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Citations de Pierre de Marivaux (578)


" Je suis femme est je compte mon histoire. Penser se que je puis ayant vu ce que j'ose.
Crois-t-il que m’offenser soit si peut de chose"
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Dorante.

Araminte pourtant m’a dit que je lui étais insupportable.

Dubois.

Elle a raison. Voulez-vous qu’elle soit de bonne humeur avec un homme qu’il faut qu’elle aime en dépit d’elle ? Cela est-il agréable ? Vous vous emparez de son bien, de son cœur ; et cette femme ne criera pas ! Allez vite, plus de raisonnements : laissez-vous conduire.
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Dubois.

Il vous adore ; il y a six mois qu’il n’en vit point, qu’il donnerait sa vie pour avoir le plaisir de vous contempler un instant. Vous avez dû voir qu’il a l’air enchanté, quand il vous parle.

Araminte.

Il y a bien, en effet, quelque petite chose qui m’a paru extraordinaire. Eh ! juste ciel ! le pauvre garçon, de quoi s’avise-t-il ?

Dubois.

Vous ne croiriez pas jusqu’où va sa démence ; elle le ruine, elle lui coupe la gorge. Il est bien fait, d’une figure passable, bien élevé et de bonne famille ; mais il n’est pas riche ; et vous saurez qu’il n’a tenu qu’à lui d’épouser des femmes qui l’étaient, et de fort aimables, ma foi, qui offraient de lui faire sa fortune, et qui auraient mérité qu’on la leur fît à elles-mêmes. Il y en a une qui n’en saurait revenir, et qui le poursuit encore tous les jours. Je le sais, car je l’ai rencontrée.

Araminte, avec négligence.

Actuellement ?

Dubois.

Oui, madame, actuellement ; une grande brune très piquante, et qu’il fuit. Il n’y a pas moyen ; monsieur refuse tout. « Je les tromperais, me disait-il ; je ne puis les aimer, mon cœur est parti. » Ce qu’il disait quelquefois la larme à l’œil ; car il sent bien son tort.

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Araminte.

Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D’où vient que tu m’alarmes ? En vérité, j’en suis toute émue.

Dubois.

Son défaut, c’est là. (Il se touche le front.) C’est à la tête que le mal le tient.

Araminte.

À la tête ?

Dubois.

Oui ; il est timbré, mais timbré comme cent.

Araminte.

Dorante ! il m’a paru de très bon sens. Quelle preuve as-tu de sa folie ?

Dubois.

Quelle preuve ? Il y a six mois qu’il est tombé fou, qu’il en a la cervelle brûlée, qu’il en est comme un perdu. Je dois bien le savoir, car j’étais à lui, je le servais ; et c’est ce qui m’a obligé de le quitter ; et c’est ce qui me force de m’en aller encore : ôtez cela, c’est un homme incomparable.

Araminte, un peu boudant.

Oh bien ! il fera ce qu’il voudra ; mais je ne le garderai pas. On a bien affaire d’un esprit renversé ; et peut-être encore, je gage, pour quelque objet qui n’en vaut pas la peine ; car les hommes ont des fantaisies !…
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Dorante.

Cette femme-ci a un rang dans le monde ; elle est liée avec tout ce qu’il y a de mieux, veuve d’un mari qui avait une grande charge dans les finances ; et tu crois qu’elle fera quelque attention à moi, que je l’épouserai, moi qui ne suis rien, moi qui n’ai point de bien ?

Dubois.

Point de bien ! votre bonne mine est un Pérou. Tournez-vous un peu, que je vous considère encore ; allons, monsieur, vous vous moquez ; il n’y a point de plus grand seigneur que vous à Paris : voilà une taille qui vaut toutes les dignités possibles, et notre affaire est infaillible, absolument infaillible. Il me semble que je vous vois déjà en déshabillé dans l’appartement de madame.
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Adine

Vous ne m’entendez donc pas ? On vous dit que c’est à la plus belle à attendre.

Églé

On vous répond qu’elle attend.

Adine

Mais si ce n’est pas moi, où est-elle ? Je suis pourtant l’admiration de trois personne qui habitent dans le monde.

Églé

Je ne connais pas vos personnes, mais je sais qu’il y en a trois que je ravis et qui me traitent de merveille.

Adine

Et moi je sais que je suis si belle, si belle, que je me charme moi-même toutes les fois que je me regarde, voyez ce que c’est.

Églé

Que me contez-vous-là ? Je ne me considère jamais que je ne sois enchantée, moi qui vous parle.

