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Citations de Sylvia Plath (484)


Quand on n’attend rien de quelqu'un, on n'est jamais déçu.
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J'ai laissé échapper un rire plein de dédain : "Si c'est être névrosée que de vouloir au même moment deux choses qui s'excluent mutuellement, alors je suis névrosée jusqu'à l'os. Je naviguerai toute ma vie entre deux choses qui s'excluent mutuellement..."
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Je me sens étrangement joyeuse. Jouir du présent comme si je n'avais jamais vécu avant et devais mourir demain, au lieu de penser que "le meilleur c'était hier et ce sera demain, mais jamais aujourd'hui". Le secret de la sérénité, c'est une adoration fervente de l'instant. L'ironie veut que la plupart des gens éprouvent cela naturellement.
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Je serai toujours prisonnière de cette même cloche de verre, je mijoterais toujours dans le même air vicié.
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Je ne comprends pas ce que les femmes peuvent trouver d'attirant chez d'autres femmes, avais je déclaré au docteur Nolan lors de notre entretien de la matinée. Que trouve une femme, chez une autre femme, qu'elle ne trouve pas chez un homme?
Le docteur Nolan s'était tue puis avait répondu: "La tendresse..."
Ca m'en avait bouché un coin.
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Henry suivit sa sœur du regard tandis que ses talons cliquetaient discrètement jusqu'à la cuisine, sa jupe lavande dansant autour de ses jambes avec un soupçon alarmant d'impertinence. Elle n'avait jamais eu le sens pratique, Elizabeth, mais du moins avait-elle toujours été docile. Et maintenant ça ... cette attitude proche du défi, qui se répétait si souvent ces derniers temps.
(Extrait de la nouvelle "Dimanche chez les Minton")
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TULIPES

Les tulipes sont trop à vif, c’est l’hiver ici.
Regarde comme tout est si blanc, si calme et dans quelle neige
J’apprends la paix allongée, seule et tranquillement
Comme la lumière se pose sur ces murs blancs, ce lit, ces mains.
Je ne suis personne, les explosions ne me concernent pas.
J’ai abandonné mon nom et mes vêtements aux infirmières,
Mon histoire à l’anesthésie, mon corps aux chirurgiens.

Ils ont calé ma tête entre l’oreiller et le drap bien bordé :
Un oeil entre deux paupières blanches qui refusent de se fermer.
Pupille stupide, forcée de tout engloutir.
Les infirmières passent et repassent, elles ne me dérangent pas,
Elles passent comme au-dessus des terres les mouettes coiffées de blanc,
Les mains occupées de mille choses à faire et toutes les mêmes,
Si bien qu’il est impossible de dire combien elles sont.

Mon corps est un galet pour elles, elles en prennent soin comme l’eau qui court
Prend soin des galets qu’elle doit polir doucement,
Elles m’apportent la torpeur dans leurs aiguilles radieuses, elles m’apportent le sommeil.
Maintenant que je suis perdue mes bagages m’encombrent -
La mallette en cuir verni comme une obscure boîte à pilules,
la photo de famille où me sourient mon époux et mon enfant ;
Leurs sourires s’accrochent à ma peau, petites griffes mesquines.

J’ai laissé, cargo de trente ans, les choses filer,
Amarrée obstinément à mes nom et adresse.
On m’a lavée de mes attaches sentimentales.
Nue sous la housse de plastique vert du chariot
j’ai vu avec effroi ma porcelaine, mon linge fin, mes livres
Sombrer puis disparaître, et l’eau m’a submergée.
Me voilà nonne maintenant, je n’ai jamais été si pure.

Je n’avais pas besoin de fleurs, je voulais seulement
Rester couchée les paumes offerts, être complètement vide.
C’est une telle liberté, tu n’as pas idée d’une liberté pareille -
La paix ici est tellement vaste qu’elle te donne le vertige
sans rien te demander en retour, sinon une étiquette avec ton nom, des bricoles.
C’est ainsi que les morts peuvent partir finalement ; je les imagine
Qui referment la bouche sur cette paix comme une hostie. /.../

Extrait de Tulipes
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EXTRÉMITÉ

Voici parfaite la femme.
Mort,

Son corps arbore le sourire de l'accomplissement ;
Lillusion d'une nécessité grecque

Flotte parmi les volutes de sa toge;
Ses pieds

Nus semblent dire : Nous sommes arrivés jusqu'ici, c'est fini.

