Citations de Sylvia Plath (483)
Il y a quelque chose d'atrocement irrévocable dans le spectacle d'une personne qui disparaît au bout d'une route, sans se retourner, sans jeter un regard en arrière.
La ruche survivra-t-elle , les glaïeuls
Réussiront-ils à couvrir leurs feux
Jusqu'au Nouvel An ?
Quel goût auront-elles, les roses de Noël ?
Volent les abeilles.Elles goûtent le printemps.
( extrait de " Passer l'hiver")
Par ici, mon chou, sors de ton placard.
Alors, qu'est-ce que vous dîtes de ça ?
C'est nu comme du papier pour l'instant mais attendez
Dans vingt-cinq ans, ce sera de l'argent,
Dans cinquante-ans, de l'or.
Une vraie poupée vivante, vous pouvez vérifier.
ça coud, ça fait à manger,
Et ça parle et ça parle et ça parle.
ça marche, regardez, il ne lui manque rien.
Vous avez un trou, c'est une ventouse.
Vous avez un oeil, c'est une image.
Mon garçon, c'est votre dernière chance.
Allez-vous l'épouser, alors vous l'épousez ?
extrait de " Le candidat"
FEMMES GRAVIDES
Irréfutables, aussi merveilleusement suffisantes
Que Vénus avec une demi-coquille pour piédestal,
Pour châle une blonde chevelure et la gaze
Salée d'une brise marine, les femmes
S'installent dans leurs robes bouffantes.
Au-dessus de chaque ventre lourd un visage
Flotte aussi calme qu'une lune ou un nuage.
Souriant en elles-mêmes, elles méditent
Aussi dévotement que le bulbe de Hollande
Lorsqu'il prépare ses vingt pétales.
La nuit berce encore son secret.
Sur la verte colline, sous les arbres épineux,
Elles attendent, à l'affût du millénium,
Que cogne le petit, le nouveau cœur.
De jeunes enfants aux fesses roses leur tiennent com-
pagnie.
Occupés à boucler de la laine, ou sans rien faire en
particulier,
Ils évoluent parmi ces archétypes.
Le crépuscule les coiffe du bleu de Marie
Tandis qu'au loin, l'essieu de l'hiver
En tournant grince comme il approche avec la paille,
L'étoile, les mages aux cheveux gris.
p.95-97
Lettre en novembre
Mon amour, le monde
Tourne, le monde se colore. Le réverbère
Déchire sa lumière à travers les cosses
Du cytise ébouriffé à neuf heures du matin.
C’est l’Arctique,
Ce petit cercle noir,
Ses herbes fauves et soyeuses — des cheveux de
bébé.
L’air devient vert, un vert
Très doux et délicieux.
Sa tendresse me réconforte comme un bon édredon….
p.62
Old man, you surface seldom,
Then you come in with the tides's coming
When sea wash cold, foam -
Full Fathom Five
The fountains are dry and the roses over.
Incense of death. Your day approaches.
The pears fatten like little buddhas.
A blue mist is dragging the lake.
The Manor Garden
C’était comme si Sylvia ne pouvait pas attendre que la vie vienne à elle… elle se précipitait pour l’accueillir, pour forcer les choses à se produire tout de suite.
-Note biographique par Lois Ames-
Il faisait complètement noir.
Je ne sentais que les ténèbres et rien d’autre. Ma tête s’est soulevée pour les explorer, comme celle d’un ver. Quelqu’un gémissait. Un poids écrasant m’a brutalement frappé la joue comme un mur de pierre et le gémissement a cessé.
Le silence est revenu, polissant sa surface comme une eau noire qui se referme après la chute d’un caillou.
Un vent froid m’assaillait. On me transportait à une vitesse fantastique dans un tunnel plongeant vers le centre de la terre. Le vent est tombé, il y avait comme un grondement, celui de voix nombreuses qui se disputaient, protestaient quelque part….loin. Les voix aussi se sont tues.
Des cisailles se sont refermées au dessus d’un de mes yeux. Une fente de lumière s’est dessinée comme une bouche ou les lèvres d’une plaie, mais tout d’un coup l’obscurité s’est refermée sur moi. J’essayais de tourner le dos à la source de lumière, mais des mains s’étaient emparées de moi comme les bandages d’une momie et je ne pouvais plus bouger.(p 187)
Je ne peux vivre pour la vie seule, mais pour les mots qui arrêtent le flux. Je sens bien que ma vie ne sera pas vécue tant qu'il n'y aura pas des livres et des histoires qui la feront vivre éternellement dans le temps.
