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Critiques de Susan Fletcher (481)
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Un bûcher sous la neige

De l'Histoire de l'Écosse, je ne connais que ce que j'en ai lu dans la fabuleuse trilogie de Nathalie Dougal, "La mèche de guerre des Mac Donald". J'ai replongé avec délice dans cette période tourmentée (oui, je sais, cela peut paraître paradoxal) en lisant "Un bûcher sous la neige". Cette pauvre jeune femme, Corrag, vit ses dernières heures dans un cachot. Le révérend Charles Leslie se rend à ses côtés afin qu'elle lui en dise plus sur le massacre auquel elle a assisté : celui de Glencoe. Il a besoin de savoir si le commanditaire de cette tuerie est bien le roi Guillaume.



Mais pourquoi Corrag se retrouve-t-elle dans cette situation ? Sa seule faute est d'être "libre" dans ce monde résolument encadré, aux normes parfois douteuses mais que l'on ne conteste pas et, surtout, que l'on ne contourne pas. Comme si cela n'était pas suffisant, elle a le don de "double vue" comme elle le dit. Et avoir des visions à cette époque n'est guère apprécié... On la traite de tous les noms d'oiseaux, dont le fatal "sorcière". Fatal car comme vous le savez, les "procès" (si on peut appeler cela ainsi) étaient vite réglés...



J'ai vraiment apprécié ce livre à double voix (le récit de Corrag d'un côté et la correspondance du révérend de l'autre). Je me suis retrouvée catapultée dans cette Écosse sauvage du XVIIe siècle, dans ce clan des MacDonald, dans cette société où tous les coups étaient permis. L'écriture est belle, empreinte de poésie là où l'on aurait pu attendre un style plus incisif. Je vous le conseille. Et je termine en remerciant la personne qui me l'a offert. Elle se reconnaîtra. Merci, merci, merci !


Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Un jardin de mensonges

Ce roman retrace l'émancipation d'une jeune femme. Clara a du rester enfermée toute sa jeunesse car elle est atteinte de la maladie des os de verres.

A la mort de sa mère, elle découvre un jardin botanique et se prend de passion pour cet art.

Elle quitte tout pour créer un jardin exotique pour un riche propriétaire.

Mais la demeure de Mr Fox renferme de nombreux secrets



Clara jeune femme au caractère bien trempé et a la franchit parfois blessante va chercher a découvrir les nombreux mystères qui se déroulent autour d'elle.



Une écriture agréable et très descriptive. L'atmosphère qui se dégage du roman est légèrement oppressive et c'est un atout pour l'intrigue.



Un scénario qui se tient bien et qui garde le lecteur en haleine. Des personnages très bien campés.



J'ai adoré ce roman qui est passionnant et intriguant.



Un bel hommage aux femmes et a leur émancipation.
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Un bûcher sous la neige

Un roman époustouflant ! Conte philosophique, roman historique, initiatique, il y a un peu de tout cela dans le récit de Corrag. Sorcière de mère en fille, c'est la seule hérédité qu'elle puisse revendiquer puisque sa génitrice Cora, a été pendue haut et court pour faits de sorcellerie. Cette étiquette lui colle à la peau, fait d'elle une paria, une hors-la-loi qui n'aura bien souvent d'autre issue que celle de fuir jusqu'au jour où elle va se retrouver dans une prison du clan Campbell, sale, pleine de vermine, avec aux pieds et aux mains de lourdes chaînes. Le bûcher l'attend. Son crime : avoir aidé des membres du clan MacDonald à échapper au massacre perpétré par les soldats du roi Guillaume alors sur le trône d'Angleterre , un soir d'hiver de l'an 1692.

Le récit s'organise autour du récit tendu, échevelé de Corrag et des lettres du Révérend Charles Leslie venu en Ecosse pour recueillir son témoignage sur le massacre de Glencoe. Récit et lettres reposent sur des dialogues en décalé qui interpellent constamment le lecteur en l'obligeant à prendre la place de l'interlocuteur absent. Même habileté au niveau de l'effet miroir que créent toutes les remarques et les réflexions que se fait le Révérend concernant Corrag et qui vont l'amener progressivement à prendre une décision qui va à l'encontre de tous ses principes !

