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Critiques de Stefano Benni (89)
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La Grammaire de Dieu : Histoires de solitud..

Loin de la rentrée littéraire 2020, et un peu par hasard – merci aux bibliothèques, des trésors de bonnes surprises – j'ai découvert l'univers de Stefano Benni, auteur italien né à Bologne en 1947, grâce à ce recueil de nouvelles « La Grammaire de Dieu ».



Je l'ai choisi à la fois pour son titre – original – et à son éditeur - Actes Sud – un cocktail qui me garantissait un plaisir de lecture qui ne s'est pas démenti.

Avec une palette de sujets très large, l'auteur détaille les travers de nos vies contemporaines, avec un regard à la fois amusé – un brin moqueur – bienveillant et y ajoutant souvent une forme d'emphase, propre à son style, comme si il observait celles-ci à l'aide d'un miroir grossissant.



J'aimerais citer tous les titres de ce recueil, pour vous donner l'envie de pousser la porte un peu plus loin, mais je vais me concentrer sur quelques unes.

Celle qui m'a fait le plus rire s'intitule « Plus jamais seul » : un homme qui n'a ni femme, ni amis ni même un « demi-ami » se désole. Magasinier dans un dépôt de médicaments, il va chez trois coiffeurs différents pour tuer le temps. Iris, la barmaid du Mocabar, son bar préféré, ne lui sourit jamais.

Mais sa vie va basculer lors qu'il tombe sur une publicité : « avec soleil, plus jamais seul ».

Soleil est une marque de portable, et l'on voit une fille bronzée téléphonant à tout un tas d'amis. Notre héros a donc la solution : il lui suffit de pousser la porte de la boutique de téléphonie et la vie va lui sourire. A partir de là, Iris la barmaid l'interroge sur le modèle choisi. Son chef le considère enfin, et lui envoie des SMS supposés être très drôles. Et même si personne ne l'appelle il marche jusqu'à tard dans la rue, son téléphone à la main, jetant quelques phrases de ci-de là comme un homme moderne. Et parce que son téléphone ne sonne jamais, il trouve une parade : il s'achète un second portable, avec lequel il peut s'appeler très régulièrement …



On pense à l'humour génial de « La vie très privée de Mr Sim » de Jonathan Coe, avec un grand soulagement, au retour d'un voyage, qu'il a une centaine de messages dans sa boite mel … soulagement tout relatif quand il repère que ces nombreux messages sont surtout des propositions publicitaires pour de l'achat de viagra en ligne.



Il faudrait encore citer le savant, recherchant partout l'homme « le plus seul du monde » mais qui aura de nombreuses déconvenues en découvrant que les hommes qui paraissent tout à fait seuls étaient souvent d'excellents business men qui savent très bien communiquer sur leur pseudo solitude.

Certaines nouvelles sont cruelles, comme celle de l'ogre fournisseur d'enfants pauvres à des individus sans morale, d'autres sont poétiques, comme celle qui parles des formes qui incarnent les « rêves négligés, jamais cultivés avec soin, jamais poursuivis avec passion. »



Enfin ne manquez pas de lire « Une solution civile » : des politiques s'unissent pour réveiller une démocratie vieillissante en ayant trouvé un procédé peu recommandable – mais malheureusement crédible - : le déclenchement d'une guerre civile, qui leur permettra de reprendre le contrôle, après qu'un million de morts aient été sacrifiés …

Nostalgie, poésie, humour, Stefano Benni s'inscrit dans une grande lignée d'auteurs italiens comme Dino Buzzati ou Italo Calvino, en signant ici un grand recueil de nouvelles.



« Parmi les dieux que les hommes inventèrent, le plus généreux est celui qui, en unissant plusieurs solitudes, en fait un jour d'allégresse. »

Ce pourrait être la ligne de conduite de cette « Grammaire de Dieu ».


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Achille au pied léger

Ulysse est lecteur dans une petite maison d'édition au bord de la faillite.

Il a lui-même écrit un roman.

Suite à un mail mystérieux, il rencontre un certain Achille, handicapé au physique monstrueux et devient son ami.

Cette amitié peu commune modifie quelque peu le cours de leurs vies.

Ah ce n'est pas une écriture plate et sans relief !

Je suppose que la traduction n'a pas du être chose aisée.

Ça fuse dans tous les sens.

Ça fourmille de situations rocambolesques.

Ça grouille de mots et de phrases, de références mythologiques.

Et de ce fouillis incroyable naissent de beaux sentiments, une incroyable sensibilité.

C'est cru parfois, souvent.

Mais c'est tendre et sentimental en même temps.

Sous des dehors hurluberlus c'est plein d'imagination, d'humour, de philosophie,

C'est truculent, décalé, ça réveille.

