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Citations de Svetlana Alexievitch (920)


"Vous ne devez pas oublier que ce n'est plus votre mari, l'homme aimé, qui se trouve devant vous, mais un objet radioactif avec son fort coefficient de contamination. Vous n'êtes pas suicidaire, prenez vous en main."
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La chose la plus juste au monde, c'est la mort. Personne ne peut se cacher d'elle. La terre reçoit tout le monde, les bons et les mauvais, les pécheurs. Mais il n'y a aucune autre justice au monde.
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Avant l'opération, je savais déjà que j'avais un cancer. Je pensais qu'il ne me restait que quelques jours à vivre et je n'avais pas envie de mourir. Je remarque soudain chaque feuille, la couleur vive des fleurs, le ciel brillant, l'asphalte d'un gris éclatant et, dans ses fissures, les fourmis qui s'affairent. Je pense : "Non, il faut les contourner". J'ai pitié d'elles. Pourquoi faudrait-il qu'elles meurent ? Et l'odeur ! L'odeur de la forêt me donne le vertige... Je la perçois encore plus fortement que la couleur. Les bouleaux si légers, les sapins si lourds... Et je ne verrai plus tout cela ? Vivre une minute, une seconde de plus ! Pourquoi ai-je perdu tant d'heures et de jours devant la télé ou un tas de journaux ? Le principal c'est la vie et la mort.
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J'avais des chiffres, des cartes. Et eux ? Ils pouvaient m'interner en asile psychiatrique. En tout cas, ils m'ont menacé de le faire. Ils pouvaient organiser un accident de voiture. Ils m'ont prévenu de cela, aussi. Ils pouvaient également ouvrir une information judiciaire pour activités antisoviétiques. Ou pour escroquerie, par exemple, à cause d'une caisse de clous qui n'avait pas été enregistrée par l'économie de l'institut.
Une enquête a été ouverte... Et ils ont obtenu les résultat souhaités : j'ai été victime d'un infarctus... (Il* se tait)
Page 217
*L'ancien directeur de l'Institut de l'énergie nucléaire de l'Académie des sciences de Biélorussie.
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Quatre ans sont passés. Il n'y a qu'une chose qui n'a pas changé, la mort, que les gars ont été tués. Tout le reste a changé.
Il n'y a pas longtemps, j'étais chez le dentiste. Nous sommes tous revenus avec le scorbut, de la parodontose. On a bouffé tellement de chlore ! On m'a arraché une dent, puis une autre. De douleur (l'anesthésie n'avait pas pris), je me suis mis à parler... Je ne pouvais plus m'arrêter. Et la dentiste me regardait presque avec dégoût, je pouvais voir tout ce qu'elle ressentait : il a du sang plein la bouche et il trouve le moyen de parler. J'ai compris que tout le monde pensait ça de nous : ils ont la bouche pleine de sang, et ils trouvent encore le moyen de parler.
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Un être humain. En réalité, c'est là que tout se passe.
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"Je me demande pourquoi on écrit si peu sur Tchernobyl. Pourquoi nos écrivains continuent-ils à parler de la guerre, des camps et se taisent sur cela ? Est ce un hasard ? Je crois que, si nous avions vaincu Tchernobyl, il y aurait plus de textes. Ou si nous l'avions compris. Mais nous ne savons pas comment tirer le sens de cette horreur. Nous n'en sommes pas capables. Car il est impossible de l'appliquer à notre expérience humaine ou à notre temps humain...
Alors vaut-il mieux se souvenir ou oublier ?"
Evgueni Alexandrovitch Brovkine, enseignant à l'Université de Gomel.
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Nous sommes retournés chez nous. J'ai enlevé tous les vêtements que je portais et les ai jetés dans le vide-ordures. Mais j'ai donné mon calot à mon fils. Il me l'a tellement demandé. Il le portait continuellement. Deux ans plus tard, on a établi qu'il souffrait d'une tumeur au cerveau... Vous pouvez deviner la suit vous-même. Je ne veux plus en parler.
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Avant, je repensais souvent à notre "vie de cuisine". Ah, l'amour, en ce temps-là! Et les femmes! Ces femmes-là méprisaient les riches. On ne pouvait pas les acheter. Tandis que maintenant, personne n'a plus le temps pour les sentiments, tout le monde court après l'argent. La découverte de l'argent, cela a été comme l'explosion d'une bombe atomique...
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Lorsque je suis rentré d'Afghanistan, je savais que j'allais vivre. Mais Tchernobyl, c'était le contraire : cela ne tuerait qu'après notre départ...
