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Critiques de Rebecca Lighieri (404)
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Les garçons de l'été

Bon,ce livre,mon libraire me l'a mis hier dans les mains et,ce soir,je viens de tourner la dernière page.J'ai oublié qu'il faisait très beau,qu'il fallait tondre,faire des courses...Je suis resté avec les Chastaing,je les ai accompagnés dans leur lente mais inexorable descente aux enfers.

Ce roman est tout simplement diabolique .Les personnages se délitent au cours du récit,les masques tombent et l'on va de surprise en surprise.Le point de départ,c'est une famille aisée,apparemment sûre de sa 'force",aux règles bien établies et acceptées de tous les membres,une famille du paraître .Tout se déroule normalement,banalement,et la vie pourrait s'écouler ainsi jusqu'à la fin des temps si un maudit requin ne venait bouleverser ce bel agencement en faisant du beau Thadee un handicapé à vie.Et,à partir de là, plus rien ne sera comme avant,le bel équilibre familial va céder sous la bourrasque comme un château de cartes.Un tsunami va emporter les Chastaing,leurs proches et nous avec..

Parler de cette histoire est délicat car tout se dévoile page après page sous nos yeux,à travers les témoignages des différents protagonistes et chaque personnage,à tour de rôle dévoile une nature qu'on était loin d'imaginer.La famille quitte le paraître et laisse sortir son "être " et ça "décoiffe"!!!

C'est dur,cru,inquiétant ,stressant,prenant,on veut savoir et,je crois l'avoir lu dans certaines critiques,envoûtant au point que le lecteur ne peut se résoudre à abandonner,même pour un temps,ces personnages pour le moins complexes , troublants,terribles...

Pour moi,c'est du grand art,un livre vraiment puissant.

Un petit bémol,j'habite en Limousin,et,ici,le surf,bon,on sait ce que c'est,bien sûr ,mais...de loin.Surtout quand on a mon âge. Alors,les termes techniques....

Ah,oui,C'était pour me permettre de reprendre mon souffle?Et puis,maintenant le Limousin,c'est la Nouvelle Aquitaine et Biarritz,c'est la Nouvelle Aquitaine aussi....J'ai compris,lundi j'achète une planche....et je pars .

Je vous invite à me suivre,vous allez adorer.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Qui a tué Karl, ce monstre qui terrorise ses enfants et sa femme?





D’emblée, dès les premiers lignes, on est dans le sujet : ce que vivent Loubna et ses enfants est insoutenable. Karel et Hendricka en bavent tous les jours, mais ce n’est rien à côté du martyr du petit dernier, rejeté avant même sa naissance et qui a eu le malheur de naître avec de multiples malformations. Celui que son père nomme le gogol ou le triso, Mohand, et les deux autres enfants se construiront une nouvelle famille , à deux pas de la cité marseillaise où ils survivent , au coeur d’un camp de gitans. C’est là qu’ils tisseront des liens d’amour et d’amitié , alors qu’il leur faudra des années pour comprendre l’histoire familiale complexe dont ils sont issus.





Survient un drame . Et là j’ai cru être plongée dans un roman de Zola avec sa théorie de la dégénérescence et de l’hérédité de la violence. Un accident? une pulsion alcoolisée? Peu importe, Karel vit avec cette angoisse, d’être découvert , mais aussi de porter en lui un peu de la perversité paternelle .



Les personnages sont complexes. Si Karel et Handricka s’en sortent grâce à leur beauté (leur père ne parviendra cependant pas à tirer profit des castings auxquels il les présente inlassablement), Mohand tire son épingle du jeu en partie du fait de sa laideur, sa disgrâce physique et sa fragilité contribuant à une forme de séduction. Et puis il a un autre atout dans son sac, ce garçon…







C’est quasiment en apnée que se dévore ce roman dont les excès contribuent à l’addiction qu’il suscite. et l’on en sort comme estomaqué, après une scène finale époustouflante. Même si tout est un peu « trop », trop violent, trop beaux, trop laid, c’est très efficace.


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Les garçons de l'été

Parfois, l'on me demande : « Pourquoi écrivez-vous sur Babelio ? » Eh bien, la réponse est simple : pour parler de livres comme celui-ci, pour les faire connaître, pour me calmer un peu aussi car lorsque l'enthousiasme me gagne, c'est terrible, je rebats les oreilles de tout être vivant passant à ma portée pour le convaincre de se procurer au plus vite ledit bouquin, puis j'achève le malheureux en lui demandant sans arrêt : « Alors, t'en es où? », brûlant d'en discuter, voire vicieusement d'en révéler la fin.

Bref, les copains ! Coups de klaxon, grands mouvements des bras, agitation des drapeaux, STOP !!! Arrêtez-vous là et courez acheter ce roman qui m'a littéralement happée mais happée de chez happée. C'est simple, j'ai tout lâché : les copies, les courses, le ménage, j'allais dire les balades mais c'était pour faire genre car je n'en fais jamais.

Bref : j'ai a-d-o-r-é ce livre...

Alors, de quoi ça parle ?

J'en frémis encore rien qu'en rassemblant mes idées pour tenter de vous en parler… je crois d'ailleurs que mon article va être nul car mon enthousiasme m'empêche de réfléchir correctement. Reprenons-nous !

Nous sommes à Biarritz chez les Chastaing. Une espèce de famille bourgeoise idéale comme on en voit dans les publicités : le père Jérôme est pharmacien, la mère Mylène a fait des études de pharma mais n'a jamais exercé. Non, elle a préféré s'occuper de sa progéniture : deux magnifiques garçons, grands, athlétiques, bronzés, intelligents, doués pour les études , bref, des demi-dieux, surtout l'aîné que la mère adule. Ce dernier se nomme Thadée, le plus jeune c'est Zachée. Et puis, on aurait presque tendance à l'oublier, mais ces beaux mâles ont une petite sœur : Ysé, qui vit un peu dans son coin, bricole, colorie, fait des colliers d'insectes , des mosaïques abstraites dont tout le monde se moque. Et pourtant, elle est là, voit tout, observe tout, entend tout, comprend tout. Elle n'a l'air de rien comme ça, mais elle est d'une maturité et d'une lucidité surprenantes.

