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Critiques de Poul Anderson (452)
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Tau Zéro

Hard science et roman d'amour



Avant tout autre chose, il est important de comprendre que le roman a été écrit en 1970 et traduit 40 ans plus tard en France. A l'époque il a été finaliste du prix Hugo (remporté à l'époque par l'anneau monde de Niven).



La terre est pratiquement pacifiée. Le système solaire colonisé et déjà deux expéditions interstellaires ont été réalisées avec succès. Une nouvelle expédition vers la troisième planète de Beta Virginis, potentiellement habitable (comme l'indique une sonde précédente), située à 32 années-lumière, doit être réalisée à bord du Léonora Christana, un vaisseau trans-stellaire (mais non supraluminique). 25 hommes et 25 femmes passeront 10 ans subjectifs pour parcourir cette distance. Mais un incident de parcours les empêche de décélérer et l'accélération constante qui va les rapprocher de plus en plus de la vitesse de la lumière va avoir pour conséquence d'augmenter exponentiellement la différence entre temps « réel » et temps subjectif au point que des centaines voire des milliers d'années pourraient les séparer d'une nouvelle destination qui reste à définir.



James Blish a défini ce roman comme récit de sf ultime. Waouh... Oh, calme. Probablement en référence à un détail du scenario (ne spoilons pas), mais remettons à sa place cette œuvre, certes agréable, mais mineure dans l'histoire de la sf.

Comme beaucoup de parallèles ont déjà été faits avec d'autres romans, j'irais du mien en citant Starborne de Silverberg, que tout admirateur de Tau zéro devrait apprécier.



On parle de Hard Science. Oui, tout est scientifiquement plausible (à part le happy end, mais les fins réalistes où tout le monde meure, ce n'est pas très vendeur, encore moins en 70). Oui, une post-face de l'astrophysicien M. Lehoucq nous valide scientifiquement la quasi totalité des théories, techniques et hypothèses mais la lecture en reste très accessible. Encore une fois, nul besoin d'avoir la compétence et le QI de Stephen Hawkin pour apprécier. Baxter, Bear, Robinson sont bien plus dur d'accès. Tiens, volontairement polémique (pour toi Denis) j'irais même jusqu'à Andy Weir et Seul sur Mars.

Après à mon niveau, peu importe que cela soit vrai ou pas, ce qui compte c'est que cela ait l'air vrai et j'ai réellement apprécié cette lecture « hard-science ».



Parlons maintenant de l'homme et des rapports humains. 50 hommes et femmes pour coloniser une planète (c'est une hypothèse du scénario). Juste, tout juste pour la diversité génétique (500 étant la valeur refuge, 150 pour une viabilité à 2000 ans) (on se rappellera pour ceux qui l'ont lu, de Dark Eden de Beckett et des ravages de la consanguinité). Sans compter les 1 à 10% d'homosexuels (selon les sources). La sélection des astronautes n'en a pas fait état, mais en même temps en 1970 c'était tabou, et être homosexuel n'empêche pas de concevoir des enfants. On a même un scientifique misogyne voire misanthrope.

1970 encore : Les femmes sont vues comme des pies bavardes (quelque soit leur niveau scientifique) qui ne pensent qu'à coucher, se mettre en couple et enfanter. Mais en même temps est-ce que cela a réellement changé ? ( Aïe pas sur la tête).

Le gendarme du vaisseau est au summum de sa caricature et aurait bien mieux convenu pour un livre d'action militaire plus primaire.

Pour des hommes et femmes spécialement sélectionnés, ils se laissent vite aller au désespoir.

Mais malgré tout cela, j'ai apprécié l'histoire humaine qui nous a été contée, la volonté féroce de survie.



Fluidité de lecture, on en ressort un peu plus instruit, rapports humain malgré tout agréables à suivre.

Second clin d’œil à Denis, la théorie de l’engagement a failli me faire mettre trois étoiles après rédaction de la critique. Mais non, je résiste. Quatre étoiles.
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La patrouille du temps, tome 1

Petit recueil de 5 nouvelles datant du milieu des années 1950.

Le point de départ d'une légende de la sf que l'auteur poursuivra jusqu'en 1990 et que nous pourrons suivre avec le patrouilleur, la rançon et le bouclier du temps (ou sous forme de deux livres en intégrale).



Manse Everard est recruté au milieu du 20ième siècle. Il a les capacités pour devenir un patrouilleur du temps. La patrouille a été crée par de lointains descendants de l'humanité en l'an 19000 et des poussières, les mystérieux Danelliens, pour maintenir la continuité et éviter les uchronies qui pourraient nuire à l'existence même de ces créateurs. Le temps est un concept non linéaire et discontinu. Il a de plus tendance à être rigide.Vous pouvez tuer votre père avant votre conception si cela vous chante, il y a peu de chance que cela modifie le cours général de l'histoire, vous continuerez d'exister sans être né. Mais qu'on touche à certains éléments clés et l'avenir peut être totalement chamboulé. Vous en aurez un aperçu à travers ces cinq petits récits.



Format cour oblige, on sait aller à l'essentiel. Là où maintenant, il faudrait 500 pages d'explications, en quelques feuillets vous êtes dans le bain. Donc les amateurs de hard science, oubliez. On garde les facilités de l'époque (conditionneur hypnotique, moto temporelle ect) et on est rapidement plongé dans les récits des aventures d'Everard. Cinquième siècle, douzième siècle, on a même l'impression que l'auteur est plus à l'aise avec l'Histoire qu'avec la SF ce qui donne finalement une excellente impression de sérieux (historique).



On pardonnera facilement les redites, passage quasi obligé du recueil de nouvelles et ce petit livre au charme désuet nous fera passer une excellent soirée de lecture.
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Les Croisés du Cosmos

Un distrayant petit one-shot de l'auteur plus célèbre pour son cycle de la patrouille du temps.



Roger de Tourneville, anglais au début de la guerre de 100 ans est avec près de 1000 hommes, prêt à rejoindre la France. Mais voilà qu'un vaisseau spatial atterrit dans sa contrée. Une race extraterrestre expansionniste pensait trouver une nouvelle planète à coloniser et une population à soumettre. Erreur. Les Anglais ne se soumettent pas. Archers, arbalétriers, cavalerie et fantassins s'emparent du vaisseau et pensent y trouver une fabuleuse occasion de gagner la France facilement. Hélas, les voilà partis vers des destinations plus lointaines. Prêts à affronter toute une civilisation moderne. L'esprit sera plus fort que la technologie.



J'ai immédiatement pensé à L'Option Excalibur de David Weber que je soupçonne fortement d'avoir été inspiré par ce roman (rénové, modernisé, sublimé mais inspiré...).