Mais c'est à la magie de l'écriture de Susan Fletcher qu'il faut rendre grâce avant tout. Elle a su combiner à merveille tous les détails réalistes découlant du contexte historique ; rudesse des moeurs, violences multiples liées aux querelles politico-religieux avec d'autres éléments liés à l'évocation des Highlands. Si le récit du Révérend fourmille de ces précisions qui ancrent l'histoire dans une Ecosse du XVIIème siècle où il ne faisait pas toujours bon vivre, les longs passages du récit de Corrag laissent à la place à des descriptions éminemment poétiques et suggestives. La langue très sensorielle de l'auteure donne à voir, à humer , à sentir les Highlands sous tous les cieux et au fil des saisons. Parfaite osmose enfin entre ces passages d'une grande densité poétique et ceux qui nous livrent, dans un langage enfantin, les ressentis, les émotions de Corrag et sa vision du monde.

J'ai cependant refermé ce roman sur un amer constat : toutes les époques ont leurs sorcières et la nôtre n'en manque pas hélas !

D'autres thématiques moins sombres aussi se dessinent en filigrane : la nécessité de témoigner, de prendre en main le cours de sa vie en repoussant le plus loin possible tous les déterminismes qui nous gouvernent.

Bref, un beau roman qui pour moi, sort des sentiers battus par sa richesse et sa complexité.

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Un jardin de mensonges

Tout commence a Londres en 1914. On va suivre Clara, une jeune femme atteinte de la maladie des os de verre qui vit recluse depuis toujours. Elle ne connait le monde extérieur que par le regard de sa mère. À la mort de celle-ci , Clara décide de prendre son destin en main et découvrir l'extérieur ainsi que s'initier à la botanique. Elle se fait engager par Mr Fox pour créer sur son domaine une serre de plantes exotiques. Mais, tout semble étrange dans de ce grand domaine anglais. Ce qui donne un certain malaise et du mystère à cette lecture.

J'ai aimé cette immersion dans ce domaine anglais et découvrir ses extérieurs. Les parties botaniques de ce roman sont très intéressantes et très bien écrites. Clara nous promène dans les serres de Kew Garden et les jardins de Shadowbrook, où on imagine aisément les senteurs des fleurs qui embaument ces lieux.

J’ai apprécié la fluidité de l’écriture et l'atmosphère qui s’y dégage. Les personnages ont tous leur part de mystère, mais j’ai eu du mal avec le personnage de Clara dont le comportement m’a exaspéré par moments.

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Un bûcher sous la neige

En 1692, l'Angleterre envoya ses soldats massacrer par traîtrise les membres du clan McDonald, qui avait tardé à prêter allégeance à Guillaume III d'Angleterre : ce fut le massacre de Glencoe, dans les Highlands écossais. A partir de ce fait historique, l'auteur a brodé sa propre légende autour d'un personnage imaginaire : Corrag, jeune Anglaise issue d'une lignée de femmes ostracisées pour leur indépendance et exécutées pour sorcellerie.





Corrag attend le bûcher, lorsqu'elle reçoit dans son cachot la visite du révérend Charles Leslie, personnage réel qui, fervent jacobite, tenta de soutenir la cause des Stuart contre le roi Guillaume : c'est lui qui rendit public ce qui advint à Glencoe. Dans le roman, il vient secrètement interroger Corrag en tant que témoin du drame. La jeune femme raconte : son enfance persécutée en Angleterre, sa fuite solitaire jusqu'à Glencoe où elle fut accueillie sans préjugés, et finalement, la tragédie qui intéresse tant Charles Leslie.





Mêlant fiction et faits historiques, cette longue et vaste fresque bien construite présente plusieurs points d'accroche : campé dans le magnifique écrin de nature des Highlands qu'il met avantageusement en valeur, le récit fait agréablement découvrir un fait historique qui a marqué l'Ecosse. C'est aussi un hommage aux plus de cent milles femmes considérées "sorcières" et tuées en Europe entre les XIV et XVIème siècles, qui m'a fait penser à celui de Catherine Hermary-Vieille dans sa trilogie Les Dames de Brières.





Je n'ai malheureusement pas pu vraiment m'attacher aux personnages insuffisamment crédibles : Charles Leslie, peu fouillé, est plutôt inconsistant, basculant trop rapidement des pires préjugés à une grande estime pour la prisonnière, bêlant d'amour dans ses lettres à son épouse, où il expose en détails et sans crainte des prises de position politique qui pourraient lui valoir la mort. Jusqu'à son emprisonnement, Corrag se tire de tous les mauvais pas avec une facilité bien improbable, et fait preuve de raisonnements sans doute assez incongrus chez une paysanne sans éducation de cette époque. La fin est quant à elle un peu décevante de facilité.





On pourra aussi trouver l'ensemble parfois trop lyrique et débordant d'un excès de bons sentiments, affaibli par quelques longueurs et répétitions. Nonobstant ces défauts, le roman reste intéressant et se lit avec plaisir, porté par un souffle épique, la beauté des paysages d'Ecosse et un hommage à des hommes et des femmes qui connurent un destin cruel, causé par une diablerie toute humaine.





