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Critiques de Poul Anderson (452)
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La Patrouille du temps, Tome 3 : La Rançon du..

Poul Anderson nous fait voyager une fois de plus dans l'espace et le temps grâce à son patrouilleur du temps.



Il nous emmène avec un premier roman dans la rome antique ou l'on rencontre Tacite. Mais une couac temporel oblige Manse Everard a intervenir;



Puis à travers une petite nouvelle il nous fait voyager chez les incas au XVIème siècle.



Ces deux histoires sont totalement différentes mais la documentation y est abondantes. De plus l'auteur s'interroge sur les mythes et légendes. C'est touours très agréable de suivre les aventures du patrouilleur du temps.. surtout que l'auteur laisse plus de place à la morale qu'aux règles imposées à la patrouille.





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La Patrouille du temps, Tome 3 : La Rançon du..

Trois étoiles.



Pourquoi Trois ?

Deux pour la première (Stella maris), un roman court sur une micro uchronie au tout début de l’ère chrétienne dans les guerres de conquêtes, reconquête et maintien de la paix entre l’Empire romain et les frustres guerriers du Nord. Du batave du germain, du teuton…

Sûrement, très précis, documenté et collant à l’histoire (je n’en sais rien, car honnêtement, je suis totalement inculte de cette partie historique), c’était long, pontifiant. L’enjeu est plus que limité, tout comme l’action. C’est mou et même l’histoire dans l’histoire (l’amour?) entre Everard et Floris est d’un ennui non pas intersidéral, mais au moins intertemporel. Bref, et je le conseille sincèrement, pour ce tome, passez-vous de la première historie et attaquez directement la seconde.



Quatre étoiles pour la rançon du temps. Nettement plus accessible, plus rythmé. On réexplique un peu les concepts, les finalités de la Patrouille, on vadrouille entre les différentes époques, ça fight un peu. Bref tout ce qui fait le sel d’une bonne histoire de Manse Everard. Le pitch, un conquistador se fait les dents sur un scooter temporel, et montre qu’on peut être du passé sans pour autant être un idiot, mais qu’on peut rester coincé dans son éducation ou la mentalité propre à son époque. Une sympathique leçon d’histoire qui montre encore que le monde n’est pas noir et blanc mais bien d’innombrables nuances de gris.



Un avis donc mitigé pour cette anthologie.

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Trois coeurs, trois lions - Deux regrets

Il m’arrive d’errer comme une âme en peine dans ma pàl. Un peu comme ma fille devant sa garde-robe bien garnie qui se lamente qu’elle n’a rien à se mettre ^_^



Dimanche 25/11 c’était le 92ème anniversaire de la naissance de Poul Anderson. Voilà comment je me suis décidée à aller piocher dans mon intégrale. J’ai hésité entre ce livre et Le dernier chant des sirènes mais je me souvenais de l’accroche de Tatooa : «  C'est frais, c'est léger, ça part dans tous les sens, c'est amusant, et même les dialogues qui ont fortement déplu à certains m'ont fait rigoler. »



J’ai passé un très bon moment avec Holger Carlsen qui d’une plage grouillante de Nazis (en 1943) se retrouve nu comme un ver dans un monde parallèle où il va rencontrer (entre autres) une sorcière, un nain (qui m’était très sympathique), une enfant-cygne, un dragon et la fée Morgane en personne.



Selon Jean-Daniel Brèque, « un récit joliment troussé, relevé d’une bonne pincée d’humour...» (je plussoie) « … qui s’achève sur un crescendo dramatique qui force l’admiration. » Hum… pour ma part j’aurais bien aimé une autre fin ou une suite.



Cela étant dit, j’ai passé un très bon moment de lecture.



Par contre, je n’ai franchement pas été emballée par les deux nouvelles qui se déroulent dans la célèbre taverne « Le Vieux Phénix ». Je pense que je n’avais pas envie de dire au revoir à Holger qui conclu souvent ses tergiversations par un « oh et puis merde ! »







Challenge défis de l’imaginaire (SFFF) (5)





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Le chant du barde

Je me demande si je ne vais pas décider que Poul Anderson est mon auteur préféré, tous genres confondus.

Dans Le Chant du Barde, Jean-Daniel Brèque a réuni la crème des nouvelles/novellas hors cycle – donc hors Patrouille du Temps, Hanse Galactique et autres Flandry – de l’auteur. Un petit paquet d’entre elles a obtenu le prix Hugo. Et c’est un pur concentré de bonheur.



On retrouve, tissés au sein de merveilleux récits profondément addictifs, la passion de l’auteur pour les mythes – fondements indispensables à toute civilisation humaine – autant que pour le rationalisme et la science, et son amour du libre-arbitre qu’il place largement devant l’ordre et la sécurité imposés par un gouvernement, que la volonté de ce dernier soit louable ou pas.



Poul Anderson mêle avec maestria l’histoire personnelle de personnages aussi charismatiques que Manse Everard, le conflit géopolitique et le mouvement lent de la nature qui sert de décor aux gesticulations de l’humanité. Parmi toutes ces perles, j’ai tout de même mes préférées :



• Long cours : un contexte typé Ténébreuse de M.Z. Bradley, avec ces descendants d’un crash spatial qui ont recréé des civilisations et ont tout oublié de leurs origines. Un récit à la Bougainville sentant la flibuste et les conquistadores. Un artefact du passé centre de toutes les attentions, le tout sous la lumière d’une magnifique géante gazeuse.



• Pas de trêve avec les rois : peut-être ma nouvelle préférée. Une guerre civile dans les États Pacifique 300 ans après la Bombe. La volonté de recréer l’unité mais imposée par un impérialisme sournois et « étranger » qui fait balancer ses tenants dans le mauvais camp (pour Poul).



• Le partage de la chair : sur une planète, le meurtre abominable d’un explorateur scientifique par un autochtone cache un secret qui touche à l’écologie de ce monde. A rapprocher de La Voix des Morts d’Orson Scott Card. Mince, c’est peut-être celle-ci ma nouvelle préférée.



• La reine de l’air et des ténèbres : Quand les mythes humains sont utilisés pour tenir ces derniers à distance des… autres. Une scientifique à la recherche de son enfant kidnappé. Un Sherlock qui fera les bonnes hypothèses pourtant improbables.



• Le chant du barde : une réécriture du mythe d’Orphée matinée de défense du libre-arbitre dans un univers contrôlé par un ordinateur qui fait penser à l’Architecte de Matrix.



Et je viens de lister plus de la moitié des récits de ce recueil.

Poul Anderson était un novelliste hors-pair. Ce recueil le prouve s’il en était besoin.

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La Patrouille du temps - Intégrale, tome 1

Ah, j'ai suffisamment cassé du sucre sur le dos du Bélial, pour les raisons que vous savez, pour avoir enfin l'occasion d'en dire du bien !

Cette réédition en 2 volumes de "La Patrouille du temps" de Poul Anderson, auteur majeur des genres de l'imaginaire, est particulièrement réussie grâce à un travail bien pensé et qualité : outre tous les récits du cycle qui s'étalent IRL de 1955 à 1995 (avec traduction révisée par deux Roll Royce de l'exercice de style !), on a un avant-propos de Jean-Daniel Brèque, deux articles de l'auteur et une postface de l'inénarrable Xavier Mauméjean. Après je suis chafouin, et je signale que se moquer gentiment de la « SF à papa » pour recourir aux illustrations de Caza et la police d'écriture de la série "Battlestar Galactica" d'origine c'est cocasse ^^



De l'immense auteur SFFF Poul Anderson je n'ai lu que "Roma Mater" (série qui n'est toujours éditée en entier en VF, une honte pour les éditeurs concernés !) et "La Patrouille du temps", (une des rares séries de l'auteur a avoir été éditée en entier...) pourtant j'ai immédiatement cerné l'auteur : il met tellement de lui-même dans ses créations que ses personnages sont peu prou un extension de lui-même quand ils ne lorgnent pas carrément du côté de ses bons vieux Gary Stu... Poul Anderson était un fils d'immigré scandinave qui vécu 10 ans au Texas avant que sa mère ne le ramène en Europe puis ne le rapatrie en Amérique pour cause de WWII, dans un middle-west conservateur, pour ne pas dire fondamentaliste (voire carrément christianiste !). Au contraire d'un Robert A. Heinlein qui faisait un peu la même chose avec ses personnages principaux mais en ayant rompu définitivement avec le milieu dont il était issu, Poul Anderson savant et croyant a toujours été un individu partagé entre deux cultures et deux visions du monde, et cela se ressent dans sa production prolifique tantôt hardcore reader tantôt easy reader, tantôt résolument Science-Fiction (il a été membre éminent Science Fiction and Fantasy Writers of America), tantôt résolument Fantasy (il a été membre éminent de Swordsmen and Sorcerers' Guild of America)... Toutefois l'auteur n'a jamais oublié ses ses premières amours car outre la SF de l'Âge d'Or à laquelle il contribua tant à son zénith qu'à son crépuscule, il n'a jamais oublié qu'il avait toujours été fan du Sword & Planet d'Edgar Rice Burroughs et de la Sword & Sorcery de R.E. Howard (il faudra que je lise ses contributions aux univers créées par ces fabuleux auteurs, maîtres du sens of wonder !)