On voit ça et là, humour, drôle, loufoque... oui, l'histoire est décalée. Une armée humaine moyenâgeuse transposée dans un monde futuriste extraterrestre c'est insolite. Le ton est frais, léger, mais ce n'est pas pour autant de la sf humoristique. C'est un roman d'action, de sf militaire bien construite. L'accès au roman est facile (limite littérature jeunesse) comme beaucoup de romans du genre dans les années 60.

J'ai adoré les capacités d'adaptation des Anglais. Technologie ne veut pas dire omniscience, ni même intelligence et les humains, rompus à des siècles de guerre, de manœuvres politiques sauront faire face.



Une excellente distraction sans prétention, reposante pour l'esprit.
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La Patrouille du temps, Tome 2 : Le Patroui..

Mêmes contextes, mêmes histoires que la patrouille du temps.



Dixième siècle avant notre ère, à Tyr, Manse Everard est confronté à un maître chanteur qui menace de changer l'histoire.

Troisième siècle de notre ère, Chez les Goth, cette fois c'est Carl Farness qui est confronté à la difficulté d'étudier l'histoire sans la modifier, s'impliquer au point de se marier et de faire des enfants dans cette époque en s'identifiant à un mythe. Manse n'apparaît que comme mentor...

Et enfin petite nouvelle sur les templiers.



Des récits plus développés, plus complets et complexes,

néanmoins de la même veine que le premier tome où encore une fois, l'Histoire est plus présente que la science-fiction.

Des aventures humaines, des histoires assez mélancoliques et un rythme posé font de ce roman une belle invitation au voyage temporel.
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L'Épée brisée

Dans un lointain passé, nos aïeux conversaient toujours avec les anciens dieux. Ils le faisaient en cachette car le Christ blanc avait déjà investi la place, au coeur des forêts à l'ombre des arbres vénérables, au milieu de la nuit dans les temples qui tombaient en ruine ou bien en chuchotant dans les chaumières. Dans quelles affres devaient vivre ces populations assaillies par la magie, les superstitions, et les peurs ancestrales ?

Ceux qui avaient l'oeil du sorcier pouvaient apercevoir au clair de lune le monde étrange de Faërie, deviner au plus fort d'une tempête de neige un champ de bataille, entrapercevoir un berserker entrer dans une fureur sacrée et invincible, semant de sa gigantesque épée la mort comme les paysans sèment les graines.

L'histoire que nous conte Poul Anderson vient de ces temps anciens. Elle est tirée de ces grandes sagas nordiques pleines de fureurs, de drames, de sentiments exacerbés parvenues par bribes jusqu'à nous.

C'est l'histoire de Valgard le changelin, de Skalfolc, mi-homme mi-elfe, et de la belle et courageuse Freda, pauvres pantins qui essaient maladroitement de se détacher des fils tenus par ces dieux ricaneurs aux desseins incompréhensibles pour le commun des mortels. Il faut les voir se démener comme des beaux diables, avoir peur, avoir froid, aimer d'un amour impossible, avoir dans la bouche le goût amer de la défaite dans cette Faërie aussi fabuleuse qu'insensible où ces sentiments tellement humains n'ont aucun sens, où les hommes dénués d'amour sont immortels et « seulement riches d'une sagesse sans joie ».

C'est l'histoire de ces grands princes d'outre-tombe qui assistent à l'avènement du christ blanc et prennent conscience que leur monde est en train de disparaître.

Accompagné de Siabelle et de Srafina, j'ai navigué sur des eaux furieuses jusqu'à la lisière du monde ; j'ai été ému par le chant mélancolique d'un monde finissant et littéralement transporté par le souffle puissant et lyrique de ce Grand Livre.



Club imaginaire 2017 Poul Anderson et Ursula le Guin
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L'Épée brisée

Un roman de dark fantasy assez noir... si on pense s'approcher de Tolkien c'est raté.. et pourtant on y croise Troll, Elfes, humains et autres créatures fantastiques.



Skafloc (j'ai eu un gros problème tout le long de ma lecture avec ce nom... j'ai la fameuse chanson d'Adèle - Skyfall - qui m'a poursuivi jusqu'à la dernière page) ,un humain a été enlevé par le seigneur elfe Imric afin d'affermir sa puissance (les elfes ne peuvent toucher le fer, mais les humains oui). Pour que ce vol passe inaperçu il remplace le bébé par Valgard, un changelin.



Poul Anderson reste fidèle à l'idée de la mythologie scandinave avec sa violence, sa noirceur... le lecteur n'échappe a rien dans cette épopée : viol, inceste, sorcellerie, guerre..

Mais ce qui m'a particulièrement marquée c'est justement que pour faire passer cette noirceur, les tragédies rencontrées tout au long du récit l'auteur utilise un ton très poétique, très doux parfois. Et ce contraste donne une force incroyable au récit.



J'ai beaucoup apprécié ma lecture même si il m'a manqué juste un peu de suspens.. une lecture un chouia trop prévisible des évènements m'a empéché de donner la note maximale.
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La saga de Hrolf Kraki

C'est a cause du challenge Poul Anderson que je me suis penchée sur ce roman... Parce que je n'ai absolument aucune connaissance en légende nordique. Et j'avoue que celles-ci ne sont pas pour moi les plus captivantes (oui, oui j'entends déjà les hauts cris de certains).



Par contre j'avoue que les faits de les avoir romancé a la sauce Poul Anderson leur donne un tout autre attrait. La prose de l'auteur investi cette saga d'une toute une autre dimension.



Poul Anderson a aussi un très grand atout c'est son sens de l'épique.. et là c'est franchement un régal pour le lecteur de suivre les combats.



Je ressors de cette lecture très enthousiaste, alors qu'au départ j'étais assez frileuse.
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La patrouille du temps, tome 1

Quelle joie que cette relecture ! Encore mieux que la première fois.



Mieux car, si le récit n’a pas changé en trente ans, moi j’ai changé. Je cherche moins (moins souvent) l’action à tout prix et je m’intéresse aussi plus à la psychologie des personnages.

Poul Anderson nous offre un recueil de nouvelles qui dose à merveille ces éléments. Le thème est simple : le voyage dans le temps est possible, changer l’Histoire est possible, on crée donc une espèce de police du temps chargée de traquer les délinquants qui veulent effacer la seule ligne temporelle réelle : la nôtre. Les nouvelles nous envoient dans divers temps et lieux, presque toujours dans le passé, assurant des voyages en esprit absolument lumineux pour qui aime l’Histoire (personnellement c’est un des livres qui m’a réconcilié avec cette matière, là où l’école m’avait plutôt laissé indifférent).