Prolongement sur le massacre de Glencoe de 1692 dans la rubrique Le coin des curieux, à la fin de ma chronique sur ce livre sur mon blog :

https://leslecturesdecannetille.blogspot.com/2019/06/fletcher-susan-un-bucher-sous-la-neige.html


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Un jardin de mensonges

Clara est une jeune femme atteinte de la maladie des os de verre, pour cette raison, elle vient de passer 18 ans recluse, ne connaissant du monde que ce que lui raconte sa mère.

Au décès de celle-ci, en 1914, Clara va décider de sortir et de prendre des risques pour découvrir enfin l’extérieur, la ville de Londres et la vie en général.

Le jardin de Kew Gardens sera une révélation et elle va y apprendre la botanique.

C’est ainsi qu’elle sera envoyée chez un homme, Monsieur Fox, afin d’y créer une grande serre dans son immense domaine, entouré de jardins fantastiques.

Mais l’accueil ne sera pas des plus chaleureux et l’ambiance sur place s’avérera rapidement étrange et angoissante.

Ce roman mêle à merveille la découverte de la botanique, une atmosphère gothique, des fantômes, des secrets de famille et des montagnes de mensonges.

J’ai adoré cette immersion dans ce grand domaine anglais, où chaque pièce semble receler des mystères, où chaque allée du jardin à une couleur et une senteur différente, où les personnages ne sont jamais ce qu’ils prétendent être et où les secrets en mensonges vont déferler sur l’héroïne comme une cascade d’été, avant que la guerre elle-même ne vienne bouleverser les vies de tout un pays.

Un roman envoûtant comme les odeurs lourdes des plantes et les senteurs fraîches des fleurs qui embaument cette demeure et ces jardins fabuleux.

Je remercie NetGalley et les éditions Presses de la cité pour cet envoi.
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Un bûcher sous la neige

Comment vous expliquer ces moments délicieux que j'ai passé dans cette lecture?

Il existe un pays très cher à mon cœur : l'Écosse. Et dans ce pays un lieu sauvage des plus beaux : Glencoe, ou plus précisément Glen of Coe, la vallée étroite de la rivière Coe

J'ai connu Glencoe dans les années 70. C'était alors un lieu désert, âpre, d'une beauté presque terrifiante. Un lieu chargé d'une histoire sanglante. Bref, un endroit qui remue.

J'y suis retourné à plusieurs reprises jusqu'à l'année dernière. Et j'y ai vu de plus en plus de monde. Suffisamment de monde pour tout gâcher.

L'excès d'humains a, chez moi, cet effet de rompre mon émerveillement.

Et là, Susan Fletcher, me replonge dans cette beauté et même au delà. A une époque où nul n'osait trop s'aventurer dans ce "ravin" austère. Elle m'a fait oublier les troupeaux de singes hurleurs et parfumés. Quel plaisir !



Il y a bien longtemps que je n'avais pas connu un amour de roman.

Qu'est-ce donc que ce truc là, vous demandez-vous ?

Cette chose à laquelle on pense sans cesse, que l'on retrouve avec plaisir et avec laquelle on fait corps.

Et bien c'est bien ça. Ce roman m'a fait ça !

Cela m'a rappelé beaucoup de lectures enfantines, adolescentes et beaucoup moins de lectures adultes. Une sensibilité qui s'émousse ? Je ne sais pas. Mais là j'ai retrouvé ce plaisir voluptueux, cette impatience à me glisser encore et encore entre ses pages. Un réel bonheur.



Et encore je ne vous ai pas conté le plus fou du truc. Un détail peut être pour beaucoup, mais pour moi.... imaginez

Nous sommes en 1692. Corrag, la jeune héroïne, après avoir remonté le Nord de l'Angleterre et une partie de l'Écosse sur le dos de sa jument, arrive à Glencoe et décide de s'installer à Coire Gabhail , le vallon secret. Et cet endroit est le sein du sein pour moi. Un vallon caché et protégé accessible qu'après une bonne grimpette à pied. J'y étais en juin dernier et là, je suis au paradis des lecteurs.

Et Corrag nous mène avec elle de glens en collines, de cascade en loch, elle gravit et aime les montagnes qu’on appelle les trois sœurs, que je trouve aussi tellement belles.

Corrag, être simple, vit en parfaite harmonie avec la nature. Elle a trouvé, dans ce Glen of Coe, sa patrie. Mieux, sa maison.



Mais ce n’est pas suffisant. Dans ce roman à tiroirs. Il y est certes question de nature, de beauté, mais aussi d’amour et d’histoire.