Je ne sais pas pourquoi, mais je pense que ce livre doit énormément séduire les lecteurs masculins.
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La dernière larme

Ces nouvelles me font penser aux comédies à sketchs des années 60. Pour les thèmes abordés d'abord : l'Italie de Berlusconi offre les mêmes travers, les mêmes outrances que celle du boom économique. Puis, Calvino, pour le style : une ironie douce amère, une manière de dénoncer sans en avoir l'air. Un ton jamais acerbe mais qui égratigne les défauts et les vices de la société italienne sur un fond légèrement surréaliste et improbable. En fait l'auteur aurait pu se permettre d'être plus acerbe et virulent dans ses critiques. Car bien, souvent les sujets traités s'y prêtent par leur importance. Je pense aux nouvelles « Papa passe à la télé », Un mauvais élève », « L'invité d'honneur »… Mais cette façon un peu mièvre de mettre en relief ces sujets me semble inopportune et assez blâmable. On retrouve là une large part de la vision italienne de la société dans son ensemble. L'idée du « faire avec ». Cette manière de s'accommoder de ce qui ne va pas en en minimisant l'importance. Mais bon, ce pays (que j'adore par ailleurs) fonctionne ainsi depuis des lustres. L'histoire nous l'a abondamment illustré. C'est d'ailleurs en partie ce qui fait son charme. Mais sous la plume de Stefano Benni, pour moi, ça ne passe pas.
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Margherita Dolcevita

Margherita, quinze ans, vit avec ses frères, ses parents, son grand-père et son chien dans une vieille maison en bordure de ville. Un bonheur simple, clair, limpide.



Jusqu’au jour où des nouveaux voisins arrivent. Ils ont fait construire une maison en forme de cube qui cache le soleil à la vieille maison, entourée de hautes palissades avec un chien de garde et d’attaque dans leur jardin. Leurs fenêtres sont fumées de façon à ce que personne ne les voit à l’intérieur de la maison.



Margherita va nous raconter comment ces gens vont se montrer intrusifs et manipulateurs envers ses parents au point de les modeler à leur vision de la société.



L’adolescente va se rebeller, essayer de mettre en garde ses parents, en vain. Le grand-père, de l’avis de l’adolescente et gênant les projets des voisins, va malencontreusement tomber et se retrouver en maison de retraite, impuissant devant cette manipulation. Le chien de Margherita va disparaître, il fouinait trop du côté du cube.



Dans notre société, nous n’aimons pas voir nos voisins de longue date déménager, nous nous méfions toujours des nouveaux arrivants surtout quand ils essayent de se faire accepter par la communauté ou d’imposer leur style de vie.



Ce ressenti est poussé à l’extrême à travers les yeux d’une adolescente avec une part de réalité et une part d’imagination, enfin j’espère.
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Achille au pied léger

Écrire est une étrange aventure et publier en est une autre. ..



Alors, quand on s'appelle Ulysse Insulaire, qu'on est un écrivain contrarié et un ĺecteur peu motivé de la Forge, une maison d'édition menacée de faillite, dirigée par un certain Vulcain, qu'on ne peut pas écrire, qu'on est dégoûté de lire les scriptodactyles fastidieux des auteurs en souffrance, il est à redouter que la belle odyssée littéraire et éditoriale se transforme en un triste voyage sur place.



Même le pays semble sans avenir, gangrené par la corruption, les affaires, les scandales et dirigé par Forco, un Duce toujours entouré de maffieux inquiétants, d'industriels cupides et d'avocats véreux. Derrière les inventions verbales à la Vian et la fantaisie sauvagement iconoclaste de la narration, on reconnaît très vite l'Italie berlusconienne dans ce pays qui a "vendu sa diversité, sa merveilleuse bâtardise, son sang multicolore".



Seuĺs espoirs pour tirer Ulysse de ses rêves éveillés d'insomniaque dépressif: les femmes. Surtout une, Pilar-Pénélope, une BTLSPS- beauté typiquement latino sans permis de séjour- , qui ouvre ses bras généreux à Ulysse, entre deux manifs de soutien aux ouvriers licenciés, aux go-go girls exploitées, ou aux immigrés refoulés, sans rancune pour ses multiples infidélités -il y a une Circé assez irrésistible qui lui fait du gringue au bureau...



Pauvre Ulysse, polygame polythrope qui comble sa soif de voyage dans des performances érotiques qui achèvent de l'épuiser!



Mais la vocation d'Ulysse n'est-elle pas de rencontrer des monstres? Un monstre! Voilà qui relancerait vraiment le voyage!



C'est bien à cette définition que correspond Achille, que sa mère a dû"tremper dans la mauvaise baignoire" puisqu'il n'est invincible qu'au talon.



Achille est monstre à tous égards : physiquement, intellectuellement, moralement et sexuellement. Sans doute la vie qui lui a fait si peu de cadeaux lui en a-t-elle fait un, considérable : rencontrer Ulysse, qui est son Patrocle, son double complémentaire.



Pendant une semaine fervente, violente, pleine comme un oeuf, ces deux-là vont tout vivre et tout partager par procuration! Et jusqu'au bout.