Que fait-on quand on est un ado et qu'on habite Biarritz ? Je vous le donne en mille : on fait du surf, on vole, on glisse, on court après La Vague, THE Rouleau, enfin bref je ne sais pas comment ça s'appelle tous ces trucs- là, parce que des termes techniques, il y en a ! C'est vraiment tout un monde ! En tout cas, l'aîné, Thadée, le dieu de la glisse, s'est offert un petit séjour de quelques mois sous le soleil de La Réunion pour surfer dans des endroits idylliques. Son frère Zachée l'a rejoint pour des vacances. L'eau, le ciel, la mer et nos deux beautés mâles glissant sur les flots… Waouh, restons sur terre !

Quand le téléphone se met à sonner dans la jolie maison biarrote, Mylène est bien loin de s'imaginer ce que Zachée va lui dire… et pour cause : Thadée, le demi-dieu, le roi-soleil, le fils adoré de sa mère, s'est fait bouffer par un requin.

Stop, je n'en dirai pas plus,

Je vous laisse imaginer le raz de marée qui va balayer la gentille vie des Chastaing...

Parce qu'au fond, ce terrible événement va mettre à jour le fond du tréfonds de chacun des protagonistes qui prendront la parole successivement. Et le moins que l'on puisse dire, c'est que ça ne va pas être joli, joli. La belle façade va progressivement se lézarder jusqu'à...

Qui sont en réalité ces gens-là, cette famille idéale, symbole de la réussite, ces beaux enfants que tous les parents souhaiteraient avoir ? Les masques vont tomber un à un. Chacun va tour à tour se dévoiler, ôter son masque et c'est terrible. Plus que ça encore. Une vraie tragédie. La tension est insoutenable, on sent que le pire n'a pas été atteint, qu'il est imminent, qu'il va leur éclater à la figure et que ça va faire mal, très mal. C'est une vague XXL qui va balayer toute cette petite famille où règne l'harmonie. Dur de dire sans dire, il faudra qu'on en reparle quand vous l'aurez lu !

En tout cas, madame Rebecca Lighieri ou Emmanuelle Bayamack-Tam, je ne sais pas trop comment vous voulez que l'on vous appelle, en tout cas, disais-je, chapeau bas, très bas même : cette histoire d'une force incroyable, ces personnages fouillés et si crédibles et cette écriture superbe qui coule, tiens, une vraie vague de surf, on est comme porté… et ce don d'observation que vous avez, c'est remarquable : vous savez ce qu'est un ado, ça c'est sûr ! Et tout ce qui concerne le surf : êtes-vous allée à Biarritz passer quelques vacances avec un bloc-notes à la main ? L'effet de réel est saisissant et c'est la raison pour laquelle votre récit nous entraîne avec lui et devient impossible à lâcher. Un vrai thriller... J'avais beau me dire à une heure avancée de la nuit : j'arrête, eh bien, mes yeux continuaient tout seuls le chapitre suivant !

Allez, c'est dix mille fois mieux que tout ce que je viens de vous dire et je ne peux vous donner qu'un seul conseil : LISEZ-LE ! (Si vous n'aimez pas, je rembourse… heu, non, je plaisante!)


Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Les garçons de l'été

C'est un titre bien innocent pour un livre qui ne l'est pas du tout. Au contraire, il est dérangeant, bizarre et effrayant. Et passionnant, surtout !



On pourrait dire que c'est une histoire de surf, de requins et de famille qui déraille suite au handicap soudain de l'un des siens.



Mais, à mon sens, c'est surtout l'histoire d'une famille de psychopathes, au sens propre ou au figuré : ils ont des secrets aussi inavouables que leurs noms sont improbables.



Ils quittent progressivement l'océan et ses vagues magnifiques pour s'enfoncer dans une fange immonde et trouble de malveillance, d'indifférence et de mensonge.



Et peut-être que nous sommes exactement comme eux, tant nous sommes intrigués et curieux en les regardant se débattre et se noyer...
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Chronique qui va faire tache dans cette frénésie de louanges. Mon âme sensible en a pris un coup. Voici mon ressenti à vif et toujours honnête.



Deux frères et une sœur en proie au désamour parental dans une cité marseillaise où règnent violence, injustice et misère.



Il est des hommes qui se perdront toujours raconte l’histoire d’enfants et futurs adultes perdus à s’être escrimés en vain à vouloir être aimés d’un père qui ne voulait pas d’eux.



Encore un livre qui parle de maltraitance, de colère, de conséquences à une enfance saccagée. J’aurai pu adhérer à ce livre mais -et la liste est longue- je n’ai pas pu.



Car :

- Je n’aime pas le langage ordurier, vulgaire. Dans ce roman, vous ne rencontrerez pas de jolies muses mais des putes. Ainsi sont nommées toutes les filles. Connards, enculés, bougnoules et j’en passe...

- Des passages à la pelle de scènes porno où le vocabulaire bad gamme s’en donne à cœur joie, je vous passe les détails.

- Des jeunes caricaturés dans leur cité où suinte la misère, où résonne le rap américain, où ça parle comme ça pisse, ni plus ni moins. Pauvres mômes, j’aspire à croire que la misère ne rime pas toujours avec ces clichés de rue.



En conclusion, ce roman ne m’a pas du tout séduite. Et encore moins fait rêver. J’aimerais penser qu’il existe encore des écrivains attirés par la lumière plutôt que par cette ombre dantesque. Des livres sur l’enfance massacrée, j’en ai lus quelques uns (La golfe blanche, Le château de verre, Ecchymoses,...). La non plus il n’y a nulle ou peu de lumière. Mais il n’y a pas non plus de surenchère dans les clichés ni de langage sali par de trop nombreuses références ici au sexe sale et mauvais. Si j’ai lu le roman jusqu’au bout, il sera très vite relégué aux oubliettes.

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Il est des hommes qui se perdront toujours

Pour un roman noir , c'est un roman noir . Une célèbre chanson déclame " qu'on ne choisit pas sa famille , qu'on ne choisit pas ses parents , qu'on ne choisit pas non plus les trottoirs de Manille " ...On en aura un " bel exemple " avec Karel , sa soeur Hendricka et le " petit dernier " , Mohand , "trois enfants à avoir été décapités dès l'enfance , trois à qui on avait refusé tout épanouissement et toute floraison , trois à n'être rien ni personne ..." ( p 14 )

L'enfer . Pas à Manille , non , à Marseille , un enfer dans le quartier de la cité Artaud près d'un camp de gitans .....

