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Citations de Rosa Montero (677)


Je suis femme et j'écris. Je suis plébéienne et je sais lire. Je suis née serve et je suis libre. J'ai vu dans ma vie des choses merveilleuses. J'ai fait dans ma vie des choses merveilleuses. Pendant un temps, le monde fut un miracle. Puis l'obscurité est revenue. La plume tremble entre mes doigts chaque fois que le bélier cogne contre la porte. Un solide portail de métal et de bois qui ne tardera pas à voler en éclats. Des hommes de fer lourds et sales s'entassent à l'entrée. Ils viennent nous chercher. Les Bonnes Femmes prient. Moi, j'écris. C'est ma plus grande victoire, ma conquête, le don dont je me sens le plus fière. Et même si les mots sont dévorés peu à peu par le grand silence, ils constituent aujourd'hui ma seule arme. L'encre tremble dans l'encrier au gré des coups, elle aussi apeurée. Sa surface se ride comme celle d'un petit lac ténébreux. Mais voilà qu'elle se calme étrangement. Je lève la tête dans l'attente d'un assaut qui ne vient pas. Le bélier s'est arrêté. Les Parfaites aussi ont cessé le bourdonnement de leurs prières. Serait-ce que les croisés ont pu entrer dans le château ? Je me croyais préparée à cet instant mais je ne le suis pas : mon sang recule tout au fond de mes veines. Je pâlis, tout entière transie par le froid de la peur. Mais non, ils ne sont pas entrés : nous aurions entendu le fracas de la porte qui se brise, l'effondrement des sacs de terre dont nous l'avons renforcée, les pas rapides des prédateurs montant l'escalier. Les Bonnes Femmes écoutent. Moi aussi. Les hommes de fer cliquettent sous les meurtrières de notre forteresse. Ils se retirent. Oui, ils sont en train de se retirer. Le soleil est sur le point de disparaître et ils préfèrent sans doute savourer leur victoire à la lumière du jour. Ils n'ont pas besoin de se hâter : nous ne pouvons pas nous enfuir et il n'existe plus personne qui puisse nous aider. Dieu nous a accordé une nuit de plus. Une longue nuit. J'ai toutes les bougies de la réserve à ma disposition, puisque
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Un jour vient où se mettent à disparaître ton dentiste, ton médecin, ton mécanicien du garage automobile, ta conseillère à la banque, ta pharmacienne, le patron du restaurant ou tu vas depuis trente ans, ta libraire. Ils ne sont pas morts : ils ont pris leur retraite. Page 149.
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Tempête parfaite deux

Le problème , comme l'écrivait Roorda, ce n'est pas de ne pas aimer la vie, mais de l'aimer trop.C'est de rechercher à longueur
de temps cette exaltation aiguë
qu' ils se savent capables d'atteindre.

( p.186)
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Je me suis interrogée pendant un temps sur la signification que les lilliputiens pouvaient avoir pour moi.Pourquoi je les sentais si proches de moi, pourquoi ils se multipliaient de cette façon. Et j'en suis venue à la conclusion que le nain est un être crépusculaire qui ressemble à un enfant mais qui est un adulte: la frontière de l'âge est brouillée. Ce qui est justement ce qui m'arrivait quand j'étais petite : j'étais une petite fille qui n'était pas tout à fait une petite fille.Une enfant trop adulte( c'est peut être pour ça que j'ai été ensuite une adulte trop puérile).