La fable politique, les jeux poétiques, les fantaisies érotiques, les débordements baroques parfois débridés cachent mal le vrai sujet de ce livre étonnant, surprenant, attachant : la découverte de l'Autre, cet Alien qui effraie, qui dégoûte, qui repousse d'abord, mais qui se révèle, avec un peu d'empathie et de patience, un Semblable, un Frère.



Les rencontres successives et l'amitié avec Achille ont été pour moi la pierre philosophale sortie de tous ces alambics. J'y ai retrouvé- et c'est un compliment- la fascination que m'avait procurée la lecture de Jérôme: ( L'enfance de Jérôme Bauche) de Jean-Pierre Martinet ou celle de la Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole- la même empathie violemment contradictoire provoquée par un personnage radical, Achille, Jérôme ou Ignatius, un "affreux, sale et méchant" dans la tradition d'Ettore Scola, avec de gros morceaux de tendresse dedans!



La fin, plus convenue, en forme de happy end éditorial et littéraire m'a un peu déçue. Mais pour son inventivité verbale, sa parodie du poème homérique, et surtout pour Achille piè veloce lui-même -son nom en italien- il faut lire ce livre plein de sarcasmes et de douleurs, entre le fou-rire et les larmes.
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De toutes les richesses

La trame se réduit à peu de choses, et est peu originale, mais ce premier contact avec un livre de Stefano Benni m'a séduit !

Un mélange de prose et de poésie, de cynisme et de douceur, de magie et d'une réalité cruelle, de personnages irréels et de personnages trop réalistes .

Martin parle aux animaux (qui lui répondent) et parle tout seul, Martin s'est retiré du monde pour vivre en paix avec la nature et dont la quiétude va être chamboulée par l'arrivée de nouveaux voisins, l'homme lui est antipathique, violent, buveur mais il lui rappelle en même temps ce que lui était dans sa jeunesse, et Elle, Michele, qui va colorer sa vie jusqu.alors grise. Ils vont se découvrir, danser une valse ensemble, s'échanger mutuellement leurs secrets. Pas de miracle toutefois, ils n'iront pas plus loin, elle partira et il comprendra que son exil volontaire est terminé.

Ce livre m'a fait sourire souvent, il est léger, il parle de la vie à travers de manifestations irréelles (les dialogues avec les animaux, les rencontres avec Béatrice, la sorcière du village), il alterne narration et poésie, peu d'actions mais beaucoup de réflexions. Sur la vieillesse, la sagesse et l'amour qui n'a pas d'âge.
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Pain et tempête

« Pain et tempête » est un roman agréable, inclassable écrit par Stéfano Benni, écrivain italien qui a à coeur de défendre l'âme du bar de village dans ses écrits.

L'histoire se déroule à Montelfo. Sur la place du village, le « Bar Sport » est le lieu de rassemblement des plus jeunes aux plus anciens, « un lieu d'allégresse et de partage ».

Ce lieu de quiétude va être dérangé par un projet immobilier visant à implanter un complexe commercial à sa place.

Les habitants de la bourgade sont bien décidés à remettre ce projet en question et à s'opposer, essentiellement en « râlant » face aux pénibles désagréments du progrès. Le langage employé est tout à fait attachant !

De nombreux personnages se côtoient dans cette histoire. Leur quotidien est conté de façon assez rocambolesque, burlesque par moment flirtant même avec le fantastique, le merveilleux à certaines pages.

Tout au long de ce récit, on croise l'ambivalence des réactions tantôt pessimistes et légères, mélancoliques et chargées d'humour aussi.

J'ai eu la sensation de lire un recueil de nouvelles inséré dans un roman car il est relaté les frasques de divers personnages à chacun des chapitres. Certains sont délirants, humoristiques, d'autres plus fantastiques faisant intervenir des animaux qui parlent par exemple ou encore des sorcières.

Stéfano Benni sait user de plusieurs registres pour atteindre différentes cibles ; celle de nous faire rire, d'aborder des sujets graves avec légèreté, de nous inviter à réfléchir sur notre société et d'y porter un regard averti néanmoins positif.

Une lecture fraiche, à lire avec allégresse et humour.

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La dernière larme

Vingt-sept nouvelles, plus ou moins longues, de une à vingt pages

La plupart dénonce les outrances de notre société : consommation, télévision…..

Amusantes, grotesques réalistes ou féroces elles reflètent la réalité et l’on sent la lucidité et l’agacement de l’auteur.

Ma préférence va à la troisième, « Un mauvais élève »

Regarder la télévision est une matière, la principale de ce collège. La lecture n’y est enseignée que de façon tout à fait secondaire.

« - Ah, c’est comme ça ? dit la prof. Notre Zeffirini n’a pas pu regarder la télévision parce qu’il a mal aux yeux. Que ne faut-il pas entendre ! Et qu’a fait notre Zeffirini, au lieu d’étudier ?

