Citations de Victor Hugo (8717)
A Mademoiselle Louise B.
O vous l' âme profonde ! ô vous la sainte lyre !
Vous souvient-il des temps d' extase et de délire,
Et des jeux triomphants,
Et du soir qui tombait des collines prochaines ?
Vous souvient-il des jours ? Vous souvient-il des chênes
Et des petits enfants ?
Rêveurs, tristes,joyeux, amers, sinistres,doux
Sombre peuple, les mots vont et viennent en nous;
Les mots sont les passants mystérieux de l'âme.
Est-ce qu'une réflexion trouve place dans un jeune cœur au moment où il bat de la double exaltation d'un beau dévouement et d'un noble amour ?
L’œil de l'esprit ne peut trouver nulle part plus d'éblouissements ni plus de ténèbres que dans l'homme; il ne peut se fixer sur aucune chose qui soit plus redoutable, plus compliqué, plus mystérieux et plus infinie. Il y a un spectacle plus grand que la mer, c'est le ciel; il y a un spectacle plus grand que le ciel, c'est l'intérieur de l'âme.
Nous avons beau tailler de notre mieux le bloc mystérieux dont notre vie est faite, la veine noire de la destinée y reparaît toujours.
Faire bonne mine à mauvais jeu, c'est l'habitude des commandants de mer.
[...] On dit que l'esclavage a disparu de la civilisation européenne. C'est une erreur. Il existe toujours, mais il ne pèse plus que sur la femme, et il s'appelle prostitution. Il pèse sur la femme, c'est-à-dire sur la grâce, sur la faiblesse, sur la beauté, sur la maternité. Ceci n'est pas une des moindres hontes de l'homme.
- Christus nos liberavit -
La beauté de toute chose ici-bas, c’est de pouvoir se perfectionner ; tout est doué de cette propriété : croître, s’augmenter, se fortifier, gagner, avancer, valoir mieux aujourd’hui qu’hier ; c’est à la fois la gloire et la vie. La beauté de l’art, c’est de n’être pas susceptible de perfectionnement.
[...]
Un chef-d’œuvre existe une fois pour toutes.
Moi ! je brûle près de toi !
Ah ! quand l'amour jaloux bouillonne dans nos têtes,
Quand notre cœur se gonfle et s'emplit de tempêtes,
Qu'importe ce que peut un nuage des airs
Nous jeter en passant de tempête et d'éclairs !
Rien n’était plus morne que de la voir s’ébattre et pour ainsi dire voleter dans la chambre avec des mouvements d’oiseau que le jour effare, ou qui a l’aile cassée. On sentait bien qu’avec d’autres conditions d’éducation et de destinée, l’allure gaie et libre de cette jeune fille eût pu être quelque chose de doux et de charmant. Jamais parmi les animaux la créature née pour être une colombe ne se change en une orfraie. Cela ne se voit que parmi les hommes.
Un jour de cet hiver-là, le soleil s'était un peu montré dans l'après-midi, mais c'était le 2 février, cet antique jour de la Chandeleur dont le soleil traître, précurseur d'un froid de six semaines, a inspiré à Mathieu Laensberg ces deux vers restés justement classiques :
Qu'il luise ou qu'il luiserne,
L'ours rentre en sa caverne
Il cherchait à conseiller et à calmer l'homme désespéré en lui indiquant du doigt l'homme résigné, et à transformer la douleur qui regarde une fosse en lui montrant la douleur qui regarde une étoile.
Il lui dit : "Vous êtes libre."
Javert n'était pas facile à étonner.Cependant, tout maître qu'il était de lui, il ne put se soustraire à une commotion.Il resta béant et immobile.
Le flocon inexorable et doux fait son œuvre en silence. Si on le touche il fond. Il est pur comme l'hypocrite est candide. C'est par des blancheurs superposées que le flocon arrive à l'avalanche et le fourbe au crime.
D’où vient que mon cœur soupire ?
D’où vient que ton front sourit ?
Dis, d’où vient qu’à chaque lame
Comme une coupe de fiel,
La pensée emplit mon âme ?
C’est que moi je vois la rame
Tandis que tu vois le ciel !
C’est que je vois les flots sombres,
Toi, les astres enchantés !
C’est que, perdu dans leurs nombres,
Hélas ! je compte les ombres
Quand tu comptes les clartés !
L’intuition est à la raison ce que la conscience est à la vertu : le guide voilé, l’éclaireur souterrain, l’avertisseur inconnu, mais renseigné, la vigie sur la cime sombre. Là où le raisonnement s’arrête, l’intuition continue. L’escarpement des conjectures ne l’intimide pas. Elle a de la certitude en elle comme l’oiseau. L’intuition ouvre ses ailes et s’envole et plane majestueusement au-dessus de ce précipice, le possible. Elle est à l’aise dans l’insondable ; elle y va et vient ; elle s’y dilate ; elle y vit. Son appareil respiratoire est propre à l’infini. Par moments, elle s’abat sur quelque grand sommet, s’arrête et contemple. Elle voit le dedans.
Le raisonnement vulgaire rampe sur les surfaces ; l’intuition explore et scrute le dessous.
L’intuition, comme la conscience, est faite de clarté directe ; elle vient de plus loin que l’homme ; elle va au delà de l’homme ; elle est dans l’homme et dans le mystère ; ce qu’elle a d’indéfini finit toujours par arriver… Et c’est parce qu’elle est surhumaine qu’il faut la croire ; c’est parce qu’elle est mystérieuse qu’il faut l’écouter ; c’est parce qu’elle semble obscure qu’elle est lumineuse.
Qu'on pense ou qu'on aime,
Sans cesse agité,
Vers un but suprême,
Tout vole emporté ;
L'esquif cherche un môle,
L'abeille un vieux saule,
La boussole un pôle,
Moi la vérité !
Extrait de Les chants du crépuscule
Mieux vaut une conscience tranquille qu'une destinée prospère.
J'aime mieux un bon sommeil qu'un bon lit.
Le bonheur est parfois caché dans l'inconnu.