Citations de Thierry Crouzet (132)
Il crée alors la fondation Guillaume-Depardieu pour recueillir le témoignage des 770 000 Français victimes chaque année d’infections nosocomiales, dont 40 000 mortelles. « En un an, tout le monde commence à avoir peur des hôpitaux, commence à s’y intéresser de près ; les chiffres sont effarants. »
Ironie de l’histoire, en octobre 2008 Guillaume contracte une pneumonie, doublée d’une nouvelle infection par un staphylocoque doré résistant à la méticilline (MRSA16). Il décède trois jours plus tard.
(au sujet de Guillaume Depardieu)
Le chef du service de l’entretien entre dans la danse. « Monsieur Pittet, ça va pas du tout. Votre solution tache les sols. » Didier doit le convaincre d’expérimenter de nouveaux produits d’imprégnation des linoléums jusqu’à ce qu’il découvre celui qui les protège de l’alcool. En même temps, Didier suggère à William Griffiths de fabriquer une formule gélifiée. « On en mettra moins partout. » La fac de pharmacie planche sur le sujet. Peu à peu, le projet devient multidisciplinaire. Tous les corps de métier de l’hôpital participent à l’aventure.
Jusque-là, Jim a peu quitté le Midi, sinon pour quelques voyages dans les Pyrénées où sa mère l'emmenait soigner ses bronches de colosse. Il ne sait du monde que ce qui se raconte. L'Algérie est aussi abstraite que l'Ouest américain où se déroulent les westerns qu'il aime voir au cinéma. Le gouvernement lui a simplement proposé d'entrer dans un film.
(p. 29)
Jim chassait partout, dans l'hémisphère sud quand la chasse était fermée en Europe. Il partait en bande avec ses amis chirurgiens, notaires, architectes. Il accompagnait à l'affût Gaston Defferre, alors ministre de l'Intérieur, pas très bon tireur, à qui il donnait quelques pièces pour que le grand homme ne paraisse pas ridicule à son retour au rendez-vous de chasse.
(p. 17)
[ Algérie, 1956 ]
Le MAS 36 est un fusil avec un fort recul, assez difficile à manier, et les instructeurs ne s'attendaient pas à de meilleurs résultats. Le plus souvent, les appelés ne touchent pas leur cible lors de leur première séance.
- Bons à rien, vous éplucherez des patates, plaisantent les militaires de carrière.
Personne ne rit. Tous les appelés préféreraient éplucher des patates pendant vingt-huit mois plutôt que combattre le FLN.
(p. 44)
Jim [ le père ] aussi avait de l'amour-propre, doublé d'un sens moral paradoxal puisqu'il n'avait foi qu'en lui-même. Que sa femme le quitte, il ne l'aurait jamais accepté. J'en étais sûr. Il aurait pu nous flinguer pour ne pas avoir à subir la honte. Le regard des autres comptait pour lui. Il lui fallait la plus belle bagnole, le plus impressionnant tableau de chasse, les amis les plus fortunés. Il en rajoutait, il se vantait. Un divorce aurait gâché le portrait supposé idyllique que ses admirateurs se faisaient de lui. A croire qu'il ne vivait que pour eux.
(p. 15)
Les militaires adorent les codes et les sigles. PM pour pistolet-mitrailleur, et dans ce cas des MAT 49, de quatre kilos, qui, avec leurs crosses rétractables, ressemblent à des jouets malheureusement capables de cracher des balles de 9 millimètres Parabellum. Les maîtres d'armes ont enseigné la signification des mots techniques. Parabellum en référence d'une devise latine : "Si vis pacem, para bellum", si tu veux la paix, prépare la guerre.
Dire que le gouvernement a envoyé l'armée en Algérie pour maintenir la paix. Le slogan de François Mitterand : "L'Algérie, c'est la France." Pas étonnant que Jim ait toujours détesté ce politicien.
P. 148 & 149
« Ces antibiotiques vous ont transformés à tout jamais .
Votre corps est un véhicule pour des billions de bactéries .
Elles forment l’écosystème que nous connaissons , le plus dense, le plus extraordinaire .
