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Citations de Régine Detambel (407)


En attendant qu’on frappe les trois coups, Sarah sirote de la piquette avec les soldats. Elle est enveloppée dans un manteau de léopard, elle porte un collier de diamants. Elle estime que ces garçons ont besoin de lumière plutôt que d’une marraine tristement habillée de noir, et même s’ils savent que, sous le luxe de l’énorme fourrure, elle est entortillée dans des pansements.
Derrière moi, quelqu’un chuchote :
- Sarah Bernhardt, c’est ça ?
On ne voit encore qu’un tas de petits plis. Je me dis que la vraie Sarah n’a pas encore fait son entrée, ce n’est qu’une vieille dame qui papote. Mais la Bernhardt va venir, celle dont la voix couvre le bruit des armes et des canons. Cela ne saurait tarder.
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Partout il faut aider la Révolution, afin qu'elle puisse se révéler d'une parfaite efficacité, non seulement pour la conquête des libertés jadis étouffées, mais également pour la conquête du pain. Un tiers des Français est obligé de compter chacun de ses sous jusque dans son sommeil. Le critère de l'anomalie d'un système social, c'est l'injustice révoltante dans la répartition de la nourriture, des vêtements et des possibilités d'éducation. (p. 63)
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Les jolis seins de Jean Harlow n'affirment rien, ils ne battent aucun record, simplement ils affirment qu'il reste des choses belles et possibles encore en ce monde, qui peuvent s'ouvrir un chemin jusqu'à nous, et c'est déjà un bien-être que d'y penser. Et puis sa façon d'avancer les lèvres et de poser sa langue derrière ses mignonnes incisives cela fait rêver, cela apaise les muscles noués par les soucis, et on peut enfin se détendre dans les fauteuils chauds. Peut-être y a-t-il aussi dans la blondeur d'Harlow quelque chose de notre courte enfance, quelque chose du bonheur perdu dont on n'a parfois même pas gardé de photographie sépia, un grand-père près d'un lac, exhibant un poisson énorme, une mère qui faisait des gâteaux, c'est cela dont parle Harlow, sans emphase, mais légèrement, dans son murmure un peu gouailleur quelquefois.
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" On sait depuis Camus que la littérature est "un art de vivre par temps de catastrophe".
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L'amour, comme la sculpture : double exercice physique et métaphysique, bifurcations de trajectoires, intersections de tous les traits de la vie et de la mort, de l'ombre et du soleil.
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"La Terreur semble avoir révélé que, chez la plupart de ceux qui façonnérent la Démocratie en France, il n'y avait pas plus d'instinct démocratique que dans une bordure de trottoir devant le château de Versailles.Des mois que les Français coupent des têtes et qu'on se demande en Allemagne et ailleurs s'ils étaient bien dignes d'accoucher le Monde de la Liberté. "
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Nous sommes constamment en attente de ce qui déclenchera l'activité psychique. Il y a en chacun de nous des zones endormies qu'une oeuvre viendra réveiller.
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Farine

Je t'aime sans mesure
Et sans mesure ta parole de fécule
Et ta douceur de farine et de sucre
Et ton poids de douceur et de riz
Et la cuillère rase de l'huile
Dans ta voix
Et tes paroles mesurées

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Ce fut la même paralysie des images terriennes quand l'auxiliaire de vie ricanante les surprit, Maria et lui, s'embrassant. Elle hurla après eux comme on traite deux chiens qui copulent, comme si l'amour en eux n'était qu'une sécrétion corrompue et malsaine. Ce choc vint les ébranler jusqu'à l'égarement. Jamais ils n'osèrent reparler de l'œil courroucé de la jeune femme en blouse sur leur désir insensé et dégradant. Comble de perversité, elle leur avait conseillé de mettre un terme à cette liaison, ajoutant finement "sans lendemain", puisque l'amour octogénaire n'est qu'un parasite mensonger. L'écraser sans regret pour éviter l'enlisement dans une passion sans issue, à l'évidence mortelle à court terme. pourquoi gâcher une si belle fin de vie par des débordements, quand ils feraient mieux de cultiver la sérénité, chacun de son côté ? Quel plaisir peut-on trouver à une telle peau, à jouer à la bête à deux dos avec une vieille à deux dents ? Et que diraient leurs familles, si elles les voyaient ainsi se conduire en vieux cochons ?