Avec un pitch pareil, on aurait pu se contenter d’histoires manichéennes avec les gentils policiers du temps pourchassant les vilains modificateurs de notre histoire. Voire. Poul Anderson est d’une autre stature. Son personnage principal ‒ le patrouilleur Manse Everard ‒ se retrouve souvent déchiré entre son devoir de rétablir l’Histoire ou d’empêcher sa modification, et ses émotions qui peuvent tenir de l’amour pour une femme ou de la culpabilité liée à la destruction des vies humaines de toute une ligne temporelle. Les choix ne sont jamais simples.



Il est vrai qu’Everard est solide. Il résiste mieux que d’autres à ces déchirements. Dans les nouvelles, il est toujours accompagné d’un comparse moins armé sur le plan émotionnel, plus enclin à faire pencher la balance du « mauvais côté ». Pourtant, on sent qu’il cesse rapidement d’être dupe. Lors de son engagement, on lui a fixé les règles : sauvegarder notre ligne temporelle. Ce sont les descendants des humains dans un lointain futur ‒ les Danelliens ‒ qui ont créé la Patrouille dans ce but. Mais le vrai objectif est en fait de préserver la ligne temporelle qui aboutit à l’existence des Danelliens. Il se trouve que cette ligne est celle que nous connaissons, et donc il nous est facile de l’épingler du qualificatif « vraie ». La Patrouille doit bien sûr neutraliser ceux qui veulent modifier cette ligne, mais on voit en particulier dans une nouvelle qu’elle est aussi là pour provoquer les changements qui établissent cette ligne qui n’a rien de plus « naturelle » que l’infinité d’autres possibles. De sorte qu’Everard sait qu’il doit parfois se comporter comme les délinquants qu’il pourchasse, ni mieux ni moins bien.

Comment ne pas perdre la foi en son travail après cela ?

Mais Everard est solide.



Les voyages sont merveilleux : l’Angleterre du haut moyen-âge, la Perse de Cyrus le Grand (la nouvelle « Le Grand Roi » est responsable en grande partie de mon intérêt pour Hérodote), l’Amérique précolombienne, Gibraltar à l’ère tertiaire qui nous offre un spectacle géologique proprement fascinant, et une splendide uchronie que l’on aurait rêvé de voir développée dans un roman spin off. C’était magique.



Je ne suis pas toujours d’accord avec les prises de position de (des personnes de) Poul Anderson ‒ je ne peux adhérer à l’idée que le monothéisme était nécessaire au développement de la science par exemple ‒ mais malheureusement, je ne pourrais jamais en discuter avec lui.

Tout ce que je peux faire, c’est poursuivre ‒ et cette fois découvrir ‒ les aventures de la Patrouille du Temps. Cela arrivera… en son temps.

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La patrouille du temps, tome 1

De l'immense auteur SFFF Poul Anderson je n'ai lu que "Roma Mater" (série qui n'est toujours éditée en entier en VF, une honte pour les éditeurs concernés !) et "La Patrouille du temps", (une des rares séries de l'auteur a avoir été éditée en entier...) pourtant j'ai immédiatement cerné l'auteur : il met tellement de lui-même dans ses créations que ses personnages sont peu prou un extension de lui-même quand ils ne lorgnent pas carrément du côté de ses bons vieux Gary Stu... Poul Anderson était un fils d'immigré scandinave qui vécu 10 ans au Texas avant que sa mère ne le ramène en Europe puis ne le rapatrie en Amérique pour cause de WWII, dans un middle-west conservateur, pour ne pas dire fondamentaliste (voire carrément christianiste !). Au contraire d'un Robert A. Heinlein qui faisait un peu la même chose avec ses personnages principaux mais en ayant rompu définitivement avec le milieu dont il était issu, Poul Anderson savant et croyant a toujours été un individu partagé entre deux cultures et deux visions du monde, et cela se ressent dans sa production prolifique tantôt hardcore reader tantôt easy reader, tantôt résolument Science-Fiction (il a été membre éminent Science Fiction and Fantasy Writers of America), tantôt résolument Fantasy (il a été membre éminent de Swordsmen and Sorcerers' Guild of America)... Toutefois l'auteur n'a jamais oublié ses ses premières amours car outre la SF de l'Âge d'Or à laquelle il contribua tant à son zénith qu'à son crépuscule, il n'a jamais oublié qu'il avait toujours été fan du Sword & Planet d'Edgar Rice Burroughs et de la Sword & Sorcery de R.E. Howard (il faudra que je lise ses contributions aux univers créées par ces fabuleux auteurs, maîtres du sens of wonder !)

C'est donc un auteur érudit et sensible, véritable touche-à-tout humaniste parfois piégé par les préjugés du passé. Malheureusement les commissaires littéraires bobos-hipsters qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de l'édition française ont décidé pour des raisons que la raison ignore de le mettre sur leur liste noire... (oui ces prises de positions libertariennes et/ou conservatrices sont plus ou moins horripilantes, mais ce n'est pas un criminel contrairement à certaines et certaines mis et mises en avant par ces mêmes bobos-hipsters)





Pour rentrer dans le cœur du sujet, "La Patrouille du temps" est une série de nouvelles / novelas écrites de 1955 à 1995 qui explore avec maturité, érudition, humanisme et sens of wonder le thème des voyages dans le temps. Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est la grande maturité avec laquelle l'auteur aborde son sujet : le temps est malléable, plastique, et résilient... En bref il a tendance à toujours retrouver sa trame originelle, donc il en faut beaucoup pour le faire bifurquer... le Doctor Who au meilleur de sa forme ne l'aurait pas mieux expliqué ! ^^



"La Patrouille du temps" ("Time Patrol", 1955) :

La mise en place du récit est un modèle du genre, aussi courte qu'efficace ! (remember "Cobra" du Buichi Terasawa qui empruntait tout au presque à Philip K. Dick et Edmond Hamilton ^^) Manson Emmert Everard est un américain d'origine scandinave (^^), ingénieur mécanicien démobilisé de la WWII (^^), et à New York une étrange entreprise lui fait subir d'étranges tests lors de son entretien d'embauche... S'il signe la clause de confidentialité, à lui la Grande Aventure !

Nous découvrons en même temps que lui les us et coutumes de la Patrouille du Temps à l'Ouest de l'Amérique à l'époque de l'Oligocène, agence de contrôle spatio-temporelle dirigé par les Danéliens (une post-humanité du futur qui a évolué tellement loin qu'il est bien difficile de les comprendre, voire très difficile de les côtoyer). On passe vite sur les entraînement physiques, comme sur les enseignement techniques par conditionneur hypnotique (ah ce bon vieux gimmick de la SF de l'Âge d'Or ^^)...

