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Critiques de Sylvain Tesson (3085)
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Sur les chemins noirs

Épigraphe :

Je vais sortir. Il faut oublier aujourd'hui les vieux chagrins, car l'air est frais et les montagnes sont élevées. Les forêts sont tranquilles comme le cimetière. Cela va m'ôter ma fièvre et je ne serai plus malheureux dorénavant. (Thomas de Quincey, Confessions d'un mangeur d'opium.)



Ce livre de Thomas de Quincey qui l'accompagne sur les chemins noirs, Sylvain Tesson en fera cadeau à l'une de ces rencontres, Lucien l'ermite qui s'est établi en retrait près de la Chapelle Notre-Dame de Lure.



C'est en regardant la télé allongé sur son lit d'hôpital, où son plus fidèle compagnon est un arbre qui, "par la fenêtre lui insuffle sa joie vibrante", qu'il va entendre parler d'un rapport sur les départements hyper-ruraux restés à l'écart que n'atteint pas le réseau internet, "une France protégée de "l'aménagement" qui est la pollution du mystère". Il se fait une promesse "Si je m'en sors, je traverse la France à pied".

A partir de ce rapport qu'il se procure, il va établir un plan de fuite qui lui fera prendre, en diagonale, des chemins non balisés partant de l'extrême sud, la vallée de la Roya proche de la frontière italienne d'où il partira un 24 août pour atteindre un 8 novembre "le bord de la Carte et la fin du territoire", le sémaphore de la Hague, le point le plus septentrional du Cotentin. Il va fuir les médecins qui "dans leur vocabulaire d'agents du Politburo recommandent de se rééduquer ". Sa rééducation, il choisit de la poursuivre lui-même en s'en allant par "les chemins cachés bordés de haies, par les sous-bois et les pistes à ornières reliant les villages abandonnés."

Il y souffrira mais s'il fait allusion à ses souffrances c'est en passant, sans s'y arrêter. Ces notes sont aussi pleines de belles rencontres inattendues et d'amitié, celle de Cédric Gras, Arnaud Humann, Thomas Goisque, sa soeur qui l'accompagneront momentanément ainsi que des écrivains aimés : Giono, Karen Blixen, Jean Henri Fabre, René Fregni qui a écrit un roman intitulé "Les chemins noirs" qui raconte sa cavale, et d'autres...



Ce petit livre est une bouffée d'air dans notre monde de plus en plus formaté et uniformisé. Il nous montre que nous pouvons exercer notre liberté de dire non et faire un pas de côté pour rejoindre la "Confrérie des chemins noirs". Et ces chemins "dessinés sur la carte et serpentant au sol, ils se prolongeraient en nous-mêmes, composeraient une cartographie mentale de l'esquive".



On sait en lisant les mots qui suivent que Sylvain Tesson a pleinement réussi sa rééducation, même si des douleurs persistent ainsi que les nuits d'insomnies :

"Tout corps après sa chute -- pour peu qu'il s'en relève -- devrait entreprendre une randonnée forcée. L'effort, depuis le Mercantour, faisait son office de rabot, ponçait mes échardes intérieures. Je demeurai ce soir-là assis sur un banc de pierre contre le mur d'une maison, devant les prés salés. En face, la ligne de côte de Cancale. Au nord, la brume gazeuse de la mer et du ciel. Au sud, une lumière de tableau italien. C'étaient le moment de faire mes dévotions à la marche, à ma mue, à ma chance."

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Dans les forêts de Sibérie

Eblouissant et poétique, joyeux et plein de sens, je viens de terminer « Dans les forêts de Sibérie » et j’en suis baba !

Quand on a des idées noires, qu’on se sent neurasthénique, décider d’aller s’enterrer tout seul pendant 6 mois dans une cabane en Sibérie n’est pas forcément le premier truc qui vient à l’esprit : relever ce défi était déjà une gageure mais en plus en tirer un livre magnifique : CHAPEAU !

Sylvain Tesson n’est certes pas un tire-au-flanc et il a beau dire que la méditation est un truc pour justifier la paresse, on sent bien que la paresse n’est pas son penchant naturel et heureusement pour lui car pour survivre en hiver au bord du lac Baïkal, fendre le bois de chauffage, aller puiser l’eau pour boire et cuisiner, sortir pêcher sa nourriture, il faut de l’énergie ! Il faut aussi une sacrée dose de détachement pour supporter la solitude pendant 6 mois dans un endroit où il n’y a rien d’autre à faire que se fondre dans la nature, observer le passage des saisons, la vie végétale et le fourmillement animal, resserrer sa vie autour de l’essentiel en apprivoisant le temps.

Avec l’aide de cigares, de livres et de stocks conséquents de vodka, il arrive au terme de ces 6 mois pénétré par la beauté de la nature et convaincu qu’elle suffit au bonheur : belle sagesse qu’il nous transmet dans un texte magnifique, empreint de ses réflexions au quotidien, tour à tour drôle et poétique, on ne s’ennuie pas une seconde et on se prend à souhaiter avoir le courage et l’énergie pour se lancer dans une aventure de ce genre…

PS : A compléter par les magnifiques images du film qu'il réalisé lui-même, (50mn sur youtube) !