Chaque enfant mort lové, serpent blanc,
Un à chaque petit

Pichet de lait, vide dorénavant.
Elle les a repliés

Dans son corps comme des pétales
De rose se ferment quand le jardin

Se fige et que les odeurs saignent
Aux gorges douces et profondes de la fleur de nuit.

Rien ne saurait toucher ni attrister la lune
Qui regarde sans broncher depuis sa cagoule d'os.

Elle a l'habitude de ce genre de chose.
Et ses ténèbres craquent, et ses ténèbres durent.

Sylvia Plath, 5 février 1963
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Je me sentais comme un cheval de course dans un monde dépourvu d’hippodromes, ou un champion de football universitaire parachuté à Wall Street dans un costume d’homme d’affaires, ses jours de gloire réduits à une petite coupe en or posée sur sa cheminée avec une date gravée dessus, comme sur une pierre tombale. Je voyais ma vie se ramifier devant mes yeux comme le figuier de l’histoire. Au bout de chaque branche, comme une grosse figue violacée, fleurissait un avenir merveilleux. Une figue représentait un mari, un foyer heureux avec des enfants, une autre figue était une poétesse célèbre, une autre un brillant professeur et encore une autre Ee Gee, la rédactrice en chef célèbre, toujours une autre l’Europe, l’Afrique, l’Amérique du Sud, une autre figue représentait Constantin, Socrate, Attila, un tas d’autres amants aux noms étranges et aux professions extraordinaires, il y avait encore une figue championne olympique et bien d’autres figues au-dessus que je ne distinguais même pas. Je me voyais assise sur la fourche d’un figuier, mourant de faim, simplement parce que je ne parvenais pas à choisir quelle figue j’allais manger. Je les voulais toutes, seulement en choisir une signifiait perdre toutes les autres, et assise là, incapable de me décider, les figues commençaient à pourrir, à noircir et une à une elles éclataient entre mes pieds sur le sol.
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Dame Lazare

Et j’ai recommencé
Tous les dix ans
J’y reviens –

Un miracle vivant, ma peau
Luisante comme un abat-jour nazi;
Mon pied droit, c’est

Un presse-papier,
Mon visage, une fine
Toile juive,

Arrache ce linge
O mon ennemi.
Suis-je bien terrifiante? –

Le nez, les orbites, la denture parfaite?
L’haleine en un jour
Perdra toute son aigreur.

Bientôt, bientôt la chair
Sera
Chez elle chez moi

En moi, jeune femme souriante.
Je n’ai que trente ans
Et comme les chats, j’ai neuf fois pour mourir.

C’est la troisième fois.
Quelle dérision
Que de vouloir abolir chaque décade.

Ces millions de filaments!
La foule croquant des noisettes
Se bouscule pour les voir

Me déballer pieds et poings –
C’est le grand strip-tease.
Messieurs, mesdames

Voilà mes mains
Mes genoux.
Je n’ai que la peau sur les os

Et pourtant, je suis la même femme identique à moi-même.
La première fois, j’avais dix ans.
C’était un accident.

La seconde fois, je voulais vraiment en finir
Ne plus jamais en revenir.
Je me suis refermée

Comme un coquillage.
On a dû appeler, appeler
Et m’arracher les vers comme des perles gluantes.

Mourir
Est un art, comme tout le reste.
Je le fais exceptionnellement bien.

Je le fais et c’est l’enfer.
Je le fais et c’est la vérité.
C’est le retour

Le retour théâtral en plein jour
Au même endroit, au même visage, au même cri
Amusé et brutal :

« Un miracle! »
Qui me terrasse.
Il faut payer

Pour scruter mes cicatrices, payer
Pour entendre mon cœur –
Il bat vraiment bien.

Il faut payer et payer gros
Pour un mot, un contact
Ou un peu de sang

Une mèche de cheveux, un bout de ma robe.
Tiens tiens Herr Doktor
Ah tiens, Herr ennemi.

Je suis votre grand’œuvre,
Je suis votre trésor,
Le beau bébé d’or pur

Qui fond en un seul cri.
Je roule et je brûle.
Mais bien sûr que j’y crois à votre grand tourment.

Cendres, cendres –
Vous fouillez et vous remuez.
De la chair, de l’os, rien de rien –

Si! Un morceau de savon,
Une alliance,
Une dent en or.

Herr Dieu, Herr Lucifer
Prenez garde.
Oui, prenez garde.

