Citations de Pierre de Marivaux (578)
FRONTIN - […] à Paris, ma chère enfant, les cœurs, on ne se les donne pas, on se les prête, on ne fait que des essais. (I, 4)
FONTIGNAC : Un jour vous vous trouviez avec un dé ces Messieurs. Jé vous entendais vous entréfriponner tous deux. Rien dé plus affétueux qué vos témoignages d’affétion réciproque. Jé tâchai dé réténir vos paroles, et j’en traduisis un pétit lamveau. Sandis ! lui disiez-vous, jé n’estime à la cour personne autant qué vous ; jé m’en fais fort, jé lé dis partout, vous devez lé savoir ; cadédis, j’aime l’honnur, et vous en avez. De ces discours en voici la traduction : maudit concurrent dé ma fortune, jé té connais, tu né vaux rien ; tu mé perdrais si tu pouvais mé perdre, et tu penses qué j’en ferais dé même. Tu n’as pas tort ; mais né lé crois pas, s’il est possible. Laissé-toi duper à mes expressions. Jé mé travaille pour en trouver qui té persuadent, et jé mé montre persuadé des tiennes. Allons, tâche dé mé croire imvécile, afin dé lé dévenir à ton tour ; donné-moi ta main, qué la mienne la serre. Ah ! sandis, qué jé t’aime ! Régarde mon visage et touté la tendressé dont jé lé frelate. Pense qué jé t’affétionne, afin dé né mé plus craindre. Dé grâce, maudit fourbe, un peu dé crédulité pour ma mascarade. Permets qué jé t’endorme, afin qué jé t’en égorge plus à mon aise.
L'ÎLE DE LA RAISON : Acte III, Scène IV.
Pardi! Je vous prendrais bien, moi, si je n'aimais pas votre suivante un petit brin plus que vous. Conseillez lui aussi de l'amour pour ma petite personne, qui, comme vous voyez, n'est pas désagréable.
Si on savait ce qui se passe dans la tête d’une coquette … , si on savait tout ce que je dis là, cela ferait peur.
Nous autres filles, ou nous autres femmes, nous pleurons volontiers dès qu'on nous dit : « Vous venez de pleurer» (troisième partie)
CLÉANTHIS
[...] Et que faut-il donc ? Ah ! Nous y voici. Il faut avoir le cœur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. Entendez-vous, Messieurs les honnêtes gens du monde ?
Scène 10
Que la joie à présent et que les plaisirs succèdent aux chagrins que vous avez sentis, et célèbrent le jour de votre vie le plus profitable.
Quand on se repent, on est bon; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous.
Faisons du bien sans dire d'injures.
Je ne te ressemble pas, moi, je n'aurais point le courage d'être heureux à tes dépens.
Oh quand je suis gai, je suis de bonne humeur.
Que le Ciel conserve la vigne, le vigneron, la vendange et les caves de notre admirable République!
Quand on a de la colère, il n'y a rien de tel pour la passer, que de la contenter un peu.
MARTON
Oh! je m’y connais : cet homme-là vous aime, vous dis-je, et il n’a garde de s’en vanter, parce que vous n’allez être que sa femme ; mais je soutiens qu’il étouffe ce qu’il sent, et que son air de petit-maître n’est qu’une gasconnade avec vous…
HORTENSE
Franchement c’est grand dommage que ses façons nuisent au mérite qu’il aurait.
MARTON
Si on pouvait le corriger?
HORTENSE
Et c’est à quoi je voudrais tâcher ; car, s’il m’aime, il faudra bien qu’il me le dise bien franchement, et qu’il se défasse d’une extravagance dont je pourrais être la victime quand nous serons mariés, sans quoi je ne l’épouserai point…
"Flaminia.- L'aimez-vous ?
Silvia.- Je ne crois pas, car je dois aimer Arlequin."
Je frémis en l'entendant dire qu'il avait eu dessein de me tuer, ç'aurait été bien pis que d'être en prison.
ARLEQUIN
Vous savez où elle est, mon ami, mon valet, mon maître, tout ce qu'il vous plaira ?
FLAMINIA
Je connais mon sexe, il n'a rien de prodigieux que sa coquetterie.
SILVIA
On m'ôte un amant, et on me rend des femmes à la place.
Il y a comme cela des mots dont on épouvante les esprits faibles, qu'on a mis en crédit, faute de réflexion, et qui ne sont pourtant rien.