Car nous gravitons autour du massacre des MacDonald, le 13 Février 1692 par des soldats à la solde de l’Angleterre. Soldats comprenant dans leurs rangs des écossais du clan Campbell ayant prêté serment au roi illégitime d’Angleterre, Guillaume d’Orange, et accueillis chez ces même MacDonald qu’ils vont assassiner. Un massacre fomenté par un seigneur de Stair aux motivations bassement cupides.

Bref, un truc pas joli joli dont les humains sont friands.



Autres tiroirs : Il y a deux narrateurs :



Corrag, donc, jeune femme accusée, comme sa mère et sa grand-mère, de sorcellerie, condamnée au bûcher



Charles Leslie : révérend irlandais, jacobite, venu interroger la sorcière sur ce qu’elle a vu du massacre afin de prouver l’implication du roi usurpateur.



Le roman est d'une très grande richesse historique et documentaire.

L'écriture très, comment dire, d'époque...

Suzan Fletcher a su reconstituer un langage imagé, puissamment évocateur de ce XVII ème siècle, à la fois pour l'homme d'église cultivé, réfléchi, amoureux qui l’interroge, et pour Corrag, la préjugée sorcière, plus rustique et proche des animaux, des plantes de l’eau, de la neige, du froid. Je trouve cela remarquable.



Il n'y a qu'une chose qui m'a gêné c'est l'absence d'un formalisme typographique, les tirets et les guillemets.

Ça peut paraître curieux mais une phrase dans laquelle se mêlent propos rapportés et mots prononcés sans distinctions autres que la mise en italique a quelque chose de déroutant et coupe systématiquement la fluidité du récit.



En voici un exemple :



Si je croisais l'auteur je lui dirais volontiers pensez à présenter vos dialogues pour faciliter la compréhension mais je ne croiserai jamais et je reste sur mon irritation, voyez-vous.



Déroutant, non ?

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Un bûcher sous la neige

Elle est toute petite. Ses yeux gris brillent sous sa chevelure emmêlée. Ses mains dansent quand elle parle d’une voix douce et fluette. On dirait une fée. Mais c’est une sorcière.



Une sorcière ? Mais oui, vous savez ? Celle qu’on brûle en la traitant de gueuse, de putain du diable. Celle qui est obligée de vivre à l’écart car elle fait peur.

Elles ont été nombreuses, ces femmes, à être pourchassées aux 16e, 17e, 18e siècles, parce qu’elles guérissaient à l’aide de leurs plantes, parce qu’elles avaient le cœur tourné vers les racines de la vie, parce qu’elles nourrissaient un lien intime et profond avec le ciel, l’herbe, les animaux, les montagnes.

En Ecosse, particulièrement.



Susan Fletcher nous emmène dans les Highlands en 1692, à travers la route parcourue par Corrag, cette petite jeune fille fragile, et qui pourtant a sauvé une partie de la population de Glencoe. L’auteure mêle un fait réel, le massacre du clan Mc Donald par les soldats du roi Guillaume d’Orange ayant pris le pouvoir sur le roi Jacques, à des faits inventés.

Corrag est-elle fictive ? J’espère que non, car des femmes comme ça devraient être réhabilitées, proclamées toutes-puissantes. Partie d’Angleterre, elle avait cherché refuge à proximité de ce clan perdu dans les hautes terres d’Ecosse après que sa mère – également une « méchante sorcière » - ait été sur le point d’être capturée pour être pendue. Elle avait su s’en faire aimer, car la bonté est reconnue par les gens simples. Mais le massacre a quand même eu lieu, malgré son intuition, malgré la force avec laquelle elle a essayé de convaincre ses amis de partir.

Et la voilà captive, jetée dans un sombre cachot, auprès duquel se déposent une à une les bûches avec lesquelles elle sera brûlée.

Mais Charles Leslie (il a existé), un révérend jacobite (càd pro-roi Jacques) lui rend visite et l’écoute raconter « ses quatre vies ». Il l’écoute, il l’écoute, il l’écoute. Et il écrit à sa femme. Et il prendra une grande décision…



Susan Fletcher a un talent particulier pour décrire la nature, grandiose et minuscule et tous les lieux. De la petite abeille au cerf sauvage et curieux, de la cabane au fond des bois aux rochers surplombant une vallée encaissée, de l’église abandonnée où nichent les pigeons à la garnison hérissée de barreaux et au cachot infâme, on est mêlé sans le vouloir à tous les endroits de cette histoire balayée par les vents et dominée par le ciel. Les saisons secouent les humains, mais Corrag, elle, préfère l’hiver.