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La panthère des neiges

Quelle aventure ! L'œil de Vincent Munier et la plume de Sylvain Tesson ! C'est magique !

Un fabuleux témoignage sur ces immensités sauvages encore préservées mais pour combien de temps ? Le tibet, haut-lieu spirituel, sanctuaire animalier en passe de devenir un important site ésotérique du vingt-et-unième siècle car il importe de garder secret un tel endroit. Tant pis, je n'irai pas mais j'ai vécu un très beau voyage sans les désagréments : froid, longues marches, attente... Les loups, les yacks, la panthère, tout n'est qu'émerveillement d'autant que Sylvain Tesson est très inspiré et il nous livres de magnifiques commentaires, avec son incroyable vocabulaire et ses audaces folles quand à la conjugaison, je suis toujours très admirative de son style et de ces citations, aphorismes, réflexions.

Mais c'est avant tout le récit d'une complémentarité entre Sylvain Tesson toujours en mouvement, le cerveau en ébulition, donnant sa vision de la planète et des hommes qui joue un peu les candides car il passe souvent à côté de toute cette faune et Vincent Munier, ce photographe animalier passionné par son art, toujours en contemplation devant la nature à la recherche du moindre indice permettant d'approcher la panthère des neiges pour ramener quelques photographies de ces espèces en danger.

Un grand merci à ces quatre personnes : n'oublions pas Marie, la compagne de Vincent Munier et Léo, son aide de camp pour ce magnifique récit qui nous apporte aussi une vision du Tibet sous domination chinoise car ces quatre personnes prennent la température de la planète à chaque voyage et nous informent des changements en bien comme en mal.

Pour une fois malgré ce que Sylvain Tesson en dit : "Elle s'était adaptée pour peupler des endroits invivables et grimper les falaises. C'était l'esprit de la montagne descendu en visite sur la Terre, une vieille occupante que la rage humaine avait fait refluer dans les périphéries." Peut-être a-t-elle baissé sa garde pour nous montrer ce que nous risquons de perdre si nous n'y prenons garde.
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Sur les chemins noirs

Après les ravages causés par sa chute, plutôt que marcher sur un tapis roulant dans un Centre de rééducation, il a choisi la marche, un exercice qui lui est familier.

Après avoir baroudé dans les pays étrangers, sa remise en forme, sa renaissance, il la réalise sur les chemins de France, les chemins noirs, sentiers parfois devenus inexistants. Son voyage salvateur débute le

24 août à la frontière italienne et s'achève le 8 novembre à l'extrémité du Cotentin. S'il a démarré seul, quelques parcours se font en compagnie de son ami Cédric Gras et d'une de ses soeurs ; le voyage s'achève avec ses deux amis, Goisque et Humann. Les chemins noirs, plus qu'un récit de voyage, est une ode au courage et à l'amitié. Sylvain Tesson, un grand écrivain que j'admire. À lire !



Challenge Petits plaisirs - 142 pages
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Sur les chemins noirs

Si vous rêvez de longues journées de marche, perclus de douleurs aux pieds, perdus dans un massif, ce livre est fait pour vous. Le projet de Sylvain Tesson est de traverser la France des Alpes-Maritimes à la Manche en empruntant des petits sentiers. Il souhaite suivre la diagonale du vide, éviter au maximum le territoire urbanisé, aménagé et organisé. En clair, contourner les parkings d'Intermarché, les zones d'activité et les lotissements pavillonnaires pour découvrir le « vrai » pays. Sylvain Tesson va donc traverser le désert français. Pour ce faire, il récupère une carte de l'« Hyper-ruralité » issue d'un rapport gouvernemental sur l'aménagement des campagnes. Il va aussi se munir de cartes IGN qui vont lui permettre d'éviter les itinéraires balisés. En route !



« C'était un voyage né d'une chute ». C'est un homme au coeur et au corps meurtris qui se lance dans cette longue pérégrination sur les chemins noirs. L'auteur a été hospitalisé plusieurs mois après un accident grave. Son corps est désormais diminué, déformé et blessé. La marche est appréhendée comme un exercice salutaire qui doit permettre la rémission. Elle doit aussi l'aider à faire le deuil de sa mère. Il reconnaitra parfois son visage dans les paysages majestueux. Il poursuit également un objectif de fuite. Il s'agit d'éviter le "dispositif", de se cacher du regard d'une société omnisciente et bruyante.



L'aventurier est diminué et l'écrivain a gardé ses raideurs . Ce texte a à mes yeux les mêmes défauts que « Dans les forêts de Sibérie ». Cela manque de naturel et de naïveté. Sylvain Tesson a une lecture trop intellectuelle de son aventure. Il s'agit plus d'un carnet de réflexions que d'un véritable récit de voyage. Son constat sur la France est pourtant juste et argumenté. Il emprunte à de nombreux domaines : littérature, géographie, histoire. Le résultat est un texte sentencieux qu'agrémentent parfois des envolées poétiques ou des fulgurances.



