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Citations de Sylvia Plath (483)


Le courage de se taire

Bouche à cran malgré le tir d’artillerie !
Rien qu’un trait rose et calme, un orvet lézardant
Et des disques noirs à l’arrière, allant, venant,
Devant un ciel d’outrage, un grand cerveau strié
Allant, venant, tournant toujours, exigeant d’être entendus,

Alourdis de verdicts en bâtardise.
Bâtardise, abandon, trahison, droits d’usage,
L’aiguille avance au fond de son sillon,
Cygne argenté entre deux canyons noirs,
Scalpel qu’un médecin glisse en virtuose,

Tatouant sans fin les griefs bleuâtres,
Les serpents de mer, les enfants, les seins
De sirène ou de vamp à deux jambes.
Le médecin est calme, il ne parle pas.
Il a vu trop de morts, ses mains en sont pleines.

Les disques du cerveau tournent toujours. Autant de gueules de canon. Mais il y a aussi la langue,
Serpe inlassable et pourpre. Faut-il la couper ?
Elle a neuf queues, elle est dangereuse.
Et quel sifflement quand elle cingle l’air !

Non, la langue aussi est mise en réserve,
Pendue dans la bibliothèque entre les vues de Birmanie
Et les trophées de chasse, renard, lapins et loutres —
Un objet merveilleux —
Ce qu’elle a su pourfendre en son temps !

Mais où les yeux, les yeux, les yeux ?
Les miroirs tuent et parlent, ce sont des chambres d’épouvante
Où l’on ne peut qu’assister aux tortures.
Le visage exilé dans ce miroir est celui d’un mort.
Ne vous inquiétez pas des yeux —

Même blancs et fuyants, ce ne sont pas des mouchards.
Lueurs en berne, étendards
D’un pays tombé dans l’oubli,
Muré dans son indépendance,
Buté au milieu des montagnes.


The Courage Of Shutting-Up

The courage of the shut mouth, in spite of artillery!
The line pink and quiet, a worm, basking.
There are black disks behind it, the disks of outrage,
And the outrage of a sky, the lined brain of it.
The disks revolve, they ask to be heard—

Loaded, as they are, with accounts of bastardies.
Bastardies, usages, desertions and doubleness,
The needle journeying in its groove,
Silver beast between two dark canyons,
A great surgeon, now a tattooist,

Tattooing over and over the same blue grievances,
The snakes, the babies, the tits
On mermaids and two-legged dreamgirls.
The surgeon is quiet, he does not speak.
He has seen too much death, his hands are full of it.

So the disks of the brain revolve, like the muzzles of cannon.
Then there is that antique billhook, the tongue,
Indefatigable, purple. Must it be cut out?
It has nine tails, it is dangerous.
And the noise it flays from the air, once it gets going!

No, the tongue, too, has been put by,
Hung up in the library with the engravings of Rangoon
And the fox heads, the otter heads, the heads of dead rabbits.
It is a marvelous object—
The things it has pierced in its time.

But how about the eyes, the eyes, the eyes?
Mirrors can kill and talk, they are terrible rooms
In which a torture goes on one can only watch.
The face that lived in this mirror is the face of a dead man.
Do not worry about the eyes—

They may be white and shy, they are no stool pigeons,
Their death rays folded like flags
Of a country no longer heard of,
An obstinate independency
Insolvent among the mountains.
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I would be sitting in my alcove or in my room, and a smiling nurse would pop in and announce one or another of the visitors. Once they'd even brought the minister of the Unitarian church, whom I'd never really liked at all. He was terribly nervous the whole time, and I could tell he thought I was crazy as a loon, because I told him I believed in hell, and that certain people, like me, had to live in hell before they died, to make up for missing out on it after death, since they didn't believe in life after death, and what each person believed happened to him when he died.

J’étais assise dans l’alcôve ou dans ma chambre, et voilà qu’une infirmière souriante pointait sa tête pour m’annoncer tel ou tel visiteur. Une fois ils avaient même fait venir le prêtre de l’Église unitarienne, un homme que j’avais toujours détesté. Il avait été terriblement nerveux d’un bout à l’autre. Je voyais clairement qu’il pensait que j’étais complètement timbrée, parce que j’avais déclaré que je croyais à l’Enfer et que certaines personnes, comme moi, doivent vivre en enfer pendant leur existence terrestre, étant donné qu’elles ne pourront pas y aller après la mort, puisqu’elle ne croient pas en la vie éternelle après la mort et que tout ce qu’une personne croit lui arrive après la mort.
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LA CUEILLETTE DES MÛRES


Personne sur le chemin …
Extrait 3

Il ne manque plus que la mer maintenant.
D’entre deux collines un vent soudain s’abat sur moi
Et me gifle le visage de son linge fantôme.
Ces collines sont trop vertes et douces pour avoir
  goûté le sel.
J’emprunte le sentier aux moutons qui les sépare. Un
  ultime crochet me mène
À la face nord des collines, et cette face est de roc
  orange
Et ne donne sur rien, rien sinon un grand espace
De lumières, blanches et d’étain, et un vacarme comme
  d’orfèvres
Frappant, frappant encore un métal intraitable.