Comment Karel pourra- t - il échapper à la glu poisseuse qui l ' enserre dans ses pièges tentaculaires ? En changeant de nom ? En s'appelant Gabriel , par exemple ? " Cesser d'être Karel pour devenir le mec bien que j'aurais dû être ? " ( p215 ). Louable ...Possible ?

Dans ce roman , trois enfants vont tenter d'échapper à ce drame inéluctable : " La seule chose qui dure toujours , c'est l'enfance quand elle s'est mal passée ". Propos bien pessimiste pour un avenir compromis dès le début ? Karel , bien sûr, mais et la superbe Hendricka ? Et Mohand , méprisé , moqué , humilié sans cesse par son " père " ?

Mettre nos pas dans les leurs va être un parcours éprouvant, presqu'insupportable , un calvaire , un chemin de croix . Rien ne nous sera épargné et on ne peut guère espérer " souffler " dans ce monde impitoyable ..Pourtant , on ne peut plus " lâcher " cet engrenage infernal " dès lors que la " machine " , la " broyeuse " est en marche . Ames sensibles ...

Le style de l'auteur se met au diapason . C'est lourd , âpre , haché, peu conventionnel , au vocabulaire sans fioriture .Pas de la littérature ? Exagérément cru ? Peut - être pour certains et certaines qui pourraient " bouder " ce roman et que je pourrais comprendre . Pour ma part , j'ai beaucoup aimé , non pas par voyeurisme , non , j'espère bien que non mais parce que la complexité des personnages , et d'un en particulier , m'a laissé espérer, redouter , constater ...Ce roman a suscité en moi de profondes réflexions, de nombreuses émotions. L'enfance ... l'adolescence ...la vie d'un homme ...Ça ne devrait pas être ça " la vraie vie " .

Ah , au fait , le père, il a été assassiné. Par qui ? Et , oh , je ne suis pas " flic " , moi , juste lecteur et croyez - moi , dans ce livre impitoyable , ce n'est déjà pas si mal ... Je vous en dis trop ? Ben voyez donc ! C'est marqué sur la quatrième de couverture , alors moi , hein ... Bonne lecture et j'espère que vous aimerez autant que moi ...
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Attention pépite !..roman noir certes mais quelle fluidité l'écriture,le style !!magnifique ! .. pas de quoi s'offusquer quand à l'utilisation d'un langage cru..! La réalité dépasse souvent la fiction! Et on n'est pas dans les moulures et les dorures du 16ème parisien..!



Année 80 -90

On écoute Iam et NTM

"Chaine en or qui brille"..

On zone dans Marseille

dans les quartiers mal famés

Entre dealers, gitans, truands

Et diverses communautés

où la violence, la haine

et paradis artificiels veillent,

Rôdent et faciles à trouver

Cette histoire de fratrie soudée

Deux frères et une soeur

Abîmés, bousculés par

Deux parents

retors et malveillants

Essayent de s' échapper

De la misère,de la pauvreté.

Il arrivent à esquiver..

En empruntant d'autres chemins

A tout prix : s'en sortir

En restant VIVANTS!



Bouleversée par cette histoire, lue en une nuit...de l'empathie pour ces enfants résolus à sortir de ce déterminisme absolu, de ce ring de boxe, ..une ode à l'espoir au travers de tant de cruauté !.ode à la vie au travers d'une rage ....soif de vivre mais à quel prix!

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Les garçons de l'été

Il y a la surface.



Celle des choses. Celle des gens.



Ce que l'on voit.



Il y a les profondeurs. Les eaux troubles.



Ces zones de l'âme humaine où parfois il ne vaut mieux pas pénétrer. Celles ou évoluent les gens, les choses et … les requins.



En surface, la famille Chastaing est une image du bonheur parfait. Il y a Mylène et Jérôme, leurs enfants, Thadée, Zachée et Ysé , la petite dernière.

Les deux ainés sont de sublimes garçons au physique avantageux, brillants, admirés de tous et passionnés de surf. Une certaine idée de la perfection.



Lors d'un séjour à la Réunion, Thadée va se faire attaquer par un requin et le jolis vernis va voler en éclats.



Rebecca Lighieri offre un livre implacable, saisissant, captivant et monstrueux à la fois.



Chacun des membres de la famille va raconter de son point de vue les événements survenus. Procédé ici astucieux qui va offrir au lecteur de vrais « coups de théâtre » mais surtout proposer un tableau unique de cette famille qui m'a ébranlé.



Chaque personnage est parfaitement « raconté ». Plein de vérité. D'épaisseur. de failles.



Je suis tombé sous le charme. Comme hypnotisé par ce roman si bien maîtrisé. J'aime lorsque la surface des choses ondule et laisse entrevoir l'insoupçonnable, le non dit, le non explicable.



Roman où le soleil lumineux cache des ombres féroces et bouleversantes. Un roman puissant et dévastateur. Un roman qui cache bien son jeu … A lire de toute urgence.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Les garçons de l'été

Pour débuter mes vacances d'été, j'ai filé droit sur les plages de surf de la Réunion avec Zachée et Thadée. Celui-ci venant de se faire déchiqueter la jambe par un requin, l'ambiance a tout de suite pris du plomb dans l'aile. le récit est raconté alternativement par les personnages, nous offrant des points de vue intérieurs intenses. le risque est que nous n'aimions pas tous les personnages, dont certains paraissent rapidement pédants, injustes, égoïstes ou prétentieux… voire complètement tarés pour certains ! D'un autre côté, je trouve cette narration réussie parce qu'elle explique les drames qui vont se produire, et parce que si nous pouvions entendre les pensées de tous ceux qui nous entourent (voisins, collègues… amis ? famille ?), pas sûr que ce soit toujours plus beau à voir (enfin un peu plus beau que ça j'espère, mais allez savoir). Nous ne sommes pas lisses, et ces personnages non-plus, ce qui confère au récit un punch, une vitalité et une vigueur qui auraient pu être altérés par trop d'accablement. Réalisme et rythme sont donc au rendez-vous dès le départ, ce qui nous immerge pleinement dans ce cauchemar. Un peu jusqu'à la nausée d'ailleurs, par moment… Et c'est encore sans compter sur l'histoire qui, elle, finit par prendre un tour plus romanesque, voire fantasmagorique !