Si les terroirs de l'« Hyper-ruralité » sont un terrain de jeu pour l'aventurier convalescent, il ne faut pas oublier que ceux qui y naissent sont démangés par l'envie de gagner une métropole. Ces territoires ont échappé bien malgré eux à la modernisation et à l'aménagement et sont victimes de leur faible attractivité. L'auteur est-il si différent dans sa quête d'authenticité que les touristes américains venus visiter une Provence "fantasmée" ?



Ce que je retiens de ce livre, c'est qu'il est une invitation au voyage. Il y a une autre France en marge, dépassée, anachronique, « ombreuse protégée du vacarme ». Ces contrées sauvages peuvent être reconquises le temps d'une randonnée et permettre ainsi au marcheur de s'éloigner d'une civilisation bruyante et agitée. Pour ma part, j'ai les pieds qui me démangent et j'ai bien l'intention d'emprunter à mon tour les chemins noirs pour trouver dans les paysages ce que ce livre n'a pas su m'offrir.
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Bérézina

Avec Sylvain Tesson, chez moi, c'est haine et passion.



Il a, d'abord une fâcheuse tendance à m'énerver de par son orgueil, sa façon de balancer son savoir littéraire, ses leçons de géographie et d'histoire (qui ne nous apprennent rien de plus que d'autres manuels), et son faux côté cool dans les moments difficiles.



Et, j'oubliais ses aphorismes à deux balles qui nous sont envoyés, certainement pendant une intraveineuse de vodka.



Et puis, il y a cet autre côté du personnage de Tesson, qui m'aimante et qui me pousse à l'admiration. C'est un type "no limit", un électron libre, un casse cou, un forcené aux pieds d'argile; un peu comme le pays qu'il arpente depuis des années : la Russie.

Pour Tesson, tout est à explorer chez ce voisin Slave, et le territoire et l'âme. Il est un amoureux indéfectible de cet Empire qui a vu naître Tolstoï et Dostoïevski.Il baigne, là bas dans une Vodka de bonheur, quitte à s'y noyer. Parce que Monsieur Tesson veut toujours explorer cette Russie, jusqu'à la mort s'il le faut. C'est un suicidaire qui n'a de comptes à rendre à personne.



Entre cette haine et cette passion que je rumine, j'ai donc attaqué ce énième récit de cette figure de proue de la littérature voyageuse française. Je m'y suis engouffré :

- pour suivre l'épopée Napoléonienne en Russie?

- pour suivre les nouvelles aventures de ce post-adolescent, fils à papa de Tesson?

- pour vivre jalousement son périple que je ne serais pas en mesure de faire?

...

Le livre, je l'ai fermé avec les mêmes questions qu'avant. J'ai envie de débiner ce géographe (comme moi), comme j'ai envie de l'encenser. Je n'arrive plus à prendre du recul.

Mais, c'est sûr, son prochain livre, je le lirai.
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Dans les forêts de Sibérie

Challenge ABC 2016-2017



Wow. Passer six mois au fond de la Sibérie, seul, en autonomie, au milieu d'une nature magnifique, ça a de quoi faire rêver ceux qui, comme moi, pensent parfois qu' « Il est bon de n'avoir pas à alimenter une conversation. D'où vient la difficulté de la vie en société? de cet impératif de trouver toujours quelque chose à dire ». Sylvain Tesson a probablement vécu une expérience inoubliable, en plus d'avoir réalisé un rêve. C'est bien sûr tout à fait respectable, admirable, enviable.



Le problème, c'est que sa manière de raconter cette aventure est loin de m'avoir convaincue.

D'abord, pourquoi ce livre ? Pourquoi 270 pages quand on a si peu à dire, rien d'autre que des listes de matériel et de livres et des comptes-rendus fastidieux de journées passées à (cocher la/les mention(s) inutile(s)) : boire de la vodka, fumer des havanes, lire, dormir, marcher en raquettes, regarder le thermomètre, patiner, observer les mésanges, écouter le silence, rester à l'abri de la tempête, pêcher, taper la discute avec les Russes du coin, faire semblant d'être poli avec les rares fêtards ou touristes envahissant les lieux de leur vacarme ou de leur quête d'exotisme.

Pourquoi ce livre, donc ? Peut-être parce que c'est une commande d'éditeur, calibrée pour l'attribution d'un prix littéraire téléphoné ? Toujours est-il qu'en fait de prix, ce bouquin a obtenu le Médicis de l'essai. Oui, de l'essai. Mais un essai sur quoi ? La vie d'ermite, pardi. La thèse de l'auteur étant qu'un tel mode de vie - dépouillé de tout confort matériel, au plus près de la nature – est forcément ce qu'il y a de mieux, il se met en devoir de pontifier avec une condescendance horripilante sur le « barnum de la vie urbaine » et sur tout ce qu'il lui « fallait déployer d'activité, de rencontres, de lectures et de visites pour venir à bout d'une journée parisienne ». Et de nous servir, à l'appui de son « analyse », quantité d'aphorismes philosophico-poétiques lourdingues et prétentieux du genre « La ruée des peuples vers le laid fut le principal phénomène de la mondialisation.(...) le mauvais goût est le dénominateur commun de l'humanité. (...) L'esthétisme est une déviance réactionnaire », « La vie dans la cabane est une profession de foi énergétique aux antipodes du prométhéisme historique », « qui prétendrait que le ressac n'est pour rien dans les rêves du faon, que le vent n'éprouve rien à se heurter au mur, que l'aube est insensible aux trilles des mésanges ? ».

