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Marguerite Pozzoli (Traducteur)
EAN : 9782742780884
259 pages
Actes Sud (03/02/2009)
3.8/5   25 notes
Résumé :
Nouvelles traduites de l’italien par Marguerite Pozzoli
Vingt cinq nouvelles qui déclinent les mille visages de la solitude à l’ère du tout-médiatique. Sagesse animale, mystère, fantaisie débridée, profondeur et mélancolie, burlesque et parodie : un Benni moins porté sur la satire politique, mais qui a gagné en profondeur et en universalité.

Des histoires. Des histoires hilarantes, tristes, mélancoliques, longues, courtes, amères, cruelles, qu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Loin de la rentrée littéraire 2020, et un peu par hasard – merci aux bibliothèques, des trésors de bonnes surprises – j'ai découvert l'univers de Stefano Benni, auteur italien né à Bologne en 1947, grâce à ce recueil de nouvelles « La Grammaire de Dieu ».

Je l'ai choisi à la fois pour son titre – original – et à son éditeur - Actes Sud – un cocktail qui me garantissait un plaisir de lecture qui ne s'est pas démenti.
Avec une palette de sujets très large, l'auteur détaille les travers de nos vies contemporaines, avec un regard à la fois amusé – un brin moqueur – bienveillant et y ajoutant souvent une forme d'emphase, propre à son style, comme si il observait celles-ci à l'aide d'un miroir grossissant.

J'aimerais citer tous les titres de ce recueil, pour vous donner l'envie de pousser la porte un peu plus loin, mais je vais me concentrer sur quelques unes.
Celle qui m'a fait le plus rire s'intitule « Plus jamais seul » : un homme qui n'a ni femme, ni amis ni même un « demi-ami » se désole. Magasinier dans un dépôt de médicaments, il va chez trois coiffeurs différents pour tuer le temps. Iris, la barmaid du Mocabar, son bar préféré, ne lui sourit jamais.
Mais sa vie va basculer lors qu'il tombe sur une publicité : « avec soleil, plus jamais seul ».
Soleil est une marque de portable, et l'on voit une fille bronzée téléphonant à tout un tas d'amis. Notre héros a donc la solution : il lui suffit de pousser la porte de la boutique de téléphonie et la vie va lui sourire. A partir de là, Iris la barmaid l'interroge sur le modèle choisi. Son chef le considère enfin, et lui envoie des SMS supposés être très drôles. Et même si personne ne l'appelle il marche jusqu'à tard dans la rue, son téléphone à la main, jetant quelques phrases de ci-de là comme un homme moderne. Et parce que son téléphone ne sonne jamais, il trouve une parade : il s'achète un second portable, avec lequel il peut s'appeler très régulièrement …

On pense à l'humour génial de « La vie très privée de Mr Sim » de Jonathan Coe, avec un grand soulagement, au retour d'un voyage, qu'il a une centaine de messages dans sa boite mel … soulagement tout relatif quand il repère que ces nombreux messages sont surtout des propositions publicitaires pour de l'achat de viagra en ligne.

Il faudrait encore citer le savant, recherchant partout l'homme « le plus seul du monde » mais qui aura de nombreuses déconvenues en découvrant que les hommes qui paraissent tout à fait seuls étaient souvent d'excellents business men qui savent très bien communiquer sur leur pseudo solitude.
Certaines nouvelles sont cruelles, comme celle de l'ogre fournisseur d'enfants pauvres à des individus sans morale, d'autres sont poétiques, comme celle qui parles des formes qui incarnent les « rêves négligés, jamais cultivés avec soin, jamais poursuivis avec passion. »

Enfin ne manquez pas de lire « Une solution civile » : des politiques s'unissent pour réveiller une démocratie vieillissante en ayant trouvé un procédé peu recommandable – mais malheureusement crédible - : le déclenchement d'une guerre civile, qui leur permettra de reprendre le contrôle, après qu'un million de morts aient été sacrifiés …
Nostalgie, poésie, humour, Stefano Benni s'inscrit dans une grande lignée d'auteurs italiens comme Dino Buzzati ou Italo Calvino, en signant ici un grand recueil de nouvelles.

« Parmi les dieux que les hommes inventèrent, le plus généreux est celui qui, en unissant plusieurs solitudes, en fait un jour d'allégresse. »
Ce pourrait être la ligne de conduite de cette « Grammaire de Dieu ».