C'est donc un auteur érudit et sensible, véritable touche-à-tout humaniste parfois piégé par les préjugés du passé. Malheureusement les commissaires littéraires bobos-hipsters qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de l'édition française ont décidé pour des raisons que la raison ignore de le mettre sur leur liste noire... (oui ces prises de positions libertariennes et/ou conservatrices sont plus ou moins horripilantes, mais ce n'est pas un criminel contrairement à certaines et certaines mis et mises en avant par ces mêmes bobos-hipsters)





Pour rentrer dans le cœur du sujet, "La Patrouille du temps" est une série de nouvelles / novelas écrites de 1955 à 1995 qui explore avec maturité, érudition, humanisme et sens of wonder le thème des voyages dans le temps. Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est la grande maturité avec laquelle l'auteur aborde son sujet : le temps est malléable, plastique, et résilient... En bref il a tendance à toujours retrouver sa trame originelle, donc il en faut beaucoup pour le faire bifurquer... le Doctor Who au meilleur de sa forme ne l'aurait pas mieux expliqué ! ^^



"La Patrouille du temps" ("Time Patrol", 1955) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037/critiques/1555666



"Le Grand Roi" ("Brave to be a King", 1959) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037/critiques/1555666



"Les Chutes de Gibraltar" ("Gibraltar Falls", 1975) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037/critiques/1555666



"Échec aux Mongols" ("The Only Game in Town", 1960) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037/critiques/1555666



"L'Autre Univers" ("Delenda Est", 1955) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps/11037/critiques/1555666



"D'Ivoire, de singes et de paons" (1983) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-Patrouille-du-temps-Tome-2--Le-Patrouilleur-du/113724/critiques/1649142



"Le Chagrin d'Odin le Goth" (1983) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-Patrouille-du-temps-Tome-2--Le-Patrouilleur-du/113724/critiques/1649142



"Stella Maris" (1991) : voir ce que j'en ai dit ici

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-Patrouille-du-temps-Tome-3--La-Rancon-du-temps/127129/critiques/1688392
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La Patrouille du temps - Intégrale, tome 1

Manse Everard est un New-Yorkais du milieu des années 50 (20ème siècle s'entend) quand il est recruté par la Patrouille du Temps. Jean-Daniel Brèque le qualifie comme « l'un des plus emblématiques des héros andersoniens. »



Manse effectue sa formation dans l'Oligocène ce qui ne manque pas de me faire penser à Jim Barett que Robert Silverberg envoie dans le Cambrien (Les Déportés du Cambrien est publié en 1967). Les maîtres du temps sont les Danelliens dont on n'apprend pas grand chose dans ces premières nouvelles sauf qu'ils vivent dans un très lointain futur.



Les agents de la patrouille effectuent des missions pour préserver le fil du temps des altérations qui découlent de l'invention du voyage temporel. Ils doivent donc se soumettre à un règlement qui sera souvent mis à rude épreuve…



Dans « La patrouille du temps » Manse fait équipe avec un certain Whitcomb pour résoudre une affaire dans l'Angleterre du Ve siècle. Ce qui me plaît beaucoup avec Poul Anderson c'est qu'il n'essaye pas de nous faire croire que tout le monde parle la même langue sur toute la planète, à toutes les époques. Comme dans Fatum, il y a un truc !



Mis à part cette nouvelle qui fait office d'épisode pilote, j'ai surtout apprécié « Le Grand Roi » et « L'Autre monde ». « Les chutes de Gilbraltar » est, à mon sens, anecdotique et « Echec aux Mongols » ne m'a pas passionnée plus que cela.



Dans « Le Grand Roi », Manse part à la recherche de son ami Keith égaré dans la Perse antique. De cette histoire, il y avait moyen d'en faire un roman. J'ai surtout aimé la chute de l'histoire.



Dans « L'Autre monde », Manse part en virée avec son collègue Piet van Sarawak dans le New York des années 60 mais à leur arrivée toute l'histoire a changé. D'après les renseignements glanés, il semblerait que l'histoire s'est pris les pieds dans le tapis à l'époque des guerres puniques…



Sans en dire plus, je dois dire que cette série de nouvelles est vraiment palpitante car elle mêle avec brio histoire et science-fiction. Merci à Poul Anderson pour ce bon moment de lecture !





Challenge une année avec Ursula Le Guin/Poul Anderson (2018)

Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (69)

Lecture commune La Patrouille du temps 1/4

Club Poul Anderson



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L'Épée brisée

Quel souffle épique et impitoyable !



Ce roman magistral est un pur bijou de fantasy. Je ne suis pas experte en la matière mais il est inutile de l'être pour en faire le constat.

Je ressors de cette lecture avec plein d'images dans la tête. Tout un monde féerique et merveilleux s'est invité dans mon imaginaire. Avec des paysages nordiques, époustouflants, grandioses et inhospitaliers qui s'apparentent à La Terre du Milieu, des paysages mus par des ciels tourmentés et par des intempéries plus redoutables les unes que les autres. Eh oui, il ne s'agit pas ici d'un monde idyllique, aux couleurs pastels et aux saveurs enchanteresses.

Si l'univers décrit par Poul Anderson est régi par la magie, il n'en reste pas moins terrifiant ! Elfes, trolls, géants, nains, humains, créatures divines et mythologiques se partageant ces terres hostiles n'ont de cesse d'assouvir leurs vengeances.



Skafloc et Valgard, en héros maudits, se trouveront au cœur d'une de ces vengeances dès leur naissance et il leur sera alors difficile d'échapper au funeste destin qui les attend.



Cette histoire pourrait se lire comme un conte de fée qu'on raconterait le soir aux enfants qui rêvent d'un monde peuplé d'êtres fantastiques, de héros invincibles menant combats redoutables et vaillants contre de féroces ennemis, pour sauver ou venger leur père, leur mère, leur aimée...

Mais, ce n'est pas vraiment un conte de fée ; c'est une geste. C'est ainsi que Poul Anderson présente son roman dans l'Avant-propos : «  Pour parler franchement, ce livre est une geste, le récit d'événements impossibles se déroulant dans des lieux inexistants. » Pour autant, Poul Anderson précise que certains passages de son récit peuvent s'appuyer sur des éléments historiques avérés et situés aux prémisses du Haut Moyen-âge, tels le début de christianisation des civilisations scandinaves ou encore la culture s'exprimant sous forme de poèmes déclamés.

Tout cela forme un ensemble fort cohérent qui renvoie inévitablement le lecteur (en tout cas, ce fut le cas pour moi) à des questions d'ordre mystique quant à l'existence ou non du monde de la Faërie. Mais, si vous le voulez bien, -notez que je ne vous en donne pas le choix-, je garderai ces réflexions pour moi.



Certains lecteurs dont j'ai lu les critiques de ce livre trouvent la fin un peu abrupte. Ce n'est pas mon propre ressenti. Elle ouvre sur une autre histoire et là je vais encore citer Poul Anderson : «  Quant à ce qu'il est advenu des personnages de cette histoire, de l'épée, de la Faërie elle-même – qui, de toute évidence, n'est plus présente sur Terre-, ceci est une autre histoire, qui sera peut-être contée un jour. » et laissée librement à l'imagination du lecteur...





(Livre lu dans le cadre du Challenge SFFF 2017. Merci Relax!)

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Tau Zéro

Tau zéro , fait partie des ouvrages de Poul Anderson qui tiennent toujours très sérieusement la route .



L’idée de frontière et de vol spatial au long court soutiennent ce roman qui n’a pas spectaculairement vieilli ( perso je l’ai lu en anglais je précise ) .

En fait le temps qui passe lui a plutôt conféré une patine « jeunesse « . Encore que à mon humble avis cela fait une lecture adulte tout à fait honnête , franchement .



Le pitch : cinquante personnes lancées dans l’infini , dans un vaisseau qui suite à une avarie , ne peut décélérer , et cela ne va pas vraiment détendre l’atmosphère à bord tout en ouvrant des perspectives aussi fabuleuses que angoissantes .

Pas mal de hard science et c’est peu de le dire , pour apprécier ce roman il faut donc incontestablement , posséder une fibre empathique pour cette branche de la science-fiction ( nettement ) et pour le space opera orthodoxe solidement rationnel .



Cette donne de hard science porte principalement sur les constantes astrophysiques , notamment celles en rapport avec l’espace-temps ( normal dans un vaisseau spatial qui accélère ) .



Les personnages et le contexte général sont suffisamment convaincants, pour que l’on adhère globalement à cette fiction .



Concernant les rapports humains au sein de l’équipage , je dirais que le temps a passé et que voilà , le temps a passé ...

Cela peut-être gênant pour certains , mais ce n’est pas rédhibitoire et les impétueux et fougueux amateurs de science-fiction au sang bouillonnant , devront bien , un jour admettre , le temps passant , et bien : que la science-fiction comme le « Main Stream « , possède ses classiques , tout simplement .

D’ailleurs bloquer sur « l’ancien « les éloigneraient et les priveraient , de somptueux textes superbement écris aux propositions toujours valides .



En tout cas , sur le fond scientifique , Tau zéro tient toujours bien la route .

Cette prose affiche quelque chose de scrupuleux qui au-delà de la crédibilité , fonctionne un peu comme un mantra qui fait que le contexte , pénètre le lecteur de manière insidieuse , avec une forme d’insistance assez volontaire et entreprenante .



Encore une fiction plaisante , sur le fameux paradoxe de Langevin , et voilà , c’est variation sur un thème et « la nave va « ( c’est le cas de le dire ! ) !



Pour le lecteur , c’est une fenêtre sur un futur lointain qui s’ouvre, et pour l’équipage aussi , et ça le pousse à dysfonctionner comme cela contraindra ces gens , à voir leur univers perdre du sens , tout en étant eux-mêmes , les témoins d’un lointain futur ...



Une bonne lecture de science-fiction classique , rationnelle , et orthodoxe .



Il va sans dire que si vous appréciez les récits où les étoiles sont personnifiées sur un mode anthropomorphique , au point de venir se curer les ongles des pieds , dans votre salon ...

Bon , alors , disons que ce n’est pas Taux zéro qu’il vous faut ...

