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Critiques de Tade Thompson (232)
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Rosewater, tome 1 : Rosewater

Voilà un livre qui m'a fait un effet extraordinaire ! Grâce à lui, j'ai réussi à m'endormir en moins d'un quart d'heure toutes les nuits pendant presque deux semaines ! Je lui décerne donc le titre du meilleur somnifère que j'aie connu à ce jour. Un effet qui à lui seul justifie les deux étoiles et demie.

Je l'ai trouvé tellement embrouillé que je crains de n'avoir pas compris grand-chose. La forme pour commencer : on navigue entre le présent (c'est-à-dire en 2066) et les années antérieures, en partant de 2032. Mais pas de façon linéaire, non, c'est totalement aléatoire et j'ai très vite perdu le fil. Le fond ensuite: on est sur de la SFF, mais pas que, il est aussi question de traditions africaines (yorubas plus précisément, l'histoire se passe au Nigéria), il y une espèce d'enquête pour retrouver la Fille-bicyclette et d'autres personnes mystérieusement disparues, et sur le tout se greffe une romance. Bref ça fait beaucoup, trop pour moi peut-être. Pourtant, la base de l'histoire m'attirait beaucoup, il s'agit d'une entité extra-terrestre arrivée sur terre des décennies auparavant, en plein coeur de Londres, et qui aurait "migré" jusqu'à Lagos pour s'y implanter sous forme d'un gigantesque dôme. Une fois par an, ce dôme s'entrouvre et, tel un Jésus venu d'ailleurs, dispense des guérisons miraculeuses. Bon il y a des ratés parfois, comme des morts qui sont réanimés parce qu'ils se trouvaient dans le coin, ou des malheureux remontés à l'envers, mais l'un dans l'autre depuis 10 ans ça attire les foules. Et une ville s'est créée autour du dôme, Rosewater, la mal-nommée, parce que d'après le héros, ça ne sent pas la rose !. Bien sûr, l'armée voudrait bien savoir comment fonctionne le schmilblick, et comment tirer parti de cette "chose". C'est là qu'intervient le héros de l'histoire, Karoo, un ex-mauvais garçon qui possède une particularité intéressante : c'est un "réceptif", c'est-à-dire qu'il peut lire dans l'esprit des gens. Officiellement il travaille pour une banque, il est chargé de déceler les fraudeurs potentiels, mais il fait aussi partie d'une mystérieuse agence, le S45, qui enquête sur Armoise, l'entité extra-terrestre. Autour de lui gravite une foultitude d'autres personnages dont je n'ai pas toujours compris le rôle dans l'histoire (il faut dire que je m'endormais régulièrement au milieu d'un chapitre !). Le pauvre Karoo n'est pas très sympa, mais quand même, j'ai fini par avoir pitié de lui, on n'arrête pas d'essayer de le tuer pour diverses raisons. Mais bon, il s'en sort plus ou moins bien chaque fois. C'est à travers sa propre histoire qu'on découvre (enfin on essaie) la genèse de Rosewater. A la fin du roman, quand on se dit "ouf, je suis arrivé au bout", on découvre qu'il s'agit d'une trilogie...J'ai d'ailleurs le deuxième tome à la maison, peut-être pour mes prochaines crises d'insomnie ?

Pourquoi ai-je emprunté ces livres, me demanderez-vous ? (et vous aurez raison). La réponse tient en trois mots : superbe couverture, résumé. Malheureusement, je me suis très vite perdue, et plus jamais retrouvée dans ce labyrinthe, et le vocabulaire parfois abscons ne m'a pas aidé. C'est dommage, certains thèmes sont vraiment intéressants, comme la colonisation, les traditions africaines ou la communication entre humains et extra-terrestres, mais ils sont trop dilués dans un fatras inutilement compliqué.

@Lunalithe, tu vas être déçue par ma critique, j'imagine (je sais que tu l'attendais), mais ce livre n'était manifestement pas écrit pour moi, ou du moins pas maintenant. Je ne pense pas lire la suite...
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Les meurtres de Molly Southbourne

L'histoire étrange de Molly Southborne, jeune femme dont la moindre goutte de sang donne naissance à un doppelganger qui tentera de la tuer.



C'est la première novella d'une série de je ne sais combien. (Il y en a trois de publiés, mais en entrevue Thompson dit avoir des plans pour au moins quatre.) Mais il se lit très bien seul. À vrai dire, Je n'ai aucune idée de où nous mènera la suite.



C'est bon et l'ambiance est glaçante. Ça me donne bien envie d'essayer le roman Rosewater, du même auteur.
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Rosewater, tome 2 : Insurrection

Une fois n'est pas coutume, ma critique ne me prendra pas beaucoup de temps ! Vous vous souvenez peut-être que j'avais qualifié le premier tome d'excellent somnifère ? Eh bien je crois que celui-ci est encore meilleur si tant est que cela soit possible. J'avoue d'ailleurs n'avoir quasiment aucun souvenir de l'intrigue (enfin des multiples histoires et personnages qui se mélangent là-dedans). Ne me demandez pas de vous résumer l'histoire, j'en serai totalement incapable, d'ailleurs j'ai déclaré forfait 50 pages avant la fin. Mais bon, au moins j'aurai essayé.

Tout ce qui surnage dans les limbes de mon cerveau, c'est qu'il s'agit toujours d'une ville (Rosewater) située au Nigéria, qui a poussé tout autour d'une entité d'origine extra-terrestre. Cette entité (Armoise) réside sous un dôme et établit diverses interactions avec les humains de Rosewater : elle en guérit certains, mais pas toujours de façon très satisfaisante, elle fournit de l'électricité, et génère des créatures étranges qui se baladent au milieu des humains. Certains humains (les réceptifs) ont la faculté de communiquer avec Armoise et de capter les pensées de leurs congénères dans la "xénosphère". D'autres humains sont peu à peu infectés par des "xénoformes", par exemple Alyssa, qui un beau jour se réveille en ne sachant plus qui elle est vraiment. On voit également croître des végétaux très invasifs aux intentions belliqueuses. Et tout le monde est en conflit avec tout le monde, enfin au bout d'un moment je n'ai plus suivi, chaque chapitre étant du point de vue de quelqu'un d'autre ou presque, mes neurones ont lâché l'affaire.