Il se lie rapidement d'amitié avec son conscrit et collègue britannique Charles Whitcomb marqué par la mort de la femme de sa vie lors de la WWII. Ils investiguent ensemble sur une histoire de tumulus maudit, et après avoir découvert un carburant radioactif du futur ils remontent le temps et procèdent par tâtonnement pour découvrir dans l'Angleterre des Âges Obscurs un bon samaritain qui a pété un câble en rejouant l'histoire du magicien Merlin et du roi Arthur. Les deux compères rétablissent la situation, mais Charles Whitcomb décide de changer L Histoire non pour le bien de l'humanité mais pour son bien à lui : Manse Everard tente de raisonner son ami quand déboulent les nettoyeurs de la Patrouille du Temps... L'un est l'autre veulent plaider leur cause auprès des big boss danéliens, mais tout était déjà écrit à l'avance : ne reste plus qu'aux dits big boss à effectuer le choix qui causera le moindre mal (pour eux, pour la trame du temps, ou pour les personne concernées ?)



"Le Grand Roi" ("Brave to be a King", 1959) :

Parce qu'il en pince toujours pour son ancien flirt Cynthia Cunningham, Manse Everard enquête sur la disparition de son collègue Keith Denison spécialiste de l'Iran ancien jugée cause perdue pour la Patrouille du Temps... Cette nouvelle est excellente à tous les niveaux ! Pour enquêter en toute tranquillité Manse Everard se fait passer pour Hérodote, et se retrouve dans un étrange remake de "L'Homme qui voulut être roi" De Rudyard Kipling qui passe à la moulinette les mythes fondateurs de la Perse des Achéménides et les archétypes du peplum hollywoodien ! Grâce à Poul Anderson je comprend désormais que "Les Chroniques d'Arslan" de Yoshiki Tanaka / Hiromu Arakawa n'est pas une saga fantasy mais une saga chronique, un Moyen-Orient uchronique dans lequel le prophète Mahomet / Mohammed n'a jamais prêché...



C'est la nouvelle qui transpire le plus la dualité de l'auteur... Après avoir décrit avec une nostalgie bienveillante les campagnes barbares de l'Angleterre des Âges Obscurs, il crache tout le venin suprématiste possible et imaginable sur un Orient jugé arriéré, décadent et immoral, puis il rétropédale fortement en mettant en avant toutes les avancées de la Perse des Achéménides et ses apports incommensurables à la civilisation mondiale (l'Iran ayant été pour l'Orient ce que la Grèce a été l'Occident), mais au final il en remet une couche sur la supériorité intrinsèque de l'Occidental sur l'Oriental... Putain, il faut choisir son camp ou mettre de l'eau dans son vin !!!



"Les Chutes de Gibraltar" ("Gibraltar Falls", 1975) :

Plus un poème en prose qu'une nouvelle, comme "La Patrouille du temps" ce court texte est une variation sur le thème de la jeune fille et la mort... Il y a cinq millions et demi d'années l'Océan Atlantique se déversait dans la dépression qui séparait l'Afrique et l'Europe, et Manse Everard chaperonne Tom Nomura le terrien des années 1970 et Feliz a Rach la vénusienne d'un futur indéterministe qui doivent immortaliser artistiquement l'événement... La jeune fille décède lors d'un accident, et Manse Everard enfreint le protocole au nez et à la barbe de ses collègues pour les tourtereaux puisse vivre leur amour. Dommage que le texte soit si simple, car comme ne suit pas réfractaires à une dose d'eau de rose j'estime qu'il y avait à faire avec la romance entre le roturier du passé issu d'une culture patriarcale et l'aristocrate du futur issue d'une culture matriarcale ^^



"Échec aux Mongols" ("The Only Game in Town", 1960) :

Une nouvelle simple et un peu décevante qui vaut davantage pour ses dialogues que pour ses situations. Manse Everard et son collègue amérindien John Sandoval sont chargés de vérifier que l'expédition vers l'Amérique commanditée par le Khan Kubilai et commandée par le mongol Toktai et le chinois Litai-Tsung se perde effectivement dans les méandres de l'Histoire... Ils papotent autour des avenirs qui auraient pu se créer si les Mongols avaient pu atteindre et exploiter les Grandes Plaines américaines, et ils sont bien près de voir ces hypothèses devenir réalité après avoir échoué à décourager les explorateurs en leur servant les mêmes bobards que ceux qui furent servis aux Conquistadores et en recourant à ce bon vieux Gambit de Dieu...



"L'Autre Univers" ("Delenda Est", 1955) :

Clairement une nouvelle des plus intéressantes, et mine de rien sa postérité est immense !!! (toutefois je ne suis pas du tout d'accord avec l'auteur, et Léonard de Vinci, Michel Servet, Galileo Galilei et Tycho Brahé aussi, sur le fait que la religion chrétienne soit le préalable indispensable aux sciences modernes... Soupirs...)

En permission Manse Everard et son collègue du futur van Sarawak partent faire la teuf dans le New York des années 1950, sauf qu'il atterrissent clairement dans une réalité alternative...

https://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/a/af/World-of-Delenda-Est.PNG

A partir d'une New York renommée Catuvellaunan, les deux compères soumis aux autorités locales et aux interrogatoires en grec ancien de la bimbo aux cheveux roux Deirdre MacMorn découvrent une Amérique alternative / uchronique (pour ne pas dire steampunk / dieselpunk) où Celtes et Amérindiens cohabitent de manière pacifique et paritaire... Les monothéismes ne se sont jamais développés certes, mais l'Europe s'est de nouveau suicidée dans un conflit mondial opposant Celtes, Huns, Slaves et Teutons, tandis que Carthaginois et indigènes se disputent l'Afrique, tandis que Parthes et Arabes se disputent le Moyen-Orient, et tandis qu'Incas, Indiens et Chinois se disputent la suprématie mondiale alors que les Îles Hawaï / Ynys Yr Lionnach font figure de terres irrédentes pour les uns et pour les autres !







Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) 2018
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Barrière mentale et autres intelligences

Suite a un phénomène inexpliqué , les hommes commencent a se rendre compte que leur intelligence a subi un bon considérable . Pour certains cela est une bonne chose pour d'autres cela est plus difficile a accepter.