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La saga de Hrolf Kraki

Un jour vint où la Reine Srafina de Babel confia une mission à ses deux scaldes favoris

On les nommait Nadou la Liseuse Numérique et BazaR le Hibou Sceptique

Cette mission difficile, ils l’acceptèrent dans l’enthousiasme

Déterrer l’Histoire du Roi des Danois Hrolf Kraki

Voilà qui s’annonçait ardu, voire chimérique

Car qui, de nos jours, connaît cette vieille saga

Qu’en des temps de l’épée chantaient les guerriers sur le champ de bataille

Mais ardu ce ne fut pas

Car d’autres scaldes talentueux avaient déjà œuvré à la tâche

Le plus talentueux d’entre eux s’appelait Poul Anderson

Bien que vivant du côté du Vinland

Du sang Norrois coulait dans ses veines

Et de l’encre danoise, musicale et épique, s’écoulait de sa plume

Nos deux scaldes de Babel n’eurent plus qu’à s’installer

Et à savourer le chant de la saga qui s’unit si bien avec l’hydromel

Le chant de Hrolf Kraki, c’est le chant du Grand Nord

De ce Danemark mystérieux recouvert des brumes du Haut Moyen-Âge

Mais aussi de la Gothie, de la Scanie et de la Suède

Et des fjords de Norvège

C’est le chant de leurs reines et de leurs rois

De leurs héros mais aussi de leurs traîtres

Des hommes et des femmes que l’on n’oublie pas

Qui parfois plurent aux dieux avant de leur déplaire

Qui vécurent des vies tragiques qui en rappellent d’autres

Il y a de l’Œdipe dans la relation entre Helgi et Yrsa

Bjorn et Béra évoquent les amants Etienne de Navarre et Isabeau d'Anjou

Héros du Dit de Lady Hawke

Et l’effroyable Skuld transmet dans son histoire un peu de la Madouc de Lyonesse

Si bien conté par le grand Jack Vance

Et Hrolf lui-même, accompagné de ses treize guerriers

N’est-il pas comme cet Arthur de l’Ouest et ses compagnons de la Table Ronde ?

Bjarki, n’est-ce pas Lancelot ?

Et Svipdag, Perceval ?

Ces correspondances n’entendent pas souligner le plagiat

Mais bien plus l’universalité de la tragédie de l’homme

Confronté à sa bonne et sa mauvaise nature

Soumis aux caprices de dieux bien peu reconnaissants

A la sorcellerie d’êtres retors, avides et cruels

Mais aussi soutenu par une magie blanche protectrice

Et une volonté plus dure que l’Uru dont est fait Mjöllnir, le marteau de Thor

Le récit qu’en fait le scalde Poul est épique

Porté par un rythme changeant où l’on repère couplets et refrains

C’est une symphonie, un opéra

Deux semaines durant les deux scaldes de Babel s’abreuvèrent à cette source

Appréciant chaque ligne, échangeant leurs impressions

Malgré la distance les séparant

La saga s’est mêlée à leurs chairs

Et s’est gravée dans leurs mémoires

La chanteront-ils à leur tour, à la cour de Babel ou dans les provinces franques ?

Qui sait ?

Mais la plume s’assèche

Et dans le style froid qu’emploie le scalde Poul en fin de chapitre

Il est temps d’achever cet austère billet

Ici s’achève le récit de la saga de Hrolf Kraki contée par BazaR le Hibou Sceptique

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La saga de Hrolf Kraki

La saga de Hrolf Kraki a reçu le Prix August Derleth du meilleur roman de fantasy en 1974. Il s’agit d’une réécriture d’une saga légendaire scandinave.



« Pour ce qui est de la structure, Anderson respecte fidèlement celle de la saga, qui est avant tout la biographie d’un grand roi, l’un des premiers hommes du Nord à avoir recherché l’unité d’un pays, à avoir forgé une nation. Certes, le lecteur a son content de prouesses épiques, de magie et de monstres, mais, du fait de son inscription dans l’Histoire, ce roman a un poids que n’ont pas les œuvres de fantasy purement imaginaires. S’il sera peu imité sur le fond, Anderson aura quantité de continuateurs pour ce qui est de sa démarche. » J.-D. Brèque



Poul Anderson nous offre ici un excellent roman sur un roi semi-légendaire du Danemark, Hrolf Kraki qui a vécu au début du 6e siècle. Dans l’ensemble l’histoire est assez sombre mais assez caractéristique de l’époque.



Quoi qu’il en soit, le roman n’est pas exclusivement centré sur Hrolf. On va suivre également l’histoire de son père Helgi, de sa mère Yrsa et de plusieurs de ses guerriers comme Svipdag et Bödvar par exemple.



La bataille finale m’a laissée sans souffle…



Ce livre m’a donné envie d’en apprendre davantage sur la saga originale et de lire La geste des Danois de Grammaticus Saxo. C’est ce que font toujours les meilleurs livres : nous donner envie d’en lire d’autres (et de fouiner en ce qui me concerne ^_^ ).



Après la quadrilogie du Roi d’Ys, un de mes romans préférés de l’auteur.



De ses one-shots traduits en français, il ne m’en reste plus que deux à lire : Le hors-le-monde et Conan le barbare. Ensuite, je pourrai m’attaquer à La Hanse galactique et à Dominic Flandry.









Challenge ATOUT PRIX 2020

Challenge livre historique 2020

Challenge mauvais genres 2020
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La troisième race

Ce court roman raccourci (il s’agit encore d’une traduction abrégée) a d’abord été publié en 1953 sous le titre «Silent victory». Lors de sa réédition en 1959, le titre est devenu «The War of Two Worlds» et traduit en 1960 aux éditions Fleuve Noir.



L’histoire commence par la fin… «Sa Grandeur, l’Intelligence Suprême, Seigneur du Système Solaire» savoure sa victoire. On lui apporte un cahier où David Arnfeld y a décrit les événements qui se sont déroulés après la défaite des Terriens face aux Martiens lors la Première Guerre Interplanétaire (vers 2043).



Qui est-il et quels sont les liens qui unissent sa destinée à celle de Christine Hawthorne et de Regelin dzu Coruthan ?



Voilà une histoire excellente qui m’a à nouveau ravie : Poul Anderson est une valeur sûre, une lecture-confort. L’écriture, la progression de l’intrigue, la description du contexte, les personnages, … j’ai adoré ! Et la note d’humour, avec le test du manche à balai électrique… je vous laisse à votre imagination pour deviner ce dont il s’agit ^_^



Pour la petite histoire, Poul Anderson s’est servi de ce roman comme point de départ pour en faire la novella « Pas de Trève avec les Rois ! » (lu dans Orphée aux étoiles de Jean-Daniel Brèque).



Un excellent moment de lecture que je vous recommande.







Challenge mauvais genres 2020

Challenge Anticipation/Fleuve Noir
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Le chant du barde

Ceci est ma 700ème critique, elle est dédiée à Poul Anderson et ses fans :)



Au fil de mes lectures, j'ai déjà dû lire une petite trentaine de nouvelles de Poul Anderson. Je suis loin d'en avoir fait le tour, mais j'y travaille.



https://www.babelio.com/liste/8433/Poul-Anderson-la-traque-aux-nouvelles



Je connaissais déjà plusieurs nouvelles de ce recueil. Long cours et Le jeu de Saturne ont été précédemment publiés dans « Les abîmes angoissants de Poul Anderson» et j'ai déjà croisé la route de Sam Hall dans « Le Barde du futur ».



La Reine de l'Air et des Ténèbres a été publiée dans plusieurs recueils, mais j'ai la chance d'avoir mis la main sur la publication originale avec la sublime couverture de Kelly Freas (The Magazine of Fantasy and Science Fiction, April 1971).



https://farm9.staticflickr.com/8064/8218051379_020e7d99bf_z.jpg



J'ai vraiment préféré cette dernière dans celles que j'ai relu. Belle illustration du talent de conteur de Poul Anderson qui est aussi un grand poète.



Dans les nouvelles « inédites » j'ai vraiment préféré Le partage de la chair qui est une histoire de vengeance mais pas que. Elle aussi une belle histoire de tolérance.



Le chant du barde est excellente, j'ai lu que le titre original « Goat song » était la traduction littérale du grec tragôidia, racine du mot « tragédie ». C'est une réécriture du mythe d'Orphée, ceci explique donc cela.



Pas de trêve avec les rois ! Est la nouvelle dont est tirée la célèbre citation « J'aimerais mieux être mort que domestiqué », celle qui a valu à Poul Anderson de se faire cataloguer comme un méchant réactionnaire ^^ Elle me donne à penser que dans certains conflits il est difficile de savoir qui sont les « gentils » et qui sont les « méchants ».



Jupiter et les centaures aurait inspiré un certain James Cameron pour un de ses plus grands films...



Destins en chaîne est celle que j'ai le moins aimé. Pour la petite histoire, Marie Absil (philosophe) s'est basée sur cette nouvelle pour « s'interroger sur différents modèles de prise en charge de la maladie mentale ainsi que leurs conséquences sociales ». Intéressant quoi qu'il en soit.



En conclusion, encore un recueil excellent mais en ce qui me concerne, Poul Anderson est une valeur sûre.



Prochain recueil sur ma liste La reine de l'Air et des Ténèbres, aux éditions J'ai lu de 1982 avec 5 autres nouvelles à découvrir. Chouette !!





Challenge pavés 2019
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La Patrouille du temps - Intégrale, tome 2

Ah, j'ai suffisamment cassé du sucre sur le dos du Bélial, pour les raisons que vous savez, pour avoir enfin l'occasion d'en dire du bien !