Cette trilogie (qui restera une duologie pour ma part, n'ayant pas l'intention d'emprunter le troisième volume) ne m'était manifestement pas destinée, mais elle elle plaira sans nul doute à des lecteurs aimant les histoires complexes mêlant science-fiction, créatures extra-terrestres, facultés "psy", et guerre civile. Il faut avoir l'esprit parfaitement libre pour apprécier une histoire aussi alambiquée, mêlant plusieurs temporalités et mettant en scène un nombre très élevé de personnages. Je n'étais pas le bon public, en tout cas pas actuellement. Mais je me suis endormie en 20 minutes chaque fois que j'ai tenté de poursuivre ma lecture !

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Loin de la lumière des cieux

En France, si l’on connaît le nom de Tade Thompson, c’est surtout pour son excellente série de novellas sur Molly Southbourne (Les Meurtres de Molly Southbourne, La Survie de Molly Southbourne tous les deux parus au Bélial’) ainsi que pour sa série Rosewater paru cette fois chez J’Ai Lu. C’est de nouveau chez cet éditeur que l’on retrouve le nouveau roman de l’auteur britannique : Loin de la lumière des cieux. Point de fantastique (ou presque) cette fois pour une aventure purement science-fictive matinée d’intrigue policière (qui a dit Andrea Cort ?).

Comment se débrouille le britannique en impesanteur ?



Loin de la lumière des cieux nous emmène dans un futur où l’humanité a colonisé l’espace et où l’entreprise MaxGalactix a propulsé Yan Maxwell, son directeur et fondateur, au sommet de l’échelle sociale. Mais avant d’en arriver là, Tade Thompson nous emmène sur le Ragtime, un vaisseau spatial et transporteur civil qui va connaître une curieuse avarie alors qu’il approche de sa destination, la colonie de Sang-Dragon. La commandante Campion, responsable en second du bâtiment, se retrouve face à une situation incompréhensible et particulièrement horrible après dix ans de voyage en État-de-Rêve. L’IA du vaisseau, Ragtime, semble défaillante et plus de trente passagers ont péri, éparpillé en petit morceau dans un des modules du bâtiment. Envoyé par Sang-Dragon, le rapatrieur Rasheed Fin et son acolyte artificiel Salvo tente de tirer cette sombre affaire au clair alors que les bots du vaisseau commencent à les attaquer !

Pour cette histoire, Tade Thompson avoue volontiers s’inspirer d’Edgar Allan Poe et de son Double Assassinat dans la rue Morgue. Le récit tente donc de jongler entre différents genres qui vont du space-opera (avec la mise en place de tout un univers qui semble particulièrement intéressant) au roman policier en passant par le body-horror avec le personnage de Brisbane.

Autant dire que Thompson essaye beaucoup de choses dans ce roman et qu’il est malheureusement loin de tout réussir.



En premier lieu, l’enquête. Si celle-ci n’a jamais le palpitant et la profondeur d’un des opus d’Adam Troy-Castro, elle a l’intelligence de capitaliser sur l’influence/les conséquences du stress sur des personnes confinées au sein d’un milieu hostile et potentiellement privées des repères sensoriels humains traditionnels. C’est certainement dans cette partie que Tade Thompson, en bon médecin et psychiatre, se révèle le plus convaincant tant le personnage de Shell semble être au centre des préoccupations narratives du roman.

Moins convaincant, ses autres personnages, notamment Rasheed Fin et le gouverneur Lawrence. Pas qu’ils soient mauvais en soi mais, comme pas mal de choses dans ce court roman, ils sont loin d’être assez fouillés pour convaincre pleinement. Le très gros défaut de Loin de la lumière des cieux, c’est de vouloir faire beaucoup de choses et de n’érafler que la surface du potentiel offert par l’histoire et ses personnages. De plus, il faudra pour le lecteur attendre pas mal de temps pour véritablement comprendre tous les éléments qui lui sont présentés. Qu’est-ce qu’un Lambre ? Quid de l’IFC ? Qu’est-ce que Lagos, Belladone et Sang-Dragon ? Si le suspense doit forcément intervenir quelque part, Tade Thompson est souvent trop cryptique dans la première moitié de son roman et ne vient éclaircir que tardivement tout ce qu’il raconte. Mais soit.



Loin de la lumière des cieux n’est pas aussi efficace que La troisième griffe de Dieu parce qu’il lui manque une héroïne vraiment marquante et atypique. Bizarrement, le roman convainc davantage quand il étend son univers et qu’il parle de son sous-secteur colonisé à la sauce afro-futuriste avec une population noire descendant des yorubas. Lagos, Sang-Dragon et toute la spiritualité entourant les étranges Lambres s’avèrent bien plus intéressants en comparaison d’une enquête qui manque de peps. À mi-parcours, Tade Thompson réoriente son intrigue pour en faire une réflexion sur la responsabilité humaine face au progrès technologique avec un sous-texte plutôt bien senti contre les GAFAMs avec un décalque de Jeff Bezos version galactique. L’exploitation humaine et l’envie de se venger qui en découle deviennent l’un des ressorts principaux d’une résolution qui intéresse bien davantage que les dangers encourus dans le Ragtime. Même si Tade Thompson manque ici singulièrement de subtilité (surtout en comparaison de ce qu’il fait avec Molly Southbourne), on prend plaisir à suivre cette réflexion sur le double-tranchant d’une vengeance qui souille aussi l’honneur de la victime. Doit-on nécessairement détruire ou vaut-il mieux réparer et alerter ? Où s’arrête la justice et où commence la vengeance aveugle ? Une question qui est au centre du roman et qui, mine de rien, fait s’interroger le lecteur sur notre monde actuel et notre façon de consommer.

Difficile de dégager donc un sentiment très clair quant à ce roman qui, pourtant, finit par décoller après une première moitié laborieuse pour offrir un space-opera grand public honorable qui devrait satisfaire un large panel de néophytes en la matière. Là où le bât blesse, c’est que si vous connaissez un peu mieux le genre et si vous êtes plus exigeant, l’histoire de Tade Thompson n’apporte pas grand chose au genre et semble même assez boiteuse.

En tant que lecture de divertissement (avec un petit fond politique appréciable en plus), Loin de la lumières des cieux n’a rien d’honteux, au contraire.



Après une première partie décevante, Loin de la lumière des cieux développe son univers et passionne davantage, notamment lorsqu’il s’intéresse à son côté afro-futuriste et aux traumatismes passés de ses héros. Dommage que Thompson n’exploite jamais le potentiel qu’il tient entre les mains, laissant aux lecteurs un roman relativement plaisant à lire mais qui manque d’audace et de subtilité pour se démarquer.
Lien : https://justaword.fr/loin-de..
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Les meurtres de Molly Southbourne

Encore une fois, j’ai passé un excellent moment avec ce court roman de la collection « Une heure lumière » de l’éditeur le Bélial.

