Héros aux pouvoirs aussi puissants que secrets, notre bonhomme donne l'illusion d'avoir affaire à un homme invincible. Dandy riche et charmeur, mais aussi rebelle cet esthète érudit volontiers misanthrope est grand amateur de cailloux et de trésors imprenables qui le pousse à affronter avec bonheur la pire engeance. Toutefois, et c'est tout à son honneur, dans cette quête personnelle censée ne satisfaire que lui, le collectionneur cynique est résolument du côté des peuples indigènes — indiens d'Amérique, Maoris, et Aborigènes — contre le colonisateur blanc et autre oppresseur.
Cet album qui regroupe les cinq opus du Collectionneur est vraiment de toute beauté, chaque dessin en noir et blanc de Toppi, le grandissime maître italien du genre, étant à lui seul une véritable oeuvre d'art. Une très belle découverte en ce qui me concerne.
Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Quatre petites histoires. A chaque fois une chute surprenante dans la forme ou dans le fond. C’est fichtrement bien amené et se situe dans un entre-deux fantastique. L’auteur nous parle de guerre. Il y a quelques belles réflexions, simples et puissantes sur le comportement humain dans ces situations extrêmes de violence. Confiance, peur, amitié, que reste-t-il de tout cela ?
L’album vaut essentiellement par le dessin : un crayonné, noir et blanc, des planches très travaillées, souvent complexes et riches. Un très beau travail graphique.
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Pauvre Semion Gennadovitch Polumin. Pensez-donc le prestigieux directeur de deuxième classe du Ministère des Finances si mal conseillé par les incultes habitants de la Taïga. Lui, le si grand chasseur peut s'enfoncer sans peur dans la forêt prétendument enchantée du pays de son maitre le Tsar...
Pauvre Viktor Tikonovitch Bakhrushin. Pensez-donc un si brillant esprit scientifique et cartésien envoyé en Sibérie pour exhumer des ossements nenets. Lui, le savant progressiste confronté aux superstitions si archaïques de ces populations ignorantes...
Pauvre Gennadi Efremovic. Pensez-donc, simple passeur sur le fleuve qui traverse la taïga. Lui, dernier Charron désintéressé qui ne pense qu'aux quelques Kopecks qu'il cache, vaincu par le progrès. Vaincu par le Transsibérien...
La Russie des Tsars, deux mondes si éloignés. Les Lumières du début du Xxème siècle face aux croyances des grands espaces de l'Est sibérien.
Une immensité si bien rendue par Toppi. L'âme slave entre les mains d'un artiste italien. Une étrange mais magique association.
De vastes paysages et des personnages tout en hauteur. Des récits simples, sans grande fioriture. De noir et de blanc, une illustration qui dissuadera certains. Mais ne soyez pas aussi ingénus que les héros de ces histoires, suivez le conseil et prenez le temps de vous arrêter...
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Toppi nous fait voyager dans le nord des États Unis et le Canada. Son graphisme, imitant la gravure, est superbe, les paysages représentés en noir et blanc sont grandioses, le style est dynamique, personnel, le jeu des hachures ou des détails opposés au grandes surfaces de blanc donnent une lumière qui apporte tout la majesté à ces paysages. Certaine planches ne sont composés que d'un seul dessin, rappelant les gravures des journaux illustrés de la fin du XIXe siècle. Les histoires me font penser aux œuvres de Jack London, épiques, dans le silence des grandes étendues sauvages, avec juste un peu plus de revolvers, de violence et de cruauté. Mais on est pas pour autant dans l'esprit Western. Les personnages évoluent dans ces paysages infinis, on a envie de prendre le temps de se mettre à leur rythme et de savourer chaque image le temps que le personnage mettrait à le traverser, regarder sa manière de représenter un arbre, une branche, une ombre, des gravats... plusieurs minutes, plusieurs heures, jusqu'à ce que le froid et la faim viennent nous surprendre dans notre admiration... ou la peur...
Magnifique...