Cette réédition en 2 volumes de "La Patrouille du temps" de Poul Anderson, auteur majeur des genres de l'imaginaire, est particulièrement réussie grâce à un travail bien pensé et qualité : outre tous les récits du cycle qui s'étalent IRL de 1955 à 1995 (avec traduction révisée par deux Roll Royce de l'exercice de style !), on a un avant-propos de Jean-Daniel Brèque, deux articles de l'auteur et une postface de l'inénarrable Xavier Mauméjean. Après je suis chafouin, et je signale que se moquer gentiment de la « SF à papa » pour recourir aux illustrations de Caza et la police d'écriture de la série "Battlestar Galactica" d'origine c'est cocasse ^^



De l'immense auteur SFFF Poul Anderson je n'ai lu que "Roma Mater" (série qui n'est toujours éditée en entier en VF, une honte pour les éditeurs concernés !) et "La Patrouille du temps", (une des rares séries de l'auteur a avoir été éditée en entier...) pourtant j'ai immédiatement cerné l'auteur : il met tellement de lui-même dans ses créations que ses personnages sont peu prou un extension de lui-même quand ils ne lorgnent pas carrément du côté de ses bons vieux Gary Stu... Poul Anderson était un fils d'immigré scandinave qui vécu 10 ans au Texas avant que sa mère ne le ramène en Europe puis ne le rapatrie en Amérique pour cause de WWII, dans un middle-west conservateur, pour ne pas dire fondamentaliste (voire carrément christianiste !). Au contraire d'un Robert A. Heinlein qui faisait un peu la même chose avec ses personnages principaux mais en ayant rompu définitivement avec le milieu dont il était issu, Poul Anderson savant et croyant a toujours été un individu partagé entre deux cultures et deux visions du monde, et cela se ressent dans sa production prolifique tantôt hardcore reader tantôt easy reader, tantôt résolument Science-Fiction (il a été membre éminent Science Fiction and Fantasy Writers of America), tantôt résolument Fantasy (il a été membre éminent de Swordsmen and Sorcerers' Guild of America)... Toutefois l'auteur n'a jamais oublié ses ses premières amours car outre la SF de l'Âge d'Or à laquelle il contribua tant à son zénith qu'à son crépuscule, il n'a jamais oublié qu'il avait toujours été fan du Sword & Planet d'Edgar Rice Burroughs et de la Sword & Sorcery de R.E. Howard (il faudra que je lise ses contributions aux univers créées par ces fabuleux auteurs, maîtres du sens of wonder !)

C'est donc un auteur érudit et sensible, véritable touche-à-tout humaniste parfois piégé par les préjugés du passé. Malheureusement les commissaires littéraires bobos-hipsters qui font la pluie et le beau temps dans le milieu de l'édition française ont décidé pour des raisons que la raison ignore de le mettre sur leur liste noire... (oui ces prises de positions libertariennes et/ou conservatrices sont plus ou moins horripilantes, mais ce n'est pas un criminel contrairement à certaines et certaines mis et mises en avant par ces mêmes bobos-hipsters)





Pour rentrer dans le cœur du sujet, "La Patrouille du temps" est une série de nouvelles / novelas écrites de 1955 à 1995 qui explore avec maturité, érudition, humanisme et sens of wonder le thème des voyages dans le temps. Ce qui m'a frappé de prime abord, c'est la grande maturité avec laquelle l'auteur aborde son sujet : le temps est malléable, plastique, et résilient... En bref il a tendance à toujours retrouver sa trame originelle, donc il en faut beaucoup pour le faire bifurquer... le Doctor Who au meilleur de sa forme ne l'aurait pas mieux expliqué ! ^^



"Le Bouclier du temps" est à la fois un roman mosaïque et un fix-up de nouvelles, mais dans l'un et l'autre cas c'est un pot-pourri de la série réalisé en 1990 :

https://www.babelio.com/livres/Anderson-La-patrouille-du-temps-tome-4--Le-bouclier-du-tem/131502/critiques/1784294



"La Mort et le Chevalier" est un extra pour une anthologie de 1995 :

Chronologiquement, il s'agit du dernier récit consacré à la Patrouille du Temps : l'histoire est courte et simple en nous racontant un opération d'exfiltration spatio-temporelle menée par ce bon vieux Manse Everard !

Hugh Marlow est un agent de terrain chargé d'observer l'institution des Templiers, autorisé à divulguer des informations sensibles sur la passé, le présent et l'avenir pour monter en grade et mieux exercer son métier... Mais en nouant un relation intime avec Foulques de Buchy, il en divulgue un peu trop sur l'oreiller ! Car nous sommes à la veille de l'extermination de l'ordre par Philippe IV le Bel, sur accusation de sorcellerie et sodomie, et pour sauve son ordre Foulques de Buchy est prêt à livrer son amant à la justice royale. La Patrouille du Temps ne peut pas sauver les Templiers déjà condamnés par L Histoire, mais délivrer et/ou tuer son agent avant qu'il ne tombe entre les mains de la monarchie française.

C'est un peu moins bien que d'habitude, mais la nouvelle se lit bien quand même. Quel dommage que l'auteur exploite pas ou peu la tragédie des amants maudits, pour développer entre les lignes son idéologie libertarienne : les Templiers aurait été une pépinière d'entreprise médiévale, ayant pour héritiers les Francs-Maçons et les États-Unis d'Amérique paradis capitaliste, alors que le sinistre Philippe IV le Bel aurait eu lui pour héritiers Napoléon et Staline ces vils bureaucrates étatistes leaders d'enfers communistes... Nous sommes donc bien dans l'idéologie car aucun historien ne peut ignorer que l'Angleterre d'Édouard II le Sec était bien plus étatiste, bureaucratique et oppressive que ne le fut jamais la France de Philippe IV le Bel !



"Science-fiction et histoire" est un article plutôt littéraire et "La Découverte du passé" un article plutôt politique, mais dans les deux l'auteur se dévoile : c'est quelqu'un d'intelligent et de cultivé, qui se pose des questions résolument positivistes mais avec une grille de lecture issu du milieu dont il est issu donc il aborde tout les sujets de manière très intéressante mais en se retrouvant systématiquement en porte-à-faux. Ambivalent voire ambigu il finit par dire tout et son contraire et on aurait bien aimé qu'il applique ses sentences à lui-même, mais heureusement on évite le pire car Poul Anderson n'est un enième Eric Zemmour qui réécrit l'Histoire pour cracher sur tout ce qui bouge et tresser des lauriers sur l'époque dorée de sa jeunesse... Donc il veut la démocratisation mais défend l'élitisme, il nous dit que tout est possible mais défend le There Is No Alternative, il nous dit que l'humanité doit être cosmopolite mais ne parle que des WASP, il nous dit qu'il faut sauver la planète mais vomit l'écologie, il admire les peuples premiers mais le colonialisme ne le gêne absolument pas... et je passe sur l'assez gonflante propagande libertarienne et ses mensonges habituels !



"Agents de l'Histoire" est écrit par Xavier Mauméjean : pour ceux qui connaisse le bonhomme, vous savez que c'est une sacrée tête pensante donc que tout ce qu'il dit est passionnant mais qu'il faut bien s'accrocher pour tout suivre et tout comprendre ^^
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La Patrouille du temps - Intégrale, tome 2

Voilà bien longtemps que je n'avais plus savouré le plaisir de lire tout un livre tranquillement dans mon canapé (d'habitude je lis dans le train).



Dans ce deuxième volume de l'intégrale, on retrouve Manse Everard pour de nouvelles aventures (bien évidemment) mais on fait aussi la connaissance d'un nouveau personnage. Wanda Tamberly est une jeune biologiste qui va se retrouver embarquée dans la patrouille à cause d'un conquistador du 16ème siècle...



« La rançon du temps » nous emmène donc au 16ème siècle chez les Incas. La rançon fait référence à celle d'Atahualpa, le dernier empereur de l'Empire inca indépendant. Elle est volée par les empêcheurs de tourner en rond de la patrouille, les Exaltationnistes.



J'ai lu sur Wikipédia que cette fameuse rançon ne pesait pas moins de 12 tonnes d'or et d'argent. Finalement, Atahualpa a quand même été condamné au bûcher. Enfin, comme il a accepté de se convertir il n'a été que garrotté ^^ Quelle bande de sauvages ces Espagnols !



C'est l'histoire que j'ai préféré. J'ai beaucoup moins aimé « La Mort et le Chevalier » qui était trop court. C'est comme quand on s'installe pour un long voyage et qu'à peine assis on se rend compte qu'on est déjà arrivé à destination.



Passons au coeur de l'intégrale avec « Le Bouclier du temps », qui selon J.-D. Brèque représente l'apothéose du cycle. J'ai un peu été surprise d'y trouver 3 histoires distinctes, le lien entre celles-ci m'a échappé. Nous retrouvons Manse en 209 avant J.-C. à Bactres (aujourd'hui quelque part du côté de l'Afghanistan) dans la première histoire et Wanda en Béringie en 13212 avant J.-C. dans la deuxième. On apprend à mieux connaître Wanda qui est obstinée et un tantinet agaçante… mais attachante. Il lui faudra du temps pour mettre en pratique l'adage : « Parfois, la Patrouille doit se montrer aussi cruelle que L Histoire. »



La troisième histoire débute par la mort de Roger de Hauteville avant l'heure… et l'histoire se prend à nouveau les pieds dans le tapis (cfr. L'Autre univers/Delenda est). Heureusement que Manse était en vacances dans le Pléistocène. Mais ici, ce ne sont plus les Exaltationnistes qui menacent le cours du temps mais le chaos ! Excellente histoire.



Les bonus : deux articles du Maître et une post-face de Xavier Mauméjean.



J'adhère totalement au postulat de Poul Anderson qui dit que la science-fiction et l'Histoire sont intimement liées.



Dire qu'ils envisagent de supprimer les cours d'histoire…







Comme c'est ma dernière critique de l'année, je vous souhaite une belle et heureuse année 2019.





Challenge défis de l'imaginaire (SFFF) (151)

Challenge pavés 2019

Club Poul Anderson
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La Patrouille du temps, Tome 3 : La Rançon du..

"Stella Maris" (1991) :



Manse Everard est contacté par Janne Floris spécialiste des Germains de l'Âge du Fer (décidément l'auteur est passionné par les ploucs teutons ^^) : elle a retrouvé les livres perdus des "Annales" de Tacite, mais en possède deux versions qui divergent de manière intrigante sur un point qu'elle juge inquiétant !