Paul Anderson nous livre un roman engagé : a la fois il démontre que l'homme même si il accroit son intelligence reste plein des vices de ce monde. Mais surtout il démontre que l'homme dénigre les métiers de bases qui deviennent pour eux ingrats.. et cela induit la perte du monde puisque plus aucune ressource n'est produite.

C'est aussi l'occasion pour l'auteur de montrer comment un état peut se servir des inventions des scientifiques. Même si ceux-ci font des recherches dans un but de paix et d'évolution, les dirigeants s'en servent pour détruire l'humanité.

Ce roman est une belle critique post Hiroshima.



Un beau roman, mais qui au vu de son année de parution semble un peu désuet de nos jours.
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La patrouille du temps, tome 1

Un petit recueil de 4 histoires bien sympathiques , qui nous font remonter le temps grace aux patrouilleurs du temps.



En effet dans un futur lointain, la machine a remonter le temps sera créé, mais pour éviter les problèmes liés a des distorsions de temps et a des abus de tous genres les hommes ont besoin de sentinelles.

C'est pourquoi Manse Everard sera recruté et nous pourrons donc suivre ses différentes missions.



il ne faut pas s'attendre dans ce recueil a tout un arsenal scientifique, la simplicité est de mise. C'est toujours bien agréable parfois des lectures simplistes. ici l'auteur a bien évidemment traité de l'histoire et des uchronies possibles mais tout en gardant un oeil et une opinion très humaine. Il est vrai que même si la loi interdit certaines choses, parfois la morale et la justice pensée par l'homme nous emmènent dans d'autres directions.

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L'Épée brisée

Je vous vois venir ! Oui, je vous vois, aimable lecteur curieux qui découvre cette couverture bien étrange. « Qu’est-ce que c’est que ça ? », vous dites-vous.



Eh bien, « ça », c’est d’abord une couverture un peu bizarroïde de Nicolas Fructus, et ce n’est pas pour rien, puisqu’il colle tout à fait à l’ambiance de cette Épée brisée, d’un noir intense, pas jojo mais changeant et surtout particulièrement féérique. « Ça », ensuite, c’est « juste » de la fantasy bien dark, complètement mythologique et féérique par le fameux Poul Anderson, l’auteur de La Saga de Hrolf Kraki et Les Trois Lions, que je m’échine à découvrir patiemment avant de me lancer dans sa monumentale Patrouille du temps, lui souvent désigné comme l’antithèse du bien plus connu J. R. R. Tolkien. L’Épée brisée, éditée en français par Le Bélial’ en 2014, fut écrite la même année que La Communauté de l’Anneau (Le Seigneur des Anneaux, tome 1), en 1954 ! « Ça », c’est donc « juste » une des œuvres majeures de la fantasy anglo-saxonne ayant inspiré quantité d’auteurs à sa suite, tels que Philip Pullman, China Miéville et bien sûr Michael Moorcock avec son Elric de Melniboné. Il s’agit donc de faire œuvre de repentance éditoriale en rattrapant cet injuste retard de publication ; heureusement Le Bélial’ est là pour « ça ».

Pour autant, cela répond-il à votre avide demande d’informations concrètes sur le contenu de cette œuvre ? Pas vraiment, j’en conviens. Cela dit, ce roman n’est pas une histoire qui se résume. De fait, L’Épée brisée est l’histoire d’une épée… brisée. Ah ! On ne l’avait pas vu venir, celle-là ! Arrêtez-vous là et vous aurez tout raté, car cette Épée brisée est avant tout le réceptacle avide de violence de destins dignes des meilleures tragédies grecques, mais heureusement c’est concocté la toge et les sandales en moins, la cuirasse et les incantations en plus. D’ores et déjà, attendez-vous à voir le sang couler, le destin se nouer et les âmes s’étrangler devant tant de fatalité. Comme dans La Saga de Hrolf Kraki, Poul Anderson s’inspire très fortement de la tradition scandinave pour tisser une « saga », dans le sens le plus littéraire qui soit, une geste si vous préférez. Ainsi, il colle, au fur et à mesure de son récit, aux poncifs éculés, et pourtant enivrants quand on sait les apprécier, des sagas nordiques vantant les assauts des raids vikings, reconnaissant les mystères des sorcières et des mages, pour finir par s’incliner devant la toute-puissance de la foudre de Thor, de la sagesse d’Odin et de la roublardise de Loki. Oui, l’Épée brisée amène Asgard, Midgard et Jotunheim aux portes de nos pages ! Les elfes fomentent des changelins, des « sosies maléfiques », sans vergogne, les trolls font crisser leurs armes et les sorcières esseulées n’en sont que plus dangereuses. Décidément, c’est à croire que vous n’êtes pas le bienvenu sur les côtes de la mer du Nord prête à se rougir du sang des braves comme de celui des lâches !

Saurais-je vous conter l’étrange tour de passe-passe joué à Orm le fort, le fier seigneur humain, par Imric, un duc elfe des plus ambitieux ? Envierez-vous la destinée fatale de certains descendants du grand Ragnar Lodbrok une fois confrontés à un troll en colère et aveuglé par sa puissance ? Comprendrez-vous le malheur et l’avidité accablant une sorcière poussée dans ses derniers retranchements ? Saisirez-vous la cruauté des rapports de force disproportionnés entre humains, trolls, elfes, Ases, géants et autres messagers divins ? Ne trouverez-vous pas la vie atroce en suivant les vies parallèles de Skafloc, l’humain élevé par les elfes, et Valgard, le troll changelin élevé chez les humains à leur insu ? Saurez-vous vous-mêmes, enfin, affronter des hordes violentes et destructrices de trolls en furie, des coups pendables de la part de toute divinité qui se respecte et, enfin, de l’inceste en bouquet final dans une débauche d’ « immoralité » assumée ? Il en va ainsi avec L’Épée brisée. Nous pourrions également déblatérer longtemps sur la lisibilité peut-être douteuse des sagas scandinaves (comme des gestes latines médiévales, d’ailleurs), mais ça ne ferait que renforcer la difficulté stylistique que s’est imposée Poul Anderson en s’attachant à faire de chaque phrase un fait à relater, une légende à conter, tout en multipliant les odes en vers à déclamer et les chants nordiques qui s’élèvent des pages quand vous les lisez (à haute voix, c’est meilleur ! et chapeau bas à Jean-Daniel Brèque pour sa traduction). L’avantage de cet enchaînement rapide est de favoriser, ô combien, la densité du récit, et là c’est rude, c’est dense, c’est complet, tant que ça déborde.

