Citations de Pierre Rabhi (889)
J'évoque assez souvent cette question dans mes conférences ; j'y attire l'attention du public sur l'itinéraire des êtres humains au sein de la modernité : de la maternelle jusqu'à l'université, ils vivent un enfermement. Le vocabulaire que nous employons au quotidien en est, sans que nous en ayons conscience, représentatif : certains d'entre nous se rendent dans des casernes, pendant que d'autres travaillent dans de petites ou de grandes " boîtes ". Même pour nous divertir, nous allons " en boîte ", et comment ? dans nos " caisses ", bien sûr ! Il y a même les " boîtes à vieux ", avant que notre itinéraire ne s'achève, lui aussi, dans les boîtes ultimes, en un repos que rien ne peut plus troubler.
L'ère du travail en tant que raison d'être a pour corollaire l'immodération appelée par l'argent et les nouvelles choses à acheter.
Nos connaissances ont pu nous expliquer comment une humble graine germe et perpétue la vie, mais n'ont jamais élucidé le pourquoi de la vie.
Un jardin, une forêt, un lac, un animal sauvage, un enfant ou même un simple grain de blé témoignent de l'extraordinaire puissance du mystère à l'oeuvre et de sa vertigineuse perfection. L'ensemble de cette "création" tente chaque jour de nous dévoiler l'immensité sans pareille de ses trésors au service de notre survie et de l'enchantement de nos vies.
C'est peut-être parce que les hommes n'ont plus respecté les arbres, n'ont plus respecté les animaux, n'ont plus respecté la terre, que tout se rebiffe contre eux.
Je rêve souvent à l'avènement d'un nouveau paysan gouvernant sa petite ferme comme un souverain libre en son petit royaume.
Notre relation avec la mort est très contradictoire. D'un côté, dans les hôpitaux, on cherche à la repousser à tout prix, et de l'autre nous dépensons un temps, un budget et une énergie considérable à l'art de tuer. Nous fabriquons des armes, nous tuons la terre qui nous nourrit, nous polluons l'air que nous respirons et l'eau qui nous est vitale. Jamais une civilisation ne s'est autant dévouée à la mort ! La mort nous fait peur, mais nos instincts de meurtre et de destruction demeurent, c'est la grande tragédie de notre histoire !
La sobriété est une option heureuse qui produit une vie allégée, tranquille et libre.Le bonheur n'est pas dans la possession, l'avoir, mais dans l'être.
mon enfant, nous devons tous deux apprendre à cheminer cote à cote. Mon rôle est de designer les choses à ta propre appréciation et non de faire valoir mes gouts ou mes croyances personnels. En dépit de mes propres doutes et de mes maladresses, c'est avec amour que je suis ton guide.
alos, mon pouvoir s'amenuisant en même temps que s'éveille ta conscience, je te souhaite, mon enfant, d'être au lieu de paraitre.
Remettre l'humain et la nature au coeur de nos préoccupations.
Si nous avions organisé la vie avec humanisme, nous n'aurions pas besoin de l'humanitaire.
L'avidité est devenue la plus grande des raisons d'être de ce bipède si étranger à lui-même qu'il pense que l'accumulation viendra à bout de son angoisse de la mort.
Dans la quasi-totalité des traditions, le temps ne semble pas avoir de configuration particulière. Il est comme immobile, et le destin humain y inscrit ses cycles, naissances, morts, filiations. […] Ce temps est de nature cosmique. Pour les hommes des origines, qui n’ont cure des anniversaires et autres mesures de la durée, il semble que ce n’est pas le temps qui passe mais nous qui passons pour aller vers un ailleurs pressenti, mais tout aussi réel que l’ici-bas.
Fabriquer des bombes atomiques ou des missiles ultraperfectionnés nécessite beaucoup d'aptitudes mais il n'est pas intelligent de les produire, sachant le désastre inouï qu'ils peuvent provoquer.
La machine à produire le PIB des nations a besoin d'un être humain consommateur, consommé et consumé, presque à son insu.
La nourriture aujourd'hui est tellement toxique que, quand on se met à table, plutôt que de se souhaiter "bon appétit", on devrait se souhaiter "bonne chance".
Un jour, dit la légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés et atterrés observaient, impuissants, le désastre. Seul, le petit colibri s'active, allant chercher quelques gouttes d'eau dans son bec pour les jeter sur le feu.
Au bout d'un moment, le tatou, agacé par ses agissements dérisoires, lui dit :
- "Colibri! Tu n'es pas fou ? Tu crois que c'est avec ces gouttes d'eau que tu vas éteindre le feu ?"
- ''Je le sais, répond le colibri, mais je fais ma part."
Telle est notre responsabilité à l'égard du monde car nous ne sommes pas totalement impuissants si nous le décidons.
Quoi de plus épanouissant que d'avoir du temps pour soi et pour ses proches, de vivre dans la nature, de fabriquer et construire avec ses mains, d'habiter son corps en conscience, de pouvoir apprécier le silence ou le chant des oiseaux, d'échanger paisiblement avec ses enfants, de déguster ses propres productions alimentaires, d'avoir du temps pour créer...
Consommer, au risque de toutes les obésités physiques et psychiques, est de fait une sorte de devoir civique, reposant sur une manière d'ascèse inversée, où insatiabilité et insatisfaction alternées constituent les deux mamelles de l'économie. Gratitude, modération sont les sentiments et vertus qu'Homo economicus, rouage d'une gigantesque machine mondiale, doit résolument abolir, car ils sont dangereux pour le métabolisme de la pseudo-économie qui tient le monde à la gorge.
Les vieilleries de notre grenier psychologique , nous les traînons alors qu'il faudrait apprendre à s'en débarrasser.