On n'est pas à un paradoxe près : affirmer qu' « on dispose de tout ce qu'il faut lorsqu'on organise sa vie autour de l'idée de ne rien posséder » et dans le même temps se munir, entre autres, de panneaux solaires, GPS, téléphone satellite, appareils électroniques, équipement de haute montagne hightech gracieusement fournis par Millet (cf les remerciements en fin de livre), de caisses de livres, de vodka et de cigares, faut avouer que le mythe du dénuement et de l'auto-suffisance en prend un coup. Et pas un mot sur le coût financier et l'impact écologique de la logistique d'une telle aventure.

Mais enfin, quelle importance si tout cela permet à l'auteur de répondre à sa plus grande interrogation : « je vais enfin savoir si j'ai une vie intérieure ». Mais non ? Mais si... Je le plains sincèrement de tout mon coeur d'avoir dû attendre l'âge de 37 ans et passer six mois quasi-seul au milieu de quasi-nulle part pour être capable de répondre à cette question...



Non non la prose de Mr Tesson ne me convainc pas avec son style fatiguant à force de chercher l'originalité et le beau mot à chaque phrase et ses airs de supériorité (« Comment peut-on encore conserver une télé chez soi ? », « Ce soir je finis un polar. Je sors de cette lecture comme d'un dîner chez McDo : écoeuré, légèrement honteux »), pas compensée pour un sou par une séance d'auto-flagellation douteuse : « Que suis-je ? Un pleutre, affolé par le monde, reclus dans une cabane, au fond des bois. Un couard qui s'alcoolise en silence pour ne pas risquer d'assister au spectacle de son temps ni de croiser sa conscience faisant les cent pas sur la grève ».

Moralisateur, pédant, creux, ennuyeux, le pire de ce qui peut arriver à un livre.


Lien : https://voyagesaufildespages..
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Blanc

Un titre magnifique pour un livre qui l'est tout autant dans lequel j'ai retrouvé avec très grand plaisir le style alerte de Sylvain Tesson, sa vision personnelle du voyage, de la montagne qu'il décrit aussi bien que la steppe ou le désert, ses aphorismes, ses références mythologiques, religieuses et même évangéliques, toute une poésie qu'il partage avec ses deux compagnons au long de cette traversée dans Le Blanc, une vingtaine de journées à la fin de l'hiver des quatre années 2018, 2019, 2020 et 2021.



Ils partent de Menton pour arriver à Trieste et si certains ont perçu des répétitions dans sa narration, je les ai personnellement ressenties comme nécessités pour imprégner définitivement le lecteur de ce parcours, avec ces départs dans le froid, ces douleurs, angoisses et fatigues éprouvées au long de ces journées, ces quiétudes des soirées et nuits dans des refuges où Sylvain et ses deux compagnons furent souvent les seuls occupants.



Ce périple s'effectue à skis, avec des montées harassantes parfois, des descentes risquées dans des pentes souvent autour de 45 degrés, dans Le Blanc absolu qui amène Sylvain à disserter sur la plénitude de la neige, de son enveloppement, de son caractère changeant et éphémère, donc toute une série de pensées sur ce grand Blanc qui emporte le lecteur vers un univers féerique sur les arêtes, les crêtes, les dômes, les rondeurs sensuelles de la montagne, un monde toujours poétiquement évoqué par Sylvain Tesson.



Il commet toutefois une petite erreur à la page 120 en disant s'être "incliné sur la tombe de Whymper" à Zermatt, tout près du "Cervin où il avait trouvé la mort". Mais, Sylvain, au cimetière de Zermatt, c'est une stèle qui a été érigée en hommage à Whymper, et c'est au cimetière de Chamonix qu'il repose, ville où il est mort dans son lit en 1911.



Cette petite anomalie n'enlève rien à la saveur de son livre. Je dirais même qu'elle ajoute une dose d'intemporalité au mythe entourant les grands alpinistes.



Dans ce Blanc, l'écriture de Sylvain Tesson déploie une nouvelle fois toutes les qualités que j'aime, avec toutes ces frontières ténues entre le risque et la raison, entre le sérieux de la réflexion et l'aventure quotidienne et les références à Rimbaud, Hugo, Gide et d'autres ont été pour moi un complément très apprécié dans la lecture éblouissante de Blanc.



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Sur les chemins noirs

Je venais de terminer " changer l'eau des fleurs" lorsque j'ai choisi de lire un plus " petit " livre ( 170 pages ) Et ce petit livre ( 170 pages ) , ce fut " sur les chemins noirs " de Sylvain Tesson .

Bon , soyons honnêtes , tout le monde ne se " casse pas la gueule " d'un toit , après avoir bu un coup de trop . Boire un petit coup , oui , mais monter sur un toit après ... Ceci étant, personne n'a à juger , c'est arrivé , point. Le corps médical a d'ailleurs été très professionnel en soignant sans jamais porter le moindre jugement , donc......Et puis , quand ça donne lieu à un bon livre....