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Chers monstres

Stefano Benni fait très certainement partie des meilleurs romanciers italiens vivants. L'un des plus truculents aussi, toujours prêt à s'attaquer avec une mauvaise foi réjouissante aux stupidités de notre monde moderne ainsi qu'à défendre les plus humbles. Mais c'est également un redoutable nouvelliste comme le montre Chers monstres, ouvrage composé de 25 récits, de longueur variable (de 4 à 30 pages), tous placés sous la thématique de la peur. Nuançons toutefois, s'il est vrai que les nouvelles appartiennent au genre fantastique, elles sont le plus souvent empreintes d'un humour dévastateur et corrosif qui risque de désarçonner les amateurs de littérature de genre. A travers toute ces histoires, Benni s'interroge sur ce qui nous effraie et les raison pour lesquelles nos terreurs sont un mélange de crainte et de plaisir. Il y a ainsi deux ou trois récits qui se révèlent abstraits quasi conceptuels mais la plupart possèdent une intrigue extrêmement travaillée dans laquelle se glissent parfois des éléments absurdes. La verve de l'écrivain italien et son pouvoir d'évocation sont tels qu'il peut être conseillé de ne pas engloutir Chers monstres avec avidité mais de se ménager quelques pauses afin de bien laisser infuser ces drôles de contes. Plusieurs figures familières sont présentes au fil des pages : Dracula, Edgar Poe, Hansel et Gretel, la vierge Marie et, noblesse oblige, le diable en personne. Une mention particulière pour L'inspecteur Mitch, qui narre une véritable enquête policière menée au pays des chats. Là, Stefano Benni se déchaîne et laisse libre cours à une faconde rabelaisienne. Ces 25 nouvelles sont tout bonnement un petit régal de gourmet, une friandise pour frissonner (un peu) et se gondoler (beaucoup). Benni soit l'auteur !
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Le Bar sous la mer

J’aime bien cette succession de nouvelles chargées de symboles et du genre fantastique, policier ou comique. Ces récits sont courts, étonnants, frais. La drôlerie des situations me surprend.

J’ai surtout apprécié deux histoires celle du faux démon et celle de l’enquête sur le meurtre énigmatique d’un petit garçon dans une classe de cinquième.

C’est une lecture originale, distrayante, amusante. Ce qui change de la gravité assumé des sujets de mes autres lectures.

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De toutes les richesses

Le héros de Toutes les richesses, bientôt 70 ans, vit dans l'isolement d'une maison au pied des Apennins. Sa solitude, souvent pesante, il l'a choisie cependant. Misanthrope, il ne se passionne plus guère que pour la poésie et les légendes locales. Et il converse bien plus souvent avec les animaux, et notamment son chien, fidèle "écuyer", qu'avec ses frères humains. Le roman de Stefano Benni n'est toutefois pas qu'une méditation sur la vieillesse ou la nostalgie du passé. L'écrivain italien, comme à son habitude, use d'une ironie cinglante pour épingler les travers et turpitudes de notre société. Son humour est décapant quoique jamais cynique mais plutôt férocement tendre. Autre aspect des livres de Benni que l'on retrouve ici magnifié : l'onirisme et le fantastique léger. Autant de couches stylistiques qui évitent au livre de tomber dans le sentimentalisme. Car au fond, c'est bien (aussi) des derniers feux amoureux dont nous parle De toutes les richesses. Même quand le corps trahit peu à peu, le coeur, lui, continue de battre et de s'enflammer. Il suffit d'une créature céleste, vague réminiscence d'une passion passée, dont la présence est un baume autant qu'une douleur. Ce roman est magnifique. Au diable les clichés mais il est vrai qu'il fait passer du rire aux larmes, du rêve à la réalité, du beau au bizarre, du trivial au sublime. Chef d'oeuvre est un mot galvaudé mais De toutes les richesses en est un. A sa manière, modeste et grandiose.







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La Compagnie des Célestins

3 garçons s'évadent de leur orphelinat pour participer au championnat du monde de foot de rue, organisé sous la houlette du "Grand Bâtard". Une compétition à laquelle seuls des orphelins, triés sur le volet, peuvent participer et dont le lieu est tenu secret jusqu'à la dernière minute. Et cette année, ça tombe bien, la compétition aura lieu en Gladonie, là où se situe l'orphelinat.



Je me demande où Stefano Benni va chercher tout ça... Situations et dialogues complètement loufoques. Et pourtant, je ne peux m'empêcher de penser, à chaque fois que je le lis, que dans notre monde de fous, il n'est jamais "très loin" de la réalité.
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Terra !

Alors Terra... Troublant, surprenant , unique!



Personnellement j'ai eu beaucoup de mal à passer les 30 premières pages, j'ai du m’y reprendre à trois fois: une explication?



-Sans doutes à cause du manque d’événement, de fait, la mise en place de l'histoire est longue et pas forcément prenante.

