AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de René Depestre (47)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


Éros dans un train chinois

Ensemble de nouvelles nous contant les tribulations d'un Don Juan haïtien, ce petit bouquin célèbre la femme et son pouvoir sans limite sur l'imagination d'un jeune homme qui semble jouir tout autant de ses fantasmes que de ses conquêtes.

On passe de la Chine communiste au Monténégro d'après-guerre, du Japon sophistiqué au Brésil brûlant et raciste, sans oublier Haïti et ses passions décomplexées, sans pouvoir s'empêcher de sourire face à l'excitation permanente du narrateur, poète, et ses envolées lyriques (et parfois un peu obscures, le glossaire à la fin en aidera plus d'un pour se repérer parmi toutes ces métaphores) qui décrivent ses ébats et toutes les parties du corps auxquelles il rend hommage.

Bien que le cœur même de ces nouvelles soit la sexualité, on touche également du doigt à la manière dont elle est appréhendée (ou les stéréotypes auxquels elle est soumise) dans les différents pays que l'on traverse, révélant ci et là les mœurs leur poids sur les êtres.



Une lecture agréable et courte en ce froid mois de janvier !
Commenter  J’apprécie          50
Révolte et tendresse

"On est poète quand on a des pieds à donner sans repos aux bonnes nouvelles de la tendresse."

Je savais l'admiration de Gaël Faye pour René Depestre que je ne connaissais pas. Quelle bonne idée de les avoir réunis pour dire cette rage de vivre et cette tendresse qui imprègne l'oeuvre. J'ai apprécié l'alternance des voix des 2 hommes. J'ai plus senti la révolte dans la voix de Depestre et la tendresse dans celle de Gaël Faye.

Comme il le dit lui-même, les poèmes de René Depestre suivent sa biographie. Ils expriment sa révolte de petit haïtien né en 1926, très tôt emprisonné avant d'être exilé. Heureusement il est accueilli à Paris et encouragé par Breton et les surréalistes. Au fil des ses voyages, il rencontrera Pablo Neruda, Che Guevarra, Fidel Castro et nombre de personnalités qui l'inspireront. Pour lui, "plus que jamais le monde a besoin de la tendresse des poètes" car le monde est en proie à la numérisation planétaire mais qu'en est-il de la "fraternité, rapport unique et évident entre tous les hommes."

"La tendresse des poètes voyage en baleine bleue autour du monde. Aidez-nous à sauver cette espèce en voie de disparition."

Soyons optimistes, espérons que la tendresse et les poètes seront sauvés pour pouvoir encore entendre des mots qui sonnent à nos oreilles.

C'est très difficile de faire une critique d'un livre audio, encore plus quand il s'agit de poésie. Il faut écouter, réécouter. Cela demande beaucoup de temps. Je vais sans doute acheter "Rage de vivre" paru chez Seghers en 2006 car j'ai besoin d'avoir les textes. Parmi mes préférés, "Avant propos" et "Au rendez-vous de la vie."
Commenter  J’apprécie          50
Popa Singer

Depestre aura 90 ans cette année. Il vient d’écrire le livre le plus jeune qui soit.
Lien : http://culturebox.francetvin..
Commenter  J’apprécie          50
Popa Singer

Extrait de chronique :

"Popa Singer, largement autobiographique, conte le retour à Haïti du narrateur en 1958, quelques mois après la prise de pouvoir de Duvalier. Prélude : les mots incantent, et la mère accueille le fils qui était loin. Face à l'horreur prévue d'une dictature prônant la purification ethnique de la première république noire, resplendit la figure de Dianira Fontoriol, baptisée Popa Singer depuis qu'elle est chevauchée par un loa blanc, esprit du poète autrichien von Hofmannsthal qui habite sa machine à coudre. Prégnance de l'imaginaire vaudou au milieu des fleurs de mangues et des poissons au piment oiseau. Hommage à la « maman-bobine de fil » qui transmet le qui-vive, à la « mère nourricière, ravie d'alimenter en brins de toute beauté la machine Singer à coudre les beaux draps d'un réel-merveilleux germano-haïtien ». Nous connaissions Legba, passeur des mondes visibles aux mondes invisibles, dieu des écrivains de Dany Laferrière, du Cri des oiseaux fous au pommeau de l'épée. le « loa à identité rhizomatique » de la Popa Singer mêle l'homme blanc au merveilleux haïtien, et appelle à l'incandescence et au pan-humanisme." (suite de la chronique sur louetlesfeuillesvolantes.blogspot.com )
Lien : https://lesfeuillesvolantes...
Commenter  J’apprécie          50
Hadriana dans tous mes rêves