Corrag qui est pleine de poésie et de compassion, Corrag qui proclame son amour de la vie, de chaque moment, mais qui voit le mal et voudrait tellement l’arracher de ses petites mains de fée.



Chasse aux sorcières, guerre des clans, traitrise, massacre.

Conte philosophique, liberté, bienveillance, ode à la vie.



C’est mon amie Claire qui m’avait parlé de ce roman, Claire qui était aussi un peu sorcière, et qui nous a quittés voilà déjà trois ans. Quel message lumineux tu m’as laissé à travers ce livre ! Merci !

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Avis de tempête

Parfois des critiques enthousiastes concernant un livre dormant dans ma pile à lire peuvent provoquer des déconvenues (cf. « L’île des oubliés » par exemple), je redoutais une bluette en ouvrant ce livre que j’ai abordé avec un peu de méfiance.



En fait, après un démarrage un peu difficile car je découvrais le style de l’auteure, je me suis vite attachée à Moïra, cette jeune écorchée vive, douée en sciences, en mathématiques, aux résultats scolaires brillants et évidement ce qui va avec : les camarades de classe la rejettent car elle est différente, c’est une handicapée des sentiments qui se trouve inintéressante, laide avec ses grandes mains et ses grands pieds, sa maigreur, on l’appelait « Sac d’os ».



Comme toujours, dans de pareilles circonstances, elle rejette les autres avant d’être rejetée. Elle est dure envers elle-même et envers les autres, sans concession ce qui la rend attachante : « Mais toi, plus que quiconque, tu sais ce qu’il y a de dur en moi. Un cœur de silex, et des yeux de silex. Une fille de pierre, cette pierre dont on fait les murs. Qui fait battre sa queue de sirène. » P 203



Derrière l’armure se cache une personnalité hypersensible qui ne veut pas montrer ses faiblesses et qui ne sait pas comment aller vers les autres, comment leur parler. Elle a toujours un air méfiant, maussade : « Non, pas maussade…mais sérieux : comme si l’objet de mes pensées étaient la paix mondiale, ou le remède à toutes les maladies. Comme si j’étais un puits de sagesse, dépositaire de secrets enfouis dans les tréfonds. » P 117



Au début, assise près d’Amy, elle lui parle parce qu’on lui a dit qu’il était bon de stimuler une personne dans le coma et elle ne sait pas quoi dire. Comment parler de cette jalousie quasi maladive, de son désir de voir disparaître le bébé qu’elle éprouvait autrefois. Elle s’aperçoit qu’elle est passée à côté de la vie, à côté de cette petite sœur dont elle ne sait rien mais aussi à côté de la vie de ses parents : sa mère lui écrivait en pension mais elle ne répondait jamais.



Deux personnes ont su se frayer un chemin : sa tante Til, comédienne à Londres, fantasque autant que Moïra est sérieuse et bien-sûr Ray son époux, artiste peintre, si différent d’elle. « Je me dis qu’elle (Til) était comme le vent, et que le vent, ce n’est pas une chose sur laquelle on peut compter.»P 143



Parfois, l’auteure emploie le « Je », parle au nom de Moïra et parfois, elle revient à la troisième personne pour décrire la vie de cette famille, ce qui est déroutant au départ. Et au fur et à mesure que l’histoire se déroule, on s’habitue à ce style particulier qui évoque l’ambiance d’un cabinet de psychanalyse, Amy jouant l’analyste muet, neutre dans son lit, tandis que Moïra raconte.



La nature est omniprésente dans ce roman, l’auteure décrit de façon magistrale la mer, les paysages sauvages, le rythme des saisons.



J’ai bien aimé ce roman car l’auteure nous décrit avec une écriture énergique, rythmée comme les marées abruptes, une héroïne a une forte personnalité et s’analyse sans concession. Il y a une petite musique Susan Fletcher qui entraîne le lecteur loin, l’interpelle. Bref j’ai passé un bon moment avec ce livre et je renouvellerai volontiers l’expérience avec, notamment « Un bûcher sous la neige ».



Note : 7,6/10
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Un bûcher sous la neige

Magnifique roman, tant par la plume, la construction du récit, les faits historiques, les descriptions et bien sûr le petit truc qui fait qu'on adhère totalement au livre et qu'on aimerait qu'il ne se finisse jamais.



Les faits se passent au XVII siècle en Ecosse, un massacre a eu lieu, les sorcières sont aussi pourchassées, brûlées, noyées, pendues... l'ignorance de l'homme mène à bien des horreurs.

notre petite sorcière, est pourtant pure, simple, en harmonie totale avec la nature, elle nous livrera sa vie au coeur de cette Ecosse, ce fut de réels moments de bonheur de partager cette vie en symbiose avec les éléments, la faune et la flore.

