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Citations de Régine Pernoud (186)


On pourrait multiplier ainsi les exemples de détails fournis par l'histoire du droit et celle des mœurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d'une législation «à la romaine» dont notre code est encore imprégné. Si bien qu'au temps où les moralistes voulaient voir «la femme au foyer», il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d'exiger que le foyer fût à la femme.
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[…] le niveau général peut être fourni par la question qui servit de base une rencontre du Cercle catholique des intellectuels français en 1964 : «Le Moyen Âge était-il civilisé ?» Sans la moindre pointe d'humour : nous pouvons être sûrs du moment qu'il s'agissait d'intellectuels pour la plupart universitaires, et d'universitaires pour la plupart engagés. Les débats avaient lieu à Paris, rue Madame. On souhaite, pour le confort moral des participants, qu'aucun n'ait eu, pour regagner son domicile, à passer devant Notre-Dame de Paris. Il aurait pu ressentir un certain malaise. Mais non, rassurons-nous : de toute façon, l'universitaire engagé présente une incapacité physique à voir ce qui n'est pas conforme aux notions que sa cervelle a sécrétées. Il n'aura donc de toute manière pas vus Notre-Dame, même si son chemin l'a amené sur la place du Parvis.
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C'est pis que mort, le vivre douloureux
Où n'a nul(le) joie, mais tristesse et souffrance ;
Quand bien on sait qui vous ferait joyeux
Et que n'en vient secours ni maintenance.

AIMERIC DE PEGULHAN
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"Lorsqu'une machine de guerre est trop meurtrière, la Papauté en interdit l'emploi; l'usage de la poudre à canon, dont on connait les effets et la composition dès le XIIIe siècle, ne commence à se répandre que du jour ou son autorité n'est plus assez forte, et ou, déjà les principes de la Chrétienté commencent à s'émietter."
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"Du futur chevalier, on exige des qualités précises, que traduit le symbolisme des cérémonies au cours desquelles on lui décerne son titre. Il doit être pieux, dévoué à l’Église, respectueux de ses lois : son initiation débute par une nuit entière passée en prières, devant l'autel sur lequel est déposée l'épée qu'il ceindra. C'est la veillée d'armes, après laquelle, en signe de pureté, il prend un bain, puis entend la messe et communie. On lui remet alors solennellement l'épée et les éperons, en lui rappelant les devoirs de sa charge : aider le pauvre et le faible, respecter la femme, se montrer preux et généreux; sa devise doit être "Vaillance et largesse". Viennent ensuite l'adoubement et la rude "colée", le coup de plat d'épée donné sur l'épaule : au nom de saint Michel et de saint Georges, il est fait chevalier."
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"La première de ces mesures a été la Paix de Dieu, instaurée dès la fin du Xe siècle : c'est aussi la première distinction qui ai été faite, dans l'histoire du monde, entre le faible et le fort, entre les guerriers et les populations civiles. Dès la date de 1023, l'évêque de Beauvais fait jurer au roi Robert le Pieux le serment de la Paix. Défense est faite de maltraiter les femmes, les enfants, les paysans et les clercs; les maison des cultivateurs sont, comme les églises, déclarées inviolables. On réserve la guerre à ceux qui sont équipés pour se battre. Telle est l'origine de la distinction moderne entre objectifs militaires et monuments civils - notion totalement ignorée du monde païen. L'interdiction n'a pas toujours été respectée, mais celui qui la transgressait savait qu'il s'exposait à des sanctions redoutables, temporelles et spirituelles."
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Pendant les trois semaines de leur séjour, le roi et la reine de France allaient voir se succéder les réceptions fastueuses, les festins, les parties de chasse, dans un décor de conte oriental. Pour Aliénor, on imagine que cette suite de visions féeriques fut une véritable révélation: Constantinople éclipsait tout ce qu'elle avait vu jusqu'alors, les rêves de splendeur y devenaient réalité. Elle était logée avec son époux en dehors des murailles dans une résidence qui était, pour les empereurs, à la fois habitation de plaisance et rendez-vous de chasse: le Philopation, d'ailleurs non loin des Blachernes. c'était une vaste demeure où l'on foulait au sol des tapis éclatants et qu'embaumaient des parfums brûlant dans des cassolettes d'argent, avec un peuple empressé de serviteurs. Aux alentours s'étendaient de grands bois peuplés de bêtes sauvages que le souverain avait fait venir à grands frais.
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Une bonne partie de la production littéraire du Moyen Age reste encore à l'état de manuscrit, enfouie dans nos bibliothèques, alors qu'on réédite sans cesse les mêmes oeuvres. (page 136)
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Des amants exemplaires aux amours contrariées, voilà ce qu'évoquent en général les noms d'Héloise et d'Abélard.
La réalité est plus complexe, plus riche aussi et cette richesse fera notre enchantement puisque, pour expliquer en quoi ils ont vécu "une histoire d'amour sans pareille", Régine Pernoud ressuscite le bouillonnant monde médiéval auquel appartiennent Abélard (1079-1142) et son Héloise (1101-1164).
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Si l'on ne prenait pas son bain tous les jours au Moyen Age, du moins les bains faisaient-ils partie de la vie courante ; la baignoire est une pièce du mobilier ; ce n'est parfois qu'un simple baquet. L'Abbaye romane de Cluny, datant du XIe siècle, ne comportait pas moins de douze salles de bains ; des cellules voûtées contenant autant de baignoires de bois. On aimait aller, en été, s'ébattre dans les rivières, et les Très riches heures du duc de Berry montrent des villageois et villageoises en train de se laver et nager par une belle journée d'août, dans le plus simple appareil, car l'on avait alors une tout autre idée de la pudeur que celle que l'on se fait de nos jours, et l'on se baignait nu, comme l'on dormait nu entre les draps.
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Le pape Clément V devait mourir un mois à peine après le maître du Temple (Jacques de Molay + 18 mars 1814) dans la nuit du 19 au 20 avril 1314, au château de Roquemaure dont les ruines dominent encore la vallée du Rhône. Philippe le Bel, lui, allait être frappé d'apoplexie le 4 novembre suivant et mourir le 20 novembre, à l'âge de quarante-sept ans. Ces deux morts successives devaient frapper la population et donner naissance à la légende de Jacques de Molay les assignant l'un et l'autre à comparaître dans les six mois au tribunal de dieu.