Enfin, en forme de petit ajustement, Michael Moorcock, dans une critique de 2003 qui sert ici de préface, élabore longuement sa comparaison entre Poul Anderson et J. R. R. Tolkien au profit du premier et au détriment de celui qui se prélasse trop à son goût dans « le confort d’un pub oxfordien » ; on peut forcément jalouser le retentissement qu’a eu Le Seigneur des Anneaux et qu’aurait mérité dans une autre mesure L’Épée brisée, et surtout dans un tout autre style, mais, attention, les faire s’opposer pour en réduire l’un des deux à néant est complètement exagéré. Les deux œuvres sont juste totalement différentes, voilà tout.



L’Épée brisée me remet totalement en selle (façon canasson elfe, voyez) dans ma quête de l’énigmatique (en tout cas pour moi) Poul Anderson. L'Epée brisée est une œuvre très puissante, il faut juste prendre conscience qu'elle est relativement à part et dans un style particulier, sans en faire, comme Michael Moorcock, le chef-d’œuvre absolu qui remplace tous les autres. Concluons en rappelant que cette fameuse Épée, forgée dans les rocs perdus de Jotunheim par un géant, ne peut être rengainée sans avoir eu son comptant de sang à boire : avis aux amateurs, à la fin, c’est donc sûrement vous qui serez brisés !



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Tau Zéro

L’un des voyages les plus étonnants qu’il m’ait été donné de faire.



L’histoire est simple : un vaisseau spatial en constante accélération transporte des colons vers leur nouvelle planète. Quelque chose se détraque et voilà qu’il devient impossible de décélérer, à moins de se trouver dans des conditions extérieures de vide extrême. Les colons sont ainsi embarqués dans un voyage qui les mènera aux limites de l’espace et du temps.



Un vaisseau qui accélère sans cesse, se rapprochant asymptotiquement de la vitesse de la lumière qui lui permet, grâce aux effets relativistes, de franchir des distances inconcevables dans un temps propre du vaisseau inférieur à la durée d’une vie humaine ; la première chose que je me suis dit c’est : « Bon sang ! J’ai déjà lu ça dans LE bouquin de vulgarisation scientifique le plus important de ma vie, Cosmos de Carl Sagan ».

Le roman de Poul Anderson manque-t-il donc d’originalité ? Que nenni ! La relativité joue des tours ici aussi, car si ce livre arrive en France en 2012, Anderson l’a écrit en 1970, soit bien avant que Carl Sagan n’attaque son propre ouvrage. Peut-être même Sagan a-t-il lu Anderson…



Ce roman, qui peut aisément être taxé de « hard science », ne s’éloigne jamais du physiquement correct ou plausible (la longue postface de l’astrophysicien Roland Lehoucq tamponne d’ailleurs les descriptions du roman à 95%). Ce faisant, il met en musique les merveilles à jamais déroutantes pour l’esprit humain que sont les effets de la Relativité lorsqu’on approche la vitesse de la lumière. La vision que l’on a alors de l’univers depuis le vaisseau se renouvelle : aberration des étoiles qui se regroupent vers l’avant, effet Doppler qui teinte les étoiles de bleu à la proue et rouge à la poupe puis les fait disparaître quand leur rayonnement se déplace hors du domaine visible. Plus près de la vitesse de la lumière, le temps extérieur « coule si vite » qu’il devient possible de voir les galaxies s’effriter, de voir l’Univers vieillir. Dingue ! Dingue !! DINGUE !!!



Je vais vous dire une chose : ces descriptions montrent à quel point l’univers réel est beaucoup plus surprenant et inventif que ce que nous pouvons imaginer. La plupart des romans ou films de SF utilisent des artifices pour maintenir l’univers dans un cadre « humain », dans un système d’unité de temps et de lieu proche de celui du théâtre classique. Hyper-espace, trous de ver, colifichets que tout cela ! Bon sang, n’est-il pas plus jouissif d’imaginer voyager dans l’espace et revenir âgé d’un an de plus alors que vos arrière-petits-enfants sont morts depuis mille ans ? Moi ça me fait sauter en l’air.



Pourquoi n’ai-je pas mis la note maximum alors ? Eh bien le vaisseau transporte des humains. Et le roman conte aussi la façon dont ils vont s’efforcer de ne pas déprimer devant leur sort, de garder la tête froide, s’effondrant parfois avant de se relever. Cette partie bien humaine manque de chaleur. On la sent presque artificielle. Parfois elle sombre dans le roman d’amour pour midinette. Je n’ai pas pu me débarrasser de cette impression de superficialité.

Un bon point pourtant : l’intégration d’éléments de culture et légendes scandinaves dont l’auteur est si friand. Il est intéressant de voir ce qu’il fait de la Suède au XXIIIème siècle.



J’ai très peu lu Poul Anderson dans ma vie. Ce roman me rappelle à l’ordre. Il va falloir remédier à cet état de fait.

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La Patrouille du temps - Intégrale, tome 1

Il n'y a à que trois critiques sur ce premier intégrale de la patrouille du temps mais trois critiques très complètes. Ma lecture commençant à dater je vais donc m'épargner de faire un résumé de chacun des texte de cette Intégrale ici et vous invite à aller lire celle-ci .



Cette lecture d'un peu plus de 600 pages m'a tenu occupé une bonne partie du mois de mai en soirée où je me plongeais avec plaisir en compagnie de Manse Éverard  dans des voyages à  travers le temps et l'espace et même dans d'autre univers. Je ne suis pas adepte en général de tout ce qui touche au voyage spatio-temporel mais ne lisant que des critiques positifs sur la patrouille du temps et ayant eu un défi dans le cadre du challenge mauvais genre je me suis finalement lancé dans la lecture de ce premier intégral découvrant au passage pour la première fois la plume de Poul Anderson. J'ai bien fait, celle-ci j'ai trouver celle-ci agréable et accessible.



Les voyages furent bien souvent agréables, certains trop courts, d'autres parfois trop long (Stella Maris) et certains justes merveilleux par leur cadre et leurs personnages. En effet parmi toutes les nouvelles certaines mon plus plu que d'autres. Je ne garde finalement aujourd'hui 4 mois après ma lecture que deux ou trois nouvelles en mémoires :



la toute première où nous faisons la connaissance de Manse Everad et de la patrouille et de ses règles. D'ivoire de singe et de paons pour son cadre immersif qu'est la ville de Tyr. Le chagrin d’Odin le Goth qui est sans doute le texte le plus complexe de ce recueil et qui est celui qui m'a le plus marqué, en fait je l'ai même relu une seconde fois.



D'autres ne me laisse qu'un vague agréable souvenir sans que les détails de l'intrigue ne me reviennent en mémoire tels que la nouvelle le Grand Roi et L'autre univers. La dernière nouvelle Stella Maris me laisse un souvenir mitigé entre un profond ennui une bonne partie de celle-ci avant que je comprenne ou l'auteur allait nous mener et à apprécier le beau personnage qu'est Floris.