La rééducation, aprés des mois d'hospitalisation, il la choisit lui - même : traverser la France à pieds , sur les " chemins noirs " , ces chemins ruraux où , normalement , on ne rencontre personne ...Il est vrai que cette " gueule cassée " effraie même ....les chiens , c'est vous dire . Le voilà en route , parlant très sommairement de ses très rares rencontres , relatant quelques anecdotes , analysant la politique mondiale qui , en transformant les paysages , modifie les rapports humains , critiquant les attitudes de ceux qui , aujourd'hui , choisissent les" chemins de lumière" pour briller à titre personnel . La leçon est brutale mais sage et de plus en plus d'actualité .Seule la nature peut nous guérir , nous sauver d'une destruction annoncée de notre civilisation .....

Prés de lui , pour un temps , ses amis , sa soeur Daphnée, dont la seule soirée commune déclenchera chez le lecteur le " fou - rire " qui manquait à ce récit, un " fou- rire " qu'on aura tout de même déjà pu vivre lorsque à La Courtine , en Creuse , les gendarmes arrêteront notre marcheur solitaire pour lui éviter d'être haché menu par les tirs d'une armée à l'entraînement...La Courtine , je connais , je suis creusois et j'y ai fait mon service militaire , on ne passe pas n'importe où, n'importe quand , ça " arrose ".... seuls les animaux savent " passer à l'ombre".

Et notre homme , parti en boitant , parviendra en marchant normalement dans le Contentin...comme quoi la nature....La leçon est claire , quand tout va bien , c est normal , non ? Et quand arrive la " tuile " (oui, vous savez , notre ami est tombé du toit....), il faut se réfugier , trouver la solution , et , d'après l'auteur , se ressourcer parmi les arbres ,dans les forêts, dans la nature , fuir ce monde dit " moderne "....marcher , observer , réfléchir pour rebondir...

Le beau récit d'une expérience personnelle , un récit sans pathos et sans morale, un récit à découvrir pour affiner sa propre conception des choses , ses propes idées , une simple image à creuser ,ou pas....J'ai aimé....
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Dans les forêts de Sibérie

♫Je me souviens d'un arbre, je me souviens du vent

De ces rumeurs de vagues au bout de l'océan

Je me souviens d'une ville, je me souviens d'une voix

De ces Noëls qui brillent dans la neige et le froid

Je me souviens d'un rêve, je me souviens d'un roi

D'un été qui s'achève, d'une maison de bois

Je me souviens du ciel, je me souviens de l'eau

D'une robe en dentelle déchirée dans le dos

Ce n'est pas du sang qui coule dans nos veines

C'est la rivière de notre enfance



Ça fait des mois

Des mois que tu hibernes

Que tu sors pas de ta caverne

T'as beau tout faire pour le cacher

Sous tes airs d'ours mal léché

Tu vibres encore♫

Duo Garou & Michel Sardou - 2004 -

Speed - Zazie - 2018 -





Une cabane, trois mètres sur trois

vivre en ermite au fond des bois

Le froid, le silence et la solitude sont trois états

qui se négocieront demain plus chers que les pes-etas

Ne pas s'installer, toujours osciller

De l'une à l'autre extrémité

zénith ou nadir, j'hésite

sans coup férir, putain de bite

sans couilles fait rire l'ermite

Aimer un papou, une éponge , un lichen !

une de ces petites plantes que le vent malmène

Aimer c'est reconnaître

la valeur de ce qu'on ne pourra jamais connaître

Fonder une école de l'Ethobionique

Que ferait un cheval, un tigre et même l'huitre ?

les bestiaires deviendraient nos livres de conduite...

Cabane - Ours mal léché

copulation des capricornes

les antennes se frolent

couché sur une couche d'humus

j'ai dans la bouche un goût amer

depuis que j'ai gouté du thé russe....

Ingénieur du son

Eclairagiste de vérité

Acteur de sa vie

Réalisateur en Sibérie

pendant que les Balkans nient

Le Nouveau Robinson

Evidemment Sylvain Tesson

Sa conception ermetique qui decoiffe

Une Vodka pour.... étancher la soif



Panthères des neiges

Prix renaudot 2019 😀



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Trois jours et trois nuits

En 2020, les chanoines de l’abbaye de Lagrasse ont invité des écrivains à partager trois jours et trois nuits de leur existence.



La COVID a compliqué le scénario et finalement quatorze écrivains publient leurs témoignages. A noter que Boualem Sansal « athée en recherche de Dieu », n’a pu se rendre sur place « j’attends ce jour comme un fiancé attend de rencontrer sa promise » mais offre une belle réflexion sur l’Islam, que Michel Onfray semble avoir honoré l’invitation sans témoigner, et qu’il n’était pas nécessaire d’être chrétien ou catholique pour être sollicité comme le précise Jean-Paul Enthoven.



La préface de Nicolas Diat, les quatorze chapitres et la postface du Père Le Fébure du Bus, ont nourri durant ce mois de janvier mes médiations et certains chapitres méritent lectures et relectures. Chaque contribution est riche de la diversité des écrivains, de leur rapport à la culture, à la religion, à la vie.



