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Critiques de Ruth Klüger (10)
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Refus de témoigner

Ruth Kruger nous livre ici ses souvenirs d'enfance. Enfant autrichienne juive, elle a été déportée dans différents camps et nous livre ici son ressenti.

Ce n'est pas vraiment un témoignage, c'est une biographie et il s'agit surtout ici de sa propre analyse sur son passé, sur son enfance, sur sa vie personnelle qui a découlé de cette enfance vécue, sur ses relations avec sa mère et sa famille.

Au niveau de l'écriture, l'auteur n'est pas toujours facile à suivre. Une femme qui est constamment dans l'analyse, et cela se perçoit dans l'écriture.

Livre intéressant, différent des autres témoignages. D'une part car il s'agit vraiment d'une enfant à l'époque de la guerre (12 ans), de langue germanique et étant en Autriche au moment de la guerre (donc presque à l'épicentre des évènements de l'époque), livre écrit en langue allemande quelques décennies après la fin de la guerre, ce qui apporte un recul analytique à l'auteur. Elle décortique ses émotions, ses ressentis, les actes. Etrangement, cette analyse apporte une certaine froideur à son témoignage.

Un autre regard sur cette époque.

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Refus de témoigner

Dans sa rubrique « Disparitions » Le journal Le Monde a publié le 10 octobre 2020, un portrait de Ruth Klüger, universitaire et écrivaine américaine, spécialiste de la littérature allemande, née en 1931 à Vienne, d’où elle fut déportée douze ans plus tard, à Theresienstadt, Auschwitz-Birkenau, Christianstadt.

Le livre, rédigé en Allemand, est publié au début des années 90 en Allemagne, en 2001 à New York, elle l’écrit en 1988 alors qu’un accident grave la prive de tout mouvement et qu’elle se retrouve face à ses souvenirs. Le titre « refus de témoigner » est emprunté à un poème qu’elle transcrit à la fin de son récit, un poème datant des années soixante, rédigé au moment de son premier ou deuxième retour en Allemagne. Ce titre a été choisi par son éditrice en France plutôt que la traduction littérale du titre anglais ou allemand : « Still alive » et « Weiter leben » qui évoquent effectivement l’un et l’autre, la vie qui continue après les camps. Ces titres peuvent paraître plus convenus que le titre français, en fait ils sont plus explicites sur l’intention de l’auteur. Elle livre en effet dans son livre, un travail de réflexion remarquable sur ce qu’est la mémoire, la mémoire de l’holocauste. Elle s’insurge en particulier sur le voyeurisme auquel la mémoire de celui qui témoigne s’expose, dans une sorte d’effet « kitsch » où l’auditeur ou le spectateur regardent uniquement la victime comme un objet de souffrance, lui déniant ainsi toute vie postérieure aux camps, et se positionnant plus dans la contemplation de son propre sentiment de compassion, que devant l’examen d’une réalité. Elle fustige ainsi la culture muséale qui entoure les camps et parle d’une « usurpation de la mémoire ». Elle ne confisque pas toutefois cette mémoire, au contraire, elle en fait un élément patrimonial universel, ce qui la conduit à justifier les œuvres littéraires et artistiques qui s’en réclament, et qui pour elle, doivent être regardées comme des créations artistiques. Elle légitime ainsi aussi bien Spielberg que Lanzmann et fustige les propos d’Adorno.

Quatre parties structurent le livre, portant les noms géographiques des lieux qui ont jalonné sa route, de Vienne à New York, en passant par les camps. L’Épilogue, s’articule autour de son accident à Göttingen en 1988, il est suivi d’un chapitre ajouté au livre au moment de sa parution en édition de poche : « La mémoire dévoyée : kitsch et camps »

Un livre d’une portée philosophique remarquable.






Lien : https://www.lemonde.fr/dispa..
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Refus de témoigner

Refus de témoigner est une oeuvre caustique et sans concession, sur tous les sujets. Ruth Klüger raconte son enfant dans Vienne où monte l'antisémitisme, raconte les camps, la fuite, ses relations avec sa mère, les espoirs et les déceptions de l'émigration après la guerre, mais aussi les difficultés à trouver une place dans un monde qui tour à tour minimise la Shoa ou la change en un tourisme historique qui remplit les caisses de l'état polonais.

Un texte indispensable et comme on s'en doute un texte à ne pas ouvrir si vous êtes déjà en souffrance, car la claque est immense!
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Refus de témoigner

"Refus de témoigner " ou "Re-vivre" , selon le titre de parution en allemand :



Peu importe finalement , le résultat est là : une oeuvre essentielle dans le non-devoir de mémoire et le non-devoir d'oubli .



Ruth Kluger va bien plus loin ,loin de toutes formes de "devoir" pour cette femme résolument affranchie , sa démarche personnelle consiste à s'écarter de ses deux chemins de reconstruction pour faire revivre la petite fille qui vécut toutes ces années dans différents camps de concentration , au regard de ce qu'elle est devenue 40 ans plus tard , dans une tonalité tonique et constructive .