-Le nombre de personnages est important, on s'y perd vite!

-Le décalage de l'histoire : des souris intelligentes! Une société post-apocalyptique (curieuse)! Une recherche que l'on a du mal à cerner!



Alors pourquoi une si bonne note?

Tout simplement que passé le début l'histoire devient captivante, on fini par s’intéresser aux personnages principaux, l'humour de l'écrivain rend se livre tout simplement génial!



Donc si vous avez du temps; c'est un livre à ne pas manquer!

Voilà un achat que je ne regrette pas.

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Le Bar sous la mer

N°888– Mars 2015



LE BAR SOUS LA MER – Stefano BENNI – Actes Sud.

Traduit de l'italien par Alain Sarrabayrouse.



D'emblée, le lecteur est invité à entrer dans ce recueil de nouvelles un peu étrange. En effet, le narrateur raconte une rencontre, un soir, au bord de la mer. Il aperçoit un vieil homme qui entre dans l'eau. Croyant à un suicide, il tente de le sauver mais se retrouve, à sa suite, dans un bar sous la mer où chaque client se met à lui raconter une histoire plus abracadabrantesque que la précédente, tissant dans ce lieu incertain une sorte de halo mystérieux, entre surréalité et cuisine gourmande. Ce sont d'ailleurs les personnages qui sont dessinés sur la couverture du livre. Ce sont des hommes et des femmes ordinaires mais aussi un chien, sa puce et, bien entendu, une sirène. Chacun y va de son récit, aussi déjanté qu'irréel, et dessine un univers labyrinthique où le sérieux le dispute à l'humour, sans qu'on sache exactement faire la part des choses… Mais cela a-t-il vraiment de l'importance ? L'auteur ne fait évidemment pas l'économie d’une galerie de portraits dont les noms improbables vous transportent dans un ailleurs assez indistinct où les animaux parlent et se transforment à l'envi mais où j'ai trouvé mes marques sans aucune difficulté.



On y fait des découvertes bizarres comme ces animaux qui vivent entre ces pages et qui sont friands de mots. Vous avez bien compris, ils les mangent ! Certains ont une appétence particulière pour les consonnes redoublées, les signes de ponctuation ou les verbes désormais inusités, quand ils ne s'attaquent pas à la syntaxe ou aux verbes conjugués à l'imparfait du subjonctif ! Cela donne évidemment un texte complètement fou, des jeux de mots, des phrases un peu bouleversées à l’architecture bousculée … J'ai bien aimé aussi « Le samedi porno du Rex », pas pour son côté salace d'ailleurs absent, mais seulement pour l'humour du texte.



Le style est jubilatoire, enjoué, burlesque, s'attachant, son lecteur dès la première ligne sans que l'intérêt suscité dès l'abord ne disparaisse. Le texte est « cultivé », plein d'enseignements, léger et les thèmes traités le sont d'une manière originale, témoin cette version très personnelle de Moby Dick ou cette visite forcée et nocturne dans une mystérieuse maison au bien étrange occupant. L'auteur ne néglige aucun détail dans la description des situations ou l'évocation des personnages, use volontiers de l'analepse, ce qui contribue à tisser un décor qui, peu à peu, devient familier au lecteur.

Stephano Benni est un remarquable conteur. Il distille des histoires extraordinaires sans être morbides, extraterrestres, extra humaines dans lesquelles je suis entré de plain-pied avec délice. Je ne sais pas si le monde dans lequel nous vivons tous m'est à ce point indifférent voire désagréable mais l'univers de Benni que j'ai juste entraperçu ici me plaît bien et je m'y réfugie volontiers. J'embarque avec lui dans son voyage et j'ai plaisir à explorer, à son invite, cet univers onirique d'invétérés raconteurs d'histoires, un peu mythomanes quand même et pour le moins décalés et je suis sûr que, avec moi, vous en redemanderez ! D'ailleurs, cette incursion dans un lieu sous-marin, un bar où, dit-on les langues se délient plus facilement, les relations se tissent plus aisément, serait-elle pour le lecteur une invitation à se maintenir dans un lieu intermédiaire, une sorte de monde fait de mots, d'idées et de situations différentes du nôtre, une manière d'être autrement, une antidote bienvenue à notre quotidien ordinaire, une sorte de chance donnée à chacun des clients de révéler sa vision du monde ?



C'est vrai que dans ce recueil, nous ne sommes pas exactement sur terre !



©Hervé GAUTIER – Mars 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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Le Bar sous la mer

Je crois bien que c’est un des livres les plus anciens de ma PAL. Cela faisait des années que je voulais le lire mais je n’en n’avais pas encore eu l’occasion. Plus que les nouvelles en elles-mêmes, ce qui m’avais fascinée à l’achat de ce livre très peu connu, c’est le contexte et la manière dont les différentes petites nouvelles nous sont présentées : chaque personnage du Bar Sous la Mer, présents sur la couverture, raconte une histoire. Et puis, un bar, sous la mer, quelle idée géniale ! Bref, la forme était très alléchante.



