Citations de Pierre Rabhi (868)
Il nous faudra répondre à notre véritable vocation, qui n'est pas de produire et de consommer jusqu'à la fin de nos vies, mais d'aimer, d'admirer et de prendre soin de la vie sous toutes ses formes.
Dans les années 1980, un camion de tomates a quitté la Hollande pour livrer l'Espagne. Dans le même temps, un autre camion de tomates part de l'Espagne pour livrer la Hollande. Les deux camions ont fini par se percuter sur une route française ! Cette anecdote vraie est une caricature qui devrait nous faire méditer sur l'absurdité de notre système...
On voit s'ériger des générations d'enfants qui faute d'un éveil à la vie sont réduits à n'être que des consommateurs insatiables, blasés et tristes. (p.97)
Comment se fait-il que l’humanité, en dépit de ressources planétaires suffisantes et de prouesses technologiques sans précédent, ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s’abriter, se soigner et développer les potentialités nécessaires à son accomplissement ?
En même temps que le réenchantement du monde que nous aurons à accomplir, la beauté étant à l'évidence une nourriture immatérielle absolument indispensable à notre évolution vers un humanisme authentique, nous devons également et impérativement trouver une façon juste d'habiter la planète et d'y inscrire notre destin d'une manière satisfaisante pour le cœur, l'esprit et l'intelligence. J'entends par beauté celle qui s'épanouit en générosité, équité et respect. Celle là seule est capable de changer le monde, car elle est plus puissantes que toutes les beautés créées de la main de l'homme, qui, pour foisonnantes qu'elles soient, n'ont pas sauvé le monde et ne le sauveront jamais. En réalité, il y va de notre survie. Le choix d'un art de vivre fondé sur l'autolimitation individuelle et collective est des plus déterminants; cela est une évidence.
Une agriculture qui ne peut produire sans détruire porte en elle les germes de sa propre destruction. (p.70)
"La Terre... Combien sommes-nous à comprendre cette glèbe silencieuse que nous foulons toute notre vie ? Pourtant, c'est elle qui nous nourrit, elle à qui nous devons la vie et devrons irrévocablement la survie"
Plutôt que proclamer des vérités interprétables de mille manières selon les convenances de chacun, je préfère nous inviter mutuellement à nous unir pour servir et promouvoir des valeurs simples telles que la bienveillance à l'égard de ceux qui nous entourent, une vie sobre pour que d'autres puissent vivre, la compassion, la solidarité, le respect et sauvegarde de la Vie sous toutes ses formes.
Il ne suffit pas de se demander : "Quelle planète laisserons-nous à nos enfants?"; il faut egalement se poser la question :"Quels enfants laisseront-nous à notre planète?"
Comment se fait-il que l'humanité, en dépit de ressources planétaires suffisantes et de prouesses technologiques sans précédent, ne parvienne pas à faire en sorte que chaque être humain puisse se nourrir, se vêtir, s'abriter, se soigner et développer les potentialités nécessaires à son accomplissement ?
Comment se positionner par rapport aux catastrophes écologiques graves à venir sur notre planète ?
Pierre Rabhi : Je dirai en préambule que les catastrophes sont déjà là : il faut en effet se garder d'une vision restrictive à l'occidentale. Je trouve qu'il y a une planétarisation des phénomènes et les conditions climatiques n'épargneront ni le Nord, ni le Sud, elles ne vont pas être sélectives. Il y a comme un ultimatum qui nous est posé, de changer pour ne pas disparaître. Est-il perçu ? J'ai des doutes quand je vois l'accent mis par les sociétés sur des futilités au détriment des urgences globales.
J'ai bien peur que les conséquences de nos inconséquences nous mènent à des crises majeures, à des apocalypses biologiques diverses. L'humain moderne est de moins en moins en contact avec les forces vives de la vie, et il est pour-tant complètement dépendant d'elles pour survivre. Que deviendrons-nous sans cette terre nourricière que nous saccageons ? Il faudrait en prendre conscience et véritablement ne plus considérer la nature comme une matière uniquement exploitable, mais comme une entité vivante à respecter : il faudrait même respiritualiser tous nos rapports avec la nature !
Comment faire ? Vous-même avez été élevé au Sahara dans la religion musulmane, jeune homme vous êtes devenu chrétien par choix, à vous écouter on vous dirait panthéiste...