Alors oui elle raconte , sa vie de petite fille juive en Autriche , Et Ruth n'a jamais été tendre , ni enfant , ni aujourd'hui : elle ne s'apesantit pas sur des faits et l'atrocité dont elle fut témoin , victime , elle ne s'attendrit pas sur les souvenirs de son père disparu le premier dans sa famille :

Citation :



C'est la dernière impression que mon père m'ait laissée : la frayeur , la violence et un sentiment d'injustice et d'humiliation .Les sentiments ainsi nourris sont impossibles à corriger .Est-ce que peut-être je lui en veus de sa mort parce que l'enfant battue n'eut plus l'occasion e se réconcilier avec lui ? Comme si sa vie inachevée n'avait eu d'autres sens que d'écouter mes pleurnicheries d'enfant de huit ans , ou de recevoir mes excuses et mes explications ultérieures .





Sous une plume délicieusement caustique , elle raconte sa vie de famille avec une mère qu'elle qualifie de névrosée , sans rancoeur ni animosité particulière , qu'elle aimait et qu'elle aime sans aucune forme de procès rétroactif mais sans pour autant passer sous silence les failles de celle-ci !



Elle raconte la montée du nazisme et les premiers changements qu'elle vécut à ce moment-là avec déjà la conscience de la gravité du moment sans toutefois rentrer dans le pathos et l'affect , mais avec un regard violemment dérangeant .Le choix de ses souvenirs portent en eux une forme d'insolence dont l'impact sur le lecteur est inattendu : comment ne pas prolonger plus loin la réflexion après une narration faussement anecdotique telle que ci :

Citation :



Le directeur vint en personne dans la classe pour nous expliquer le salut hitlérien .Il montra comment faire et la classe l'imita , sauf les enfants juifs qui dorénavant devraient se mettre au fond et ne pas saluer comme ça .Le directeur était gentil , l'institutrice embarrassée, si bien qu'avec un optimisme indefectible je me demandai s'il fallait prendre ce traitement d'exception comme une distinction honorifique ou une dégradation .Car enfin les grandes personnes savaient bien que notre pays avaient été envahi.Tout le monde ne pouvait pas être nazi .



En travaux manuels , les petites camarades apprirent à coler des croix gammées sur des papiers de couleurs et , les quatree à six filles juives que nous étions pouvaient coller ce qu'elles voulaient , ce qui étaient bien sympathique , sauf qu'en même temps ça ne l'était pas du tout .De temps à autres les filles aryennes venaient nous faire admirer ce qu'elles avaient fabriqué de joli. On comparait et critiquait .



Et cette petite fille au regard implacable traversera toutes les épreuves des camps , de la perte , de la douleur avec une force intérieure exceptionnelle liée à un sentiment de liberté innée : nulle trace de fuite dans la culpabilité , la croyance , et quelques autres formes d'attachement ....même sa façon d'aimer ses proches dès l'enfance se traduit par une volonté de prendre son destin en mains .



Alors pour cet être résolument libre , c'est sa vérité qu'elle expose dans ce roman autobiographique ,

celle qui n'est pas toujours du politiquement correctement ,

celle qui refuse les étiquettes ,

celle qui dénonce aussi sa culture qui réduit la femme à un être inférieur ,

celle qui se moque de" nos hommes ces héros " car c'est bien connu "les femmes et les enfants d'abord" dans le sauvetage et honneur et gloire aux valeureux guerriers ,

celle qui s'insurge contre cette nouvelle forme de tourisme dans ce qui reste des camps par devoir de mémoire qui n'aboutit finalement qu'à nourrir certaines formes de fantasmes et salit ce qui s'est passé ,

celle qui refuse la victimisation autant que la banalisation ,

celle qui hurle de ses entrailles de petite fille le besoin de réveiller les consciences endormies ......



Par son refus de témoigner , Ruth Kruger apporte un regard vu sous un angle très personnel , porté par une plume tonique , cinglante , jubilatoire et explosive : Garez-vous lecteurs si vous recherchez le confort . Avec Ruth Kruger il faut accepter la règle du jeu qu'elle impose : que le lecteur soit impliqué , et c'est uniquement à cette condition que l'oeuvre prend tout son sens .



Chaque page de mon livre est souligné : aucun répit possible mais l'aventure est tout aussi poignante que jouissive : c'est un sacré numéro cette Ruth, insolente qui s'assume comme telle , un être libre qui ne se réfugie pas dans la culpabilité , la victimisation , la croyance ou l'amour .....sale gosse jusqu'au bout , rebelle et explosive , intransigeante et déterminée : chapeau bas !



Un de mes grands coups de coeur de lectrice !

Mais une seule lecture ne suffit pas d'ailleurs pour s'approprier le texte dans toute sa profondeur et tous les thèmes abordés et je l'inscris derechef dans mes projets de relecture .

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Refus de témoigner

Ruth Klüger a vécu on enfance et le début de son adolescence sous la botte nazie , elle sera déportée de Vienne dans différents camps de concentration.

Ce qu'elle nous décrit dans ce récit n'est pas un énième récit de la vie des camps mais plutôt une réflexion sur ce que fût pour elle cette époque . Récit sans concessions qui met à plat certaines idées que l'on se fait de l'univers concentrationnaire entre autres mais aussi sur la résistance juive ou l'aveuglement de la population allemande.

