Citations de Raphaël Meyssan (90)
Je sentis dans ma pensée le vide absolu de ces grandes idées avec lesquelles on façonne le cerveau humain : Dieu ! Patrie ! République ! Tout cela, ce ne sont que des mots creux, qui ne font qu'aggraver nos misères et détruire la famille humaine.
La nuit de Noël, le froid est si rigoureux que plusieurs gardes nationaux sont morts aux remparts.
Dans les rues de Paris, on ne rencontre que des gens à la figure pâle et fatiguée, si triste. On ne peut pas faire un pas sans trouver sur son chemin un ou plusieurs convois funèbres. On s'habitue tellement à voir la mort défiler que cela semble faire partie de la rue.
Je conduis le deuil, ou plutôt le deuil me conduit. Et, serré de près par une mer humaine, je suis à plusieurs reprises projeté sur les roues qui, au moindre recul, finiront par me passer sur le corps. On me hisse donc sur le corbillard même, où je m'assieds, les jambes pendantes à côté du cercueil. Du haut de ce lugubre observatoire, je vois des remous se produire, des gens tomber, se relever, d'autres passer presque sous les pieds des chevaux ou sous la voiture, en danger continuel de se faire broyer. Pour comble d'énervement, le grand air auquel je suis exposé a creusé mon estomac à peu près vide depuis trois jours et m'enlève mes dernières forces. Tout à coup, la tête me tourne et je tombe inanimé en bas du corbillard.
J'habite la Ville Lumière. Celle de tous les rêves. Celle de la Tour Eiffel, des Champs Élysées, des Grands magasins et du Sacré Cœur.
Citoyens,
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
Défiez vous également des parleurs, incapables de passer à l'action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel.
Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue.
Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c'est aux électeurs à choisir leurs hommes, et non à ceux ci de se présenter.
Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres.
La parole est à Victor Hugo :
- Messieurs, Paris en ce moment est sous le canon des prussiens, rien n'est terminé et Paris attend.
Ces cinq mois de République ont été cinq mois d’héroïsme. Trois cent mille pères de famille se sont improvisés soldats.
Paris nous a donné un mandat : voter contre le démembrement de la patrie. Si cette paix se conclut c'en est fait du repos de l'Europe ! Il y a désormais en Europe deux Nations redoutables : l'une parce que victorieuse, l'autre parce que vaincue.
Mon mari avait quitté la maison depuis deux jours. Il était resté avec son bataillon. Il vient nous dire adieu. […] Il me demande de l’accompagner jusqu’aux fortifications de la barrière d’Italie.
Je vois le monde de Victorine vaciller.
Du sud-ouest de la ville, cent trente mille soldats déferlent dans Paris.
La Semaine sanglante a commencé.
- Nous voulons la République. Mais une République sociale ! En 1792, les révolutionnaires ont instauré la Commune insurrectionnelle de Paris. Nous voulons la République ! Nous voulons la Commune !
C'est pas un maire qu'on a !
C'est FERRY-FAMINE !
La guerre entraîne la guerre.
Bientôt, l'humiliante déroute poussera les Français à prendre leur revanche et à se jeter "la fleur au fusil" dans la Première Guerre mondiale.
La défaite de 1918 conduira les Allemands vers les horreurs de la Seconde Guerre mondiale.
La guerre de 1870 fut "une idée géniale".
Livrés à la domination de l'étranger, nous avons un dernier devoir à remplir. Nous déclarons nul et non avenu un pacte qui dispose de nous sans notre consentement. Vos frères d'Alsace et de Lorraine conserveront à la France, absente de leurs foyers, une affection filiale, jusqu'au jour où elle viendra y reprendre sa place.
(Le peuple parisien, ce 18 mars 1871)
Il croit avoir gagné. Il a déjà perdu.
Il lui reste soixante douze jours. Pas un de plus.
Dans soixante douze jours, tout sera fini, terminé, enterré. Il n'y aura plus rien, à peine l'espoir.
L'armée de Versailles va entrer dans Paris, massacrer, arrêter, condamner, fusiller, emprisonner, déporter, exiler, effacer.
Dans soixante douze jours, il fera nuit.
Un siècle et demi plus tard, je sais tout cela.
Les Parisiens l'ignorent. Ils y croient, ils espèrent,ils rêvent encore.
Je sentis dans ma pensée le vide absolu de ces grandes idées avec lesquelles on façonne le cerveau humain : Dieu ! Patrie ! République !
Tout cela, ce ne sont que des mots creux, qui ne font qu'aggraver nos misères et détruire la famille humaine !
Je me suis lancé sur la piste de Lavalette, mon voisin communard.
Je suis parti à sa recherche comme on part en voyage. J'ai bourlingué dans le temps, parcouru les rues pour retrouver sa trace, arpenté des livres pour rattraper sa vie. Au milieu des archives, j'ai cherché son histoire.
Je suis parti à la recherche de je ne sais trop quoi. Un petit quelque chose perdu en chemin. Une partie de nous mêmes qu'on aurait négligée. Un bout de notre histoire laissé sur le côté.
Un torrent de touristes m'a emporté au milieu de ce qui avait été une ville et n'était plus qu'un décor.
Soldats de l'armée de Versailles, Nous sommes des pères de famille. Nous combattons pour empêcher nos enfants d'être, un jour, courbés, comme vous, sous le despotisme militaire. Vous serez, un jour, pères de famille. si vous tirez sur le peuple aujourd'hui, vos fils vous maudiront, comme nous maudissons les soldats qui ont déchiré les entrailles du peuple en juin 1848 et en décembre 1851. Soldats, nos enfants et nos frères, écoutez bien ceci, et que votre conscience décide lorsque la consigne est infâme, la désobéissance est un devoir.
- Comment raconter une histoire écrite par des policiers ?
Un siècle et demi plus tard, certains revendiquent encore l'héritage des versaillais, quitte à réécrire l'histoire...