Mais d'un autre côté, il y les hommes avec leurs préjugés, leurs croyances, leurs peurs, et par peur, ils sont capables de tout et même de pire horreur.

L'homme convoite aussi toujours plus, pour un trône, pour une terre, quelques coups d'épée et l'affaire est faite...

Corrag, dit avec ses mots simples avec son amour et son respect de chaque être, cette évidence, que ce sont eux "les méchants" et non elle, pleine de bonté, de simplicité. Et puis le représentant de Dieu, le révérend qui rend visite à la petite sorcière, il l'écoute, chaque jour, et petit à petit, il commence à ôter les ornières, il voit et entend le coeur pur de Corrag, il a compris, il changera, et il deviendra aussi un homme au service de l'homme.

Très juste, bien équilibré entre les récits de Corrag, et les lettres du révérend , on est complètement emporté dans cette contrée sauvage à courir sur les crêtes, et tendre une pomme au cerf qui a faim (ceux qui liront ou ont lu le livre comprendront)



très beau récit, très belle plume, certes qui pourrait décourager certains, car il faut être patient pour connaitre la fin. Corrag a besoin de dérouler son histoire fait par fait, elle doit dire pour que le révérend retransmettre cette vérité.

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Un bûcher sous la neige

Une bibliothécaire me l’avait conseillé. L’écosse, les sorcières au XVIIe siècle et la grosseur du roman, pas trop tenté. Enfin, je finis de le faire attendre et me lance… Et je ne le regrette pas. Une histoire touchante, prenante, intéressante, aux personnages attachants. Corrag est emprisonnée pour sorcellerie est dans l’attente du bûcher. Elle racontera son parcours au Révérend Charles Leslie à qui elle va ouvrir les yeux et changer son optique sur le fait qu’il faut connaître les gens avant de se faire une opinion. Vie d’errance, mais surtout de liberté, de beaux passages de communication avec la nature et en particulier avec un cerf. Des faits réels sur le Massacre de Glencoe.



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Un jardin de mensonges

J’ai eu beaucoup de plaisir à déambuler avec Clara dans les serres de Kew Garden puis dans les jardins de Shadowbrook, rêvant sur ces superbes fleurs, sur leur parfum, sur les rêves qu’elles peuvent susciter.



J’ai eu de la peine pour Clara, la maladie des os de verre est particulièrement intolérable pour un enfant et j’ai été admirative de son envie de liberté et d’indépendance lors que l’histoire se déroule en 1914 mais je n’ai pas réussi à m’attacher à elle, il manque quelque chose à son personnage pour en faire une vraie personne.



Les mystères entourant le domaine de Shadowbrook ont attisé ma curiosité mais j’ai rapidement déchanté au fil des répétitions et des longueurs sans événements qui auraient pu m’accrocher ! Et le dénouement est un peu ridicule par rapport à tout ce qui a été mis en place pour y arriver !



Quelques coupes auraient donné un peu de mouvement à ce roman mais tous les moments botaniques sont très intéressants et très bien écrits.



#Unjardindemensonges #NetGalleyFrance
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Les reflets d'argent

Il était une fois une île…

Une île où vivent trois ou quatre familles, une île où des secrets couvent, bien au chaud dans les fermes et les chaumières, une île où les épouses sont aimées tendrement ou très mal, une île où celui qu’on aime meurt, une île où les enfants rêvent d’histoires magiques, dont celle de l’Homme-Poisson qui se montre de temps en temps pour donner de l’espoir aux êtres vivants.



Atmosphère feutrée, personnages secrets dont on suit les contours à travers leurs allées et venues sur la plage ou la lande, chagrins enfouis qui ressurgissent soudain, tout dans ce roman mène à l’introspection.

Roman choral, mené par une femme, une jeune veuve au cœur meurtri, qui un jour se prend d’amour pour l’homme échoué sur le rivage.

Culpabilité, souvenirs, fidélité, puissance du deuil…



Tout m’est cher, mais malgré cela, l’ennui m’a guettée plus d’une fois. Beaucoup de redites lancinantes, énormément de personnages ayant chacun des rêves et des remords…Cela m’a été très difficile de suivre ces sinuosités obsédantes.

Heureusement que l’arbre généalogique en début d’ouvrage m’a servi de pilier, mais que d’agacement de devoir sans cesse le consulter !



Malgré tout, je peux dire que j’ai aimé ce livre. Il m’a tenu compagnie dix jours durant, et j’en ai même rêvé plusieurs nuits.