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Pourtant, avant d'en arriver là, vous passerez avec la famille Chassaing par tout un tas de tourments. Cette famille de pharmacien, dont la mère parfaite se pavane d'avoir des enfants parfaits beaux, sportifs, solaires et intelligents quand ceux des autres ne sont que de sottes copies, croit ne jamais pouvoir se remettre du handicap de Thadée. Lui devient de plus en plus exécrable au fur et à mesure qu'il se néglige physiquement mais, au regard des pensées des autres narrateurs, on entrevoit la possibilité qu'il dévoile simplement sa vraie nature, jusque-là soigneusement recouverte d'un épais verni de tromperies en tout genre. Il est particulièrement haineux envers son frère cadet Zachée, car c'est vers celui-ci que se tourneront les regards à l'avenir ; ce dernier continue en effet d'épater la galerie avec le surf, qui lui sculpte ce corps affuté que Thadée lui envie désormais, lui qui se pense supérieur à tout le monde. Et cette relation de compétition malsaine, que l'on sent poindre dès le départ entre les deux frères, va encore empirer lorsque ce petit monde est rapatrié dans leur maison biarrote, où l'on pressent une catastrophe plus grande encore. La tension va alors monter entre les deux frères et dans leur entourage, jusqu'au point de non-retour, quand les révélations sur la participation des actes de chacun dans les drames actuels ne pourront plus être ignorés.

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La narration est tout en suspense : on obtient, tour à tour et au compte-goutte, les révélations de chacun sur ce qu'il sait de la fausse routine de cette famille qui se veut modèle, du faux amour qui lie ses membres, des frasques cachées de Thadée, des sombres secrets bien gardés par les petites amies, des rancunes et des vengeances, de la folie qui les guette tous, mais certains plus que d'autres, de leurs petits arrangements avec Dieu, l'univers ou seulement eux-même et la vie… La vie qui va les quitter lentement, mais sûrement, tout au long de ce récit parfois révoltant, parfois glauque. Parfois émouvant aussi, grâce à Cindy, la petite amie de Zachée. Ce couple sauve décidément ma foi en l'espèce humaine. On se demandera, durant une bonne partie du texte, d'abord ce qui s'est réellement passé à la Réunion, puis ce qui est réellement arrivé à Zachéé à Biarritz… Une lecture perturbante mais plaisante car elle fait le job : sous son décor de vacances de rêves, elle montre les dessous d'une humanité sur laquelle on préfèrerait fermer les yeux. A embarquer sur la plage si vous voulez un été sous tension, mais à éviter si vous avez envie de légèreté ! Les Garçons de l'été, ce sont ces beaux gosses que je vois surfer sur ma plage en me disant qu'ils sont beaux, forts, heureux, et que, décidément, la vie leur a tout donné. Ou alors pas ? Se pourrait-il que si j'écoutais leur histoire, elle me raconte tout autre chose…? C'est sûr, je ne regarderai plus ces blondinet à planches comme avant !
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Il est des hommes qui se perdront toujours

"Dès le début du récit, on plonge dans l’enfance meurtrie. Enfants que l’on n’a pas laissés s’épanouir, comme ces « trois fleurs décapitées dans un vase » dont parle l’auteure. Rebecca Lighieri, pseudonyme de Bayamak-Tam, déclare écrire des romans noirs sous ce pseudo. Pourtant son histoire s’écarte de ce qu’il est coutume d’appeler un roman noir. Certes, le roman débute par l’assassinat de Karl, père de la famille Claès, dans « une sorte de règlements de compte. Un assassinat violent, sauvage qui traduit une haine féroce de l’assassin ». Mais l’on devine vite l’identité du meurtrier, ce n’est pas vraiment le sujet du livre. Rebecca Lighieri ne peut pas s’empêcher de faire du Bayamak-Tam. Les romans de l’une et de l’autre se rejoignent par bien des points.

La famille Claès vit dans une cité des Quartiers Nord de Marseille : la cité Arthaud, où Karl fait régner la terreur parmi ses gosses. Le responsable de leur enfance bafouée et massacrée, c’est lui. « Les problèmes se règlent par des baffes, les humiliations, une violence de tous les jours ». Dans cette famille, le grand frère Karel, avec sa gueule d’ange, est le narrateur du récit. Sa sœur Hendricka, qui deviendra une beauté hors du commun, cherche à se frayer un chemin dans cette existence délétère. Et le dernier, Mohand, « le dégénéré, le gogol, le triso », ainsi que l’appelle son père, ne connaît que la peur, la brutalité physique et morale. C’est lui qui endure le plus gros de la violence du père. Pour ces trois-là, le sentiment le plus familier est la terreur. Mohand cumule dès sa naissance des symptômes maladifs : malformation cardiaque, perte auditive, fente palatale, perforation de l’anus. Enfant de la douleur, surprotégé par sa mère, Loubna, qui ne partage que parcimonieusement sa culture kabyle. Cette mère impuissante à contrer la violence du père, excepté avec Mohand pour lequel elle s’interpose, avec la volonté de réparer ses blessures. « Il n’y a que Mohand qui puisse la rendre heureuse avec son malheur. »

La cité Arthaud, avec son lot de camés, de voyous, de délinquants. Un lieu de relégation, de marginalisation. Un monde fait de débrouilles et de combines, auquel Karel tente d’échapper. Comment faire pour oublier la cité, « avec sa décharge sauvage, ses ascenseurs déglingués, ses coursives taguées et ses caves pourries » ?

Le regard de Rebecca Lighieri sur cette enclave abandonnée à son sort n’est pas un regard misérabiliste, mais celui d’une professeure habituée à travailler avec des exclus laissés sur le bord de la route. Karel vomit la pauvreté dans laquelle il grandit et n’est pas sûr de pouvoir en sortir. Une chanson de NTM alimente sa rage, « Nous n’avons rien à perdre car nous n’avons jamais rien eu ». Changer quelque chose au déterminisme social est-il possible ? Karel, le seul de sa famille à poursuivre ses études, s’accroche pour être aide-soignant, avec l’espoir de devenir peut-être un jour infirmier. Le père, « qui n’en finit pas de mordre la poussière, de s’abîmer dans l’alcool et la drogue », traîne ses enfants de casting en casting. Rêve de sortir de la pauvreté, de toucher le jack-pot. Il est vrai qu’Hendricka et Karel sont beaux comme des dieux. On se retourne sur eux avec admiration. Seul Mohand attire des regards affligés.