Chez Tacite 1, la prêtresse bructère Veleda prêche la guerre contre Rome avant de se raviser et de jouer un rôle non négligeable dans les pourparlers de paix entre rebelles bataves et autorités romaines...

Chez Tacite 2, la prêtresse bructère Veleda jusqu'au-boutiste soutien la guerre à outrance avant de s'exiler en Grande Germanie puis en Europe de l'Est pour fonder une nouvelle religion prophétisant la destruction de Rome...

Allez hop, c'est parti pour une enquête de terrain avec investigations à rebours pour trianguler la bifurcation éventuelle de l'histoire et ses répercussions de la trame du continuum espace-temps... (et évidemment les enquêteurs sont quelque part à la fois cause et conséquence des événements qu'ils observent ^^)



Sur le fond c'est très intéressant car l'auteur a décidé de nous raconter l'année des quatre empereurs et le game of throne romain non du centre mais de la périphérie, non du haut mais du bas... Durant la révolte germano-gauloise de 69-70 après Jésus-Christ, il s'attarde ainsi sur la sécession de Civilis (devenu depuis lors un héros national aux Pays-Bas). Et il se fait une joie de la comparer à la Guerre d'Indépendance américaine, les rebelles bataves jouant le rôle des insurgents et la Rome de Néron jouant le rôle de l'Angleterre de George III (en oubliant qu'il n'y a ici pas d'Océan Atlantique et de flotte française pour protéger le David libéraliste du Goliath étatiste ^^)... Alors évidement Poul Anderson laisse filtrer là-dedans ses idées libertariennes complètement hors-sujet voir WTF, mais j'ai noté avec jubilation que son Gary Stu qui n'arrête de critiquer l'État, le gouvernement, l'administration et tutti quanti répète à chaque épisode que les fonctionnaires de la Patrouille du Temps sont en sous-effectif ! ^^

Par contre je suis complètement passé à côté de toutes les réflexions sur les relations entres paganismes évolutifs et christianisme primitif, avec l'apparition de nouveaux cultes ou la résurgence d'anciens cultes qui auraient préparé le terrain au triomphe de la religion chrétienne en propageant ses valeurs, ses messages et ses méthodes. L'auteur était croyant et pratiquant, et malgré des précautions oratoires en amont et du rétropédalage en aval son concept d'espace-temps résilient est mis mal par toutes ces passages où explicitement ou implicitement il fait comprendre que la voie vers la civilisation et le progrès passe forcément par le judaïsme et le christianisme (donc tout ce qui a pu et peut les favoriser c'est bien, et tout ce qui a pu ou peut les défavoriser c'est mal)... Je regarde la civilisation chinoise, et c'est la grosse rigolade ! ^^



Sur la forme c'est très hétérogène : c'est à la fois un qualité et un défaut... D'un côté on prend conscience de toute le palette technique et artistique de l'auteur, mais d'un autre côté la succession de tons et de styles m'ont empêché de me plonger dans le récit. On retrouve l'alternance entre passé et présent du récit "Le Chagrin d'Odin le Goth", car on passe de la Germanie du Ier siècle pour investiguer et les Pays-Bas du XXe siècle pour débriefer, les deux époques étant aussi bien décrites l'une que l'autre. D'ailleurs l'histoire de Janne Floris est assez proche de celle de Carl Farness, sauf qu'on la fait raconter au lieu de la montrer et que la spécialiste des Germains d'Occident du Haut Empire n'est pas confrontée aux mêmes choix cornéliens et à leurs conséquences douloureuses et tragiques que le spécialiste des Germains d'Orient du Bas Empire... Il y a beaucoup de personnages, beaucoup d'événements, beaucoup de lieux et beaucoup de mouvement mais tellement d'ellipses qu'il n'est pas facile de se prendre au jeu : on a des passages poétiques voire mystiques, on a des passages moraux où on oppose l'action man Manse Everard qui a déjà tout vu et tout connu et l'intellectuelle Janne Floris bouleversée par tous les massacres auxquels elle assiste, on a des passages mélancoliques avec Wael-Edh et Heidhin traumatisés par une tragédie qu'ils n'ont jamais pu surmonter et qu'ils tentent de compenser en étanchant une soif de vengeance commune, on a parfois des passages aussi immersifs qu'un R.E. Howard au meilleur de sa forme (il faudra que je lise les aventures de Conan le Cimmérien écrites par Poul Anderson ^^) et on a parfois des passages aussi arides émotionnellement qu'une chronique historique (mais il toujours intéressant de se plonger/replonger dans les écrits de Tacite, Suétone et leurs émules ^^)...





"L'Année de la rançon" (1988) :



Le 3 juin 1533 le frère franciscain Esteban Tanaquil supervise l'inventaire de la rançon de l'Inca Atahualpa sous la surveillance du capitaine Luis Ildefondso Castelar Moreno de Barracota, mais l'un et l'autre sont enlevés par les bandits temporels exaltationnistes de Merau Varagan. Ils sont interrogés le 15 avril 1610 sauf qu'Esteban Tanaquil est en fait Stephen Tamberly agent de terrain de la Patrouille du temps et que la capitaine Castelar a l'âme d'un héros : il délivre celui qui soupçonne d'être un sorcier avant de s'emparer d'un sauteur temporel et de partir quelque part au bord de l'Océan Pacifique le 11 mai de l'an 2937 avant Jésus Christ... Les Exaltationnistes voulaient rançonner la Patrouille du Temps en menaçant de foutre le bordel dans l'Empire de Charles Quint, le capitaine Castelar lui compte rançonner son sorcier pour assurer sa place à la droite de Dieu en triomphant de tous les ennemis de la très catholique Espagne : sauver Francisco Pizarro Pizarro, conquérir les Amériques, vaincre les hérétiques protestants et les Turcs mahométans avant de reprendre Jérusalem et le Tombeau du Christ ! Vaste programme et Stephen Tamberly lui donne les coordonnées spatio-temporelles de sa nièce nièce Wanda Tamberly : le face-à-face entre l'hidalgo macho et la strong independant woman californienne est réjouissant (« Senorita, lâchez cette arme », « Mais c'est un aspirateur !) » ^^), ce choc des civilisations rappelant de bons souvenirs à ceux qui ont connu les films/séries des années 1980/1990 ^^



Malheureusement à partir du moment où est contactée la Patrouille du Temps, Poul Anderson arrête de nous montrer les événements pour les faire raconter à posteriori par son Gary Stu : en rompant avec le règle d'or « show, don't tell » le récit devient immédiatement beaucoup moins intéressant... On fait raconter l’arrestation des Exaltationnistes qui est un gros pschitt, la neutralisation et et la rééducation du fier hidalgo et la récupération quelque part chez les populations préhistoriques de l'Océan Pacifique de l'oncle Stephen / Esteban… L'auteur nous a bien fait comprendre qu'il kiffait les femmes athlétiques, donc c'est tout naturellement que son Gary Stu Manse Everard et Wanda Tamberly entame leur romance sans doute à suivre dans un épisode suivant ^^



Réjouissant puis frustrant (et ce n'est pas la première fois), le récit a le mérite de montrer de l'auteur est aussi efficace avec la légèreté qu'avec la gravité : il m'a donné vachement envie de me lancer dans "Les Croisés du Cosmos" dont le pitch présente pas mal de similitudes avec celui de cette sympathique nouvelle ^^
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Fatum

Je me promène régulièrement sur ebay à la recherche de livres qui sont épuisés (et qui ne sont plus réédités). C'est ainsi que j'ai découvert ce livre de Poul Anderson, Fatum (The Dancer from Atlantis). La couverture fait un peu peur mais c'était l'époque des couvertures rebutantes.



Quatre personnages : Duncan un Américain du 20ème siècle, Oleg un Russe de l'époque de Yaroslav le sage (11ème siècle), Uldin un Hun (4ème siècle ?) et Erissa une Minoenne (+/- 1400 avant J.-C.) se retrouvent soudain en Égypte transportés par une machine à voyager dans le temps. L'auteur ne nous prend pas pour des idiots : il ne nous fait pas croire que ces 4 personnes vont réussir à communiquer dans la même langue. Il a donc inventé le mentatór. Comme ils se trouvent plus proches de l'époque d'Erissa ils vont tous apprendre sa langue.



On devine très vite que les évènements se sont déjà produits : Erissa reconnaît Duncan. Ils se sont rencontrés dans son passé (à elle) mais bien sûr son futur à lui. J'aime beaucoup le concept qui me fait toujours penser à Emmett Brown (dans Retour vers le futur 3) qui trouve très cool d'avoir un avenir dans le passé.



Ce qui m'a surtout plu c'est l'idée d'assister aux événements qui ont créé les mythes et les légendes et de se rendre compte que cela n'a rien à avoir avec la réalité.



Ce qui m'a troublé c'est de n'être pas certaine de l'époque… car le mythe de l'Atlantide (Platon) situe l'engloutissement de cette civilisation à 9600 ans avant J.-.C. À un moment donné Duncan dit : « j'ai remonté deux douzièmes de vingt-six mille années. » Mais bon c'est de la SF pas un roman historique.



Bref, j'ai passé un bon moment de lecture.



Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin

Challenge multi-défis 2017 (43)

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Tau Zéro

Ce petit bijou de la SF au titre si alléchant aborde le sous-genre arche stellaire appartenant au genre space opera. Ce genre est l’un de mes préférés en matière de SF, dont il représente à mon avis la quintessence. Et quand il est de plus estampillé « hard SF », en référence aux sciences dites « dures », on peut s’attendre à des développements technologiques et scientifiques assez pointus. Les sciences dites « molles » comme la psychologie sociale, l’étude des comportements, entre autres, ne sont pour autant pas oubliées dans le récit, comme vous allez pouvoir le découvrir si toutefois vous me lisez jusqu’au bout. Cependant, la science ici serait donc plutôt hard. Démonstration.