Adine

Enchantée ? Il est vrai que vous êtes passable, et même assez gentille, je vous rends justice, je ne suis pas comme vous.
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Églé

C’est qu’il y a une grande nouvelle ; vous croyez que nous ne sommes que trois, je vous avertis que nous sommes quatre ; j’ai fait l’acquisition d’un objet qui me tenait la main tout à l’heure.

Carise

Qui vous tenait la main, Églé ? Eh, que n’avez-vous appelé à votre secours ?

Églé

Du secours contre quoi ? Contre le plaisir qu’il me faisait ? J’étais bien aise qu’il me la tînt, il me la tenait par ma permission, il la baisait tant qu’il pouvait, et ne l’aurais pas plus tôt rappelé qu’il me la baisera encore pour mon plaisir et pour le sien.

Mesrou

Je sais qui c’est, je crois même l’avoir entrevu qui se retirait ; cet objet s’appelle un homme, c’est Azor, nous le connaissons.

Églé

C’est Azor ? Le joli nom ! Le cher homme ! Il va venir.
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Hermiane

Oui, seigneur, je le soutiens encore. La première inconstance ou la première infidélité n’a pu commencer que par quelqu’un d’assez hardi pour ne rougir de rien. Oh ! comment veut-on que les femmes, avec la pudeur et la timidité naturelle qu’elles avaient, et qu’elles ont encore depuis que le monde et sa corruption durent, comment veut-on qu’elles soient tombées les premières dans des vices de cœur qui demandent autant d’audace, autant de libertinage de sentiment, autant d’effronterie que ceux dont nous parlons ? Cela n’est pas croyable.
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Angélique.

C’est bien fait. Je vous dirai donc, monsieur, que je serais mortifiée s’il fallait vous aimer ; le cœur me le dit ; on sent cela. Non que vous ne soyez fort aimable, pourvu que ce ne soit pas moi qui vous aime. Je ne finirai point de vous louer quand ce sera pour une autre. Je vous prie de prendre en bonne part ce que je vous dis là ; j’y vais de tout mon cœur. Ce n’est pas moi qui ai été vous chercher, une fois ; je ne songeais pas à vous ; et si je l’avais pu, il ne m’en aurait pas plus coûté de vous crier : « Ne venez pas ! », que de vous dire : « Allez-vous-en. »

Frontin.

Comme vous me le dites ?

Angélique.

Oh ! sans doute, et le plus tôt sera le mieux. Mais que vous importe ?
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Madame Argante, en entrant, à Frontin.

Eh ! monsieur, ne vous rebutez point ; il n’est pas possible qu’Angélique ne se rende, il n’est pas possible. (À Lisette.) Lisette, vous étiez présente quand monsieur a vu ma fille ; est-il vrai qu’elle ne l’ait pas bien reçu ? Qu’a-t-elle donc dit ? Parlez ; a-t-il lieu de se plaindre ?

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Maître Blaise.

Oui, monsieur, je serons fidèle à ça ; mais j’ons bonne espérance de n’être pas digne d’elle ; et mêmement j’avons opinion, si alle osait, qu’alle vous aimerait pus que parsonne.

Lucidor.

Moi ? maître Blaise. Vous me surprenez : je ne m’en suis pas aperçu, vous vous trompez. En tout cas, si elle ne veut pas de vous, souvenez-vous de lui faire ce petit reproche-là. Je serais bien aise de savoir ce qui en est, par pure curiosité.
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Lucidor

Je tombai malade trois jours après mon arrivée, j’ai vu des larmes couler de ses yeux, sans que sa mère s’en aperçût. Et, depuis que la santé m’est revenue, nous continuons de même ; je l’aime toujours, sans lui dire ; elle m’aime aussi, sans m’en parler, et sans vouloir cependant m’en faire un secret ; son cœur simple, honnête et vrai, n’en sait pas davantage.
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Madame Argante :
Les passions seraient bien à leur aise, si leur emportement rendait tout légitime.

(La Mère Confidente)
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TRIVELIN, se mettant en état.

Dictez.

ARLEQUIN.

Monsieur.

TRIVELIN.

Halte-là, dites Monseigneur.

ARLEQUIN.

Mettez les deux, afin qu'il choisisse.

TRIVELIN.

Fort bien.

ARLEQUIN.

Vous saurez que je m'appelle Arlequin.

TRIVELIN.
Doucement. Vous devez dire : Votre Grandeur saura.

ARLEQUIN.

Votre Grandeur saura. C'est donc un géant, ce secrétaire d'État ?