Qui est donc cette Molly Southbourne qui semble avoir une vie si différente des autres ?

Pourquoi doit-elle fuir si elle rencontre une fille qui lui ressemble, pourquoi doit-elle éviter de saigner ?

La liste est longue de tout ce auquel elle doit faire attention, mais le risque est-il réel ou imaginaire ?



A peine commencé, j’ai lu le roman en une seule fois, impossible pour moi de le lâcher tant le suspense est haletant, avec une scène d’ouverture qui laisse présager de l’action future.

L’intrigue est originale, on apprendra tout ce qu’on doit savoir au fur et à mesure de l’histoire et la fin apporte son lot de réponses.

Une belle réussite.



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Les meurtres de Molly Southbourne

Tade Thompson est un psychiatre britannique originaire du Nigéria, où il a d’ailleurs vécu une vingtaine d’années après sa naissance à Londres, avant de revenir s’installer en Angleterre. En plus de ses aptitudes en matière d’écriture, il est aussi un illustrateur doué.



L’auteur a une grosse actualité cette année, aussi bien en VO qu’en VF : en effet, concernant cette dernière, en plus de la novella sortie chez le Belial’ dont je vais vous parler dans la suite de cet article, sont attendues respectivement le 24 avril et le 4 septembre les traductions des deux premiers tomes de son cycle Rosewater. Et dans la langue de Shakespeare, les sorties sont tout aussi alléchantes : le troisième tome dudit cycle, et peut-être surtout la très attendue suite des aventures de Molly Southbourne (en juillet). Bref, si vous suivez un minimum l’actualité de la SFF, il vous sera difficile d’échapper à Mr Thompson en 2019 !



Les meurtres de Molly Southbourne, donc, est la dernière novella en date parue dans la collection Une heure-lumière, qui est désormais devenue une référence incontournable en matière de format court. Illustré comme d’habitude avec brio par Aurélien Police, traduit avec sa maestria coutumière par Jean-Daniel Brèque, ce roman s’avère tout simplement prodigieux aussi bien sur la forme, fluide et très prenante, que sur le fond, d’une richesse peu commune. Signalons d’ailleurs une interview clôturant l’ouvrage, très intéressante et nous en apprenant beaucoup sur les influences et les intentions de l’auteur. Au final, je place ce texte dans le trio de tête au sein d’UHL, pour ma part, aux côtés de l’indétrônable L’homme qui mit fin à l’Histoire de Ken Liu et de Retour sur Titan de Stephen Baxter. Et je ne saurais trop vous recommander sa lecture !



PERSONNAGES, BASE DE L’INTRIGUE



Le récit est divisé en plusieurs parties : dans la première, nous découvrons une femme, enchaînée dans une cave, blessée et ayant été violemment battue, peut-être même torturée. Elle a des problèmes à se rappeler qui elle est. Elle rencontre alors sa ravisseuse, qui se présente sous le nom de Molly Southbourne, lui dit qu’elle va lui raconter son histoire, après quoi elle la libérera. La narration, qui était jusque là à la première personne du singulier, va dès lors basculer selon un point de vue extérieur.



Molly, donc, a grandi dans une ferme isolée, et pratiquement sans voir personne d’autre ou découvrir le monde qui l’entoure autrement que par le biais de la télévision. Et pour cause : dès son plus jeune âge, elle a manifesté un pouvoir peu commun, celui de générer un double d’elle-même (appelé une Molly) chaque fois que son sang est répandu. Ce qui a donc conduit ses parents à édicter des règles très strictes, à suivre impérativement : si elle voit une fille qui lui ressemble, crier très fort et soit fuir, soit se battre si elle ne le peut pas (sa mère l’entraîne au combat très tôt) ; ne pas saigner, et, si elle le fait, essuyer avec une compresse (à brûler ensuite) et asperger la plaie et le sang répandu de détergent ; enfin, si elle découvre un trou, prévenir ses parents immédiatement.



Ce récit d’apprentissage va donc nous détailler les étapes de la vie de Molly et surtout de son évolution psychologique, jusqu’à une ultime (et courte, voire un peu abrupte) partie finale où la novella se reconnecte avec le présent, et où l’identité de la prisonnière est dévoilée. Même si il faut bien dire que pour ne pas l’avoir devinée, il faut être un lecteur vraiment très, très obtus. J’en profite d’ailleurs pour dire que cette conclusion aurait été assez moyennement satisfaisante si je ne savais pas que, d’une part, la suite, The survival of Molly Southbourne, sort le 9 juillet, et que, d’autre part, l’auteur a quatre novellas relatives au personnage dans son dossier de brouillons (oui, quatre : il n’aime pas les trilogies). Et autant le dire, vu la qualité phénoménale de celle-ci, ça risque fort d’être du caviar !



ANALYSE ET RESSENTI



Je ne vais pas me lancer dans une analyse des thématiques explorées, vu que certaines sont parfaitement claires à la lecture du texte (notamment grâce à la citation d’ouverture) et que d’autres (ainsi que les hommages ou convergences littéraires) sont détaillées par l’auteur en personne dans la très intéressante interview qui clôt l’ouvrage (je vous conseille donc vivement de lire ce paratexte). Je dirais juste que l’aspect féminin / maternel / reproducteur est très mis en avant, et que j’ai vu dans le pouvoir de Molly une (vague) convergence avec deux œuvres de SF qui ne sont pas citées dans ladite interview, à savoir Alien (rappelez-vous du fait que la créature est qualifiée de « fils de Kane »), La musique du sang de Greg Bear (dans la façon dont tout commence, parce que quelqu’un cache une certaine chose d’une façon bien particulière) et un texte dont j’ai très récemment parlé sur mon blog mais que je ne vais pas nommer pour ne pas spoiler ceux qui ne l’ont pas lu. J’y ai aussi vu une convergence avec plusieurs mythes grecs, où le sang, ou parfois certaines parties du corps de monstres ou de dieux, peut donner naissance à autre chose (cf les dents du dragon tué par Cadmos, qui donnent naissance à des guerriers si on les sème), ou bien à une copie de la créature initiale (ou de ses têtes : cf l’Hydre de Lerne). Je dirais pour terminer que le fond thématique est, pour un texte aussi court, d’une exceptionnelle richesse, ce qui participe à l’intérêt considérable de cette novella.



