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Citations de Sophie Divry (685)


Tu esquisses trois pas dansants de gymnastique. Tu contemples par la fenêtre - d'un regard pas encore usé par l'habitude - les lumières de la ville qui s'allument, tu te sens parcourue d'une pulsion joyeuse, électrique, irrépressible : l'envie de sortir marcher dans les rues.
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Le chômage a une grande force de corrosion individuelle comme collective. D'avoir perdu son travail avait sapé sa confiance en elle plus profondément qu'elle ne l'aurait cru. Elle vivait avec une sensation de vulnérabilité et de culpabilité.
(p. 107)
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Une paroisse, c'est comme une association. Quand on participe trop souvent à ses activités, on vous demande d'être secrétaire ou trésorier juste pour rendre service, et on ne s'en sort plus.
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Vous couliez béton sur béton.
Vous sous pensiez en sécurité.
Vous disiez "Nous contrôlons nos inventions" et c'est la catastrophe qui a pris le contrôle.
Vous disiez "Nous maîtrisons le danger" et le danger est venu d'un autre côté.
Vous disiez "Nous réagirons rapidement" et la catastrophe a été la plus rapide.
Vous pensiez vivre éternellement. Vous n'écoutiez plus les plaintes, vous ne craigniez pas les tempêtes.
Il a suffi d'une longue fissure, d'une explosion. De l'air soufflant la mort par des rayons.
Les radiations survolant vos visages, et déjà vous ne pouviez plus vous lever.
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D'ailleurs, l'année prochaine, j'ai qu'à supprimer la journée du 24 décembre si elle m'angoisse, et passer directement à la suivante.
C'est vrai, ça, pourquoi je m'emmerde ? Je peux supprimer des journées !
Déconne pas, Jo, si tu commences comme ça, tu vas te décaler par rapport aux saisons. Et quand t'en seras aux plantations, ce sera le waï si t'es pas dans les clous.
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Joseph
J’ai tué un flic, putain, je le crois pas… Le pire, c’est qu’c’est même pas kiffant. Je suis bloqué ici, du coup, avec cette histoire. Bloqué de chez bloqué. Tueur de flics, c’est encore plus chaud au tribunal que braqueur. C’est vingt ans de taule assurés. La crème de la crème en boîte. Tonio aurait été étonné que je le surpasse. Ouais, je l’ai crevé de mes mains, ce connard de Super-Keuf Immunisé qui faisait le fier dans sa parka pourrie. Il la ramenait à mort. Je l’ai crevé. Pourquoi tu te prends la tête avec ça? Kiffe un peu, merde. T’en rêvais y’a trois ans, ça te venge un peu. Comment la fourchette elle a percuté l’artère. C’était grave dégueulasse. Je l’ai fini à coups de pied, la fourchette a presque dépassé de l’autre côté. Pense pas à ça…
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Il cherche aussi de quoi s'habiller, de quoi se chausser, de quoi se soigner, de quoi lire, tout ce dont un homme a besoin.
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(...) les lecteurs ne sont pas une entité anhistorique, mais une communauté à construire, voire à prendre à rebrousse-poil; que se faire reconnaître peut prendre du temps; et que, quand bien même les lecteurs ne suivraient pas tout de suite ni en foule, cela vaut la peine d'aller jusqu'au bout de ce qu'on a dans le ventre (...)
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Sans doute le conditionnel a-t-il été inventé par une famille pauvre pour mieux supporter sa condition.
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Le Grand Exode est le moment où je me suis arrachée à ma vie précédente. Chacun a dans son cœur son après-guerre, sa Libération ; chacun a vécu sa sortie d'Egypte, son New Deal, sa Grande Dépression ; chaque biographie personnelle peut s'écrire de la même manière qu'un livre d'histoire, avec ses périodes glacières et ses révolutions.
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Je suis dans mon appartement ; trop fatiguée de ma journée pour recourir à la froide messe d'un dimanche soir ; je décide de prier seule chez moi ; cela vaut mieux que de s'ennuyer dans une messe plate. A dix-neuf heures trente ; allumer une bougie, sortir la Bible ; faire un signe de croix ; commencer quelque chose. Il est extrêmement rare que je prie seule ; une fois ou deux l'an peut-être. Je me promets de le faire plus souvent les jours de grandes résolutions mais je n'y parviens pas. Parce que cela demande un effort important ; créer son propre rituel au lieu d'assister à une célébration préparée ; faiblesse ; fatigue ; ne serait-ce que ranger la table basse. Et puis ; on n'est pas chrétien tout seul : cela, je n'en doute plus ; je n'en doute pas ; de quoi doutais-je déjà ? Elevons notre coeur Nous le tournons vers le Seigneur Bougie ; je lis la Bible au hasard, je chante ; ici je ne risque de déranger personne. Je me concentre pour prier ; ferme les yeux ; me concentre dans le noir des paupières baissées ; j'essaie de n'avoir qu'une seule ligne de pensée ; j'essaie et je cherche ; je cherche à ouvrir une espèce de porte à l'intérieur de quelque chose qui serait moi. De t'offrir notre action de grâces Sans idées, je récite le "Notre Père", plutôt par habitude ; cette prière ne m'évoque rien ; à part cette impression de solidarité propre à toute récitation collective ; je lui préfère le "Je vous salue Marie", il a des accents un peu naïfs qui déclenchent une émotion douce ; il m'arrive de le reconnaître durant les messes, cet état ; cet état de troisième poumon (élargissement du coeur ; satisfaction de soi comme après une grande marche parvenir au sommet ; ivresse légère ; niaiserie assumée ; envie d'être gentille ; douceur au creux du ventre ; comme après un orgasme aussi ; élan vers les autres ; détente des épaules ; sentiment que "Jésus" me connaît ; bonnes résolutions ; apaisement global ; besoin de pardonner ; envie d'être polie ; vague faim, et, le cas échéant, disparition du stress).
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Vous avez l'air en colère contre la vie. Seule l'enfance peut donner ce genre de colère, vous ne croyez pas ?
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C'est effarant de constater à quel point la moindre caissière a compris que l'État français était plus faible que son DRH.
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Sophie Divry
(...) C’est un choix politique d’en mutiler un pour en terroriser beaucoup. Le fait qu’il y ait un peu de gaz dans les manifestations, ça faisait quasiment partie du jeu. Mais le fait qu’on perde des yeux, des mains, en manifestant, ça personne ne pouvait l’imaginer.
Je voudrais que l’on regarde les conséquences de ce que le ministère de l’Intérieur a fait, des choix politiques du gouvernement. C’est-à-dire que l’on commande des grenades, des armes de guerre, à des usines, notamment Alsetex (qui se trouve d’ailleurs à 40 kilomètres de chez Gabriel [personne blessée]).
Les parlementaires votent pour ce type d’armement avec lequel on va ensuite équiper la police française. Ce sont des choix collectifs.
Au-delà du fait divers, je voulais parler de ce que sont les mutilations. On ne peut pas parler des Gilets jaunes sans parler de cette répression de masse faite à l’encontre de ce mouvement populaire assez énorme. On parle ici de la conquête de la dignité de ces gens qui ont été touchés dans leur intégrité physique, entre autres.
Évidemment, l’idée est que cela pousse à l’empathie pour ces Français qui sont venus manifester sans être ni black bloc ni autre chose (sinon ils auraient su peut-être mieux se prémunir des violences).
Remettons ça en place : on a des gens qui sont surarmés et qui sont mis face à d’autres gens qui demandent la hausse des salaires. Je suis impressionnée par le récit de tout ce sang, on patauge dans le sang sans arrêt.
Je voudrais que ce sang et que l’odeur de gaz viennent éclabousser Christophe Castaner et Emmanuel Macron [le ministre de l’Intérieur de l’époque et le Président de la République, ndlr], eux sont dans des sphères et dans un univers où tout est déréalisé. Je veux que ces récits égratignent leur discours qui consiste à dire “nous sommes des gens civilisés et nous maintenons l’ordre de manière proportionnée”. Non, c’est faux. C’est un carnage, qui est tout à fait lisible, qui se voit depuis Notre-Dame-des-Landes. Des rapports le documentent.
Il y a eu beaucoup de mutilés à Bordeaux, là où Didier Lallement exerçait en tant que préfet de Gironde. Et je m’étonne qu’au mois de mars, celui qui a le pire bilan en termes de mutilations, soit nommé préfet de police de Paris. C’est-à-dire qu’il a une promotion.
Les politiques sont mal élus, les gens sont mécontents et donc on revient à des techniques médiévales : on cogne face au soulèvement populaire. J’hésitais presque encore à faire ce bouquin, quand Macron a dit “il n’y a pas eu de violences irréparables”.
(...)

