et précis puisque les actions s'échelonnent d'avril 1864 en Géorgie jusqu'à la fin de la guerre, en avril 1865, dans le sud Tennessee.
[...]
Ces jalons spatio-temporels sont assez forts pour permettre au mythe de rejoindre l'histoire pour un western à la fois humaniste et démystificateur sans avoir été touché par les outrances du western-spaghetti, naissant au coeur de ces années 1960-1970.
[...]
De corps, Dylan Stark ne ressemble déjà plus au héros du western classique, avec ce physique un peu trop appuyé de métis, ces yeux d'indiens.
Sa dégradation militaire et les misères de la guerre aggravent le tableau : "ses cheveux longs et noirs étaient emmêlés, gris sous la pluie. Un reste d'uniforme : pantalon d'un jaune douteux, veste grise à même la peau, bottes éculées vêtaient son grand corps dégingandé, tout en os et muscles longs".
(extrait de l'introduction du recueil "Dylan Stark Intégral 2" paru aux édition "Lefrancq littérature" en 1998)
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- Les mondes parallèles, souffla Arian.
- Oui, dit Laram. C'est là qu'il faut nous réfugier. Sur un autre visage de notre planète, dans l'un de ces milliards de reflets qui nous sont invisibles, mais qui existent. (p.71)
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Voilà qu'il s'enlisait dans un de ces moments rares à la texture composée de plusieurs sortes de petits bonheurs d'une mystérieuse banalité. (p.113)
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C'était flagrant : elle ne fleurirait jamais dans la race des autres ; elle resterait enfermée jusqu'au final dans la prison de son corps. Une mangeuse d'argile, comme on disait chez ceux qui étaient sûrs, eux et leur descendance, d'être exclus du futur : un nom qui exprimait leur attachement farouche, désespéré, aux racines ancestrales, à la terre concrète, à la chair et au sang, en opposition aux Supérieurs qui leur semblaient si détachés de ce passé, si différents - beaucoup plus différents que supérieurs, en fait...
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Ce que je veux, c'est ne pas crever ici, en attendant des provisions qui ne viendront pas, dans cette saloperie de neige ! C'est ça que je veux ! Vivre encore ! Vivre autrement que dans une grotte où tout le temps les vieux parlent des temps passés, quand il y avait de la lumière et un soleil dans le ciel ! Foutre le camp ! Sortir de cette merde qui est faite de regrets, d'amertume, de mort et d'infinie patience ! Je vomis votre sagesse !
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Le soir approchait . La lumière du jour avait péniblement supporté le poids du ciel depuis l'aube
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