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La perestroïka a permis à beaucoup de voix courageuses de se faire entendre dans le pays. La voix de Svetlana Alexievitch est l’une d’elles. « Nous n’avons pas d’autre choix, dit-elle. Soit nous ferons preuve de courage et apprendrons toute la vérité sur nous-mêmes, soit nous resterons à croupir dans les oubliettes de l’Histoire. »
Dimitri SAVITSKI
Septembre 1990
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Je reste là au milieu d'eux tous. Je soupire. On peut parler avec les morts comme avec les vivants. Je ne vois pas de différence. Je les entends, les uns comme les autres. Lorsqu'on reste tout seul... Et lorsque la tristesse vous gagne... Une tristesse immense...
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Il ne faut pas oublier dans quelle situation nous nous trouvions, il y a dix ans. Le K.G.B. fonctionnait, on brouillait les radios occidentales. Il y avait des milliers de tabous, de secrets militaires, de secrets du parti… De plus, nous avions été élevés dans l’idée que l’atome pacifique soviétique n’était pas plus dangereux que le charbon ou la tourbe.
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Svetlana Alexievitch
"Mais il y a de nouveau des dizaines de milliers de gens qui descendent dans la rue. Qui se tiennent par la main. Ils ont des rubans blancs sur leurs vestes. Un symbole de renaissance . De lumière. Et je suis avec eux "
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Ma fille m'a dit récemment : "Maman, si j'accouche d'un bébé difforme, je l'aimerai quand même." Vous vous rendez compte ? Elle est en terminale et elle a déjà des idées pareilles. Ses copines aussi, elles pensent toutes à cela... Un garçon est né chez des amis à nous. Il était tellement attendu ! Vous pensez, le premier enfant d'un couple jeune et beau ! Mais le bébé a une énorme fente en guise de bouche et pas d'oreilles... Je ne vais plus chez eux. Je ne passe plus comme avant. Cela m'est impossible, mais ma fille y fait des sauts. Elle a envie de les voir. J'ai l'impression qu'elle veut se faire à l'idée...
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La mort n'a pas de mystère pour les gens qui sont à la guerre. Tuer, c'est simplement appuyé sur la détente. On nous apprenait que pour rester en vie il fallait être le premier à tirer avec précision. C'est la loi de la guerre. Le commandant disait : "ici vous devez savoir faire deux choses : vous déplacer rapidement et tirer avec précision. Mais penser, c'est mon affaire." Nous tirions où on nous disait de tirer. J'avais appris à obéir aux ordres. Je n'épargnais personne. Je pouvais facilement tuer un enfant. Car tout le monde nous faisait la guerre, les hommes, les femmes, les vieux, les enfants. [...] Car chacun essayait de survivre. Pas le temps de réfléchir. Il ne faut pas oublier que nous avions de dix-huit à vingt ans. Je m'étais habitué à la mort des autres, mais j'avais peur de mourir. J'ai vu qu'en une seconde, il pouvait ne plus rien rester d'un homme, comme s'il n'avait jamais existé.
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« Bonnes gens, laissez-moi tranquille ! Nous autres, nous habitons ici. Vous, vous allez causer et repartir. Mais nous resterons !
Regardez ces cartes médicales. Je les prends. Je les compulse chaque jour !
Ania Boudaï, née en 1985 : 380 rems.
Vitia Grinkevitch, né en 1986 : 785 rems.
Nastia Chablovskaïa, née en 1986 : 570 rems.
Aliocha Plenine, né en 1985 : 570 rems.
Andreï Kotchenko, né en 1987 : 450 rems...
On prétend que ce n’est pas possible. Comment peuvent-ils vivre avec une thyroïde pareille ? Mais c’est la première fois qu’un tel événement se produit dans le monde. Je lis... Je vois... Jour après jour. Pouvez-vous être d’un quelconque secours ? Non ! Alors, à quoi bon venir ? Nous poser des questions ? Nous toucher ? Je ne veux pas faire commerce de leur malheur. Ou philosopher là-dessus. Bonnes gens, laissez-moi ! C’est à nous de rester vivre ici. »
Arkadi Pavlovitch Bogdankevitch, assistant médecin.
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J'ai tellement travaillé toute la vie, j'ai eu tant de chagrins ! J'ai eu assez de tout et ne veux plus rien.
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Quand je vois passer un homme avec sa femme et son enfant, mon cœur se déchire... Si tu pouvais te relever juste pour un instant... Voir comme ta fille a grandi!... Pour toi, cette guerre absurde est terminée... Pour moi, non...Et c'est pour notre fille qu'elle sera la plus longue...
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Ceux qui ont vécu des humiliations ou qui ont connu la vraie nature de l'homme se fuient inconsciemment les uns les autres. (p.119)
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