M’ont particulièrement marqué « La fondation » de Camille Pascal qui restitue la chanson de Rolland et la fondation de l’abbaye par Charlemagne … une épopée lyrique contée miraculeusement par une plume savoureuse.



« Les soldats de la grâce » de Jean-René van der Plaetsen interroge notamment sur la vocation de trois Saint Cyriens devenus religieux, à l’exemple de Charles de Foucauld.



« Le refuge » de Frédéric Beigbeder, témoignage poignant d’un noceur assumé, s’échappant de l’abbaye pour suivre un match de foot au bar local … Mais pas que !



« La résurrection » de Frantz-Olivier Giesbert évoque le siège d’Hippone en 430, observe notre actualité et conclut « Laisse pousser en toi les racines de l’amour » car c’est à chacun, par son comportement, de repousser la barbarie.



« Tolle lege, tolle lege » (prends et lis) de Xavier Darcos réfléchit sur la culture latine, la civilisation romaine, sa transmission grâce aux abbayes et sa disparition décidée par les idéologues et pédagogues commettant les réformes successives de l’éducation nationale.



Certaines contributions, dont celles de Simon Liberati, sont de réelles méditations de textes bibliques et exigent une lecture attentive.



Ces chapitres illustrent des approches diverses et variées le Lagrasse. Certains ont été attentifs aux religieux et à leur ouverture à l’extérieur (écoles, hôpitaux, paroisses) , d’autres à l’abbaye, certains à la lecture des Confessions de Saint Augustin fondateur de ce ordre religieux, plusieurs à la liturgie et au rythme immémorial des offices. D’où la richesse et l’originalité de cet ouvrage.



J’ai découvert ces chanoines il y a plus de quarante ans, sur les chemins vers Compostelle, à Moissac, quand le Père Wladimir constituait un premier noyau de religieux et j’ai été séduit d’emblée par la beauté de la liturgie. Depuis nous sommes passés plusieurs fois à Lagrasse mais l’âge et les distances étant ce qu’ils sont je ne sais si nous aurons l’occasion d’y retourner.



Cet ouvrage offre une belle rencontre avec cette communauté en pleine croissance, toujours accueillante aux pèlerins et touristes parcourant les Corbières.
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La panthère des neiges

« ... une bête représente la plus belle récompense de la vie ... »

A l'affût du monde animal qui se dévoile dans sa beauté et sa cruauté pour qui sait attendre et voir, Sylvain Tesson, l'explorateur impatient, suit l'exemple de ses compagnons de route. Il écoute, observe et fait silence car, il le sait, l’ultime récompense, l'animal mythique et magnifique — la panthère des neiges — est à ce prix-là.



Dans cette expérience unique et singulière Sylvain Tesson s'interroge sur le sens et l'origine de toutes vies. Ces questions existentielles et métaphysiques, auxquelles il donne des réponses personnelles et sophistiquées, sont celles d'un homme qui élargit sa compréhension du monde, accomplissant un formidable voyage, les yeux, le cœur et l'intelligence grands ouverts.



Challenge MULTI-DÉFIS 2020
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Dans les forêts de Sibérie

Sylvain Tesson est insolent comme l'ermite, à trouver son bonheur là où les autres n'ont pas oser chercher, et à renier notre société.

Il retrace sous forme de carnet de bord son retrait dans une cabane au fin fond des forêts de Sibérie, sur les rives du lac Baïkal. Bourré d'aphorismes de ses pensées inspirées, de descriptions minutieuses de la nature glacée environnante, de ses contemplations statiques en cabane ou au contraire randonneuses, son essai relate surtout la tentative de renouer avec le temps, en prenant à contre-pied l'avidité commune à dévorer de nouveaux espaces, illusion de vie et fuite en avant.

"L'homme libre possède le temps. L'homme qui maîtrise l'espace est simplement puissant. En ville, les minutes, les heures, les années nous échappent. Elles coulent de la plaie du temps blessé. Dans la cabane, le temps se calme. Il se couche à vos pieds en vieux chien gentil et, soudain, on ne sait même plus qu'il est là. Je suis libre parce que mes jours le sont."

Une nature glacée et frémissante d'animaux, des pensées riches, des références littéraires et philosophiques, quelques humains (surtout russes), et une bonne dose de vodka : un cocktail détonnant et alléchant qui m'a surpris à rêver d'une retraite de la sorte, pour prendre le temps d'écouter les arbres pousser. Reste que cette issue n'est pas à ébruiter : avec trop d'humains candidats à l'ermitage, la planète serait vite étroite.
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La panthère des neiges

Infatigable voyageur de l’extrême, l’auteur accompagne le photographe animalier Vincent Munier dans une expédition au Tibet, dans l’espoir d’apercevoir l’une des dernières panthères des neiges.





La narration livre de magnifiques pages sur l’un des espaces encore préservés de la planète, en grande partie en raison de son inaccessibilité et de ses âpres conditions climatiques. Par des températures oscillant entre -20 et -30°C, au coeur de montagnes à première vue désertes offrant des paysages aussi rudes que somptueux, l’équipe d'observateurs doit déployer toutes ses ressources physiques et des trésors de patience, pour guetter indéfiniment, et peut-être vainement, l’apparition de la rarissime reine du camouflage. En attendant, affût après affût, la faune sauvage locale se dévoile peu à peu, poursuivant son cycle perpétuel de vie et de mort sur un territoire en peau de chagrin, de plus en plus menacé par l’activité humaine.