Les nouvelles racontées sont vraiment diverses et variées, ne se cantonnant pas à un style, et j’ai trouvé ça super, car souvent, je trouve les recueils assez redondants. L’auteur imite plusieurs styles d’écriture, touche à tous les genres littéraires (épouvante, drame, humour, absurde, romance, etc.) et fait coller le tout au personnage : La Petite Fille raconte une histoire où un petit garçon et une petite fille joue sur la plage, Le Type à la Mèche (le Rocker) raconte une histoire de débauche californienne, et j’en passe.



Bref j’ai été séduite par ce recueil et j’ai passé un bon moment de lecture. Il y a des nouvelles qui m’ont particulièrement plu, notamment Oléron, La Traversée des petits vieux et Histoire Courte. Les autres sont très bien aussi mais j’ai une petite préférence pour ces trois-là. Les chutes sont toujours bien trouvées. J’ai souvent ri (des fois jaune) ou été bluffée.
Lien : http://lecturesduneguenon.wo..
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Dottor Niù

Stefano Benni est un incroyable conteur, qui, sous couvert d'humour et de fantaisie, est très réaliste face aux travers de notre société et des comportements humains. Une société qui préfère faire passer l'argent et la consommation avant la survie même de l'humanité par exemple, mais pas que. Stefano Benni sait aussi traduire avec brio nos angoisses et nos envies, à l'approche des fêtes de Noël et de Nouvel An surtout... :D Tout ceci, à la sauce italienne, et tout le monde y passe : les politiques, les magnats de l'industrie et de la bourse, les automobilistes, les religieux, les militaires, les supporters de foot, les vacanciers, le monde de la télévision, de la mode, etc. etc. Bref, la société italienne en grand, dans des situations toujours plus loufoques. On y croise aussi, entre autres, les Américains, des rats, des extra-terrestres et Blanche Neige et les 7 Nains.
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La Compagnie des Célestins

Stefano Benni, anarchiste, poète et satiriste, a écrit une œuvre romanesque d'une grande originalité, chacun de ses livres est une nouvelle surprise et récompense le lecteur qui a fait confiance au maestro.

Cet opus de 1992 pourrait être déjà daté... Il n'en est rien. Car il s'agit d'un championnat du monde de foot, ou plus exactement d'un contre-mondial, les joueurs étant des enfants pauvres venus de lointaines contrées jusqu'en Gladonie - un pays imaginaire qui figure l'Italie - pour disputer cette épreuve de "foot de rue" dont les réglements diffèrent entièrement du sport traditionnel. Parmi eux, cinq orphelins évadés du pensionnat des frères "Zopilotes", l'orphelinat le plus triste et le plus sévère de Gladonie. On ne révèlera pas les mille et unes péripéties, aussi imprévisibles que pleines de fantaisie, qui attendent nos héros.

À mi-chemin entre satire virulente du berlusconisme et des maux qui gangrènent l'Italie, et création poétique nourrie de l'imagination la plus débridée, cette fresque tendre et mordante à la fois met en scène l'opposition entre un monde qui ignore les compromissions, celui des enfants, de la solidarité et de l'enthousiasme, et celui des médias tout puissants, où tout s'achète et se vend, où toute valeur est frelatée. Sur eux règne le transparent "Egoarque" Mussolardi, qui du haut de son "polycoptère" survole et surveille le pays pour mieux l'abêtir et l'asservir. Il y a du Prévert dans cette confrontation entre les purs, ceux d'en bas, les enfants de la misère, et ce roi apparemment tout puissant, ridicule et odieux, qui rappelle Le Roi et l'Oiseau, le dessin animé mythique de Paul Grimault (et bien sûr Prévert).

Mais ce qui donne tout son prix au roman est l'inventivité déjantée et l'extraordinaire fantaisie, les exagérations épiques et l'outrance hyperbolique avec lesquelles Benni crée un monde imaginaire qui reflète pourtant, comme sous une loupe grossissante, tous les problèmes de l'Italie réelle. Il y a des morceaux de bravoure, comme l'évocation rabelaisienne de la côté adriatique, défigurée par l'exploitation balnéaire et certaines pages sont proprement désopilantes, il serait difficile de les citer toutes.

Toutefois le propos se fait plus grave car cette lutte entre la pureté d'une part, et l'argent, le pouvoir, la bêtise et la violence, ne peut que mal finir... Pessimisme ou clairvoyance ? L'auteur laisse malgré tout ouverte la porte de l'espoir.

Excellente traduction de Marguerite Pozzoli.

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La dernière larme

La Feuille Volante n°1006 – Janvier 2016



LA DERNIÈRE LARME – Stefano Benni – Actes sud.

Traduit de l'italien par Marguetite Pozzoli.