Car on ne peut se soustraire au pouvoir mystérieux de l’île et de ses habitants, de cette mer enveloppante et de la lumière aux reflets d’argent.

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Un jardin de mensonges

Aucun souvenir de la critique qui m'a amenée vers ce livre. Aucun souvenir non plus de l'histoire si j'en avais connaissance. C'est donc vierge de tout a priori que je me suis lancée dans cette lecture.

D'abord une jolie couverture : des orchidées au premier plan, une silhouette féminine au second et une serre au dernier. Vraiment une couverture très jolie.

.

Je commence l'histoire à la rencontre de Clara, l'héroïne du roman, jeune fille de 20 ans en cette année 1914. Anglaise, malade, gravement malade et rendue difforme par cette maladie.

Passionnée de plantes, fleurs, arbres, elle se voit proposer un séjour dans un manoir anglais pour installer une serre de plantes tropicales.

Jusque là j'étais bien installée dans mon roman, ma campagne anglaise.... Et puis je tombe dans la part gothique de ce roman avec fantôme, objets déplacés, bruits nocturnes.... Ca m'a amusée car je l'avoue je ne suis pas adepte de ce genre de romans ! Une occasion ma foi ! Et en fait je me suis bien plu dans ce roman, j'ai accroché à l'ambiance d'étrangeté du manoir, de son propriétaire, des mystères antérieurs...

Alors fantôme ou pas fantôme ? Qui était cette Véronique qui hanterait le domaine, château comme jardins ?

.

J'ai passé un bon moment en compagnie des personnages créés par l'auteure. Il n'est pas dit que ce livre me laisse un souvenir impérissable mais je me suis bien laissée prendre par l'histoire !
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Un bûcher sous la neige

Prendre le temps de lire ce roman et le savourer dans toute sa splendeur d'écriture, c'est aussi comme l'a écrit l'auteure, c'est "prendre plaisir aux minuscules signes de vie que la plupart d'entre nous ne perçoivent pas, étant trop pressés : une abeille dans une corolle, le son qu'un poisson produit avec sa bouche. Et je sais que tu es toi aussi sensible à de telles délicates choses."

Eh bien c'est ce que j'ai fait avec ce chef-d'oeuvre, je me suis tellement sentie proche de cette atmosphère écossaise que j'ai eu l'impression de faire un retour dans une vie antérieure.

J'ai beaucoup aimé toutes ces descriptions de la nature, cette vie de vagabonde chez notre personnage, pauvre petite sorcière ô combien honnie, bafouée et condamnée au bûcher et voir un peuple dominé par sa religion et ses croyances au XVIIe siècle en pleine période de chasse aux sorcières.

J'ai aussi savouré toutes ces présentations botaniques pour chaque début de chapitre nous donnant les propriétés d'une plante ou bien d'une fleur, c'est un pur plaisir personnel pour lequel je suis en pâmoison.

Sans oublier toutes les sensations exprimées dans leur moindre petit détail, c'est absolument fabuleux.

Ce livre est magnifique.

Et oui, ma critique est purement subjective mais je saurai la relire et la conserver dans ma bibliothèque personnelle sur babelio.
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Un bûcher sous la neige

Inverary, XVIIe siècle, au cœur des Highlands : en plein hiver, Corrag, une jeune fille accusée de sorcellerie croupit dans un cachot sordide. Elle a été témoin des massacres qui ont ensanglanté Glencoe et le clan MacDonald et, en attendant le dégel et son bûcher, elle est interrogée par Charles Leslie, pasteur anglican qui enquête sur ces massacres en pleine révolution jacobite.

Celui-ci est venu interroger la « sorcière », il découvre une jeune fille étrange, presque une enfant, qui lui raconte l’existence qui fut la sienne et qui lui a valu le qualificatif de « sorcière ».

La voix confiante et naïve de Corrag s’élève dans un hymne poétique à la nature, décrivant avec force détails les landes et les montagnes écossaises balayées par les vents glacés, la pluie et la neige, la faune et la flore et s’entrecroise avec les lettres de Charles à sa femme qui peu à peu, abandonne ses préjugés et oublie la sorcière pour voir la jeune fille, sa différence et à sa pureté.

Véritable réquisitoire pour la tolérance, un récit émouvant et très poétique qui, à partir d’un fait historique, met en exergue la différence, et la méfiance, voire la violence qu’elle suscite.

Et en refermant ce livre, on n’a qu’une envie, aller découvrir les Highlands, les lochs et les glens, les Campbell et les MacDonald en sirotant un single malt !

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Les reflets d'argent

Une île.

Tout autour, la mer.

Sur l'île, ses habitants. Quelques familles qui vivent là depuis plusieurs générations.