318 - [Que sais-je ? n° 1557, p.113]
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[La bourgeoisie] a pris le pas sur les seigneurs des temps précédents, en achetant et en vendant. Ceux qui, aux États généraux, prétendaient représenter le peuple, représentaient en fait la classe bourgeoise. Celle qui vend et qui achète. Dorénavant, vendre et acheter va vous donner le droit d'exister et d'être quelqu'un.
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Dans l'ensemble, l'étudiant du 13e siècle n'a pas une vie très différente de celui du 20e on a conservé publié des lettres adressées à leurs parents ou leurs camarades qui révèlent les mêmes préoccupations qu'aujourd'hui à peu de choses près : les études les demandes d'argent et de ravitaillement les examens. L'étudiant riche logeait en ville avec son valet ceux de condition plus modeste prenez pension chez les bourgeois du quartier Sainte-Geneviève et se faisait exonérer de tout ou partie de leur droit d'inscription à la faculté. On trouve souvent en marge dans les registres une mention indiquant que tel ou tel n'a rien versé ou n'a versé que la moitié de la rétribution propter inopiam à cause de sa pauvreté.
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Les clichés historiques ont la vie dure. On le remarque à propos des Croisades. Et d’abord la persistance même du terme a de quoi surprendre : il y a bien longtemps pourtant que les médiévistes ont fait remarquer qu’il s’agissait là d’un vocable moderne, né probablement à l’imitation de l’espagnol cruzada ou de l’italien cruzeta (termes qui désignaient d’ailleurs les aumônes versées au profit des captifs en Terre sainte et non les expéditions elles-mêmes). « Croisade » n’est guère utilisé dans notre langue avant le XVIIe siècle. La numérotation qui leur a été appliquée, quant à elle, constitue certes un système commode, mais ne correspond à aucune réalité ; la tentation était forte d’assimiler plus ou moins ces expéditions aux entreprises coloniales, voire aux guerres napoléoniennes…

Dans un précédent ouvrage, nous nous amusions à rappeler le résumé des manuels scolaires de jadis à propos de la mort de Saint Louis : « Saint Louis est mort de la peste à Tunis lors de la Huitième Croisade. » – un tissu d’erreurs : il ne s’agissait pas de peste (mais de dysenterie), le roi est mort à Carthage et le numéro huit assigné à son expédition ne signifie rigoureusement rien. Les huit Croisades, entre les sept merveilles du monde et les neuf muses de l’Antiquité, représentent une conception infantile de l’histoire, une classification hors de toute réalité.

Et ce n’est pas, loin de là, le seul cliché à réviser à propos des « Croisades ». L’image qui vient spontanément à l’esprit à leur propos est celle d’armées sur le modèle des nôtres : des troupes marchant au pas sous la direction de chefs militaires, rois, princes ou empereurs en tête. Or telle n’est pas du tout, on l’aura constaté, l’impression que nous fait la lecture d’Anne Commène : « De vastes foules, hommes, femmes et enfants », écrit-elle. On imagine obstinément le seigneur partant seul, entre hommes, laissant la châtelaine au château. Or, dans l’immense majorité des cas, les chroniqueurs nous disent le contraire : le chevalier part, et la dame aussi. Certains historiens on cru devoir expliquer le départ de Marguerite de Provence, au XIIIe siècle, au côté de Saint Louis son époux, par son désir de fuir sa belle-mère la reine Blanche !… Que dire alors de sa soeur Béatrice, partie avec son mari Charles d’Anjou et qui n’avait pas de belle-mère proche à redouter ? (…)

L’usage général, en réalité, c’est de voir les couples partir ensemble, les dames accompagnant normalement leurs époux. La question ne s’était pas posée pour un Godefroy de Bouillon parce qu’il n’était pas marié ; elle se posait en termes différents lorsque la défense ou l’exploitation d’un domaine important rendait nécessaire la présence de la femme en l’absence du mari - comme ce fut le cas pour une Clémence de Bourgogne, épouse de Robert de Flandre, ou pour une Adèle de Blois. Parfois encore des raisons de santé ont pu intervenir, bien que certaines femmes aient pris le départ étant enceintes et aient accouché en route. Mais l’habitude générale, répétons-le, c’est de voir le chevalier et la dame partir ensemble.