Rebecca Lighieri nous raconte la trajectoire chaotique des enfants, de l’âge ingrat jusqu’au devenir de jeune adulte. Que vont-ils faire des traumatismes laissés par la cruauté du père, le silence de la mère « l’injustice insupportable d’être nés pauvres et d’en baver tous les jours » ?

Karel, qui ne veut pas végéter dans la cité, s’aventure un jour dans un camp de gitans, monde de parias auxquels il peut s’identifier, où vit Rudy, son copain d’école. Il trouvera au contact de cette grande famille l’entraide, la générosité et son premier grand amour, Sheyenne. Il va apprendre à l’aimer. Pour le malheur de celle-ci comme pour le sien. Le thème de la sexualité si cher à Bayamak-Tam est décrit ici dans sa complexité, ses contradictions, comme produit d’une histoire personnelle emplie de zones d’ombres. Le camp appelé Passage 50 deviendra un endroit mythique où expérimenter des moments de bonheur, « le camp sauvera son enfance du désastre absolu ».

Puis Karel, devenu adolescent, déambule la nuit dans les rues de Marseille. Nous découvrons avec lui d’autres quartiers, d’autres milieux, Pour se sortir à tout prix de la misère, de la cité, du Passage 50, Karel veut assouvir ses désirs de fric, de luxe, de vie facile. Il fréquente des filles de riche à l’avenir tout tracé, sans toutefois perdre sa conscience de classe. Pour autant, il n’est pas sans contradiction, sans tâche, sans violence ou blessures infligées aux autres. Il est parfois rattrapé par la résignation, les paroles de IAM comme un avenir qui tourne court. « Pourquoi chez moi le rêve est évincé par une réalité glacée ? Ou de révolte c’est selon. Et lui a droit à des études poussées ? La vie est belle, le destin s’en écarte, personne ne joue avec les mêmes cartes. Tant pis on est pas nés sous la même étoile. » Des chansons des années 80 parsèment l’univers de la cité. Chansons d’amour d’une vraie culture populaire. (...)

Dans ce récit, où R. Lighieri s’applique à nous décrire les liens pervers familiaux, Loubna entretient avec Mohand un amour maternel criant de folie. Quand celui-ci cherche à prendre son indépendance, à devenir un enfant comme les autres, Loubna le souhaite « malade, souffrant, amoindri pour maintenir son emprise sur lui ». Karel en vient à désaimer sa mère tandis que Mohand reste fou d’amour pour elle. « Loubna qui n’a jamais su exister face à ce mari brutal qui ne lui a prodigué des soins que pour contenir sa folie », Loubna, aliénée à ce salaud de père qui devra expier la faute impardonnable « d’avoir fait de Mohand un étranger au sein de sa famille. Un étranger contraint d’aller chercher un peu de chaleur humaine » au Passage 50 « chez d’autres étrangers, les plus étrangers de tous, finalement, ceux à qui on a toujours bien fait sentir qu’il n’étaient pas chez eux ici et qu’ils ne le seraient jamais ».

La fin de l’histoire nous laisse sans voix, sans souffle. Finalement Bayamak-Tam ou R. Lighieri, on se laisse happer avec le même plaisir par cette écriture si sobre, si juste, pour raconter l’impact de la pauvreté dans une famille dysfonctionnelle et maltraitante."



Francine Klajnberg (Extrait) pour Double Marge
Lien : https://doublemarge.com/les-..
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Les garçons de l'été

Une famille qui tombe son masque

*

Des histoires de famille, je crois bien que la littérature n'en manque pas. Secrets, trahisons, mensonges, coups bas. Le lot habituel des récits fictifs qui enchantent les lecteurs.

Dans ce roman vous trouverez tous les ingrédients de l'effondrement d'une famille française aux apparences parfaites. Jouissif !

*

Le tableau est idyllique au début du récit. Un couple soudé, des enfants magnifiques, beaux, instruits et sportifs. Une aisance financière aussi (cela aide parfois :). Bref, vous vous sentez tout petit.

Puis, petit à petit, les masques tombent. Inexorablement. Tranquillement mais sûrement. Même parfois en un raz de marée.

Le mythe de Cain et Abel revisité.



La narration est diabolique, l'auteure dévoile à chaque chapitre la véritable nature des protagonistes. Assez crédible de surcroît. J'ai stressé à chaque fois qu'un personnage sympathique s'est pris une "claque". Et puis le monstre n'est pas toujours un golem d'argile. Il est fait de chair et de sang.

En fait je peux dire que ce roman atmosphérique et assez noir m'a envoûté.

Juste un bémol : le surf avec tout son vocabulaire technique m'a ennuyé.

Bienvenue dans le monde de la pourriture sous l'ongle manucuré.....
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Les garçons de l'été

" Jusque - là, ils s'étaient contentés de bader devant les évolutions des surfeurs depuis La Grande Plage.

Puis un jour, ils ont voulu essayer et à partir de là, ils ont pensé Surf, , parlé Surf, rêvé Surf " ....single, , thrusters....planches, cut- backs, front flips airs, planches , Houle ,marée,direction des vents , hauteurs de vague et j'en passe ....Pays Basque, Landes ...

Tiens un documentaire anodin et circonstancié à propos de surfeurs surdoués ... Qu'est ce que ce charabia que nous conte Annette ?





Eh, non----- voici un roman explosif, diabolique, cru, cruel et glaçant ------qui happe , gêne et angoisse , une espèce de coup de coeur et d'effroi , construit au millimètre que vous aurez bien du mal à lâcher.....



La famille Chastaing , Pére pharmacien , symbole de la réussite, Mylène l'épouse , amoureuse de Jérôme son mari , deux garçons brillants , étudiants et surfeurs surdoués , une petite soeur ysé, beaucoup plus jeune .

Elle voit tout mais ne dit rien ....



Sur fond de carte postale et séjour à la Réunion, un gros handicap survient pour le fils aîné adoré de Mylène ...



Son premier né si beau , son demi- dieu Thadée , le roi soleil ,soudain les masques tombent ..

Au fil de chapitres bien agencés , on surfe, on vole, on glisse , on court aprés les vagues , toutes les habitudes des Chassaing volent en éclats.



Le rouleau compresseur de la tragédie s'enclenche , où l'on passe du soleil à l'ombre néfaste , du calme à la tempête ....