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Ouvrir une bande dessinée de Toppi est toujours un plaisir pour les yeux. Il s’inspire de la gravure en taille douce (utilisation d’une pointe dure sur une plaque de métal, gravant peu profondément, les creux retenant l’encre pour la reproduction sur papier) ou parfois d’eaux-fortes (taille douce additionné de procédé chimique à l’acide afin d’obenir des surfaces irrégulières pour produire des gris), du noir et blanc où les gris sont souvent réalisées en hâchures, avec beaucoup de détails dans les visages, les minéraux, les animaux… Avec son style naturaliste, il nous propose des récits profondément panthéistes, sur le rapport de l’homme à la nature dans une optique mystique. Cette bande dessinée est composé de trois histoires distinctes, sur cette thématique et situé dans des mondes glacés dans des temps anciens, celui d’indiens du grand nord pour le premier au Xe siècle (rencontre avec la culture Islandaise), celui des chasseurs de phoques à la fin du XIXe siècle pour le second, et enfin celui d’une société préhistorique alpine (référence à Ötzi) pour le troisième. Ce ne sont que trois modestes fables, avec une ambiance fantastique, trois contes ancestraux. Ce qui m’a particulièrement séduit, c’est le rapport entre le graphisme et les ambiances qui en découlent, les montagnes s’imposent comme des divinités, les animaux s’entourent d’une aura de grands sages, et les humains sont soumis à cette nature grandiose. On peut souvent reprocher à Toppi le contenu anecdotique de ses récits, et c’est sans doute vrai, l'histoire est au service du dessin et non le contraire, mais dans cet album, ces contes s’accordent parfaitement au graphisme, le portrait pleine page du phoque est vraiment impressionnant, c’est beau et fort. Et une fois de plus, peu importe que le récit soit si modeste, parce chaque coup de crayon, chaque noir, chaque blanc est déjà toute une histoire en soi.
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Le titre Krull est le premier des contes et légendes allemands qui sont réunis ici pour le plaisir des plus grands car ne sont pas à laisser entre toutes les mains.
Cinq histoires où la mort, l’abandon et la vengeance rôdent ; cinq histoires rendues encore plus sombres par le choix de Toppi de réaliser ses dessins à l'encre noire; choix que l’on retrouve dans une biographie hommage de Michel Jans sous le titre " Toppi, au revoir l’artiste ".
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4 petites histoires japonaises dessinées par un artiste italien.
Le graphisme est superbe, tout en noir et blanc, un travail tout en finesse et élégance, à la plume, de grandes planches avec assez peu de vignettes. On est dans le monde des samouraïs, du Japon ancien, c'est une suite de légendes où la sagesse se confronte à la violence, l'orgueil à l'humilité. Superbe !
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Sur fond de guerre coloniale et fanatisme religieux, cette histoire prend place à la fin du 19ème siècle pendant le siège de Khartoum au Soudan. Un jeune reporter de guerre réussi à rejoindre la ville où les forces britanniques sont assiégées par une fédération de tribu menée par un prédicateur musulman. La situation est désespérée et les renforts se font attendre…
Cette bande dessinée est réédition d'une œuvre de 1976 par le légendaire auteur et dessinateur italien Sergio Toppi. Le dessin en noir et blanc permet de mieux supporter les horreurs et de la guerre tout en sublimant personnages et décors. Ne s'éloignant pas de la réalité historique, le récit est celui d'un homme témoin de son époque et impuissants face à la violence des deux camps. Il en résulte un court mais intense morceau d'histoire au milieu d'un grand drame.
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Cet album rassemble deux récits confrontant les colonisateurs cupides et arrogants, irrespectueux des indigènes face à ces indigènes intégrés à leur pays, avec leurs croyances en liens avec la terre, la flore et la faune. Le premier récit, Warramunga, se passe au milieu du XIXe siècle en Australie, le second, M’Felewzi se passe sans doute un peu plus tard en Afrique du Sud.
Les histoires de Toppi sont souvent des prétextes pour imposer son graphisme, on retrouve toujours un peu les mêmes ficelles, mais c’est pas pour cela que j’aime l’oeuvre de Toppi. Son graphisme est très méticuleux, s’inspirant de la gravure en taille douce, il est fait d’une multitude de petits traits fins, de trames en hachures, le dessin est réaliste, s’attachant au matières, aux textures. Il crée une ambiance majestueuse, minérale, comme sortie de la nuit des temps, qui offre une aura particulière à ces indigènes, on les appelle des sauvages, mais ils forcent le respect. C’est un livre de contemplations, de petites épiphanies, de grâce et d’élégance, juste à savourer.
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Le Sceptre de Muiredeagh n'est qu'un simple bâton de bois, mais aux mains de la bonne personne, il peut déplacer les roches.
Le dessin de Toppi est superbe, tout en noir et blanc, comme travaillé à la taille douce (procédé de gravure sur plaque de métal). Les détail géologiques, la peau des personnages, la tatouages des Maoris et les ombres et les lumières sont représentés avec finesse et précision, en trames, en lignes comme de vieilles gravures du XIXe siècle. Et l'histoire va nous faire voyager d'irlande, en Nouvelle Zélande puis en Australie. Les légendes pourtant aux antipodes l'une de l'autre se rencontrent. Le collectionneur, héros taciturne à la silhouette de cowboy de western italien, défenseur des opprimés, pourchasse Eoin Dunchada à travers le monde. Grandq paysages, belles rencontres, inquiétantes, c'est une belle ballade irlandaise et exotique à la fois.