TRIVELIN.

Non, mais n'importe.

ARLEQUIN.

Quel diantre de galimatias ! Qui jamais a entendu dire qu'on s'adresse à la taille d'un homme quand on a affaire à lui ?

TRIVELIN, écrivant.

Je mettrai comme il vous plaira. Vous saurez que je m'appelle Arlequin. Après ?

ARLEQUIN.

Que j'ai une maîtresse qui s'appelle Silvia, bourgeoise de mon village et fille d'honneur.

TRIVELIN, écrivant.

Courage !

ARLEQUIN.

Avec une bonne amie que j'ai faite depuis peu, qui ne saurait se passer de nous, ni nous d'elle : ainsi, aussitôt la présente reçue...

TRIVELIN, s'arrêtant comme affligé.

Flaminia ne saurait se passer de vous ? Ahi ! La plume me tombe des mains.

ARLEQUIN.

Oh, oh ! Que signifie donc cette impertinente pâmoison-là ?

TRIVELIN.

Il y a deux ans, seigneur Arlequin, il y a deux ans que je soupire en secret pour elle.

ARLEQUIN, tirant sa latte.

Cela est fâcheux, mon mignon ; mais en attendant qu'elle en soit informée, je vais toujours vous en faire quelques remerciements pour elle.

TRIVELIN.

Des remerciements à coups de bâton ! Je ne suis pas friand de ces compliments-là. Eh que vous importe que je l'aime ? Vous n'avez que de l'amitié pour elle, et l'amitié ne rend point jaloux.

ARLEQUIN.

Vous vous trompez, mon amitié fait tout comme l'amour, en voilà des preuves.

(Il le bat.)

TRIVELIN s'enfuit en disant.

Oh ! Diable soit de l'amitié !
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Euphrosine : Ne persécute point une infortunée, parce que tu peux la persécuter impunément. Vois l'extrémité où je suis réduite ; et si tu n'as point d'égard au rang que je tenais dans le monde, à ma naissance, à mon éducation, du moins que mes disgrâces, que mon esclavage, que ma douleur t'attendrissent. Tu peux ici m'outrager autant que tu le voudras ; je suis sans asile et sans défense, je n'ai que mon désespoir pour tout secours, j'ai besoin de la compassion de tout le monde, de la tienne même, Arlequin ; voilà l'état où je suis ; ne le trouves-tu pas assez misérable ? Tu es devenu libre et heureux, cela doit-il te rendre méchant? Je n'ai pas la force de t'en dire davantage : je ne t'ai jamais fait de mal ; n'ajoute rien à celui que je souffre.
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Trivelin : Vous avez été leurs maîtres, et vous en avez mal agi ; ils sont devenus les vôtres et ils vous pardonnent.
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"...et il n'y a pas de plaisir à rire tout seul." (Arlequin à Trivelin, Acte I, scène 4)
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Madame,
On ne verra point ici ce tas d’éloges dont les épîtres dédicatoires sont ordinairement chargées ; à quoi servent-ils ? Le peu de cas que le public en fait devrait en corriger ceux qui les donnent, et en dégoûter ceux qui les reçoivent. Je serais pourtant bien tenté de vous louer d’une chose, Madame ; et c’est d’avoir véritablement craint que je ne vous louasse ; mais ce seul éloge que je vous donnerais, il est si distingué, qu’il aurait tout l’air ici d’un présent de flatteur, surtout s’adressant à une dame de votre âge, à qui la nature n’a rien épargné de tout ce qui peut inviter l’amour-propre à n’être point modeste. J’en reviens donc, Madame, au seul motif que j’ai en vous offrant ce petit ouvrage ; c’est de vous remercier du plaisir que vous y avez pris, ou plutôt de la vanité que vous m’avez donnée, quand vous m’avez dit qu’il vous avait plu. Vous dirai-je tout ? Je suis charmé d’apprendre à toutes les personnes de goût qu’il a votre suffrage ; en vous disant cela, je vous proteste que je n’ai nul dessein de louer votre esprit ; c’est seulement vous avouer que je pense aux intérêts du mien. Je suis avec un profond respect,
Madame,
votre très humble et très obéissant serviteur.
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ARAMINTE
Eh ! de quoi peut-il donc être question ? D'où vient que tu m'alarmes ? En vérité, j'en suis tout émue.

DUBOIS
Son défaut, c'est là. (Il se touche le front.) C'est à la tête que le mal le tient.

ARAMINTE
A la tête !

DUBOIS
Oui, il est timbré ; mais timbré comme cent.
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