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Citations de Shûsaku Endô (197)


Le péché, songea-t-il, ce n'est pas ce qu'on croit communément, ce n'est pas de voler et de mentir, c'est, pour un homme, de marcher brutalement sur la vie d'un autre, insoucieux des blessures qu'il laisse derrière lui.
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Comme épuisée, la mer faisait silence et Dieu, lui aussi, se taisait.
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Nous nous tûmes alors longuement. La pluie fouettait en cadence le toit de notre masure, comme un sable coulant dans un sablier. Ici, nuit et solitude ne font qu’un.
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Shûsaku Endô
La sagesse des paysans réside dans leur habileté à se faire passer pour des imbéciles.
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Lentement monte la pleine lune. Dans le bosquet, derrière la prison, se répondent le hibou et la tourterelle. Toute ronde, au-dessus des arbres, la lune se nimbe d’un surnaturel halo rouge, cependant que les nuages sombres la dévoilent ou la cachent tour à tour. Les vieillards chuchotent, comme des oiseaux de mauvais augure, que l’année à venir pourrait bien apporter quelque malheur.
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Ils furent martyrs. Mais quel martyre ! J’en ai lu bien des récits dans les vies des saints, et appris comment leurs âmes étaient retournées dans leur céleste demeure, comment ils avaient été accueillis dans la gloire tandis que les anges embouchaient leurs trompettes. Tel est le brillant martyr que je vois souvent en rêve, mais celui que je vous décris à présent n’eut rien d’aussi magnifique. Il fut misérable et douloureux. La pluie incessante tombe sur la mer. Et l’océan qui les a tués se soulève dans un surnaturel silence.
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Je m’aperçus, honteux, que j’avais fait un rêve sexuel. Je m’attachais étroitement les poignets, précisément pour ne pas commettre de péché en une période comme celle-ci. C’est ainsi que je dus lutter toute la nuit contre les désirs puissants de ma chair, bien qu’ils ne soient plus aussi violents que lorsque j’étais jeune. Je m’agenouillai et priai. Comme ce corps physique est haïssable. Tout en priant, je fus soudain envahi par un terrible sentiment de désespoir. Goutte après goutte, je bus le poison qui filtrait dans mon âme et j’eus l’impression que je venais de découvrir mon visage repoussant dans un miroir. Les désirs de ma chair, ma haine des Jésuites, ma confiance presque arrogante dans l’œuvre que j’accomplissais au Japon, ma soif de conquête… toutes ces choses jaillirent successivement de mon âme si bien que je cessais de croire que le Seigneur accepterait encore d’écouter mes prières et mes requêtes.
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Le village avait été brûlé jusqu’au sol, tous les habitants dispersés. La mer et la terre étaient silencieuses comme la mort, seul le bruit sourd des vagues, se frottant à la coque, éveillait un écho dans la nuit.« Pourquoi nous avez-vous si totalement abandonnés ? pria-t-il d’une voix éteinte… »
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Chaque jour, l’océan change de couleur… ou, plutôt, il prend des teintes diverses entre le matin, midi et soir de la même journée. Les formes subtiles des nuages, la lumière étincelante du soleil et les variations de la pression atmosphérique confèrent à la mer des nuances profondes, joyeuses ou plaintives, qui émerveilleraient un peintre.
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J'ai cherché si votre visage exprimait de la solitude depuis "l'incident". Je voulais constater de mes yeux si toutes les souffrances que vous avez endurées y étaient inscrites : le fait d'avoir une femme et des enfants, la pression de devoir travailler dans un pays étranger, la disparition de vos amis et la perte de toute assistance possible.
(Les ombres)
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C'est à cette époque que j'entendis, pour la première fois, la rumeur absurde vous concernant. On insinuait que vous aviez, bien qu'étant membre du clergé, entretenu des relations passant les limites de la bienséance avec une Japonaise. Pourtant, je détestais l'attitude des croyants japonais, jugeant uniquement sur les apparences, critiquant davantage la forme et pensant être les seuls à avoir raison. Je me moquai de ce ragot. Je savais quel genre d'homme vous étiez.