L'univers de Stefano Benni est bien celui de l'absurde : la retransmission télévisée d'une exécution capitale, la transaction bancaire parfaitement illégale faite en public au bénéfice d'un client impécunieux par un modeste employé, une interrogation littéraire qui n'a rien de littéraire dans un collège qui ne ressemble pas à un établissement scolaire et qui fait profession de flagornerie et même d’idolâtrie au profit du « Président du Conseil »… Et c'est ainsi pendant vingt sept nouvelles toutes plus déjantées les unes que les autres …

C'est vrai que nous vivons actuellement une époque formidable où manifestement tout fout le camp autour de nous où chaque jour qui passe nous met devant une évidence de plus en plus flagrante : nous manquons de boussole et les certitudes qu'on nous a mises dans dans la tête depuis des siècles, les grandes idées et tout le reste font de plus en plus figure de châteaux de cartes construits dans un courant d'air. Alors pourquoi ne pas appuyer sur le trait comme le fait l'auteur ? Il est bien placé pour cela puisque, depuis de nombreuses années il a choisi d'être un observateur de la vie qui l'entoure, il en connaît toutes les contradictions et il jubile quand il met en scène des personnages qui font voir à son lecteur tout ce que ce monde qui l'entoure présente de fractures et de paradoxes. Pour cela il a une technique bien particulière qui consiste à mettre des personnages dans un décor bien réel au départ mais d'instiller à celui-ci une dimension un peu extraordinaire où la fiction le dispute à la réalité, la banalité la plus quotidienne à l'inconnu le plus inattendu. Ainsi sous ses yeux défilent d'improbables êtres sortis du néant qui en côtoient d'autres bien ordinaires (le retour de Garibain). Il mélange le tout en une recette surréaliste pour obtenir des situations délirantes, exagérées, excessives où pourtant il est parfaitement possible de s'y retrouver. La nouvelle intitulée « le nouveau libraire » me paraît illustrer parfaitement cette idée. Les livres, souvent anciens, ont une vie, une personnalité qui étaient respectées par l'ancien libraire. Le nouveau au contraire souhaite faire de l'argent avec ce commerce et veut tout révolutionner, mais c'est sans compter avec ces pensionnaires bien indisciplinés qui finalement font valoir leurs droits.

D'ailleurs j'observe que Benni a une préférence pour les villes fictives ou bien réelles et développe ses récits à travers des relations humaines au lieu de raconter une histoire à la première personne, dans une sorte de monologue. Il se révèle en tout cas être un conteur à la fois imaginatif et même un peu fou qui promène celui qui veut bien passer un peu de temps à le lire, c'est dire à arpenter cet univers loufoque, et l’entraîne dans des sphères comiques ou fantastiques et assurément dépaysantes, c'est selon ! Et il y en a vingt sept comme cela !

Qu'on ne s'y trompe pas cependant, ces nouvelles sont aussi une critique sociale (Le sondar) où les intellectuels de tout poil se masturbent autour d'une idée, d'un dogme pendant que, devant eux la vie ordinaire déroule son cours. Témoin la nouvelle intitulée « le voleur » où un aréopage d'invités disputent de l'opportunité de livrer ou à la police l’auteur d'un larcin… pendant que ce dernier est en train de mourir ! Et rien ne lui échappe, il faut dire qu'il a de la matière entre le monde politique hypocrite et plein de parvenus inutiles mais suffisants et prétentieux et le celui du travail où règnent la flagornerie, l'irresponsabilité et l’incompétence. Son panel est grand.

Tout cela passe évidemment par par le jeu sur les mots, la distorsion de la phrase, le choix des termes parfois inattendu, des néologismes… mais qu'importe, cela aussi procède de cet univers unique dans lequel nous invite l’auteur.

Quelqu'un a défini l'humour comme l'attitude qui consiste à rire des choses plutôt que d'avoir à en pleurer, parce qu'il y a franchement de quoi, quand on y réfléchit. C'est sans doute l'arme qu'a choisi Benni pour supporter ce monde et nous aider à son tour à le faire. Pour lui c'est même à l'occasion de l'humour caustique, voire féroce mais pas autant cependant que le monde qui nous entoure où tout n'est que combat et volonté de détruire l'autre, sous les dehors lénifiants cependant. Pourtant si son ironie n'est pas gratuite, elle est parfois cruelle parce que le monde qui nous entoure l'est lui aussi tout simplement ! Il ne se contente de raconter les faits, de les dénoncer si on veut le dire ainsi, il laisse certes le lecteur juge mais n'oublie pas, en quelque sorte pour l'éclairer de lui donner à voir une facette de cette espèce humaine que nous partageons tous. Il a d’ailleurs le choix entre les attitudes camaleonesques des subalternes par rapport à leurs supérieurs (Un homme tranquille) jusqu'à la certitude de certains êtres portés par une notoriété temporaire ou supposée d'être exceptionnels ce qui ouvre droit à leurs yeux aux plus extravagants caprices (Roi caprice). Il illustre sa manière cet instant grégaire qu'adoptent les hommes par intérêt ou absence d'originalité ce qui les fait dangereusement ressembler à tout le monde ou au contraire adopter une attitude qui se veut bizarrement originale et qui les pousse à cultiver une différence factice quand il ne choisit pas de se pencher sur les pires vices humains ou sur les perversités les plus inavouables. Tout cela fait de lui, malgré les apparences teintées d'humour, un bon observateur, certes de l'Italie, son pays, mais aussi de l'espèce humaine. 