Le facteur tau en question (la lettre grecque τ) possède une limite asymptotique que l’on ne peut scientifiquement atteindre, mais dont le concept est omniprésent dans le récit. Tau étant égal à √(1-v2/c2), il tend vers zéro lorsque la vitesse v s’approche de c, l’infranchissable vitesse de la lumière dans le vide. Son inverse, plus connu dans les équations relativistes sous le nom de facteur de Lorentz, est lui désigné par la lettre grecque gamma : γ = 1/τ = 1/√(1-v2/c2). Si v tend vers c, τ tendra vers zéro et γ tendra vers l’infini et au-delàààààààà… de quoi faire un sacré buzz !



Si par malheur vous vous approchez de cette limite, il pourrait vous en cuire car vous subirez alors la contraction des longueurs et le ralentissement du temps (observés seulement par ceux qui restent sur le plancher des vaches). Et c’est justement ce qui arrive aux protagonistes de cette histoire, qui en embarquant pour une croisière stellaire et en diminuant drastiquement leur facteur tau, voient à l’inverse leur monde d’origine disparaître dans l’accélération vertigineuse du temps terrestre, rendant ainsi caduc tout espoir de retour.



Voilà pour les principes sous-jacents de cette hard SF, reconstituant fidèlement dans son scénario les effets relativistes prévus par Einstein. Le récit de Poul Anderson est émaillé de références aux calculs relativistes et de points de situation, rappelés en voix off sans jamais être trop pesants, permettant de mesurer la distance parcourue, le temps écoulé, la vitesse atteinte, etc. au cours du voyage stellaire.



Le pitch est assez simple : cinquante hommes et femmes respectant parfaitement la parité embarquent à bord du Leonora Christina pour un voyage d’exploration spatiale qui doit durer 32 années et atteindre l’une des exoplanètes les plus prometteuses du système Beta Virginis. Cette étoile a été utilisée pour valider la théorie de la relativité générale en 1922, clic, clic (clin d’œil appuyé de Poul). Mais des ennuis techniques (dont je ne spoilerai pas le contenu ici) entraînent quelques fâcheuses complications et tout ne va évidemment pas se passer comme prévu. Et même, disons que l’on va s’écarter bien loin du prévu, sortir largement des sentiers battus et prendre quelques libertés avec les itinéraires bis de bison futé de la manière la plus extrémiste qui soit.



Les personnages embarqués sont nombreux mais suffisamment creusés pour présenter un panel de personnalités contrastées et attachantes ; les intrigues se nouent et se dénouent rapidement ; les situations de crises se gèrent sans être répétitives, faisant ressortir les individualités, transparaître les stratégies personnelles, les conflits amoureux et les luttes de pouvoir. L’étude des comportements sociaux d’une communauté d’humains mijotant en vase clos est subtilement développée et même théorisée par le personnage principal, Charles Reymont, le gendarme du bord, formé pour maintenir l’ordre et garantir la cohésion du groupe. Charles Reymont, personnage central par ailleurs pas toujours très sympathique, mais sachant dans tous les cas de figure conserver son sang-froid, deviendra peu à peu l’homme-clé indispensable pour toute prise de décision concernant la survie du vaisseau.



On retrouve le thème de l’arche stellaire dans d’incontournables standards de la SF anglo-saxonne. On peut citer à titre d’exemples "Croisière sans escale" de Brian W. Aldiss, "Les orphelins du ciel" de Robert A. Heinlein, ou encore "Pour une autre terre" d’Alfred E. Van Vogt.



Pour ma part, je rapprocherais "Tau zéro" de "Pour une autre terre", qui décrit également et avec brio (mais de façon moins scientifique) les effets relativistes sur un vaisseau qui parvient contre toute attente à revenir sur Terre au terme d’un long périple, dans une hallucinante scène superposant des réalités « transformées » (au sens des transformations de Lorentz). Convenons que Van Vogt parvient à faire reculer les frontières de l’imaginaire romanesque, en faisant fi de la crédibilité scientifique, en franchissant allègrement la vitesse de la lumière, là où Poul Anderson ancre son récit dans une orthodoxie scientifique rigoureuse, au risque de brider son imaginaire fictionnel (car même s’il pousse assez loin le bouchon, c’est sans réels effets de surprise et toujours dans la même direction).



Qu’à cela ne tienne, Tau zéro reste un magnifique exemple de space opera mâtiné de hard SF, équilibrant parfaitement la toile de fond scientifique et la comédie humaine qui se joue au premier plan, en huis-clos, servie par des acteurs attachants qui parviennent à éviter les stéréotypes.



Ce roman, sorti en 1970 aux Etats-Unis, n’a pas pris une seule ride et était cité par Poul Anderson lui-même comme étant l’un de ses cinq meilleurs romans. Il aura pourtant fallu attendre quarante ans avant de le voir traduit et publié en France. Consternation ! Nous sommes bien en face d’un cas d’école. Tau zéro avait-il été jugé trop « hard science » à l’époque ?



Les éditions Le Bélial rattrapent le coup et, afin de mieux nous faire comprendre les éléments scientifiques du récit, nous offrent en prime quelques bonus collector de très bonne facture : un avant-propos de Jean-Daniel Brèque, une postface de Roland Lehoucq (par ailleurs auteur de "La SF sous les feux de la science" qui reprend quelques idées de cette postface ou inversement). Roland Lehoucq ne se contente pas d’éclairer pour nous le contexte scientifique de sa plume limpide et vulgarisatrice, il entreprend de refaire tous les calculs relativistes à partir des éléments glanés dans le récit et ne laisse rien échapper (il pointe au passage les erreurs de Poul Anderson !)

Un grand merci à Babelio et aux éditions Le Bélial pour cette opération Masse critique, qui, on l’aura compris, était de très grande qualité.

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La patrouille du temps, tome 4 : Le bouclie..

30 ans après l’avoir commencé, Poul Anderson boucle sa série "La Patrouille du temps" avec ce tome 4 intitulé "Le Bouclier du Temps" : c’est tout à son honneur, mais roman-mosaïque ou bon vieux fix-up ce recueil de nouvelles a pour fil rouge l’histoire d’amour entre l’expérimenté Manse Everard paysan du middle-west des années 1950 devenu plus homme de réflexion qu’homme d’action et l’inexpérimentée Wanda Tamberly californienne bon teint des années 1980 (est-on dans le domaine de l’autobiographie ou du fantasme ? ^^). Et force est de constater que j’ai galéré pour le terminer...





Dans un 1er temps, "Les femmes et les chevaux, le pouvoir et la guerre" est la suite et le remake "D'ivoire, de singe et de paons"… Les derniers Exaltationnistes menés par Raor le clone féminin Merau Varagan sont toujours en cavale dans l’espace temps à la recherche du moyen de semer le chaos, et suite à une découverte archéologique ils choisissent le royaume antique de Bactriane en 209 avant Jésus Christ comme nouveau champ de bataille… Nous dans le grand jeu entre patrouilleurs du temps et terroristes spatio-temporels (ce n’est pas un hasard si le récit se déroule là où se déroulait le Grand Jeu entre Britanniques et Russes au XIXe siècle), et les uns et les autres boulant débouler n’importe où et n’importe quand avant de repartir on ne sait où et on ne sait quand les uns et les autres doivent bien préparer le terrain : c’est ainsi qu’entre peplum et aventure orientale Manse Everard investigue dans l’Asie Centrale indo-grecque pour démasquer ses adversaires et leurs objectifs, et qu’il sympathise avec les locaux voués à être emportés dans la guerre qui se prépare entre Antiochos III et le tandem père-roi/ fils-prince formé par Euthydème et Démétrios… Car le chasseur devient le chassé quand il est repéré par ses adversaires, et il c’est seul qu’il doit les empêcher de faire d’Antiochos III un nouvel Alexandre le Grand !

Mêmes qualités et mêmes défauts que le récit d’origine : le récit est riches en descriptions et pauvre en action, du coup la longue phase de préparation est bien plus plaisante que la courte de phase de résolution. L’auteur est pris au piège de la mobilité spatio-temporel de ces personnages, du coup on dépasse pas le jeu du chat et de la souris. L’intérêt vient quand même du fait qu’on ne sait pas si les retours au présent où Manse dialogue avec Guion l’agent spécial des Danélien se passent avant, pendant ou après les passages en -209… Toujours pas fan des passages où en bon Gary Stu de Poul Anderson le héros se fait le défenseur du libertarisme voire du reaganisme avec russophobie et islamophobie : on dézingue les gouvernements, les fonctionnaires, les taxes et les guerres mais on se lamente que les policiers de temps manquent d’argent, de moyen et de personnel et on fait un plaidoyer pour la Guerre du Vietnam ; on critique le suprématisme culturel mais on explique que l’Occident set tout et que l’Orient n’est rien ; et quand on se moque des croyances païennes antiques non seulement on fait de la téléologie sinon de l’anachronisme mais en plus l’auteur chrétien nous fait le coup de l’hôpital qui se fout de la charité !





Dans un 2e temps, "Béringie" est un remake du "Chagrin d’Odin le Goth", puisque Wanda a été affectée comme naturaliste dans le Détroit de Bering en -13212 et que comme Celle-qui-connaît-l’étrange / Cheveu-de-Soleil elle a tellement sympathisé avec le peuple sédentaire Tulat qu’elle ne supporte pas de les voir maltraités et exploités par le peuple nomade Wanayimo étudié par par son collègue anthropologue originaire de l’époque victorienne… Au point qu’elle le roule dans la farine en provoquant elle-même leur départ de la région pour que ses protégés puisse survivre et prospérer en attendant la disparition de la Béringie à la fin de l’âge glaciaire et la montée des eaux !

