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Critiques de Tanella Boni (12)
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Insoutenable frontière

Quelle est donc cette insoutenable frontière qu’évoque Tanella Boni et qu’elle décline en sept mouvements en utilisant le pronom « tu » ?

Il y a d’abord celle de la peau, noire, et qui peut être honnie ou admirée.

« D’un côté tu es racialisée

Rejetée dans une case obsolète…

De l’autre tu es racée

On applaudit tes performances. »

L’autrice a quitté son pays, La Côte d’Ivoire pour suivre des études en France, mais elle garde le souvenir de ses racines. Elle est devenue cet « oiseau multicolore …qui chante nuit et jour / les nouvelles du monde »

A travers « les chemins sur la carte », elle énumère les difficultés du monde, la voie des passages des migrants, les violences verbales, les vents violents, les « séismes et cyclones imprévus », la pandémie… Heureusement, elle sait aussi regarder l’autre face du monde, celle qui a gardé sa beauté originelle.

« Loin de l’amertume attendue

Qui aurait pu troubler ton regard

Tu ouvres les yeux sur les beautés du monde

Qui espèrent tes pas au bord du chemin. »

Elle fait la part belle aux souvenirs heureux de l’enfance, à la fraternité et l’amitié sans distinction de race mais elle raconte sans filtre « cette terre ravagée çà et là », ce sauve qui peut devant le changement climatique tout en pointant du doigts le responsable

« Aux premières loges des intempéries

Habite l’humain prédateur. »

L’eau a une grande importance, cette eau apaisante, que l’on ignore parfois, « ressource tes pensées ».

Et dans ce monde de violence et d’injustice, l’espérance n’est jamais loin, dans » les grains du temps » qui apportent la vie et « remplissent ton esprit de joie ».



Dans une langue belle, épurée, Tanella Boni nous adresse un message poignant dans lequel se mêlent sa condition de femme noire et celle de ces immigrés chassés de leur pays par la misère, la guerre ou les catastrophes naturelles. Mais loin d’être apocalyptique son message laisse entrevoir quelque espérance et il est pétri d’un humanisme vivifiant.

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Insoutenable frontière

Une femme s’en va

Armée du seul courage de ses grands rêves

Emportant avec elle

Un souffle d’harmattan

Qui l’accompagne en songe

Jusqu’au bout du monde



Tu ne marches jamais seule

Tu es la somme de tes diversités

Et personne ne devine la densité

Du vrai visage sous le masque

Que tu portes depuis toujours



Tu t’en vas

Un pagne autour de la taille

Tu reprises le tissu du monde

C’est là ton métier

Le tissu qui ressemble à ton pays

À ta langue la page blanche

Dont l’étendue te poursuit

Jusqu’au rivage de tes rêves



Et tu inscris les mots du silence

Dans ton pagne multicolore

Où tu inventes ta maison

En présence de tes rêves du jour



La poésie est ton seul bagage



La poésie pour te conduire comme un radeau

Vers l’intensité de la nuit

Qui précède tes pas



Tu avances et tes pieds tracent sur le sable le plus poignant des poèmes

Celui de ceux qui abandonnent tout pour trouver une vie meilleure

Billet patchwork d’extraits de poème de Tanella Boni.



Encore et encore répéter que toutes les frontières, quelles qu’elles soient, sont insoutenables. Que nous sommes tous des migrants, depuis la nuit des Temps.



Ne jamais cesser de crier que ce qui nous différencie de l’Autre est richesse et force.



Et qu’il faut garder ouverte la fenêtre, le cœur.



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Miriam Makeba : Une voix pour la liberté

Zenzile Miriam Makeba, alias Mama Afrika, naît au début des années 1930 dans un quartier pauvre de Johannesburg (Afrique du Sud). Son père meurt lorsqu'elle n'a que six ans, sa mère travaille beaucoup pour élever ses enfants, tout en leur transmettant sa passion pour la musique, le chant, la danse.

Miriam Makeba devient une chanteuse d'ethno-jazz mondialement reconnue, et se distingue par son engagement politique, représentant l'une « des voix contre l'apartheid et pour la fierté du continent africain. »



En quelques lignes sur Wikipedia, j'ai mieux compris le parcours de cette femme au destin d'exception qu'avec ce petit ouvrage, pourtant destiné aux enfants - cette collection propose de faire 'découvrir les femmes et les hommes qui ont changé le monde'.



La biographie est confuse, la chronologie chahutée et les références citées me semblent compliquées pour le public visé. Les 7-12 ans sont-ils censés connaître JF Kennedy et le chanteur Paul Simon, savoir ce qu'est un 'militant des droits civiques', s'y retrouver dans le contexte géopolitique des pays africains des années 1930 à 1980 tel qu'il est exposé là ?



Un ouvrage court, quarante pages aérées et joliment illustrées, mais pas très accessible.



♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=vgwtbeVFjb4
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Là où il fait si clair en moi

"Je vous souhaite beaucoup de bonheur

Dans la capture d'un électron

Qui cherche la justesse du verbe"



Tanella Boni, Ivoirienne, refuse que sa couleur de peau et son corps de femme soient source de discrimination et ses longs poèmes sont la marque de ce combat intérieur et poétique.