C'est une lecture éprouvante dont on ne sort pas indemne.

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Perdu en chemin

Récit chapitré de l’autobiographie d’une survivante, prose enlevé d’une émancipation surtout de ce statut de victime. Avec un goût toujours certain de la polémique – quand l’intransigeance dessine une intenable posture de vérité – Ruth Klüger associe sa judéité à la condition féminine. Perdu en chemin dresse le portrait de la pitoyable Amérique des années 50 mais aussi du minable monde académique et du non moins méprisable univers des Lettres.
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Refus de témoigner

Cette biographie est totalement différente de tous les témoignages que j'ai pu lire de survivants des camps de concentration. C'est une œuvre qui va bien au-delà d'un témoignage. C'est une analyse sociologique, philosophique, l'autrice fait en permanence des liens entre ce qu'elle a vécu et sa vie après les camps. Et c'est bien l'ensemble de sa vie qu'elle nous relate et non pas seulement ce qu'elle a vécu en tant que juive autrichienne pendant la guerre.

C'etait passionnant, je n'avais jamais lu quelque chose qui s'ancre autant dans le réel. Et en même temps, c'était une lecture éprouvante que j'ai eu besoin d'entrecouper d'autres lectures. J'ai beaucoup appris sur la période d'après-guerre, d'abord en Allemagne puis aux États-unis.

Elle avait 12 ans quand elle est arrivée à Auschwitz. Elle "écrivait" des poèmes (elle les inventait et les mémorisait puisqu'elle n'avait ni papier ni crayon)... Elle a écrit des poèmes toute sa vie.
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Refus de témoigner

Ce roman autobiographique traite de l’enfance de l’auteur née à Vienne et qui, en 1942, sera déportée avec sa mère dans 3 camps différents. Elle décrit ses années de sa vie sans pathos mais apporte une réflexion sur les agissements de chacun : ceux des déportés, les siens, ceux des criminels et ceux qui sont nés après. Et par ce biais, elle interroge le lecteur sur ces propres agissements ou ce qu’ils auraient été si nous avions vécus à cette époque.



Martin Waslernbe s’y est pas trompé en commentant ainsi – sur la Radio Bavaroise- sa parution en 1992 : « La précision du style, qui met en doute le témoignage de mémoire, ne nous permet pas de nous dédouaner par la compassion. Je ne crois pas qu’on puisse lire ce livre sans se sentir provoqué… Chaque lecteur devra y répondre avec sa propre histoire. »



Elle avoue ne pas comprendre le culte de la mémoire de ses lieux d’extermination et c’est ce qui explique son long mutisme avant d’écrire ce livre qui a obtenu le prix Grimmelshausen.



Personnellement j’ai adorée et conseille vivement sa lecture.

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Refus de témoigner

Déportée à 12 ans, Ruth Klüger attendra de nombreuses années avant de parler de sa jeunesse. Et lorsqu'elle le fait c'est dans un style très particulier, distancié qui implique totalement le lecteur . Un livre essentiel.
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Refus de témoigner

En 1988 Ruth Klüger est à Göttingen pour y donner une conférence quand elle est victime d'un grave accident de la circulation. Traumatisme crânien, perte de mémoire, paralysie, quand elle sort de l'hôpital elle commence la rédaction de cet ouvrage autobiographique qui débute avec l'Anschluss en 1938.



Le récit mêle anecdotes du passé et réflexion sur la mémoire. A propos des camps dans lesquels elle a été internée, l'autrice passe rapidement sur les atrocités : la lectrice ("qui songerait à des lecteurs masculins ? Ne lisent-ils pas que ce qui est écrit pas d'autres hommes ?") a déjà entendu parler de ça. Et Ruth Klüger n'est pas non plus du genre à s'apitoyer sur elle-même. Ce qui l'intéresse c'est la façon dont cette expérience a fait d'elle celle qu'elle est devenue et comment elle a continué à vivre. La réflexion est originale et parfois dérangeante. Ruth Klüger est opposée à la transformation des camps en musées. Pour autant il ne s'agit pas d'oublier ce qui s'est passé : pas question de faire enlever le matricule qui lui a été tatoué à Auschwitz, comme certains le lui préconisent. Elle est consciente en même temps qu'elle ne peut pas raconter certains souvenirs si elle ne veut pas susciter une pitié qu'elle refuse absolument. Il y a le refus d'être traité en victime qui s'oppose à la volonté de dire la vérité.



Le résultat est une pensée abrupte, caustique. Les médiocres, ceux qui se cachent derrière des alibis, ont peu de chances avec cette femme intelligente. Il y a aussi de beaux passages, parfois émouvants sur la perte du père et du frère, sur sa mère dont elle voit à la fois les qualités et les faiblesses, sur les amis d'une vie.



Depuis l'enfance Ruth Klüger a aimé la littérature, a lu et écrit des poèmes. Certains sont inclus dans son récit. Et évalués sans concession.



C'est donc un ouvrage riche, d'une grande qualité.
Lien : http://monbiblioblog.revolub..
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