( p.50)
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Je regarde aujourd'hui en arrière [...] et ma vie d'avant me fait l'effet d'un ensemble de photos dont je ne suis pas tout à fait sûre qu'elles soient de moi. Mon passé est comme le passé d'une personne très proche, une sœur, peut-être. Une jumelle. Un double. [...] "Le pire dans le fait de vieillir, c'est qu'on ne vieillit pas", disait Oscar Wilde, et il avait raison. Je n'arrive pas à m'intégrer dans mon âge véritable. Je ne comprends pas comment j'en suis arrivée là. Je ne parviens pas à découvrir à quel moment de ma jeunesse je me suis perdue, comment je suis tombée dans ce trou de ver spatio-temporel qui m'a amenée jusqu'ici. L'âge est une trahison du corps; à l'intérieur, comme l'affirmait Wilde, on ne vieillit jamais. De plus, ce corps conspirateur et déloyal s'appuie sur la collaboration de la société dans ce coup d'Etat qu'il est en train de perpétrer contre moi. Rien n'est aussi triste que la retraite, et pas seulement ta retraite à toi, mais celle de tous les autres. Un jour vient où se mettent tout à coup à disparaître ton dentiste, ton docteur, ton mécanicien du garage automobile, ta conseillère à la banque, ta pharmacienne, le patron du restaurant où tu vas depuis trente ans, ta libraire. Ils ne sont pas morts: ils ont pris leur retraite. Un immense balai chronologique les a emportés. Autrement dit, les a effacés. Tu ne connais plus personne autour de toi. Le brouillard descend lentement et tout s'estompe tandis que ton être le plus intime, ce moi émotionnel auquel tu t'identifies, qui est et qui sera éternellement jeune, se replie peu à peu dans un coin chaque fois plus reculé de ton cerveau.
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L'histoire de l'art en général et de la littérature en particulier est remplie d'alcooliques, d'opiomanes, de cocaïnomanes et de junkies de toutes sortes de cochonneries. Et le processus est toujours le même : la muse chimique achève d'abord l'œuvre, puis l'auteur.
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Bien sur que les hommes et les femmes beaux ont l'habitude de ressembler à des créatures spéciales à une fréquence surprenante, alors que les laids doivent suer de l'encre pour démontrer leurs qualités.
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Quelques mètres avant la porte, elle croisa une jeune humaine qui pleurait et l'effleura au passage avec le vent chaud de sa peine. Chacun traînait son petit bagage, comme disait Yiannis.
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Il l'aime, il l'a dit,et ce bonheur si absolu est capable d'effacer pour elle non seulement toutes les peurs, mais aussi la douleur du monde. Si Pablo l'aime,tout a une solution, tout est possible ;les néonazis disparaitront, les méchants deviendront gentils,les faibles seront protégés (elle sera capable de les protéger) et les étoiles brilleront plus que jamais dans le ciel. C'est ce genre de personne, Raluca.(p.220)
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Etre un autre est un soulagement. Echapper à sa propre vie. Détruire ce qui a été fait. Ce qui a été mal fait. Si seulement il pouvait formater sa mémoire et recommencer à zéro.
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Plus on vieillit, plus on sent que savoir jouir du moment présent est un don précieux, comparable à un état de grâce.
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Les voix des deux instruments s’enlacèrent doucement dans l’air, la flûte sinueuse et apaisante et le gémissement d’écorché vif du violon, formant un tout si profond et immense que Bruna sentit que des sons coulaient dans ses veines à la place du sang.
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- Bon, moi c'est pas que je leur veuille du mal, comprends-moi bien, je veux pas qu'on les lynches ni ces trucs-là, mais pourquoi est-ce qu'ils ne partent pas (...) ? D'ailleurs chez ceux de Cosmos et Labari, ils laissent pas venir les technos chez eux. Et pourquoi nous on les admet? Parce qu'on est des couilles molles (...)
- Le chauffeur de taxi avait mis le pilote automatique et restait penché au-dessus du dossier, à débiter son laïus xénophobe et spéciste.
p.224
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Habia llegado a esa edad en la que su biografía era irreversible. Ya no podría ser otra cosa, ya no podría hacer otra cosa con su vida. Ah, si hubiera sabido que iba a ser vieja y que se iba a morir, habría vivido de otra manera. Pero antes lo ignoraba. Es decir nunca lo supo de este modo verdadero e irremediable. Y ahora ya era tarde.
p. 187
(Elle était parvenue à l'age où sa biographie était irreversible. Elle ne pourrait plus etre autre chose, ni faire autre chose de sa vie. Ah! Si elle avait su qu'elle deviendrait vieille et qu'elle allait mourir, elle aurait vécu différemment. Mais, auparavant elle l'ignorait. C'est à dire que jamais elle ne le sut véritablement et de manière irremediable. Et maintenant il était trop tard.) Traduction du contributeur, non autorisée.
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Pour écrire, dirai-je enfin, il faut garder quelque part un peu de son âme d'enfant. Il ne faut pas trop grandir. Qui sait, c'est peut être la raison de mon attirance pour les nains. (p. 78)
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Je veux dire que les parents sont capables de mourir pour leurs enfants : c'est un impératif génétique, un moyen de survie de l'espèce, mais c'est aussi un mouvement du cœur qui vous rend plus complet, plus humain. Nous autres qui n'avons jamais eu d'enfants, nous n'arriverons jamais à grandir jusque là. Moi, je ne pourrais mourir pour personne. C'est dommage.
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Nous grandissons comme des bonsaïs, torturés et élagués et rapetissés par les circonstances, les conventions, les préjugés culturels, les impératifs sociaux, les traumas infantiles et les attentes familiales.
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J'ai passé presque quatre ans sans pouvoir écrire. Un satané enfer, parce que en perdant l'écriture j'avais perdu le lien avec la vie. Je ressentais une atonie, une distance avec la réalité, une grisaille qui éteignait tout, comme si je n'étais pas capable de m'émouvoir de ce que je vivais si je ne l'élaborais pas mentalement à travers des mots.
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La vanité et l'ambition rendent égaux les sages et les idiots.
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Il se trouvait dans l' un de ces moments lumineux que l' existence vous offre parfois; des instants de plénitude où tout semble acquérir un sens et où l' on dirait que cette sagesse ne va plus vous abandonner pour le restant de votre vie.(p258)
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