Ce microbiote est en contact permanent avec l’écosystème global, que les bactéries gouvernent depuis presque quatre milliards d’années. »
« J’ai toujours détesté l’incertitude ——
J’aime planifier ma vie et je suis condamnée à attendre qu’un événement extérieur décide pour moi .
Je pensais que tout problème avait une solution et je suis incapable de trouver une issue à ma situation .
Cet état de panique m’anéantit. »
Pour les politiciens, la meilleure vérité est celle que le peuple ignore.
Où est la raison ? Dois-je davantage écouter les scientifiques qui jouent aux apprentis sorciers ou les chamanes qui parlent aux arbres ? Ils ont tous quelque chose à m'enseigner. La solution aux problèmes majeurs de l'humanité ne viendra que d'une mise en commun de toutes les expériences.
Le gouvernement a présenté "l'Algérie française" comme un état de fait, une proposition qui ne se discute pas, alors que toutes les frontières sont arbitraires et qu'à l'échelle de l'histoire du monde elles ne vivent pas plus longtemps que les hommes. Tous ces morts pour déplacer des traits sur une carte.
Mon père était un tueur. A sa mort, il m'a laissé une lettre de tueur. Je n'ai pas encore le courage de l'ouvrir, de peur qu'elle m'explose à la figure.
L’indigné ne veut au fond rien changer. Il regrette le passé. Il a peur de l’avenir. C’est un conservateur. Il s’oppose à la révolution. Il s’en revendique pour la salir. Il s’entoure de tous les paumés, de tous les soiffards, de tous les crados pour éloigner les hommes et les femmes qui, encore dans la société, et qui ne la supportant plus, ont réellement envie de la transformer.
Incapacité endémique à réduire le chômage, à s’attaquer réellement aux dérèglements climatiques, à basculer vers les énergies renouvelables, à stabiliser l’économie, à réduire l’écart entre les riches et les pauvres, à offrir une vie décente à des milliards d’entre nous, à mettre de la nourriture non polluée dans nos assiettes, à préserver les biens communs, à favoriser la création, à réveiller notre enthousiasme pour des lendemains meilleurs… Nous prenons dans la gueule la sphère d’incompétence des gouvernements. Les élus et les divers dirigeants ne tiennent presque jamais leurs promesses non par mauvaise foi, mais parce qu’ils contrôlent avec de plus en plus de difficulté une société qui se complexifie.
Tout parent s’en rend vite compte. Tout chef d’entreprise. Tout manager. Plus la société se complexifie, plus son pilotage pose problème.
Pauvreté. Injustice. Inégalité. Le jeune marchand ambulant Mohamed Bouazizi n’a plus la force de vivre dans un monde qui n’offre aucune perspective heureuse. Le 17 décembre 2010, il s’arrose d’essence et s’immole. Les jours suivants, les Tunisiens se soulèvent contre la dictature.
Pas la peine de me faire un dessin : cette femme est une empoisonneuse. Les militaires fouillent les cabines des toilettes l’une après l’autre pour la dénicher. Personne. Je me précipite sur le parking, alertée par des crissements de pneus. Une Porsche démarre en trombe. Notre suspecte tente de prendre la fuite ! Je fonce au milieu de la chaussée pour m’interposer. Un réflexe stupide !
Je m'attends au pire dans les années à venir. On nous fera pousser des antennes pour remplacer nos téléphones et des fous tenteront de nous exterminer.
J'en ai ma claque, des virus et des bactéries. Je ne vois qu'eux dans mes cours de médecine et c'est à cause d'eux que je suis emprisonnée.
Ces deux types de microbes sont de cent à dix mille fois plus petits qu'un grain de sable. On les trouve partout : dans l'eau, dans la terre, dans l'air. Rien que dans notre bouche, nous abritons des milliards de bactéries. Quand nous roulons un patin de dix secondes, nous en échangeons des millions. Berk ! Elles peuplent notre peau et nos intestins. Elles sont au moins aussi nombreuses que les cellules de notre corps, ce qui veut dire que la moitié de nous-même nous est étrangère. Une bonne leçon pour les racistes et autres xénophobes.