Les protagonistes s'enfoncent dans une fange glaçante , dérangeante, épouvantable .



Une lente et inexorable descente aux enfers ....

Le goût de l'océan s'avère saumâtre ...vénéneux , gluant, trompeur ...



L'univers policé se transforme en -----agressivité , folie , mensonges ------



Une tragédie tout en tension , un vrai thriller à l'écriture superbe ....qui ne laisse aucun repos au lecteur ! Chut , ne révélons rien....

Il faut lire cet ouvrage , acheté par hasard "au Hall du Livre "à Nancy .
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Il est des hommes qui se perdront toujours

L'histoire d'une enfance pourrie dans une cité de Marseille. le père, Karl, belge, la mère Loubna, d'origine algérienne sont toxicomanes. Trois enfants sont nés de cette délicieuse union : Karel, Hendricka et Mohand. Entre deux raclées, le père traîne les deux aînés dans des castings. le dernier est né avec des malformations et quelques pathologies de derrière les fagots. C'est avec lui que le père est le plus violent, jusqu'à manquer de le tuer. Des insultes, des coups, violence gratuite d'un père maltraitant qui sème la terreur dans les yeux de ses gamins, mère défaillante qui ne dit rien et ne retrouve la sérénité que quand elle prépare sa dose. Les enfants grandissent et trouvent refuge dans un bidonville proche de la cité, occupé par des gitans sédentarisés. Ils y passent leurs journées, trouvant une famille, l'amitié et plus tard l'amour.



C'est Karel qui nous raconte cette enfance. Il pense qu'on vieillit vite quand la vie ne tient à rien. Il se pose beaucoup de questions sur son avenir et la culpabilité de ne pouvoir protéger son petit frère. Son rêve est d'apprendre un métier, d'avoir une vie stable, loin de l'appartement parental, de ne pas transmettre cette violence vécue.



Hendricka part la première, repérée dans un casting, commence une carrière d'actrice. Karel devient aide-soignant et emménage avec son premier amour. Mohand fait avec la réalité de sa vie, sa mère qu'il vénère, ses amis et sa famille de cœur.



Mais voilà, le père, magouilleur de son état, se fait tuer et il est retrouvé dans la décharge qui jouxte la cité. La mère tente de se suicider en se jetant par la fenêtre. Elle ne voulait pas faire face, elle est déchargée de la difficulté d'être et ira encombrer une institution quelconque.



Cela devrait être le plus beau jour dans la vie de ces jeunes adultes, leur bourreau est enfin mort. Mais l'enfance bafouée ne se transforme pas à la mort du bourreau. Ils vont devoir composer avec leurs failles, leurs forces, leurs pensées intrusives, leurs réflexions et peut-être aussi la violence incrustée depuis si longtemps dans leur peau. le père est mort mais il est toujours vivant en chacun d'eux.



Une histoire bouleversante.
Lien : http://pyrouette.canalblog.c..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

C'est le récit de vies brisées par une enfance abominable ou destinées à l'être. Du déterminisme social (ou pas ?). De 3 enfants qui vont grandir au sein d'une famille toxique (un père violent, une mère passive et mélancolique) dans une cité HLM de Marseille et qui vont trouver dans le camp gitan sédentarisé d'à côté une nouvelle fratrie.

Mais l'amour, l'attention ne rattrapent jamais vraiment une enfance fracassée...C'est ce que rappelle cruellement ce roman totalement désenchanté . Le texte est dur, les paroles blessantes, mais le récit n'est jamais glauque. C'est parfois presque trop (trop de malheur, trop de désespoir et de désillusion) mais l'autrice a un vrai talent pour raconter la vie dans ses aspects les plus sordides (la misère sociale, le racisme de tous les jours, la violence quotidienne) et nous enchaîner à ses personnages. Si bien qu'une fois la première page tournée, on n'attend qu'une seule chose : voir comment Karel, Hendricka et Mohand vont réussir à se sortir de ce bourbier . Passionnant.
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Les garçons de l'été

Thadée et Zachée, fils de bourgeois sur la côte basque - papa pharmacien à Biarritz.

Surfeurs depuis dix ans, ils sont jeunes et beaux (corps et visages de rêve, si on aime les costauds version 'Boucle d'Or'). Et sûrs d'eux.

L'aîné fait un break d'une année à la Réunion avant de retenter des concours d'écoles d'ingé- prestigieuses (Centrale, Polytechnique).

Le second l'y rejoint le temps des vacances de Noël. Lui s'oriente vers la médecine ; il réussira (peut-être) où les parents ont échoué.



Leur mère, qu'ils appellent Mi- (Mylène), les idolâtre : « Peu m'importe d'être terne et ordinaire : j'ai enfanté des titans quand tant d'autres se contentent de pondre des gniards. »

Elle en est insupportable, d'autant qu'en bonne bourgeoise à la fois satisfaite et frustrée, elle est blindée de suffisance, de condescendance et de certitudes à la con.

Ce culte voué à ses fils lui ferait presque oublier son mari Jérôme et leur fille de 10 ans, Ysé, gamine futée, mûre, artiste et libre.

Leur père a plus été coach que papa : « Il ne nous laissait pas une seconde de répit : c'était sans cesse des livres à lire, des exercices à faire, des distances à parcourir à pied ou à vélo, et des records familiaux à faire tomber. (...) A croire qu'il élevait des animaux de compétition. »

Famille de rêve...



Beaucoup de sentiments contrastés à cette lecture (je ne parlerai pas d'émotions, je n'ai été touchée que par trois personnages).

Malaise intense dès le troisième chapitre. Un petit aperçu de la perversité qui suivra et ira crescendo.

Le voyeurisme maternel m'a dégoûtée et mise en colère - cette femme est tarée, au secours !

Et seules les voix de Zachée et Cindy m'ont offert un peu de répit, en milieu d'intrigue.

La fin, interminable, est malsaine et complètement grotesque. C'est sans doute ce que O. de Lamberterie appelle du 'Stephen King à la française'. Cette 'journaliste' (?) a toujours eu un sens de la formule éblouissant, et une honnêteté sans failles quand il s'agit de servir la soupe à des amis auteurs ou éditeurs...



Un des fous-dangereux de l'histoire m'aurait presque rendue agressive, j'avais envie d'arracher les pages, en avançant (lentement) vers le dénouement.