Je sors de mes cendres
Avec mes cheveux rouges
Et je dévore les hommes comme l’air.
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Sylvia Plath
Il y a ce mur blanc, au-dessus duquel le ciel se crée -
Infini, vert, totalement intouchable.
Les anges y nagent, et les étoiles, dans l’indifférence aussi.
Ils sont mon milieu.
Le soleil se dissout sur ce mur, il saigne ses lumières.
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Je t'appelle de toutes mes forces. Je veux t'écrire, te parler de mon amour, de cette fidélité qui me fait rester chaste, si chaste que toutes mes déclarations à d'autres, ne sont qu'une répétition en vue de mon union avec toi, préservées uniquement à cette fin.
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Je regardais fixement le ciel bleu, derrière les caoutchoucs sur le rebord de la fenêtre de Jay Cee. Quelques nuages minuscules naviguaient dans le ciel de la droite vers la gauche. J'observais le plus gros, comme si lorsqu'il allait disparaître mon destin allait s'évanouir avec lui.
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« Je me suis demandé pourquoi je ne pouvais rien faire jusqu’au bout de ce qu’il faudrait que je fasse de toute façon. Cela m’a rendue triste et fatiguée. » (p. 43)
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Ce que je redoute le plus, je crois, c'est la mort de l'imagination. Quand dehors le ciel est tout simplement rose et les toits tout simplement noirs : cette disposition photographique de l'esprit, qui paradoxalement dit la vérité sur le monde, mais une vérité sans valeur. Ce que je désire, c'est une pensée synthétique, une force 'constructive,' qui pousse avec fertilité et fabrique ses propres mondes avec plus d'inventivité que Dieu.
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J'observais Buddy pendant qu'il baissait la fermeture Eclair de ses jeans, les enlevait et les posait sur une chaise, puis il a enlevé son slip, coupé dans une espèce de filet en nylon.
- C'est agréable, ma mère dit que ça se lave très facilement.
Il est simplement resté debout, devant moi, et j'ai continué à l'observer. La seule chose de comparable à laquelle je pouvais penser était le cou et le gésier d'un dindon. Je me suis sentie assez déprimée.
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Le Dr Gordon fixait deux plaques de métal de chaque côté de ma tête. Il les a maintenues en place avec une sangle qui me sciait le front, puis il m'a donné un fil de fer à mordre. J'ai fermé les yeux. [...]
Je me suis demandée ce que j'avais bien pu faire de si terrible.
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Le silence me déprimait. Ce n était pas le silence du silence. C'était mon propre silence. Je savais pertinemment que les voitures faisaient du bruit, que les gens à l'intérieur des voitures et derrière les fenêtres éclairées faisaient tous du bruit, que le fleuve aussi faisait du bruit, mais je ne pouvais rien entendre. La ville était accrochée à ma fenêtre comme une photo géante, brillante et clignotante, mais pour ce que j'en avais à faire, elle aurait tout aussi bien pu ne pas exister.
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- Tu n'as pas besoin de danser, je danserai à ta place.
Il a passé un bras autour de ma taille et m'a précipitée contre son costume blanc aveuglant.
- Fais comme si tu te noyais.
J'ai fermé les yeux et la musique a déferlé au-dessus de moi comme un orage. La jambe de Marco s'est glissée en avant contre la mienne qui a glissé en arrière. J'étais comme soudée à lui, flanc contre flanc, je le suivais dans tous ses mouvements, sans aucune volonté, ni conscience. Après un moment je songeais : "On n'a pas besoin d'être deux pour danser, un seul suffit."
Et je me suis laissée emporter et courber comme un arbre dans le vent.

Extrait issu de La cloche de détresse

.
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*
Le lundi 15 septembre 1958 :

J'ai peur.
De quoi ?
De la vie sans avoir vécue, en premier lieu.
Qu'est-ce que ça peut faire ?
Le vent orageux qui souffle derrière une moustiquaire. Si je pouvais traduire cette peur, cette horreur dans un roman - j'ai une grenouille assise sur mon ventre.
Arrêtez de vous demander pourquoi vous vous lavez, pourquoi vous vous habillez et vous énervez - c'est comme si vous étiez entourés d'amour, de plaisir, d'opportunités, mais vous ne pouvez pas les voir
Je parle hystérique - et je sens que je vais exploser. Je suis à un point mort : comment surmonter ça ?
Un petit rituel quotidien externe - je suis trop introvertie - comme si je ne savais pas m'adresser à quelqu'un d'autre que Ted assis face à face contre le mur, dans le miroir...
Pris dans un cercle vicieux - trop seule, sans nouvelles expériences extérieures sauf pour sortir dans les environs, autour, avec les yeux sur des gens qui, juste parce qu'ils sont les autres, me semblent enviables.
La responsabilité du futur me pèse, elle me terrifie.
Pourquoi jamais ?
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