Ainsi même si ma lecture commence un peu à dater je garde dans l'ensemble de très bon souvenir de cette lecture et lirai avec plaisir le deuxième intégrale dans quelques mois pour retourner en compagnie de Manse Everad et d'autres beaux personnages voyager dans l'espace et le temps.
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Les Croisés du Cosmos

Eh bien après avoir lu ça, ça n’est pas moi qui irai chercher des poux dans la tête des Anglais à cause du Brexit !



Franchement, les ET bleus auraient mieux fait de prendre leur vaisseau à leur cou plutôt que de venir embêter Roger de Tourneville et sa petite cité anglaise. Déjà qu’il était remonté comme une pendule en ce début de guerre de cent ans, prêt à s’avaler sans mâcher une vingtaine de Français à chaque petit déjeuner… l’empire Wersgorix va avoir du mal à s’en remettre.



Faut bien avouer, c’est surréaliste et complètement barré, surtout la première partie. Qu’une petite ville d’Anglais – veaux, vache, cochons poulets compris – puisse autant secouer le cocotier d’un empire interstellaire, on pense qu’on n’est pas loin de « La Folle Histoire de l’espace » de Mel Brooks. Mais point du tout, ce n’est pas de l’humour qui tache ! Ce que Poul Anderson met en avant, ce sont les miracles dont on est capable quand on dispose d’une rapide faculté d’adaptation et surtout d’un culot démentiel. Roger de Tourneville capte à vitesse grand V le moindre défaut de l’ennemi et en tire immédiatement avantage. C’est un négociateur rusé et il est bien secondé par Frère Parvus qui est une sorte de génie encyclopédique de son temps. Il est aussi bien aidé par l’absence d’un individu de son calibre dans le camp d’en face. Malgré le surréalisme, le récit en devient presque plausible.



La deuxième partie perd un peu de sa fraîcheur. La relation Arthur / Guenièvre / Lancelot qui se développe assombrit le tableau. J’ai moins apprécié son côté plus « sérieux », probablement parce que je ne m’attendais qu’à du fou rire. Et bien que ce ne soit pas le but du bouquin, je regrette le manque de distanciation vis-à-vis des ET. Dans les dialogues, la façon de penser ou les émotions, ils ne se différencient guère des humains. Mais ces détails sont largement compensés par certaines scènes qui sont un pur régal : la réaction de Frère Parvus quand il voit la Terre depuis l’espace, l’incompréhension crasse des Wersgor devant la plupart des concepts humains, l’usage inattendu des trébuchets dans la bataille. Poilant !



Ce roman distrayant se lit sans prise de tête, excellent pour se détendre en fin de journée ou en vacances. Je ne savais pas que Poul Anderson était capable d’écrire aussi comme ça ; une nouvelle facette de talent à mettre à son crédit.

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L'Épée brisée

Décidément Poul Anderson transformait en or tout ce qu’il touchait. Après avoir lu son space-opera Tau Zero, incroyable de maîtrise scientifique, cette Épée Brisée m’a plongé dans une saga mythologique nordique et tragique à la hauteur des Nibelungen.



L’auteur nous peint un tableau de la Faërie différent de ce que je connaissais, quelque part entre le Seigneur des Anneaux de Tolkien et La Sève et le Givre de Léa Sihol. Les Elfes y sont magnifiques mais non exempts de cruauté vis-à-vis des autres races. Les Sidhes irlandais sont des alliés précieux. Les Trolls sont une puissante nation et ne sont pas débiles. Les anciens dieux tels Odin et les Jötuns manipulent ce petit monde dans leur partie d’échec éternelle.

Le ton du récit est empreint du lyrisme et du sens de l’épopée des sagas vikings contées par les scaldes. Il est plus violent que celui de Tolkien, avec ses crânes fracassés par la hache, mais aussi plus vif dans l’exaltation des sentiments de haine et d’amour.

Et amour il y a. Au milieu de cette frénésie de dieux et d’êtres fabuleux, on s’accroche au rocher que représente le destin deux humains, Skafloc volé à sa famille par le duc elfe Imric, et Freda son âme sœur que les lois nouvelles de la Chrétienté éloignent à jamais de lui. Siegfried des Nibelungen n’est pas loin, dans le thème et dans l’époque car la saga de Poul Anderson se situe peu après l’an Mil, alors que la Chrétienté conquérante ne laisse plus beaucoup d’espace à la Faërie et que celle-ci sent approcher son crépuscule.

La guerre est aussi omniprésente, la guerre ultime et sans pitié entre Elfes et Trolls, qui pourrait escalader au niveau supérieur des Puissances Divines et provoquer Ragnarok. Point focal de cette lutte, une ancienne épée brisée dont on dit que la reconstitution sonnera la fin du monde, et que pourtant les Ases feront entrer en jeu. Je n’ai pas pu m’empêcher de faire un parallèle entre cette épée et la bombe atomique : sa création aussi a provoqué la fin d’une guerre, mais le jour où elle servira à nouveau sera aussi le dernier jour du monde.



Bien que la traduction soit très récente en France, le roman date de 1954. Il est incroyable que nous ayons dû attendre si longtemps avant de lire ce chef d’œuvre. Poul Anderson, d’une manière générale, a longtemps été absent des rayonnages français. De nos jours les éditions Le Bélial se sont attelées à la traduction de ce maître. Je les applaudis.

Du coup, vu l’ancienneté de ce livre on peut s’amuser à essayer de retrouver les œuvres qui en ont été influencées. La première est évidente : c’est Michael Moorcock et son épée maudite Stormbringer. J’en vois une deuxième dans le Lyonesse de Jack Vance. Moorcock lui-même, qui signe la préface, voit des successeurs chez M. John Harrison, Philip Pullman et China Miéville. N’ayant pas lu ces auteurs je ne peux pas me prononcer. Je me demande cependant si des auteurs français comme Fetjaine ou Jaworski s’en sont aussi inspiré.



Le seul point négatif que je pourrais noter est sa fin un peu brusque. J’aurais bien aimé savoir ce qu’il advient de certains personnages.

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Tau Zéro

Ayant à coeur de découvrir (enfin) Poul Anderson, j'ai sombré dans la facilité en optant pour son roman le plus célèbre. Et j'avoue que mon impression globale est quelque peu mitigée, et cela malgré un beau et poétique final.