Que reste-t-il de tout cela, le livre refermé ? C'est à chacun de répondre en fonction du chemin qu'il aura fait au côté de l'auteur. Moi, j'ai bien aimé.



© Hervé GAUTIER – Janvier 2016. [http://hervegautier.e-monsite.com]
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Achille au pied léger

Achille, écrivain trentenaire et lecteur de manuscrits pour une petite maison d’édition au bord de la faillite, mène une vie plutôt monotone. Seule sa relation aléatoire avec Pénélope, une « B.T.L.S.P.S » (beauté typiquement latino sans permis de séjour) éclaire un peu son quotidien. Tout va changer quand il recevra un mail d’un certain Achille, sorte d’ « elephant man », tapi au fond d’un appartement avec lequel il va nouer une amitié intense faite d’humour et de sincérité, mais aussi de perversité et de souffrance…Le début du roman nous raconte la vie d’Achille au jour le jour, mais aussi les aspects les plus aberrants de la société italienne : c’est désopilant ! Mais, sans accusation explicite, S. Benni écrit un pamphlet sans concession d’une Italie qu’il refuse (mafia, scandales politico-financiers, vagues de licenciements, rejet des émigrants…). Au fil des pages, l’humour devient plus discret pour évoquer la relation entre Ulysse et Achille et ses conséquences. S.Benni a un monde bien à lui (dont il faut peut être chercher la clef dans la tradition littéraire italienne ?) Fables fantastiques, farces burlesques, du rêve « physiologique » au rêve éveillé, ses personnages passent du monde réel à un monde onirique qui n’est pas sans me rappeler Pirandello dont certains héros dérivent parfois vers le rêve pour tenter d’échapper à l’aliénation de la condition humaine.
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Saltatempo

Un livre plein d'humour, de poésie mais aussi d'émotion dans lequel Stefano Benni retrace la jeunesse d'un garçon surnommé d'abord Petit loup, qui reçoit en cadeau d'un dieu allègre et païen, lui apparaissant au sein d'un nuage, "une bimontre" interne qui lui permettra de sauter dans le temps, de voir le futur, comme le passé, tout en vivant sa vie normale réglée par une montre ordinaire. Cette métaphore de l'imagination de l'écrivain, de son don de se déplacer entre présent et avenir, est présentée avec truculence et humour et lui vaudra le nom de "Saltatempo" "Saute-temps". Nous sommes dans un petit village des années 50, avec ses figures pittoresques, son bar où se retrouvent les adultes, artisans ou petites gens, d'opinions diverses mais proches et solidaires, dont l'auteur nous livre des portraits hauts en couleur. Le héros, quant à lui, est entouré de garçons et filles de son âge, mais il entretient une complicité spéciale avec les divinités agrestes du bois, qu'il est seul à connaître. Hélas au fil du temps la vallée, la montagne et la forêt sont menacées par l'industrialisation, la spéculation immobilière, le village se retrouve à la sortie d'une bretelle autoroutière, et tout cet affairisme profite à quelques-uns, maire, député, entrepreneurs, hommes de main, alors qu'il signe la destruction du milieu naturel, les glissements de terrain meurtriers, la pollution envahissante. Devenu adolescent Saltatempo vit une jeunesse partagée entre études et amours, sans compter les mouvements étudiants et lycéens de la fin des années soixante, il évoque aussi ses allers et retours entre la ville et son village natal, où tout change pour le pire. La fin du roman le montre perdant son père, le menuisier communiste, tué en voulant sauver les victimes d'une éboulement provoqué par le minage de la montagne à des fins immobilières. Un de ses amis, habitué à la drogue par les séides du député, qui l'ont introduite partout, meurt aussi d'une overdose.

Saltatempo cherche justice, mais elle est paraît hors d'atteinte ; après s'être retrempé dans son monde d'origine aux côtés du dieu païen qui lui donne une leçon de vie, il part vers la ville, la vie adulte et son destin.

Un roman plein de truculence, de tendresse et d'humour, écrit dans une langue vivante, imagée, parfois argotique, ce qui n'empêche pas l'auteur de rester profondément sensible aux injustices et à la dégradation de son pays par une société devenue de consommation où seul compte l'argent et où les valeurs humaines sont difficiles à sauvegarder.

Lu en V.O.
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