René Depestre, auteur haïtien, nous offre un conte fantastique alliant religion vaudou et zombies, et qui se déroule à Jacmel, station balnéaire de la côte sud-est d'Haïti. Une vision bien particulière de la vie et de la mort sous les tropiques.
Commenter  J’apprécie          50
L'oeillet ensorcelé

Livre que j'ai trouvé sans grand intérêt. Il m'aura plus ennuyée que divertie.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
Commenter  J’apprécie          50
Hadriana dans tous mes rêves

Ce livre délicieux nous invite au voyage, au rêve et nous promène dans un univers où prose, exotisme et magie titillent nos sens...
Commenter  J’apprécie          50
Popa Singer

Au centre de ce récit situé en Haïti en 1958, une machine à coudre, une Singer qui donne son titre au roman. Mais pas n’importe quelle machine à coudre : celle-ci est un « cheval », un objet magique grâce auquel une voyante, Dianira Fontoriol, se laisser « chevaucher » par un « loa », l’esprit-conseil d’un négociant qui s’était abrité, pour échapper à la police allemande, derrière le nom d’un poète autrichien, Hugo von Hofmannsthal ! Et voilà Dianira Fontoriol rebaptisée Popa Singer von Hofmannsthal, prophétisant dans des transes spectaculaires l’avenir de son pays, l’engin-cheval ayant le pouvoir de « métisser le plancton de la mer des Gros-Blancs européens avec les substances en suspension dans la mémoire des Nègres d’Amérique ».

Or l’histoire d’Haïti, en 1958, est en train de basculer. François Duvalier, « papa Doc », est au pouvoir depuis un an, et essuie une tentative de coup d’État dont la sanglante répression va ancrer sa dictature. C’est cet épisode que René Depestre a entrepris de raconter, par l’intermédiaire d’un narrateur à forte tonalité autobiographique, qui se trouve être un des fils de Popa Singer. Comme Depestre, Dick Denizan est un poète haïtien exilé en France pour activités révolutionnaires et qui revient au pays en 1958 pour reprendre contact avec le parti communiste local. Mais rien ne se passe comme prévu. Compagnon de jeunesse de papa Doc, Dick est aussitôt invité au palais présidentiel, où il refuse de collaborer avec le nouveau régime. Le voilà suspect aussi bien aux yeux du pouvoir que des communistes. Dans la famille Denizan se forme alors un noyau de résistance qui éclatera dans la répression du coup d’État. Resté seul avec sa mère et l’esprit du « loa », le narrateur s’entend signifier de poursuivre la lutte à Cuba. Comme René Depestre, qui rejoindra Che Guevara en 1959.

Cette année haïtienne, racontée comme une symphonie burlesque en trois mouvements avec prélude, interludes et épilogue, devient un tragique carnaval dominé par la stature monstrueuse de deux géants antagonistes : l’ogre à la virilité outrancière de Papa Doc et la Grande Mémé à la maternité généreuse. Dans une langue truculente aux images colorées qui emprunte à tous les registres, poétique, savant, créole, enfantin, sexuel... les dialogues s’emballent, parsemés d’onomatopées (« la prochaine fois ce sera pan-pan-pan ») et de composés déroutants (« leur tour viendra d’entendre au fond du cul foutre-sang-tonnerre ! le cocorico-bonjour des papas-coqs-guédés de la révolution duvaliériste »). Scène d’anthologie que la perquisition dans la bibliothèque du poète par des tontons macoutes tout justes capables d’en égrener les titres : « Le Petit Chaperon rouge ? Un agitateur qui affiche des idées bolcheviques à son chapeau de paille. Le Petit Prince ? Un mauvais sujet qui, dès le berceau, commence à conspirer »... Les sentiments et les émotions se glissent spontanément sous la ceinture, le « dépit rageur au bas-ventre » ou « l’envie de fumer dans les couilles ».

Et pourtant, le sujet reste grave, tragique, et la réflexion sous-jacente ne se réduit pas à des caricatures. Derrière l’affrontement de Papa Doc et Popa Singer se profile celui des bossales (les esclaves noirs venus d’Afrique) et des créoles. Théorisé de façon grotesque par le premier (« la vibration de l’x bossale doit entraîner la vibration corrélative de l’y créole »), il prend chez la seconde l’allure d’une tragédie nationale, un « malheur-tigre à l’haïtienne » : « le tonton-macoutisme d’État, la papadocratie vita aeternam, la satrapie créole ou bossale, le carnaval politique auraient la même origine surnaturelle que les pluies et les vents qui dévastent les plantations de bananes ». Le pouvoir de métissage de la Singer en prend du coup une dimension symbolique qui cadre avec le récit.