En revanche, parlons un peu taxonomie : j’ai déjà évoqué le récit d’apprentissage, donc parlons genres et sous-genres de l’imaginaire. On ne sait longtemps pas sur quel pied danser avec ce livre, se demandant si on a affaire à du Weird, voire du Réalisme magique (dans tous les cas avec une composante horrifique : signalons en effet que ce livre n’est clairement pas pour le âmes sensibles, vu qu’il décrit avec un naturel désarmant des scènes plus gore les unes que les autres). Et puis au début du dernier tiers, environ, l’auteur nous donne une explication scientifique, inscrivant dès lors sans conteste possible la novella dans la SF (et plus précisément dans son prolifique sous-genre Horrifique : tout comme G.R.R. Martin, j’ai d’ailleurs du mal à concevoir qu’on perçoive SF et Horreur comme deux genres séparés et incompatibles, tant le cinéma, notamment, a prouvé avec brio qu’ils pouvaient être combinés avec brio). J’en profite pour dire que ladite explication est moyennement convaincante ou satisfaisante : l’auteur précise qu’à l’origine, elle était beaucoup plus développée, mais que son éditeur l’a encouragé à tailler dedans pour faire ressortir les éléments les plus marquants du récit. Vu à quel point ce dernier est efficace (je vais bientôt y revenir), on ne va pas lui jeter la pierre (enfin, pas trop), même si j’aurais été curieux de lire la version longue.



Ce qui me conduit donc à exprimer mon ressenti : sur le plan d’une froide analyse, ce texte partait, théoriquement, assez mal. En SFFF, le thème du / des double(s) maléfique(s) est du cent fois vu, littéralement, particulièrement en Science-Fiction, où il a été exploité de cent façons différentes : clones, version de soi-même venue du futur ou d’un monde parallèle (plusieurs des séries Star Trek, par exemple, ont fait un usage plus ou moins intensif de l’univers-miroir, dont TOS, DS9, Enterprise et le récent Discovery), métamorphe, etc. Et je ne parle même pas du récit initiatique (qui est notamment devenu un cliché en Fantasy tant il est courant), ou du fait que fondamentalement, comme nous le confirme clairement l’interview, ce texte est plus ou moins calqué sur Frankenstein ou d’autres œuvres, ou encore du fait que l’identité de la captive est téléphonée, et ce pratiquement dès le début, ce qui fait que la « grande révélation » de la fin tombe complètement à plat. De même, les différentes étapes du récit ne vous occasionneront aucune surprise, vous saurez longtemps à l’avance ce qui va arriver à Molly et comment. Donc, ce roman devrait avoir peu d’intérêt pour un lecteur expérimenté, pas vrai ? Eh bien c’est tout le contraire, et ce pour une bonne et simple raison : le style.



En effet, le roman s’avère être prodigieusement (je pense qu’ici, le terme n’est en rien galvaudé) immersif, prenant et fluide, et donne envie d’en lire toujours plus et toujours plus vite. C’est simple, je l’aurais lu d’une traite si j’en avais eu la possibilité matérielle, ce qui n’a pas été le cas, malheureusement. C’est dire, pour un vieux de la vieille un peu blasé comme moi, si ce texte est vertigineusement prenant. De plus, voilà une parfaite démonstration du fait que le style d’un grand écrivain ne se mesure en rien à la masturbation intellectuelle consistant à balancer du vocabulaire de m’as-tu-lu et des tournures convolutées, mais bel et bien à l’emploi d’un vocabulaire simple mais efficace dans sa poursuite de ce que devraient être les deux objectifs primordiaux de chaque auteur, à savoir assurer une profonde immersion et une parfaite fluidité de lecture. Qu’on ne s’y trompe pas, pourtant, ce genre de tournures en apparence simples demande bien plus de talent et de technique d’écriture que le fait de balancer du langage ampoulé et du médiévalisant à tour de bras, ce qui ne sert, le plus souvent, que de cache-misère à des mondes aussi ectoplasmiques que les intrigues ou les personnages. Je suis fermement persuadé que la technique ne doit pas se voir, qu’elle doit être au service du récit et non le supplanter : en voici un parfait exemple !



Bref, en plus de sa grande richesse thématique, c’est le style virtuose de Tade Thompson qui, plus que l’intrigue ou qu’un éventuel aspect novateur (ici inexistant) dans le trope SF ou Horrifique exploré, donne tout son considérable intérêt à ce roman court, que je vous conseille vraiment de lire tant il est exceptionnellement prenant. Les meurtres de Molly Southbourne se place sans conteste sur le podium de la collection Une heure-lumière, certes après L’homme qui mit fin à l’Histoire de Ken Liu (qui va être difficile à surpasser), aux côtés de Retour sur Titan de Stephen Baxter, mais largement au-dessus des autres titres, dont le niveau moyen est pourtant remarquablement élevé.
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Rosewater, tome 3 : Rédemption

Une conclusion satisfaisante à cette trilogie afrofuturiste qui mêle avec brio beaucoup d’éléments disparates, mais qui n’évite pas de se prendre les pieds dans le tapis par moments.



Le tome 1 nous présentait un mystérieux dôme extraterrestre guérisseur, apparu au beau milieu du Nigeria, ainsi que la ville qui s’est constituée tout autour : Rosewater. Cette ville cherchait à proclamer son indépendance dans le tome 2, Insurrection, alors que le dôme menaçait de succomber d’une infection inconnue. Ici, le semblant d’équilibre trouvé à l’issue du tome 2 ne tarde pas à être rompu dans ce troisième tome, Rédemption. Faut-il sauver la ville de Rosewater ou sauver l’humanité tout entière?



Le principal problème de Rédemption, c’est qu’il ressemble beaucoup à Insurrection, tant dans sa construction en roman choral que dans les événements qu’il met en scène : le chaos qui survient dans la ville, les multiples personnages qui nouent des alliances inattendues pour s’en sortir, etc. On en vient à se dire que l’histoire aurait gagné à être élaguée pour se condenser en deux volumes au lieu de s’étirer en trilogie, d’autant plus que ce tome est aussi dense que les précédents. On avait déjà des pouvoirs psi, des extraterrestres, un réseau matriciel à base de champignons, des transferts de conscience et un robot qui passe le test de Turing, ajoutons à cela un peu de voyage dans le temps… ou pas, d’ailleurs. J’ai beaucoup aimé la manière dont tout est relié, mais la quantité totale d'informations était peut-être un peu au-delà de mon point de saturation.