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C’est toujours un plaisir de retrouver le graphisme patient et riche de Sergio Toppi, inspiré de la gravure en taille sèche, en noir et blanc, chargé de hachures minutieuses et de détails de matières. Dans Momotaro, il nous narre un conte japonais. Momotaro est un bébé échappé du massacre quand le bon seigneur Shimura a été tué par le terrible Washizu. Il est recueilli par Ichiro, un bûcheron qui vit perdu dans la montagne. En grandissant, il s’attache à un renard, qui va l’aider dans sa quête pour combattre le cruel tyran. Le jeune garçon va utiliser la ruse inspirée par le renard. Le ton est celui du conte, fait d’épreuves successives, avec un fond de magie, de merveilleux, et le graphisme lui apporte grandeur et majesté. Encore un superbe moment de lecture avec cet auteur italien.
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Dépaysantes, et captivantes légendes.
Avec Warramunga 1856, direction le désert Australien, sur les traces de deux braqueurs en fuite, suite à leur dernier larcin qui a mal tourné…
Puis direction l'Afrique du Sud et ses grands espaces sauvages, où M'Felewzi, rabatteur un peu fou, va guider deux Afrikaners pas franchement sympathiques.
En particulier dès l'instant où Bloodthirst, major et "grand chasseur", tue son frère comme çà, pour le plaisir... Dès les premières pages, en fait.
Un Toppi au sommet de son art niveau dessin, des histoires très poétiques, bien sûr empruntes de surnaturel.
Un délice pour les yeux, on se laisse porter avec plaisir par cette ensorcelante atmosphère.
Préférence néanmoins pour M'Felewzi, Warramunga s'avérant un récit bien plus court, et moins envoûtant.
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Le travail de Sergio Toppi est réellement exceptionnel.
Un style en noir et blanc minutieux.
De superbes cases.
Un sympathique conte japonais d'un enfant, Momotaro, et de son ami renard.
(une version revisitée de la légende de Momotarō ?)
Une BD qui se lit très rapidement.
Je ne connaissais pas ce dessinateur. Ce qu'il réalise est vraiment remarquable.
Je recommande à tous ceux qui aiment les contes pour petits et grands, le Japon et ses démons, la BD et les grands dessinateurs transalpins.
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Sublime Sibérie…
…Et c'était pas gagné à la base, car comme le narre joliment l'auteur,
"Ainsi contraint à l'inaction et sans possibilité de partir, je tombai dans ce qu'on appelle l'ennui Sibérien.
Le passage lent des journées marquées par le mouvement silencieux des nuages et la voix du vent dans les forêts de bouleaux...".
Mais avec ces trois contes réussis, Toppi nous fait agréablement passer le temps.
Dessins superbes, textes poétiques, dénouements originaux.
Encore de biens belles histoires que celles-ci :
- Ogoniok, assez court, tel une exquise entrée, on a plaisir à voir ce que le destin a réservé à notre éminent directeur de deuxième classe au ministère des finances, le simplissimement nommé Semion Gennadovich Polumin.
- Puis on aura droit à un délicieux plat de résistance, grâce à Kas-Cej. L'improbable aventure de Viktor Bakhrushin, scientifique en disgrâce ayant hérité de modestes fouilles au fin fond du pays, et qui va subtilement se servir des croyances locales.
- Enfin le dessert (avec un soupçon de champagne millésimé...) dont le titre, "transibérien" annonce la fin d'activité de Gennady Efremovic, modeste passeur du fleuve avec sa barquasse, alors que le chemin de fer va détourner de lui la quasi totalité des voyageurs.
S'il n'en reste qu'un... ce n'est pas franchement celui qu'il espérait...
Indéniablement exceptionnel, ce trait de Toppi. Artiste à ne pas manquer.
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Bien ... Pas bien ...
Le kokombo est un objet maléfique... ne vous en approchez pas, sinon...
Bwuma est bizarrement enfanté... ce qui est sûr, c'est que sa destinée de guerrier lui tient à cœur...
Bon, j'ai déjà déclaré ma flamme à Toppi, je ne vais peut-être pas la réitérer tous les jours (voir mon avis sur Naugatuck 1757).
Surtout pour cet opus, un peu moins bon.
Si les dessins sont toujours géniaux avec le premier récit, la différence avec le second est flagrante.
Idem pour l'histoire, celle du gri-gri n'est pas la plus aboutie, mais se tient. Par contre le récit sur Bwuma... léger.
J'en chroniquerai des meilleurs, patience...
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