Ce roman inclassable, sombre et plantureux, où se mêlent intimement l’humour, la poésie et la réflexion, a longtemps dormi dans les tiroirs de l’auteur pour avoir effrayé son éditeur d’origine. Renonçant au roman, René Depestre s’était alors tourné vers la poésie et l’essai. Saluons d’autant plus sa publication.


Lien : http://jean-claude-bologne.c..
Commenter  J’apprécie          40
Rage de vivre : Oeuvres poétiques complètes

Me voici/Animal marin de la poésie/Je sens gronder en moi la colère des foules/Je sens vibrer en moi leur rage de vivre. Tels sont les vers par lesquels débutait, en 1945, le premier recueil d'un jeune poète haïtien de langue française ; René Depestre. Soixante ans plus tard, en 2005, les Editions Seghers publiaient une " cérémonie des adieux " du même écrivain sous le titre Non-assistance à poètes en danger. Entre-temps, une vie à couper le souffle, des voyages sur tous les continents et le fleuve indomptable de la poésie. Le présent ouvrage rassemble la totalité des poèmes écrits par René Depestre au cours de sa vie. Les recueils publiés par Pierre Seghers - Végétations de clartés, traduit du grand large, Journal d'un animal marin - y côtoient des éditions rares, parues à l'étranger et aujourd'hui introuvables. De Port-au-Prince à Paris, de Prague au Chili, de La Havane au Sud de la France, où il est aujourd'hui installé, le poète donne à lire le chant fantaisiste, dionysiaque et vigoureux de ses passions caribéennes. (extrait de résumé du 4ème de couverture Amazon / Editions Seghers ).
Commenter  J’apprécie          40
Alléluia pour une femme-jardin

Des histoires entre hommes et femmes, dans une langue sensuelle (voire sexuelle) et imagée, une langue d'Haïti (si cela veut dire quelque chose) qui m'a rappelé l'auteur Louis-Philippe Dalembert.
Commenter  J’apprécie          40
Hadriana dans tous mes rêves

Je suis extrêmement mitigée concernant ce roman. Je ne peux nier qu’il est très bien écrit. L’auteur sait manier les mots, nous offrant parfois des passages d’une grande poésie.



L’histoire en elle-même a de quoi être intéressante. Nous sommes plongés dans une Haïti du début du XXe siècle qui conserve encore beaucoup de ses traditions vaudou. Et nous y assistons à ces traditions, aux côtés de personnages très attachés à leurs croyances. L’auteur, avec beaucoup de réalisme, nous immerge dans le Carnaval, le mariage et le deuil qui se mélangent au son des tambours, dans la moiteur de cette île particulière.



Avec beaucoup de réalisme, nous voyons le trafic des zombies, des personnes bien vivantes, enlevées à leur famille et droguées pour servir d’esclaves. Cela fait partie de la vie de l’île et tout le monde s’en accommode.



Cependant, j’ai eu beaucoup de mal avec la structure elle-même du récit que j’ai trouvé trop décousu. J’ai donc eu le plus grand mal à me retrouver embarquée dans une histoire qui, finalement, m’a beaucoup ennuyée.
Lien : https://labibliothequedallys..
Commenter  J’apprécie          30
Révolte et tendresse

Tout d'abord je remercie les éditions Thélème et Babelio de m'avoir permis de découvrir ces enregistrements de René Depestre .

J'avais coché un peu au hasard cette oeuvre dans le cadre de la Masse Critique , uniquement guidée par le nom de Gaël Faye (dont je suis assez fan sur le plan musical , etc ...)(BREF ).

Je ne suis "pas très" poésie et je ne connaissais pas le moins du monde René Depestre. Ce fut donc un grand saut dans l'inconnu ...



En cochant un livre CD je pensais naïvement que ce serait "facile" à écouter tout en faisant autre chose ... mais que nenni : je me suis aperçue qu'écouter de la poésie ce n'est pas vraiment comme écouter la radio , j'ai trouvé que c'était vraiment difficile de faire autre chose en même temps car si on n'est pas pleinement attentif aux mots on perd vite le fil ... Il m'a donc fallu prendre le temps d'écouter vraiment, à 100% (comme on lit un livre quoi ... ). C'est ce qui explique que j'ai finalement mis pas mal de temps avant de venir poster ma critique (bref)( je blablate je blablate et on ne sait toujours pas ce que je pense de "Révolte et tendresse" ... Certes... ).