J’ai toutefois l’impression d’avoir préféré ce troisième tome au deuxième. Peut-être parce qu’il parvient à boucler ses arcs narratifs et à offrir une conclusion tout à fait en accord avec les thèmes traités par l’auteur, et qui soulève un certain nombre de questions philosophiques et morales. Le parallèle entre l’invasion extraterrestre et la colonisation de l’Afrique apparaît plus clairement, de même que la défense des personnes LGBTQ+ esquissée dans les deux premiers tomes.



Au vu de mon expérience avec cette trilogie, je suis assez curieuse d’aller lire cet auteur dans une forme plus courte et je m’attaquerai sans doute un jour aux Meurtres de Molly Southborne.
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Les meurtres de Molly Southbourne

Impossible de parler d'un livre de la collection Une Heure-Lumière de chez Bélial sans féliciter une fois de plus la splendide illustration de couverture d'Aurélien Police. Toujours aussi fouillée et dans une gamme de couleurs qui collent parfaitement à l'histoire.



Une singulière histoire d'ailleurs que ces Meurtres de Molly Southbourne. Le premier chapitre s'ouvre violemment sur une scène de séquestration, prolégomène à l'intrigue elle-même.

Depuis ses plus lointains souvenirs, Molly est confrontée à de très strictes règles, qui deviennent comme autant de mantras à force de répétitions. Toutes tournent autour de la perte de son sang. Et c'est si facile quand on est petit (et même après) : écorchures, chutes, et bien sûr, pour une fille, les menstrues  (pas de bol, ma pauvre Molly).



Les pièces du puzzle se mettent en place au fur et à mesure de la novella et l'on comprend mieux l'importance des règles édictées. Malgré son caractère assez froid et sans filtre, j'ai apprécié découvrir la personnalité de Molly. Ses questionnements à propos de sa situation interpellent et intriguent. Quant à ses parents, sous leurs côtés sévères et plutôt hors normes, l'auteur fait passer l'amour qu'ils ressentent pour leur fille et combien ils sont prêts à tout pour lui offrir les meilleures chances de survie.



Je ne connaissais pas du tout Tade Thompson, psychiatre anglais qui a grandi au Nigéria et dont les deux premiers tomes de sa série Rosewater vont sortir en avril et septembre 2019. La lecture de ce court récit, ainsi que celle de son interview qui figure en fin de volume, n'ont fait qu'accroître ma curiosité pour son univers littéraire. Car il ne se laisse pas enfermer dans des petites boîtes compactes. Ainsi Les meurtres de Molly Southbourne mêlent tout aussi bien des éléments horrifiques, d'anticipation mais aussi de la philosophie, de la littérature et des recherches sur le soi anatomique, social et psychologique. Un mélange dense en si peu de pages, parfois déstabilisant mais bien calibré et équilibré.



Bon, avec tout ça, vivement Rosewater alors!
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Rosewater, tome 1 : Rosewater

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce roman, que ce soit à travers son intrigue pleine de surprises, mais aussi sa toile de fond fascinante. Le récit repose sur une construction qui joue avec le lecteur, oscillant sur plusieurs lignes temporelles, pour distiller de nombreux indices qui prennent de l’importance au fil des pages, tournant autour des révélations avant de surprendre. Cela pourra peut-être déranger ceux qui aiment savoir vers quoi ils se dirigent, mais pour ma part j’ai trouvé cette façon de faire intéressant. L’univers développé tout du long est l’un des gros points forts du roman, que ce soit dans sa vision du futur, du Nigéria et du monde autour, mais aussi dans ce mélange de mysticisme, de technologie et de tradition. Je trouve aussi que Tade Thompson, à travers ce roman, offre une SF plutôt atypique, mélangeant efficacement et avec originalité de nombreux sous-genres. L’ambiance sombre, violente et pleine de tension colle parfaitement au récit. Concernant les personnages, j’ai eu un peu peur au début de ne pas accrocher au héros, Kaaro, qui se révélait plutôt antipathique et distant, mais finalement la construction le rend très vite intéressant. Certes il reste assez froid, mais on le comprend. Les personnages secondaires sont plus que solides et apportent des éléments très intéressants. Ainsi de nombreux mystères restent présents. Je regretterai peut-être une petite accumulation de révélations sur la fin, mais je chipote un peu. La plume de l’auteur est simple, efficace et incisive et j’attends la suite avec impatience.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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La Survie de Molly Southbourne

Une suite remarquable au premier tome Les meurtres de Molly Southbourne ! Il ne faut point trop en dire pour ceux n’ayant pas lu le précédent mais on fait connaissance avec une nouvelle Molly qui fait la connaissance de personnes qui pourraient expliquer certains points sur son origine... pourquoi ces visions ? Elle voudrait comprendre qui elle est. Encore beaucoup de questions mais la narration de Tade Thompson sous forme de chapitres courts et d’instants marquants est addictive. Très envie de connaître le troisième volet !
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La Survie de Molly Southbourne

Ce deuxième volet des aventures de la fabrique à clones en série m'aura moins emballée que le précédent.

Pour autant, cette lecture s'est révélée plutôt agréable.

On retrouve Molly juste après les événements du premier tome.

J'ai aimé la voir sombrer et se relever, mue par cet instinct de survie qui la caractérise bien.

L'auteur a eu une bonne idée d'inclure d'autres personnes comme elle. Au moins, cela donne une vision différente de ce qu'aurait pu être sa vie avec les autres Molly même si par moment, et selon mes souvenirs du premier tome, cela ne paraissait pas très cohérent.

En revanche l'action est bien présente. La paranoïa de l'héroïne est bien mise en avant et remarquablement mise en scène par un auteur dont le métier est psychiatre. Cela tient la route !

J'apprécie vraiment le style de l'auteur et je pense me laisser tenter par ses romans de Rose Water qui abordent un autre univers dans un futur proche.
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Les meurtres de Molly Southbourne

À l’annonce de la parution prochaine, courant 2020 en VF, de la novella La Survie de Molly Southborne, il m’est apparu plus pressé de lire la novella qui la précède et qui date de 2017 : Les Meurtres de Molly Southborne, de Tade Thompson dans la collection Une Heure-Lumière des éditions Le Bélial’, avec logiquement Jean-Daniel Brèque à la traduction et Aurélien Police à l’illustration.



