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Citations de Valentine Goby (1043)


Des pointes mauves, des pointes blanches : les premiers crocus.
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À Paris, Vadim suivait au mur de la cuisine une tâche vibrante de la taille d'une pièce, dont l'ellipse s'étirait de l'hiver à l'été, en mimétisme de la course du soleil, jusqu'à atteindre un angle du plafond. Elle s'y coinçait un temps, une araignée de soleil rabougrie sous la poutre, jusqu'à ce que les jours rétrécissent et la délogent. Ici la lumière coule sur une vallée entière, allume un à un les hameaux selon leur altitude, les plis de la montagne, leur position par rapport à l'axe des cols, de plus en plus généreuse, de plus en plus dorée, et les éteint en ordre dispersé suivant les fantaisies du relief. Si bien que de l'aube à la nuit la montagne palpite.
En plus, le retour de la lumière retrousse la vallée. Le linge sèche sur les fils en taches claires, draps, chiffons, nappes, chemises exhibent aux yeux de tous le dedans des lits et des armoires. La lumière projette les corps dehors et les met au travail, alors la foule massée chaque dimanche dans l'église se décompose enfin en visages, en silhouettes distinctes. (p.117-118)
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On ne connaît plus les visages. Ça n’a jamais été si dense, si plein, si renouvelé, Ravensbrück. Des arrivages des camps que l’Armée rouge approche à l’est, qu’il faut évacuer à pied, et qui viennent remplir les châlits par centaines, y ajouter des étages, saturer les paillasses, trois à quatre corps s’y relaient quelquefois pour dormir. (page 135)
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Il voit les rides griffées au coin des yeux de sa femme. Les fils d'argent dans la masse de ses cheveux. Les taches brunes semées sur sa main à lui. Il se dit que tous deux ont moins d'avenir que de passé ensemble, mais ça ne fait pas mal. Il a de la chance d'être fait de cette femme, d'avoir pour lui encore sa peau à texture changeante, de la voir vieillir et de vieillir devant elle et de sentir son sexe durcir contre son ventre et d'être accueilli en elle, encore. (...) Un bâti solide, avec ses failles, qui constituent la matière même de l'édifice, et ne l'effrayent pas : il sait que seules les fêlures laissent passer la lumière.
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Ils pourraient aller voir Mme Grives. Ils savent où la trouver, Sainte Germaine, comme on dit à La Roche, la vieille femme en tablier qui panse, soigne, fait les piqûres, reçoit les vêtements usagés de tout le village, les trie, reprise et distribue, garde un double des clés des résidents parisiens et ramasse dans leurs jardins les fruits et légumes en surplus pour les distribuer aux pauvres. Mathilde tremble qu'un jour elle frappe à leur porte. Qu'elle apporte un panier de fruits, un sac de vêtements. Porter la chemise, la veste d'un autre. Et l'autre qui reconnaît son vêtement sur ton dos. Mme Grives a la bonté de ne pas frapper chez eux, ce serait mortifiant, la charité.
(p. 80)
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- Si je suis malade, le bébé sera malade.
Le ventre d'Annie. Il la tient à distance de toute contrainte autre que lui, arme, armure, frontière, rempart, abri. Annie est intouchable car elle va être mère. Son ventre est une permission de repli supplémentaire contre laquelle tout reproche se fracasse. La grossesse est une île.
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 Il n’écoute pas, il a de la montagne plein les yeux, les tympans, les poumons, les synapses, il est envahi de montagne, elle est trop immense, trop étrange, trop nouvelle pour qu’il s’en détache. Ce sera facile d’être un autre ici. 
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Quand elle retournera dans cette classe au lycée, Suzanne Langlois dira exactement cela : il faut des historiens, pour rendre compte des événements ; des témoins imparfaits, qui déclinent l’expérience singulière ; des romanciers, pour inventer ce qui a disparu à jamais : l’instant présent. (page 217)
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Son père résume l'état d'esprit général:
- Ce n'est pas du vrai sport.
Pas du vrai sport. La phrase résonnait dans la tête de François qui ne se défendait pas, plus vaincu encore qu'avant de passer à table. Pas un vrai corps, donc pas du vrai sport, la première assertion commandait toutes les autres, pas un vrai frère, pas un vrai fils, un vrai amant, un vrai amoureux, un vrai prof, un vrai ami, un vrai homme. Un handicapé en toutes choses.
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Le monde est lourd d'infimes apocalypses, et qui sait ce que pèse, dans les mélancolies sans nom qui parfois nous assaillent, tant de magie vaincue.
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Comment savoir si c'est parce qu'elle est casse-cou que le père lui parle comme à un fils, lui tape sur l'épaule, lui fait valser la tête sur la nuque et lui fiche son pied au cul, ou si elle s'applique à devenir l'enfant qu'il rêve.
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Elle n'a aucun projet dangereux, aucune nécessité d'attirer le regard.Ils sont ensemble, son père et elle, à l'exclusion de tous les autres, sauf le peuple des insectes, des oiseaux, des grenouilles.La forêt est un monde parfait. (...) Elle fait les gestes de son père (...) Elle veille sur lui.Rien ne manque. Rien n'excède. Tout suffit. (p
29)
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La langue aussi se dérobe devant pareil spectacle, Saussure, Victor Hugo, toute une cohorte d'écrivains s'est épuisée en métaphores, allégories, procédés lyriques et descriptions sans fin pour tenter de restituer leurs premières impressions.
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Je ne suis pas handicapée. Je suis différente.
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Où va le blanc quand la neige fond ? songe Shakespeare, ce blanc indubitable des flocons, de la neige tassée. Si sûr et soudain aboli. Où vont les souvenirs quand l'oubli les dévore, en vide le cerveau sans y laisser la moindre empreinte, pas même l'infime trace calcaire dont la neige signe son passage, elle, après s'être évanouie.
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C'est un travail de devenir murène. Il s'y attelle de soir en soir à la piscine de Jonquière, une bonne partie de sa pension y passe.
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Et à entendre ses efforts déchirants pour échapper à la laideur, me reviendront les mots de Sartre évoquant la peste : "la maladie, c'est une exagération des rapports de classe."

p.157
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Mila, Lisette et d'autres femmes s'assoient sur le bord des paillasses tandis que le froid de la nuit monte. Les femmes s'épouillent, se soufflent un peu d'air tiède bouches collées contre les omoplates. Leurs voix soudées forment un espace à part, provisoirement isolé du reste du dortoir.
— Moi, pendant l'appel je regarde les étoiles. Je les relie comme les points d'un dessin magique, ça fait des formes, je vois le char, je vois les chevaux, je vois le lion.
— Moi je pense aux recettes, les sucrées surtout.
— Moi je dis des poèmes.
— Moi rien. J'essaie de ne pas penser.
— Moi aussi je suis dans les recettes de cuisine, le lapin chasseur tiens, et une bonne purée écrasée au beurre.
— Ou le paris-brest. Avec crème et noisettes.
— Moi je fixe le ciel, les couleurs, j'ai jamais vu de levers de soleil pareils.
— Moi non plus, il est beau le ciel ici. C'est triste.
— Moi je chante dans ma tête
— Moi je pense à ma fille. Je voudrais retrouver sa voix. J'essaie de m'empêcher mais je peux pas.
— Tais-toi.
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C'est un matin ambré, soleil doux, ciel jaune. On sent monter l'odeur de cire qui annonce les journées chaudes.
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 Il redessine pour Moinette le monde qu’elle sait par cœur, c’est pourquoi elle le suit comme une ombre : il est son aventure. 
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