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Alain Sarrabayrouse (Traducteur)
EAN : 9782742733378
224 pages
Actes Sud (30/06/2001)
3.72/5   90 notes
Résumé :
Pour sauver un vieil homme qui s'est jeté à l'eau, un promeneur plonge et découvre que le vieillard nage tout simplement vers un bar au fond de la mer ! Il l'accompagne et va vivre là une bien étrange nuit, car les clients de ce bar branché sur les hautes ondes de l'imaginaire se révèlent des conteurs comme on rêve d'en rencontrer. Qui parodie quoi (ou qui) ? Au lecteur de jouer le jeu et d'entrer dans ce labyrinthe de pastiches où se mêlent savoureusement humour et... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
N°888– Mars 2015

LE BAR SOUS LA MERStefano BENNI Actes Sud.
Traduit de l'italien par Alain Sarrabayrouse.

D'emblée, le lecteur est invité à entrer dans ce recueil de nouvelles un peu étrange. En effet, le narrateur raconte une rencontre, un soir, au bord de la mer. Il aperçoit un vieil homme qui entre dans l'eau. Croyant à un suicide, il tente de le sauver mais se retrouve, à sa suite, dans un bar sous la mer où chaque client se met à lui raconter une histoire plus abracadabrantesque que la précédente, tissant dans ce lieu incertain une sorte de halo mystérieux, entre surréalité et cuisine gourmande. Ce sont d'ailleurs les personnages qui sont dessinés sur la couverture du livre. Ce sont des hommes et des femmes ordinaires mais aussi un chien, sa puce et, bien entendu, une sirène. Chacun y va de son récit, aussi déjanté qu'irréel, et dessine un univers labyrinthique où le sérieux le dispute à l'humour, sans qu'on sache exactement faire la part des choses… Mais cela a-t-il vraiment de l'importance ? L'auteur ne fait évidemment pas l'économie d'une galerie de portraits dont les noms improbables vous transportent dans un ailleurs assez indistinct où les animaux parlent et se transforment à l'envi mais où j'ai trouvé mes marques sans aucune difficulté.

On y fait des découvertes bizarres comme ces animaux qui vivent entre ces pages et qui sont friands de mots. Vous avez bien compris, ils les mangent ! Certains ont une appétence particulière pour les consonnes redoublées, les signes de ponctuation ou les verbes désormais inusités, quand ils ne s'attaquent pas à la syntaxe ou aux verbes conjugués à l'imparfait du subjonctif ! Cela donne évidemment un texte complètement fou, des jeux de mots, des phrases un peu bouleversées à l'architecture bousculée … J'ai bien aimé aussi « Le samedi porno du Rex », pas pour son côté salace d'ailleurs absent, mais seulement pour l'humour du texte.

Le style est jubilatoire, enjoué, burlesque, s'attachant, son lecteur dès la première ligne sans que l'intérêt suscité dès l'abord ne disparaisse. le texte est « cultivé », plein d'enseignements, léger et les thèmes traités le sont d'une manière originale, témoin cette version très personnelle de Moby Dick ou cette visite forcée et nocturne dans une mystérieuse maison au bien étrange occupant. L'auteur ne néglige aucun détail dans la description des situations ou l'évocation des personnages, use volontiers de l'analepse, ce qui contribue à tisser un décor qui, peu à peu, devient familier au lecteur.
Stephano Benni est un remarquable conteur. Il distille des histoires extraordinaires sans être morbides, extraterrestres, extra humaines dans lesquelles je suis entré de plain-pied avec délice. Je ne sais pas si le monde dans lequel nous vivons tous m'est à ce point indifférent voire désagréable mais l'univers de Benni que j'ai juste entraperçu ici me plaît bien et je m'y réfugie volontiers. J'embarque avec lui dans son voyage et j'ai plaisir à explorer, à son invite, cet univers onirique d'invétérés raconteurs d'histoires, un peu mythomanes quand même et pour le moins décalés et je suis sûr que, avec moi, vous en redemanderez ! D'ailleurs, cette incursion dans un lieu sous-marin, un bar où, dit-on les langues se délient plus facilement, les relations se tissent plus aisément, serait-elle pour le lecteur une invitation à se maintenir dans un lieu intermédiaire, une sorte de monde fait de mots, d'idées et de situations différentes du nôtre, une manière d'être autrement, une antidote bienvenue à notre quotidien ordinaire, une sorte de chance donnée à chacun des clients de révéler sa vision du monde ?

C'est vrai que dans ce recueil, nous ne sommes pas exactement sur terre !

©Hervé GAUTIER – Mars 2015 - http://hervegautier.e-monsite.com
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J'aime bien cette succession de nouvelles chargées de symboles et du genre fantastique, policier ou comique. Ces récits sont courts, étonnants, frais. La drôlerie des situations me surprend.
J'ai surtout apprécié deux histoires celle du faux démon et celle de l'enquête sur le meurtre énigmatique d'un petit garçon dans une classe de cinquième.
C'est une lecture originale, distrayante, amusante. Ce qui change de la gravité assumé des sujets de mes autres lectures.
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Je crois bien que c'est un des livres les plus anciens de ma PAL. Cela faisait des années que je voulais le lire mais je n'en n'avais pas encore eu l'occasion. Plus que les nouvelles en elles-mêmes, ce qui m'avais fascinée à l'achat de ce livre très peu connu, c'est le contexte et la manière dont les différentes petites nouvelles nous sont présentées : chaque personnage du Bar Sous la Mer, présents sur la couverture, raconte une histoire. Et puis, un bar, sous la mer, quelle idée géniale ! Bref, la forme était très alléchante.