Molly aux mille visages

Molly Southborne est une héroïne particulière. Dès la première scène, on la découvre dans les yeux d’une personne qu’elle semble torturer et elle s’installe pour nous raconter son histoire atypique. En effet, depuis son plus jeune âge, Molly Southborne souffre d’une pathologie étrange liée à son sang. Ses parents lui rabâchent chaque jour qu’elle ne doit pas se blesser ; que si c’est le cas, il faut détruire ses compresses ; que si elle ne le fait pas pour une quelconque raison et qu’elle trouve soit un trou soit une fille qui lui ressemble, il faut qu’elle coure. Enfance, école, université, premiers émois, tentations adolescentes… on visite l’existence de Molly Southborne sous toutes les coutures pour découvrir quelle vie elle a dû mener, ainsi confrontée à un quotidien aussi cloisonné.



Lutter contre une violence quotidienne

Confronté à des apparitions le plus souvent agressives, Molly Southborne a adopté une attitude très extrême. Tade Thompson nous décrit ici quasiment une « Dexter au féminin » : elle joue, elle expérimente, elle apprend l’art de tuer et de torturer sur ce qu’elle appelle « ses molly ». On comprend assez vite que l’héroïne, comme l’auteur, met à distance violence qui est finalement quotidienne et familière. L’horreur n’est même tant dans les détails apportés à la description de ces actes, mais plutôt dans le fait que l’héroïne s’y est tellement habituée que désormais elle le raconte avec une froideur extrême, comme si ça allait de soi. Malgré ce recul, Molly a probablement une limite à cette acceptation de la violence quotidienne, qui lui est également rappelée par la perte progressive de ce qu’elle a pu construire au fil du temps avec toutes les précautions nécessaires. Tout l’enjeu de cette novella est donc de trouver cette limite.



Les meurtres de Molly Southborne, c’est donc une novella efficace et prenante, dérangeante par moments, avec ce qu’il faut de malsain tout du long et de surprenant à la toute fin ; bref, une lecture à s’offrir avec plaisir ! Et vivement la suite de son histoire.



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Rosewater, tome 2 : Insurrection

Ce deuxième tome de la trilogie Rosewater est moins alambiqué dans sa construction que le premier, mais n’en reste pas moins très foisonnant – dans le bon comme dans le mauvais sens du terme.



Le dôme extraterrestre guérisseur surgi au Nigeria dans le premier tome est maintenant atteint d’une mystérieuse affection qui devrait se solder par sa disparition prochaine. Cela contrarie les plans d’indépendance que le maire Jack Jacques nourrit pour la ville de Rosewater, laquelle dépend entièrement du dôme. Pendant ce temps, une femme se retrouve dotée de souvenirs venus d’un autre monde qui pourraient peut-être sauver le dôme… mais signer ainsi la fin de l’espèce humaine.



Le premier tome avait la particularité d’être centré autour d’un personnage, Kaaro, qui s’exprimait au « je » dans trois lignes temporelles différentes. Ici, l’on trouve une structure plus classique de roman choral avec une dizaine de personnages que l’on suit tour à tour à la troisième personne, sur une seule ligne temporelle (avec une seule exception). La lecture reste ardue, puisque chacun des personnages poursuit ses propres objectifs et entretient avec les autres des relations parfois très complexes – ça n’est pas un défaut en soi, mais j’avoue m’être perdue parfois dans le déroulement de l’intrigue. Avec l’éparpillement des points de vue, on suit beaucoup d’arcs narratifs à la fois et l’on passe parfois presque une centaine de pages avant d’en retrouver un, ce qui donne paradoxalement l’impression que l’histoire n’avance pas.



L’ensemble reste bien prenant malgré tout. L’univers d’afrofuturisme lovecraftien est toujours intriguant et les personnages, quoique inégaux, comptent quelques portraits fascinants. Je pense notamment à Femi et son pragmatisme à toute épreuve et à Jack Jacques, politicien ambigu qui combine à merveille la soif d’ambition et la sincère volonté d’améliorer les choses, sans jamais basculer d’un côté ou de l’autre.



Aussi, bien que les couvertures soient toutes magnifiques, j'ai une préférence pour celle de ce tome 2.
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La Survie de Molly Southbourne

Sanglante surprise de l’année 2019, Les Meurtres de Molly Southbourne avait mit tout le monde d’accord quant au talent de l’écrivain britannique Tade Thompson. Depuis lauréat du Prix Julia Verlanger, l’histoire de Molly se poursuit avec une seconde novella dans la même collection Une Heure-Lumière et toujours traduit par l’excellent Jean-Daniel Brèque.

La Survie de Molly Southborne prolonge-t-elle l’expérience de façon satisfaisante ?



molly ou Molly ?

Dans Les Meurtres de Molly Southbourne, Tade Thompson nous présentait Molly, une jeune femme avec une particularité bien embarrassante : elle crée des doppelgängers (comprendre des doubles) hyper-agressifs à chaque fois qu’elle saigne. Dès lors, la vie de Molly devient un combat de tous les instants, éduqués par ses « parents » pour faire face à l’apparition répétée de ces mollys.

En transformant littéralement le sang en malédiction et en réfléchissant sur le passage à l’âge adulte par le prisme de la détestation de soi, Tade Thompson avait réussi un tour de force littéraire aussi palpitant qu’intelligent. À la fois exploration de fantasmes morbides et d’interdits anthropologiques, le premier volume ne laissait pas forcément entrevoir une suite…et pourtant !

La Survie de Molly Southbourne reprend la où c’était arrêté le précédent ouvrage et lâche Molly Prime (l’originelle) pour l’un de ses doubles : molly.

Changement de point de vue cette fois puisque molly n’a plus la faculté de faire apparaître des autres exemplaires d’elle-même en saignant.

Une libération ? Pas vraiment car molly reste hantée par les souvenirs de Molly Prime et qu’elle se retrouve face à une nouvelle curiosité : Tamara.

Tamara possède le même don mais…ses doubles ne tentent pas perpétuellement de la détruire. Ce qui change radicalement la donne et les rapports entre Tamara et les tamaras.

C’est aussi l’occasion pour molly d’en apprendre plus sur son passé et de décider ce qu’elle fera de son avenir…



Approche psychiatrique en mode fantastique

Si La Survie de Molly Southbourne semble nettement moins forte que son prédécesseur, c’est avant tout parce qu’il n’expose plus les idées géniales du premier volume mais les prolonge.

Pour autant, ne vous y trompez pas, Tade Thompson ne perd rien de son talent. Chose primordiale : Thompson est psychiatre avant d’être écrivain…et son approche fantastique en devient d’autant plus savoureuse.