Des légendes. Un homme-poisson avec une immense queue aux reflets d'argent.

Et puis, Maggie, dont le mari a disparu il y a 4 ans, englouti par les eaux.



J'ai adoré ce roman.

Il se contemple, tranquillement, comme on contemple la marée montante sur des rochers, aveuglée par les faisceaux de lumière d'un phare.

Il se savoure ; il a le goût sauvage des baies qu'on trouve au détour d'un sentier.

Il est parfois doux comme la laine des moutons mais âpre comme la boue séchée sur l'échine des cochons.

Il a le parfum d'un bouquet de fleurs des champs ou d'un fragile bouton de rose.

Et puis, surtout...

Il résonne du bruit de la mer, du cri des mouettes, des froissements dans les herbes hautes, de la respiration d'un homme qui s'éveille, de coups de pied violents, de pleurs silencieux, du tintement de la cordelette aux clochettes dans le vent du nord.



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Avis de tempête

Une jeune femme, Moïra se raconte. Elle raconte sa naissance et son enfance, ses parents, sa vie heureuse avant la naissance de sa petite soeur : paquet puant, criant et collant. Pendant onze ans elle a été la fille unique et chérie et elle pensait qu’elle aurait toute sa vie ses parents pour elle seule. Les désillusions sont cruelles. Moïra laissera la place à sa petite soeur et partira en pension loin, très loin de la maison, refusant la plupart du temps de rentrer pour les vacances. Elle va se construire seule, cette fille sauvage et libre. Moïra se raconte. Elle est au chevet de sa petite soeur, Amy, plongée dans un coma, depuis de longues années. Tout à tour à la première personne, impliquée, à la troisième personne, prenant du recul sur les événements. Moïra apprivoise l’amour qu’elle a refusé jusqu’ici à Amy. Il ne se passe rien dans ce livre sinon l’amour d’une famille qui transpire à chaque page mais qui a pris des chemins de traverse. C’est beau, bouleversant et déroutant.
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La fille de l'Irlandais

Perdre sa mère à 7 ans est déjà un traumatisme. Être gardée par une voisine, récupérée par les services sociaux et emmenée chez ses grands-parents sans un mot d’explication est aussi un choc émotionnel. Eve reprend vie chez ses grands-parents qui l’entourent d’attentions et d’amour. Elle vit maintenant à la campagne, avec les colporteurs de ragots en tous genres, les gardiens des légendes méchantes et ceux qui décident de mettre à l’écart une personne différente d’eux. Eve n’a pas de chance : elle est rousse, a du caractère, et son père, inconnu pour elle, a laissé de mauvais souvenirs aux villageois. La disparition d’un fillette de son âge la première année de son arrivée va relancer la suspicion et le mystère dans le village. Eve a maintenant 29 ans et est enceinte. Ses grands-parents sont décédés et elle est restée au village sur ses terres. Comme toutes les femmes qui sont sur le point de donner la vie, elle se retourne sur son passé, à travers les lettres et objets de sa mère, conservés précieusement toutes ces années dans un coffret. Malgré la violence de certains faits et ressentis, c’est une histoire douce et paisible, une transmission d’amour, l’acceptation des faits et une recherche pour conserver le bien-être, un certain bonheur ou un bonheur certain.
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Un bûcher sous la neige

Le XVIIème siècle semble décidément avoir été celui de la chasse aux sorcières un peu partout en Europe.

Sur fond de politique religieuse, on pendait, massacrait, brûlait ceux qui ne prêtaient pas allégeance au pouvoir en place ou celles qui vivaient en marge de la société, couraient les montagnes et utilisaient les simples comme remèdes.



Du fond de son cachot, menotée de fers et assistant impuissante à l'édification du bûcher qui la consumera, Corrag, enfant de l'hiver et des montagnes, parle des Highlands à Charles Leslie, pasteur irlandais.

Elle lui raconte la nature si belle qu'elle se suffit à elle-même, le regard des hommes qu'elle fuit sous les injures et la violence, mais aussi l'amour et l'amitié partagés dans le clan maudit des Mc Donald.

Pauvre Corrag si fragile et pourtant si forte, condamnée et pourtant tellement vivante.

Corrag au coeur pur, à l'âme généreuse et sensible, aux pieds agiles, toi qui cours de vallées en collines à la fois craintive et avide de tendresse, ton esprit habitera à jamais ces contrées qui ont été ton refuge.



Un roman attachant, émouvant, qui nous entraîne au coeur d'une nature sauvage et étincellante à la suite d'une jeune femme farouchement elle-même.

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Un Bûcher sous la Neige

Comment s'appelle la mère de Corrag ?

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