Les nouvelles racontées sont vraiment diverses et variées, ne se cantonnant pas à un style, et j'ai trouvé ça super, car souvent, je trouve les recueils assez redondants. L'auteur imite plusieurs styles d'écriture, touche à tous les genres littéraires (épouvante, drame, humour, absurde, romance, etc.) et fait coller le tout au personnage : La Petite Fille raconte une histoire où un petit garçon et une petite fille joue sur la plage, le Type à la Mèche (le Rocker) raconte une histoire de débauche californienne, et j'en passe.

Bref j'ai été séduite par ce recueil et j'ai passé un bon moment de lecture. Il y a des nouvelles qui m'ont particulièrement plu, notamment Oléron, La Traversée des petits vieux et Histoire Courte. Les autres sont très bien aussi mais j'ai une petite préférence pour ces trois-là. Les chutes sont toujours bien trouvées. J'ai souvent ri (des fois jaune) ou été bluffée.
Lien : http://lecturesduneguenon.wo..
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Dans ce bar onirique vers lequel le lecteur est guidé par un Freud avec un gardénia à la boutonnière, tous les clients les plus divers, de la vamp au vendeur de tapis, de la fillette à la puce du chien, du cuisinier aux trois hommes au chapeau, vont raconter leur histoire de bistrot, fantaisie, satire, parodie et mélancolie garanties. Un des thèmes est le travestissement parodique des grands souvenirs de lecture, Moby Dick, une Iliade rabelaisienne et "hénaurme", la littérature gothique placée sous le signe de Poe, une enquête de Miss Marple ou encore La ronde de Schnitzler, mais ces récits pleins d'humour et de dérision mettent en cause, par leur chute parfois volontairement prosaïque, la société de la fin du XXe siècle, prétentieuse et matérialiste. Les lutins malicieux démasquent les imposteurs, les automobilistes sont prêts à écraser les petits vieux, tout un quartier se ligue contre un policier et ses amendes, on ressent la nostalgie de la vie des petits villages où les rapports humains avaient encore un sens.
Avec son humour, sa tendresse et son sens amer du cocasse et de la dérision, Stefano Benni se fait le chantre d'un humanisme caché sous beaucoup de pudeur.
Un ton inimitable.
Lu en V.O.
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Tout peut arriver dans le bar sous la mer. Un bar dans lequel nous voudrions tous tomber,une nuit,pot écouter les récits de l'homme du bar, de l'homme au chapeau, de l'homme au gardénia, de la sirène, du marin, de l'homme invisible,de la vamp et des autres mystérieuses aventures.
Traduit de la couverture de Feltrinelli

Vingt textes qui sont autant de parodies,d'un chef-d'oeuvre ou d'un genre.
Ce livre n'est-il pas une collection de devinettes ?
Stefano Benni est drôle,poètes,ses images sont cocasses,absurdes,colorées.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Comme nous le disions au début, de tous les biblio-animaux, le ver disicius ou ver troqueur est sûrement le plus nuisible. Il sévit le plus souvent vers la fin des récits. Il prend un mot et le met à la place d'un autre, puis pose ce dernier là où se trouvait le premier. Des déplacements minimes : quelquefois, il lui suffit de déplacer à peine trois ou ver mots, mais le résultat est logique. Le récit perd totalement son caractère dévastateur, et c'est seulement après une enquête méchante qu'il devient possible de le reconstituer comme il était avant le souhait du ver disicius.
Ainsi le vers agit pourquoi, est-ce par instinct (en raison de sa nature poussée) ou par haine de la littérature, nous ne le pouvons pas. Nous ne savons qu'exprimer ce passage : qu'il ne nous arrive jamais de tomber sur une page ayant reçu la visite du quatre disicius.
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Je voudrais citer encore deux biblio-animaux plutôt communs : la puce du subjonctif et le moucheron apocopal. La première mange toutes les personnes du subjonctif , avec une préférence pour la première du pluriel. Certains articles de journaux qui semblent bourrés de fautes de grammaire ont en fait été dévastés par la puce du subjonctif (c'est du moins ce que disent les journalistes). L'apocopal absorbe les phonèmes à la fin des mots (télé, ciné, vélo).
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De tous les animaux qui vivent entre les pages des livres, le vers disicus est certainement le plus nuisible. Aucun de ses collègues ne l’égale. Pas même la punaise majophage, qui mange les majuscules, ou le pas-de-mule, petit hyménoptère qui se nourrit de consonnes redoublées, avec une préférence pour les M et les N, et est gourmand de mots comme canonnière ou mammaire.
***
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Ne vous est-il jamais arrivé de vous sentir vieux de mille ans, comme si vous aviez vu et vécu tout ce qu’on peut voir et vivre sur cette terre, et d’imaginer l’avenir comme une suite de jours tous semblables, copies décolorées d’un seul et même jour, usé et passé ?
Cela vous est arrivé ? C’est d’accord, je ne prétends pas être la seule. Mais moi, j’ai douze ans.
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Un freinage spectaculaire
Ainsi Pronto alla tout droit et glissa sur le toboggan des enfants, il décolla vers le haut, rebondit sur la bâche du bar, arriva au premier étage dans un appartement, décéléra dans la salle à manger, renversa un frigo, sortit sur la terrasse, déboula en bas dans la rue, carambola contre une poubelle, enfonça la portière d'une voiture, sortit par l'autre, et s'arrêta contre un platane.
— Tu t'es fait mal ? — lui dit Beauty.
— Non — dit Pronto. Tout était calculé.
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