Ce recueil ressemble à un éternel voyage qui en lui refusant tout domicile, la renvoie sans cesse à ses origines. Ses racines, elle les porte avec elle, parfois les traîne comme une charge, mais elles peuvent aussi lui donner la force de l'identité. La couleur de peau comme limite, comme refus des autres et qui porte en elle une histoire de guerres, de sang, de violences.



Et puis, au coeur de l'actualité, ce poème: "Autant en emportent les Rêves". Un jeune enfant allongé sur une plage, innocent, anonyme, "image symbolique d'une humanité perdue". L'exil, la longue marche des réfugiés, encore le voyage.



Un autre:"Ceux qui ont peur des Femmes nues", et qui ont aussi perdu le sens de leur religion. Tanelle Boni parle à tous les peuples du continent africain.



Après ce dur voyage au coeur de la réalité, Tanella Boni nous donne le feu pour continuer à vivre avec tout ça, en quelques phrases à garder en soi:



"Dans le monde des petites choses

Le bon feu ne coûte rien

Il brûle il réchauffe

L'amour vaut tout l'or du monde



Allume une étincelle au coin de ton oeil

Et traverse le désert vide d'humains

Comme si la vie fleurissait

A toutes portes et fenêtres



Pour connaître les règles

Du monde impersonnel

Dont la violence écrase

Ta frêle présence

N'attends pas que la flamme

S'éteigne en toi. "











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Les nègres n'iront jamais au paradis

J’aurais dû écrire le titre sur un bout de papier.

Parce que ce livre était dans la réserve de la médiathèque.

Et que franchement, devoir réclamer ce titre à haute voix à la bibliothécaire, ça a été un grand moment de solitude.

Surtout qu’à part de la provoc’, le titre n’exprime rien qui soit saillant dans l’histoire.

Bref.

L’histoire est celle d’Amédée-Jonas Dieusérail (qu’on surnomme Dieu, pourquoi faire compliqué) qui, dit-il, est tombé amoureux de l’Afrique en se baladant au Jardin des plantes à Paris. Il s’y rendra pour vivre différentes carrières : prof pédophile, puis curé, puis défroqué, et enfin riche planteur et businessman. L’Afrique, c’est pour ce personnage abominable un terrain de chasse et un terrain de jeu : "Elle n'avait que douze ans. Chez moi, je n'aurais jamais osé."

Pour l’Ivoirienne Tanella Boni, c’est l’occasion d’explorer les différentes facettes de la colonisation, puis celles de la Françafrique.

Sauf que…

Il ne se passe rien dans ce roman, à part des dialogues entre la narratrice et Dieu (Amédée-Jonas, si vous avez suivi), entre la narratrice et une ancienne maîtresse de Dieu, entre la narratrice et la fille de Dieu, etc. Que des gens qui causent. Ah si, un extrait des mémoires de Dieu, aussi.

Bon, c’est le choix de l’autrice, qui suis-je pour juger.

Mais entre ça et les longues réflexions qui entrecoupent ces dialogues, je me suis ennuyée et j’ai eu du mal à venir à bout de ces deux cents pages.

Challenge Globe-Trotter (Côte-d’Ivoire)

LC thématique d’octobre 2022 : "Le verbe haut !"
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Là où il fait si clair en moi

Très joli recueil de poèmes de l'autrice ivoirienne Tanella Boni qui nous emmène à travers le monde, jetant un regard lucide sur la difficulté de l'exil, d'être une femme, à fortiori une femme noire, et cela quelque soit le pays où vous vivez.

Les mots sont mes armes préférées, titre du premier poème, révèle bien la subtilité avec laquelle l'autrice associe, compose et tisse ses phrases : le message est fort et poignant, notamment dans le poème Ceux qui ont peur des femmes nues, dénonçant l'extrémisme religieux et les persécutions subies par les femmes au nom de la religion.

Une lecture qui m'a fait sortir de ma zone de confort ... mais c'est tellement enrichissant :)
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Les Baigneurs du lac Rose

J'ai peiné à finir ce roman. Ma lecture a été très distante, je ne suis pas du tout parvenue à entrer dans le récit. Le choix narratif m'a perdue. Je n'ai d'ailleurs toujours pas compris l'histoire et j'aurais dû mal à résumer ce roman si on me le demandait.



Le seul point positif de cette lecture est la découverte du nouvelle plume, très poétique, sensuelle. J'ai envie d'en découvrir plus, et de laisser sa chance à un autre roman de l'auteure.
Lien : https://www.labullederealita..
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Miriam Makeba : Une voix pour la liberté

Quand je pense à l'Afrique du Sud et à la lutte contre l'apartheid je pense à Nelson Mandela et à Miriam Makeba. Cette année est le 10ème anniversaire de la mort de la chanteuse surnommée Mama Africa, dont le nom de naissance est Zenzile Makeba.

Alors j'ai pris un grand plaisir à lire ce petit livre de la collection pour la jeunesse Des graines et des guides des éditions A dos d'âne, intitulé "Miriam Makeba, une voix pour la liberté". Je trouve que le texte de Tanella Boni et d'une grande qualité.