//traduction de Françoise Morvan et Valérie Rouzeau
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Page 84 : "ce qu'un homme cherche, c'est une épouse, ce que cherche la femme c'est la sécurité illimitée".
"L'homme est une flèche vers le futur et la femme est l'endroit d'où part cette flèche".
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Je trouvais que l'obscurité était la plus belle chose au monde. Des millions de choses mouvantes, des millions de culs-de-sac d'ombre. De l'obscurité dans les tiroirs des bureaux, dans les placards, dans les valises, sous les maisons, sous les arbres, sous les cailloux, des ombres derrière le sourire des gens , derrière leurs yeux, de l'obscurité... des kilomètres et des kilomètres et des kilomètres d'obscurité du côté obscur de la terre.
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Je me sentais très calme, très vide, comme doit se sentir l'oeil d'une tornade qui se déplace tristement au milieu du chaos généralisé.
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Le vieux monsieur, son beau-père, est une sorte de double de lui-même, en plus âgé. Il nous a dit, il y a trois règles : jamais de sentiments en affaires ; jamais d’honnêteté en politique ; et c'est l'intérêt personnel qui fait tourner le monde. Je lui ai dit que j'étais d'accord.
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Poppies in October

Even the sun-clouds this morning cannot manage such
skirts.
Nor the woman in the ambulance
Whose red heart blooms through her coat so astoundingly -

A gift, a love gift
Utterly unasked for
By a sky

Palely and flamily
Igniting its carbon monoxides, by eyes
Dulled to a halt under bowlers.

O my god, what am I
That these late mouths should cry open
In a forest of frost, in a dawn of cornflowers.
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L’ennui quand on saute, c’est que si on se trompe dans le nombre d’étages, on peut se retrouver encore vivant sur la chaussée.
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A Noël, j’aurais presque voulu être catholique.
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J’ai toujours adoré observer les autres dans des situations critiques. Quand il y avait un accident de voiture, une bagarre ou un bébé conservé sous cloche dans un laboratoire, j’e m’arrêtais toujours et j’observais avec tant d’avidité que je m’en souvenais pour la vie.
C’est ainsi que j’ai appris des tas de choses que je n’aurais jamais apprises autrement, et même lorsqu’elles me surprenaient ou me rendaient malade, je n’en disais rien, au contraire, je prétendais que j’avais toujours su que les choses se passaient ainsi.
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" Moutons dans la brume " :

Les collines descendent dans la blancheur
Les gens comme des étoiles
Me regardent attristés : je les déçois.

Le train laisse une trace de son souffle.
Ô lent
Cheval couleur de rouille,

Sabots, tintement désolé—
Tout le matin depuis ce
Matin sombre,

Fleur ignorée.
Mes os renferment un silence, les champs font
Au loin mon cœur fondre.

Ils menacent de me conduire à un ciel
Sans étoiles ni père, une eau noire.
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« Le problème était que cela faisait longtemps que je ne servais à rien, et le pire, que ce n’était que maintenant que je m’en rendais compte. » (p. 89)
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Le soleil se dissout sur ce mur, il saigne ses lumières.

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Je me voyais assise sur la fourche d'un figuier, mourant de faim, simplement parce que je ne parvenais pas à choisir quelle figue j'allais manger. Je les voulais toutes, seulement en choisir une signifiait perdre toutes les autres, et assise là, incapable de me décider, les figues commençaient à pourrir, à noircir et une à une elles éclataient entre mes pieds sur le sol.
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Rivalité

Si la lune souriait, elle te ressemblerait.
Vous laissez la même drôle d'impression
De beauté et de quelque chose de mortel.
L'usage de la lumière est votre grande affaire.
Seulement sa bouche à elle se désole pour le monde, pas la tienne.
[...]
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Au Japon, ils s'ouvrent les entrailles dès qu'il y a quelque chose qui cloche.
Je me suis demandé comment ils font. Ils doivent avoir un couteau très affûté... Non, probablement deux couteaux bien aiguisés. Ils doivent s'asseoir en tailleur, un couteau dans chaque main.Puis ils croisent les bras et plantent un couteau de chaque côté de leur ventre. Ils sont nus, parce que sinon les couteaux se coinceraient dans leurs vêtements. D'un seul coup, rapide comme l'éclair, avant d'avoir eu le temps d'y songer à deux fois, ils enfoncent les couteaux et découpent un demi-cercle en haut et un demi-cercle en bas ; comme ça, la peau du ventre tombe par terre comme une assiette et recueille leurs boyaux qui tombent dedans, alors, ils meurent.
Il faut beaucoup de courage pour mourir comme ça.
Moi, mon problème c'est que j'ai horreur du sang.
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Je commençais à comprendre pourquoi les misogynes transformaient les femmes en imbéciles. Les misogynes étaient comme des dieux : invulnérables et ivres de puissance. Ils s'abaissaient jusqu'à vous, puis ils disparaissaient. On ne pouvait jamais les rattraper.
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Ma propre mère ne m'était pas d'un grand secours. Elle avait appris la sténo et la dactylo à la mort de mon père pour nous faire vivre, mais au fond d'elle-même elle avait horreur de ça, elle lui en voulait d'être mort et surtout de nous avoir laissés sans le sou parce qu'il n'avait jamais eu confiance dans les assurances sur la vie. Elle m'embêtait continuellement pour qu'après le collège j'apprenne la sténo afin de posséder des talents pratiques en plus de mon diplôme universitaire.
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Lésion

La couleur afflue à cet endroit, rouge morne.
Tout le reste du corps est sans tache,
Couleur perle.

C’est dans une cavité de roc
Que la mer vient aspirer,
Un seul creux suffit à la concentrer tout entière.

De la taille d’une mouche
La marque du destin
Rampe le long de la paroi.

Le cœur se ferme,
La mer se retire,
Les miroirs sont voilés.
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