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• interview réalisée par Dalya Daoud, et publiée le 03/10/2020 dans Rue89Lyon (à propos de 'Cinq mains coupées', paru en 10/2020).
>> https://www.rue89lyon.fr/2020/10/03/gilets-jaunes-mutiles-un-quintet-de-la-souffrance-raconte-par-sophie-divry/
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Il a du travail. Beaucoup de travail. Mais tout s'accomplit en son temps. C'est un homme couvert de temps.  (p117)
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Sophie Divry
La littérature est quelque chose qui se transmet, comme un roman passe de main en main, il faut donc la connaître. [...] on n'est pas forcément l'écrivain que l'on voulait être, il faut être le plus correctement possible celui que l'on est.
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De toute façon, qu'est-ce qu'un Américain sinon un Européen qui a raté le bateau du retour?

p. 24-25
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Car Patrick servait uniquement des plats labellisés Métro. Toute la soirée, je mettais des barquettes au micro-onde, renversais leur contenu dans des assiettes, décorais celles-ci de persil frais ou de zigzags de vinaigre balsamique en tube avant de servir avec le sourire. Et les clients qui me disaient : "Vous féliciterez le chef..."
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Puis tu es partie en ville faire des études. Tu as mangé des sandwichs à dix francs, tu t'es familiarisée avec des noms de salles et d'amphis, tu as fumé des cigarettes, tu n'es pas arrivée à dormir les veilles d'examens, tu as attendu des bus et des métros, tu as appris à commander un demi et à prendre part à la conversation quand on est attablé avec une dizaine d'amis, tu as lu des livres écrits tout petit, tu as dessiné des graphiques, tu t'es rendu compte de la cherté de la vie, pour la première fois tu as été malade et ta mère n'était pas à ton chevet, le vendredi soir tu es rentrée chez tes parents avec ton linge à laver, tu as trouvé leurs gestes plus lents, leurs visages vieillis, tu avais hâte de rentrer, tu as suivi une A.G. de grève, tu es allée dans une fête étrange, tu as donné des serviettes hygiéniques, tu t'es crue pauvre, comme personne ne te regardait tu as mangé des pâtes directement dans la casserole et puis un jour tu as eu ton diplôme.
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Etre bibliothécaire n'a rien de valorisant, je vous le dis : c'est proche de la condition d'ouvrier. Moi, je suis une taylorisée de la future. Sachez-le, pour être bibliothécaire, il faut aimer l'idée de classement et être quelqu'un d'obéissant.
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