Un désenchantement plein d’auto-dérision imprègne le texte, face à la certitude d’observer un monde sauvage en sursis, décimé par l’irresponsable avidité des hommes, au nom d’un progrès au final sur bien des plans contestable. Empruntant à de nombreuses références tant occidentales qu’orientales, l’auteur nous livre, sur un ton caustique, une réflexion philosophique et spirituelle qui fait si souvent mouche que j’en conserve une collection d’aphorismes record pour une seule lecture.





Ce superbe récit d’aventure, qui fait autant rêver que méditer, frappe à chaque phrase, inoculant l’envie de prendre à son tour le temps d’ouvrir les yeux. Il m’a incitée à aller découvrir avec émerveillement les clichés de Vincent Munier, dont on sait plus ce qui impressionne le plus : la beauté des sujets ou la technique et la patience qu’il aura fallu pour la capturer. Coup de coeur.


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Dans les forêts de Sibérie

Février-juillet 2010, une cabane perdue au bord du lac Baïkal, une nature grandiose, sauvage, et dangereuse, des ours entre autre...-30 degrés l'hiver !

38 ans, une santé solide très certainement, un immense besoin de solitude et de ressourcement, une cargaison de bouquins, une solide provision de vodka et de cigares.

Le décor est planté pour une immersion dans le " journal d'ermitage " de Sylvain Tesson, écrivain baroudeur doté d'une énergie et d'une volonté hors du commun.



L'Aventure, avec un grand A, est fascinante, originale : la Sibérie ne fait pas précisément partie des destinations classiques de voyage - d'où naturellement un dépaysement garanti pour le lecteur et des anecdotes à foison. C'est le grand intérêt du bouquin. En revanche, côté écriture je reste un peu sur ma faim. Certains passages sont fulgurants de vérité et de poésie, mais alternent trop souvent à mon goût avec de banals extraits de journal quotidien : inégale donc ! D'où mon choix de trois étoiles.

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Un été avec Homère

Quel merveilleux petit livre ! plein de poésie, de charme, de finesse, d'humour ...

Avant de quitter le rivage, de larguer les amarres et de voyager en compagnie d'Homère et de Sylvain Tesson qui tient la barre, il faut ronger notre impatience en lisant son avant-propos.

Nous découvrons, ravis ce que ce voyage dans le temps nous réserve ! Voguer, rêver, nous instruire, côtoyer les dieux, partager leurs agapes, perdre volontairement le temps, le retrouver, nous ressourcer en nous plongeant dans les eaux bleues mais tumultueuses de la Méditerranée, en étant, quelques fois happés dans les tourbillons de l'histoire, de la vie… Un voyage chimérique mais si réel, si actuel, une expérience spirituelle …

Une lecture festive qui m'a permis de revisiter avec grand plaisir ces narrations épiques, magiques, mythiques que j'étudiais au lycée, de celles qui m'ont fait aimer avec passion l'Histoire.





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Blanc

Aller de Menton à Trieste en quatre vingt cinq jours, répartis sur quatre printemps de 2018 à 2021, est le parcours enneigé que l'auteur nous invite à tracer en sa compagnie.



Blanc est le paysage, l'enneigement et le lecteur quand, parvenu au soixante et unième jour, nous survivons au milieu d'une tempête, par une température de -13°, menacés par une nature hostile, imposant un retour à la case départ après 8 heures d'efforts et de périls.



Blanc est le monde d'en bas plongé dans l'épidémie COVID depuis 2020 et emprisonné dans un carcan réglementaire et sanitaire qui peut inciter à la révolte (les chinois le prouvent en cet automne 2022) ou à la réflexion sur les évolutions de la pensée dominante et des dérives étatiques. D'un ton parfois bougon, certains diront ronchon, Sylvain Tesson, émaille son propos d'aphorismes et de citations enracinées dans le granit montagnard et l'héritage des siècles.



Démarche savoureuse que notre explorateur conclut en écrivant une nouvelle sur le thème de la lutte contre « l'inégalité des territoires » … où l'on voit Roberta Pistolero, ministre de l'égalité des territoires, en 2053, renommer le Mont Blanc, puis l'araser avec des charges nucléaires, car « il n'est pas légitime que la géographie échappe à la marche de l'histoire ». Toute ressemblance avec notre iconique Sardine Ruisseau serait évidemment purement fortuite ;-))



Ces quatre pages (198 à 201) valent à elles seules la lecture de cet essai qui m'a détendu et régalé lors d'un trajet en chemin de fer émaillé par les « imprévus » habituels. Mieux vaut prendre de la hauteur !
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Avec les fées

On m’avait annoncé de grandes chevauchées lyriques, un romantisme à couper le souffle… Mais c’est plus Le Guide du Routard que Chateaubriand. Trop de chutes de ton. Pour qualifier ma déception, je reprends son bon mot de retour d’une Galicie défigurée par le béton : « j’étais parti chercher le roi Arthur et l’enchanteur Merlin, je me retrouvais chez Leroy-Merlin ».