Cela aurait pu et cela aurait dû être très bien, et un pamphlet anticolonialiste entre la passionnée Wanda Tamberly, américaine républicaine du XXe siècle, et le flegmatique Ralph Corwin, anglais royaliste du XIXe. Mais on est très éloigné de combats de Rahan pour la liberté, l’égalité et la fraternité car les USA font du colonialisme déguisé et du suprématisme à visage découvert depuis près de 2 siècles et qu’en nationaliste libertarien Poul Anderson ne veut pas le reconnaître : c’est tellement ambigu voire confus que je n’ai jamais su s’il on était dans le 1er ou 2e degré, dans le réquisitoire ou le plaidoyer ! Déjà en plaçant les Blancs avant les Amérindiens sur le continent américain on voit très bien où il veut en venir : les Visages Pâles n’auraient pas volé leurs terres aux Peaux-Rouges, ils n’auraient fait que les récupérer à ceux qui leur auraient volé des milliers d’années auparavant (c’est n’importe quoi, mais je comprends pourquoi les Américains soutiennent mordicus la colonisation des territoires occupés palestiniens par les Israéliens)… Il y auraient pu avoir un message dans l’inversion des situations avec des Blancs colonisés et exploités et des Amérindiens colonisateurs et exploiteurs, mais cela ressemble tellement à ces décennies de westerns WASP dans lesquels de braves sédentaires blancs et chrétiens, bref des civilisés, se faisaient attaquer par de vils nomades rouges et païens, bref des barbares, que je n’y ai cru que quelques pages avant de passer en mode rage (d’autant plus que c’est faussement atténué par le personnage de Loup-Rouge qui à chaque décision tranche pour les radicaux de son peuple au lieu des modérés du peuple d’en face)… On trouve normal que « les plus développés » donc les plus forts volent et violent, pillent et tuent, et « les moins développés » donc les plus faibles trouvent presque normal de se laisser faire. Poul Anderson reprend les thèses du darwinisme social ici appliquées aux civilisations humaines, et il reprend les bobards des bienfaits civilisateurs de la colonisation : les faibles sont exploités sans pitié mais, mais ce n’est pas grave puisque c’est pour qu’il apprennent les techniques de leurs colonisateurs plus avancées (qu’importe la douleur, qu’importe l’injustice et qu’importe si on enlève une adolescente avant de la violer, puis de l’abandonner à son triste sort un fois enceinte : après tout, ce n’est qu’une travailleuse immigrée qui n’a pas su supporter le déracinement culturel). L’auteur se plaint d’un monde pollué, mais soutient l’idéologie de la croissance infinie et du consumérisme à outrance, il se plaint que les peuples premiers ont pollué la nature immaculée mais n’est pas dérangé pat la civilisation moderne incarnée par les USA qui saccage le monde entier. Et c’est ça le pire, tout ce qui ne le dérange pas chez les WASP m’insupporte chez les autres, et tout ce qui m’insupporte chez les autres ne le dérange pas chez les WASP : j’appelle cela du racisme et du suprématisme ! Cerise sur le gâteau Wanda Tamberly qui remonte le temps pour bolosser un hippy pacifiste et cracher sur les sixties car ces traîtres à la patrie et à l’humanité auraient été responsables des boat people et des Khmers Rouges (bon, c’est un strong indepenant woman altermondialiste ou une working girl reaganienne ???) : Mr Poul Anderson c’est la Guerre du Vietnam et toutes ses horreurs qui en ont radicalisé les victimes au point d’en arriver à ces déferlements de haine incontrôlables, et si vous pensez que la violence est la solution à tous les maux du monde vous ne valez pas mieux que les gens que vous dénoncez ! Voilà, c’est dit et même écrit !!!





Dans un 3e temps, "Stupor Mundi" est le remake de "L’Autre Univers" puisque la trame espace-temps a été éradiquée et qu’on charge une nouvelle fois Manse Everard de la restaurer ! On découvre l’univers alpha dans lequel au XXe siècle un occident théocratique en retard sur l’Histoire et en crise est gravement menacé par la Russie autocratique et la Turquie islamique, puis après une restauration foirée de la continuité historique par la Team Everad l’univers beta dans lequel au XXe siècle un occident laïque est encore plus en retard, encore plus en crise et encore plus le point de disparaître que l’univers alpha. Manse Everard doit cogiter et enquêter dans la Sicile médiévale pour comprendre que le nexus n’est pas un événement mais une personne, et cette personne n’est pas un membre de la dynastie Hauteville ou de la dynastie Hohenstaufen, mais un dénommé Lorenzo de Conti promis par le chaos quantique à la grandeur et qui s’avère être la version italienne de Luis Ildefondso Castelar Moreno de Barracota (voir "La Rançon du temps") ! C’est dont tout naturellement que Wanda en bonne agente de l’empire terrien va devoir jouer de ses charmes, quitte à donner de sa personne, et que Manse en bon agent de l’empire terrien va devoir jouer au Gambit de Dieu, quitte à donner de sa personne…

On oppose l’autel et le trône, les guelfes et les gibelins, le temporel et le spirituel mais cela est fait sans action, sans émotion, on ne retrouve pas vraiment les belles descriptions de l’auteur, par contre on retrouve bien les idées de l’auteur qui passent du libertarisme au reaganisme : il ne faut pas faire d’ethnocentrisme mais tout ce qui n’est pas blanc et chrétien ne sert à rien, l’athéisme ne mène à rien, le catholicisme est rétrograde, le protestantisme est progressiste, le christianisme a révolutionné les sciences et libérer les femmes et tutti quanti (et je passe sur les remarques islamophobes à cause desquelles j’ai faillit laisser tomber le bouquin)… Poul Anderson vieillit, et pas en bien hein ! Mais je commence à bien connaître l’auteur donc c’est sur un plan purement littéraire qu’ici il m’a déçu, car l’ensemble s’avère assez linéaire et sans surprise alors qu’on aurait pu grandement et facilement fluidifier et dynamiser le récit avec un POV centré sur Keith Denison perdu et piégé dans l’univers alpha et un autre POV centré sur Wanda Tamberly perdue et piégée dans l’univers beta, au lieu d’assommer les lecteurs avec de longs et lourds passages explicatifs amené sans aucune subtilité. Dans l’épilogue un Danélien déguisé en moine prêche la bonne parole : hors de l’ultralibéralisme et de l’hypercapitalisme il n’y a point de Salut… THERE IS NO ALTERNATIVE, AMEN !





Poul Anderson est un auteur ambivalent voire dual d’où les incohérences et les contradictions permanentes coincés entre deux cultures et deux vision du monde (d’où sa double casquette auteur de SF / auteur de Fantasy aussi) : l’homme qui se balade avec ses gros sabots libertariens est aussi l’homme qui a su traiter des drames humains avec beaucoup de finesse et d’empathie… Pour moi Poul Anderson c’est un Robert Heinlein qui n’a pas su se libérer de ses origines (par ailleurs les deux auteurs étaient amis IRL) : alors que l’auteur du Bible Belt a rompu avec de dernier pour devenir humaniste quitte à partir en guerre contre le fondamentalisme, alors que Poul Anderson a toujours porté un regard bienveillant et nostalgique sur la Scandinavie rural et protestante de l’entre-deux-guerre et le middle-west rural et religieux de l’entre-deux-guerres. Je suis loin d’avoir tout lu de l’auteur dont je compte bien poursuivre l’exploration de la bibliographie, mais je note quand même que dans les années 1960 il faisait des efforts pour ménager la chèvre et le chou, et que quand il allait trop loin il rétropédalait pour rattraper le coup… mais que passé le reaganisme triomphant des années fric il ne fait plus beaucoup d’effort en flirtant avec l’idéologie et le prosélytisme quand il ne frôle pas le dérapage suprématiste !

Après avec "La Patrouille du temps", il a exploité toutes ses bonnes idées dès le départ en faisant converger drames intimes et destins collectifs. Son idée de la résilience du continuum espace-temps est séduisante puisqu’elle permet de passer outre l’effet papillon, mais avec sa vision linéaire du temps il se retrouve vite piégé par les règles du jeu qu’il a lui-même édicté : l’humanité doit passer par le judaïsme, le christianisme, la Réforme protestante, l’Angleterre capitaliste et les USA hypercapitalistes, donc cela limite vite les possibilités d’uchronie puisque tout le reste ne sert à rien dans la marche forcée vers sa manifeste destinée… Peu d’originalité (alors que les auteurs de "GURPS Alternate Earths" en ont à revendre alors qu’ils s’inspirent justement de "L’Autre Univers"), pas de conflits d’autorités au sein de la Patrouille du temps (on explore pas sa hiérarchie et son arborescence puisque les hommes sont quantités négligeables dans le chaos quantique qui ne peut déboucher que sur une seule voie), et pas de multivers moorcockien et de potentiels chocs de civilisations ou de potentielles guerres des mondes (alors que dans "La Brèche" des reporters temporels font une boulette le 6 juin 1944, avant que ne déboulent les méchas des Allemands du futur et les drones des Américains du futur venus chacuns défendre leur ligne temporelle !)… C’est dommage on aurait pu aller plus loin, et même beaucoup plus loin avec un Manse Everard découvrant que sa ligne temporelle n’est pas naturelle mais artificielle, et qu’il défend un monde qui aurait dû être meilleur sans les interventions des posthumains Danéliens : oh oui, aller dans cette voie aurait génial mais au final Poul Anderson ne veut absolument pas remettre en cause son TINA !
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La Patrouille du temps, Tome 2 : Le Patroui..

"D'Ivoire, de singes et de paons" (1983) :



Cette nouvelle aurait pu et aurait dû être géniale, mais l'auteur n'exploite pas pleinement tous ses ingrédients....

Des chronoterroristes ont faut sauter un temple dans la ville de Tyr, événement interprété par les locaux comme un épisode de mécontentement divin, et menace de faire sauter toute la cité si on ne leur remet aux coordonnées spatio-temporelles indiquées un transmutateur de matière... Manse Everard est envoyé sur place pour enquêter, mais malgré toutes ses précautions est attaqué dès son arrivée dans la Cité-Etat phénicienne par un assassin venu du futur !