Certains souvenirs auxquels des voix criardes sont attachées ont la force de faire taire les oiseaux (p. 74)
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-L'Exil dans la langue-

Les livres ont toujours été accueillants aux exilés. Nous sommes nombreux à avoir usé et abusé de l'hospitalité de la lecture, de son caractère englobant, maternant. Lire est un moyen de résister à l'exclusion, à l'oppression; lire est un moyen de reconquérir une position de sujet, au lieu d'être l'objet moqué du discours des autres.
Lire, c'est mon pays. Rien ne manque quand je lis, le temps disparaît et je ne dépends de personne pour cela. Les histoires réparent; dans un livre, on est toujours chez soi. (p.85)
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LE TEXTE LITTERAIRE travaille à la restauration du lien avec autrui. La lecture répare, elle qualifie, elle affirme, elle confirme, elle projette dans le futur ou dans le passé, elle sublime, elle explore, elle identifie, elle éduque, elle crée. (p.57)
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Un être ne peut se comprendre, se libérer, répondre de soi que dans la mesure où il a conscience de se produire soi-même, où il se vit comme sujet de son existence. C’est pourquoi la lecture des grands textes est hautement réparatrice. Quand la biomédecine a fait de vous un corps-machine qui ne répond plus et vous plonge dans le noir, quand vous êtes réduit à un organisme suspect et brutalement exclu du monde par ces expériences intimes que sont le vieillissement ou la solitude, qui vous isolent et vous terrifient, la lecture est là pour vous réinsuffler du souffle, du désir et du sens.
(Toucher au corps, p 27)
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J'ai rencontré un jeune homme sublime, il est une fontaine aux bouches
nombreuses, écrira Goethe à Eckermann, il suffit de mettre dessous le récipient de votre oreille, et l'encyclopédie vivante verse son flot rafraîchissant, inépuisable.
Il est une machine à dévaluer la vie et pourtant il semble vouloir résoudre
l'énigme de l'univers, avaler la planète d'une bouchée, l'inventorier par le menu, du plus petit brin de mousse jusqu'aux nébuleuses, et devenir tout.
(p. 75)
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- C'est ma fille, je vous interdis de ne pas la regarder…, je vous interdis de la regarder… je m'interdis de la regarder...je voudrais pouvoir ne pas la regarder...
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Quand l’enfant tombe ou se cogne, chacune de ses rencontres blessantes avec l’angle rugueux du monde porte un nom. Et qui voudrait dresser une liste de l’ensemble de ces confrontations et de ces retrouvailles courrait le risque heureux de composer une litanie, les termes liés d’un très long charme.
Si j’ai utilisé le terme de blason, c’est que l’étymologie lui donna d’abord le sens de bouclier. « Les tortues seules ont reçu en naissant une sorte de domicile durable », écrivait Buffon.

Incipit
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Ces explosions de pensée, Girolamo les nomme splendeur. La splendeur est ce travail hallucinant, ces fulgurances, comme des navettes qui vont et viennent à chaque poussée du front, on noue par milliers les fils du raisonnement. En même temps chaque fois nouveau, intense, un sentiment de supériorité, comme une preuve d'élection.
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Les livres ont toujours été accueillants aux exilés. Nous sommes nombreux à avoir usé et abusé de l'hospitalité de la lecture, de son caractère englobant, maternant. Lire est un moyen de résister à l'exclusion, à l'oppression. Lire est un moyen de reconquérir une position de sujet, au lieu d'être l'objet moqué dans le discours des autres. Lire c'est mon pays. Rien ne manque quand je lis, le temps disparaît et je ne dépends de personne pour cela. Les histoires réparent, dans un livre on est toujours chez soi.
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Une métaphore donne accès aux émotions.
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A tout âge,la lecture est une action privilégiée pour élaborer où préserver un espace à soi,un espace privé,intime,un autre lieu,"une chambre à soi",et méme si on a aucune chance de disposer d'un espace personnel,que ce soit en pension ou en prison.p.109
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Un mot ne peut définir qu'une porte très étroite, une fente. Un mot est une brèche. Pourtant on continue de chercher celui qui définirait une tranche d'âge franchissant tous les précipices de soixante à cent vingt-deux ans, un mot-ère couvrant les soixante-deux années qui courent depuis l'âge de la retraite jusqu'à la mort de Jeanne Calment, un mot jeté comme un viaduc par-dessus des êtres vivants et aimants, habités par ce quelque chose de très ancien qu'est l'amour de la vie, un mot qui brasserait, dans un même massacre, ces personnages incrédibles et leur chair, jusqu'à transmuer enfin tout cela en sainte et sacrée certitude.
Certains s'emploient sérieusement à chercher ce mot apte à qualifier un morceau de mythe. (p.20)
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