Citations de Sascha Arango (79)
Les mensonges qu'on oublie subsistent longtemps sous la surface et rouillent tranquillement parce que personne n'y prête attention. On devient insouciant, on devient négligent, on oublie. Mais les autres, eux, n'oublient pas.
Henry apprit de ses critiques comment il fallait comprendre son oeuvre. Que ce soit de bons romans, il était bien placé pour le savoir, c'était tout de même lui qui les avait découverts. Mais à quel point ils l'étaient, et en quoi exactement, il en fut lui-même surpris. Il était plein de pitié pour tous ces artistes miséreux qui ne sont découverts qu'après avoir crevé à force de carences alimentaires. Il aurait volontiers lu à Martha quelques unes des recensions les plus laudatives, mais elle ne voulait pas en entendre parler. Elle était déjà en train d'écrire le roman suivant. La gloire ne signifiait rien pour elle. Par principe, elle ne lisait aucune critique, tandis que lui au contraire les lisait toutes, surlignait les passages les plus élogieux, les découpait et les collait dans un album. "Chaque phrase est une citadelle". Il aimait particulièrement cette formule. Elle figurait sur le texte du rabat, en caractères gras, et elle était due à un certain Peffenkofer, qui écrivait dans le supplément littéraire d'un grand quotidien. Elle aurait pu être de moi, songeait Henry, si belle dans sa brièveté et si pertinente. Mais ce n'était pas lui. Rien n'était de lui.
Le contact télépathique qui s'établit entre deux êtres après des années de mariage est souvent interprété par les observateurs non concernés comme du silence.
Pouvait-il y avoir mort plus tragique et plus injuste à la fois que celle provoquée par la main glacée du hasard?
- Vous avez déclaré que votre roman avait disparu, maintenant il ressurgi...
Aucune silence ne ressemble à celui qui naît de l’absence de l’autre. Il n’y a plus rien en lui de familier. C’est un silence hostile et accusateur. Sans bruit, les souvenirs remontent à la surface et commencent leur danse fantomatique. Mirages et images de la réalité se mêlent, des voix nous appellent et le passé revient nous hanter.
N’importe qui, apprenant qu’on l’a trompé en long, en large et en travers, veut savoir pourquoi, depuis quand et avec qui. C’est normal. La trahison est une énigme qu’on tient à résoudre.
Certes, la lutte pour la vie est excitante, c'est le manque qui donne du prix aux choses, l'argent perd sa signification dès lors qu'on en possède en abondance.
N’importe qui, apprenant qu’on l’a trompé en long, en large et en travers, veut savoir pourquoi, depuis quand et avec qui. C’est normal. La trahison est une énigme qu’on tient à résoudre.
Les mensonges qu'on oublie subsistent longtemps sous la surface et rouillent tranquillement parce que personne n'y prête attention. On devient insouciant, on devient négligent, on oublie. Mais les autres, eux, n'oublient pas.
Le silence, ça s' achète, mais pas la sympathie
Nos erreurs les plus graves, c'est bien connu, sont celles que nous commettons sans les voir.
Dans les premiers rangs il n'y avait à peu près que des femmes. La plupart d'un âge intéressant, entre trente et cinquante ans. Fasch les voyait, littéralement suspendues aux lèvres d'Henry, les cuisses moites, se laisser pénétrer par ses textes en faisant comme si elles n'étaient là que pour la culture. Ces lectures n'étaient rien d'autre qu'un festival de lubricité cachée.
Les animaux ne comprennent pas grand chose et pourtant ils savent tout. Les humains se trompent parce qu'ils croient, les humains courent à leur perte parce qu'ils espèrent. Les bêtes n'espèrent pas, elles n'ont aucune vision de l'avenir et ne doutent pas d'elles-mêmes.
Une petite blague remet plus vite sur pied un malade qu'un suppositoire de pitié.
Les menteurs parmi nous savent très bien que, pour être convaincant, un mensonge doit contenir un minimum de vérité. Une goutte de vérité suffit en général, mais elle est indispensable, comme l'olive dans le martini.
(...) il jugeait les critiques négatives aussi improductives que le noir sous les ongles de pied.
La cupidité, la soif de vengeance et la bêtise, si l'on considère la chose du point de vue de l'histoire de la civilisation, sont des causes de mort naturelles, une facette de la condition humaine, tout simplement.
Mais la désillusion n’est-elle pas l’aboutissement de toute illusion?