Et en plus, on voit venir pas mal de trucs, mais l'auteur a peut-être choisi de nous laisser quelques longueurs d'avance sur les protagonistes.



De Rebecca Lighieri, j'avais apprécié 'Il est des hommes qui se perdront toujours'.

En relisant mon billet, je vois que les thématiques et le ton sont proches.

Sur les (post)adolescences difficiles, chaotiques, je préfère les romans de Silvia Avallone et Marion Brunet, plus subtils et moins voyeuristes (insistance gênante & répétitive ici sur la façon dont une jeune femme peut être 'bonne').
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Il est des hommes qui se perdront toujours

«  Il y a des âmes incurables et perdues pour le reste de la société .Supprimez - leur un moyen de folie, elles en inventeront dix mille autres » .

« L'espérance de vie de l'amour, c'est huit ans.Pour la haine , comptez plutôt vingt ».

«  La seule chose qui dure toujours , c'est l'enfance quand elle s'est mal passée : on y reste coincé à vie » .

Deux extraits de ce roman social, noir, dur et sombre qui crie, transpire , frappe, cloue le lecteur sur sa chaise, le maltraite , l'émeut , le touche au plus profond, le sidère, lui fait mal.



J'avais lu déjà de l'auteure : Les garçons de l'été en 2017, un roman explosif, diabolique, cru.

Au début : drame , Karel , le narrateur s'interroge dès la première page :

«  Mais qui a tué mon père ? »

Karel est un garçon qui vit dans les quartiers nord de Marseille entre la cité Antonin Artaud et le passage 50, habité par des gitans sédentarisés , avec sa soeur Hendricka et son petit frère Mohand , infime .



Ils tentent de survivre entre une mère Loubna, gentille mais triste , passive et mélancolique , un père , Karl , aussi sombre que cruel , rongé par ses démons ,il fume de l'herbe, bazarde sa vie à coups de cuites, clopes, shoots , injections, vit d'arnaques ,et de trafics minables : coups distribués aux trois minots terrorisés , brimades, fureur, insultes , menaces de mort, gifles, coups de ceinture, injures éraillées, crachats , crises de colère et j'en passe , folie pure, haine, barbarie, une enfance dévastée , comme une nuit qui n'en finira jamais....

Roman social qui fait penser aux romans de Silvia Avallone ou Nicolas Matthieu , enfance dévastée, maltraitance , injustice, sida, drogue , violence d'une cité de Marseille entre les années 80 et 2000, pauvreté et indifférence des institutions .



Les enfants grandissent dans la peur et l'enfer que leur fait vivre Karl, Hendricka et Karel , très beaux physiquement font l'admiration de tous , de type Kabyle : ils font des castings , auditions de toutes sortes, publicités , entraînés par leur père, tandis que Mohand déficient a droit à l'acrimonie perpétuelle et aux insultes , à l'humeur chagrine et haineuse ..

Nous côtoyons Celine Dion, Mickaël Jackson, en passant par IAM , Cheb Hasni, Richard-COCCIANTE, ou Elton John, .plus on est éloigné de l'amour, plus on écoute des chansons qui le célèbrent ...

Ce récit de vies brisées, abîmées, ces drames, mensonges ,terreurs constantes , violences , blessures reçues et infligées , remords et regrets , ces traumatismes à vie ne seront pas sans conséquence ....

Un livre sombre, sordide parfois, très bien écrit et construit , le lecteur ne le lâche pas.

Un enfer nous saute à la figure , l'on n'est pas prêt de l'oublier!

On en ressort pas indemne ...

J'avais été prévenue par mon libraire mais,....

,..
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Les garçons de l'été

Gare aux bébés requins!



Malgré les niaiseries ambiguës de la chanson de France Gall , les bébés requins sont parfois plus dangereux que le grand blanc qui vous bouffe une jambe en passant , façon Jaws...



Chacun sait que leur férocité cannibale commence non pas au berceau mais in utero: le plus costaud des bébés-requins dévore les autres dans le ventre de maman-requin qui ne lui garde... aucune dent de cette sélection pas vraiment naturelle, de cette régulation radicale de la natalité requine. ..



Ce prélude carnassier pour vous dire que , si vous ne lisez pas l'inepte résumé de la quatrième de couv' présentée sur ce réseau- un spoil scandaleux!-  vous ne pourrez pas lâcher ce thriller sea,  sex and surf!



Deux frères beaux, bronzés , brillants à l'école et sur leur planche de surf, Thad' et Zach', - Thadée et Zachée,  avec un e, soyons pas snobs, quoi! et d'ailleurs l'apocope leur va bien, puisque justement il est question de couper. 



Deux fils -à -maman- surtout Thad' , l'aîné,  à qui sa mère adorante passe tout, aveuglée par l'amour maternel, jusqu'au jour où un grand blanc  bouffe la guibole du fiston chéri ...



Ce drame bouleverse toute la famille, toutes les relations qui lient entre eux ses membres- il y a aussi un papa, plus lucide mais empêtré dans la culpabilité d'une vieille liaison dont il n'arrive pas à se défaire, et un troisième enfant, une petite fille de dix ans, Isé -sans e, elle!- plutôt chelou, chelou...

 

Tout est donc chamboulé car  Thad', dûment  raccourci par son squale, voit aussitôt le bébé-requin qui est en lui s'épanouir et se déchaîner sans la moindre censure...



Tous les coups sont permis à un pauvre creeple,  protégé par la pitié qu'il provoque, même  si son modèle  semble être Oscar Pistorius qui ne fut pas seulement célèbre pour ses prouesses sportives d'handicapé des membres inférieurs  .. .



Thad' , donc -dur à dire, ça-  déchaîne la bête qui est en lui, d'autant que, débarrassé de ce grand frère encombrant, le jeune  Zach' se met enfin à voler de ses propres ailes. Et se lance dans le "riding" des grosses vagues célèbres genre Nazaré...



Menacé directement dans sa bulle d'excellence, Thad'  le bébé-requin ouvre son oeil glauque...



On va nous rejouer Caïn et Abel,   version glisse!



Le suspense est cousu de fil ( de pêche) blanc, mais on mord à l'hameçon quand même: nous voilà ferrés et entraînés en haute mer sur les plus grosses vagues du monde...sans filet!