Heureusement, et j'insiste sur le "heureusement", ce roman est très court car sinon je me serai vu contraint de l'achever en switchant sur le fameux mode de lecture ultrasonique, plus communément surnommé "en diagonal". Et je me suis fait ce terrible constat, c'est que je ne suis sûrement pas fait pour du hard science. Bon Dieu, que tous ces détails et explications scientifiques, physiques, astro... (et toutes les spécialités pouvant être associées au voyage interstellaire) m'ont profondément ennuyé. Alors oui, bien évidemment il faut quelques explications, rendre l'histoire plausible et réaliste afin qu'on puisse entrer dedans à force d'y croire, mais consacrer pratiquement une page sur trois à cela, c'est beaucoup trop pour moi. Et que dire du peu d'intrigue à bord du vaisseau. Je n'ai jamais pu m'empêcher de faire la comparaison et le parallèle avec Destination Ténèbres, autre huis clos du même type. Et là où Robinson parvient à nous tenir en haleine, nous émouvoir, en nous offrant une merveilleuse fresque à bord d'un fantastique engin spatial, Poul Anderson se contente de nous livrer simplement les différentes phases d'adaptation des divers corps de métier par rapport à l'évolution de leur course à travers l'espace en fonction de ce fameux tau. Mais il n'oublie surtout pas de nous agrémenter le tout d'histoires de couples qui se font et se défont, et aussi quelques évocations des diverses célébrations religieuses ou purement traditionnelles qu'ils organisent à bord de temps à autre.



Après, tout n'est pas à jeter, le thème de fond, l'intrigue de base ainsi que le dénouement final donnent véritablement le tournis. Il faut faire des sacrés efforts pour tenter d'appréhender ne serait-ce qu'une infime portion des perspectives et proportions monumentales décrites ici. Et aussi mention spéciale à l'unique personnage possédant du relief dans l'histoire, et du coup auquel on finit par s'attacher quand même un petit peu : ce bon vieux gendarme !
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Tau Zéro

« Puis les mâchoires de l'univers s'étaient refermées. »

Quel impressionnant voyage ai-je fait !

Enfermée dans un vaisseau à des années lumières d'une Terre qui n'est plus. Je flotte en apesanteur en compagnie de mes semblables dans le froid et le noir de l'espace, pour combien de temps encore ? si cette notion a toujours un sens.. La vitesse de la lumière nous emporte aux confins de nous mêmes. Nous sommes cinquante, combien serons-nous dans un an, dans une année-lumière, dans une révolution ? Dans une multitude de galaxies ? Notre vaisseau et nos âmes arriveront-ils à tenir le cap hors du temps ? Même les plus forts d'entre nous commencent à éprouver de la peine à nous maintenir droit au cap. Sauf un. Un roi sans couronne.

Un roman qui mêle science et aventures humaines pour un voyage inoubliable dans l'au-delà de Poul Anderson. Un petit bijou.
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Le dernier chant des sirènes, tome 1

Le dernier chant des Sirènes a pour titre en VO Les enfants du Triton (1979). Selon le guide de Brèque, il s'agit de deux nouvelles : Les enfants du Triton (1973) et le Tupilak (1977). J'ai lu l'édition en un volume de la collection « Les Best-sellers de la science-fiction américaine » aux éditions Fleuve noir de 1982. C'est aussi une piètre traduction abrégée (il n'existe pas de code d'éthique chez les traducteurs/interprètes??) de Michel Lodigiani.



Les deux nouvelles forment un roman de fantasy (rien à voir avec la SF).



Vanimen est un triton, c'est le roi de Liri. Il a séduit une humaine et a eu plusieurs enfants avec elle avant qu'elle ne reparte sur la terre ferme et n'embrasse la foi catholique. Des années plus tard, un prêtre lance un exorcisme et le peuple de Vanimen est obligé de fuir. Les enfants mi-humains, mi-siréens de Vanimen sont abandonnés.



Il y a Tauno et Kennin (les garçons) et Eyjan et Yria (les filles). Comme Yria est la plus faible, ils la confient à un prêtre qui va la baptiser. Elle va devenir Magrete et n'aura plus de souvenirs de sa vie d'immortelle. Les êtres immortels n'ont pas d'âme (selon les bons chrétiens) et les bons chrétiens eux sont mortels mais leur âme est immortelle.



Le baptême d'Yria/Magrete est vu comme un miracle et la pauvre est envoyée dans un couvent. Ses frères et sa soeur vont donc chercher à acheter sa liberté en convoitant un trésor colossal gardé par un kraken. Ils seront aidés par Ingeborg-la-morue (une prostituée) et un jeune homme du nom de Niels Jonsen. Ils espèrent ensuite retrouver leur père.



Pendant ce temps, Vanimen trouve refuge avec les siens sur les côtes de la Dalmatie.



Tauno et Vanimen vont chacun de leur côté être confrontés à des créatures surnaturelles (kraken, selkie, tupilak, vodianoï et vilja).



De tous les livres de Poul Anderson, je pense que c'est celui que j'ai le moins aimé. Les personnages ne m'ont pas fait vibrer et l'histoire non plus. Quand j'aurai le temps, je lirai la VO. Dieu seul sait de quelle manière le texte original a été dénaturé par la traduction. En attendant, je dois constater que j'ai trouvé cette lecture plutôt ennuyeuse : le triomphe du christianisme sur le monde surnaturel. Quand certains personnages décident de « changer de camp » c'est sans conviction, avec résignation.



Un des arguments du prêtre pour convaincre les Siréens de se convertir était : « La peur de l'inconnu pourrait vous faire les alliés du Diable dans l'esprit des ignorants. »



Avis mitigé.





Challenge Fleuve noir/Anticipation

Challenge multi-défis 2019

Challenge défis de l'imaginaire 2019

Challenge livre historique 2019

Club Poul Anderson
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La Main tendue

Voilà une petite histoire qui en dit long...



Je ne suis pas douée pour lire entre les lignes (cfr le contexte historico-politique) mais personnellement j'y ai plutôt vu une réflexion intéressante sur les desseins cachés des mains qui se tendent.



Il y a quelques années j'ai traversé une période difficile et de l'aide m'a été proposée. Bien évidemment il avait une contrepartie : les "mains tendues" voulaient s'arroger le droit de mettre le nez dans mes affaires.



Morale de l'histoire : quand une aide apportée vous prive de liberté mieux vaut s'en passer!



Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin

Challenge multi-défis 2017 (11)



Pour découvrir les autres nouvelles de Poul Anderson :

https://www.babelio.com/liste/8433/Poul-Anderson-la-traque-aux-nouvelles
Lien : http://aghadiozynk.blog4ever..
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