A cela une raison profonde : on ne part pas tant pour une expédition militaire, une guerre de conquête, que pour un pèlerinage. Pèlerinage en armes, mais pèlerinage tout de même. A en oublier ce point de départ essentiel, on risque de ne rien comprendre aux « Croisades », vaste mouvement qui ébranla toute l’Europe : « foule incommensurable d’hommes du peuple, avec femmes et enfants, tous les croix rouges sur l’épaule, dont le nombre dépassait celui des grains de sable au bord de la mer et des étoiles au ciel, qui s’étaient précipités de tous les pays » - comme l’écrit non sans quelque emphase Anne Commène, parlant de la Croisade populaire.
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On pourrait multiplier ainsi les exemples de détails fournis par l'histoire du droit et celle des moeurs, attestant la dégradation de la place tenue par la femme entre les coutumes féodales et le triomphe d'une législation "à la romaine" dont notre code est encore imprégné. Si bien qu'au temps où les moralistes voulaient voir "la femme au foyer", il eût été plus indiqué de renverser la proposition et d'exiger que le foyer fût à la femme.
La réaction n'est venue qu'en notre temps. Elle est d'ailleurs, disons-le, fort décevante : tout se passe comme si la femme, éperdue de satisfaction à l'idée d'avoir pénétré le monde masculin, demeurait incapable de l'effort d'imagination supplémentaire qu'il lui faudrait pour apporter à ce monde sa marque propre, celle qui précisément fait défaut à notre société. Il lui suffit d'imiter l'homme, d'être jugée capable d'exercer les mêmes métiers, d'adopter les comportements jusqu'aux habitudes vestimentaires de son partenaire, sans même se poser la question de ce qui est en soi contestable et devrait être contesté. A se demander si elle n'est pas mue par une admiration inconsciente, et qu'on peut trouver excessive, d'un monde masculin qu'elle croit nécessaire et suffisant de copier avec d'autant d'exactitude que possible, fût-ce en perdant elle-même son identité, en niant d'avance son originalité.
De telles constatations nous entraînent assez loin du monde féodal; elles peuvent en tout cas amener à souhaiter que ce monde féodal soit un peu mieux connu de celles qui croient de bonne foi que la femme "sort enfin du Moyen Âge" : elles ont beaucoup à faire pour retrouver la place qui fut la sienne au temps de la reine Aliénor ou de la reine Blanche...
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Où l'on est surpris de rencontrer des femmes ,c'est dans les métiers du métal [...] consattons que la taille est levée sur des aiguillères,des coutelières,des chaudronnières , une maréchale ....
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Que les modulations et les intonations de ta voix fassent par une accentuation savante sentir le nombre des mètres poétiques, et appuient sur les sentiments en lisant; si on le détache, le sens ressort mieux, et les pauses fortifient ce qui est faible.

Ausone
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En négligeant la formation du sens historique, en oubliant que l’Histoire est la Mémoire des peuples, l’enseignement forme des amnésiques. On reproche parfois de nos jours, aux écoles, aux universités, de former des irresponsables, en privilégiant l’intellect au détriment de la sensibilité et du caractère. Mais il est grave aussi de faire des amnésiques. Pas plus que l'irresponsable, l'amnésique n’est une personne à part entière ; ni l'un ni l'autre ne jouissent de ce plein exercice de leurs facultés qui seul permet à l’homme, sans danger pour lui-même et pour ses semblables, une vraie liberté.
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Ce qui est fécond dans la recherche historique, c'est au contraire cet obstacle, ou plutôt, ces obstacles perpétuellement rencontrés, qui s'opposent à nos préjugés et nous conduisent à modifier nos partis pris. Un parti pris de départ est, certes, stimulant, mais il faut savoir se résigner à l'abandonner toutes les fois que les documents l'imposent.
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L'Église, elle-même source de mobilité sociale, a grandement encouragé l'affranchissement des serfs. Rappelons l'exemple entre tous frappant de Suger, qui, fils de serf, n'en avait pas moins été, à l'abbaye de Saint-Denis, le condisciple du futur roi Louis VI ; sur les bancs de l'école était née entre eux une amitié qui ne devait cesser qu'avec leur vie ; et l'on sait comment, devenu lui-même abbé de Saint-Denis, Suger allait gouverner le royaume pendant la croisade de Louis VII, qui à son retour le proclamait "Père de la patrie".
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