Miriam Makeba est née à Johannesburg dans les townships, quartiers pauvres de la capitale sud-africaine. Jeune, elle assiste à l'instauration de l'apartheid et cela va la marquer toute sa vie. Mais pour vivre, elle va chanter. D'abord choriste dans un groupe, elle chante ensuite seule. Très vite, elle profite de l'attention suscitée par sa voix exceptionnelle pour dénoncer le régime instauré par les Blancs dans son pays. Cette dénonciation virulente lui vaudra un exil qui durera plusieurs décennies, d'abord aux Etats-Unis puis en Guinée.

Dès les années 50 elle est mondialement connue pour son tube Pata Pata mais elle mettra toujours sa notoriété au service de ses combats : la lutte contre l'apartheid dans son pays, puis pour les droits civiques aux Etats-Unis et, enfin, pour le panafricanisme.

Miriam Makeba, la chanteuse au fameux claquement de langue propre au zouloue est aussi l'une des artistes les plus lucides et les plus engagées de son temps.





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Insoutenable frontière

Lorsque les premiers mots du recueil ont défilé sous mes yeux, j'en étais étrangère, bloquée par une incompréhensible frontière. J'ai lu quelques strophes en me laissant aller, sans chercher sens ou compréhension ; en laissant la musique des vers résonner, faire son chemin…

Une compréhension s'est révélée en douceur comme une image qui dévoile à contre-jour.

Territoires menacés, hommes déracinés, rejetés, gommés ; identité, déracinement, frontières mais aussi humanité, douceur de vivre : contrastes exprimés sans antagonisme. Pour repriser de mots un monde qui se disloque porter au regard ces délaissés qui se cognent, se brisent aux frontières. Pour célébrer la vie qui danse, le désir vibrant, la danse des sens malgré l'effondrement.

Gratitude envers la nature, berceau et nourrice de nos jours, qui reste cocon immuable ; saurons-nous y trouver remèdes, parades contre les dangers que nous y occasionnons ; nous monterons nous solidaires avec les plus fragiles, les plus exposés ?

Je ne sais comment rendre compte de ces strophes si ce n'est en mettant des mots sur ce qu'elles ont évoqué en moi ; les pensées qui naissent et ondoient là où les mots de l'artiste, leur musique ont tracé leurs sillons.

Ces poèmes parlent à l'universel, au trésor commun de nos humanités et, en cela, ce sont des joyaux

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Insoutenable frontière

Cette année le thème du Printemps des poètes 2023 est FRONTIERES alors vous trouverez sûrement ce recueil sur les tables de vos librairies.



Lorsque j'ai commencé ce recueil, j'étais curieuse de voir comment, à travers la poésie, l'autrice pouvait parler de l'immigration, des inégalités, de l'injustices, de l'exil ou encore du dérèglement climatique. Qu'ont en commun tous ces sujets : la frontière.

Qu'est-ce qu'une frontière sinon une invention humaine, sinon des morceaux de territoires découpé divisant le monde et ceux qui y vivent ?

Dans ses poèmes, elle emploies la 2e personne du singulier ce qui met tout de suite le lecteur dans une position particulière et ça fonctionne tout au long du recueil.

Parler de ces sujets est essentiel, témoigner est nécessaire parce que cela nous concerne tous en tant qu'humain et demeure d'actualité.



Les mots de Tanella Boni sont profonds et font leur chemin en moi. C'est plaisant de relire certains passage que j'ai marqué.
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Insoutenable frontière

Les éditions Bruno Doucey sont toujours un gage d'originalité et de découvertes.

La voix de Tanella Boni en est une : elle évoque d'emblée, par-delà les clichés, par-delà les a priori ce qu'être noire signifie pour elle. Impossible de dire une définition toute faite, car être noire, être cette poétesse noire, être Tanella Boni, c'est être unique, c'est être un "oiseau multicolore". Quand on comprend avec quel particularisme l'autrice se conçoit elle-même, on comprend qu'elle envisage le monde avec le même regard.

Les thèmes de prédilection du recueil, l'exil, l'autre, l'errance, l'attente, la vie - thèmes qu'on a beaucoup vus traités en poésie - prennent alors une texture différente.

Une très belle rencontre poétique avec cette autrice prolifique (poésie, romans, essais, livres pour la jeune) considérée comme une des voix majeures de la littérature africaine francophone, qui a été permise par l'opération Masse critique de Babelio.

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Les Baigneurs du lac Rose

Beau roman ayant comme sujet central le héros, le mythe.



Nous nous promenons entre le lac Rose (Sénegal. Allez voir des images sur Internet, ça vaut la peine), la Guinée et la Côte d’Ivoire (pays d’origine de l’autrice): en résumé, l’empire Ouassoulou (1878 - 1898) créé par L'Almamy Samori Touré (1830-1900). C’est ce personnage que nous allons suivre, autant à son époque que dans l’imaginaire des gens d’aujourd’hui. Qui était-il vraiment?



Tanella Boni a une écriture toute en poésie et nous emmène à travers son sujet d’une manière originale. Belle découverte!
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