"Mains qui se joignent, et le néant au milieu.
Une âme sans corps pourrait croiser une autre âme
Dans cet air limpide et ne jamais la remarquer -
L'une traverse l'autre, aussi frêle que fumée,
Ignorant tout du chemin qu'elle a pris."
Et puis il y a cette fausse idée de l'existence, qui voudrait qu'on soit toujours heureux et que l'on vieillisse dans une situation donnée ou en ayant accompli beaucoup de chose. Pourquoi le suicide de Virgini Woolf ? ou de Sara Teasdale, ou d'autres femmes brillantes ?
Madame Guinéa a répondu à ma lettre par une invitation à déjeuner. C'est chez elle que j'avais vu un rince-doigts pour la première fois.
Quelques pétales de cerisier flottaient dans l'eau et j'ai cru que ce devait être une sorte de bouillon japonais qui se boit après le repas. J'avais tout bu, y compris les fleurs de cerisier. Madame Guinéa n'a pas soufflé mot, et ce n'est que bien plus tard en bavardant avec une nouvelle au collège que j'ai découvert mon erreur.
Les mots
Haches
Qui cognent et font sonner le bois,
Retentir les échos !
Échos partis
Gagner les lointains comme des chevaux.
La sève
Comme des larmes coule comme
L'eau s'évertue
à rétablir son miroir
Au-dessus du rocher
Effondré, retourné,
Crâne blanc
Que mord la mauvaise herbe.
Après des années je
Les retrouve sur le chemin -
Secs, sans cavalier, les mots
Et leur galop infatigable
Quand
Depuis le fond de l'étang, les étoiles
Régissent une vie.
Cette lumière est celle de l'esprit, froide et planétaire,
Et bleue. Les arbres de l'esprit sont noirs.
L'herbe murmure son humilité, dépose son fardeau de peine
Sur mes pieds comme si j'étais Dieu.
Une brume capiteuse s'est installée en ce lieu
Qu'une rangée de pierres tombales sépare de ma maison.
Je ne vois pas du tout où cela peut mener.
Début de "La lune et le cyprès"
J'ai trouvé cette histoire charmante, surtout le passage sur le figuier en hiver sous la neige, puis au printemps avec tous ses fruits verts. J'aurais voulu ramper entre les lignes noires, comme on rampe sous une barrière ; je voulais aller dormir sous ce figuier vert.
La vue de toute cette nourriture entassée dans ces cuisines m avait fait tourner la tête, Ce n est pas que nous n ayons pas eu assez a manger à la maison, mais grand mère cuisinait toujours des plats économiques, des rôtis pas chère, elle avait l habitude de dire à notre première bouchée " J espère que ca va vous plaire, ça coûte quarante et un cents la livre !", ce qui me donnait toujours l' impression de manger des sous et non pas le rôti dominical.
Buddy Willard sortait de Yale et maintenant que j y pensais, ce qui ne collait pas chez lui, c est que c etait un imbecile. Oh...il se debrouillait pour avoir de bonne note et pour coucher avec une affreuse serveuse de Cap Cod qui s appelait Gladys, mais il n avait pas une étincelle d intuition. Doreen, elle, en avait. Chaque chose qu elle disait était comme une voix secrète, sortie du plus profond de moi-même.
Les abeilles sont toutes femmes,
Des servantes, et la longue dame royale.
Elles se sont débarrassées des hommes,
Malotrus maladroits, empotés sans finesse.
C'est pour les femmes que l'hiver existe -
La femme paisible qui tricote
Près du berceau en noyer d'Espagne.
Les danses nocturnes
extrait 2
Tes comètes
Ont un tel espace à traverser,
Tant de froid et d’oubli.
Alors les gestes se défont –
Humains et chauds et leur éclat
Saigne et s’émiette
À travers les noires amnésies du ciel.
Pourquoi me donne-t-on
Ces lampes, ces planètes
Qui tombent comme des bénédictions, des flocons –
Paillettes blanches, alvéoles
Sur mes yeux, ma bouche, mes cheveux –
Qui me touchent puis disparaissent à tout jamais.
Nulle part.