(Les ombres)
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Pourquoi Notre Seigneur inflige-t-il cette torture et cette persécution à deux pauvres paysans japonais ? Non… Kichijiro cherchait à exprimer une pensée différente, plus révoltante encore. Le silence de Dieu. Depuis vingt ans déjà, la persécution s’est allumée, la terre noire du Japon a retenti des lamentations d’innombrables chrétiens, elle a bu à profusion le sang rouge des prêtres ; les murs des églises se sont écroulés et, devant cet holocauste terrible et sans merci qui lui était offert, Dieu n’avait pas rompu ce silence. Le reproche gémissant de Kichijiro soulevait ce dilemme.
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Eblouissant fil à plomb, les blancs rayons du soleil tombaient sur la cour, accusant impitoyablement au sol la tâche noire, le sang du borgne.
Tout comme auparavant, la voix sèche et rauque de la cigale résonnait. Pas un souffle d'air. Tout comme auparavant, une mouche s'agitait obstinément autour du visage du prêtre. Le monde extérieur restait pareil à lui-même. Un homme était mort et rien n'avait changé...
Son désarroi, pourtant, n'était pas provoqué par l'évènement, mais par la tranquillité de la cour, le chant de la cigale, les ailes palpitantes des mouches. Un homme était mort. Et le monde demeurait immuable, comme si rien ne s'était passé. Quoi de plus démentiel ? Etait-ce là le martyre ? Pourquoi gardez-vous le silence ? Ce borgne est mort, ici, pour vous... Pourquoi ce calme s'éternise-t-il ? Cette paix de midi. Le bourdonnement des mouches... cette folie, cette atrocité. Et vous vous détournez, comme avec indifférence. Cela..., cela, je ne le puis supporter.
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"Docteur !" s'écria soudain un dénommé Tsukada, assis à côté de moi, dans un restaurant. À ce mot, le cuisinier, un couteau à la main, leva la tête et cligna de l'œil dans ma direction pour me signifier que cet homme était connu dans l'établissement à cause de son penchant pour l'alcool.
Je lui répondis discrètement et adressai à l'intrus un faible sourire en demandant d'un ton peu engageant :
"Vous désirez ?"
Puis je cherchai des yeux un siège vide avec l'intention de changer de place au cas où Tsubaki m'importunerait davantage.
"Vous êtes bien médecin, n'est-ce pas ? Quel est votre spécialité ?"
Le ton de sa voix était arrogant alors que nous nous croisions seulement de temps en temps dans ce restaurant.
"Je suis psychiatre."
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Que veux-je dire ? Je ne le comprends pas très bien moi-même, je sais seulement qu'aujourd'hui, tandis que, pour la gloire de Dieu, Mokichi et Ichizo ont gémi, souffert et rendu l'âme, je ne puis supporter le bruit monotone de la mer obscure rongeant le rivage. Derrière le silence oppressant de la mer, le silence de Dieu... le sentiment qu'alors que les hommes crient d'angoisse, Dieu, les bras croisés, se tait.
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Un divorce de vieux couple n'est plus rare maintenant de nos jours, c'est seulement un phénomène récent dans notre société.

(Le dernier souper)
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RODRIGUES (prêtre catholique prisonnier): -- Oui, j'ai entendu dire par des missionnaires de Hirado que c'est une belle ville.
INOUE (commissaire japonais): -- Je ne dirais pas "belle", mais plutôt intéressante et qui me rappelle une histoire qu'on m'a raconté il y a bien longtemps. Takenobu Matsura, de Hirado, avait quatre concubines que la jalousie poussait à de perpétuelles querelles. Takenobu, incapable de le supporter plus longtemps, finit par les chasser toutes les quatre de son château...
RODRIGUES: -- Ce Matsura devait être un homme très sage.
INOUE: -- Pensez-vous sincèrement ce que vous dîtes? Si c'est le cas, j'en sui heureux. Hirado, et à vrai dire tout notre Japon, est comme Matsura. L'Espagne, le Portugal, la Hollande, l'Angleterre et toutes les femmes de la même espèce font sans cesse des insinuations malveillantes auprès de l'homme nommé Japon...
Mon père, si vous pensez que Matsura fut perspicace, vous ne devez pas manquer de comprendre que le Japon, en proscrivant le christianisme, n'est ni insensé ni déraisonnable.
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[c'est le prêtre catholique Sébastien Rodrigues qui écrit]
Que cherchent ces paysans japonais auprès de moi? Ces êtres qui travaillent, vivent et meurent comme des bêtes, découvrent dans notre enseignement une voie leur permettant de s'affranchir de leurs chaînes. Les bonzes bouddhistes les traitent comme du bétail. Longuement, ils ont simplement vécu dans la résignation à leur sort.
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« Permettez-moi dès lors de vous poser une question. » Tout en parlant il ouvrait et refermait son éventail, puis il attaqua: « Les chrétiens mait soon e ave disent que leur Deus est la source de l'amour et la miséricorde, celle de la bonté et de la vertu, alors que les bouddhas ne sont que des hommes incapables de posséder ces mêmes qualités. Est-ce aussi votre position, mon père ?
- Pas plus que nous, un bouddha ne peut échapper à la mort. Il diffère du Créateur.
- Seul un père ignorant de l'enseignement bouddhique peut dire une chose pareille. En fait, rien ne vous autorise à affirmer que les bouddhas ne sont que des hommes. Il y a trois sortes de bouddhas: hossin, goshin et oka. Le bouddha oka propose aux hommes un chemin à huit branches pour atteindre à la delivrance et au bonheur, mais le hossin n'a ni commencement ni fin et il est immuable. Les sutras parlent de l'éternité et de l'immutabilité du bouddha. Seul un chrétien peut considérer les bouddhas comme de simples humains. Notre opinion tout autre. »
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En traînant les pieds je me chantais les paroles de l'Ecriture, les seules qui me vinssent à mon coeur : " le soleil se lève, le soleil s'en va ; il se hâte vers son lieu, et là il se lève. Le vent part au midi, et tourne au nord ; il tourne et il tourne... Tous les fleuves marchent vers la mer, et la mer ne se remplit pas... Tout est ennuyeux. Personne ne peut dire que les yeux n'ont pas assez vu, ou les oreilles entendu leur content." (p107)
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