Très bien composé, très bien écrit,  avec de réguliers changements de focale qui nous font entrer dans la tête de tous ces monstres en puissance ou en latence, et il y en a pas mal, nous allons de drame en drame et dévorons ce page-turner avec une férocité carnassière -quand je vous disais que ça fourmille de monstres: le lecteur n'est pas le dernier...



Rebecca Lighieri-pseudo d'Emmanuelle Bayamack  Tam, prix France inter de l'année, semble s'être bien amusée:  même les personnages "positifs" soit disparaissent soit sont gagnés par la férocité ambiante -la vengeance est un plat qui se tatoue à froid...



Horrifique plus que gore, le livre fourmille de références cinématographiques semées çà et là,  sans avoir l'air d'y toucher:  Jaws, évidemment,  l'inquiétante figure du Joker, clown sinistre au sourire mutilé, et , dans la petite Isé , on n'a aucune peine à reconnaitre un membre de la Famille Adams qui promet des lendemains qui déchirent. ..



Je recommande,  pour meubler efficacement une nuit blanche...ou pour la susciter!
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Husbands

@Rebecca Lighieri a l'art de donner des titres légers à ses livres qui ne le sont pas du tout et racontent des histoires dérangeantes et bizarres, mais intéressantes. Après l'excellent @Les garçons de l'été, voilà donc @Husbands.



C'est l'histoire de trois maris plus ou moins à la dérive qui se rencontrent sur un site dédié au candaulisme, une forme particulière d'échangisme. Qui se rencontrent, qui se reconnaissent, qui se parlent de leurs petites misères avec leur femme... et qui déraillent à plein tube !



Le résultat est assez glauque, avec plein de scènes glauques, de discussions glauques et misogynes, de personnages inquiétants et glauques... J'en suis sortie avec la nausée et une angoisse face aux agents immobiliers frustrés et aux congélateurs !



Ce n'était pas agréable mais je ne pourrais pas dire que je n'ai pas aimé : j'ai lu à toute vitesse, ne lâchant pas le livre avant d'en connaitre la fin. Bref, ce @Husbands ne me fait pas regretter de ne pas avoir de mari... mais pas non plus de l'avoir lu !
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Les garçons de l'été

Ouh là là elle prend cher la famille Chastaing !

Voilà un roman que j'ai lu d'une traite, assistant assez médusée à la destruction de cette famille bourgeoise biarrote.

Un jour, le fils aîné, le "titan" magnifique de sa maman, se fait manger la jambe par un requin à la Réunion, en faisant du surf. Cet accident dramatique va être le point de déséquilibre d'une famille qui se pensait supérieure, mais était pourrie de l'intérieur.

Le texte procède d'une manière à la mode, par une succession de points de vue : la mère, Mylène, le fils aîné, Thadée, le fils cadet, Zachée, le père, Jérôme, la petite copine de Zachée, Cindy, la petite sœur, Yzé. On apprend très vite à détester la plupart de ces personnages, leur petitesse bourgeoise, leur insupportable arrogance, leur égoïsme viscéral, et on se réjouit pleinement de tous les maux qui leur tombent dessus, et qu'ils ont amplement contribué à créer par leur bêtise intrinsèque. On se réjouit aussi pour les personnages plus "sympathiques". Il y a une forme de justice dans cette histoire qui est aussi une fable à la Stephen King, surtout sur la fin. (Où les allusions à King sont d'ailleurs assez claires...)

Le petit reproche que j'ai à formuler concerne l'écriture, notamment les dialogues, parfois épouvantables dans leur imitation du "parler jeune" et du "parler surfeur". Ce n'est pas naturel du tout, ça sonne faux.

Les personnages sont inégaux. Certains sont caricaturaux (Thadée, Zachée), d'autres sont délicieusement à tuer (Mylène...Quelle joie ! ), d'autres sont de très belles réussites (Cindy, Anouk). Mais l'ensemble est franchement extrêmement distrayant et intéressant, une tragédie qui fait plaisir et inspire un peu de terreur mais aucune pitié.

(Oups, est-ce que je suis moi aussi un monstre...)
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Qui peut encore croire que la misère est moins pénible au soleil ?

Avec ce roman, on oublie l'idée, si elle nous a effleuré un jour.



Nous sommes à Marseille, dans les années 80-90.

La famille Claeys vit dans une cité défavorisée. Mais peut-on parler de famille, d'ailleurs ?

Karel et Hendricka, les deux aînés, sont superbes avec leurs yeux bleu marine, leurs grands cils, leur teint de pêche et leurs jolies boucles - mélange parfait d'ancêtres belges et kabyles. Mohand, le petit dernier, souffre de plusieurs malformations. Et ça, son connard de père ne le lui pardonne pas. Il brutalise déjà les deux premiers, dont il entend pourtant tirer des revenus en les présentant à des castings ; sur Mohand, il s'acharne verbalement et physiquement. Sa cruauté est sans limites, monstrueuse.

Et la mère dans tout cela ? Difficile à dire. J'ai décidé de penser que son bonhomme et leur mode de vie l'ont bousillée, lui faisant perdre tout bon sens.



C'est dans un camp de gitans, de Roms et de manouches sédentarisés que les trois enfants Claeys vont trouver un semblant de famille - du moins des frères et soeurs avec qui ils vont vivre autrement, dès qu'ils pourront fuir de chez eux.





Roman social noir sur des enfants/adolescents mal partis, qui rappelle ceux de Silvia Avallone, certains de Marion Brunet, Nicolas Mathieu, ainsi que 'La Vraie Vie' d'Adeline Dieudonné. Un roman qui crie la douleur, la frustration et la rage, notamment celles de Karel, qui semble destiné à pourrir/brûler ce qu'il touche, à l'instar de son géniteur.



Lecture captivante & déchirante de ce texte parfaitement écrit, présentant des personnages complexes, et accompagné d'une play-list* qui illustre à merveille la vie et les états d'âme de Karel.

Dommage que l'intrigue se resserre autour du 'zboub' (sic) du jeune homme, qui devient une obsession pour lui, un pitoyable moyen d'approcher la 'fortune' (chance & aisance des biens-nés).



A lire, notamment pour le formidable petit frère. ♥



____



* Philippe Lavil, papa idéal pour Mohand - Julio Iglesias dont les mots d'amour font rêver les femmes - M. Jackson, Marvin Gaye (2 fils 'tués' par leur père) - IAM les Marseillais, NTM du 9-3 et leur rage - etc.



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=OlmKCj03fHw
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