Explications.

Loin d’être un roman horrifique ou fantastique ordinaire, La Survie de Molly Southbourne offre une occasion formidable à Tade Thompson d’explorer la maladie mentale (notamment le trouble dissociatif mais cela peut s’appliquer à bien d’autres pathologies psychiatriques comme le syndrome de stress post-traumatique dont fait l’expérience molly au fur et à mesure de l’histoire).

Là où Les Meurtres de Molly Southbourne métaphorisait la maladie mentale sur le plan somatique en montrant une jeune femme en lutte avec elle-même (comme un patient psychiatrique au risque auto-agressif très élevé, ce qui représente la grande majorité des cas de pathologies psychiatriques contrairement aux idées reçues), La Survie de Molly Southbourne devient une sorte de thérapie pour la partie survivante de la personnalité de Molly.

Cette image devient de plus en plus brillante avec la rencontre de Tamara, autre patiente qui vit sa pathologie d’une façon entièrement différente.

Au contraire de la combattre et de la refuser, elle l’accepte et reconstruit son monde pour être en harmonie. Dès lors, molly comprend (et elle avait déjà commencer à le faire dans le volume précédent) qu’il y a une autre voie pour traiter sa « maladie », celle du changement, de l’éducation et de l’entraide.

La Survie de Molly Southbourne ne focalise plus son action sur une réponse brutale à un phénomène brutal mais apprend à réfléchir sur les solutions possibles à une pathologie auto-destructive.

Une sorte de retour aux fondamentaux ouvrant la voie à une seconde renaissance.

Alors que la première histoire insistait sur l’aspect violent et profondément organique de la malédiction de Molly, cette seconde aventure choisit un chemin de traverse pour détricoter tout ce que l’on pensait savoir.

Continuant son approche psychiatrique et grâce à l’apport de Tamara, Tade Thompson montre que l’inné ne fait pas tout. Ce qui diffère grandement entre les deux personnages, c’est aussi l’environnement et l’éducation. L’intrication du tout mène ici à deux destins différents et, en un sens, complémentaire.

Cette suite apporte donc une plus-value fondamentale et transforme clairement l’inventivité de son auteur en une métaphore psychiatrique particulièrement brillante (et pas le moins du monde rébarbative !).



Certes le sentiment de nouveauté n’est plus là mais La Survie de Molly Southbourne prolonge de façon extrêmement intelligente une histoire brillante et passionnante où l’empathie et la compréhension de la maladie sont au centre des préoccupations de Tade Thompson.

Vivement la suite !
Lien : https://justaword.fr/la-surv..
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Rosewater, tome 1 : Rosewater

« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd’hui, nous allons parler d’un roman de SF signé Tade Thompson et titré Rosewater.



Au Nigeria les extraterrestres sont arrivés et occupent un dôme gigantesque autour duquel une ville a poussé. Cette ville porte un nom : Rosewater. Kaaro y travaille comme barrière de sécurité pour une banque et comme agent du S45, une organisation chargée de… euuh… d’exploiter ses pouvoirs psychiques à des fins peu limpides.



-Waaah. Si quelqu’un a pigé quelque chose, qu’il se manifeste, hein.



-Oui, c’est un peu compliqué, je l’admets…



-Compliqué, c’est rien de le dire ! Je n’ai RIEN compris à ce roman. On ne t’explique rien, tu es assommée d’informations auxquelles tu saisis que dalle ! Et puis, Kaaro, le personnage principal, ne t’aide pas, non non ! Il est tout froid à l’intérieur. Aucune émotion forte ne prend vraiment le pas sur une autre chez lui, du coup, impossible de le cerner, lui aussi. Le texte est sec, plat, ça ne donne pas du tout envie de lire ça.



-Tu n’as pas complètement tort… cependant, tu n’es pas non plus laissée dans le noir complet.



L’intrigue de Rosewater se déroule dans un monde à peu près similaire au nôtre, situé dans un futur proche, avec ces deux différences majeures : les aliens ont atterri et on ne sait pas trop ce qu’ils font ni dans quel but ; certains humains sont devenus des « réceptifs », des personnes aux aptitudes inhabituelles. Des sortes de voyants, qui accèdent à un monde superposé au nôtre appelé « xénosphère ».



Rosewater constitue une lecture active. Vous ne pouvez pas vous asseoir et attendre gentiment que l’intrigue suive son cours : pour cerner les éléments, il vous faut les méditer, les noter, attendre la venue des éclaircissements… et patienter. Patienter longtemps.



-Trop longtemps à mon goût ! Et il y a des flash-backs incessants entre le passé et le présent ! Là non plus, on ne t’aide pas ! Bonjour perditude !



-Bon. Pour la défense du roman, une grande partie dudit roman a été lue pendant un coup de mou assez long, et nous n’avions pas tout notre cerveau disponible pour bien appréhender ce texte.



Quoi qu’il en soit, j’en ai compris assez pour être convaincue et dépaysée par Rosewater. J’ai adoré l’exploration de la xénosphère, avec ses images incongrues et percutantes, j’ai vaguement pensé à un de mes films préférés, Paprika. Certaines scènes se trouvent d’autant plus cauchemardesques que vous ne les comprenez pas. Et, chose assez rare pour être soulignée, Tade Thompson offre une bonne place à l’odorat dans son roman. Quant à la froideur que tu mentionnais plus haut, elle rend paradoxalement certaines situations encore plus lourdes d’horreur.



Je ne suis pas certaine cependant d’avoir cerné tous les enjeux d’un roman riche et dense, je le regrette, mais cela ne m’empêchera pas de lire la suite. D’une certaine façon, les réponses que l’on reçoit dans le premier tome appellent d’autres questions… »
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Les meurtres de Molly Southbourne

Qui est donc cette Molly Southbourne ? Après un début assez étrange d'une prisonnière violentée par une femme, cette fameuse Molly, on commence à comprendre que c'est une femme pas comme les autres. Elle raconte son histoire à la captive de son enfance aux derniers instants. Des conseils de son parents quand elle voit une fille qui lui ressemble apparaitre aux différents moments où elle doit réagir très vite pour garder la vie sauve.