Cette plongée dans les mots de René Depestre était un voyage parfois chaotique voire hermétique (la poésie et moi , comme je l'ai dit , c'est parfois "compliqué ... ), surprenant/inattendu (des poèmes dédiés à Elvis Presley, Marylin Monroe qui téléphone à Jésus ... c'est fou ça , non ? ) , touchant et dépaysant (j'ai beaucoup aimé "Je connais un mot", vraiment fort ).



Finalement même si la poésie reste quelque chose de difficile d'accès à mon niveau j'ai trouvé que ce format ("à écouter" ) me la rendait plus "abordable".



(PS : J'ai adoré le petit CD supplémentaire qui permet d'avoir quelques extraits d'autres ouvrages proposés par les éditions Thélème , quel plaisir de les écouter )



Commenter  J’apprécie          30
Révolte et tendresse

Merci à la masse critique et aux éditions Thélème pour ce livre audio de un peu plus de deux heures d'écoute.

J'avoue l'avoir choisi pour Gaël Faye car je ne connaissais pas René Depestre, né en Haïti, en 1926, études supérieures à la Sorbonne grâce à une bourse, il rencontre Breton, Césaire, il lutte pour la décolonisation et est expulsé de France; il voyage beaucoup: Europe,Argentine, Cuba, Brésil,Chili où il rencontre Neruda.

Il vit actuellement en France.

Ce recueil est une sorte de bibliographie de cet auteur qui dialogue avec G.Faye: il dit avoir écrit son premier poème pendant un cours en fin de lycée. En 46, il est emprisonné puis expulsé comme révolutionnaire; en France de 46 à 50, il sera de nouveau expulsé.

C'est un révolté contre la traite de ses ancêtres africains, contre la colonisation, contre les dictatures...mais il sait aussi se montrer tendre et relativement optimiste.

J'ai beaucoup aimé ses poèmes , sa voix qui ne prononce pas les r , la forme compréhensible et le fond émouvant.

Je n'ai pas bien compris pourquoi le rôle de G.Faye était surtout de répéter ce que le vieux poète venait de réciter, cela m'a mise mal à l'aise comme quand on sous-titre les propos émis avec un accent...Bien sûr, j'ai aimé la voix et l'interprétation mais je reste un peu perplexe.
Commenter  J’apprécie          32
Popa Singer

Le doyen des lettres haïtiennes rend hommage à sa mère et fait défiler l'histoire convulsive de son pays.
Lien : http://www.lefigaro.fr/livre..
Commenter  J’apprécie          30
Éros dans un train chinois

J’ai apprécié la façon dont l’érotisme était conté dans ces pages enflammées : point de scènes crues et bestiales, tout est suggéré au moyen de termes minutieusement choisis.



« Elle me laissa aussi lui mordiller la saignée des bras, le bout de chacun des dix doigts, le velours sans fin des cuisses jusqu’à la royale motte noire de drue. Sa racine en amande tenait du prodige, au toucher et au goûter, comme tout la mystère ensorcelant de sa beauté. Il fallait, avant toute cérémonie, célébrer sa galerie de fête. » (p. 161)



- - Les histoires sont bien souvent cocasses, mais non exemptes de réflexions plus sérieuses sur le racisme, l’absolutisme, les guerres…



- - - Des nouvelles plaisantes, qui divertiront agréablement les lecteurs souvent habitués à plus de noirceur…




Lien : http://lecturissime.over-blo..
Commenter  J’apprécie          30
Alléluia pour une femme-jardin

Alléluia pour une femme-jardin,

Alléluia pour toi, pulsation majeure de la vie !

Alléluia pour ta patience d'hormones joyeuses dans la nuit de la femme !

Je te salue et te présente à la vénération du monde.

Par amour pour toi, je suis prêt à traverser des déserts et des forêts vierges, à défier les bûchers et les chaises électriques, les chambres à gaz et les salles de tortures.

Je plante ta révolte aux coins des rues de la terre pour convertir à ton rayonnement ceux qui voient en toi une géométrie de ténèbres.

Tu n'es ni un astre ni un fruit mystique qui brillent sur notre destinée.

Tu n'es ni ostensoir ni cloaque ni source de tristesse et de perdition.

Je ne suis ni ton prophète ni ton esclave ni ton grand macho,mais simplement un homme fasciné qui proclame après t'avoir vécue que ton rythme appartient aux lois qui font que le vent se lève, que le soleil succède à la nuit, que la lune et les étoiles, la pluie et la neige, tiennent leurs promesses envers les douces moissons de la terre !

Par toi, l'unité et la solidarité de la vie se maintiennent malgré l'immense micmac mental où pataugent les vivants !
Commenter  J’apprécie          20
Anthologie personnelle

René Depestre évolue entre le loa de la poésie, l’archi-volute de la plante tropicale et l’œil du félin embusqué dans la nuit : il est une nature au-delà de la nature parce que affranchi de ses lois et de ses logiques.