Pierre Rabhi : Je n'ai plus d'appartenance religieuse, mais cela n'a pas aboli ma dimension spirituelle. Je dirais même que je n'ai jamais été aussi religieux depuis que je n'ai plus de religion. Une forme de mutation s'est faite en moi lors de mon retour à la terre ici, en Ardèche : durant des années cela a été très dur, totalement prenant. Et le questionnement de l'identité, du qui suis-je entre cet héritage ancestral du sud et l'adoption des valeurs du nord, est revenu me hanter avec puissance. J'ai donc décidé d'aborder une phase de libération de toutes ces pesanteurs et appartenances à une race, à une culture, à une religion.
C'est à la lecture de Krishnamurti que tout a basculé. Cet auteur a vécu d'ailleurs ce genre d'interrogation, tiraillé entre sa culture indienne et son éducation occidentale, et il s'en est libéré, débroussaillant le chemin pour d'autres. Il s'agit en fait de quoi ? D'émerger à soi-même en dehors de toute appartenance. Et c'est ce travail de libération que je me suis mis à faire grâce à la pensée raffinée que propose Krishnamurti pour comprendre les mécanismes de la personne et les conditionnements dont on a tellement de mal à sortir sans omettre cette difficulté que l'on a d'y voir clair et d'atteindre une forme de transparence mentale... Alors s'est amorcé le processus de mutation qui a fait que ma faiblesse, vécue comme une impasse, s'est dissipée jusqu'à un élargissement de la vision dans un champ spirituel dépassant les clivages traditionnels.
Même ma vie de paysan est devenue un chemin initiatique, car je me suis rendu compte que l'esprit est partout. Ce n'est pas ailleurs, c'est ici et partout, tout est immergé dans un océan spirituel qui fonde la vie. À partir de cela, tout acte peut être sujet d'enchantement : qu'est-ce qui fait qu'une graine germe ? On peut reproduire les molécules de la graine, mais cela ne germera pas... D'une spiritualité avec configuration, je suis passé à une spiritualité sans configuration. Il faut apprendre à vivre l'indicible.
Quel fut le livre de Krishnamurti déclencheur ?
Pierre Rabhi : L'Éveil de l'intelligence, puis j'ai lu tous les autres. J'avais beaucoup lu de philosophes, mais n'avais jamais rencontré cette qualité de rigueur conduisant au fait que je suis responsable de moi-même et de mon destin. Cette mutation de la quarantaine m'a donné une énergie fantastique, qui m'a conduit à agir non plus seulement pour moi, mais pour les autres. Et pour en revenir à la crise dont nous parlions, c'est ce chemin d'éveil qui m'a conduit à expérimenter des possibles, des solutions nouvelles avec l'agriculture biologique. Pourquoi ne pas développer davantage ces solutions alternatives ? Il faut demander cela aux politiques, qui ne sont pas en phase et demeurent aveuglés par les lobbies de l'industrie chimique. Il faudrait qu'ils s'éveillent, enfin, eux aussi ! Polluer, c'est profaner, toutes les religions devraient le dire. La vie est un mystère magnifique, il y a une intelligence évidente derrière tout cela. Il serait donc temps de se rendre compte que nous faisons nous aussi partie intégrante de la vie et de la nature. La survie passera par le respect de celle-ci et par un autre rapport au monde.
Notre obsession du temps qui passe, qui est gagné ou perdu, nous fait oublier que c'est nous qui passons.
La nourriture aujourd'hui est tellement toxique que, quand on se met à table, plutôt que de se souhaiter "bon appétit", on devrait se souhaiter "bonne chance" !
Nous ne vivons pas, nous sommes conditionnés, endoctrinés, manipulés, pour n’être que des serviteurs d’un système.
Il est grand temps de reconnaître à la Nature le magistère absolu d'être la garante de toute vie et de notre survie...
Oublier ce caractère irrévocable condamne nos efforts à n'avoir aucun lendemain...
La nature offre à la fois ce qui nourrit le corps et le guérit, émerveille l’âme, le coeur et l’esprit.
Pour que les arbres et les plantes s'épanouissent, pour que les animaux qui s'en nourrissent prospèrent , pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée.
(" Manifeste pour la Terre et l'Humanisme")
Une pensée pour cet homme de conviction, plein de bon sens .
Il ne suffit pas de se demander : "Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ?" ; il faut également se poser la question : "Quels enfants laisserons-nous à notre planète ?"
La joie de vivre ne s'achète ni au supermarché ni même dans les magasins de luxe.
Dans la nature, le lion ne prélève pas au delà de ce qui lui est nécessaire. Il n'a pas d'entrepôt ni de banque d'antilopes.