Cette nouvelle de la collection Une heure lumière (UHL) de l'éditeur Bélial' est tout simplement excellente et se lit d'une traite, on est rapidement dans l'action et même si les différents souvenirs de son enfance sont assez répétitifs, il y a à chaque fois de petites variations qui permettent de donner sens au récit. Des questionnements viennent vite, pourquoi est-elle comme ça ? Le récit serait-il fantastique ? Il m'a manqué des détails dans les différents épisodes mais l'enchainement de ceux-ci donnent du rythme à l'histoire. La fin, détonnante, arrive trop vite mais permet de voir de quel genre est la nouvelle.

J'ai aussi beaucoup aimé l'interview de Tade Thompson, à la suite de la nouvelle, et j'ai hâte de lire la suite des Meurtres de Molly Southbourne (j'ai été déçue parce que je pensais celle-ci déjà sortie en français...!)
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La Survie de Molly Southbourne

Copie.



Molly Southbourne n'est plus. Toutefois Molly est toujours là. Mais cette Molly est différente.



J'ai adoré le premier tome, mais je suis plus mitigée sur cette suite. L'intrigue se concentre sur un des doubles de Molly Southbourne à la suite des événements du premier tome. Cette dernière est obligée de fuir pour survivre.



L'intrigue est toujours aussi intéressante avec de nouveaux questionnements qui apparaissent. Les nouveaux personnages sont intrigants et enrichissent l'intrigue. Toutefois, j'ai trouvé que cette novella avait des longueurs.



En effet, l'auteur se concentre sur les troubles psychiatriques de l'héroïne. L'idée est très intéressante en soi, mais je trouve qu'elle prend trop de place au détriment de l'intrigue. De plus, je trouve que l'auteur se répète dans ses propos à ce sujet. La première novella exposait très bien les soucis de santé mentale de Molly Southbourne. Par ailleurs, l'alternance de point de vue avec un autre personnage m'a semblé accessoire.



En somme, cette novella est une bonne suite malgré des longueurs.





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Les meurtres de Molly Southbourne

Hémoglobine.



Molly ne doit saigner sous aucun prétexte. Si cela devait arriver, elle serait en grave danger.



J'ai beaucoup aimé cette excellente novella. L'auteur mélange très bien l'horreur et la science-fiction. L’héroïne, Molly souffre d'une étrange malédiction: à chaque fois qu'elle saigne, elle produit un double d'elle-même. Toutefois un problème demeure: le double cherche systématiquement à la tuer.



L'auteur maîtrise le format court à la perfection: en 111 pages, il parvient à développer son univers et créer une héroïne convaincante. Au début, la novella semble être sous le signe de l'horreur, voire du fantastique, mais vers la fin quelques pointes de science-fiction font leur apparition.



L'évolution de Molly est intéressante à suivre: d'abord petite fille heureuse, elle devient une froide machine à tuer. En effet, pour se défendre face à ses doubles, notre héroïne est contrainte de les détruire. Ses parents y jouent également un rôle important. Ainsi, ils protègent Molly, puis ils l'initient à diverses techniques d'arts martiaux. De plus, la mère de Molly à un passé trouble lié à des activités mystérieuses. Tout ces éléments font que le rapport de Molly aux autres sera fortement impacté.



Bref, une excellente novella qui se suffit totalement à elle-même.







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Les meurtres de Molly Southbourne

Molly est une fille doté de pouvoirs étranges, les sang qu’elle verse se transforme en clones d’elle même, mais ces clones sont violents et sanguinaire, elle doit les éliminer systématiquement. J’ai vu cette novella comme un exercice de style, un exercice d’écriture bien réussi, bien rythmé, sur un sujet gore, avec une ambiance forte, lourde et pesante, parfaitement maîtrisée. Le plaisir de lecture était au rendez-vous, haletant, angoissant. Mais si la symbolique y est évidente, la reconnaître ou pas ne change pas grand chose à la compréhension, de même que la caution science fiction n’est qu’un prétexte pour développer un sujet sanglant et n’est pas du tout approfondi. A lire surtout pour l’ambiance et le rythme.
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Les meurtres de Molly Southbourne

Parlons peu mais parlons clair.

Ce n'était absolument pas le moment pour moi de lire ce livre. Pour une fois, j'ai eu tort de ne pas lire ni avis, ni 4ème de couverture.



L'approche du jour le plus court de l'année (et son corollaire inévitable) m'est toujours une période difficile, sur le plan du moral. S'ajoute à cela cette année de gros problèmes familiaux et une charge de travail épuisante, ce qui me permet tout au plus de tomber d'épuisement le soir.



Il n'empêche que c'est un fichu sacré bon texte, bien écrit et bien traduit. Je ne vais pas vous faire une analyse exhaustive (allez donc lire celle d'Apophis ici-même, elle est excellente), je vais juste vous livrer mon ressenti.



Ce bouquin m'a mis extrêmement mal à l'aise. Mais vraiment. Peut-être parce que je suis une femme et que la vision (pro)créatrice que nous livre T. Thompson ici est juste cauchemardesque. A tel point qu'après avoir lu une 40ne de pages, je l'ai laissé sur ma table de nuit, y dormir pendant plusieurs jours.

Après ça, je n'ai plus appelé Molly que "cette tarée de Molly", hein.

Que l'auteur soit psychiatre explique sans doute la profondeur du malaise qu'il a fait naître en moi, avec son thème très "kleinien", qui, personnellement, me révulse.

Tuer sa progéniture ou être tué par elle. Super cool, non ?



Outre le nombre impressionnant de problématiques psy qu'il soulève (progéniture = clone ou extension psychique de la mère, ce que tant d'entre elles voudraient réellement, notamment) malgré son peu de pages, le traitement est tel que, s'il peut fasciner, moi, il m'a carrément dégoûtée.



Ayant lu l'interview après la novella, je me demande si l'auteur se rend compte que son texte va bien au delà que ce que lui pense y avoir mis, lol. On y sent, par exemple, un fond de pratique vaudou, dont il ne parle à aucun moment mais que j'ai senti partout présent, sans même savoir son origine nigérienne. Par contre, j'aime bien son explication de l'engouement pour "l'horreur", tant en films qu'en livres, mais dont, personnellement, je ne suis pas vraiment fan...



Or donc au début du bouquin on se demande si toute la famille est dingue... Et en fait, la fin vient ajouter une touche SF que, pour le coup, j'ai beaucoup apprécié ! Cependant, je ne noterai pas ce livre dans l'immédiat, car il mérite relecture à une période plus propice à une analyse plus objective que ma révulsion instinctive du moment...

Nul doute que ce bouquin inspire note à 0 ou à plus de 4 étoiles selon les lecteurs, tant il secoue...
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