Il écrit en familier des rythmes de la planète, des mouvements du cosmos, des soubresauts de l’Histoire aussi, en connaisseur des épices de Jacmel ou des ceps de Corbières, des odeurs musquées de femmes abandonnées et des couleurs des Caraïbes.

Attentive aux solstices et aux éclipses, aux intempéries et aux fournaises, sa poésie fournit le langage de ces forces intempestives.

L’écriture de René Depestre, comme celle de tant d’autres auteurs des Caraïbes, porte à bout de bras le génie de la langue française.

Outre-Atlantique, c’est-à-dire en France, mieux, ou pire plutôt, à Paris, la langue éditée, publiée, demeure entre les mains de ceux qui, nés avec une cuiller en argent dans la bouche, ou venus des caniveaux qu’ils oublient bien vite - même gibier…-, la violentent, la maltraitent, la punissent, l’humilient, l’outragent comme l’enfant brise son jouet pour le pur plaisir de jouir en détruisant.

Avec les poèmes de René Depestre surgit une langue de résistance qui arrache cet instrument aux mains des usagers de la rhétorique qui enfument, asservissent, justifient l’oppression politique, intellectuelle – la langue des maîtres – pour lui donner la dignité d’une langue d’esclaves décidés à se rebeller.

Il faut lire René Depestre.

On en ressort vivifié.

Commenter  J’apprécie          20
Éros dans un train chinois

Livre assez plaisant à lire. Des nouvelles de niveau inégal qui nous entraînent dans différentes parties du monde, et nous font connaître l’appréciation de l’amour, de la fidélité, des liens du mariage dans différentes cultures.

René Depestre nous parle aussi du racisme dont sont victimes les Noirs dans différents pays du monde, et comprendre combien il est difficile de vivre dans des pays tels que le Brésil, où Noir veut dire sous-fifre, jardinier, portier, larbin en somme...

Intéressant à connaître pour qui aime explorer les différentes littératures du monde.

Commenter  J’apprécie          21
Alléluia pour une femme-jardin

La première nouvelle de ce recueil donne le ton à l’ensemble. Il y a une envie d’exploration, de sensualité, de découverte et de sexualité. Dans la première nouvelle, le narrateur se laisse envahir par l’esprit de sa tante, par le désir et exprime un véritable envie de plaisir. Ce mot sonne comme une révélation dans l’univers de René Depestre. Déjà présent dans le titre, on ressent le lien entre les êtres et la nature, entre les corps et la géographie. La sensualité de l’écriture englobe ainsi tout un monde. Les personnages évoluent alors dans un univers totalement animé par le désir et par l’exploration des sens. Les mots laissent vite la place aux mouvements, au toucher, à l’odorat et au goût. Il y a une saveur à vivre dans ce monde. Cette relation, cette sensibilité au monde, permettent de se libérer et d’élever l’Homme dans son rapport à la Nature. René Depestres semble donner ainsi des lettres majuscules, de noblesse, à chaque chose, chaque être. L’amour sous toutes ses formes devient alors une force faisant vibrer ce monde. Au-delà de la mort, l’amour passionné continue d’exister et cette fascination des êtres, surtout des femmes, devient une lumière éternelle. Cet élan des cœurs et des corps est tellement palpable qu’il donne une consistance aux personnages mais également à Haïti. Le pays existe par les sens tous tournés vers l’amour de l’autre, la découverte des corps, un mouvement altruiste pour se connaître et rencontre l’Autre.
Lien : https://tourneurdepages.word..
Commenter  J’apprécie          20
Le mât de cocagne

Un récit fort, haut en couleurs, qui nous emmène dans une contrée lointaine et imaginaire, ou les volontés individuelles sont mises hors d'état de nuire par une dictature armée, sous les tropiques.

Quoi de plus juste pour le décrire que cette dédicace de l'auteur, lors d'un Banquet du Livre, à Lagrasse (20/08/95) :

"Roman d'un "Noir" qui ne voulait pas s'avouer vaincu,

et cette pensée de Jorge Luis Borges : Blancs et Noirs sont une superstition de l'infamie universelle".
Commenter  J’apprécie          20




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de René Depestre (363)Voir plus

Quiz Voir plus

La peau de Chagrin

Comment se nomme le personnage principal?

Valentin de Raphaël
Benjamin De Villecourt
Raphaël de Valentin
Emile

20 questions
1612 lecteurs ont répondu
Thème : La Peau de chagrin de Honoré de BalzacCréer un quiz sur cet auteur

{* *}