Tesson fige tout sur son passage. Dans ses voyages, il collectionne l’immobilité. Il s’évertue à trouver dans la nature ce qu’elle a d’éternel et d’immémorial. Il jouit de souligner l’intemporalité des paysages, l’immanence des éléments. Une manière de se rapprocher des dieux ou plutôt, de s’éloigner des hommes et de les rendre insignifiants. À coups de métaphores, il s’épuise à narrer l’infinie beauté d’un promontoire (il n’est jamais assez rassasié de ce mot) ou d’un rivage.

Le génie de l’homme est célébré à regret, sauf quand il illustre une histoire lointaine qu’il affectionne (ex : l’Irlande). Tesson aime le passé et pour lui, le présent n’est qu’un passé en devenir.

Autre manière de tout figer, cette manie de résumer une idée par une phrase définitive et prétentieuse. Je vous en cite quelques-unes : « La tristesse dans la beauté ne fait jamais de mal à l’âme », « La certitude d’un ordre de la beauté tranquillise les âmes instables » et d’autres perles aux pages 68, 76, 113, 170… Elles sont parfois hasardeuses : « Le phoque, contrairement à l’Anglaise, n’essaye pas de perdre du poids avant l’été ».

Les fées ont bon dos ! Elles portent sur leurs frêles épaules les fantasmes et les errances d’un auteur qui peine à l’admettre : « le merveilleux émane du réel ». Et puis, las, il donne cette définition qui nous illumine : « Est féérique ce qu’on déclare l’être ». Allez, ça, c’est fée !

À vouloir percer le mystère, traquer le merveilleux, Tesson en détruit l’essence : l’évanescence. Sa quête est un contresens, prétexte à sa posture.

Bilan : 🔪🔪

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Sur les chemins noirs

M'échapper des villes surpeuplées,

Suivre les chemins de traverse,

Me fondre dans les "zones franches épargnées par la politique du territoire"

Traverser les recoins français d'hyper-ruralité

Jouir du silence de la nature.

Me ressourcer.



C'est tout cela que Sylvain Tesson - le ressuscité m'a permis de réaliser, notamment grâce à sa sublime écriture, sa culture immense, son auto-dérision, et son humour toujours aussi grinçant.



Autant le dire tout de suite, ensorcelée dès la première ligne de ces sensibles carnets de marcheur je fus, ne sachant plus où donner des yeux, du coeur, de l'âme tant ce texte m'a emportée.



Un pur moment de bonheurs.






Lien : http://justelire.fr/sur-les-..
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La panthère des neiges

Je m'étais régalée avec les magnifiques photographies de la faune tibétaine prises par Vincent Munier publiées dans le superbe album Tibet minéral animal avec des poèmes de Sylvain Tesson. Aussi attendais-je avec impatience de pouvoir lire La panthère des neiges de ce dernier, Prix Renaudot 2019. Je dois avouer que je ne l'ai pas autant savouré que je l'espérais. Dans les forêts de Sibérie ou Sur les chemins noirs m'avaient davantage plu.

Nous partons donc avec Vincent Munier, talentueux photographe animalier, sa fiancée Marie, cinéaste, Léo, aide de camp philosophe de Munier et bien sûr Sylvain Tesson qui a accepté de l'accompagner au Tibet, dans l'espoir d'apercevoir la fameuse panthère des neiges. Tesson a dû promettre à Munier, s'il écrivait un livre de ne pas donner le nom exact des lieux : "Ils avaient leurs secrets. Si nous les révélions, des chasseurs viendraient les vider."

C'est sur les hauts plateaux du Tibet que nous retrouvons l'auteur avec ses amis, par une température avoisinant parfois les - 30°C, à l'affût, de la fugace panthère des neiges. Ils vont croiser des antilopes, des yacks sauvages appelés drung, que Munier vénère, des chèvres bleues, des loups... et finiront après de longues attentes dans le froid et le silence par apercevoir cette éblouissante panthère des neiges, cette once, ce magnifique félin dont le "pelage, marqueterie d'or et de bronze appartenait au jour, à la nuit, au ciel et à la terre."

C'est cette approche et cette attente immobile et silencieuse que l'écrivain-voyageur s'attache à nous faire découvrir. "Le principe du guet est d'endurer l'inconfort dans l'espoir qu'une rencontre en légitime l'acceptation."

Beaucoup de poésie dans les descriptions de ce cadre idyllique, de considérations sur la vie et de pensées philosophiques, d'aphorismes, spécialité de Tesson, rencontré lors des Correspondances de Manosque 2019, agrémentent ce récit, mais aussi beaucoup d'amertume et de désillusion sur la nature humaine.

Je retiendrai cette technique de l'affût qui peut devenir un style de vie pour découvrir n'importe où, la beauté de la vie pour peu qu''on veuille bien lâcher-prise.

La lecture de cette belle chronique d'une attente où la patience est récompensée mais sans certitude aucune a été enrichissante et plaisante mais ne m'a pas cependant captivée.


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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