Comme tout le sait une bonne histoire nécessite un bon méchant, et ici on oppose à la Patrouille du Temps les Exaltationnistes, des criminels eugénistes et suprématistes sans autre foi et sans autre loi que celle du plus fort ! On assiste ainsi à un duel à distance entre Manse Everard et Merau Varagan : c'est Sherlock Holmes contre Moriarty, c'est Kirk contre Khan dans "Star Strek", c'est Ravenor contre Zygmunt Molotch dans "Warhammer 40000"... sauf que cela n'est exploité que dans le flashback consacré au maraboutage de Simon Bolivar dans l'Amérique latine du XIXe siècle (le super-vilain ayant essayé de transformer le libérateur en dictateur), et que le récit se limite à une enquête, un infiltration et un arrestation sans guère d'action !

Les terroristes temporels peuvent frapper n'importe où et n'importe quand, et les flics temporels peuvent intervenir n'importe où et n'importe quand sauf qu'ils risquent de provoquer ce qu'ils veulent empêcher (à savoir un modification du continuum espace-temps). Mais comme les premiers ne peuvent agir sans avoir reconnu le temps, il revient aux seconds d'enquêter pour trouver les indices permettant en remontant le temps de les arrête à point nommé !

Avec ce récit comprends pourquoi Poul Anderson était un admirateur de R.E. Howard : comme lui il parvient à ressusciter une époque et son ambiance en quelques lignes, et c'est un véritable bonheur de déambuler parmi les habitants d'une civilisation depuis longtemps disparue. Par contre Manse Everard est plus que jamais le Gary Stu de l'auteur : l'action man perd en crédibilité à force de citer les classique de la poésie à tout bout de champ, et comme dans les romans d'aventure vintage bourré de paternalisme colonial il agit systématiquement en bon samaritain en prenant sous son aile l'orphelin Pummairam (remember "Kim" de "Rudyard Kipling" ^^), la jeune bergère Sarai et l'esclave de chambre Bronwen... Comme dans la nouvelle "Le Grand Roi", il hésite sans cesse entre cheering et bashing : d'un côté il décrit un civilisation libérale et progressiste qui aurait été indispensable au développement des civilisations grecque (la démocratie) et juive (le monothéisme), mais d'un autre côté il enfile comme des perles moult clichés péjoratifs sur les Orientaux... Je veux bien pardonner les stéréotypes dixneuvièmiste sur les Celtes (même si en 1983 ça commence à dater ce genre de conneries hein), je veux bien pardonner ses théories biaisées qui font des peuples de la mer des proto-vikings de la fin de l'âge du bronze, mais on se serait vraiment bien passé des digressions libertariennes qui personnellement m'ont sorti de la belle ambiance antiquisante car à plusieurs reprises on frôle le WTF ! (genre quand le héros annonce adorer l'antiquité parce qu'au moins les cadeaux ne sont pas taxés comme au XXe siècle : s'il voulait critiquer la TVA comme sous-produit de l'Etat-Providence, il raconte vraiment que des bullshits)





"Le Chagrin d'Odin le Goth" (1983) :



Carl Farness est un érudit chrononaute travaillant pour la Patrouille du Temps, spécialisé dans la protohistoire des peuples germaniques. Dans les brumes qui séparent la Basse Antiquité du Haut Moyen-Âge, il veut utiliser la mythologie comparée pour faire le lien entre la saga des Niebelungen et les chroniques historiques de Jordanès pour étudier l'ethnogenèse et l'ethnologie des peuples goths. Il parcourt donc les terres d'Europe de l'Est tel Gandalf le Gris arpentant les Terres du Milieu, en ne détrompant personne quand on le prend pour le Dieu Voyageur... Sauf qu'il n'est pas agent de terrain et que le cœur a des raisons que la raison ignore : partagé en Laurie son épouse du XXe siècle et Jorith sa compagne des Âges Obscurs il finit par agir ou lieu d'observer prendre parti pour son sujet d'étude dans la légende des siècles, et influer sur la destinée de ses protégés en transformant leur histoire et leur mémoire, leur religion et leur mythologie (car comme Zeus n'était pas le roi des dieu dans les croyances grecques les plus anciennes, Odin / Wotan n'était pas le roi des dieu dans les croyances germaniques les plus anciennes). Tout cela oblige Manse Evevard à venir le coacher pour essayer de réparer ce qui peut encore l'être avant de détraquer le continuum espace-temps !

Ce voyage dans la protohistoire germanique par le biais de la mythologie est passionnant, et m'a rappelé à mes meilleurs souvenirs de JRR Tolkien (ah, chevaucher avec les cavaliers du Rohan ! ^^) : nous suivons avec sympathie puis empathie Carl Farness qui à chaque génération vient en aide ses enfants, avant que la Patrouille du Temps ne l'oblige à boucler la boucle mythologique pour éviter le paradoxe spatio-temporel en œuvrant au massacre de sa descendance !

La Science-Fiction est ici mise au service de tout le pathos des grandes tragédies mythologiques, et Poul Anderson s'incarne ici davantage en Carl qu'en Manse avec son infinie passion pour les yeomen anglo-saxons. Enfant d'immigrés scandinaves ayant vécu une partie de son enfance en Scandinavie durant l'entre-deux-guerres, il dépeint les heurs et malheurs de ses créations durant l'époque des grandes migrations. Nous faisons face à un grand récit et on se demanderait presque s'il ne s'est pas inspiré de l'iconoclaste "Voici l'Homme" de Michael Moorcock (qui était un fan de Poul Anderson, soit dit en passant ^^) dans lequel Karl Glogauer interne en psychiatrie partait à bord d'un TARDIS à la recherche de Jésus Christ !



Malheureusement, il est resté un WTF libertarien qui m'est resté en travers de la gorge, dans lequel l'auteur explique combien il faisait bon vivre aux États-Unis dans les années 1930 avant l'avènement de la Bête Immonde qu'aurait été l'Etat-Providence... Il semble n'avoir jamais vu "Les Raisins de la colère" et "Les Temps Modernes" : en bon idéologue il est dans le déni de la réalité en ignorant le chômage pandémique, la pauvreté galopante et les files interminables à la soupe populaire dans toutes villes d'Amérique ! Et plus les choses changent et plus elles restent les mêmes puisqu'aujourd'hui politicards, banksters, patrons voyous et médias prestitués clament haut et fort que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes dans un pays prétendument phare de la civilisation où ¼ de la population vit sous le seuil de pauvreté !!!





"La Mort et le Chevalier" (1995) :



Chronologiquement, il s'agit du dernier récit consacré à la Patrouille du Temps : l'histoire est courte et simple en nous racontant un opération d'exfiltration spatio-temporelle menée par ce bon vieux Manse Everard !

Hugh Marlow est un agent de terrain chargé d'observer l'institution des Templiers, autorisé à divulger des informations sensibles sur la passé, le présent et l'avenir pour monter en grade et mieux exercer son métier... Mais en nouant un relation intime avec Foulques de Buchy, il en divulgue un peu trop sur l'oreiller ! Car nous sommes à la veille de l'extermination de l'ordre par Philippe IV le Bel, sur accusation de sorcellerie et sodomie, et pour sauve son ordre Foulques de Buchy est prêt à livrer son amant à la justice royale. La Patrouille du Temps ne peut pas sauver les Templiers déjà condamnés par l'Histoire, mais délivrer et/ou tuer son agent avant qu'il ne tombe entre les mains de la monarchie française.

C'est un peu moins bien que d'habitude, mais la nouvelle se lit bien quand même. Quel dommage que l'auteur exploite pas ou peu la tragédie des amants maudits, pour développer entre les lignes son idéologie libertarienne : les Templiers aurait été une pépinière d'entreprise médiévale, ayant pour héritiers les Francs-Maçons et les États-Unis d'Amérique paradis capitaliste, alors que le sinistre Philippe IV le Bel aurait eu lui pour héritiers Napoléon et Staline ces vils bureaucrates étatistes leaders d'enfers communistes... Nous sommes donc bien dans l'idéologie car aucun historien ne peut ignorer que l'Angleterre d’Édouard II le Sec était bien plus étatiste, bureaucratique et oppressive que ne le fut jamais la France de Philippe IV le Bel !
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Tau Zéro

Tau zéro c'est l'incroyable histoire des membres de l'équipage du Leonora Chrisitina en route vers Beta Virginis. L'aventure humaine des ces 50 « naufragés de l'espace et du temps » m'a ravie. En le lisant, je n'ai pas pu m'empêcher de penser au livre de Bernard Werber intitulé le papillon des étoiles. Sans faire de comparaison (je l'ai lu il y a trop longtemps pour me lancer dans l'exercice) j'ai trouvé l'histoire de Poul Anderson beaucoup plus crédible. Dans le livre de Werber j'avais surtout été déçue par la fin, ce qui n'a pas été le cas ici. C'est vraiment un bouquin qui vaut le détour.



En ce qui concerne les explications scientifiques... je suis persuadée qu'en les lisant je devais avoir la même expression sur le visage que Jack O'Neill quand il écoute Samantha Carter s'emballer sur ses « délires astrophysiques » ^_^ Ce n'était pas hors de propos, loin de là, mais moi et la physique (ou l'astrophysique) ça fait deux. J'ai compris où il voulait en venir sans trop comprendre... Néanmoins, cela donne un petit cachet d'authenticité. On s'y croirait.



En parlant de Stargate, Tau zéro m'a aussi fait penser à l'épisode « Le temps d'une vie » (saison 10, épisode 20). C'est celui où l'équipe est coincée dans un vaisseau prisonnier d'un champ de dilatation temporel.



En conclusion : un très bon moment de lecture.





Challenge Poul Anderson / Ursula le Guin
Lien : https://poulanderson.blog4ev..
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