Lien : https://versionlibreorg.blog..
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Un livre agréable à lire et qui change ! Comme dans tout recueil de nouvelles, certains récits m'ont plu et d'autres moins, mais j'ai bien aimé l'ensemble - ce qui n'était pas évident au vu du titre quelque peu surprenant (on m'a offert ce livre, je ne l'aurai sans doute jamais lu sinon !). Ces récits aux thèmes très différents les uns des autres ont cependant un point commun : le personnage principal est quelqu'un d'isolé, de marginal, ou du moins d'original. La chute est souvent surprenante, et les nouvelles nous invitent à réfléchir sur de nombreux sujets de société.
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
- Comme nous le prévoyions, les sondages concernant les prochaines élections (je veux parler des vrais sondages) ne nous sont pas favorables. Ni le plan d’informations subliminal, ni le faux attentat contre l’équipe nationale de foot n’ont été efficaces. Depuis des années désormais, dans notre pays, l’Histoire se répète.
Un parti l’emporte, puis les gens sont déçus par celui-ci, parfois sans véritable motif, sans pouvoir expliquer ce qu’ils attendaient. Par ennui, par un irrémédiable instinct de défiance, parce qu’ils sont habitués à se plaindre et à pleurnicher.
C’est ainsi que l’électeur paresseux récompense un nouveau parti qu’il méprisera et punira au bout de quelques années. Et l’on verra réapparaître les stéréotypes, les lieux communs, les histoires drôles et les conversations de café du Commerce, et les vieilles indignations renaîtront, l’opposition en fera son cheval de bataille et l’emportera, certes, de justesse.
Tout en sachant que, très vite, elle aussi devra descendre du manège qui se remettra à tourner, en un néant bariolé de bavardages et dans l’onanisme sondagier.
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- Comme vous le savez, le livre a été écrit durant l'année des sept icebergs, par un cachalot albinos, du nom de Mobius Benedicktus. Il fut persécuté toute sa vie par un baleinier auquel il avait arraché une jambe, lors d'un duel marin loyal. Naturellement, comme toujours, le provocateur avait été l'homme. Mais celui-ci, gonflé de haine, se mit à poursuivre Mobius à travers les océans... Quelqu'un sait-il comment s'appelait ce baleinier ?
- Crab ? suggéra une petite baleine potelée
- Non, soupira le prof.
- Calab ... non, Ahab, dit une baleine potelée
- Très bien Rayurine, c'est ainsi que sonne son nom dans la langue des hommes. Et bien, le récit de Mobius Benediktus poursuivi par Ahab, ses réflexions sur la mort et sur le caractère éphémère de l'existence, les aventures et les coups de théâtre, jusqu'au finale tragique, font de ce livre un chef d'œuvre pélagique qui ne peut être absent des archives ultrasoniques d'aucune baleine...
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A un mille de profondeur, dans l’océan Pacifique, dans la fosse de Buenas Umbras, un étrange rassemblement de baleines se déroulait.
Un énorme cachalot, de plus de vingt mètres, faisait du surplace, en nageant.
Au moins une vingtaine de jeunes balénoptères femelles se tenaient en face de lui, en rang par quatre.
Quel était le mystère de cette bande atypique ?
Il n’y avait aucun mystère : c’était une école, le cachalot était le professeur et les vingt balénoptères les élèves.
La leçon était donnée en ultrasons et s’intitulait « Chefs-d’œuvre de la littérature cétacéenne.
- Chères élèves, dit le prof, nous parlerons aujourd’hui de ce qui est considéré comme le livre le plus important de notre histoire. Je veux parler du Diable boiteux. Vous le connaissez bien, n’est-ce pas ?
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Cette invasion de visages et de langues intrigua et excita plusieurs de mes frères. Il venait des belles femmes et des jeunes gens bruyants. Plusieurs moines demandèrent à prendre ma place de vendeur. Mais le prieur aimait ma manière d’être parmi les gens. Ou plutôt, Dieu me le pardonne, je crois qu’il me considérait comme une attraction de plus. S’il avait pu imaginer …
Certains de ces visages me plaisaient, d’autres m’étaient indifférents. Mais aucun d’entre eux n’égalait pour moi le charme d’une plante, de la neige ou de la lumière. C’étaient des visages humains. De beaux visages de vieillards ridés, des yeux brillants d’enfants, des femmes à la démarche élégante, mais aucun n’approchait de ce que je cherchais.
Ils étaient les livres du monde, mais ils ne pouvaient pas le raconter.
Aucun d’entre eux ne pouvait m’expliquer la grammaire de Dieu.
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Que fait un homme qui compte, lorsqu'il se réveille ?
Apparemment, il fait comme tout le monde.
Il ouvre les yeux, s'étire, va dans la salle de bains, se lave.
Mais, à sa manière de s'habiller, on comprend tout de suite que c'est un homme qui compte.
A sa manière de choisir sévèrement chemise et cravate, à sa manière de les assortir et de se regarder dans la glace.
A sa manière d'écouter, agacé, le remue-ménage de son fils qui va à l'école, et les phrases de sa femme qui réclament son attention, évidemment refusée.
L'homme qui compte a une famille, mais il ne peut pas lui consacrer beaucoup de temps.
Sa femme est belle, elle facilite les relations, décore la maison et coûte moins cher qu'un tableau ancien.
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